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Evaluation des pratiques agricoles comme moyen de mitigation des changements climatiques en zone forestière


par Adrien Ndonda
Université de Kisangani - Diplôme d'études approfondies en sciences agronomiques, eau et forêt 2014
  

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4.2. Résultats et discussion

 

4.2.1. Résultats


1) Évaluation des composantes du rendement

Les données sur le nombre des racines commercialisables et non commercialisables, le taux de reprise après bouturage, les dimensions des racines (longueur et diamètre) à la récolte étaient prises et sont présentées dans le tableau 15.

Tableau 10 : Données des composantes de rendement suivant le mode de préparation du terrain, la disposition des boutures et les variétés

De l'analyse de ce tableau, il ressort ce qui suit :

· Le nombre de racines commercialisables a varié suivant la position de la plantation des boutures. La moyenne est de 4 racines par pied pour les boutures plantées horizontalement et obliquement et ce nombre diminue lorsque les boutures sont plantées verticalement, soit 3 racines par pied. Le nombre de racines non commercialisables par contre était en moyenne à une racine par pied. On a observé quelques cas de 2 racines non commercialisables par pied chez la variété Mvuama.  

Une régression linéaire a permis de déceler que les nombres de racines commercialisables et non commercialisables sont en relation avec le rendement du manioc. Il s'observe que l'abondance des pieds avait un nombre de racines commercialisables qui variaient entre 3 à 5. Les prévisions de rendement avec cet intervalle du nombre de racines oscillent entre 30 et 35 t/ha. Cependant, les racines non commercialisables ont été moins nombreuses et leur nombre s'est concentré entre 1 à 2 racines par pied. On peut apercevoir sur la figure 34 la concentration du nuage de points sur la moyenne d'une racine par pied. Ce qui apparaît comme un bon facteur étant donné les inconvénients inhérents de la production d'un nombre important des racines non commercialisables.

Figure 28:Courbe de régression suivant le nombre de racines commercialisables sur le rendement du manioc

Figure 29:Courbe de régression suivant le nombre de racines non commercialisables sur le rendement du manioc

· Le taux de reprise après le bouturage du manioc. En moyenne, ce taux était de 77,26% pour l'ensemble des facteurs observés. Il se dégage des analyses statistiques effectuées que le comportement de variété était différent. On avait constaté que la variété Obama avait mieux repris après le bouturage avec un taux de reprise de 82,19 % en comparaison à la variété Mvuama qui avait un taux de reprise de 72,32 %. 

En observant la courbe de régression du taux de reprise en rapport avec le rendement, il se dégage une grande dispersion des points faisant entrevoir qu'il n'existe aucune corrélation entre le taux de reprise et le rendement des racines. 

Figure 30:Courbes de régression du taux de reprise après bouturage sur le rendement du manioc

· En ce qui concerne les dimensions des racines obtenues dans les différents traitements c'est dire le diamètre moyen et la longueur moyenne des racines, il s'observe ce qui suit :

Pour la longueur des racines, il ne s'observe pas une corrélation entre ce facteur et le rendement cependant, on peut constater en observant le graphique 31 que plus les racines sont longues, plus elles permettent un rendement plus important. La droite linéaire de la régression a une allure ascendante.

Figure 31:Courbe de régression de la longueur des racines sur le rendement en racines

Pour le diamètre moyen, il s'observe à nouveau que ce facteur n'influence pas le rendement. La plupart des racines avait un diamètre qui variait entre 6 à 8 cm. 

Figure 32:Courbe de régression de diamètres moyens des racines sur le rendement

2. Le rendement 

Les données de rendements obtenus sur sol préparé avec le labour mécanique et sur sol non labouré (préparé suivant les pratiques des paysans), sur la position de plantation de boutures de manioc et sur deux variétés de manioc Obama et Mvuama sont présentées dans le tableau 16. 

Tableau 11 : Moyennes de rendements suivant le mode de préparation du sol, la position des boutures et la variété plantée.

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Une analyse de la variance à trois critères de classification (ANOVA 3) a permis de dégager les interactions entre les facteurs observés. En plus, les plus petites différences significatives entre les moyennes étaient ressorties des écarts-types et des déviations standards des variables analysées.

Tableau 12 : Moyennes de rendements suivant les facteurs observés (Mode de préparation du sol, position de plantation des boutures et variétés de manioc).

Les moyennes observées suivant les paramètres évalués sont de 39,2 t/ha pour les friches labourées, 26,97 t/ha pour celles non labourées. Des moyennes respectives de 33,86 t/ha, 30,58 t/ha et 34,83 t/ha suivant la disposition des boutures en horizontale, oblique et verticale. Les deux variétés de manioc comparées ont donné respectivement 29,27 t/ha pour Obama et 36,91 t/ha pour Mvuama.

1) Le mode de préparation du sol (labour et non labour)

En regroupant les données suivant les facteurs mis en observation, il ressort que les rendements moyens suivant les modes de préparation du sol sont de 39,2 t/ha lorsque le sol est labouré et est de 26,97 t/ha en condition des sols non labourés (LSD.05 = 8,72 t/ha). Il se dégage une différence statistiquement significative pour ce qui concerne l'utilisation du labour. Cette pratique a permis un accroissement de rendement évalué à 45,34 % par rapport à la technique usuelle de préparation de sol telle qu'utilisée par les paysans et les exploitants du manioc. 

Figure 33:Droites de rendement (t/ha) suivant le mode de préparation du sol (Labour, non-labour)

La droite indiquant les rendements obtenus par la pratique du labour (enfouissement de la biomasse végétale lors du labour) est nettement au-dessus de la droite indiquant les rendements obtenus sur la pratique du non-labour. La dernière pratique qui correspond parfaitement aux méthodes paysannes, ne dérange pas beaucoup la structure du sol mais détruit la matière organique lors de l'incinération de la litière sèche.

En ce qui concerne les hinterlands de la ville de Kisangani, les jachères herbeuses peuvent être capitalisées avec la présence des engins mécanisés qui sont actuellement présents dans le site. Cette façon de gérer les ressources naturelles permettrait d'épargner les écosystèmes forestiers des nouvelles emblavures au profit de ces espaces herbeuses qui environnent les habitations en milieu réel. Il faut noter qu'actuellement l'agriculture se pratique de plus en plus dans la forêt et de plus en plus, les paysans s'éloignent de leurs habitations pour atteindre ces forêts. On peut donc optimiser le retour aux jachères qui favorise la sédentarisation du système agricole par l'utilisation d'un labour mécanisé. 

Les conditions d'humidité dans le sol étaient plus effectives dans les parcelles labourées mécaniquement. Dans ces parcelles, la matière organique enfouie lors du labour, a semble-t-il joué un rôle favorable lors de la croissance du manioc. Elle a aussi été importante dans le maintien d'un bon bilan hydrique lors des périodes sèches qui ont suivi la mise en place de l'essai. 

2) Le mode de plantation des boutures

L'étude a consisté aussi à vérifier si la position de plantation des boutures est susceptible d'apporter une modification sur le rendement du manioc. Avec trois positions qui ont été mises en contribution, il est ressorti que les rendements qu'elles sont donnés ne sont pas différents statiquement. La plantation à l'horizontale a donné un rendement moyen de 33,86 t/ha, la plantation à l'oblique a donné 30,58 t/ha et la plantation à la position verticale a donné 34,83 t/ha. Ces moyennes bien que ne présentant pas de différences entre elles, on peut tout de même remarquer que lorsque les boutures sont plantées verticalement, elles occasionnent un rendement relativement plus grand et en revanche, la position oblique donne un rendement plus faible. 

Nous pouvons observer sur le graphique suivant que la position de plantation des boutures n'a aucun effet statistiquement significatif sur le rendement du manioc (les droites se raccrochent). Les rendements obtenus par l'utilisation de ces modes de plantation oscillent autour de 30 t/ha. La logique consistant à croire qu'une plantation faite en profondeur protégerait les boutures de la dessiccation à la surface du sol n'a pas prouvé ces performances. 

Figure 34:Droites de rendement de manioc suivant la position de plantation des boutures

3) Les variétés de manioc

Deux variétés de manioc Obama et Mvuama étaient utilisées dans cette étude et étaient soumises aux différents facteurs évalués pour vérifier si leur rendement est influencé. Les meilleures productions ont été obtenues avec la variété Mvuama qui a donné une moyenne de 36,91 t/ha comparativement à la variété Obama qui a produit 29,27 t/ha. La supériorité de la variété Mvuama semble se confirmer sur Obama en se référant aux résultats obtenus dans l'essai sur l'incinération et la non-incinération. Il y a donc lieu de recommander cette variété si on vise à produire du manioc dans les conditions des sols marginaux des jachères herbeuses de l'hinterland de Kisangani étant donné que les performances de la variété Obama ont été prouvées dans des études antérieures.

Figure 35:Droites de rendement de manioc suivant les variétés de manioc sur sol labouré ou non labouré

4) Relation entre les facteurs 

a.  Mode de préparation du sol et la position de plantation des boutures

Plusieurs facteurs ont été observés dans cette étude entre autres le mode de préparation du sol (labour et non labour) et la position de plantation des boutures (horizontale, oblique et verticale). En combinant ces deux facteurs on obtient les résultats suivants :

Tableau 13 : Moyennes de rendements suivant les facteurs observés (Mode de préparation du sol et position des boutures).

LSD.05 = 7,99 t/ha

De ce tableau, il se dégage que les rendements sont plus importants dans les parcelles labourées quel que soit la position de bouturage. Ils varient de 37,79 t/ha à 40,72 t/ha allant de la position oblique à la position verticale dans la friche labourée et de 23,36 t/ha à 28,93 t/ha gardant la même tendance (figure 42).

Figure 36:Rendement (t/ha) du manioc suivant le mode de préparation du sol et la position de plantation des boutures

La position de plantation des boutures dépend aussi de la perméabilité du sol. Le labour a permis que le sol soit bien ameubli et cela avec pour corollaire un bon développement des racines tubéreuses. La combinaison de ces deux facteurs a occasionné un avantage statiquement significatif dans la friche labourée et dont le manioc était planté soit verticalement (moyenne de 40,72 t/ha) ou soit horizontalement (moyenne de 39,10 t/ha). Le rendement est de 37,79 t/ha lorsque le manioc est planté obliquement.  

En plantation verticale, le rendement varie de 28,93 t/ha à 40,72 suivants que la friche est respectivement non labourée et labourée. On assiste donc à un accroissement du rendement de 40,75 % lorsqu'on procède au labour.

En plantation horizontale, la variation de rendement est de 28,61 t/ha sur la friche non labourée contre 39,1 t/ha lorsqu'on pratique le labour. Cette opération (labour) occasionne un accroissement de la production de l'ordre de 36,67 % lorsque les boutures sont plantées horizontalement. 

Lorsque les boutures sont plantées obliquement, on obtient des moyennes de 23,36 t/ha en condition de sol non labouré et 37,79 t/ha lorsqu'on applique le labour. Soit un accroissement de rendement de 61,77 % lors de la plantation oblique des boutures.

De ces résultats, il apparaît très clairement que le labour a une influence sur le rendement du manioc. Suivant la manière dont les boutures sont disposées lors de la plantation, des accroissements de rendement sont très perceptibles suivant que les boutures sont plantées sur une friche labourée ou non. 


b. Mode de préparation du sol et Variétés de manioc

Deux variétés de manioc Obama et Mvuama, la première est actuellement identifiée comme la plus productive et la seconde fait partie des variétés introduites en Province Orientale vers les années 2003 dans le cadre du programme de lutte contre la mosaïque et s'était émargée du lot de cinq variétés qui étaient introduites dans le cadre de ce programme. 

Le comportement de ceux deux variétés peut être observé dans le tableau 19.

Tableau 14 : Moyennes de rendements suivant les facteurs observés (Mode de préparation du sol et les variétés plantées).

LSD.05 = 14,5 t/ha

De ces résultats, on peut déduire que les rendements varient entre les variétés et sont plus avantageux lorsque le sol est labouré. Obama a donné 33,91 t/ha en sol labouré contre 24,62 t/ha en sol non labouré. Soit un accroissement de 37,73 % par le fait du labour et Mvuama a produit 44,49 t/ha en sol labouré contre 29,32 t/ha en sol non labouré. L'accroissement avec la variété Mvuama est de 51,74 % lorsqu'on passe du non-labour au labour.

Figure 37:Rendement (t/ha) suivant le mode de préparation du sol et les variétés de manioc plantées

En observant le graphique, on peut voir la suprématie de la variété Mvuama en condition de labour et de non-labour. Cette indication permet de viser cette variété lorsqu'on veut produire dans les jachères herbeuses de Kisangani. Mvuama avec une moyenne de 36,91 t/ha peut permettre de soutenir une production satisfaisante. Dans les mêmes conditions, Obama donne un rendement moyen de 29,27 t/ha et l'accroissement de rendement avec Mvuama est de 26,1 %.

c. Mode de plantation des boutures et variétés de manioc

La plantation des boutures suivant différentes positions a donné des différences statistiquement significatives par rapport aux variétés de manioc. On observe que la variété Obama s'est bien comportée lorsqu'elle était plantée horizontalement (31,54 t/ha), son rendement décroit lorsqu'elle est plantée verticalement (29,27 t/ha) et décroit davantage lorsqu'elle est plantée obliquement (26,53 t/ha). Pour cette variété (Obama), on observe que son rendement s'accroît de 18,88 % par le fait de modifier le mode de disposer les boutures dans le sol c'est-à-dire en passant du mode oblique au mode horizontal. Cet accroissement est de 12 % lorsqu'on passe de la disposition en oblique vers la disposition verticale.

Tableau 15 : Moyennes de rendements suivant les facteurs observés (Position de plantation des boutures et les variétés plantées).

LSD.05 = 15,97 t/ha

La variété Mvuama donne un rendement élevé lorsque les boutures sont disposées verticalement lors de la plantation. Le rendement moyen est de 39,92 t/ha en plantation verticale et est respectivement de 36,17 t/ha et 34,62 t/ha si les boutures sont plantées horizontalement et obliquement. Il s'observe donc que la variété Mvuama ne réagit pas différemment à la disposition des boutures lors de la plantation. Les variations de rendement sont non significatives statistiquement et les accroissements sont relativement plus faibles. Ils sont de 15,3 % lorsqu'on passe du bouturage en oblique vers le bouturage en verticale et de 3 % de la position oblique à la position horizontale.

Figure 38:Rendement suivant la variété et la disposition des boutures lors de la plantation

d. Interaction entre le mode de préparation du sol, la disposition des boutures à la plantation et les variétés 

Suivant les données obtenues après analyse et consignées dans le tableau 21, on peut voir le bon comportement de la variété Mvuama sur la friche labourée. La disposition des boutures lors de la plantation n'a pas exercé une influence remarquable sur le rendement obtenu dans ces parcelles. La variété Obama quant à elle, fait modifier les rendements suivant les boutures sont disposées en oblique, en horizontale ou en verticale.

Tableau 16 : Rendement obtenu suivant le mode de préparation du sol, la disposition des boutures et la variété plantée

LSD.05 = 17,66 t/ha

Figure 39:Rendement (t/ha) suivant le mode de préparation du sol, la disposition des boutures et la variété de manioc

En observant le graphique ci-haut représenté, il se dégage que la disposition des boutures en position verticale lors de la plantation est plus avantageuse pour la variété Mvuama. La plantation en horizontale cependant, n'indique pas de grandes différences par rapport aux variétés et aux modes de préparation du sol. La variété Obama s'est bien comportée lorsqu'elle est plantée horizontalement. Les meilleurs rendements sont obtenus dans les sols labourés.

La dispersion de rendements sur l'ensemble de l'essai montre qu'à la troisième répétition, les conditions du sol ont été plus hétérogènes. Cependant dans les deux premiers blocs, ce rendement est plus stable et se situe en moyenne entre 20 et 40 tonnes par hectare. Cela semble être la même tendance pour le quatrième bloc.

Figure 40:Dispersion de rendements dans l'essai comparant les modes de préparation du terrain, la plantation des boutures et les variétés plantées

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