DEUXIEME PARTIE : LE MODELE DE GRAVITE COMME
CADRE D'ANALYSE DES FACTEURS QUI LIMITENT LES ECHANGES COMMERCIAUX INTRA-
CEMAC
INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE
La CEMAC voit le jour des cendres de l'UDEAC. Cette
institution à caractère intégrateur nourrissait dans ses
débuts la volonté de promouvoir les échanges sans
barrières entre les pays de la sous-région Afrique Centrale mais
avec une protection vis-à-vis des pays tiers. Bien même qu'elle
soit devenue CEMAC et qu'elle ait atteint le stade du marché commun, le
commerce intracommunautaire demeure entravé par plusieurs
barrières. Si les barrières tarifaires ont été
levées, les barrières non tarifaires demeurent un frein aux
échanges commerciaux des pays.
Cette partie nous permettra de déterminer les
différents freins qui expliquent la faiblesse des échanges
commerciaux intra-CEMAC et de mesurer l'influence de ces freins ou facteurs
à l'aide du modèle de gravité.
Elle sera donc constituée de deux chapitres (chapitre 3 et
chapitre 4) :
- Le chapitre 3 nous présentera le cadre
théorique du modèle de gravite et la justification des variables
retenues ;
- le chapitre 4 nous présentera la conceptualisation et
estimation du modèle de gravite.
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Rédigé et présenter par Serge
Guy BILOA
Intégration sous régionale et
développement du commerce entre les états membres de la zone
CEMAC
CHAPITRE 3 : CADRE THEORIQUE DU MODELE DE GRAVITE
ET JUSTIFICATION DES VARIABLES RETENUES
INTRODUCTION DU CHAPITRE 3
La résolution du problème de la faiblesse des
échanges commerciaux intra-CEMAC est devenue de nos jours une
priorité pour les politiques publiques au niveau national et sous
régional. De ce fait, avec la signature des accords de Cotonou qui
sonnent le glas des accords préférentiels fondés sur la
réciprocité, entre l'Union Européenne (UE) et les
régions des pays d'Afrique Caraïbes Pacifique (ACP) ; l'analyse des
causes de la faiblesse du commerce intra-zone constitue à la fois une
préoccupation majeure et un défi, autant pour les gouvernements
de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale
(CEMAC) que pour leurs partenaires au développement.
Dans ce chapitre, nous présenterons le modèle de
gravité, les conditions de son application, ainsi que les
différentes variables que nous avons retenues pour son application dans
le cadre du commerce intra-communautaire en zone CEMAC.
SECTION I : CADRE THEORIQUE DU MODELE DE GRAVITE
I.1. analyse générale du modèle de
gravite
La première étude empirique de commerce
utilisant le modèle de gravité était celle de TINBERGEN.S
(1962), bien qu'il n'y avait aucune explication de l'usage du modèle, ni
comment il est relié aux explications théoriques du commerce
international. Les principaux modèles du commerce international à
l'époque comprenaient le modèle Ricardien, qui se fondait sur les
différences de technologie entre les pays pour expliquer la structure
des échanges et le modèle HECKSCHER-OHLIN (HO) qui s'appuie sur
les différences de dotations factorielles entre les pays comme base pour
le commerce. Les modèles standards ricardien et HO était alors
supposés incapables de fournir une base pour le modèle de
gravité.
La première tentative importante de fournir une base
théorique aux modèles de gravité était venue du
travail d'ANDERSON J. (1979). Il l'a fait dans le cadre d'un modèle
où les produits sont différenciés par pays d'origine et
où les consommateurs ont des préférences définies
sur l'ensemble des produits différenciés. Cette structure
impliquerait que, indépendamment du prix, un pays consommera au moins un
peu de tous les produits de tous les pays. Tous les biens sont
échangés, tous les pays échangent et, à
l'équilibre, le revenu national est la somme
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des demandes domestiques et étrangères du bien
unique que chaque pays produit. Pour cette raison les grands pays importent et
exportent plus. Les coûts commerciaux sont modelés comme des
coûts "d'iceberg", qui sont seulement une fraction des produits
expédiés arrivés à destination, le reste ayant
fondu dans le transit. En clair, si les importations sont
évaluées à la valeur C.A.F, les coûts de transport
réduisent les flux commerciaux. Dans la littérature empirique,
ces coûts de transport sont supposés monotones et croissants avec
la distance. Les développements inclus ultérieurs, introduisent
la concurrence monopolistique dans le modèle (BERGSTRAND L,
1990)17. Les modèles de concurrence monopolistique surmontent
la caractéristique indésirable des modèles d'ARMINGTON,
qui supposent que les produits sont différenciés par la
localisation de la production. La localisation des entreprises est
déterminée de façon endogène et les pays sont
spécialisés dans la production de différentes
catégories de produits.
I.1.1 importance des spécifications dans le
modèle de gravite
De récents travaux ont montré que, loin
d'être un outil purement économétrique sans base
théorique, les modèles de gravité peuvent découler
d'une variété de théories du commerce. DEARDORFF V. A.
(1998) montre qu'un modèle de gravité peut résulter d'une
théorie traditionnelle de proportions de facteurs du commerce et
dérive d'elle une relation de type gravitaire. EATON ET KORTUM(2001) ont
tiré une équation de type gravitaire d'un modèle du type
Ricardien. ANDERSON J. et VAN WINCOOP(2003) l'on tiré d'un modèle
de concurrence monopolistique à produits différenciés et
HELPMAN E. et al. (2004) l'ont obtenu à partir d'un
modèle théorique de commerce international à produits
différenciés avec
hétérogénéité des entreprises.
Cette recherche récente met l'accent sur l'importance
de tirer les spécifications et les variables utilisées dans le
modèle de gravité de la théorie économique.
Seulement alors, des inférences correctes tirées d'estimations
utilisant le modèle de gravité pourront être
établies. Par exemple, l'importante contribution du papier d'ANDERSON J.
et VAN WINCOOP a été de souligner que le contrôle des
coûts relatifs de transaction est crucial pour un modèle de
gravité
17 Le modèle de concurrence monopolistique
représente sans doute le fondement théorique le plus solide de
l'équation de gravité mais la généralité de
cette relation autorise en fait plusieurs interprétations
théoriques. An sens large, les conditions pour que les flux de commerces
bilatéraux correspondent à une équation de type gravitaire
sont:
1) Que les pays soient spécialisés
2) Que les préférences soient relativement
homogènes dans les différents pays
3) Qu'il existe des coûts de transaction reliés
à la distance séparant les pays. Les deux premières
conditions font référence aux termes de la taille et la
dernière à la distance.
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bien spécifié. Leurs résultats
théoriques montrent que le commerce bilatéral est
déterminé par les coûts de transaction relatifs, c'est la
propension du pays i importer du pays j qui est déterminé par le
coût de transaction du pays i vers j par rapport à l'ensemble de
ses «résistances» à importer (Moyenne
pondérée des coûts de transaction) et à la
"résistance" moyenne face aux exportateurs du pays j, et non simplement
par le coûts de transaction absolue entre les pays i et j (ANDERSON J. et
VAN WINCOOP, 2003).
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