2. Matériels et Méthodes
2.1. Le Pin cembro
Existant en Sibérie au Tertiaire, le pin cembro
(Pinus cembra L.), appelé couramment Arolle (en Savoie) ou
Auvier (Briançonnais) est une essence intra-alpine venue de l'est qui
s'est développée aux époques interglaciaires.
L'aire de répartition du pin cembro est restreinte et
morcelée. Elle est principalement située dans les Alpes internes
et intermédiaires. Les plus beaux peuplements de pin cembro se
rencontrent en Autriche, notamment dans la province du Tyrol (Fourchy, 1968).
L'aire de répartition dans les Alpes françaises est très
réduite qui couvre seulement 12500 ha environ est morcelée, les
secteurs les plus étendus sont situés dans le
Briançonnais, le Queyras, et le Mercantour.
Le pin cembro est un arbre très longévif qui
peut vivre jusqu'à 1000 ans (Oswald, 1995). Il présente une
croissance lente et atteint rarement plus de 25 m de hauteur. Monoïque, il
fleurit de juin à juillet. Le rôle du casse-noix est essentiel
dans la régénération du pin cembro. Les graines sont
lourdes mais leur dispersion est assurée par le casse-noix
moucheté (Nucifraga cryocatactes) qui s'en nourrit et qui
constitue des réserves en enfouissant les graines dans des caches
(anfractuosité de rochers, souches, etc). Cet arbre n'est donc pas une
essence colonisatrice mais au contraire une essence apte à former des
forêts stables de longue durée.
Le pin cembro forme des peuplements peu denses, dans la partie
supérieure de l'étage subalpin, en limite supérieure des
forêts des Alpes internes, entre des altitudes échelonnées
entre 1800 et 2500 m. Il est souvent en association avec le
mélèze, plus rarement avec le pin à crochets. Les
peuplements purs, les cembraies, sont assez rares (bois des Ayes dans le
Briançonnais, Col de Salèse dans le Mercantour, par exemple). En
allant vers les Alpes internes, il est en mélange avec
l'épicéa commun et/ou le sapin pectiné. Depuis la fin du
siècle dernier marquée par la déprise agricole en
montagne, le pin cembro est en pleine expansion. Il colonise les espaces
autrefois pâturés dans la zone ouverte entre la limite de la
forêt et la limite supérieure des arbres.
Son métabolisme est adapté aux zones de hautes
altitudes et lui permet de résister aux conditions extrêmes
rencontrées : c'est une espèce à affinité
continentale, qui ne craint pas les écarts de températures
élevés et brutaux, une luminosité vive, une
hygrométrie peu élevée et des vents violents (Contini et
Lavarelo, 1982). Mais le pin cembro a aussi une grande tolérance
à l'égard de l'humidité de l'air et une certaine
répulsion à l'égard d'un renforcement des
caractères méditerranéens du climat tels que la
sécheresse d'été (Fourchy, 1968).
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Son système racinaire est traçant ce qui lui
permet de s'installer sur des sols très minces- soit parce que la
roche-mère est à faible profondeur, soit parce que le sol «
utile » est peu épais, en raison de la présence d'horizons
pédologiques très lessivés (Fourchy, 1968). A haute
altitude, le cembro est relativement indépendant de l'orientation s'il
est dans son aire de répartition naturelle. Le pin cembro peut occuper
indifféremment toutes les expositions mais avec une prédilection
très nette pour les expositions fraîches (nord et voisines), sans
toutefois qu'on puisse faire la part exacte de l'écologie et de
l'influence humaine qui a été beaucoup plus forte aux expositions
chaudes dans cette répartition. L'homme a aussi longtemps
favorisé le mélèze qui présentait des
qualités plus intéressantes que celles du pin cembro pour
l'élevage et la construction.
2.2. Les sites d'étude et leurs
caractéristiques
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