CONCLUSION ET
RECOMMANDATIONS
Le présent travail de fin d'études avait pour
objectif d'analyser les effets du développement technologique sur la
croissance économique en Haïti suivant la théorie de
croissance de Robert SOLOW (1956) et celle de Joseph A. Schumpeter (1942) de
l'innovation. Cette étude, venant insérer dans les archives
économiques, fournit des explications complètes tirées de
l'analyse faite à partir des résultats des différents
tests statistiques et économétriques effectués sur les
séries : Abonnement à la téléphonie fixe,
Abonnement à la téléphonie mobile, utilisateurs de
l'Internet, investissements faits dans le secteur des TIC, le PIB réel
et le capital humain.
L'analyse, dans son ensemble, révèle que le
facteur de la technologie agit positivement sur la croissance économique
à un point de pourcentage de 0.41, une estimation jugée peu
élevée au reste des facteurs de l'économie suivant le
modèle de type Cobb-Douglas testé via les logiciels R et
Eviews 8.0. De même, elle explique qu'une augmentation du taux
de croissance des investissements de 1 % entraine une augmentation du taux de
croissance du PIB de 0,02, une relation estimée statistiquement non
significative à moins de 5 % au seuil critique de l'étude et une
augmentation de 1% des abonnés à la téléphonie
mobile engendre une augmentation significative de 0.03% sur le PIB réel
en dépit de la faible concurrence du secteur de téléphonie
mobile Haïtienne.
En s'accentuant sur la méthode des moindres
carrés ordinaires (MCO) couramment utilisée dans
l'analyse des modèles à régressions linéaires
multiples, nous avons étudié le phénomène sur une
période d'une trentaine d'années allant de 1989 à 2019. De
cette méthode découle diverse autres à savoir la
méthode statistique avec laquelle nous avons traité les
données pour expliquer leur tendance; méthodes
économétriques en vertu desquelles de nombreux tests ont
été effectués dans l'objectif de pouvoir estimer le
modèle économique construit à partir de l'étude
réalisée par Gilbert CETTE, Jacques MAIRESSE et Yusuf KOCOGLU en
2001 expliquant les effets de la diffusion des technologies de l'information et
de communication sur la croissance économique en France pendant une
longue période de 1980-2000.
Outre ces méthodes choisies, les résultats du
test de la spécification du modèle présentés dans
le présent travail sont donc complets au seuil de 5% de degré de
significativité, c'est-à-dire
que le modèle a pris en compte toutes les variables
pertinentes qui devraient intervenir dans l'explication de la variable
dépendante qui est le PIB réel.
Nous avons également découvert que contrairement
à l'abonnement à la téléphonie mobile,
l'utilisateur de l'internet n'agit pas positivement sur la croissance
économique du pays.
Nos résultats sont contraires par rapport à ceux
de Gilbert CETTE, Jacques MAIRESSE et Yusuf KOCOGLU qui, eux aussi avaient
suivi la démarche de Robert SOLOW et celle de Joseph A. Schumpeter pour
étudier l'impact de la technologie sur la croissance économique.
Ils ont eu un point de pourcentage non seulement positif mais aussi très
significatif pour la croissance économique en France
évalué à 0.69.
Les trois hypothèses conductrices de notre analyse ont
été vérifiées et confirmées au moyen des
tests économétriques et discussion abordées sur l'ensemble
des résultats trouvés. Puisque dans un premier temps, nous avons
trouvé que la technologie agit positivement sur la croissance
économique haïtienne; en second lieu, le facteur de la technologie
explique celui de la croissance peu significativement à un pourcentage
n'égalant pas ou ne dépassant pas 50% ; en dernier lieu, les
investissements faits dans le secteur de la technologie de l'information et de
communication n'ont pas eu un effet significatif comme toutes les autres
variables du modèle économique construit dans ce travail de
recherche.
Les limites du présent travail se tiennent au fait
qu'il n'arrive pas à prendre en compte la valeur de la
productivité globale des facteurs (PGF) en raison du fait que les bases
de données consultées ne produisent pas de chiffres pour cette
variable ainsi que pour la R&D qui est un facteur essentiel pour
l'innovation et la création. De plus, l'étude du
phénomène pourrait être étendue sur une
période plus longue s'il n'y avait pas eu de contrainte au niveau des
disponibilités des données.
Tout compte fait, beaucoup de ceux qui ont produit des
rapports basés sur l'apport éminent de la technologie à la
croissance économique, par leurs écrits, ont attiré
l'attention de la communauté scientifique seulement vers les pays
émergents, ce qui fait qu'en réalité que certaines des
hypothèses expliquant que la technologie soit un facteur clé pour
la croissance économique font l'objet de graves critiques pour ce qui
concerne les pays pauvres où les conditions d'avoir une forte croissance
ne sont donc pas réunies. Haïti étant un pays qui utilise
la
technologie dans certaines activités économiques
reste le pays le plus pauvre de la région de l'Amérique Latine et
des Caraïbes et parmi les pays les plus pauvres du monde. De ce fait, tout
semble à rectifier que la technologie, étant présente dans
l'économie d'un pays pauvre est loin d'être suffisante pour
booster sa croissance si son utilisation n'a été faite que pour
avoir un effet non seulement positif mais très significatif sur la
croissance par sa capacité facilitatrice de production rapide. Puisque
dans le processus structurel de production d'un pays, couramment
synthétisé par le produit intérieur brut (PIB), il est
à rappeler que deux grands aspects sont essentiels à mentionner :
la quantité de moyens qui peuvent être mobilisés dans la
production, et l'efficacité avec laquelle ils sont mis au travail (le
facteur du capital humain). En effet, si les activités
économiques des pays émergents consistent donc essentiellement
à combiner des facteurs de production, soit le capital physique
(machinerie, équipements et bâtiments), le travail humain et les
ressources naturelles pour produire des biens et des services destinés
à satisfaire des besoins, il parait logique que la technologie dans son
ensemble n'ait cet effet de positivité et de significativité sur
la croissance économique de cespays30.
Suivant cette logique, Les pouvoirs publics devront certes
prévoir dans leurs plans de relance des mesures pour protéger
leurs systèmes d'innovation, mais ils devraient également
profiter de cette occasion pour mener à bien des réformes. Les
politiques de la science, de la technologie et de l'innovation (STI), en
particulier, devraient servir un programme de transformation systémique
plus ambitieux favorisant une transition encadrée vers un avenir plus
durable, équitable et résilient.
Les technologies dont le présent travail de recherche
fait mention sont donc celles qui ont transformé de nombreuses
activités de production et qui ont contribué de manière
significative à l'augmentation du taux de croissance dans de nombreux
pays qui les utilisent à bon escient. La simple observation des faits
nous montre que les technologies de l'information et de la communication (TIC)
sont celles qui ont évolué le plus rapidement depuis un quart de
siècle environ et qui ont le plus contribué à changer la
nature de l'activité productive, de même que la consommation des
ménages. En effet, en se basant sur les observations
précédentes et sur les résultats de notre travail, nous
voudrions formuler les quatre (4) propositions qui suivent aux institutions
publiques et privées:
30Pays de l'OCDE
1. La première consiste à numériser
toutes les activités du gouvernement. Ceci servira dans un premier temps
à contrôler la majorité des activités
économiques lancées clandestinement puisqu'une bonne partie du
produit de l'intérieur brut du pays est échappée au
contrôle de l'État (le secteur informel occupe près de
56.4%31 du PIB) mais dans un second temps permettra d'avoir un cadre
réglementaire solide garantit la concurrence entre opérateurs,
fournit des prix d'accès plus faible, pour les abonnés,
protège les données à caractère personnel des
entreprises et des particuliers, qui cherchent à les utiliser de
manière imprévue et surveille les pratiques du secteur des
affaires dans le secteur desTIC;
2. La deuxième consiste à investir le plus que
possible dans le secteur des TIC au moyen des institutions légalement
reconnues dans le but de d'encourager la recherche et l'innovation (fabriquer
des machines facilitant une production plus rapide et plus
proportionnée) et dans le capital humain puisqu'aucun de ces facteurs ne
peut être utile pour la croissance économique sans avoir des
professionnels capable de les utiliser à bon escient et aisément
et étant donné que la téléphonie mobile contribue
significativement dans la croissance économique, il convient
d'encourager la création d'entreprise dans ce secteur par la recherche
et le développement afin de diversifier les produits et augmenter les
apports de cette variable au modèle32;
3. La troisième consiste à élargir
l'accès aux services de télécommunications dans les zones
éloignées, dans les écoles (primaires, secondaires et
universitaires), dans le domaine de la santé, dans le domaine de
l'agriculture, dans le domaine de sécurité nationale et
autres[...];
4. La toute dernière consiste à investir dans la
recherche et le développement (R&D) afin de pouvoir soigner
l'efficacité des TIC en Haïti dans tous les domaines, agrandir la
productivité globale des facteurs (PGF) dans les industries
deproductions.
31Roseman ASPILAIRE, l'économie informelle
en Haïti : un impact contracyclique sur le PIB, 2014.
32C'est-à-dire faciliter la croissance
économique.
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