4.2. Résultats et discussion
4.2.1.
Résultats
1) Évaluation des composantes du rendement
Les données sur le nombre des racines commercialisables
et non commercialisables, le taux de reprise après bouturage, les
dimensions des racines (longueur et diamètre) à la récolte
étaient prises et sont présentées dans le
tableau 15.
Tableau 10 : Données des composantes de rendement
suivant le mode de préparation du terrain, la disposition des boutures
et les variétés
De l'analyse de ce tableau, il ressort ce qui suit :
· Le nombre de racines commercialisables a varié
suivant la position de la plantation des boutures. La moyenne est de 4 racines
par pied pour les boutures plantées horizontalement et obliquement et ce
nombre diminue lorsque les boutures sont plantées verticalement, soit 3
racines par pied. Le nombre de racines non commercialisables par contre
était en moyenne à une racine par pied. On a observé
quelques cas de 2 racines non commercialisables par pied chez la
variété Mvuama.
Une régression linéaire a permis de
déceler que les nombres de racines commercialisables et non
commercialisables sont en relation avec le rendement du manioc. Il s'observe
que l'abondance des pieds avait un nombre de racines commercialisables qui
variaient entre 3 à 5. Les prévisions de rendement avec cet
intervalle du nombre de racines oscillent entre 30 et 35 t/ha. Cependant, les
racines non commercialisables ont été moins nombreuses et leur
nombre s'est concentré entre 1 à 2 racines par pied. On peut
apercevoir sur la figure 34 la concentration du nuage de points sur la
moyenne d'une racine par pied. Ce qui apparaît comme un bon facteur
étant donné les inconvénients inhérents de la
production d'un nombre important des racines non commercialisables.
Figure 28:Courbe de
régression suivant le nombre de racines commercialisables sur le
rendement du manioc
Figure 29:Courbe de
régression suivant le nombre de racines non commercialisables sur le
rendement du manioc
· Le taux de reprise après le bouturage du manioc.
En moyenne, ce taux était de 77,26% pour l'ensemble des facteurs
observés. Il se dégage des analyses statistiques
effectuées que le comportement de variété était
différent. On avait constaté que la variété Obama
avait mieux repris après le bouturage avec un taux de reprise de 82,19 %
en comparaison à la variété Mvuama qui avait un taux de
reprise de 72,32 %.
En observant la courbe de régression du taux de reprise
en rapport avec le rendement, il se dégage une grande dispersion des
points faisant entrevoir qu'il n'existe aucune corrélation entre le taux
de reprise et le rendement des racines.
Figure 30:Courbes de
régression du taux de reprise après bouturage sur le rendement du
manioc
· En ce qui concerne les dimensions des racines obtenues
dans les différents traitements c'est dire le diamètre moyen et
la longueur moyenne des racines, il s'observe ce qui suit :
Pour la longueur des racines, il ne s'observe pas une
corrélation entre ce facteur et le rendement cependant, on peut
constater en observant le graphique 31 que plus les racines sont longues, plus
elles permettent un rendement plus important. La droite linéaire de la
régression a une allure ascendante.
Figure 31:Courbe de
régression de la longueur des racines sur le rendement en
racines
Pour le diamètre moyen, il s'observe à nouveau
que ce facteur n'influence pas le rendement. La plupart des racines avait un
diamètre qui variait entre 6 à 8 cm.
Figure 32:Courbe de
régression de diamètres moyens des racines sur le
rendement
2. Le rendement
Les données de rendements obtenus sur sol
préparé avec le labour mécanique et sur sol non
labouré (préparé suivant les pratiques des paysans), sur
la position de plantation de boutures de manioc et sur deux
variétés de manioc Obama et Mvuama sont présentées
dans le tableau 16.
Tableau 11 : Moyennes de rendements suivant le mode de
préparation du sol, la position des boutures et la variété
plantée.
ANOVARéalisé avec les formules Maths, trigonométries
& statistiques sur Excel Exe.
Une analyse de la variance à trois critères de
classification (ANOVA 3) a permis de dégager les interactions entre les
facteurs observés. En plus, les plus petites différences
significatives entre les moyennes étaient ressorties des
écarts-types et des déviations standards des variables
analysées.
Tableau 12 : Moyennes de rendements suivant les facteurs
observés (Mode de préparation du sol, position de plantation des
boutures et variétés de manioc).
Les moyennes observées suivant les paramètres
évalués sont de 39,2 t/ha pour les friches labourées,
26,97 t/ha pour celles non labourées. Des moyennes respectives de 33,86
t/ha, 30,58 t/ha et 34,83 t/ha suivant la disposition des boutures en
horizontale, oblique et verticale. Les deux variétés de manioc
comparées ont donné respectivement 29,27 t/ha pour Obama et 36,91
t/ha pour Mvuama.
1) Le mode de préparation du sol (labour et non
labour)
En regroupant les données suivant les facteurs mis en
observation, il ressort que les rendements moyens suivant les modes de
préparation du sol sont de 39,2 t/ha lorsque le sol est labouré
et est de 26,97 t/ha en condition des sols non labourés (LSD.05 = 8,72
t/ha). Il se dégage une différence statistiquement significative
pour ce qui concerne l'utilisation du labour. Cette pratique a permis un
accroissement de rendement évalué à 45,34 % par rapport
à la technique usuelle de préparation de sol telle
qu'utilisée par les paysans et les exploitants du manioc.
Figure 33:Droites de rendement
(t/ha) suivant le mode de préparation du sol (Labour,
non-labour)
La droite indiquant les rendements obtenus par la pratique du
labour (enfouissement de la biomasse végétale lors du labour) est
nettement au-dessus de la droite indiquant les rendements obtenus sur la
pratique du non-labour. La dernière pratique qui correspond parfaitement
aux méthodes paysannes, ne dérange pas beaucoup la structure du
sol mais détruit la matière organique lors de
l'incinération de la litière sèche.
En ce qui concerne les hinterlands de la ville de Kisangani,
les jachères herbeuses peuvent être capitalisées avec la
présence des engins mécanisés qui sont actuellement
présents dans le site. Cette façon de gérer les ressources
naturelles permettrait d'épargner les écosystèmes
forestiers des nouvelles emblavures au profit de ces espaces herbeuses qui
environnent les habitations en milieu réel. Il faut noter
qu'actuellement l'agriculture se pratique de plus en plus dans la forêt
et de plus en plus, les paysans s'éloignent de leurs habitations pour
atteindre ces forêts. On peut donc optimiser le retour aux
jachères qui favorise la sédentarisation du système
agricole par l'utilisation d'un labour mécanisé.
Les conditions d'humidité dans le sol étaient
plus effectives dans les parcelles labourées mécaniquement. Dans
ces parcelles, la matière organique enfouie lors du labour, a
semble-t-il joué un rôle favorable lors de la croissance du
manioc. Elle a aussi été importante dans le maintien d'un bon
bilan hydrique lors des périodes sèches qui ont suivi la mise en
place de l'essai.
2) Le mode de plantation des boutures
L'étude a consisté aussi à
vérifier si la position de plantation des boutures est susceptible
d'apporter une modification sur le rendement du manioc. Avec trois positions
qui ont été mises en contribution, il est ressorti que les
rendements qu'elles sont donnés ne sont pas différents
statiquement. La plantation à l'horizontale a donné un rendement
moyen de 33,86 t/ha, la plantation à l'oblique a donné 30,58 t/ha
et la plantation à la position verticale a donné 34,83 t/ha. Ces
moyennes bien que ne présentant pas de différences entre elles,
on peut tout de même remarquer que lorsque les boutures sont
plantées verticalement, elles occasionnent un rendement relativement
plus grand et en revanche, la position oblique donne un rendement plus
faible.
Nous pouvons observer sur le graphique suivant que la position
de plantation des boutures n'a aucun effet statistiquement significatif sur le
rendement du manioc (les droites se raccrochent). Les rendements obtenus par
l'utilisation de ces modes de plantation oscillent autour de 30 t/ha. La
logique consistant à croire qu'une plantation faite en profondeur
protégerait les boutures de la dessiccation à la surface du sol
n'a pas prouvé ces performances.
Figure 34:Droites de rendement
de manioc suivant la position de plantation des boutures
3) Les variétés de manioc
Deux variétés de manioc Obama et Mvuama
étaient utilisées dans cette étude et étaient
soumises aux différents facteurs évalués pour
vérifier si leur rendement est influencé. Les meilleures
productions ont été obtenues avec la variété Mvuama
qui a donné une moyenne de 36,91 t/ha comparativement à la
variété Obama qui a produit 29,27 t/ha. La
supériorité de la variété Mvuama semble se
confirmer sur Obama en se référant aux résultats obtenus
dans l'essai sur l'incinération et la non-incinération. Il y a
donc lieu de recommander cette variété si on vise à
produire du manioc dans les conditions des sols marginaux des jachères
herbeuses de l'hinterland de Kisangani étant donné que les
performances de la variété Obama ont été
prouvées dans des études antérieures.
Figure 35:Droites de rendement
de manioc suivant les variétés de manioc sur sol labouré
ou non labouré
4) Relation entre les facteurs
a. Mode de préparation du sol et la position de
plantation des boutures
Plusieurs facteurs ont été observés dans
cette étude entre autres le mode de préparation du sol (labour et
non labour) et la position de plantation des boutures (horizontale, oblique et
verticale). En combinant ces deux facteurs on obtient les résultats
suivants :
Tableau 13 : Moyennes de rendements suivant les facteurs
observés (Mode de préparation du sol et position des
boutures).
LSD.05 = 7,99 t/ha
De ce tableau, il se dégage que les rendements sont
plus importants dans les parcelles labourées quel que soit la position
de bouturage. Ils varient de 37,79 t/ha à 40,72 t/ha allant de la
position oblique à la position verticale dans la friche labourée
et de 23,36 t/ha à 28,93 t/ha gardant la même tendance
(figure 42).
Figure 36:Rendement (t/ha) du
manioc suivant le mode de préparation du sol et la position de
plantation des boutures
La position de plantation des boutures dépend aussi de
la perméabilité du sol. Le labour a permis que le sol soit bien
ameubli et cela avec pour corollaire un bon développement des racines
tubéreuses. La combinaison de ces deux facteurs a occasionné un
avantage statiquement significatif dans la friche labourée et dont le
manioc était planté soit verticalement (moyenne de 40,72 t/ha) ou
soit horizontalement (moyenne de 39,10 t/ha). Le rendement est de 37,79 t/ha
lorsque le manioc est planté obliquement.
En plantation verticale, le rendement varie de 28,93 t/ha
à 40,72 suivants que la friche est respectivement non labourée et
labourée. On assiste donc à un accroissement du rendement de
40,75 % lorsqu'on procède au labour.
En plantation horizontale, la variation de rendement est de
28,61 t/ha sur la friche non labourée contre 39,1 t/ha lorsqu'on
pratique le labour. Cette opération (labour) occasionne un accroissement
de la production de l'ordre de 36,67 % lorsque les boutures sont
plantées horizontalement.
Lorsque les boutures sont plantées obliquement, on
obtient des moyennes de 23,36 t/ha en condition de sol non labouré et
37,79 t/ha lorsqu'on applique le labour. Soit un accroissement de rendement de
61,77 % lors de la plantation oblique des boutures.
De ces résultats, il apparaît très
clairement que le labour a une influence sur le rendement du manioc. Suivant la
manière dont les boutures sont disposées lors de la plantation,
des accroissements de rendement sont très perceptibles suivant que les
boutures sont plantées sur une friche labourée ou non.
b. Mode de préparation du sol et Variétés
de manioc
Deux variétés de manioc Obama et Mvuama, la
première est actuellement identifiée comme la plus productive et
la seconde fait partie des variétés introduites en Province
Orientale vers les années 2003 dans le cadre du programme de lutte
contre la mosaïque et s'était émargée du lot de cinq
variétés qui étaient introduites dans le cadre de ce
programme.
Le comportement de ceux deux variétés peut
être observé dans le tableau 19.
Tableau 14 : Moyennes de rendements suivant les facteurs
observés (Mode de préparation du sol et les
variétés plantées).
LSD.05 = 14,5 t/ha
De ces résultats, on peut déduire que les
rendements varient entre les variétés et sont plus avantageux
lorsque le sol est labouré. Obama a donné 33,91 t/ha en sol
labouré contre 24,62 t/ha en sol non labouré. Soit un
accroissement de 37,73 % par le fait du labour et Mvuama a produit 44,49 t/ha
en sol labouré contre 29,32 t/ha en sol non labouré.
L'accroissement avec la variété Mvuama est de 51,74 % lorsqu'on
passe du non-labour au labour.
Figure 37:Rendement (t/ha)
suivant le mode de préparation du sol et les variétés de
manioc plantées
En observant le graphique, on peut voir la suprématie
de la variété Mvuama en condition de labour et de non-labour.
Cette indication permet de viser cette variété lorsqu'on veut
produire dans les jachères herbeuses de Kisangani. Mvuama avec une
moyenne de 36,91 t/ha peut permettre de soutenir une production satisfaisante.
Dans les mêmes conditions, Obama donne un rendement moyen de 29,27 t/ha
et l'accroissement de rendement avec Mvuama est de 26,1 %.
c. Mode de plantation des boutures et variétés
de manioc
La plantation des boutures suivant différentes
positions a donné des différences statistiquement significatives
par rapport aux variétés de manioc. On observe que la
variété Obama s'est bien comportée lorsqu'elle
était plantée horizontalement (31,54 t/ha), son rendement
décroit lorsqu'elle est plantée verticalement (29,27 t/ha) et
décroit davantage lorsqu'elle est plantée obliquement (26,53
t/ha). Pour cette variété (Obama), on observe que son rendement
s'accroît de 18,88 % par le fait de modifier le mode de disposer les
boutures dans le sol c'est-à-dire en passant du mode oblique au mode
horizontal. Cet accroissement est de 12 % lorsqu'on passe de la disposition en
oblique vers la disposition verticale.
Tableau 15 : Moyennes de rendements suivant les facteurs
observés (Position de plantation des boutures et les
variétés plantées).
LSD.05 = 15,97 t/ha
La variété Mvuama donne un rendement
élevé lorsque les boutures sont disposées verticalement
lors de la plantation. Le rendement moyen est de 39,92 t/ha en plantation
verticale et est respectivement de 36,17 t/ha et 34,62 t/ha si les boutures
sont plantées horizontalement et obliquement. Il s'observe donc que la
variété Mvuama ne réagit pas différemment à
la disposition des boutures lors de la plantation. Les variations de rendement
sont non significatives statistiquement et les accroissements sont relativement
plus faibles. Ils sont de 15,3 % lorsqu'on passe du bouturage en oblique vers
le bouturage en verticale et de 3 % de la position oblique à la position
horizontale.
Figure 38:Rendement suivant la
variété et la disposition des boutures lors de la
plantation
d. Interaction entre le mode de préparation du sol, la
disposition des boutures à la plantation et les
variétés
Suivant les données obtenues après analyse et
consignées dans le tableau 21, on peut voir le bon comportement de
la variété Mvuama sur la friche labourée. La disposition
des boutures lors de la plantation n'a pas exercé une influence
remarquable sur le rendement obtenu dans ces parcelles. La
variété Obama quant à elle, fait modifier les rendements
suivant les boutures sont disposées en oblique, en horizontale ou en
verticale.
Tableau 16 : Rendement obtenu suivant le mode de
préparation du sol, la disposition des boutures et la
variété plantée
LSD.05 = 17,66 t/ha
Figure 39:Rendement (t/ha)
suivant le mode de préparation du sol, la disposition des boutures et la
variété de manioc
En observant le graphique ci-haut représenté, il
se dégage que la disposition des boutures en position verticale lors de
la plantation est plus avantageuse pour la variété Mvuama. La
plantation en horizontale cependant, n'indique pas de grandes
différences par rapport aux variétés et aux modes de
préparation du sol. La variété Obama s'est bien
comportée lorsqu'elle est plantée horizontalement. Les meilleurs
rendements sont obtenus dans les sols labourés.
La dispersion de rendements sur l'ensemble de l'essai montre
qu'à la troisième répétition, les conditions du sol
ont été plus hétérogènes. Cependant dans les
deux premiers blocs, ce rendement est plus stable et se situe en moyenne entre
20 et 40 tonnes par hectare. Cela semble être la même tendance pour
le quatrième bloc.
Figure 40:Dispersion de rendements dans l'essai
comparant les modes de préparation du terrain, la plantation des
boutures et les variétés plantées
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