CHAPITRE III:
DÉVELOPPEMENT TECHNOLOGIQUE ET CROISSANCE ÉCONOMIQUE : UNE REVUE
DE LITTERATURE THÉORIQUE ETEMPIRIQUE
La croissance économique a été
expliquée différemment dans le temps avec diverses
hypothèses et divers déterminants. Dans notre section de revue
théorique et empirique, nous allons dans un premier temps donner une
brève description des premières théories
économiques de la croissance qui montrent l'importance du
développement technologique dans le processus de l'accumulation de
procédés, de méthodes et de nouveaux produits tout en
montrant leur parfaite cohésion basée sur des résultats
empiriques de différents auteurs et dans un second temps, exposer
quelques brèves études empiriques qui ont approuvé
l'apport positif et significatif technologique à la croissance
économique.
3.1. ÉtudesThéoriques
3.1.1.
Modèle néoclassique sur la croissance et le
développementtechnologique
La théorie de Joseph A. Schumpeter (1942) voulant que
l'innovation soit le moteur du développement capitaliste demeure sans
aucun doute la théorie la plus reconnue sur le rôle du changement
technologique dans la croissance de l'économie. Si l'on se tient compte
des dires de Joel MOKYR (1990) qui, lui-même, définit le
progrès technique comme tout changement résultant de
l'application de l'information au processus de production, il est donc loisible
de croire que celui-ci permettra d'améliorer le rendement, de produire
la sortie désirée avec moins de ressources (hausse de la
productivité) ou de fabriquer des produits nouveaux ou
améliorés.
Après la contribution de Robert Solow dans
l'économie américaine traitant la technologie comme facteur
exogène, il fallait attendre jusque vers le milieu des années 80
pour que Paul ROMER ([1986, 1990], 1994) et d'autres économistes aient
reconnu que le changement technologique soit endogène, car pour eux, les
nouvelles connaissances résultent de l'investissement dans le capital
humain (instruction et formation), dans l'utilisation de personnel
spécialisé (personnel de R&D) et dans l'équipement et
le matériel, et constitue en effet un sous- produit de l'activité
économique et figure parmi les sources fondamentales de la
croissance.
3.1.2.
Théorie du progrès technique de RobertSOLOW
Dans le modèle croissance économique
présenté par Robert SOLOW (1956), on constate que, bien
précis dans le temps, la production d'un pays provient donc de
l'exploitation de la main-d'oeuvre et du capital en usage de la technologie.
Il a démontré que la production par travailleur
s'accroît avec le volume de capital par travailleur. Toutefois, le
rendement du capital diminue et avec lui donnant la possibilité d'une
amélioration du ratio capital/main-d'oeuvre. En fin de compte, le ratio
capital/main-d'oeuvre approche d'une constante et la productivité
arrête de croître. En testant son modèle, Solow a
constaté que la majeure partie de la croissance observée aux
États-Unis au cours du dernier siècle ne pouvait s'expliquer par
une utilisation accrue de la main-d'oeuvre et du capital. Il a attribué
cet effet « résiduel » inexplicable aux progrès de la
technologie. Si on croit son interprétation, la technologie est un bien
gratuit ; tout le monde peut y accéder sans frais. Ni la source ni le
coût de la technologie ne font partie del'explication.
Dans une perspective de long terme, Robert SOLOW
réalise en 1956 le premier modèle de croissance
néoclassique. Dans ce modèle, les entreprises combinent du
travail et du capital pour produire des biens. Elles utilisent l'épargne
des ménages pour investir et ainsi accroître les capacités
de production. Ainsi, plus l'économie épargne, plus les
entreprises peuvent accumuler du capital. Toutefois, l'auteur fait
l'hypothèse d'une décroissance des productivités
marginales : plus un travailleur dispose de machines, moins la machine
supplémentaire lui permet d'accroître sa production. Autrement
dit, plus le stock de capital augmente, moins la production augmente
rapidement. Par conséquent, en l'absence de progrès technique, la
croissance tend peu à peu vers zéro et l'économie risque
finalement de se retrouver dans une situation où la production
n'augmente plus, mais stagne. Robert SOLOW retrouve donc ici l'idée des
classiques selon laquelle l'économie converge vers un état
stationnaire.
Figure 3: Variation de la productivité par rapport au
capital physique par travailleur sous l'influence du progrès
technique.
Source : Robert M. SOLOW, La théorie de la croissance
et son évolution. In : Revue française d'économie, volume
3, n°2, 1988. pp. 3-27.
La productivité du capital, si bien que
l'économie retarde l'instant où elle arrivera à
l'état stationnaire. Par exemple, si un travailleur était capable
de produire une quantité Q de biens à partir de K
machines ; grâce au progrès technique, il est
désormais capable de produire la quantité Q'. Le
progrès technique permet aux travailleurs de produire plus avec la
même quantité de facteurs. À la limite, tant qu'il y a du
progrès technique, l'économie génère toujours de la
croissance et ne connait jamais l'état stationnaire. Toutefois, le
modèle de Solow contient plusieurs limites :
· Il suppose que l'épargne est favorable à
la croissance. Or, à court terme, comme le soulignent les
keynésiens, une hausse de l'épargne (donc une baisse des
dépenses) est susceptible de faire basculer l'économie dans la
récession et d'entraîner une hausse du chômage. Selon la
logique keynésienne, c'est au contraire la perspective d'une forte
demande qui incite les entreprises àinvestir ;
· Le modèle de Solow met en évidence
l'importance du progrès technique pour la croissance à long
terme, mais il ne parvient pas à expliquer celui-ci. Le progrès
technique est « exogène » dans son modèle,
c'est-à-dire indépendant du comportement des agents.
Paradoxalement, selon Robert SOLOW (1956), la croissance dépend de
quelque chose dont il ne connaît pas l'origine. Le progrès
technique apparaît comme une « manne » dans son modèle :
il « tombe du ciel ». Il faut donc que de nouvelles théories
parviennent à expliquer d'où provient le progrès technique
(chose que feront les théories de la croissance endogène dans les
annéesquatre-vingt).
Il faut préciser qu'il y a trois principales
théories de croissance endogène :
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