UE 3.4 S6 : « Initiation à la
démarche de recherche »
UE 5.6 S6 : « Analyse de la qualité et
traitement des données scientifiques et professionnelles
»
UE 6.2 S6 : « Anglais
» Remise du dossier le 18 mai 2022
IFSI Thonon-les-Bains Semestre N°6
Promotion 2019-2022
MEMOIRE DE FIN D'ETUDES EN
SOINS INFIRMIERS
Les résidents dans le monde du silence et
la communication de l'infirmier
REMERCIEMENTS :
C'est avec plaisir que je réserve cette page en signe
de gratitude et de reconnaissance, en adressant mes remerciements les plus
sincères à toutes les personnes qui m'ont apportées leur
aide et qui ont contribué à l'élaboration de ce
mémoire de fin d'étude au cours de cette année de
confection.
Je remercie mon formateur pour le temps et l'aide
apportée au cours des différentes guidances collectives et
individuelles.
Je remercie la documentaliste de mon établissement
scolaire, ainsi que ceux de la Bibliothèque Nationale pour leur aide
pour la recherche des ouvrages.
Je remercie l'association « sourdine la vie » pour
son aide apportée et m'a permis de certifier et valider mon
mémoire.
Je souhaite exprimer toute ma gratitude et mes remerciements
aux professionnels de santé que j'ai interrogés, pour le temps
qu'ils m'ont consacré malgré la charge de travail dans les
établissements de soins.
SOMMAIRE :
1. INTRODUCTION 1
2. SITUATION D'APPEL 2
2.1. Description 2
2.2. Questionnement de départ 3
2.2.1. Elaboration du questionnement d'appel 3
2.2.2. Rencontre de témoins privilégiés
3
2.3. La question initiale 3
3. EXPLORATION DE LA PROBLEMATIQUE 4
3.1. Recension des écrits 4
3.1.1. Méthodologie de la recherche documentaire 4
3.1.2. La revue littérature 4
1) Le lieu de vie de l'EHPAD 5
2) Les déficiences auditives dans la
société 6
a. L'histoire dans la société 6
b. Quels sont les différents modes de surdité ?
7
c. Les conséquences sur la vie quotidienne 9
d. Les nouvelles avancées 10
3) La communication 11
a. Les modes de communication 11
b. Les modes de communication pour les personnes en
déficiences auditives 12
c. La communication dans la prise en charge du soigné
13
d. Les risques d'une non-communication 14
4) L'isolement 15
a. L'isolement en EHPAD 15
b. Isolement des EHPAD induit par la covid-19 15
c. Les moyens de lutte contre l'isolement 17
3.1.3. Reformulation de la question initiale 18
3.2. Enquête exploratoire 18
3.2.1. Méthode de l'enquête exploratoire 18
3.2.1.1. Choix et construction de l'outil d'enquête
19
3.2.1.2. Choix et présentation des professionnels
interviewés 20
3.2.1.3. La réalisation des interviews 21
3.2.1.4. Les limites et les biais de l'enquête 21
3.2.2. Traitement brut des données collectées
21
3.2.3. Analyse des données 25
3.2.4. Synthèse de l'analyse et formulation de la
question centrale 28
3.2.4.1. Synthèse de l'analyse des données
collectées 28
3.2.4.2. Formulation de la question centrale 28
4. CONCLUSION DU TRAVAIL DE FIN D'ETUDE 29
5. BIBLIOGRAPHIE : 30
6. ANNEXES 32
6.1. Annexe I : Les 5 fiches de lecture 33
6.1.1. Fiche de lecture N°1 : Revue de soins
aides-soignants 33
6.1.2. Fiche de lecture N°2 : FNSF : L'histoire des
sourds 34
6.1.3. Fiche de lecture N°3 : Livre
gérontologie-gérontopsychiatrie 35
6.1.4. Fiche de lecture N°4 : La revue de
l'infirmière et le langage signé 36
6.1.5. Fiche de lecture N°5 : La communication non
verbale et la gestuelle 37
6.2. Annexe II : Charte des droits du sourd 38
6.3. Annexe III : L'alphabet en lange des signes, 40
6.4. Annexe IV : Guide d'entretien vierge 41
6.5. Annexe V : Tableau de la grille d'analyse 44
6.6. Annexe VI : Recension brut d'un des entretiens 55
ACRONYMES :
ALPC : Association nationale pour la Langue
française Parlée Complétée
ANESM : Agence nationale de l'évaluation de la
qualité des établissements et services sociaux
et médico-sociaux
BNF : Bibliothèque Nationale de France
CDI : Centre documentaire et d'information
CNSA : Caisse nationale de solidarité pour
l'autonomie
CSA : Conseil Supérieur de l'Audiovisuel
DB : Décibels
DIU : Diplôme intra-universitaire
EHPAD : Établissement d'hébergement pour
personnes âgées dépendantes
ESI : Etudiant en soins infirmiers
FNSF : Fédération Nationale des Sourds de
France
IDE : Infirmier diplômé d'état
INJS : Institut nationale des jeunes sourds
INPES : Institut national de prévention et
d'éducation pour la santé
LPC : Langage Parlé Complété
LSF : Langue des signes française
M. G : Monsieur G
PNL : Programme Neuro-Linguistique
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
1
1. INTRODUCTION
Mon mémoire de fin d'études en soins infirmiers
a été mis en oeuvre par ce travail écrit et individuel et
sera par la suite consacré à une soutenance orale devant un jury.
Il vise à rassembler des données scientifiques dans une
démarche de recherche qualitative et à initier les futurs
professionnels de santé au positionnement d'apprenti chercheur. Pour la
réalisation de l'écrit, j'ai dû identifier une
problématique qui m'a interpellée au cours d'un de mes stages et
sur laquelle je souhaiterai travailler de manière plus approfondie afin
d'améliorer mes démarches de recherches.
Au cours de ma formation initiale et de mes stages durant ces
trois années, j'ai pu découvrir les aspects techniques de cette
profession. Avec l'expérience, je me suis aperçue que ce
métier n'est pas uniquement basé sur des actes techniques mais
aussi sur la relation soignant-soigné. Notre relation professionnelle
est extrêmement importante car elle est vectrice de la communication,
sans elle, on ne pourrait échanger avec autrui.
J'ai choisi le thème de la communication car je trouve
qu'elle est une racine des relations. En effet, cette dernière est
basée sur l'échange entre une ou plusieurs personnes, qu'elles
soient émettrices ou soient réceptrices. Tout
l'intérêt de communiquer réside dans l'idée de se
faire comprendre et de comprendre l'autre. Lors de la prise en charge de
patients, on peut rencontrer des personnes en déficience auditive,
rendant la communication avec celles-ci difficile. L'échec de
l'échange peut donc entraver la prise en soin des patients. Parfois, les
deux parties n'arrivent pas toujours à s'exprimer et/ou s'entendre
correctement, pouvant créer des angoisses et des frustrations. La
communication reste pour le soigné le moyen d'exprimer sa douleur, son
mal-être, son ressenti, ses attentes et ses besoins, auprès des
soignants.
Il y a quelques années, j'ai commencé à
apprendre le langage des signes par le biais d'une association. De ce fait,
j'ai pu le mettre en pratique comme dans la situation que je vais vous
décrire dans la partie suivante. J'ai voulu parler des types de
surdités : il s'agit d'un sujet peu explicité dans la
société et qui fait l'objet de problème de santé
public.
J'ai voulu axer mon mémoire sur l'isolement des
résidents qui est malheureusement courant en EHPAD, quel que soit leur
pathologie. Notre rôle en tant que soignant est d'éviter que cela
n'arrive, en repérant les signes et en mettant en place des actions afin
de contrer cet isolement.
Mon travail de mémoire de fin d'étude se
présente en différentes parties. La première partie
prologue de la situation d'appel faisant part à un questionnement de
réflexions sur les éléments significatifs. La seconde
partie repose sur l'exploration de la problématique par la recension de
revues littératures professionnelles et scientifiques. Dans la
troisième partie, je vous présenterai l'enquête
exploratoire auprès de trois professionnelles du secteur
paramédicale et l'analyse de celle-ci. Enfin, je terminerai par une
conclusion.
2
2. SITUATION D'APPEL
2.1. Description
Au cours de ma deuxième année au semestre 4,
j'ai réalisé un stage de 8 semaines dans un EHPAD.
L'établissement est divisé en 4 secteurs et compte 120
résidents. Ils sont âgés de 69 à 102 ans. Les
pathologies que j'ai pu rencontrer sont variées mais elles sont
principalement liées à l'âge (maladie de Parkinson,
à l'Alzheimer, au diabète, etc.). Les soins sont divers, mais il
s'agit principalement d'un accompagnement à la personne afin de leur
prodiguer un suivi et une surveillance quotidienne.
Lors de cette période, j'ai rencontré un
résident, Monsieur G (M. G), 79 ans. Il réside dans l'EHPAD
depuis 3 ans. Il ne présente pas de troubles cognitifs mais il a une
hypertension, une fibrillation auriculaire et une surdité
sévère. En fait, M. G est malentendant depuis l'âge de ses
7 ans, il a été dans une école spécialisée
et par la suite il a travaillé en usine. Aujourd'hui, il est
retraité, veuf et a 4 enfants et 7 petits-enfants.
La première fois que j'ai rencontré M. G, j'ai
pu communiquer avec lui en langage des signes et il fut
émerveillé de pouvoir communiquer avec une personne dans «
son langage ». Il m'a verbalisé son manque et sa difficulté
de communication. Il me dit se sentir perturbé, stressé et seul
car il ne peut plus voir sa famille à cause des limitations de visites
avec le covid. Pour M. G le masque entrave aussi la communication par le
faîte qu'il n'arrive plus à comprendre les autres dû
à l'incapacité de voir les lèvres. Toute cette situation
l'afflige, l'énerve et le vit mal au quotidien dû à cette
baisse de capacité de communiquer.
M. G est de plus en plus replié sur lui-même
depuis le début de la pandémie et il présente des troubles
anxiodépressifs. Même si le confinement est arrêté,
il reste toute la journée dans sa chambre et n'en sort plus. Il discute
uniquement avec une autre résidente qui elle-même est
malentendante. M. G ne rentre presque plus en communication avec le personnel.
Avant le covid, il se sentait épanoui dans l'établissement, il
arrivait à communiquer par des gestes et des syllabes verbales et
utilisait la lecture labiale afin de comprendre ce que l'on lui disait. Quand
j'ai discuté avec l'amie de M. G qui réside également dans
l'établissement, elle m'a informée qu'elle ressentait exactement
la même chose et qu'elle se sentait démunie face à cette
situation.
Les soins de M. G se passaient beaucoup mieux lors de ma
présence, sûrement dû à mes explications de chaque
acte que l'on réalisait. Il a apprécié de pouvoir signer
avec une personne qui faisait partie du domaine paramédical car je
répondais à ses questionnements tout en le rassurant. Le
personnel m'a demandé de leur apprendre quelques mots afin de garder un
lien avec M. G.
3
2.2. Questionnement de départ
2.2.1. Elaboration du questionnement d'appel
Cette situation m'a permis de m'interroger sur l'importance de
la communication qui a été altérée durant la
pandémie, pouvant causer un isolement social auprès de certaines
personnes surtout celles qui présentent une altération auditive.
De ce fait, j'ai élaboré un questionnement d'appel :
- Quelles mesures peuvent être mises en place pour aider
les personnes malentendantes ? - Quel est l'impact du masque sur la
qualité de vie des malentendants ? Quelles sont les conséquences
sur la santé générale de la personne ?
- Est-ce qu'un professionnel de santé a le droit
d'enlever le masque pour faciliter la lecture labiale ?
- Comment diminuer l'isolement des personnes malentendantes au
cours de la pandémie ? - Quels peuvent être les risques d'une
personne malentendante en incapacité de communiquer ?
- Devrait-il avoir obligatoirement une personne
interprète dans les établissements de soins ?
2.2.2. Rencontre de témoins
privilégiés
Suite de mon questionnement, j'ai interrogé sur mon
lieu de stage une infirmière et une aide-soignante qui travaillaient
dans l'EHPAD de ma situation. L'infirmière est diplômée
depuis 2 ans et elle a commencé à travailler dans
l'établissement dès la sortie de son diplôme et
l'aide-soignante travaille elle aussi depuis 2 ans. Je leur ai exposé ma
situation d'appel afin qu'elles me donnent leur point de vue et
également connaître leur ressenti.
Elles connaissent bien M. G et quand j'ai
présenté ma situation elles se sont directement projetées
dans cette problématique. Elles m'ont encouragée sur mon sujet de
mémoire et elles m'ont donné des pistes à explorer au
cours de mes recherches documentaires.
2.3. La question initiale
Toutes les questions précédentes ont pour but
d'orienter nos interrogations et elles servent de fil conducteur à ma
revue littérature. Trois points principaux en sont ressortis :
l'importance de la communication, les personnes malentendantes et l'isolement
sociale. J'ai choisi de ne pas uniquement me centrer sur la pandémie du
covid-19 car elle serait trop précise sur un thème et ma
situation se passe après la troisième vague du confinement.
En reprenant les points essentiels, j'ai choisi la question
principale suivante :
« Dans un EHPAD, en quoi l'infirmier qui adapte sa
communication peut permettre de réduire l'isolement social d'une
personne malentendante ? »
4
3. EXPLORATION DE LA PROBLEMATIQUE
3.1. Recension des écrits
3.1.1. Méthodologie de la recherche documentaire
Ma question principale met en avant plusieurs mots et concepts
à approfondir, qui m'ont permis de créer ma revue
littérature. Ces derniers sont : l'EHPAD, l'infirmier, la communication,
les personnes malentendantes et l'isolement social. En annexe I, figure les
cinq principales fiches de lecture de ma recherche documentaire.
Au début, afin de créer ma revue
littérature, j'ai principalement axé ma méthode sur la
recherche de livres et de magazines. Pour trouver des sources fiables et
valables, je me suis basée sur la recherche d'ouvrages dans le CDI
(Centre Documentaire et d'Information) de mon établissement de
formation. Je me suis servie du site de recherche « EM consulte » et
de l'aide de la documentaliste, afin de trouver des sources en fonction de mots
clés : la communication, les malentendants dans la communication,
l'infirmier face aux malentendants, l'isolement face à une non
communication... Cela m'a permis d'avoir des articles de revue professionnel
tel que : la revue de l'infirmière et soins infirmiers. Ces recherches
m'ont permis de trouver des sources professionnelles et qui restent à
large thématique.
Afin d'affiner mes recherches et d'avoir des documents plus
complets et récents sur mon thème, je suis allée à
la BNF (Bibliothèque Nationale de France) François-Mitterrand,
située à Paris dans le 13ème arrondissement.
J'ai priorisé le secteur A, qui est la salle de lecture sur
l'audiovisuel et le secteur C basé sur les sciences et techniques. Afin
de m'aider dans ma recherche, la documentaliste m'a montré les
techniques de recherches par rapport à mon thème et fait une
visite du bâtiment. J'ai pu trouver de nombreux ouvrages centrés
sur les déficiences auditives et la communication. Malheureusement, je
suis allée qu'une demi-journée et de ce fait je n'ai pas eu le
temps de traiter tous les ouvrages sélectionnés.
Pour compléter ma revue littérature, je suis
allée sur les sites spécialisés sur mon sujet comme la
Fédération Nationale des Sourds de France (FNSF), les sites du
gouvernement, les sites de l'auditions, le conseil supérieur de
l'audiovisuel et l'OMS. Ils m'ont permis d'avoir des pourcentages
d'études récentes et de finaliser les informations manquantes sur
mon thème.
Pour finir, j'ai contacté l'association `'Sourdine la
vie», ils m'ont permis de valider la revue documentaire et m'ont
donné des informations complémentaires sur les troubles
auditifs.
3.1.2. La revue littérature
Dans cette partie, je vous présenterai mes recherches
documentaires en commençant par le lieu de vie de l'EHPAD. Puis je
poursuivrai avec le suivi des déficiences auditives dans la
société, ainsi que la communication et pour terminer
l'isolement.
5
1) Le lieu de vie de l'EHPAD
D'après le Robert, la structure de l'EHPAD, est un
« établissement d'hébergement pour personnes
âgées dépendantes » [24]. Elle accueille des
résidents qui peuvent être en perte d'autonomie physique et/ou
psychique, dans les gestes de la vie quotidienne et elle prodigue des soins
médicaux et paramédicaux. Il s'agit d'un lieu de vie que l'on
appelle plus communément « maison de retraite ». Selon le
rapport de ANESM (2012), en entrant en EHPAD, les résidents «
redécouvrent ou découvrent après des années
à vivre chez eux une vie en collectivité, passant de chez soi
à chez soi dans un chez nous » [14]. Beaucoup ont du mal
à accepter ce lieu car principalement ils ne l'ont pas choisi et fut
imposé.
Pour rentrer dans l'établissement, il faut remplir un
dossier d'admission et être âgé d'un minimum de 60 ans. Ce
dossier contient un questionnaire médical qui est rempli par le
médecin traitant. Ce dernier évalue l'état de santé
de la personne et détermine la prise en charge la plus adaptée.
Par la suite, il s'agit du médecin coordinateur de
l'établissement qui validera ou non, la nécessité et la
capacité de l'admission en EHPAD. On peut retrouver une grande
diversité des pathologies, causant à la personne
âgée des difficultés dans le développement de sa vie
sociale et collective au sein de l'établissement. Certains
résidents auront du mal à accepter cette différence car
naturellement, ils vont se comparer avec les autres et sur leurs
problèmes.
Les déficiences sensorielles sont liées au
vieillement, Verny (2019) le fait remarquer dans son ouvrage, elles
correspondent à « l'ensemble des processus physiologiques et
psychologiques durables qui modifient la structure et les fonctions de
l'organisme à partir de l'âge adulte » [2]. En effet,
avec l'âge, le corps va se dégénérer au fur et
à mesure, la personne perdra de l'autonomie et des sens. D'après
la revue soins aides-soignantes (Retailleau, B, 2022, p. 10) «
l'ouïe s'impose comme l'un des plus complexe de nos 5 sens, mais aussi
l'un des plus utiles pour rentrer en communication avec le monde qui nous
entoure. L'oreille est un organe neurosensoriel, bilatérale, responsable
de l'audition et de l'équilibre » [11]. Les troubles de
l'équilibre vont conduire aux risques de chutes et de fractures osseuses
pour la personne âgée. Les autres facteurs favorisants sont :
l'âge, les antécédents de chutes, les troubles cognitifs,
la polymédication, les troubles visuels ou cognitifs, l'hypotension
orthostatique, la mobilité réduite, etc.
En tant que soignant dans un EHPAD, on se doit de
prévenir ces facteurs de risque. Les infirmiers joueront un rôle
important dans la prise en charge des personnes âgées. Ils
permettent le maintien de l'autonomie et prodiguent les soins médicaux
et paramédicaux nécessaires à chaque résident.
6
2) Les déficiences auditives dans la société
a. L'histoire dans la société
Lors de ma recherche documentaire, j'ai trouvé
important de mettre en avant l'histoire des sourds et malentendants. Ce fut
l'abbé de l'Epée qui inventa en 1789 la première langue
des signes reconnue dans la société Française. Né
à Versailles en 1712, il est issu d'une famille aisée dont son
père était architecte pour le Roi Louis XIV. Il a
étudié le droit, puis s'est dirigé vers l'église
janséniste pour devenir abbé. D'après le site de la
Fédération Nationale des Sourds de France (FNSF), c'est «
entre 1760 et 1762, qu'il fait la rencontre de jumelles sourdes qui
communiquaient par signes et commence leur instruction. Il décide de
créer un cours d'instruction générale par signes, rue des
Moulins à Paris. Il enseigne alors à une trentaine
d'élèves » [17]. Il créa en 1794 l'institut
national des jeunes sourds (INJS) qui fut le premier établissement au
monde à enseigner aux personnes sourdes et muettes. L'abbé de
l'Epée organisait souvent des exercices publics et invitait de
nombreuses célébrités simagrées à son milieu
familial et social. Grâce à lui, au fur et à mesure des
années, sa méthode se diffusa dans l'Europe et se
démocratisa.
Cette langue « a été interdite en
France pendant plus d'un siècle et est reconnue seulement depuis 1991
» (Barrier, p. 106) [1]. Les personnes en déficience auditive
étaient considérées comme des benêts et des fous.
Elles étaient rejetées de la civilisation et même
interdites de certains lieux tel que l'école. Lors de la seconde guerre
mondiale, les personnes sourdes étaient marquées avec un triangle
bleu de l'apatride comme les étoiles jaunes des juifs.
Il fallut attendre la Loi N°2005-102 du 11
février 2005 : « pour l'égalité des droits et des
chances, la participation et la citoyenneté des personnes
handicapées » [26] afin que la langue des signes
français (LSF) soit enfin reconnue comme étant une langue
à part entière par les pouvoirs publics. Même après
sa mise en application et son accessibilité, elle n'était pas
totalement optimale et sa pratique dans les milieux de soins restent encore
aujourd'hui insuffisantes. Connaître la LFS permettrait de
facilité la communication avec les personnes sourdes, ainsi que les
aphasiques, les malentendants et les personnes âgées. De nombreux
métiers ont été créés autour de ce projet
tel que : les traducteurs, les visio-interprètes, les professeurs, etc.
Une personne avec des troubles auditifs peut parfaitement vivre une vie
normale. Des moyens sont mis en place comme les sous-titres
télévisés, des aménagements MDPH, des
véhicules adaptés pour le passage de leur permis de conduire,
etc.
De nos jours, la langue des signes n'est encore pas devenue
une langue internationale, chaque pays à ses signes qui changent et se
traduisent de façon complètement différente. En effet, les
signes correspondent à une représentation d'une image de ce que
l'on veut
7
transmettre à l'autre, qui complique la mise en place
de cette langue internationalisée car chacun pense avoir la bonne
représentation du signe.
b. Quels sont les différents modes de
surdité ?
D'après le site de FNSF, « un
bébé sur 1000 est né sourd. Dans la population on estime
à 300 000 sourds, 1/3 d'entre eux pratiquent couramment la Langue des
signes. 34% d'entre eux sont inactifs du fait à la restriction
d'accès à l'emploi, aux loisirs et à l'isolement.
» En France, on comptabilisera environ « 6 millions de
citoyens atteints d'un handicap auditif » [17].
D'après le site de INSERM : « Le nombre de cas
ne cessant de progresser avec l'âge, la surdité affecte 6% des
15-24 ans et plus de 65% des 65 ans et plus » [20]. Ces chiffres
démontrent le manque de moyens mis en place pour ces personnes sourdes
et qui induisent de l'isolement social. La personne ne sera pas en
capacité de s'exprimer et va naturellement se retirer de la
société car elle se sentira rejetée.
La surdité est reconnue comme étant un handicap
sensoriel et le terme déficience auditive permet d'englober toutes les
différentes pathologies liées à une perte d'audition. On
distingue deux grands groupes : les malentendants et les sourds.
« Les sourds sont des personnes
généralement nées avec un trouble auditif les
empêchant de percevoir les sons. Il peut également s'agir de
personnes ayant perdu l'audition avant l'acquisition de la parole, soit avant
l'âge de 3 ans. Une personne malentendante a quant à elle perdu
l'audition ou a vu son audition diminuer après avoir acquis la parole.
» (Site de l'UNISSON) [25].
La seule différence entre ces deux termes qualifie le
moment auquel la personne adulte ou l'enfant a perdu l'audition.
On peut certainement entendre le terme sourd et muet, qui
désignerait une personne n'ayant pas d'acousie et présentant une
aphasie totale. Mais ce terme est inexact et péjoratif car une
surdité n'entraîne pas l'incapacité phonatoire. La
complexité pour ces personnes sera l'apprentissage de la parole et la
reproduction du son, donc ils seront en difficulté mais non en
incapacité de parler.
Le terme médical qualifiant la perte de la
capacité auditive est l'hypoacousie et la presbyacousie. De plus,
d'après le site de la journée nationale de l'audition, elle
qualifie : « des personnes qui ne perçoivent aucun son, le
terme précis est celui de `'cophose'', les personnes concernées
sont des `'cophotiques'' » [21].
L'oreille est l'organe clé de l'audition, sa structure
organique responsable de l'audition est composée de l'oreille externe
dont l'air pénétrant fait vibrer le tympan. L'oreille moyenne a
trois os : marteau, enclume et étrier, qui vibrent sous l'action du
tympan et transmettent l'information
8
à l'oreille interne. Celle-ci contient la
cochlée et grâce aux cellules réceptives ciliées,
elle transforme les vibrations en signaux électriques apportés
aux fibres nerveuses du cerveau qui les traduit en sons. Les niveaux de
surdité dépendront de la gravité de l'atteinte auditive et
de sa localisation.
La perte d'audition et donc de l'équilibre (vu
précédemment dans la partie sur l'EHPAD), sont très
fréquentes chez les personnes âgées car cela fait partie du
vieillissement normal. La revue soins aides-soignantes décrit, «
la presbyacousie est le trouble auditif le plus fréquent chez les
personnes âgées. Progressivement, elles ont du mal à
discriminer les mots, leur compréhension des paroles devient plus
difficile » (Fisanne, 2022, p. 12) [5]. Elle est la baisse
progressive et constante de l'audition provoquée par le veillement
naturel de l'oreille interne et touchant les deux oreilles. Des signes
apparaitront chez la personne, elle sera hyperacousie (sensibilité aux
bruits), présentera des acouphènes (bourdonnements, sifflements,
sons parasites) et certaines consommes deviendront indistinctives (s, z, ch, f,
v).
Selon l'OMS, la surdité correspond à «
un état où la personne entend moins bien qu'une personne
ayant une audition normale » [28]. Il s'agit de la conséquence
d'une atteinte pathologique de la fonction auditive, il existe 4 types de
surdité :
- « Légère si la perte auditive est
située entre 21 et 40 dB (perte auditive des bruits faibles ou
aigus)
- Moyenne si cette perte se situe entre 41 et 70 dB (aide
auditive indispensable)
- Sévère pour une perte comprise entre 70 et
90 décibels (lecture sur les lèvres ou rééducation
nécessaire)
- Profonde ou totale pour une perte supérieure
à 90 dB. » (Site de la fondation de recherche médicale)
[19].
Une personne qualifiée comme étant sourde sera
dans une surdité sévère ou profonde. Une personne
malentendante sera avec une surdité légère,
modérée ou sévère. Quand une personne est dans la
surdité sévère l'unique différence pour savoir si
la personne est considérée comme sourde ou malentendante est
l'âge de l'atrophie auditive. « La distinction entre
surdité et pré- et post linguale est importante car
l'expérience auditive pendant les premières années de vie
va façonner l'organisation cérébrale physiologique de la
perception et la production de la parole. » (Lazard et al., 2018,
p.9) [3].
Le nombre de personnes âgées touchées par
la perte d'audition est considérable. « Une personne sur deux
à partir de 75 ans présenterait des troubles de l'audition. Il
s'agit alors de surdités acquises à la suite de traumatismes
acoustiques, d'accidents, notamment de plongée, de maladies, comme les
otites chroniques, des tumeurs, etc. » (Site de l'INSERM) [20]. La
surdité peut être de plusieurs autres origines, telles que : des
otites perforant le tympan, des
9
obturations du conduit auditif, des malformations
congénitales, de la presbyacousie, des infections
oreillons/rubéole/CMV, des traumatismes sonores (professions, musique,
accident), des médicaments ototoxiques (chimiothérapie,
antibiotique), etc. On considère un son supérieur à 80db
comme étant à risque de dégradation sensorielle, les
boites de nuits ont une réglementation à 102db. Un
nouveau-né sera considéré comme étant sourd si son
audition est située en-dessous de 30db.
c. Les conséquences sur la vie quotidienne
Il n'y a pas d'âge pour qu'une personne en
déficience auditif présente des répercutions sur sa vie
personnelle, professionnelle/scolaire, sociale et psychique, ainsi elle aura
tendance à s'isoler. Selon les soins aides-soignantes (Fisanne, 2022,
p.12), « elle ne peut participer discussions, qui la fatiguent,
l'énervent et engendrent parfois des acouphènes. Elle se sent
mise à l'écart et pense que les autres parlent d'elle, la
critiquent, se moquent ou lui en veulent » [5]. Leur comportement et
leur humeur vont changer et on peut constater une dépression, une
anxiété et un sentiment de persécution. La personne ne
sera pas en capacité de s'exprimer et va naturellement se retirer de la
société car elle se sentira rejetée. Elle ne participera
plus aux loisirs et elle aura un réseau social restreint, risquant
d'être dans un refus de communication. Dans le rapport nommé :
informer les personnes sourdes ou malentendantes, partage d'expériences
(INPES et CNSA, 2012) « L'accès à la santé sens
large, demeure pour ces personnes une difficulté quotidienne »
[4]. Aller dans un lieu public reste pour ses personnes une épreuve
compliquée à surmonter car très peu savent communiquer
avec les autres.
L'expérience de tester un casque anti bruits et marcher
dans la ville, démontre réellement la difficulté de la
perception du monde et la perte de ses repères. On n'entend plus les
bruits avenants (voiture, discussions, voie ferré, bus...) et ceci fait
monter le stress.
De plus, pour les personnes âgées, on pourra
penser par erreur qu'il s'agit d'un début de démence. Selon soins
aides-soignantes (Fisanne, 2022, p.13) « un état
dépressif peut cacher une surdité débutante et,
inversement, une surdité peut engendre une dépression »
[5]. L'erreur de diagnostic peut avoir des sévères
répercussions sur l'état de santé générale
de la personne surtout chez les sujets âgés. La personne sera de
nature plus anxieuse.
Comme expliquer dans les parties précédemment,
les troubles auditives s'accompagnent souvent d'acouphènes avec des
bourdonnements, des sifflements et des sons parasites, qui sont
extrêmement désagréables pour la personne, pouvant causer
des céphalées et migraines importantes. De plus, les chutes sont
favorisées par la perte d'équilibre due à un trouble
auditif non traité.
10
d. Les nouvelles avancées
Aujourd'hui, les déficiences auditives sont
décelées plus facilement et rapidement grâce aux
progrès médicaux, des dépistages précoces sont mis
en place chez les nouveau-nés en structure hospitalière. L'examen
est l'oto-émissions acoustiques, qui est réalisée dans les
deux jours qui suivent la naissance de l'enfant.
L'examen de l'otoscope permet d'observer le conduit auditif et
une éventuelle perforation du tympan. Comme cité dans les soins
aides-soignantes (Retailleau, 2022, p.11) « les pertes d'auditives se
mesurent à partir d'un audiogramme. Il s'agit d'un graphique sur lequel
le médecin oto-rhino-laryngologiste illustre la capacité auditive
de la personne » [10]. L'audioprothésiste permettant la mise
en place de prothèses auditives sur la prescription d'un médecin
ORL et d'un bilan acoumétrie.
Il existe plusieurs moyens thérapeutiques pour combler
la perte d'audition de la personne et étant adapter aux besoins de la
personne. D'après soins aides-soignantes (Retailleau, 2022, p.12) on
peut retrouver : « Les audioprothèses conçues pour
amplifier le son de l'environnement immédiat. Il existe également
d'autres aides techniques (casques, écouteurs adaptés pour le
téléphone ; la télévision. » Ainsi que,
« les implants cochléaires permettent à de nombreuses
personnes de retrouver l'ouïe, particulièrement chez les enfants
atteints de surdité sévère ». Ils permettent de
remplacer les prothèses, ils nécessitent une intervention
chirurgicale otologique. « La boucle d'induction magnétique
apportant un confort » [11] qui peut être équipé
sur un appareil ou implant cochléaire et sans être parasité
par les bruits ambiants.
L'important à connaitre, est que ces appareils peuvent
conduire à des gênes voir de l'inconfort. Le conduit auditif peut
être endommagé et peut causer un enfoncement de cérumen
dans le conduit. L'appareil auditif nécessite un nettoyage soigneux, un
contrôle annuel chez un prothésiste et un changement de piles qui
varient en fonction des appareils (en moyenne une fois par mois). Une mauvaise
adaptation de l'audioprothèse la rendra moins performante, pouvant aussi
causer des céphalées et de l'incommodité.
Toujours d'après soins aides-soignantes (Retailleau,
2022, p.13), en tant que soignant, on se doit de repérer la perte
d'audition et d'orienter la personne, vers un professionnel. « Un
corps étranger peut obstruer le conduit auditif, comme un bouchon de
cérumen, ou le tympan peut être percé » [11]. La
prévention est importante, on doit apprécier la tolérance
du port d'aides auditives ainsi qu'informer les patients et sa famille sur le
fonctionnement des appareils.
Comme cité dans le site info urgence, il existe un
numéro d'appel d'urgence pour les troubles auditifs, le 114 : «
Ce numéro unique, national, gratuit est accessible par visiophonie,
tchat, SMS ou fax, 24H/24, 7J/7 » [30]. Il a été encore
plus développé suite aux attentats de Paris.
11
Dans les IFSI, il n'existe pas de sensibilisation obligatoire
aux troubles auditifs. Durant ma formation en soins infirmiers promotion
2019-2022, je n'ai eu aucune formation, uniquement des cours sur l'explication
du fonctionnement de l'oreille. J'ai été formé sur le
positionnement dans la communication mais non spécifique aux handicaps
auditifs. Cependant, il existe un DIU sur les techniques paramédicales
d'exploration des troubles de l'audition et de l'équilibre, accessible
aux infirmiers, aux puéricultrices, aux médecins ORL et aux
orthoptistes.
En 2011, le CSA à créer une « charte
relative à la qualité du sous-titrage à destination des
personnes sourdes ou malentendantes » [16]. Elle permet de garantir
l'application de la « loi du 30 septembre 1986 relative à la
liberté de communication, visant à rendre accessibles »
(charte disponible sur le site internet CSA). Les programmes audiovisuels ont
été rendu accessible à tous grâce au `'plan handicap
de 2010-2012», destiné aux personnes souffrant de troubles
auditifs, en améliorant la qualité et la lisibilité des
sous-titrages télévisés et cinématographiques.
En annexe II, figure la charte des droits du sourd (1998),
elle met en avant les droits communs d'une personne avec un handicap auditif.
Dans ces articles, il est indiqué que la personne sourde : «
à une accessibilité aux métiers de son choix, des
soins médicaux expliqués et le choix de son interprète. Il
existe aussi la charte des droits et libertés de la personne
âgée en situation de handicap et de dépendance
».
3) La communication
a. Les modes de communication
D'après la revue de l'infirmier (Vaccaro, 2017, p. 1),
dans la communication « l'émetteur envoie un message au
récepteur par un canal de transmission (mécanisme physique de la
communication par exemple téléphone, messagerie
électronique ...) » [13]. La communication est basée
sur le décodage de messages émis et ceux reçus. Afin
d'adapter celle-ci, on doit prendre en compte les différentes
pathologies de la personne en face. C'est pour cela, que les personnes
âgées sont plus sujettes à des difficultés de
s'exprimer car elles présentent de nombreux troubles liés au
vieillement.
Toujours d'après la Revue de l'infirmier (Vaccaro,
2017, p. 1) « le langage nous permet en effet d'échanger en
temps réel sur nos faits et gestes, nos opinions, sensations,
émotions » [13]. Sans lui, on ne pourrait pas communiquer, ni
se faire comprendre de l'autre. Les échanges n'auraient pas lieu et
causeraient des répercussions sur la personne. C'est pour cela qu'un
langage commun est indispensable.
Dans la communication, il existe trois types : le verbal, le
non-verbal et le paraverbal. D'après les deux créateurs du PNL
(Programme Neuro-Linguistique) John Grinder et Richard Bandler, ceci a permis
de classer la communication en trois catégories : « le verbal
(les mots
12
employés), le para-verbal (ton, volume, timbre,
etc. de la voix) & le non-verbal (positions corporelles, gestes, etc.)
» (Sité par Barrier, 2019, p. 107) [1]. Ces trois formes
démontrent l'importance de la communication, le non-verbal
désigne ce qui n'a pas de parole, le verbal avec le langage et le
paraverbal la typologie de la voix et l'intonation que l'on veut
transmettre.
b. Les modes de communication pour les personnes en
déficiences auditives
Le langage permet d'échanger avec des personnes sur nos
souhaits, nos envies, nos opinons, nos sensations et nos émotions. Sans
lui, on ne pourrait s'exprimer et comprendre les autres, c'est l'essence de la
communication.
« Les personnes atteintes d'une surdité
profonde et ancienne, outre le fait de ne pas entendre, connaissent
fréquemment des difficultés d'expression verbale du fait de leur
incapacité à reproduire des sons qu'elles n'ont, parfois, jamais
entendus. Ainsi la surdité se présente comme un handicap de
communication. » (Vaccaro, 2017, p. 1) [13].
La difficulté d'apprentissage d'une langue pour des
personnes sourdes sera de reproduire grâce à leurs cordes vocales,
des sons qu'elles n'ont jamais entendu ou prononcé. Cet apprentissage se
base sur la reproduction d'une autre personne pour comprendre les mouvements de
la langue et de la bouche ainsi que de la façon dont l'air passe dans
les cordes vocales. Les orthophonistes sont les professionnels qui
préviennent, évaluent et rééduquent tous les
troubles de la communication du langage oral et écrit. Pour les
déficiences auditives, ils vont permettre d'aider les troubles
aphasiques et améliorer la lecture labiale.
La langue des signes est un moyen de communication, elle est
basée :
« À partir de signes des bras et des mains,
des épaules, de la tête et du buste [...]. Elle s'organise aussi
à partir de modulation paralinguistiques ou contextuelles apporté
par les mimiques du visage et des sourcils, la direction du regard. On se sert
de la main dominante (point de pivot) pour fixer le référents
(objet, personne, évènement, etc.) et de la main dominée
pour réaliser des déplacements. » (Vaccaro, p. 1)
[13].
Cette communication n'est pas uniquement basée sur des
signes mais aussi sur le fasciés de la personne. Les émotions du
visage ont une grande importance dans la compréhension de mots ou de
phrases. Pour une personne en déficience auditive, si l'on compare
l'expression d'un visage, elle se traduit comme le ton de la voix quand on
s'exprime.
Dans le site de la journée de l'audition, le
thème « dactylologie consiste à donner à la main
des positions correspondant aux lettres de l'alphabet » [21].
Exemplaire mis en annexe III, l'apprentissage des lettres est très
important car il permettra de dire des mots simples compris des deux parties,
exemple : un prénom, un therme médical, un médicament,
...
13
La lecture labiale correspond à : « une
observation délibérée ou intuitive des lèvres de
l'interlocuteur qui permet à la personne malentendante de
reconnaître les mots qu'il emploie » (site de la fondation pour
l'audition) [18]. C'est une lecture maxillo-faciale, permettant le
déchiffrage des mouvements articulaires de la bouche. Afin de veiller
à son bon fonctionnement, l'interlocuteur se doit d'avoir une juste
distance, avec une bonne prononciation et articulation des mots, ainsi qu'un
débit de parole lent afin de faciliter la compréhension des
dialogues. La difficulté de la lecture labiale est la lecture de
certaines syllabes qui est impossible. Selon le site de l'association nationale
pour la promotion de
l'ALPC, « trop de sons sont identiques ou
ressemblants ; on les appelle des `'sosies labiaux''.
Ainsi, les sons /p, b, m/ sont impossibles à
distinguer sur la bouche. D'autres sons sont invisibles sur les lèvres
(k/g/r) » [15]. C'est pour cela que même si une personne lit
sur les lèvres, elle n'arrivera pas à trouver, ni comprendre le
mot ou le sens de la phrase.
Beaucoup de préjugés sont ancrés dans
notre société comme une personne en handicap sensoriel sera en
incapacité de communiquer. Or, si elle a appris à écrire
et lire, elle sera capable de s'exprimer en communication non-verbale, en
écrivant sur différents types de support : papier,
téléphone, mail, etc. Les troubles auditifs n'empêchent
aucunement la communication, beaucoup d'autres techniques existent pour
communiquer avec eux, il suffit d'essayer et de juger avec la personne celle
qui fonctionne le mieux.
c. La communication dans la prise en charge du
soigné
La communication avec le soignant est indispensable dans la
relation du soignant-soigné. Sans elle, les soins se déroulent de
façon différente et peut causer des conséquences.
Le concept du relationnel est mis en avant dans l'ouvrage
d'assistant de soins de gérontologie (Rivaldi, 2022, p. 114) «
la technique de l'humanité est précieuse pour les soignants.
En effet, si ces derniers s'attachent à mobiliser les différentes
composantes (verticalité, toucher, parole), les malades sont
sécurisés, en confiance et apaisés » [12]. En
tant que soignant, on se doit de garder le lien avec les patients, y compris
avec ceux qui ont perdu de l'audition et/ou qu'ils ont de l'aphasie. En
continuant à communiquer avec eux, surtout dans les explications des
soins prodigués, cela permettra la préservation de la relation et
le lien de confiance.
Le positionnement dans la communication avec un
résident est très important et doit être adapté
à la pathologie de la personne. Des méthodes simples vont
permettre de réaliser les soins plus aisément. Comme
explicité dans le rapport de INPES et CNSA (2012), « il n'est
pas nécessaire de crier ou d'exagérer les mimiques. En revanche,
il est capital de s'adresser directement à lui et de lui parler en face,
distinctement » [4]. D'autres moyens peuvent être
utilisés, par exemple : attirer l'attention de la personne avant de lui
parler, se placer dans le champ visuel de la personne, l'utilisation d'un ton,
d'une voix appropriée et d'un vocabulaire
14
simple, une bonne articulation, reformuler et éliminer
les bruits de fond. Ces petits détails ont tous de l'importance dans le
soin, ils vont permettre la bonne réalisation du soin et la confiance de
la personne soignée, sans eux le patient se sentira rejeté et
risque de s'isoler.
Le métier d'interprète des surdités
existe, il permet la traduction en langue des signes en oral et inversement.
Depuis la Loi N°2005-102 du 11 février 2005 [26] (vu partie
histoire dans la société) « rendant assibile tous lieux
aux personnes handicapés », il est explicité que «
dans les milieux hospitaliers un référent traducteur est
obligatoire ». Elle a été inscrite également
dans la charte des droits des sourds (annexe II) comme étant un droit.
On peut retrouver aussi les associations régionales d'aide pour les
personnes sourdes et malentendantes.
Comme expliqué précédemment, des
solutions peuvent être employées dans les milieux de soins pour
aider la communication soignant-soigné. Mais quelles seraient les
risques d'une non-communication avec le résident ?
d. Les risques d'une non-communication
Selon soins aides-soignantes (Fisanne, p.12) si les personnes
âgées « ne sont pas appareillées, le risque
d'isolement, de dépression, de chute et de déclin cognitif est
majoré. C'est pourquoi il est important de dépister les troubles
de l'audition et d'équiper la personne d'une prothèse auditive
» [5]. Pour cette population, le facteur va être encore plus
néfaste pour sa santé car ils sont déjà sujet
à risque.
La communication est vectrice de la relation
soignant-soigné, les conséquences apporteraient une perte plus ou
moins durable de la confiance du patient envers l'équipe soignante. Sans
cette confiance, le patient éprouvera de la déplaisance, pouvant
l'amener à devenir rébarbatif et le conduisant au refus de soins
successifs. Le refus du soin peut être à l'origine d'une
non-communication. Le soigné ne rentrera plus en relation avec le
soignant ce qui engendra de l'anxiété. Lors d'un soin, si le
soignant n'explique pas ou mal ses actes, le patient peut être surpris et
être dans l'incompréhension du soin. Il risquera de bouger et
faire échouer le soin, voire de se faire mal. L'adhésion aux
soins est primordiale, sans elle, le stress et de la douleur peuvent en
être induit lors du soin.
Tous ces risques sont évitables et pour terminer cette
partie sur la communication, la notion de recherche du consentement aux soins
est essentielle, car il pourrait engendrer de l'incompréhension dans la
demande et du stress pour le résident. Le port d'appareil auditif peut
minimiser les risques et le soin pourra mieux se dérouler. Pour la
personne âgée, l'étape de l'acceptation risque d'être
difficile psychologiquement.
15
4) L'isolement
a. L'isolement en EHPAD
D'après le Nanda (2018, p. 53), l'isolement social est
défini comme étant : « Expérience de solitude que
la personne considère comme imposée par autrui et qu'elle
perçoit comme négative ou menaçante » [7].
L'isolement peut se caractériser par le manque de communication et le
retrait social. Toujours dans le Nanda (2018, p.180), il sera néfaste
pour la personne et causera un sentiment de solitude qui est un : «
sentiment de mal-être associé au désir ou au besoin de
plus de contacts avec d'autres, qui peut compromettre la santé
» [7] La solitude peut influencer la qualité de vie d'une
personne. Pour un résident d'EHPAD, il est loin de sa famille et de ses
amis, son mal-être et le sentiment d'abandon peuvent être
accentués. L'isolement et la solitude peuvent être à
l'origine de stress et d'anxiété.
« L'anxiété est un état de
trouble psychique plus ou moins intense et morbide, s'accompagnant de
phénomènes physiques (comportement agité ou
immobilité complète, pâleur faciale, sueurs,
irrégularités du rythme cardiaque, sensation de constriction
épigastrique, spasmes respiratoire) ... » (Paillard, 2016, p.
41) [9].
L'isolement en EHPAD peut se caractériser par deux
origines. Premièrement, en lien à la non-communication du
soignant car l'isolement peut en être induit. Les professionnels de
santé doivent accompagner le patient dans leur ressenti face à
leur problème pour l'aider à les surmonter. Secondairement, il
peut être lié à l'environnement. L'entrée en EHPAD
est souvent évènement difficile à vivre pour la personne,
comme expliquer dans la revue des soins aides-soignantes (Mira, 2019, p. 22)
ces personnes vont se sentir isolées et elles n'auront plus aucun
repère. « Pour les personnes malentendantes, le problème
est plus complexe car elles ont vécu au sein de leur communauté
» [6]. En effet une personne avec un handicap va faire partie
d'association et elle parlera plus facilement avec une personne dans le
même cas qu'elle. D'après soins aides-soignantes, (Retailleau,
2022, p.9) : « L'impact sur la qualité de vie, sur la relation
à l'autre, sur les relations sociales est immense et
délétère, notamment en raison de l'isolement dans lequel
se trouve la personne » [10]. A son arrivé dans l'EHPAD, elle
risque de se sentir différente des autres et isolée.
b. Isolement des EHPAD induit par la covid-19
Selon OMS, « la COVID-19 est la maladie causée
par un nouveau coronavirus, le SARS-CoV-2 » [27]. C'est un nouveau
virus qui se propage par gouttelettes et contact, qui est devenu une «
pandémie mondiale » qui aurait pris existence dans la
ville de Wuhan, en Décembre 2019. Pour éviter la propagation, des
mesures de protection furent misent en place par le gouvernement à
l'ensemble de la population. Pour limiter l'expansion, il a été
décidé « d'arrêter de tous les rassemblements
même dans le cadre familial », ainsi que la mise en place de
16
« gestes barrières » et des mesures
de « distanciation sociale ». Des « confinements de
la population » ont été décidé en
réponse à la pandémie. Les personnes âgées
sont considérées comme sujettes à « risque
d'aggravations des symptômes » pouvant conduire à une
hospitalisation en réanimation voir même au décès.
De ce fait, les résidents des EHPAD sont particulièrement
fragiles et exposés au risque de contamination du virus. Il leur faut
une protection particulière qui doit être une priorité.
La covid-19 a induit une part supplémentaire
d'isolement pour les résidents, qui ont été
confinés et interdits de visites pendant plusieurs semaines, ceci
imposé par toutes les conditions sanitaires. Elle causa des
conséquences problématiques multiples pour les personnes
âgées :
« Une perte de la mobilité et compliquant la
qualité vie mais aussi avec un fort risque d'impact psychologique, de
dépression et de dénutrition, que le confinement en chambre
individuelle, en établissement, est venu renforcer, ainsi que des
risques pathologiques accrus (troubles posturaux, chutes, escarres, etc.).
» (Rapport lutter contrôle l'isolement, sur le site du
gouvernement) [29].
Cette mesure pose aussi de grandes difficultés d'ordre
éthique pour les professionnels de santé. Il est paradoxal de
demander à des soignants de limiter la liberté d'aller et de
venir des résidents alors que l'EHPAD est leur lieu de vie et qu'ils
sont chez eux. Certains EHPAD, hors confinement, ont décidé de
fermer les secteurs entre eux, limiter les visites, obliger le port du masque
à tous, mettre en place des plexiglas, vaccination obligatoire des
résidents, etc.
Les visites en EHPAD, pour les personnes âgées
sont un moment agréable de partage avec une ou plusieurs personnes qui
leur est chère. Se retrouvant privée de contact à cause de
la covid, cela peut engendrer un sentiment de tristesse et de solitude. C'est
une expérience difficile à vivre, certaines personnes
âgées ayant des troubles cognitifs ou qui ont des pathologies
dégénérescentes dont la déficience auditive,
peuvent ne pas comprendre toute cette situation et ce changement brutal. Avec
les troubles d'audition, les résidents arrivaient à nous
comprendre en lisant sur les lèvres ou quand on leur parlait plus fort
dans leurs oreilles. Mais aujourd'hui avec le masque chirurgical cela est plus
compliqué, du fait qu'ils ne puissent plus voir nos lèvres, qu'on
ne peut plus leur parler trop près et de plus, ils ne sont plus capables
pour certains, de nous différencier et de nous reconnaitre.
Ce masque soulève un grand nombre de questionnement, il
s'agit d'un moyen de protection contre la contamination du virus mais il cache
une grande partie du visage. Le masque transparent n'a pas été
approuvé car il faisant trop de buée. Pour certains malentendants
qui ne peuvent ni entendre une voix, ni utiliser la lecture labiale et ni voir
l'expression faciale, cela engendre un réel frein à la
communication. C'est un facteur supplémentaire de l'isolement pour
17
toutes personnes présentant une déficience
auditive, et d'ailleurs, même sans déficience auditive. Cet
isolement peut entraîner une diminution ou une aggravation de
l'état de santé général des résidents. De
plus, on doit « obligatoirement porter un masque buccal dans
toutes
les situations où il est impossible de garantir le
respect des règles de distanciation sociale et
qu'il y a un risque de contamination » (site
info coronavirus) [23]. Dans certains services médicaux, le masque
était déjà porté mais pour la majorité de la
population ce fut une nouveauté. Le masque restera un symbole de cette
crise sanitaire.
Pour certains patients, la covid-19 a induit un stress
important, ainsi qu'une vulnérabilité physique et psychologique
accrue. Il fut créé un déficit de leur état de
santé voire d'une perte de motricité par le manque de relation
sociale. Le terme médical syndrome de glissement a été de
nombreuses fois rapportées en conséquence de la covid-19. Selon
le Dictionnaire des concepts en science infirmières (Paillard 2021, p.
517) : « certaines personnes âgées semblent vouloir se
laisser mourir. Leur état général se dégrade
rapidement. Des troubles psychiques et moteurs apparaissent alors. [...] Evolue
très rapidement, de quelques jours à un mois, vers une issue
fatale » [8]. Les signes verbalisés montrés sont : la
symptomatologie dépressive, la perte d'appétit,
décès rapide de chagrin et la mort par isolement.
c. Les moyens de lutte contre l'isolement
Comme cité auparavant, la pandémie mondiale de
la Covid-19 a prédisposé à des phénomènes
néfastes pour la santé et à un isolement social. Des
moyens ont été mis en place contre cet isolement, le meilleur
moyen est la relation humaine et la communication. En tant que soignant, on
doit percevoir les besoins de la personne et maintenir du lien social.
L'enjeu consubstantiel est de mettre en place des actions avec
les personnes en déficience auditive dès l'entrée dans
l'établissement de soins, car elles vont permettre de créer un
lien avec la personne soignée et aussi avec les autres
résidents.
L'isolement des personnes en trouble auditif, est
malheureusement très fréquent. Beaucoup de ces personnes sont
rejetées de la société moderne et n'ont pas accès
à certains lieux qui sont non adaptés. En tant que soignant, on
doit faire participer le résident aux animations inter-résidents,
inciter la personne à avoir de la visite familiale ou amicale. La
préservation du lien avec la personne est essentielle pour contrer sa
solitude. Selon le rapport de l'INPES et la CNSA (2012, p. 9), « pour
instaurer des échanges de bonne qualité, il est important de
s'adapter à son interlocuteur : prendre en compte sa surdité et
son mode de communication » [4]. En terme d'actions à mettre
en place pour contrer l'isolement des personnes en trouble auditif, on peut
utiliser des supports qui devront être adaptés à la
personne tels que : l'écrit, la gestuelle ou les supports
électroniques. En terme d'outils, on peut mettre en place des
pictogrammes qui sont visuels et simples pour la personne.
18
Dans la revue soins aides-soignantes (Mira, 2019, p. 23),
« il sera nécessaire de former le personnel au fonctionnement
des boucles magnétiques, au changement des piles, à l'entretien
des appareils auditifs et aux bonnes conditions de communication avec une
personne déficiente auditive » [6]. Les professionnels de
santé doivent être formés à l'utilisation des
appareils ou moyens comme les tablettes...
Il est important d'organiser un lieu de vie adéquate
pour les personnes âgées et que les professionnels de santé
travaillent en équipe, car chaque personne à ses
spécialités et des idées différentes. Plusieurs
moyens de communication et des supports peuvent être mis en place comme
expliquer dans les parties précédentes. Il est primordial que les
résidents se sentent écoutés afin qu'ils arrivent à
formuler leurs besoins, leurs peurs, leurs envies, sans craintes d'être
incompris.
3.1.3. Reformulation de la question initiale
Suite à la réalisation de ma revue
littérature, je me suis posée des nouvelles interrogations :
- Quelle est l'importance de la communication dans la prise en
charge de résidents ?
- Quelles sont les risques d'une non-communication auprès
des résidents ?
- L'absence de communication apporte-elle forcement de
l'isolement pour les résidents ?
- Comment pouvons-nous adapter notre communication auprès
des malentendants ?
- Est-ce qu'un soignant a le droit d'enlever le masque pour
faciliter la lecture labiale dans le
respect des règles sanitaires ?
Ma question de départ a évolué au fur et
à mesure des recherches et de mon questionnement personnel. Les
personnes malentendantes étaient la cible de ma question initiale
(partie 2.3), mais je me suis aperçue que c'était trop
centré sur un sujet et qu'il fallait que j'élargisse mon
thème. Ces pistes m'ont aidé à formuler ma question de
départ à mon enquête d'analyse :
« Dans un EHPAD, en quoi l'adaptation de la
communication de l'infirmier auprès des résidents en
déficience auditive, peut permettre de réduire l'isolement social
? »
3.2. Enquête exploratoire
3.2.1. Méthode de l'enquête
exploratoire
Dans le but d'analyser la place de la communication en EHPAD
qui permet de réduire l'isolement social des résidents ayant une
déficience auditive, j'ai effectué trois entretiens exploratoires
sur le terrain. Ainsi j'ai pu collecter des données professionnelles et
les confronter à ma revue littérature. Ces données sont
concrètes, centrées sur le vécu, l'expérience, les
représentations et les interprétations des personnes
interrogées.
19
3.2.1.1. Choix et construction de l'outil
d'enquête
Pour la construction de mon guide d'entretien, j'ai choisi
quinze questions (annexe N°IV) en lien avec ma problématique et les
différents concepts étayés dans ma revue
littérature. J'ai utilisé un entretien semi-directif, avec des
questions ouvertes, permettant aux professionnelles de répondre
librement tout en suivant un fil conducteur, ainsi que directif, par cinq
questions fermées avec une justification, me permettant de
vérifier mes interrogations. L'objectif de mes questions portent sur la
réflexion de la manière dont vivent les personnes en
déficience auditive en EHPAD et l'importance de la communication pouvant
faire réduire l'isolement social.
- Question N°1 : Avant d'aborder les questions
sur les différents concepts, je me suis renseignée sur le profil
de l'infirmier(ère), afin de connaître son parcours professionnel
antérieur et ses années d'expérience, permettant de les
analyser.
- Question N°2 : J'ai demandé de
définir la communication. Elle me permet de rentrer dans le vif du sujet
et de connaître le ressenti de la personne.
- Question N°3 : La différence entre les
malentendants et les sourds. Le but est de savoir la justesse des connaissances
sur la différence entre les deux termes.
- Question N°4 : Définir la
surdité et donner ces différents types. Principalement, on a des
fausses représentations et j'ai voulu vérifier.
- Question N°5 : Pour une personne sourde ou
malentendante, quelles sont les risques et les conséquences sur sa vie
quotidienne ? Elle me permet d'évaluer les conséquences en EHPAD
et de comparer avec mes recherches.
- Question N°6 : L'importance de la
communication dans la prise en charge d'un résident. La communication
est un point clef, permettant de vérifier ma représentation.
- Question N°7 : Les risques et/ou
conséquences liés à une non communication. Le
résident est au centre du soin, donc l'illustration de ses propos par
des professionnels avec des exemples concrets est déterminante.
- Question N°8 : Dans votre
établissement, des résidents sont-ils en situation d'isolement
lié à une communication déficiente ? Elle me permet de
connaitre et d'identifier le nombre de personnes atteintes dans leur
établissement et savoir comment cela se manifeste.
- Question N°9 : Avez-vous déjà
pris en charge des personnes en déficience auditive dans votre
établissement de soin ? Elle illustre la problématique du
vieillissement et des difficultés rencontrées dans la prise en
soin.
- Question N°10 : Durant votre formation
initiale, avez-vous été sensibilisé sur les
déficiences auditives ? La réponse est fermée, portant sur
la sensibilisation sur le sujet.
- Question N°11 : Est-ce que la personne a
été sensibilisé sur les déficience auditives dans
son établissement ? La réponse est fermée et porte sur
l'existence de formations.
20
- Question N°12 : La connaissance sur les moyens
ou les aides qui peuvent être employés afin de communiquer avec
les déficients auditifs dans son établissement. Le professionnel
va s'interroger sur son vécu, ses capacités et ces connaissances
sur le sujet.
- Question N°13 : De quoi avez-vous besoin pour
répondre aux difficultés de communication avec les personnes
malentendantes ? Elle permet l'autoréflexion du professionnel sur ses
manques intra-établissement, ainsi que de lui permettre de proposer des
axes d'amélioration.
- Question N°14 : Interrogation sur l'impact de
la covid-19 pouvant induire une part supplémentaire d'isolement pour un
résident avec un handicap auditif.
L'avantage d'utiliser un guide d'entretien, est qu'il est
interactif et permet la maîtrise de l'interview et de pouvoir reformuler
les questions non comprises. Pour les limites, peu de personnes sont
interviewées, nous ne permettant pas de vérifier à grande
échelle nos données et elles ne sont pas totalement
représentatives. Le temps nécessaire pour la réalisation
des entretiens est peu considérable, nous sommes obligés de les
réaliser en présentiel, sans que les professionnels ne sachent
les questions posées. La problématique que je me pose : est-ce
que les réponses auraient été différentes si les
questions étaient données au préalable ?
3.2.1.2. Choix et présentation des
professionnels interviewés
Pour le choix des différents établissements, je
les ai sélectionnés dans le bassin du chablais, dans trois villes
et établissements différents, me permettant de comparer les
moyens mis en place entre les établissements. J'ai eu deux
établissements privés et un public.
J'ai choisi de les réaliser auprès d'infirmiers
ou infirmières en EHPAD, pour que les données collectées
soient en lien avec ma thématique de recherche et puissent être
comparées. Je n'ai pas eu d'exigences spécifiques telles que : le
statut (marié/veuf/enfants, ...), les années d'expériences
dans le service, l'expérience antérieure, le genre (homme/femme),
l'âge, etc. Ces données n'auraient pas apporté
d'informations indispensables à mon analyse. Pour trouver les
professionnels, j'ai appelé les différents établissements
afin de contacter les cadres de santé. Ils m'ont donné leur
accord et avec une date de rendez-vous dans leur établissement afin de
réaliser l'entretien.
J'ai pu interroger trois infirmières : (question
N°1)
- L'IDE 1 a 26 ans, elle est diplômée depuis 4
ans et elle a commencé directement à travailler dans son
établissement.
- L'IDE 2 est âgée de 30 ans, elle est
diplômée depuis 9 ans et elle est rentrée il y a 4 ans dans
l'EHPAD. Elle était précédemment au POOL médecin et
ensuite, elle est allée en service de neuro qui s'est transformé
en médecine générale
21
- L'IDE 3 a 42 ans, diplômée il y a 20 ans, elle
est depuis 3 ans dans son établissement. Elle était en service
cardiologie, puis neurologie et dans les soins à domicile.
3.2.1.3. La réalisation des interviews
J'ai interrogé tous les professionnels hors
période de confinement ou de restrictions sanitaires des visites
liées à la covid-19. Les interviews ont été
effectuées dans la période de fin janvier et fin févier
2022. Tous les professionnels étaient volontaires et ont accepté
d'être enregistrés.
J'ai effectué deux des entretiens dans les
établissements de soins et un dans mon IFSI. Nous avons reçu de
l'établissement un formulaire d'autorisation d'enquête que j'ai
donné aux cadres des établissements justifiant nos droits
d'interview. Les entretiens se sont tous réalisés dans une salle
adéquate, dans le calme et ils ont duré en moyenne 30 minutes.
3.2.1.4. Les limites et les biais de l'enquête
Les difficultés furent de trouver les professionnels
car certains des établissements étaient en restriction covid-19
et les cadres ne m'autorisaient pas à venir durant cette période,
me faisant décaler mes dates d'entretien. J'ai pu interroger tous les
professionnels en EHPAD et j'ai réussi à avoir des infirmiers de
différents établissements. J'ai dû faire face à la
difficulté d'organisation des rendez-vous dans les plannings des
équipes infirmières chargés en intensité de
travail. Mais elles ont réussi à me consacrer environ 30 minutes
de leur temps, ce qui m'a permis de poser toutes les questions et de reprendre
rapidement certains points. En effet, une fois les entretiens terminés,
je reprenais le questionnement avec les professionnels et je donnais les
informations complémentaires. Certaines des données que je
donnais faisait rappeler des informations aux professionnels et amenait
à une conversation.
L'ensemble des questions a été compris, j'ai
rarement dû reformuler mes questions. Concernant les limites de mes
entretiens, certaines des informations qui m'ont été
données ne faisaient pas partie de ma revue littérature. Je n'ai
pas développé les types de non-communication autres que les
surdités, par exemple les différents types d'aphasie qui a
été rapporté par une des IDE. Secondairement, je n'ai pas
fait de recherches sur la LSF du nouveau-né ainsi que la maladie de
Charcot utilisée pour écrire sur une tablette avec les yeux.
3.2.2. Traitement brut des données
collectées
Cette partie reprend le contenu des entretiens où
figure les points de convergence et de divergence des interviews des
professionnelles d'EHPAD.
- Question N°2 : En demandant aux trois
infirmières de définir la communication, bien que le vocabulaire
employé soit différent, toutes se rejoignent sur l'idée
des points de convergence, qui sont : « l'importance de la communication
dans notre métier » et qu'il s'agit d'une
22
« interaction avec une personne ». La divergence des
données compose les types de communication, sur les trois entretiens,
une seule infirmière m'a donné les trois types, les deux autres
m'ont donné la communication verbale et non-verbale.
- Question N°3 : Pour la différence entre
les deux termes, les trois infirmières rejoignent leurs idées sur
les malentendants qui ont peu d'audition et qui ne comprennent pas ce qu'on
leur dit. Elles ont dit que la personne sourde n'entendra rien mais leurs
idées divergent sur les éléments correspondants. L'IDE 1
dit qu'un sourd « aura une communication verbale nulle. » et l'IDE 2
: « il peut avoir des bruits internes, propre à son corps.
»
- Question N°4 : Lors de la question sur la
définition de la surdité et ces différents types, les
réponses divergeaient. L'IDE 1 et 3 se sont retrouvées sur le
terme sur « la surdité est de naissance ou acquise ». L'IDE 2
a dit qu'il s'agit du moment où la personne entend moins bien et que
« c'est la première surdité qui est la plus grave et que la
personne entendra le moins ». Les professionnels ont eu du mal à
formuler une réponse claire et les points de vue divergeaient et aucune
des IDE n'a cité les termes exacts.
- Question N°5 : Pour les conséquences et
les risques sur le quotidien, les trois infirmières ont verbalisé
« l'isolement et la solitude de la personne » ainsi que la personne
ne tentera plus de communiquer avec les autres résidents ou les
soignants car elle ne sera jamais comprise. Pour la suite des données,
les idées divergeaient, mais les trois IDE ont eu des réponses de
représentation et de projection sur la personne de leur
établissement et leurs expériences. L'IDE 1 à rajouter :
« le regard d'autrui va être pesant. La personne peut
développer un syndrome dépressif et devoir parler aux autres peut
la rendre mal à l'aise. Le rôle en tant que soignant est de
veiller à ce que la personne ne s'isole pas et continue de parler. Les
gestes et les attitudes envers la personne vont être importants, car ils
permettent que la personne se sente acceptée. » L'IDE 2 à
dit : « le sentiment d'être perdu et de tristesse. Le refus de soin
du résident car la communication fait 50% du soin » car il risque
d'être surprise lors d'un soin invasif et il sera agressif par peur des
autres soins. L'IDE 3 : « Chaque geste de la vie quotidienne va devenir
compliqué. Elle va vivre dans son monde comme dans une bulle. Elle ne
pourra plus rien demander car elle ne sera jamais comprise. La langue des
signes est peu connue et même si la personne utilise la lecture sur les
lèvres et comprend ce que l'on dit, pour s'exprimer ça va
être difficile. »
- Question N°6 : Concernant l'importance de la
communication, les trois infirmières ont dit qu'elle est primordiale
dans notre métier, elle permet d'instaurer une relation
soignant-soigné et un lien de confiance dans la prise en charge avec les
résidents. L'IDE 1 et 3 ont dit qu'il faut « mettre en place des
stratégies de communication adaptées aux pathologies
rencontrées » ainsi qu'au « caractère » de chaque
résident. La gestuelle et la posture vont être importantes
23
ainsi que le sourire. L'IDE 2 et 3 ont rajouter que la
communication permet « l'adhésion aux soins ». Les points
divergents de l'IDE 1 sont : « qu'il y a des jours ON et des jours OFF,
pour tout le monde. Mais arriver dans la chambre d'un résident et ne pas
avoir le sourire du matin et le petit bonjour enjoué, c'est
inconcevable. » De plus, afin d'instaurer un lien plus proche et
créer une confiance, l'IDE 1 elle va « demander l'autorisation
» à certains résidents avec lesquels elle a un lien plus
fort, « de les appeler par leur prénom » au lieu de leur nom
de famille. L'IDE 3 a dit que la communication avec les masques est complexe,
« mais il y a d'autres façons de s'exprimer que la parole.
»
- Question N°7 : Concernant les risques et les
conséquences liés à une non communication avec un
résident. Les trois infirmières ont verbalisé que «
le lien de confiance va être perdu ou non créé » et
qu'il n'y aura « plus aucune interaction » avec la personne. L'IDE 1
et 2 ont rajouté « la non-adhérence au soin » conduit
« au refus de soin. » L'IDE 2 a dit en complément « de
l'agressivité de la personne. » L'IDE 3 a divergé dans ces
idées, elle a parlé « des personnes qui possèdent des
appareils auditifs mal réglés, qui n'entendent plus. » On
peut essayer « d'articuler en baissant le masque pour qu'ils essaient de
lire sur les lèvres. Ça engendre de la frustration et de
l'énervement chez nous, chez eux. En tant que soignant on sera
dépassé. » Alors que des techniques tel que : «
écrire gros sur un papier, nettoyer les appareils, déboucher les
oreilles ou un nouvel appareil. »
- Question N°8 : Pour la question relative aux
résidents qui sont en situation d'isolement lié à une
communication déficiente, la réponse est propre à chaque
établissement. Les trois infirmières disent avoir peu de
résidents qui sont dans ce cas et principalement ils ont une pathologie
en cause. L'IDE 1 a verbalisé « on essaie que tous les
résidents se sentent bien et à l'écoute. Même s'ils
ont des troubles de la parole ou de l'aphasie, on mettra des stratégies,
avec des animations, on les promènera. Le but, c'est qu'aucun
résident ne soit seul dans son coin, c'est notre rôle. »
L'IDE 2 : « certains résidents ne supportent pas les appareils, car
ça leur fait mal ou sont habitués au fait de ne pas entendre.
» Il a une personne avec une surdité assez forte ainsi qu'une
démence. « La communication est difficile avec elle donc elle se
sent très seule. Elle sait signer mais nous non et elle lit sur les
lèvres mais c'est compliqué avec la covid. Du coup, elle est un
peu seule donc on va la chercher. » L'IDE 3 a un de ses résidents
qui a eu « un AVC et développé une aphasie de Wernicke.
» Il a des « gestes de colères et de frustration d'être
incompris. Même en tant que soignant, on ne sait pas s'il nous comprend
réellement. » Certains ont « des troubles cognitifs » et
la communication est complexe. Les appareils auditifs ne fonctionnent pas
correctement et la personne sera « frustrée avec des moments
d'agressivité. On essaie de trouver les causes : oreilles
bouchées par des bouchons de cérumen. En tant que soignant, c'est
frustrant et compliqué. On utilise des autres
24
approches, avec de la gestuelle ou pour réveiller le
matin, on donne un coup dans le lit pour qu'ils comprennent par la fibration.
»
- Question N°9 : Concernant la prise en charge
de déficience auditive, l'IDE 1 et 3 ont répondu qu'elles ont des
malentendants mais qu'elles n'ont pas rencontré de personnes sourdes.
L'IDE 2 a aussi des résidents malentendants et elle a déjà
eu des sourds. Les trois infirmières ont parlé des
stratégies à mettre en place telles que : « le parler fort,
la gestuelle, lecture labiale et les pictogrammes. L'IDE 1 a dit que pour les
malentendants : « avec l'âge la capacité d'audition de la
personne se détériore et c'est normal. » Certains
résidents « ne supportent pas les appareils et les retire
même si on lui propose de les changer ils refusent, pour autant ils
sortent et ne sont pas isolés. » L'IDE 2 : « Les sourds
qu'elle a rencontrés viennent avec des gens qui signent, ont des
pictogrammes, ou à rigueur lire sur les lèvres. » L'IDE 3 :
« Le déchiffrage des lèvres avec les masques c'est
compliqué. On peut mettre un masque transparent, parler plus lentement
pour la lecture sur les lèvres. »
- Question 10 et 11 : Les trois infirmières
n'ont pas su répondre à la question sur la sensibilisation des
déficiences auditives durant la formation initiale et aucune IDE n'a eu
de formation sur les troubles auditifs dans son établissement. L'IDE 1 a
eu une formation sur la communication en générale et le bon
positionnement. Elle aimerait apprendre la LSF avec son nouveau-né. Les
trois infirmières ont dit qu'elles aimeraient apprendre les mots de
bases du LSF.
- Question 12 : Plusieurs moyens similaires ont
été donnés : la lecture labiale, les pictogrammes, la
gestuelle, l'articulation, le parler fort, les casques d'augmentation le son,
l'écriture et le nettoyage des appareilles auditifs. Elles baissaient le
masque, dans le respect des distanciations et l'accord des famille, pour la
lecture labiale de certains résidents en difficulté de
compréhension. Elles ont essayé le masque transparent mais ce ne
fut pas concluant dû à la buée. Les trois
infirmières travaillent en partenariat avec des prothésistes,
ainsi qu'une orthophoniste. Les IDE m'ont dit que l'on peut utiliser la LSF
mais aucune ne connait d'association régionale ou de personnes qui
savent signer et ni des numéros de téléphone
d'interprètes. L'IDE 1 a décrit la technique de la « maladie
de Charcot, avec les yeux, on peut écrire sur une tablette. » L'IDE
3 : « On essaie d'attirer l'attention de la personne avant de lui parler
(ex : coup sur le meuble pour faire de la vibration). » Elle nettoie les
appareils elle-même et elle débouche les bouchons de
cérumen des oreilles avec un otoscope.
- Question 13 : Les besoins des IDE pour
répondre aux difficultés de communication avec les personnes
malentendantes. Elles aimeraient avoir des formations sur les
déficiences auditives ou sur la LSF, ainsi que des informations sur les
associations ou les interprètes. Elles ont dit qu'il existe toujours
« des solutions pour communiquer avec les personnes, peu importe la
25
pathologie, il suffit de montrer que l'on essaye des
techniques afin de trouver la bonne. » L'IDE 1 aimerai avoir d'autres
casques pour augmenter le son de la télé. Ainsi que du
professionnel formé et des prothésistes et des orthophonistes
supplémentaires. L'IDE 2 : « Je pense que le jour où l'on
est face à ces personnes sourdes, on est bloqué autant eux, que
nous. Car on communique, avec eux différemment. Donc qui communique
normalement ? »
- Question 14 : Dans la dernière question, sur
l'induction d'isolement supplémentaire des résidents avec un
handicap auditif avec la covid-19, les trois infirmières ont
convergé leurs propos. Il a apporté « du stress et de
l'anxiété pour les résidents et pour eux ». Ce ne fut
pas uniquement « les résidents en déficience auditif »
qui furent toucher par l'isolement. « L'ensemble des résidents ont
compris rapidement ce qui se passait mais le plus dur fut au début avec
le port du masque car ils ne voyaient plus notre visage ». Même si
« le masque a été une barrière à la
communication », les résidents et les professionnels ont «
réussi à s'adapter. Les établissements ont acheté
des tablettes pour faire des visio avec les familles, c'est bien pour les
entendants mais les malentendants c'est plus complexe. » Tous « les
salons des visites ont été réaménagé avec
des vitres » et des masques disponibles pour les familles avec du gel
hydroalcoolique à l'entrée. Principalement, elles ont «
séparé les secteurs de soins afin que les résidents »
soient libres de bouger et voir du monde en les protégeant. Les
résidents ont été vacciné et les professionnels
aussi. Les trois infirmières ont décrit « le syndrome de
glissement » est le risque principal de l'isolement des résidents
pendant la covid. Elles ont fait « attention au repérage des signes
» et ont mis des actions : « contact humain, passage régulier,
lien des familles, visites des proches, promenades, animations, visio, attentif
au besoin. Pour l'IDE 2 qui a sa collègue malentendante, elle a dit que
la covid l'a coupée de la communication comme beaucoup de
résidents car elle ne reconnaissait plus qui parlait. Elle pensait que
souvent on se moquait d'elle. Elle a eu des moments d'angoisse et elle s'est
isolée à plusieurs reprises en coupant ces appareils. Elle
était dans une bulle de barrière d'isolement.
3.2.3. Analyse des données
A partir de notions et de concepts approfondis dans le travail
de recherche, j'ai élaboré un tableau d'analyse (figurant en
annexe N°V) permettant de mettre en lien les points explorés dans
la revue littérature et celle de mes interviews.
La communication est, comme citée dans ma revue
littérature par Vaccaro (2017, p. 1) et lors de mes entretiens,
indispensable et correspond elle-même à un soin. Elle nous permet
« [...] d'échanger en temps réel sur nos faits et
gestes, nos opinions, sensations, émotions » [13]. Sans elle,
on ne pourrait pas s'exprimer ni comprendre de l'autre. Les échanges
n'auraient pas lieu et causeraient des répercussions sur la personne.
Les interviews ont permis de démontrer l'écart des données
sur la connaissance des trois types de communication comme
26
dans le livre de Barrier (2019, p. 107) [1], la communication
étant composée du : « verbal, nonverbal et paraverbal.
» Une seule IDE sur trois a cité ces noms cela démontre
que la notion du paraverbal n'est pas connue de tous et aucune des IDE n'a
décrit qu'il s'agissait d'un échange entre un émetteur et
un récepteur comme cité par Vaccaro (2017, p. 1).
Ces concepts ne sont pas connus des IDE certainement parce
qu'elles n'ont pas eu de formations sur les déficiences auditives. La
seule des IDE qui connaissaient les trois types de communication avait
réalisé une formation sur la communication et le positionnement.
Malgré cela, toutes les trois utilisent les trois types de communication
dans leur travail et elles sont dans l'échange entre un émetteur
et un récepteur. Ainsi, même si elles ne connaissent pas les
termes théoriques, elles les appliquent au quotidien avec les
résidents.
Pour les trois IDE, la communication est indispensable et
primordiale car elle instaure un lien de confiance entre soignant et
soigné et permet une meilleure adhésion aux soins, concept du
relationnel cité par Rivaldi. Pour chacune des IDE, il faut mettre en
place des stratégies de communication adaptées aux pathologies
rencontrées et adaptées aussi à la personne
soignée. Cette communication permet le positionnement du soignant par
rapport au soigné avec un lien direct entre eux, comme
préconisé dans le rapport de INPES et CNSA (2012). Les trois
infirmières ont rajouté la notion des troubles cognitifs qui
impacte la communication avec le résident car il ne sera plus en mesure
de comprendre le soignant et on ne peut pas savoir s'il nous a
réellement compris.
Pour la différence entre sourd et malentendant, les IDE
ont des notions personnelles. Leurs conclusions sont presque similaires
à mes recherches documentaires mais traduites avec leurs mots, comme
celles citées dans ma revue littérature par l'UNISSON. Il en
résulte que les sourds n'ont pas d'audition et que les malentendants peu
d'audition, ce qui provoque une mauvaise compréhension entre soignant et
soigné. L'échange entre les deux parties va être
compliqué et sera souvent répété par le soignant.
La définition de l'OMS et les types de surdités cités par
la fondation de recherche médicale n'ont pas été
cité par les trois infirmières. Les déficiences auditives
restent une notion peu abordée dans la profession et les formations,
surtout la notion de « pré ou post linguale » (Lazard
et al., 2018, p.9) [3].
Les résidents d'EHPAD représentent une
population vieillissante qui subit des dégénérescences
sensorielles dues à l'âge dont les déficiences auditives.
Comme cité par Ie site de l'INSERM [20] : « Une personne sur
deux à partir de 75 ans présenterait des troubles de l'audition.
» Dans les EHPAD, la plupart des personnes qui souffrent de ces
déficiences sont devenues sourdes ou malentendantes ce qui cause un
problème au niveau de la communication car elles sont sujettes à
des difficultés pour s'exprimer et comprendre. De plus,
27
la plupart des personnes âgées sont
polypathologiques rendant la communication encore plus complexe.
La communication deviendra difficile avec toutes les personnes
car « elle ne peut participer discussions, qui la fatiguent et
l'énervent [...]. Elle se sent mise à l'écart et pense que
les autres parlent d'elle, la critiquent, se moquent ou lui en veulent
» (Fisanne, 2022, p.12). Ces notions ont été
cité par les trois infirmières dans leurs interviews.
Ce problème a été accentué avec le
port du masque, le bas du visage est caché, on ne sait plus qui parle.
Auparavant, le langage labial aidait avec le mouvement des lèvres et on
voyait l'expression du visage. Tout comme l'exemple donné par l'IDE 2
par rapport à sa collègue malentendante ainsi que dans ma revue
littérature.
Les conséquences ont été pour les trois
infirmières : isolement et solitude de la personne. La personne se
sentira mise à l'écart, et va, au fur et à mesure, se
retirer du milieu social En effet, elle ne peut plus communiquer et ne peut
plus comprendre ceux qui veulent communiquer avec elle. Comme le précise
l'IDE 3, chaque geste de la vie quotidienne va être compliqué,
pouvant aller jusqu'au refus de soin. Dans les faits énoncés par
les trois infirmières, on peut remarquer que ce manque de communication
peut aggraver l'état de santé du résident. Elle peut
créer pour la personne de graves troubles, avec de
l'anxiété et un mal-être qui va conduire à un
syndrome dépressif et un isolement. Le résident se sentira dans
une solitude qui peut être totale allant jusqu'au syndrome de glissement.
Tous ces concepts se retrouvent dans ma revue littérature dans la partie
des conséquences et dans l'isolement des EHPAD induit par la
covid-19.
Comme citées dans ma revue littérature par OMS,
les restrictions sanitaires qui ont dû être prises pour lutter
contre la covid, ont accentué rapidement l'aggravation de l'état
de santé de certains résidents. En effet, il a fallu lutter
contre un virus et appliquer très rapidement des gestes barrières
qui ont modifié et énormément diminué la
communication entre soignés et soignants, isolant certains
résidents du monde social. Comme l'explique l'IDE 1, le rôle du
soignant fut d'éviter l'isolement des résidents en utilisant
différentes stratégies afin de garder un minimum de
communication, base indispensable pour l'adhésion aux soins et une
santé mentale.
Il y a des aides et moyens qui sont mis en place dans les
EHPAD afin d'améliorer la communication entre les soignants et les
soignés pour les personnes souffrant de troubles auditifs. Ces moyens
sont cités dans ma revue de littérature par le rapport de INPES
et CNSA (2012). Ils sont repris par les trois infirmières avec notamment
une communication non-verbale (gestuelle, lecture labiale, vibration, ...), des
supports (casques d'augmentation de sons, appareils auditifs, ...) et des aides
extérieures (orthophonistes, prothésistes, associations, ...).
28
L'IDE 2 a parlé de sa collègue qui est
malentendante, on peut remarquer que les symptômes décrits par
l'infirmière sont similaires à ceux des résidents. La
covid l'a coupée de la communication, elle ne reconnaissait plus qui
parlait. Elle avait la sensation de moqueries et a eu des moments d'angoisse. A
plusieurs reprises, elle s'est mise dans sa bulle pour s'isoler en coupant ces
appareils.
3.2.4. Synthèse de l'analyse et formulation de
la question centrale
3.2.4.1. Synthèse de l'analyse des
données collectées
Cette étude auprès de professionnels de
santé a permis de démontrer l'importance de la communication dans
la prise en charge des résidents. La communication est un soin à
part entière dans notre travail et pour le bien-être des
résidents.
Les déficiences auditives et le terme surdité
restent méconnus dans notre société et sont pourtant des
notions aggravantes dans le manque de communication.
Le masque est un frein énorme dans la communication
entre soignant et soigné surtout dans un milieu comme les EPHAD
où la population vieillissante est polypathologique et où
l'adaptation à de nouveaux changements est plus difficile.
La communication prend une part importante dans les relations
avec autrui. Nous sommes dans une société où le regard de
l'autre est primordial. En tant que soignant, on se doit de repérer les
signes d'un isolement et de mettre en place des actions pour éviter les
répercussions sur la santé de la personne.
Ce travail de fin d'étude m'a permis de
démontrer que l'adaptation de la communication permet de réduire
l'isolement sociale des résidents présentant une
déficience auditive.
3.2.4.2. Formulation de la question centrale
A la fin de mes entretiens, je me suis aperçue que j'ai
réalisé une sensibilisation des troubles auditifs. J'ai
adoré travailler sur cette thématique mais après la
réalisation de mon mémoire, je découvre que la
prévention des professionnels est extrêmement importante. Pour la
formulation de ma question centrale, j'ai choisi une problématique qui
me permettrait de tester mes interventions auprès de professionnels dans
des EHPAD et de savoir si elles ont été efficacité sur la
qualité de la prise en charge des résidents :
« En quoi, la sensibilisation et la
prévention des infirmiers sur les déficiences auditives peut
permettre d'améliorer la prise en charge des résidents d'EHPAD ?
»
29
4. CONCLUSION DU TRAVAIL DE FIN D'ETUDE
Ce travail me tenant à coeur, étant une future
professionnelle de la santé, je risque d'être confrontée
aux difficultés d'isolement et de communication auprès des
résidents avec ou sans surdité. J'avais pour projet de visiter
l'INJS, mais malheureusement ma demande auprès de l'établissement
a été refusée car les demandes étaient trop
nombreuses et qu'il privilégiait leurs stagiaires. À travers ce
mémoire, j'ai pu me positionner en tant qu'apprenti-chercheur et j'ai pu
rassembler des données scientifiques dans une démarche de
recherche qualitative.
En EHPAD, les résidents sont des personnes fragiles et
peuvent être polypathologiques, nécessitant une attention
particulière du soignant. Concernant la réduction de l'isolement,
la meilleure des solutions reste la communication, qui est souvent
référenciée en compétence infirmière. En
tant que professionnel de santé, on se doit d'être attentif
à notre communication qui peut impacter la prise en charge et avoir des
répercussions sur la santé du résident. La crise sanitaire
de la covid-19 a obligé les professionnels de santé à
s'adapter pour protéger au mieux les résidents et cette situation
fut difficile à vivre pour les résidents qui se sentaient
isolés. Cette épreuve nous a tous fait évoluer et changer.
Le temps du confinement, nous a fait introspectivement nous remettre en
question sur nos pratiques et nos actions. En vivant les renforts de la covid,
j'ai vécu l'isolement des résidents et j'ai découvert
l'importance des actions pour contrer le syndrome de glissement et la
communication auprès des résidents démunis face à
cette situation.
En France, on estime que 6 millions de citoyens sont atteints
d'un trouble auditif. La majorité de ces personnes ont du mal à
communiquer et sont plus sujettes à l'isolement. Comme notre corps ou
nos organes, notre oreille vieillira. Les dégénérescences
auditives liées à l'âge sont donc de plus en plus
nombreuses. Il est donc nécessaire d'avoir une réflexion sur des
moyens de communication adaptés pour une nouvelle population de
malentendants. Ceci s'accompagne naturellement par des formations du personnel
médical et paramédical.
La communication est primordiale, comme l'a souligné
une des IDE, elle représente pour elle 50% des soins, ceci permettant
une meilleure prise en charge du résident et un bien être à
la fois pour le soigné et pour le soignant.
30
5. BIBLIOGRAPHIE :
[1] Barrier, G. (2019). La communication non verbale :
comprendre les gestes : perception et signification. ESF Edition, p.
105-108
[2] Verny, C. (2019). Les cahiers infirmiers.
Gérontologie, Gérontopsychiatrie. Edition Elsevier, p. 3
[3] Lazard, D.S et al. (2018). Surdités.
Actualités, innovation et espoirs. Edition Elsevier Masson, p. 9
[4] Rapport INPES et CNSA (2012), informer les personnes
sourdes ou malentendantes, partage d'expérience., p. 8-9
[5] Fisanne, C. (2022). Les troubles auditifs, un enjeu de
santé publique mondial. Soins aides-soignantes, volume 19
(n°104), p. 12-13
[6] Mira, L. (2019). Application de crème et de pommade.
Soins aides-soignantes, volume n°89, p. 22-
23
[7] NANDA international. (2018). Diagnostics infirmier :
définitions et classification 2018-2020. 11ème
Edition Elsevier, p.180, 523
[8] Paillard, C. (2021). Dictionnaire des concepts en
science infirmières. 5ème édition Setes,
p. 267, 268, 516, 517.
[9] Paillard, C. (2016). Dictionnaire des concepts en
soins infirmiers. 3e édition Setes, p. 40-41.
[10] Retailleau, B. (2022). La perte d'audition, un
enjeu de santé publique mondiale. Soins
aides-soignantes. Edition Elsevier, volume 19 (n°104), p. 09
[11] Retailleau, B. (2022). L'oreille, l'organe de
l'audition. Soins aides-soignantes, volume 19 (n°104),
p. 10-11
[12] Rivaldi, L. (2022). Assistant de soins de
gérontologie (ASG). Préparation complète pour
réussir sa formation. 4ème Edition Vubert, p.
114
[13] Vaccaro, S. (2017). Le langage signé pour
établir la confiance et prendre soin. La revue de
l'infirmière, volume 66 (n°232), p. 1
SITOGRAPHIE :
[14] Agence nationale de l'évaluation de la
qualité des établissements et services sociaux et
médico-
sociaux, disponible sur le site :
https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2018- 03/elements
de contexte 9 nov def mis en page.pdf consulté le 13 octobre 2021
[15] ALPC parler français avec les sourds,
https://alpc.asso.fr/a-quoi-sert-la-lfpc/
consulté le 02 janvier 2022
[16] Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (2011),
charte relative à la qualité du sous-titrage à
destination des personnes sourdes ou malentendantes,
https://www.csa.fr/Reguler/Espace-juridique/Les-relations-de-l-Arcom-avec-les-editeurs/Chartes-et-autres-guides/Charte-relative-a-la-qualite-du-sous-titrage-a-destination-des-personnes-sourdes-ou-malentendantes-Decembre-2011
consulté le 14 octobre 2021
[17]
31
Fédération Nationale des Sourds de France,
l'histoire des sourds,
https://www.fnsf.org/etre-sourd/
consulté le 12 novembre 2021
[18] Fondation pour l'audition, la lecture labiale,
https://www.fondationpourlaudition.org/la-lecture-labiale-570
consulté le 15 novembre 2021
[19] Fondation recherche médicale, la surdité
en chiffres,
https://www.frm.org/recherches-autres-
maladies/surdite/focus-surdite#:~:text=cles%20%23chiffres%
2Dcles-,La%20surdit%C3%A9% 20en%20chiffres,des%2065%20ans%20et%20plus
consulté le 12 novembre 2021
[20] INSERM (2017), troubles de l'audition/surdités
comment préserver et restaurer notre ouïe
https://www.inserm.fr/dossier/troubles-audition-surdites/
consulté le 13 octobre 2021
[21] Journée nationale de l'audition le jeudi 10 mars
2022 (2021), 100 questions/réponses,
https://www.journee-audition.org/malentendant-sourd.html
consulté le 12 novembre 2021
[22] LedicoElix, dictionnaire en ligne de la langue des
signes française,
https://dico.elix-lsf.fr/dictionnaire/communication
consulté le 30 mars 2022 (Image de la page de garde)
[23] Le port du masque, une habitude saine pour se
protéger ensemble contre la propagation du COVID-19,
https://www.info-coronavirus.be/fr/masque/
consulté le 13 octobre 2021
[24] Le robert dictionnaire en ligne,
https://www.lerobert.com/google-dictionnaire-fr?param=EHPAD
https://dictionnaire.lerobert.com/definition/ehpad
consulté le 12 octobre 2021
[25] UNISSON
https://www.laboratoires-unisson.com/faq/audition/difference-entre-sourd-et- malentendant.html
consulté le 28 octobre 2021
[26] Loi N°2005-102 du 11 février 2005 : pour
l'égalité des droits et des chances, la participation et la
citoyenneté des personnes handicapées,
https://www.legifrance.gouv.fr/search/all?tab
selection =all&searchField=ALL&query=%C3%A9galit%
C3%A9+des+droits+et+des+chances&searchType=
ALL&typePagination=DEFAULT&pageSize=10&page=1&tab
selection=all#all consulté le 2 Mars 2021
[27] Organisation mondiale de la santé (2021), maladie
à coronavirus 2019 (COVID-19) : ce qu'il faut savoir,
https://www.who.int/fr/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019/question-and-answers-hub/q-a-detail/coronavirus-disease-covid-19#:~:text=symptomes
consulté le 15 novembre 2021
[28] Organisation mondiale de la santé (2021),
surdité et déficience auditive,
https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/deafness-and-hearing-loss
consulté le 15 novembre 2021
[29] Rapport du ministre des solidarités et de la
santé de Véran, O, (2020), Lutter contre l'isolement des
personnes âgées et fragiles isolées en période de
confinement
https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/rapport
no1 j. guedj - 05042020.pdf consulté le 12 octobre 2021
[30] Urgence 114 (2017), appel d'urgence pour sourds et
malentendants, https://www.info.urgence114.fr/ consulté le 02
janvier 2022
32
6. ANNEXES
SOMMAIRE DES ANNEXES :
6.1. Annexe I : Les 5 fiches de lecture 33
6.1.1. Fiche de lecture N°1 : Revue de soins
aides-soignants 33
6.1.2. Fiche de lecture N°2 : FNSF : L'histoire des
sourds 34
6.1.3. Fiche de lecture N°3 : Livre
gérontologie-gérontopsychiatrie 35
6.1.4. Fiche de lecture N°4 : La revue de
l'infirmière et le langage signé 36
6.1.5. Fiche de lecture N°5 : La communication non
verbale et la gestuelle 37
6.2. Annexe II : Charte des droits du sourd 38
6.3. Annexe III : L'alphabet en lange des signes, 40
6.4. Annexe IV : Guide d'entretien vierge 41
6.5. Annexe V : Tableau de la grille d'analyse 44
6.6. Annexe VI : Recension brut d'un des entretiens 55
33
6.1. Annexe I : Les 5 fiches de lecture
6.1.1. Fiche de lecture N°1 : Revue de soins
aides-soignants
1. Référence bibliographie de la revue
Nom de l'auteur
|
FISANNE Christine
|
Titre de l'article
|
« Les troubles auditifs chez les personnes
âgées »
|
Nom de la revue
|
Soins aides-soignants : Les troubles de l'audition
|
Edition
|
Elsevier Masson
|
Numéro et date
|
N°104 Janvier/Février 2022
|
Page de début et de fin de l'article
|
Page 12-13
|
Lieu de consultation
|
Dans le CDI de l'IFSI de Thonon-les-Bains
|
Mots clés
|
Troubles auditifs, personne âgée, presbyacousie,
dépression, isolement
|
|
2. La synthèse
La perte de l'audition chez la personne âgée est
normale et nécessite d'être traitée car elle risque de
causer des conséquences graves. La presbyacousie est l'affection la plus
courante chez les aînés et le nombre de personnes atteintes risque
d'augmenter à cause de nos agressions auditives quotidiennes. Les
conséquences sont les suivantes : risque de s'isoler, se sentir à
l'écart avec un sentiment de persécution, des acouphènes,
de l'anxiété, un changement d'humeur et qui peut conduire
jusqu'à la dépression. Les risques de chute peuvent être
accrus, causés par la baisse du fonctionnement de l'oreille pouvant
favoriser un traumatisme. La perte de confiance sera engendrée.
Le dépistage reste la meilleure des solutions contre
la surdité, ainsi que la limitation de l'isolement et elle
nécessite une communication adaptée à la personne (phrase
courte, bon positionnement, éviter les bruits de fond, ...). La
difficulté sera de faire accepter à la personne âgée
sa déficience auditive et le fait qu'elle doit se faire appareiller.
L'adaptation des appareils peut être longue donc elle demandera un
apprentissage afin que son utilisation devienne un automatisme et permettra de
limiter les conséquences.
3. L'avis personnel
Cet article provient d'un magazine scientifique
spécialisé dans le milieu paramédical et il est une source
fiable et valable. L'article est écrit par une médecin
généraliste en EHPAD. Il a été utile pour la
création de ma revue littérature car il est constitué des
thèmes portant sur la communication, les déficiences auditives,
l'isolement et les conséquences sur la personne.
34
6.1.2. Fiche de lecture N°2 : FNSF : L'histoire
des sourds
1. Référence bibliographie du site web
Nom de l'auteur
|
DUSSAIX Alexis
|
Titre de l'article
|
« L'histoire des sourds »
|
Nom du site
|
Fédération Nationale des Sourds de France
(FNSF)
|
Date de l'article
|
Non renseignée
|
Lieu de consultation
|
https://www.fnsf.org/etre-sourd/
|
|
Date de consultation
|
Le 12/11/2021
|
Mots clés
|
L'abbé de l'Epée, sourds, droits, institution,
LFS
|
|
2. La synthèse
Charles Michel de l'Epée est d'une famille
aisée et il a réalisé des études de droit puis
choisi de se diriger vers l'église. C'est entre 1760 et 1762 qu'il fit
la rencontre de jumelles sourdes et il a remarqué qu'elles arrivaient
à communiquer par des signes. Il a eu l'idée de créer une
instruction pour les jeunes sourds, qui fut développé grâce
à lui dans toute l'Europe.
Le congrès de Milan fut une date importante car il y
eut : « l'adoption de la méthode orale pure et l'exclusion des
signes de l'enseignement » interdisant la langue des signes car elle
était jugée mauvaise pour la personne car les jeunes pensaient
qu'ils finiraient par devenir entendants ou qu'ils allaient mourir s'ils
n'arrivaient pas à parler comme un entendant. Les sourds sont
restés militants de leurs droits et ils pratiquaient la LSF en
comité. Des congrès internationaux d'expositions universelles se
sont créés en 1900 et 1912 à Paris afin de «
sensibiliser la reconnaissance de la langue des signes ». Pendant
la Seconde Guerre mondiale les sourds portaient sur leur tenue comme pour les
personnes handicapées un triangle bleu à la place de
l'étoile jaune des juifs.
Il fallut attendre 1975 pour qu'il ait « le premier
journal télévisé pour les sourds ». C'est
grâce à la loi du 11 Février 2005 : « pour
l'égalisation des droits et des chances, la participation et la
citoyenneté des personnes handicapées », que fut
adoptée la langue des signes française comme une langue à
part entière et ainsi agréée pour l'enseignement de
celle-ci.
3. L'avis personnel
L'auteur est un écrivain sourd qui fait
découvrir l'histoire de la surdité dans l'article du site
Fédération Nationale des Sourds de France. L'article a
été utile pour la création de ma partie l'histoire dans la
société. Il retrace l'historique de la langue des signes en
France ainsi que les droits et les lois au fur et à mesure des
années. Le site constitut une source fiable et valable.
35
6.1.3. Fiche de lecture N°3 : Livre
gérontologie-gérontopsychiatrie
1. Référence bibliographie du livre
Nom de l'auteur
|
VERNY Christiane
|
Tire de l'ouvrage
|
Cahiers infirmiers :
Gérontologie-Gérontopsychiatrie
|
Edition
|
Elsevier Masson
|
Date de parution
|
Juin 2019
|
Nombre de page
|
192
|
Lieu de consultation
|
Bibliothèque Nationale de France secteur I
|
Mots clés
|
Prise en charge, infirmier, personnes âgées,
physiologie
|
|
2. La synthèse
Le livre est basé sur la théorie de
l'enseignement pratique et l'acquisition de connaissances pour l'exercice d'un
métier centré sur le quotidien des personnes âgées.
Il est divisé en quatre parties : « les bases en anatomie et
physiologie », « les explorations, examens cliniques et
principaux examens complémentaire », « les principaux
syndromes » et « les pathologies ».
La gériatrie impose de la prévention, un
traitement adapté et un bon diagnostic des maladies principalement dues
au vieillissement des organes. Les dégénérescences qui
vont en découler peuvent être de l'ordre des troubles sensoriels
(surdité, cataracte, etc.), troubles cognitifs (désorientation,
démence, etc.), insuffisances cardiaque, rénale ou
hépatique, etc. Un bon environnement de la personne est indispensable
pour assurer une prise en charge globale et pas seulement médicale et
psychologique.
Les protocoles de soins ainsi que les examens et le
raisonnement clinique, doivent être adaptés à la personne
suivant ces antécédents, ces problèmes de santé et
état de santé globale. Chez les aînés les
pathologies sont principalement liées au vieillissement et la mise en
lien de chaque pathologie est indispensable pour centrer les soins
effectués.
3. L'avis personnel
L'auteur est un médecin gériatre
spécialisé dans le suivi et dans le traitement de la personne
âgée. Cet ouvrage est destiné aux professionnels
infirmiers. Il m'a aidé à former ma revue littérature sur
le fonctionnement de l'appareil auditif, les
dégénérescences auditives et les conséquences sur
la vie quotidienne de la personne âgée. Des conseils sont
donnés sur la façon de prendre en charge chaque pathologie qui
peuvent aider les professionnelles de santé au quotidien. Il s'agit d'un
livre fiable et valable.
36
6.1.4. Fiche de lecture N°4 : La revue de
l'infirmière et le langage signé
1. Référence bibliographie
Nom de l'auteur
|
VACCARO Stéphanie
|
Titre de l'article
|
« Le langage signé pour établir la
confiance et prendre soin »
|
Nom de la revue
|
La revue de l'infirmière
|
Edition
|
Elsevier Masson
|
Numéro et date
|
Vol 66-N°232. Juin 2017
|
Page de début et de fin d'article
|
Page 1
|
Lieu de consultation
|
Dans le CDI de l'IFSI de Thonon-les-Bains
|
Mots clés
|
Handicap auditif, communication, LSF, prise en charge
|
|
2. La synthèse
L'ouvrage met en avant la problématique de
l'interaction avec une personne qui n'est pas capable de nous entendre. Vivre
sans communiquer avec les personnes qui nous entourent est une
difficulté liée au fort risque d'isolement et de repli sur soi
surtout chez les personnes atteintes d'un handicap auditif. La communication
verbale est un point maître de nos relations sociales dont pour une
personne ayant une surdité profonde et ancienne la reproduction de son
et de l'expression verbale sera complexe. En France on compterait environ
« 6 millions de citoyens atteints d'un handicap auditif » et
seulement « 300 000 personnes sont capables de s'exprimer en LSF
». La langue des signes française est un langage corporel.
Des associations sont créés pour favoriser
l'accès à la formation, l'éducation pour le
développement de cette langue et la sensibilisation à cette
problématique. En secteur de soin, « certains instituts de
formations en soins infirmiers proposent en enseignement de la base de la LSF
». Mais cet apprentissage n'est pas encore reconnu comme étant
obligatoire, alors qu'il permettrait de communiquer plus efficacement et
faciliterait le lien de confiance ainsi que la compréhension des besoins
et des problèmes des déficiences auditives.
3. L'avis personnel
L'auteur est un cadre de santé au CHU de Montpellier
dans le service de médecine psychologie de l'enfance et de
l'adolescence. L'article m'a aidé pour construire ma revue
littérature sur l'importance de la communication et l'apprentissage de
la langue des signes chez les soignants. Il constitut une source fiable et
valide.
37
6.1.5. Fiche de lecture N°5 : La communication non
verbale et la gestuelle
1. Référence bibliographie
Nom de l'auteur
|
BARRIER Guy
|
Tire de l'ouvrage
|
La communication non verbale. Comprendre les
gestes : perception et signification
|
Edition
|
ESF éditeur
|
Date de parution
|
Juin 2019
|
Nombre de page
|
200 pages
|
Lieu de consultation
|
Bibliothèque Nationale de France secteur I
|
Mots clés
|
Non verbal, corps, communication, émotions, relation
|
|
2. La synthèse
Dans cet ouvrage, on découvre l'impact des
modalités corporelles du corps dans la communication et ces formes.
Elles permettent d'examiner les modalités de certaines dimensions qui
sont cachées dans notre discours telles que notre voix, notre regard,
nos gestes, nos intonations et nos postures.
La communication est présentée sous trois
formes : le verbal, le paraverbal et le non-verbal. Elle permet la relation de
notre corps et nos émotions transmissent qui nécessite
d'être assimilées à nos gestes et nos paroles.
L'auteur met en avant le non verbal comme étant
indispensable. Ainsi que l'importance de la gestuelle qui nous permet de
communiquer et est aussi puissante que la parole.
Une posture apporte énormément d'information
sur la personne, en analysant tous les marqueurs, on peut connaitre
l'émotion de la personne ou même détecter un mensonge.
La psychologie de la communication est complexe et elle
demande de l'attention aux différents signes que nous employons ou pour
comprendre le message de l'autre. Sans elle, nous ne pouvons pas communiquer et
nous ne pouvons comprendre l'autre.
3. L'avis personnel
L'auteur a un doctorat en science de
l'information-communication et il est un expert en analyse gestuelle.
Même si l'ouvrage ne traite pas en sujet principal sur les personnes
malentendantes ou sourdes, il m'a permis de présenter les formes de
communication et démontrer que nous devons être attentifs à
nos paroles, nos gestes, et notre ton que nous employons, car ils sont aussi
importants que des mots.
6.2. Annexe II : Charte des droits du sourd
Charte des Droits du Sourd
PaternW1Je
La communauté sourde, ses proches el ses
représentante par le biais de la Fédération Nalinnale des
Sourds de France, signataires de la présente Charte,
Considérant ta Déclaration Universelle
des droits de l'Homme et du Citoyen proclamée par l'Assemblée
Nationale, le 213 aoril 1789 ;
Considérant la Convenlion Européenne des
Broils de l'Homme approuvée par l'Assemblée Generale des Nations
Unies le 10 décembre 1948 ;
Corrsideranl que la scciete française se doit
de respecter les droits du citoyen atteint de surdité, dans la ligne des
textes cités ci-dessus, et de favoriser l'intégration civique,
sociale. cultuelle et professionnelle des persomes sourdes ;
Considérant que « Sourd(e) N signifie
l'appartenance a une minorité linguistique et cullurelle de la
communauté sourde; Carrsiderenl que la langue des signes
française (langue sourde} esl la largue nalurelle des Sourds
;
Corrsideranl que la communauld sourde permet é
la personne atteinte de surdité, de vivre en tans que Citoyen é
part entire, libre, autonome, responsable et Sourd ;
Soulignant la valeur de fintercultwel et du
bilinguisme. et considérant que la protection ei l'encouragement de la
langue des signes, langue ninoribire en France, ne doivent pas sa faire au
détriment de la langue officielle, la langue française, et de la
nécessité d'y avo-ir actée ;
Realfirrnanl que le respect des draies de l'Homme et
du Citoyen en faveur des personnes sourdes inplique la reconnaissance é
toue les niveaux de la largue des signes : enseignement, justice..
autorités administratives et services publics. médias,
activités et équipements cullurels, vie économique et
sociale ;
En conséquence, la Charte des Droits du Sourd
esl ratifiée par l'Assemblée Generale de la Fed@Talion Nationale
des Sourds de France représentant la mmmunaulé sourde, le 24
octobre 1998 ;
Ainsi, la Cherie des droitsIli Sourd sera soumise
é l'Assemblée Nationale représentant le peuple
Français, dont les français sourds ; Sont convenus de ce qui suit
:
Article premier la langue dies signes Article 5
l'ëducaüan
1. Touas) Saurd[e} a cirai rusage de la langue des
signes.
2. Par conséquent, la langue des signes est
reconnue officiellement par l'Assemblée Nationale represenlant le peuple
français.
3. Nul ne peut être privé de sa langue
des signes.
Article 2 la vie associative
1. Tout(e) Sourde} a draie de participer é la
vie assodalive.
2. Le but de toute assacialion est de promouvoir la
vie de la communauté des Sourds, ei de favoriser les rencontres entre
Sourd afin de préserver leurs droits naturels_ Ces drails sant
J'epanauissement par la rencontre de leurs semblables, l'usage de la largue des
signes, la conserralion et le développement de la culture
sourde.
Article 3 la vie politique et civique
1. Toute). Sorrd(e) a droit d'exercer ses droits et
devoirs de citoyen en plaire canna issanee et conscience.
2. Tout(e) Sourd(e) doit dant avcir actée
é Mutes les informalians de la vie politique et civique_
Article4 les projets et décisions
1. Tout(e) Sourd(e) a drce de participer aux projets
et décisions qui le concernent.
2. La communauté Bourde, par le biais de
ses représentants. jail etre consultée pour les
décisions orrc+emanl les affaires privées et publiques des
personnes atteinte de surdité, é taus les niveaux : enseignement,
justice, autorités administratives et services publics. médias,
activités et équipements culturels_ vie économique et
sociale.
38
1. Tout(e) Sourd{e} a droit é
une éducation normale et équitable_
I L'éducation doit viser au plein
épanouissement de a personnalité sourde.
3. L'éducation doit assurer une vraie
formation du citoyen telle qu'elle est définir} par la
déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, la Déclaration
Universelle des droits de l'Homme, la Convention Européenne des Droits
de l'Homme, la Consbtxrtian française de 19558 la Convention
des droits de l'enfant de 7989_ et enfin par la Charte des Droits du
Sourd.
4. L'éducation des enfants sourds et
des jeunes Sourds doit Aire conçue et organisée sur la base de la
reconnaissance réelle de la langue des signes et de la communauté
sourde dans le milieu familial, éducatif et solaire, et ce depuis leur
naissance_
Article C
las enfants sourds dia parents entendants
Taut enfant et jeune sourd(e) de parents entendants a
droit de participer 2 la vie de el communaulé sourde_
Article 7 las parents sourds
1. Tout parent sourd doit etre respecté
intégralement dans ses droits de parents
2. Tout parent sourd a droit de décision sur
l'éducation de son enfant sourd ou entendant
3. Nul ne peut intervenir dans la vie privée
et familiale d'urne) Sourd (e)
Amarre la formation et le métier
1_ Tout(e) Sourd(e) a droit de choisir sa formation et
son méfier.
2_ La formation dois viser A la meilleure
qualification de Toute personne at1einte de surdité. Taure] Sourd(e) a
droit de choisir parmi les services de formation. Ceux-ci doivent pouvoir
l'accueillir pour honorer son droit eu choix de formation ou d'orientation
professionnelle.
3_ Toute] Sourd(e) a droit A choisir son métier
méme s'il présente une incompatibilité apparente mec la
surdité.
4_ Nul ne peut être privé de son emploi
en raison de sa surdité. Lee pouvoirs publics et territoriaux et le
société française doivent apporter dee solutions pour
adapter ou amérager les postes de travail, afin de pouvoir offrir un
métier A la personne sourde, y compris dans la fonction
publique.
ArlicIe 9 la justice
1. Touffe) Sourd(e) a droit A l'usage officiel de la
langue dee signes dans le cadre juridique.
2_ Tout(e) Sourdfe) a droit A une
protection légale, contre toute discrimination é
Tous les niveaux dans sa vie privée, sociale et
professionnelle_
3_ Nul ne peul être privé de la
présence d'au moins un interpréta et d'aides techniques
oompiementaire-s A la communication dans le cadrejrrid"pue.
Anime ie l'information et la crithme.
1. Tout(e) Sourd(e) a dmil A l'accès total A
rinformation et A la culture en langue des signes.
2_ L'information doit etre totalement Transmise - en
privilégiant la langue des signes. et par le biais du sous-titrage -
dans tous les médias publics el privés, notamment dans la
télévision elle cinéma
3_ La alhrre doit etre accessible clans Tous les
domaines : arts. literature, sciences El techniques, musées_
4_ L'information dans Tous les lieux publics doit
être diffusée par support visuel_
5. Nul ne peut dire privé de finformation
quelle que soif son importance.
Article 11 la s irate et la
sécurité
1_ Tout(e) Sourd(e) a droit d'Atm visuellement
prévenu(e) et
il gui 16(e} pour la sûreté de sa
personne.
2_ La securilé doit Aire assbeee dans tous les
lieux et les bAfirrenls publics et privés obligatoirement dotés
d'un moyen de prévenir et d'informer visuellement les personnes
atteintes de surdité en cas d'urgence, de danger eGou
d'alerte.
Alias. 12 la médecine
1. Toute) Sotid(e) a droit de décider de ce
qui le Concerne dans le cadra médical
2_ Nul ne peut être obligé de subir un
traitement méditai sans une information préalable comphile err la
prccédife. dee soi na et sur toutes ses conséquences.
2. Aucun traitement de la surdité ne louchant
A rinlégrile de sa personne ne peut élre imposé A un
enfant mineur_
Article 13 l'Accessibilité
1.
39
Taule) Sourde) a droit A la gratuité des
moyerrs d'accessibilité.
2. Les moyens d'amenagemenl et
d'équipement facilitant l'accessibilité dans la vie privée
et publique de la personne atteinte de surdité, doivent litre gratuits
au financés par les pouvoirs publics.
3. Les lieux et instances publiques doivent
pourvoir par bous les moyens A l'accessibilité sociale et
professionnelle pour Mules les personnes sourdes.
Article 11
las activItis culturelles, sportives et de
loisirs
1_ Tout(e) Sourd(e) a droit A l'accès aux
activités culturelles, sportives et de Iciâre.
2 Taule) Sohrd(ej doit pouvoir participer A part
entière et de pleii droit aux activité proposées par la
Société.
Article 75 l'interprétation
1_ Taule) Sourde) a droit au service gratuit
d'interpreiabicn en langue des signes / langue française.
2 Taule) Sourde) a droit de choisir
l'interprète qui lui convient.
& Nul ne peut etre oblige d'avoir recours A un
interprète. Taule) sourd(e) a droit de choisir son mode de communication
dans boule situation le concernant.
Article 11 le respect des droits
Toul(e) Sourd{ej a droit au respect de ses Drais de
Sourd quel que soit son mode d'expression.
Article 17
les Sounds atteints physiquement m.
mentalement
Toul(e) Sourde}, marne porleur(se) d'attentes
physiques et mentales associecE, doll voir respecter bous ses Droite de Sourds
tels que définis dans la présente Charte.
40
6.3. Annexe III : L'alphabet en lange des signes,
Différence entre la dactylographie et le LPC (Langage
Parlé Complété).
https://www.google.com/url?sa=i&url=https%3A%2F%2Fwww.pinterest.fr%2Fpin%2F481251
910174667027%2F&psig= 0CAsQjRxqFwoTCJjXkOSAy YCFQAAAAAdAAAAABAD
https://alpc.asso.fr/les-cles-du-code-lpc/
41
6.4. Annexe IV : Guide d'entretien vierge
8. Dans votre établissement, des résidents
sont-ils en situation d'isolement liée à une communication
déficiente ?
D Oui D Non
Si. oui comment cela se manifeste ?
9. Avez-vous déjà pris en charge des
personnes en déficience auditive clans votre établissement de
soin ?
D Oui = \lon
Si oui, avez-vous rencontré des
difficultés lors des prises en soins ? Lesquelles ?
10. Durant votre formation initiale, avez-vous
été sensibilisé sur les déficiences auditives ?
D Oui D Non
Si oui. comment ? (Formations, cours, ,..)
11. Depuis votre arrivée dans votre
établissement de soin, avez-vous été sensibilise sur les
déficiences auditives ?
Oui D Non
Si oui, comment ? (Formations)
42
43
44
6.5. Annexe V : Tableau de la grille d'analyse
Question N°2
|
Qu'est-ce que la communication ?
|
Concepts et
notions
présents dans
la revue de littérature
|
La communication est basée sur le décodage de
messages émis par le transmetteur et ceux reçus par le
récepteur. Il faut s'adapter et prendre en compte les différentes
pathologies. Les personnes âgées sont plus sujettes à des
difficultés de s'exprimer car elles présentent de nombreux
troubles liés au vieillissement. Il existe trois types de communication
: verbal, non-verbal et paraverbal.
|
Entretien N°1
|
Elle est la base de notre travail. Les soignants ne font pas
uniquement donner des médicaments et faire des pansements. La
communication est un soin verbal et elle permet au patient de se sentir
chez-lui. Les soignants disent aux résidents d'EHPAD qu'ils sont chez
eux, l'équipe doit faire en sorte qu'ils se sentent chez eux, mais les
résidents disent l'inverse, je ne suis pas chez moi, mais chez vous. On
doit mettre des actions pour qu'ils se sentent chez eux. Avant d'entrée
dans la chambre, on toque, et on attend leur permission. Une communication
adaptée permet à une personne se sente bien. Il faut une attitude
chaleureuse et ne pas uniquement faire notre soin, puis repartir. On doit
créer un cocon de confort, grâce à notre communication. Les
modes sont la communication : verbale, non verbale et paraverbale. Il faut
beaucoup de gestuelle avec les personnes qui n'entendent pas. Les personnes qui
sont dans un mutisme, on pourra uniquement discuter avec eux par
l'écrit. Les sourds par des gestes et l'écrit. Les mimiques font
faire passer un message et montrent une attitude chaleureuse et
non-monotone.
|
Entretien N°2
|
C'est une interaction avec une personne. Elle peut être
verbale ou non-verbale.
|
Entretien N°3
|
La communication est très importante, car sans elle, on
ne peut pas s'entendre. C'est la base de tout et elle est un point essentiel de
notre métier en tant que soignant. Nous travaillons en équipe
pluridisciplinaire et sans elle, on aurait des quiproquos et elle pourrait
créer des répercussions. Les modes sont : verbal et nonverbal.
|
Question N°3
|
Quelle est la différence entre une personne sourde et
malentendante ?
|
Concepts présents dans
la revue de littérature
|
La seule différence entre ces deux termes qualifie le
moment auquel la personne adulte ou l'enfant a perdu l'audition. Un sourd est
né avec le trouble auditif et est considéré jusqu'à
environ ces trois ans (acquisition de la parole). Un malentendant a perdu son
auditif après l'apprentissage de la parole.
|
Entretien N°1
|
Un malentendant a un peu d'audition, il peut être
appareillé ou non. Il faut mettre en place des stratégies :
parler fort, utiliser l'oreille qui entend encore. Un sourd, c'est quelqu'un
qui n'entend rien et aura une communication verbale nulle. Il faut
|
45
|
utiliser la stratégie de l'écriture et des
tablettes. Les professionnels ne mettront pas les mêmes stratégies
avec une personne malentendante et sourde.
|
Entretien N°2
|
Un malentendant, il va entendre des choses, ça va
être des sons, des voix et des mots... mais pas correctement. Il ne
comprendra pas ce que l'on va lui dire. Un sourd, il n'entendra rien. Il aura
que des bruits internes, j'imagine, propres à son corps.
|
Entretien N°3
|
La personne sourde vit dans un cocon, ambiance cotonneuse,
sans aucun bruit. La malentendante perçoit des bruits et des sons. Elle
a peut-être entendu avant et sa pathologie s'est aggravée et
qu'elle entend moins maintenant.
|
Question N°4
|
Qu'est-ce que la surdité et les différents types de
surdité ?
|
Concepts et
notions
présents dans
la revue de littérature
|
La surdité est un handicap sensoriel et le terme
déficience auditive permet
d'englober toutes les pathologies liées à une
perte d'audition. Il y a deux groupes : les malentendants et les sourds. Elle
correspond à une perte anormale d'audition. Les 4 types de
surdité : légère, moyenne, sévère ou
profonde/totale. Un sourd sera dans une surdité sévère ou
profonde et un malentendant sera avec une surdité légère,
modérée ou sévère. Pour la surdité
sévère, l'unique différence pour être
considéré sourd ou malentendant est l'âge de l'atrophie
auditive, car on gagne en capacité cérébrale avec
l'âge.
|
Entretien N°1
|
Il y a la surdité innée, celle que tu as depuis
la naissance qui est une maladie que tu as depuis tes tous premiers moments de
vie. La surdité qui va être acquise. Les causes sont : un travail
extrêmement bruyant toute la vie, une pathologie qui entraînait une
surdité ou encore liée l'âge. Ça va être des
modes de vie qui vont créer une malentendance qui peut s'aggraver sur
une surdité totale, exemple la musique trop forte.
|
Entretien N°2
|
C'est à partir du moment où l'on entend moins
bien. C'est une première surdité qui est la plus grave, et donc
moins on n'entendra bien.
|
Entretien N°3
|
Elle peut être de naissance, acquise ou
génétique. La surdité peut survenir au cours d'une
pathologie de la vie. Les personnes ont pu apprendre le langage normal et dans
l'enfance ou après elles ont pu devenir sourd.
|
Question N°5
|
Pour une personne sourde ou malentendantes, quelles sont les
conséquences et les risques sur sa vie quotidienne ?
|
Concepts et
notions
présents dans
la revue de littérature
|
Les répercutions sont à toutes âges sur sa
vie personnelle, professionnelle/ scolaire, sociale et psychique. La personne
risque de s'isoler et ne participera plus aux discussions qui deviendront
incompréhensibles. La personne peut avoir des acouphènes, de
l'asthénie et de l'énervement. Elle peut se sentir à
l'écart et penser que l'on parle à son égard. Leurs
comportements et humeurs vont changer. On
|
46
|
|
peut constater une dépression, une
anxiété et un sentiment de persécutions. La perte
d'audition non traitée peut conduire à une perte
d'équilibre. Les troubles auditifs s'accompagnent souvent
d'acouphènes avec des bourdonnements, des sifflements et des sons
parasites, qui sont extrêmement désagréable, pouvant causer
des céphalées et migraines importantes.
|
Entretien N°1
|
|
Ne plus pouvoir communiquer avec les autres et de l'isolement.
Se sentir différent des autres et le regard d'autrui va être
extrêmement pesant. Elle aura une perte totale de lien. Elle peut
développer un syndrome dépressif, devoir parler aux autres peu la
rendre malaise. Elle ne fera plus d'activité et elle restera dans son
coin. C'est pour ça, en tant que soignant, que l'on se doit de veiller
qu'elle ne s'isole pas et qu'elle continue de parler avec nous et les autres
résidents. Les gestes et les attitudes envers la personne vont
être importants, car ils permettront que la personne se sente
acceptée.
|
Entretien N°2
|
|
Entendre ça fait tout pour une personne. Si elle
n'entend plus, elle se sentira perdue, voire même seule. Elle ne
discutera plus avec les autres et elle va s'isoler ... Elle se montrera triste.
Elle risque de ne plus pouvoir communiquer avec nous et les autres
résidents. Il y a aussi le refus de soin. Je parle beaucoup, même
pour expliquer. Ça serait difficile pour moi que la personne ne
comprenne pas ce que je vais faire. Pour moi, c'est 50% du soin, que la
personne comprenne les choses. Elle risque d'être surprise, c'est
ça qui me dérangerait le plus. Juste faire une piqûre et ne
pas dire `'je vais piquer ou je pique», elle va faire un sursaut.
Ça peut entraver le bon déroulement du soin et entraîner
une agressivité, car les gens vont avoir peur. On peut aller au refus de
soin s'ils ne nous entendent pas et qu'ils se débattront.
|
Entretien N°3
|
|
La personne sourde ne peut plus entendre donc la communication
est compliquée ou même le parler. Chaque geste de la vie
quotidienne va devenir compliqué. Elle va vivre dans son monde comme
dans une bulle de solitude. La personne ne pourra plus rien demander, elle ne
sera jamais comprise par les autres, donc elle ne rentra plus en communication.
Demander quelque chose uniquement par la langue des signes, c'est difficile,
car peu la comprennent. Même si la personne utilise la lecture sur les
lèvres et comprend ce que l'on dit, pour s'exprimer, ça va
être difficile. Elle ne parlera pas avec les autres résidents, et
même si on va la voir, elle refusera de répondre, car elle sait
qu'on ne va pas la comprendre.
|
Question N°6
|
|
Quelle est l'importance de la communication dans la prise en soin
d'un résident ?
|
Concepts notions
|
et
|
La communication est vectrice de la relation
soignant-soigné. En tant que soignant, on se doit de garder le lien
surtout avec ceux qui ont perdu de l'audition. Les
|
47
présents dans
la revue de littérature
|
explications des soins prodigués permettront la
préservation de la relation, le lien de confiance et les soins se
déroulent convenablement. Le positionnement dans la communication est
très important et doit être adapté à la pathologie
de la personne. Ex : l'utilisation d'un ton et d'une voix appropriés, se
placer dans le champ visuel de la personne et une bonne articulation. Sans, le
résident se sentira rejeté et risque de s'isoler.
|
Entretien N°1
|
Elle est primordiale. Je ne me vois pas arriver dans la
chambre d'un résident le matin et sans être uniquement en
communication verbale, mais aussi en non-verbale et avec une posture
adéquate. Il y a des jours ON et des jours OFF, pour tout le monde. Mais
arriver dans la chambre d'un résident et ne pas avoir le sourire du
matin et le petit bonjour enjoué, c'est inconcevable. C'est très
important pour nous, pour ce que l'on veut transmettre et ce que la personne va
recevoir de nous. C'est bien plus important d'avoir une personne chaleureuse en
face qui est avenante et qui met en place des stratégies de
communication adaptées aux pathologies rencontrées. En EHPAD au
début, c'est un peu compliqué, avec tous les résidents que
l'on a et chacun a son caractère. Il y a des gens qui sont très
chaleureux, qui sont comme dans une famille, avec laquelle on adapte le langage
et sa façon de parler. À l'IFSI, on nous dit ne pas appeler par
le prénom les résidents en EHPAD ou en service. Mais dans la
vraie vie, Mme X qui est gentille comme tout, qui t'appelle mon petit sucre
d'orge et te fait des câlins tous les matins. Tu n'as pas envie de
l'appeler Mme X, tu as envie de l'appeler par son prénom, donc tu
demandes son accord. La communication, c'est arriver à instaurer une
relation avec des patients. Elle est primordiale.
|
Entretien N°2
|
C'est tout ! Ça va permettre d'instaurer une relation
de confiance avec le patient. Elle va nous permettre de prendre en soin de la
meilleure des manières afin que la personne comprenne ce que l'on va
faire. Pour moi, la communication est primordiale pour mes actes afin que la
personne comprenne et adhère, ou pas, aux soins.
|
Entretien N°3
|
C'est très important. Se présenter pour aborder
un soin, pour communiquer avec un résident ainsi que son ressenti.
Ça dépend de sa pathologie, avec certaines, on ne peut pas
communiquer. Alors, on essaie de communiquer différemment, par des
gestes des postures non-verbale, des sourires... Mais avec les masques, c'est
complexe. Mais il y a d'autres façons de ne communiquer que par la
parole.
|
Question N°7
|
Quels seraient les risques et/ou les conséquences
liées à une non communication avec un résident ?
|
48
Concepts présents dans
la revue de littérature
|
Le patient peut être surpris et être dans
l'incompréhension du soin. Il risquera de bouger et de faire
échouer le soin, voire lui faire mal. L'adhésion aux soins est
très importante, car elle peut causer du stress et de la douleur lors du
soin. Une perte plus ou moins durable de la confiance du patient envers
l'équipe soignante. Le soigné ne rentera plus en relation avec le
soignant et engendra de l'anxiété. Il risque de devenir
rébarbatif et conduira aux refus de soins successifs.
|
Entretien N°1
|
Une perte totale de lien. Des résidents avec lesquels,
tu as eu du mal dès le départ à amorcer une communication,
qu'elle soit verbale ou non verbale, sur des gens malentendants ou
complètement sourds. Une fois que tu n'as pas la communication qui a
été amenée dès le début, et qu'il n'a pas eu
de lien créé via le biais de cette communication, le rattraper
après c'est compliqué. Un des risques est d'avoir une relation ou
interaction moins qualitative avec le résident. On peut avoir le risque
du soin, la personne sera moins encline à participer aux soins. Un
soignant qui sera un peu brut de décoffrage, qui arrive et dit à
peine bonjour quand il rentre dans la chambre. Tu n'as pas enfin le laisser te
mettre un collyre dans les yeux. Alors que quelqu'un avec une stratégie
de communication plus enjoué, plus familiale et cocooning, tu auras tout
de suite envie d'accepter les soins. La relation ne sera pas du tout la
même suivant la forme que tu mets aux soins.
|
Entretien N°2
|
La non-adhérence aux soins et l'incompréhension
du soin ou de l'action que je voulais faire. Pas la suite, le refus de soin ou
l'agressivité, ainsi que la perte de confiance. Ensuite, il n'aura plus
aucune interaction.
|
Entretien N°3
|
Le résident sera réfractaire aux soins, il ne
fera pas confiance. Il aura peur de nous, il se renfermera et on ne pourra plus
l'atteindre. Des personnes qui possèdent des appareils auditifs mal
réglés, qui n'entendent rien, c'est dur. C'est compliqué
même si on essaie d'articuler en baissant le masque pour qu'elles
essaient de lire sur les lèvres, c'est vraiment dur. Ça engendre
de la frustration chez-nous, chez-eux. En tant que soignant des fois, ça
énerve, car on ne sait pas comment faire. Je prends un papier et
j'écris en gros pour qu'il puisse lire. Ça peut marcher. Je
nettoie les appareils, je débouche les oreilles et je vois avec la
famille pour un nouvel appareil.
|
Question N°8
|
Dans votre établissement, des résidents sont-ils
en situation d'isolement lié à une communication
déficiente ?
|
Concepts présents
|
Réponse propre à la personne et
l'établissement
|
Entretien N°1
|
Non, car on met en place des stratégies pour
éviter que ça n'arrive. On essaie que tous les résidents
se sentent bien et à l'écoute. Même s'ils ont des troubles
de la parole ou de l'aphasie, on mettra des stratégies, avec des
animations, on les
|
49
|
promènera. Le but, c'est qu'aucuns résidents ne
soient seul dans son coin, c'est notre rôle.
|
Entretien N°2
|
On en a quelques-uns, soit parce qu'ils ne supportent pas les
appareils, car ça leur fait mal, soit parce qu'ils se sont
habitués au fait de ne pas entendre. On a une personne qui a une
surdité assez forte, avec une démence. Mais la communication est
difficile, donc elle se sent très seule. C'est une dame qui signe et
nous, on ne sait pas signer. Donc, c'est très compliqué. Elle lit
sur les lèvres donc maintenant, c'est difficile (en montrant son
masque). Du coup, elle est assez dans son coin. Après, je ne peux pas
dire qu'ils soient dans leur coin, car on va plus les chercher même s'ils
n'ont pas envie. Donc, effectivement, ils peuvent à table, ne pas
discuter avec les gens. Ça pour moi, c'est être dans son coin, du
fait qu'ils n'entendent pas. On en a quelques-uns, mais ce n'est pas une
majorité.
|
Entretien N°3
|
Oui, un qui est aphasique, on ne peut pas communiquer avec
lui. C'est suite à un AVC qu'il a développé une aphasie de
Wernicke. Il ne peut plus parler, alors qu'il
|
était bavard et maintenant, ça le frustre. Il a
des gestes de colères de sa part. Quand on lui parle, on ne sait pas
s'il nous comprend réellement bien et si les mots l'atteignent.
Après, on a ceux qui ne sont pas sourds, qui entendent, mais qu'ils ne
comprennent plus. On aura beau parler, ça ne fait pas l'effet
escompté chez eux dut à des troubles cognitifs. Les
résidents ne se rendent pas compte, car ça leurs passent
au-dessus, ils sont dans leur monde et ils ne voient plus que c'est
gênant. J'ai eu un résident qui avait des appareils auditifs qui
ne fonctionnaient pas et il était frustré avec des moments
d'agressivité. En tant que soignant, on se dit que l'on passe à
côté de quelque chose, mais on ne peut pas passer une heure
à essayer de faire dire des choses. Alors on essaie de trouver les
causes ex: oreilles bouchées par des bouchons de cérumen. En tant
que soignant, c'est frustrant et compliqué. On utilise des autres
approches. Quand on a un nouveau soin, on fait des gestes visuels. Pour
réveiller le matin, on donne un coup dans le lit pour qu'ils comprennent
par la fibration.
|
Question N°9
|
Avez-vous déjà pris en charge des personnes en
déficience auditive dans votre établissement de soin ?
|
Concepts présents
|
Réponse propre à la personne et
l'établissement, mais l'isolement des personnes en trouble auditif est
malheureusement très fréquent. Beaucoup de ces personnes sont
rejetées de la société moderne et n'ont pas accès
à certains lieux qui sont non adaptés.
|
Entretien N°1
|
Oui, on en a. Je n'ai pas des personnes complètement
sourdes. Mais avec l'âge la capacité d'audition de la personne se
détériore et c'est normal. J'ai certains
|
50
|
résidents qui ont des appareils. J'ai une dame qui ne
supporte pas ces appareils auditifs et les retire toute seule. On lui a
proposé de les changer, mais elle n'a pas voulu. Mais cette dame ne
reste pas enfermée dans sa chambre, elle sort. Pour communiquer, on
utilise la gestuelle, on parle très fort ou l'écrit. Pour le
moment, on n'a pas eu besoin de mettre en place d'autres stratégies.
|
Entretien N°2
|
J'en ai déjà pris en charge, par exemple la
personne qui signe. Des sourds, je n'ai pas trop rencontré beaucoup.
C'est une ou deux personnes, mais qui étaient avec des gens qui signent
ou des pictogrammes étaient apportés par les patients. Donc
j'essayais de toujours d'avoir quelqu'un qui signe ou à rigueur lire sur
les lèvres. On s'adapte un petit peu, avec des pictogrammes ou des
choses comme ça. Mais pas tous les résidents sont
appareillés. On développe le parler fort dans l'oreille,
ça, on
le maîtrise bien. Le plus c'est ici, où j'ai
rencontré le plus de personnes malentendantes. J'ai aussi une
collègue qui est malentendante et qui a des appareils et quand elle en a
marre, elle les coupe comme ça, elle n'entend plus personne.
|
Entretien N°3
|
Des malentendants oui, mais pas des sourds qui me viennent. Si
le cas se présente, malheureusement, je ne sais pas parler la LSF. Ceux
qui sont sourds profonds, ils ont l'expérience de déchiffrer sur
les lèvres, mais avec les masques, c'est compliqué. On peut
mettre un masque transparent, parler plus lentement pour la lecture sur les
lèvres.
|
Question N°10
|
Durant votre formation initiale, avez-vous été
sensibilisé sur les déficiences auditives ?
|
Concepts présents
|
Pas d'obligations. Pas d'informations précise sur le
sujet.
|
Entretien N°1
|
Non, je ne crois pas.
|
Entretien N°2
|
Je ne crois pas, ça ne me dit rien, ça ne me parle
pas du tout.
|
Entretien N°3
|
Je ne sais plus.
|
Question N°11
|
Depuis votre arrivée dans votre établissement de
soin, avez-vous été sensibilisé sur les déficiences
auditives ?
|
Concepts présents
|
Réponse propre à la personne et
l'établissement
|
Entretien N°1
|
J'ai eu une formation, il y a deux ans, sur la communication
en général et le bon positionnement. Avec ma fille, j'aimerais
apprendre la LSF du nouveau-né.
|
|
Entretien N°2
|
Non, on n'a pas eu de formation, mais par contre, je crois que
je lui ai demandé l'apprentissage de la base des signes. J'aurais bien
aimé l'apprendre. Après, on a été
sensibilisé avec tous les pictogrammes, car justement, à
l'arrivée de cette
|
51
|
|
dame, on a mis en place des choses au départ et ce sont
des choses que je connais par la neurologique, qui n'est pas utilisée
pour la même chose, mais qui peut être utilisée de cette
façon-là.
|
Entretien N°3
|
Non, je ne crois pas. J'aimerais apprendre des signes
importants. Mais il faut que les personnes comprennent, les personnes ont des
surdités liées à l'âge, elles ne vont pas
forcément comprendre les signes. Sauf si on a une personne sourde qui
c'est signer depuis tout le temps, là ça serait
intéressant pour communiquer
|
Question N°12
|
Connaissez-vous des moyens ou des aides que vous pouvez
employer afin de communiquer avec des personnes en déficience auditive
dans votre établissement ?
|
Concepts et
notions
présents dans
la revue de littérature
|
La formation du personnel sur le fonctionnement sur les
appareils auditifs, les troubles et l'apprentissage de la langue des signes,
sont importants. Dès l'entrée dans l'EHPAD, créer un lien
avec le résident en communiquant est primordial. Il faut faire des
animations inter-résidents, inciter à la visite familiale ou
amicale. En dispositif médical, les appareils sont les
audioprothèses et le contrôle est tous les ans. On a aussi les
implants auditifs et les amplificateurs d'écoute casque ou boucle
magnétique. Pour les aides, il y a les associations régionales :
sourdine la vie, ADA,
association des sourds d'Annecy et tous les hôpitaux ont
des numéros
d'interprètes. Les orthophonistes aident les personnes
pour la lecture labiale/articulation/écriture pour la communication,
les pictogrammes sont utiles
pour des informations simples (ex : émotions, douleur)
et les tablettes pour la visio. Les masques transparents peuvent être
mis en place.
|
Entretien N°1
|
Dans l'établissement, on n'a pas de personnes qui
savent signer. Donc, on utilise beaucoup la gestuelle et une bonne
articulation, mais avec les masques, c'est impossible, alors on le baisse et on
se recule. Il existe des casques pour augmenter le son de la
télé. On peut utiliser des pictogrammes, on a un classeur avec
des images si besoin. On monte le son des appareils
télévisés. Rien avoir avec la surdité, mais par ex
: la maladie de Charcot, avec les yeux, on peut écrire sur une
|
tablette. Je ne connais pas les noms des associations d'aide de
la région ou
|
d'interprète. Des prothésistes et orthophonistes
travaillaient avec nous.
|
Entretien N°2
|
On a un cahier de pictogrammes, des petits, des gros, couleurs
ou sans, sur plusieurs choses différentes. On a une élève
qui nous a fait un gros panneau sur ma journée, il y avait la date,
l'heure et le temps qui fait et de quelle humeur je suis. On n'a pas plus
développé d'outils dans l'établissement, car on n'a pas
besoin. Le jour, où l'on a quelqu'un qui est complètement sourd,
on utilisera des autres techniques, mais on n'a pas actuellement. Il y a un
masque un peu spécial
|
52
|
justement. Au départ, on avait mis des masques avec une
vitre, pour les gens qui lisent sur les lèvres, mais ne furent pas
concluant et faisaient de la buée. Même si on lui parle fort, des
résidents ne comprennent pas. Si on lui fait lire sur les lèvres,
on est obligé de baisser le masque et de se reculer. Ce fut entendu avec
la famille. Elle comprend ce que l'on lui dit, on lui dit les mots simples et
ça suffit avec le langage de lire sur les lèvres. Sa fille signe,
elle a un masque spécial pour qu'elle
puisse lire sur les lèvres et elle signe en même
temps pour qu'elle la comprenne. Mais nous notre moyen, c'est la lecture
labiale et ça suffit pour le moment. Je ne connais pas les noms des
associations.
|
Entretien N°3
|
On peut utiliser l'écrire. Il y a les images de
représentation par des logos. Des associations, je n'en connais pas,
j'imagine qu'il y a un interprète. Autres que les prothèses
auditives, il y a les implantations dans le crâne la différence
est au niveau de la zone de réception dans le cerveau. Je suis plus
spécialisé dans les appareils dans les nettoyages, les bouchons
de cérumen, je suis attentive à ça. Le masque transparent
faisait de la buée donc il a été arrêté. On
essaie d'attirer l'attention de la personne avant de lui parler (ex : coup sur
le meuble pour faire de la vibration).
|
Question N°13
|
De quoi avez-vous besoin pour répondre aux
difficultés de communication avec les personnes malentendantes ?
|
Concepts présents
|
Réponse propre à la personne et
l'établissement.
|
Entretien N°1
|
Des formations sur les appareils auditifs et apprendre des
signes, car si un jour, on a une personne qui signe, on n'a personne qui pourra
communiquer avec elle. Ainsi que d'autres casques pour augmenter le son de la
télé. Des professionnels formés. Des prothésistes
et des orthophonistes supplémentaires.
|
Entretien N°2
|
Pour l'instant, je ne dirai rien car on y arrive. Après
ça serait pas mal de sensibiliser les gens. Je pense par respect pour
elle, j'aimerais bien savoir dire : « Bonjour, comment ça va, au
revoir, merci ». Juste du fait de savoir ça avec les signes, pour
qu'elle voit. Mais elle n'a pas la capacité de comprendre que l'on fait
ça pour elle. Mais une personne qui vient de l'extérieur du
même cas, j'aimerais bien savoir dire ces mots. Juste avoir des petites
formations sur ces types de personnes. Enfin, je pense que ça devrait
être fait partout. Je pense que le jour où l'on est face de ces
personnes, on est bloqué autant eux que nous. Car on communique, et eux
différemment. Donc qui communique normalement. Il me manquerait
ça pour moi. Après, on adapte, mais ça ne suffit pas.
|
Entretien N°3
|
D'une formation ou des astuces que l'on ne connaît pas
et des choses qui existent. Peut-être d'autres moyens de communiquer.
|
53
Question N°14
|
Trouvez-vous que les conditions actuelles du Covid-19
induisent une part supplémentaire d'isolement des résidents avec
un handicap auditif ?
|
Concepts et
notions,
présent dans la
revue de littérature
|
C'est un nouveau virus qui se propage par gouttelettes et
contact. Des
confinements, des gestes barrières et des restrictions
sanitaires ont été mis en place pour limiter l'expansion. Ces
mesures ont posé des grandes difficultés d'ordre éthique,
il est paradoxal de demander à des soignants de limiter la
liberté d'aller et de venir des résidents, alors que l'EHPAD est
leur lieu de vie. Le masque soulève un grand nombre de questionnement,
il s'agit de moyen de protection, mais il cache une grande partie du visage.
Pour certains malentendants qui ne peuvent ni entendre une voix, ni utiliser la
lecture labiale et ni voir l'expression faciale, ça engendre un
réel frein à la communication. C'est un facteur
supplémentaire de l'isolement pour toute personne présentant une
déficience auditive. Cet isolement peut entraîner une diminution
ou une aggravation de l'état de santé général des
résidents, qui sont considérées comme sujettes à
risque. Le thème médical syndrome de glissement fut de nombreuses
fois rapportées.
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Entretien N°1
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Oh que oui, ça a surtout apporté du stress et de
l'anxiété. Au début, les résidents avaient peur et
on a été surtout touché lors de la première vague.
On a facilement réussi à leur fait comprendre ce qui se passait.
On a pu mettre en place des choses comme des visio pour les résidents et
leurs familles, l'établissement a acheté des tablettes. C'est
bien pour les gens qui entendent qui sont capables, mais pour les
malentendants, ça ne va pas. Quand les visites ont été
autorisées, on a réaménagé les salons avec des
vitres. Le masque a été compliqué au début, les
résidents nous le baissait, car ils ne voyaient plus notre visage, ils
nous reconnaissaient plus et ils ne pouvaient plus lire sur nos lèvres.
Mais aujourd'hui ça va mieux, les résidents se sont
habitués aux masques et les visites ont repris. On n'a pas eu beaucoup
de syndromes de glissement, car on a fait attention à ne pas laisser les
patients isolés.
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Entretien N°2
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On a eu du mal avec les masques au début, car on a des
gens malentendants légers et appareillés, qui comprennent bien si
on parle fort, mais ils lisent sur les lèvres pour les aider à la
compréhension. Ma collègue s'est complètement
isolée et les résidents pareils, ils ont coupé la
communication. Par exemple pour ma collègue, elle verbalisait bien les
choses avant et elle connaît les voix de tout le moment, mais maintenant
elle ne sait plus qui parlait et elle a l'impression que l'on se fichait
d'elle. C'est très angoissant pour elle et elle s'est isolée
plusieurs fois. On la voyait s'isoler dans sa bulle et pour les
résidents, il y a eu une barrière. Le masque a été
une barrière à la communication. Maintenant, ça va un peu
mieux on s'est habitué et nous aussi on s'adapte. Mais au départ,
la première année, j'ai
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54
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trouvé que c'était très difficile pour
tout le monde. Ils ne supportent pas de voir les masques, ils nous les
baissent. Après nous, on a toujours fait pour protéger les gens
donc on a mis les masques dès le début, on a isolé des
familles dès qu'il y avait des cas de covid. On fait attention au
contact humain reste, mais avec le masque, ça a un peu isolé les
gens au confinement. Mais c'est de nouveau ouvert, ça va bien. On n'a
pas eu beaucoup de syndrome de glissement, car on est très vigilant. On
a une équipe d'aide-soignante qui est très vigilante
là-dessus et dès que l'on a des gens isolés, elle passe
les voir régulièrement. On fait très attention à
ça. Bon, après, s'ils veulent rester dans leur chambre, on les
laisse bien sûr. Mais on n'a pas eu beaucoup de syndrome de glissement en
deux ans. On a juste séparé
les secteurs et les étages par activité, mais
ça été l'horreur. Déjà pour nous,
logistiquement parlant, c'était très difficile. Certains ont un
peu de démence de sénilité, comprendre le pourquoi du
comment, c'était très difficile. Donc ça n'a pas
duré très longtemps. Puis, on a préféré
isoler par service, en sachant qu'ils sont vaccinés depuis le
début, comme les agents. Le risque n'est pas très
élevé et on a une bonne étoile au-dessus de la tête
ou un travail bien fait. Hormis ceux qui sont positifs, c'était
isolé bien sûr. Pour communiquer, on se reculait et on baissait le
masque, on disait la phrase, on remettait le masque.
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Entretien N°3
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Un peu, mais ici on a tout fait pour ne pas qu'il soit
isolé. On allait vers eux et on ne les laisse pas de côté.
Pour parler, on s'éloigne et on baisse le masque. Le covid n'a pas
laissé isoler les résidents. Les visites ont été
restreintes interdite pendant plusieurs semaines, mais elles ont repris. Les
résidents mangeaient ensemble, sauf une courte période lors de la
première vague où ils étaient confinés en chambre,
mais on a vite changé la procédure. Ils n'ont pas compris ce
qu'il se
passait, mais ils ont gardé un lien de famille avec les
tablettes, visio ou téléphone. Mais pour les personnes
malentendantes, ce n'est pas évident, on a essayé de garder le
contact famille. On n'a pas eu beaucoup de syndrome de glissement lié
à l'isolement. On a eu une dame qui n'allait pas, on a fait des
exceptions et faire rentrer la famille, elle a remonté la pente. On
était attentif au besoin et on faisait venir la famille pour qu'ils
reprennent un peu de force.
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55
6.6. Annexe VI : Recension brut d'un des entretiens
ESI : Je suis étudiante en
3ème année, il s'agit d'un entretien de
mémoire, je vais vous poser des questions et à la fin de
l'enregistrement, si vous voulez on pourra reprendre un peu les questions pour
vous donner des informations complémentaires.
Depuis combien d'années avez-vous eu votre diplôme
d'état ?
IDE : Depuis 2013, ça nous fait 9 ans cet
été.
ESI : Et depuis combien d'années travaillez-vous
dans votre établissement ?
IDE : Ça fait 3 ans 1/2 et 4 ans cet
été, en fait.
ESI : Avant, vous avez fait quel service ?
IDE : J'étais sur le POOL médecine
à l'hôpital de Thonon et ensuite j'ai fait le service neuro qui
s'est transformé en médecine générale des
néphro.
ESI : Pour vous, qu'est-ce que la communication ?
IDE : En générale ? ESI : Oui, en
générale
IDE : C'est le fait d'interagir avec quelqu'un
oralement ou ... non pas forcément oralement. C'est le fait d'interagir
avec quelqu'un.
ESI : Il y a combien de type de communication ?
IDE : Je dirais deux. Verbale et non verbale
ESI : Selon vous, quelles sont les différences
entre une personne malentendante et sourde ?
IDE : Malentendante, c'est qu'elle va entendre quand
même des choses. Sourde, elle n'entendra rien. Il y aura que des bruits
internes j'imagine, propre à son corps. Malentendante, elle va entendre
des sons et des voix, des mots, mais pas correctement et elle ne comprendra pas
ce que l'on va lui dire.
ESI : Pour vous, qu'est-ce que la surdité ?
IDE : Heu ... c'est des colles en fait ! Ahaha
ESI : Ahaha, exactement. C'est pour ça que je vous
expliquerai tout à la fin ahah.
IDE : Alors la surdité, je dirais que c'est
à partir du moment où l'on entend moins bien. Si c'est une
première surdité et plus c'est grave, plus on va vers une
surdité grave et on n'entend plus rien. En gros mais je n'ai pas les
termes. Ahah
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ESI : Ahah ce n'est pas grave. Selon vous, pour une
personne sourde ou malentendantes, quelles sont les conséquences et les
risques sur sa vie quotidienne ?
IDE : Entendre ça fait tout pour une personne.
Si elle n'entend plus, elle se sentira perdue, voir même seule. Elle ne
discutera plus avec les autres, elle va s'isoler, ... elle se montrera triste.
Elle risque de ne plus pouvoir communiquer avec nous et les autres
résidents.
ESI : Quelle importance à la communication dans la
prise en soin d'un résident ?
IDE : Houlala bah tout ! Ça va permettre
déjà d'instaurer une relation de confiance, une relation tout
court, avec le patient. Du coup, ça va nous permettre de prendre en
soin, de manière à ce que la personne comprenne ce que l'on va
faire. Pour moi, la communication est primordiale pour ce que je vais faire et
que la personne comprenne et adhère ou pas, à ce que je vais
faire.
ESI : Quels seraient les risques et/ou les
conséquences liés à une non communication avec un
résident ?
IDE : Ah bah la non adhérence aux soins. Ou la
non compréhension du soin ou de l'action que je voulais faire. Je ne
sais pas si c'est clair.
ESI : Si ça l'est. Mais la conséquence pour
le résident ...
IDE : Ah bah le refus de soin. Euh ... pour moi,
ça peut être le refus de soins ou l'agressivité ou qu'il
n'y est pas de confiance. Vraiment que rien ne se passe.
ESI : Dans votre établissement, des
résidents sont-ils en situation d'isolement liée à une
communication déficiente ?
IDE : Alors, heu... on a une personne qui a une
surdité assez forte, quand même. Bon, elle a une démence
aussi... mais la communication est difficile, donc elle est très seule.
Et c'est une dame qui signe et nous on ne sait pas signer. Donc, c'est
très compliqué. Elle lit sur les lèvres donc
déjà maintenant c'est difficile (en montrant son masque), donc
elle est assez dans son coin. Après, je ne peux pas dire qu'ils soient
dans leur coin, car on va plus les chercher même s'ils n'ont pas envie.
Donc, effectivement ils peuvent à table, ne pas discuter avec les gens.
Ça pour moi c'est être dans son coin, du fait qu'ils n'entendent
pas. On en a quelques-uns. Soit parce qu'ils ne supportent pas les appareils,
car ça leur fait mal, soit parce qu'ils se sont habitués au fait
de ne pas entendre. On en a quelques-uns, mais ce n'est pas une
majorité.
ESI : Heureusement.
IDE : Oh oui
ESI : Avez-vous déjà pris en charge des
personnes en déficience auditive ... ? IDE : Dans ma
carrière ou ici ?
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ESI : Les deux
IDE : Oui, j'en ai déjà pris en charge,
par exemple la personne. Mais j'ai déjà eu des gens
complètement sourds, après on essaye toujours d'avoir quelqu'un
qui signe ou à rigueur lire sur les lèvres. On s'adapte un petit
peu. Des pictogrammes ou des choses comme ça. Euh ... autre que
ça ... après non ils sont tous appareillés. Je n'ai pas
trop rencontré ce type de population. Il en a mais je n'ai pas
beaucoup... ou sinon on développe le parler fort, ça on le
maitrise bien. Ahah. Fort et dans l'oreille. Mais sinon non, je n'ai pas eu.
ESI : Du coup, quelle serait la difficulté de cette
prise en charge ?
IDE : Le refus de soin et moi j'ai besoin de parler. Je
parle beaucoup et même pour expliquer. Ça serait difficile pour
moi que la personne ne comprenne pas ce que je vais faire. Car pour moi, c'est
50% du soin, que la personne comprenne les choses. Donc, faire les choses par
surprise ou quoi, ... c'est ça qui me dérangerait le plus en
fait. Juste faire une piqûre et ne pas dire je vais piquer ou je pique,
qu'il y est un sursaut. Ça peut entraver le bon déroulement du
soin. Ça peut entrainer une agressivité car les gens vont avoir
peur, on peut aller au refus de soin s'ils ne nous entendent pas et qu'ils se
débattent et que nous... oui ça serait ces grandes
choses-là.
ESI : Durant votre formation initiale, avez-vous
été sensibilisé sur les déficiences auditives ?
IDE : Mais c'est loin ça ! ahah. Je ne crois
pas, ça ne me dit rien, ça ne me parle pas du tout et non je ne
crois pas du tout.
ESI : Durant la carrière, avant ?
IDE : Non, même pas je ne crois pas. Les fois
où j'ai pu avoir, c'est une ou deux personnes avec des gens qui signent
ou des pictogrammes qui étaient apportés par les patients en
général avec eux, mais c'est tout. Je n'ai vraiment pas
rencontré beaucoup de ce type de personne là. Le plus c'est ici
à la MAPAD, où j'ai le plus de personnes malentendantes ou
j'adapte ma communication.
ESI : Depuis votre arrivée dans votre
établissement de soin, avez-vous eu des formations ?
IDE : Non, on n'a pas eu de formation, mais par contre
je crois que je l'ai demandé c'est pour apprendre la base des signes
pour signer. J'aurai bien aimé apprendre. Après, on a
été sensibilisé avec tous les pictogrammes, car justement
à l'arrivée de cette dame, on a mis en place des choses au
départ et c'est des choses que je connais par la neurologique, qui n'est
pas utilisée pour la même chose, mais qui peut être
utilisée de cette façon-là. Mais sinon, on n'a pas de
formation interne à ce niveau-là.
ESI : Est-ce que vous connaissez le nom des associations
du langage des signes ?
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IDE : Non pas du tout, je ne me suis pas du tout
penché sur la réponse, ça m'intéresse mais je ne me
suis pas penché dessus.
ESI : Eh bah je vous dirais tout après
l'enregistrement. IDE : Je veux bien
ESI : Connaissez-vous des moyens ou des aides que vous
pouvez employer afin de communiquer avec des personnes en déficience
auditive dans votre établissement ?
IDE : On a un énorme cahier de pleins de
pictogrammes. On a des petits, des gros, couleurs pas couleurs. Plusieurs
choses différentes. On a une élève qui nous a fait un gros
panneau sur ma journée. C'était pareil, pour une dame, avec une
la date, heure, le temps qui fait. Des choses comme ça pour comprendre.
De quelle humeur je suis. Des choses comme ça. Mais après, on n'a
pas plus d'outils que ça. Mais, on n'en utilise pas, donc on n'en a pas
développé plus que ça. Le jour où l'on a quelqu'un
qui est complètement sourd, on utilisera cette chose-là. Mais par
contre, on n'en a pas ... mais c'est moyen car on n'en a pas qui soit
déployé dans l'établissement à l'heure actuelle.
ESI : Pour la personne qui est malentendante, il y a
ses prothèses, mais qu'elle n'aime pas porter...
IDE : Je ne crois même pas, si elle a des
prothèses mais qui ne suffisent pas. Je crois qu'elle est comme
ça depuis qu'elle est petite. Dans une surdité qu'elle a depuis
toute petite, qui se majore avec le temps et elle a toujours signé et
quand sa fille quand elle vient, elle a un masque un peu spécial
justement. Au départ on avait trouvé et mis des masques avec une
vitre, pour justement les gens qui lisent sur les lèvres notamment cette
dame-là. Mais en fait ce n'est pas concluant car ça faisait de la
buée. Mais du coup pour cette dame, même si on lui parle fort elle
ne va pas comprendre, par contre si on lui fait lire sur les lèvres,
obligatoirement on est obligé de baisser le masque et de se reculer.
C'est quelque chose qui a été entendu avec la famille. Elle
comprend ce que l'on lui dit, on lui dit les mots et ça suffit avec le
langage de lire sur les lèvres. Sa fille signe, elle a son masque
exprès pour qu'elle puisse lire sur les lèvres et elle signe en
même temps pour qu'elle la comprenne. Mais nous notre moyen c'est la
lecture labiale et ça suffit pour le moment.
ESI : Avec les conditions actuelles du covid,
normalement c'est masque FFP2 pour les visites et employés, comment
ça se passe ?
IDE : La plupart des employés et cette dame a eu
le covid, donc pour l'instant c'est bon. Et en fait, on se reculait d'un
mètre et on baissait le masque, on disait la phrase, on remettait le
masque. Donc il n'a pas plus d'exposition que ça. Bon on ne fait pas non
plus une discussion avec cette dame, il y a une démence par-dessus donc
c'est juste : « comment allez-vous ? Je
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viens pour la toilette. Etc. » En temps de covid, on n'a
pas de personnes avec qui on est complètement bloqué
ESI : De quoi avez-vous besoin pour répondre aux
difficultés de communication avec les personnes malentendantes ?
IDE : Pour l'instant, je ne dirai rien car on y arrive
quelque part. Après ça serait pas mal de sensibiliser les gens
sur... je pense par respect pour elle, j'aimerai bien savoir dire : «
bonjour, comment ça va, au revoir, merci » Juste du fait de savoir
ça avec les signes, pour qu'elle voit, elle n'a pas la capacité
de comprendre que l'on fait ça pour elle. Mais une personne qui vient de
l'extérieur du même cas, j'aimerai bien savoir dire ces mots.
Juste avoir des petites formations sur ces types de personnes. Enfin je pense
que ça devrait être fait partout.
ESI : Oh oui
IDE : Car je pense que le jour où l'on est face
à des gens comme ça, on est bloqué autant eux que nous.
Car nous on communique, eux communiquent différemment. Donc qui
communique normalement. Il me manquerait ça pour moi. Après on
adapte. Mais ça ne suffit pas.
ESI : Trouvez-vous que les conditions actuelles du
covid-19 induisent une part supplémentaire d'isolement des
résidents avec un handicap auditif ?
IDE : Sur tous les points ? ESI : Oui
IDE : On a eu beaucoup de mal avec les masques au
début car on a des gens malentendants léger appareillés
qui comprennent bien si on parle fort mais qui lisent sur les lèvres car
ça les aide pour le confort. Mais si ! J'ai une collègue, comment
n'ai-je pas pensé à elle ! J'ai une collègue qui est
malentendante et qui a des appareils et quand elle en a marre, elle les coupe
comme ça elle n'entend plus personne. Elle, elle s'est
complètement isolée et les résidents pareils car ça
a coupé. Par exemple pour ma collègue, elle verbalisait bien les
choses et je pense la plupart des résidents n'osait pas nous le
verbaliser car par exemple quand on est dix on connait un peu les voix de tout
le moment mais elle ne savait pas qui parlait, et en fait elle avait toujours
l'impression que l'on se fichait d'elle. En plus, c'était très
angoissant pour elle, ce contexte de masque et plusieurs fois elle s'est
isolée. On la voyait s'isoler dans sa bulle et c'est vrai que les
résidents ne se sont pas sentis isolés à ce
niveau-là, car ça a mis une barrière à ce
niveau-là. Pour moi, ce masque est une barrière à la
communication et du coup il a empêché la bonne communication.
Maintenant, ça va un peu mieux, ils sont habitués nous aussi, on
parle un peu plus fort, ça va un peu mieux. Mais au départ, la
première année j'ai trouvé que c'était très
difficile pour tout le monde. Dans les cantous, ils ne supportent pas de voir
les masques, ils nous les baissent.
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C'est difficile, ce contexte. Après nous on a toujours
fait pour protéger les gens donc on a mis les masques dès le
début, on a isolé des familles dès qu'il y avait des cas
de covid ou des choses comme ça mais après on fait attention
à ce qu'il faut pour que le contact humain reste mais c'est ce fichu
masque qui fait que sinon au niveau covid, ça un peu isolé les
gens au premier confinement. Mais c'est de nouveau ouvert ça va bien.
ESI : Est-ce que vous avez beaucoup de syndrome de
glissement avec l'isolement des patients ?
IDE : Alors, pas tant. Pas tant car on est très
très vigilant là-dessus. On a une équipe d'aide-soignante
qui est très vigilante là-dessus et dès que l'on a des
gens isolés, elle passe les voir régulièrement, nous
aussi. On fait très très attention à ça. Bon
après s'ils veulent rester dans leur chambre, on les laisse bien
sûr. Mais on n'a pas eu beaucoup de syndrome de glissement en deux
ans.
ESI : Les résidents mangeaient tous ensemble ou en
chambre ?
IDE : C'est arrivé une fois, quelques jours je
crois. Au premier confinement ou deuxième confinement. Enfin la
première année. On a dû confiner en chambre, car on a deux
cantous de dix donc on a juste séparé les cantous par
activité. Avec chaque agent confiné dans leur service et nous
à l'étage, on a deux unités, une de 28 et une de 14 que
l'on a confiné en chambre au tout début. Mais ça
été l'horreur. Déjà pour nous, logistiquement
parlant c'était très difficile. Pour eux pour comprendre, car ils
ont un peu de démence de sénilité, comprendre le pourquoi
du comment, c'était très difficile. Donc ça n'a pas
duré très longtemps. Puis on a préféré
isoler par service, en sachant qu'ils sont vaccinés depuis le
début, les agents c'est pareil. Le risque n'est pas très
élevé et on a une bonne étoile au-dessus de la tête
ou un travail bien fait. Ça a été tous ensemble en salle
de vie, comme d'habitude. Hormis ceux qui sont positifs, c'était
isolé bien sûr.
ESI : Je n'ai plus de questions est-ce que vous voulez
revenir sur un point ?
IDE : Non, il y a juste ma collègue que je n'ai
pas pensé. Qui est la même chose que la dame. Mais sinon non.
Nom : BOUARD Alexia Name : BOUARD Alexia
« Les résidents dans le monde du
silence
et la communication de l'infirmier »
Dans un EHPAD, en quoi l'adaptation de la communication de
l'infirmier auprès des résidents en déficience auditive
peut permettre de réduire l'isolement social ?
Résumé : Ce mémoire
présente l'importance de la communication dans la prise en charge des
résidents en déficience auditive. Pour l'analyse, j'ai
interrogé trois infirmières d'EHPAD et j'ai confronté
leurs données et celles de mes recherches documentaires. La
communication reste indispensable dans notre métier, sans elle,
l'adhésion aux soins sera rompue et le résident ne nous fera plus
confiance. La différence entre une personne sourde et malentendante
ainsi que la définition d'une surdité sont peu connues. Les
troubles auditifs induisent de l'isolement et ils ont des répercussions
sur la vie personnelle, sociale et psychique. Des moyens sont mis en place pour
créer une relation soignant-soigné qui favorisent la
communication et évitent l'isolement. La covid-19 a apporté du
stress et de l'isolement supplémentaire pour tous les résidents
même sans surdité, mais grâce aux stratégies
infirmières, ils peuvent être réduits. Les résultats
démontrent que l'adaptation de la communication de l'infirmier est
indispensable dans la prise en charge des déficiences auditives et dans
la réduction de l'isolement des résidents. Cependant la
surdité est un domaine restant peu connu et peu abordé dans les
formations soignantes.
Mots clés : communication, isolement,
infirmier, déficience auditive, EHPAD
« Residents in the world of silence and nursing
communication »
In an EHPAD, how can the adaptation of the nurse's
communication with residents with hearing loss reduce social isolation
?
Abstract : This thesis discusses the importance of
communication in the care of residents with hearing loss. For the analysis, I
interviewed three nurses from the EHPAD, then I compared their research and my
documentary research. Communication is really essential in our profession,
because without it, adherence to care will be broken and the resident will no
longer trust us. Little is known about the difference between a deaf person and
a hard of hearing person and the definition of deafness. Hearing disorders lead
to isolation and have repercussions on personal, social and psychological life.
Means are put in place to create a relationship between caregivers and
patients, to promote communication and avoid isolation. Covid-19 has brought
additional stress and isolation for all residents even without deafness, but
thanks to the nurse's methods, these can be reduced. The results show that the
adaptation of the nurse's communication is essential in the management of
hearing impairments and in the reduction of the isolation of residents.
However, deafness is an area that remains little known and little addressed in
nursing training.
Key words : communication, isolation, nurse,
hearing impairment, EHPAD.
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