Intégration sous régionale et
développement du commerce entre les états membres de la zone
CEMAC
I- CONTEXTE ET JUSTIFICATION
Pour les économies en développement, et
même pour les économies développées en l'occurrence
les pays européens, la construction des blocs régionaux semble
s'apparenter à un processus répondant à l'évolution
dynamique de la mondialisation (OPARA OPIMBA, L 2009). Ceci conduit justement
à un débat théorique et contradictoire sur l'essence
même de la régionalisation face à la mondialisation. Si,
pour certains, le regain du régionalisme est une réponse
alternative à l'approfondissement difficile du multilatéralisme
à l'échelle universelle (SIROËN, J-M.2004), pour d'autres,
la préférence communautaire qui se dégage du
régionalisme est vue comme une forme du nouveau protectionnisme
inter-blocs (KRUGMAN P, 1987). Pour d'autres encore, la poursuite des
constructions régionales s'inscrit dans la continuité du
processus de la mondialisation et n'entrave en rien son évolution
(BHAGWATI. J, 1993). Ainsi, les approches libérales industrielles et
territoriales de l'intégration régionale visent avant tout la
possibilité d'accroitre le commerce entre les Etats membres.
L'Union Européenne qui s'est construite progressivement
depuis 60 ans, avait pour but au moment de sa création, d'assurer une
paix durable en Europe grâce au développement d'une
solidarité de production entre la France et l'Allemagne, rendant
impossible tout affrontement entre ces deux pays. Cette organisation
constituerait la première étape vers une fédération
européenne. Il était question dans la déclaration
historique de Robert Schuman, ministre français des Affaires
étrangères, de mise en commun des productions de charbon et
d'acier de la France et de l'Allemagne, au sein d'une organisation ouverte aux
autres pays d'Europe.
En Europe, le marché unique a créé
d'innombrables liens entre les pays membres. C'est le plus grand marché
mondial, il offre un espace de croissance et d'interaction exceptionnel aux 21
millions d'entreprises européennes. Le commerce entre les pays de
l'Union représente plus de 20% du PIB européen, soit deux fois
plus qu'avec le reste du monde.
Les relations commerciales entre les pays de la zone Euro ont
subi de profonds changements depuis deux décennies. De 1995 à
2012, les échanges entre pays membre de l'UEM ont été
multipliés par 2,3. Cette progression n'a pas été
linéaire et fut notamment concentrée durant
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Rédigé et présenter par Serge
Guy BILOA
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les premières années après la naissance
de la zone Euro ; le commerce intra-zone a en effet doublé durant cette
période, après une phase de faible augmentation à la fin
des années 1990.
L'Initiative pour les Amériques", lancée en 1990
par Georges Bush et orientée vers la création à moyen
terme d'une "vaste zone de libre-échange de l'Alaska à la Terre
de feu", a marqué un tournant important dans l'histoire de ces trois
pays de l'Amérique de nord et du centre. Cette "initiative" a
commencé à se concrétiser le 1er janvier 1994, avec
l'entrée en vigueur de l'Accord de Libre-échange
nord-américain (ALENA) entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique.
Depuis l'entrée en vigueur de l'ALENA, les
échanges commerciaux entre ses partenaires ont plus que triplé
pour atteindre 946,1 milliards $US en 2008. Au cours de cette période,
le commerce entre le Canada et les États-Unis a presque triplé,
tandis qu'il a plus que quadruplé entre le Mexique et les
États-Unis. [1.0 billions $CAN]. Aujourd'hui, les échanges
quotidiens de marchandises entre les partenaires de l'ALENA se chiffrent
à environ 2,6 milliards $US, ce qui équivaut à quelque 108
millions $US l'heure. [2,8 milliards $CAN et 115 millions $CAN].
En Afrique Centrale, notamment, le Cameroun, le Congo, le
Gabon, la République Centrafricaine (RCA) et le Tchad se sont
lancés dans cette initiative. Ils ont signé le 08 décembre
1964 le Traité instituant l'Union Douanière et Économique
de l'Afrique Centrale (UDEAC). La Guinée Equatoriale, quant à
elle, adhère à l'UDEAC le 1er janvier 1985, devenant ainsi le
sixième et dernier pays à faire son entrée dans cette
institution sous régionale.
Après trente (30) ans de collaboration, les pays de
l'union n'ont pas réussi à mener à bien des politiques
convergentes favorisant la complémentarité des
économies.
Avec le recul, il est aujourd'hui possible de soutenir que
même l'organisation structurelle de l'Union n'était pas
adaptée à ses missions : le secrétariat
général était en effet peu outillé en moyens
financiers, humains et matériels et il existait une sorte d'absence
d'échelon intermédiaire entre les Chefs d'Etat et le
secrétariat général. En fait, cette inadaptation des
structures constitua un facteur aggravant supplémentaire. Ainsi, compte
tenu non seulement des mutations de l'économie internationale mais aussi
du bilan mitigé des résultats de cette Union, le Conseil des
Chefs d'Etat, décida à l'unanimité, en décembre
1991, de donner une nouvelle impulsion au processus d'intégration sous
régionale. Mandat fut donc donné au Gouverneur de la BEAC de
piloter un groupe de travail chargé d'étudier et de proposer
une
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Rédigé et présenter par Serge
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nouvelle approche de l'intégration économique et
sociale dans la Sous-région. Les conclusions de ce groupe de travail
aboutirent au remplacement de l'UDEAC par la Communauté Economique et
Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC).
C'est ainsi qu'est née des cendres de l'UDEAC, le 5
Février 1998, la Communauté Economique et Monétaire de
l'Afrique Centrale (CEMAC), instituée par le traité du 16 mars
1994 signée à Ndjamena par les Chefs d'Etat des
Républiques du Cameroun, du Congo, de la Guinée Equatoriale, du
Gabon, de la RCA et du Tchad.
Contrairement aux blocs Européen et Américain,
la création de la CEMAC n'a pas permis un accroissement
considérable des échanges entre pays membres. Ces échanges
fluctuent entre 2 et 4 % du total des échanges de ces pays. Lorsqu'on
sait que l'un des buts de la régionalisation est l'accroissement du
commerce entre les pays, les faibles performances dans ce domaine des pays de
la CEMAC interpellent les chercheurs et invitent à une étude plus
poussée sur la question. C'est la raison pour laquelle nous avons choisi
le thème intitulé : Intégration sous-
régionale et développement du commerce entre les pays
membres
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