AVERTISSEMEN
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 1
« L'Université n'entend donner aucune
approbation ni improbation aux opinions émises dans ce mémoire.
Celles-ci doivent être considérées comme propres à
leurs auteurs. »
DEDICACE
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Financière et Fiscale Page 2
Toutes les lettres ne sauraient trouver les mots qu'il
faut...
Tous les mots ne sauraient exprimer la gratitude, l'amour,
le respect, la reconnaissance... Aussi, c'est modestement que je dédie
ce travail :
Toutes les lettres ne sauraient trouver les mots qu'il
faut...
Tous les mots ne sauraient exprimer la gratitude, l'amour,
le respect, la reconnaissance... Aussi, c'est modestement que je dédie
ce travail :
A mon oncle Abdoul Goudoussy DIALLO qui n'a cessé
d'inculquer en moi l'art d'apprendre et qui m'a montré le chemin de
l'école, qui, de par sa bravoure a su faire de moi l'homme que je suis
devenu, merci pour les sacrifices consentis durant tous mon parcours
académique ;
A ma mère, Assiatou DIALLO, merci pour ton soutient et
pour ta bénédiction Néné ;
A ma grande mère Hadja Ramatoulaye DIALLO pour tout le
sacrifice, je suis très reconnaissant pour tout ce qui tu as fait pour
moi, merci néné Kaw ;
A mes oncles, Kaw Boubacar, Tonton khaly, Grand papa ;
A mes tantes, Néné Hadja Mariama Ciré
DIALLO, merci beaucoup néné, Tanti nenen Bobo, Tanti Famata,
Nenan Hassatou Bailo, Tanti Mariama Bah, Nenan Safiatou, qui me sont si
chères et à qui je suis très reconnaissant ;
A mes soeurs, Billy, Kadiatou, Aissatou, Diami, Oumou Hawa,
Kadiatou bobo, Mariama ciré, Issagatou, Tahirou ;
A mes frères, Yaya, Bailo, Saikou, Ibrahima, Goudoussy,
Aziz, Ousman, Cheik Ahmed Tidiane DIALLO ;
En fin à tous mes amis, voisins, camarades de classe et
toute personne qui de près ou de loin n'a cessé de me soutenir
durant mon parcours.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 3
REMERCIEMENT
La rigueur scientifique et les exigences d'un travail de
recherche sont souvent au-delà des seules capacités de
l'étudiant. Dire merci est le début d'une grande sagesse. En
remerciant on désavoue à la fois l'ignorance et l'arrogance.
Ceci dit, on ne pourrait rentrer dans le vif du sujet sans
autant remercier ceux de près ou de loin ont contribué à
la réalisation de ce modeste travail.
Nous tenons donc à remercier :
Allah, le tout puissant de nous avoir permis de mener à
terme ce travail qui est pour moi le point de départ d'une nouvelle
aventure ;
M. Ousmane CISSE, pour avoir accepté de diriger notre
mémoire, nous avons eu le privilège de travailler avec vous et
d'apprécier vos qualités et vos valeurs. Votre sérieux,
votre compétence, votre professionnalisme, et votre rigueur nous ont
énormément marqué. Veillez trouver ici l'expression de
notre respectueuse considération et notre profonde admiration pour
toutes vos qualités scientifiques et humaines. Ce travail est pour nous
l'occasion de témoigner notre profonde gratitude.
Le président de l'Université Dakar Bourguiba le
professeur Shakir Thiam pour le combat qu'il mène pour une jeunesse
Africaine instruite et consciente.
Tout le personnel de l'Université Dakar Bourguiba ; La
Direction de ATM AFRICA et tout son personnel ;
Les membres du jury qui ont bien voulu accepter, ce travail,
leurs lourdes et exaltes responsabilité pour procéder à
l'évaluation de ce modeste travail ;
Enfin, tous les camarades de la promotion Master I et Master
II droit de l'ingénierie financière et fiscale 2016-2017.
« Etudier est une grande chance »
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 4
SOMMAIRE
Introduction générale 1
PREMIERE PARTIE : IDENTIFICATION DES MESURES
FISCALES
INCITATIVES 10
CHAPITRE I : LES FONDEMENTS DES MESURES FISCALE INCITATIVES
10
SECTION 1 ..12
SECTION 2 ..17
CHAPITRE II : LES MANIFESTATIONS DES MESURES FISCALES
INCITATIVES .25
SECTION 1 .26
SECTION 2 .32
DEUXIEME PARTIE : LES LIMITES DES MESURES
FISCALES INCITATIVES..42
CHAPITRE I : LES LIMITES D'ORDRE INTERNE 43
SECTION 1 .42
SECTION 2 ..52
CHAPITRE II : LES LIMITES D'ORDRE EXTERNE .60
SECTION 1 .61
SECTION 2 .67
CONCLUSION 74
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 5
LISTES DES ABREVIATIONS ET ACRONYMES
A.N.S.D : Agence Nationale de la Statistique
et de développement.
A.R.D : Amortissement Réputé
Différé.
B.A : Bénéfices Agricole
B.I.C : Bénéfices industrielles
et commerciaux.
B.N.C : bénéfices Non Commerciaux
C.G.I : Code General des Impôts
C.I : Crédit D'impôt
C.E.S.E : Conseil Economique Social et Environnemental
C.F.C.E : Contribution Forfaitaire a la charge de
l'Employeur
C.E.M.A.C : Communauté Economique et
Monétaire d'Afrique Central
C.S.G.E : Centre des Services Fiscaux des
Grandes Entreprises.
D.G.I.D : Direction General des Impôts
et Domaines
D.C.I : Droit Commun Incitatif
D.O : Déficits Ordinaire
E.F.E : Entreprises Franches d'Exportation
E.N.A : Ecole Nationale de
l'Administration
E.S : Effets de Substitution
E.R : Effets de Revenu
I.R : Impôt sur le Revenu
I.S : Impôt sur les
Sociétés
I.P.C : Indice des Prix à la
Consommation
O.H.A.D.A : Organisation pour l'Harmonisation
en Afrique du Droit des Affaires
O.C.D.E : Organisation de Coopération
et de Développement Economique
P.M.E : Petite et Moyenne Entreprises
P.F : Pression Fiscale
P.F : Perte Fiscale
S.Y.S.C.O.A : Système Comptable Ouest
Africain
T.V.A : Taxe sur la Valeur Ajoutée
U.E.M.O.A : Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine
Z.E.S : Zone Economique Spéciale
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 6
Epigraphe
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 7
« (...) deux objectifs essentiels commandent la nature et
les modalités du système fiscal : la productivité
financière et le ménagement des incitations (notamment des
incitations à épargner et entreprendre) »
Brochier et Tabatoni, Economie financière, PUF, Paris,
1963, p 603
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de
l'Ingénierie Financière et Fiscale Page 8
INTRODUCTION
Pour financer leurs besoins en biens publics, les pays en voie
de développement ont besoin de ressources financières
importantes. La collecte de celles-ci nécessite une meilleure
mobilisation des recettes fiscales, vu la part importante qu'elles
représentent dans les ressources propres des Etats. Au
Sénégal par exemple, les recettes fiscales ont occupé une
place importante au niveau des recettes budgétaires totales de ces sept
dernières années. De par cette place, l'importance de la
mobilisation fiscale dans l'émergence économique n'est plus
à démontrer et, il est apparu que l'isolation en ce qui concerne
la gestion de tous les leviers du développement économique, y
compris la politique fiscale, est un facteur de vulnérabilité.
Ceci est d'autant plus vrai pour des micro-Etats à l'image de ceux de
l'UEMOA, où les Etats membres à l'exception du
Sénégal et de la Côte d'Ivoire, peinent à atteindre
le taux de pression fiscale de 17%1 considéré comme le
minimum pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le
Développement.
Finalement une politique basée sur la fiscalité
qui est un levier pour le développement des Etats a été
mise en place par les différents Etats membres de l'UEOMA.
En effet, la fiscalité est l'ensemble des pratiques
utilisées par un Etat ou une collectivité pour percevoir les
impôts et autres prélèvements obligatoires.
Dans ce cadre, la fiscalité est
considérée comme la source principale et la plus saine du
financement des dépenses de l'Etat. Aussi, elle est un instrument de
politique économique entre les mains des gouvernants, dans la mesure
où elle permet des régulations de l'économie selon les
nécessités du moment et suivant les aspirations du peuple.
Selon M Haidara Hamou « les politiques
économiques menées depuis les indépendances lorsqu'elles
existent en tant que telles se sont systématiquement focalisées
sur l'industrialisation, la promotion de grandes entreprises publiques ou de
filiales locales d'entreprises étrangères de substitution aux
importations »2.
1 Agence Nationale de la Statistique et de la
Démographie. Situation Economique et Sociale du
Sénégal, Chapitre « Finances Publiques ». Editions
de 2008 à 2014.
Ce taux de 17% correspond aussi au critère de
convergence par rapport au taux de pression fiscale, que seuls le
Sénégal et la Côte d'Ivoire ont eu à atteindre au
dernier horizon de convergence, à savoir 2013.
2 Hamou (H), les micros entreprises en Afrique de
l'ouest ou le développement par la petite porte, L'Harmattan Paris,
2015. P ; 17
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 9
Mais ces politiques ont largement montré leurs limites
depuis plus de cinquante ans. Elles ont mis l'accent sur la mobilité de
facteurs rares dans les pays Africains (le capital, la technologie,
l'expertise) au détriment des facteurs abondants (la main-d'oeuvre, les
ressources naturelles) qui ne demandent qu'à être
valorisés. Les faibles résultats obtenus sont aux mesures des
errements et des échecs dans le choix de ces politiques. Ainsi, pour
véritablement faire émerger le continent africain, cela
nécessite un changement fondamental dans les approches du
développement par la mise en oeuvre d'un ensemble de mesures
complètes, cohérentes et volontaristes, l'amélioration du
climat des affaires est nécessaire. Elle passe par la création
d'un environnement orienté vers la promotion de l'entreprenariat, le
développement du secteur privé et la promotion du
développement économique régional et sous
régional.
C'est ainsi qu'en Afrique de l'Ouest, après la
dévaluation du franc CFA3 qu'apparait pour la première
fois, la nécessité de mettre un projet d'intégration
économique, de coordonner les politiques budgétaires, pour une
plus grande stabilité macro-économique et une protection plus
accrue de la monnaie unique.
L'harmonisation des politiques budgétaires va
s'étendre progressivement dans divers domaine des finances publiques.
Ainsi en matière fiscale, de nombreuses règles d'origine
communautaire seront édictées, soit pour encadrer ces domaines,
soit pour harmoniser les législations des Etats membres, dans ce nouvel
environnement, les politiques fiscales ont pour but de favoriser
l'émergence d'une fiscalité de développement,
c'est-à-dire un taux de pression fiscale suffisant pour impulser un
développement endogène au niveau communautaire.
Par ailleurs, ces mesures visent à mettre en place un
système fiscal à haut rendement qui procure les revenus
suffisants sans accroissement des taux nominaux de droits non
générateur de distorsions et qui stimule la croissance
économique. Car comme l'a déclaré M. EL Hadji (D.B) «
La fiscalité procure à l'Etat une partie de ses ressources
financières. Elle traduit aussi la politique économique et
sociale de l'Etat à travers les subventions et les mesures fiscales
incitatives ».4
Ainsi, ce rôle d'intégration et de
développement donné à la fiscalité s'est
matérialisé par une réelle coordination fiscale entre les
pays membres de la communauté économique5. Cette
3 12 JANVIER 1994
4 EL HADJ DIALIGUE BA, Droit fiscal, L'Harmattan,
Paris, P10
5 Mansour et Rota Graziosi « Coordiantion
fiscale dans l'union économique et Monétaire Ouest Africaine. Tax
Coordination in the West African Economic and Monetary Union » Revue
d'économie du Development, vol 20 N° 3, 2012, p. 32
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 10
coordination fiscale s'est traduite par des incitations
fiscales à l'investissement, sans pour autant remettre en cause le droit
pour les pays membres d'accorder des avantages fiscaux en vue de favoriser
l'implantation des capitaux au niveau national. C'est dans ce sillage que
s'inscrit notre étude qui porte sur : les mesures fiscales incitatives
dans l'espaces UEMOA : le cas du Sénégal.
Il convient de définir les termes principaux du sujet afin
de mieux l'appréhender.
L'expression « mesures fiscales incitatives
» peut prendre plusieurs significations équivalentes. D'abord,
le législateur Sénégalais, utilise le terme de «
droit commun incitatif »6ou « dispositif
incitatif »7. Selon le législateur
sénégalais, le droit commun incitatif consiste à «
(...) ouvrir la possibilité à toute entreprise qui remplit
certaine conditions générales conformes aux objectifs de la
politique économique et sociale de l'Etat de bénéficier
d'importants avantages fiscaux, sans formalisme particulier
»8. Ainsi, les mesures fiscales incitatives sont
consacrées dans le Code général des impôts
sénégalais. Cette conception du législateur
sénégalais témoigne de sa volonté d'instituer un
droit commun des mesures fiscales incitatives, cadre juridique au sein duquel
repose le régime général relatif aux incitations fiscales,
toutefois, cette définition n'éclaire pas sur les objectifs
économiques et sociaux que l'Etat souhaite atteindre.
Quant à la doctrine, elle emploie le terme «
incitations fiscales » pour désigner les mesures fiscales
incitatives. Pour les juristes-fiscalistes Ndzana Biloa et Alain : «
les incitations fiscales recouvrent l'ensemble des mesures consistant
à accorder un traitement fiscal plus favorable à certaines
activités, ou à certaines secteurs que celui appliquée aux
autres pans de l'économie. Ce sont des avantages fiscaux particuliers
accordés par les pouvoir public a une personne physique ou morale,
résidente ou non, en vue de la promotion et / ou du développement
d'une activité donnée. Elle constituent un élément
de personnalisation de l'impôt qui, en plus de sa fonction essentielle de
pourvoyeur de recettes publiques, permet à la fiscalité de
devenir un auxiliaire de la politique économique du gouvernement
à travers des réductions de revenus, des réductions ou
crédit d'impôt accordés à certains contribuables, en
vue d'encourager des actions considérées comme
d'intérêt public »9.
Cette définition des mesures fiscales incitatives est
extensive, par rapport à celle donné par le législateur
sénégalais, en montrant d'une part, que les mesures incitatives
consistent à favoriser
6 Exposé des motifs de la loi N° 2012-31
du 31 décembre 2012 portant code général des impôts
au Sénégal.
7 Ibidem
8 Ibidem
9 Nzana Biloa, la fiscalité levier pour
l'émergence des pays de la zone franc, le cas du Cameroun, L'Harmattan
Paris, 2016, p 29.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 11
ou encore à accorder à des entreprises
évoluant dans un secteur d'activité bien déterminé
des avantages fiscaux, et la forme que peut revêtir les faveurs fiscales
consenties. D'autres parts, elle montre l'objectif recherché par les
autorités, celui de faire de la fiscalité un outil au service du
développement d'un pays au-delà de sa fonction de
générer des recettes pour le budget de l'Etat.
Pour le professeur Alexandre Guigue : « Une
incitation fiscale consiste à aménager le régime juridique
d'un impôt dans le but d'encourager les contribuables à adopter un
comportement particulier, qui satisfait la poursuite d'un objectif
d'intérêt général d'ordre économique, social,
culturel, environnemental, etc. Elle s'apparente à un outil en ce sens
que le législateur l'instrumentalise pour agir sur les structures et les
comportements. »10
Cette approche est cependant, restrictive dans la mesures ou
elle réduit les mesures fiscales incitatives à la
détermination du régime juridique d'un impôt alors que la
précédente définition montre que les incitations fiscales
visent à octroyer plusieurs avantages fiscaux. Elle a néanmoins
le mérite de mettre en relief la volonté du législateur de
faire de la fiscalité un instrument pour influencer le comportement des
opérateurs économiques.
En fin, selon le FMI : « les incitations fiscales
peuvent servir différents objectif, leur principale raison d'être
est habituellement de stimuler l'investissement surtout dans les PFR et
d'attirer les investissements directs étrangers (IDE). Les flux d'IDE
sont en effet considérés non seulement comme une source de
capitaux et d'emplois ( bien rémunérés),mais aussi comme
un moyen de renforcer la concurrence et d'accroitre plus largement l'efficience
du marché intérieur, donc de contribuer au développement
économique global du pays .»11 Cette conception du
FMI met l'accent sur la finalité centrale des incitations fiscales c'est
à dire attirer les investissements en vue de développer certains
secteurs d'activité juger stratégique.
De tout ce qui précède, il ressort que pour
qualifier une mesure d'incitation fiscale, il est possible de retenir certains
critères cumulatifs. D'abord, il s'agit d'octroyer des avantages fiscaux
a des entreprises. Ensuite, ces avantages ont une contrepartie, promouvoir
le
10 Guigue « les mesures fiscales incitatives au
développement des installations solaires » L'énergie solaire
aspect juridique, Université de Savoie, lextenso, 2010 p 76.
11 FMI, OCDE, ONU et Banque Mondiale, Rapport au
groupe de travail du G20 sur le développement : « Option pour une
utilisation efficace et efficiente des incitations fiscales à
l'investissement dans les pays à faible revenu ». 15 Octobre 2015,
p 9-10.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 12
développement d'un secteur d'activité en vue de
la poursuite d'un objectif d'intérêt général,
d'ordre économique ou social. Ce dernier critère est
téléologique.
L'étude de ce sujet passe aussi par une
délimitation du cadre géographique. Il s'agit de l'espace sous
régionale de l'UEMOA, et à l'intérieur de cet
environnement, le Sénégal est l'exemple choisi.
Créée le 10 janvier 1994 à Dakar, l'Union
économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) a pour objectif
essentiel, l'édification, en Afrique de l'Ouest, d'un espace
économique harmonisé et intégré12 au
sein duquel est assurée une totale liberté de circulation des
personnes, des capitaux, des biens, des services et des facteurs de production,
ainsi que la jouissance effective du droit d'exercice et d'établissement
pour les professions libérales, de résidences pour les citoyens
sur l'ensemble du territoire communautaire.
Le Sénégal a été retenu comme
centre de notre réflexion. Il est situé dans la partie la plus
occidentale de l'Afrique, entre le 12° 8 et le 16° 41 de latitude
Nord et 11° 21 et 17° 32 de longitude Ouest.13 Selon
l'ANSD, la population sénégalaise est estimée à 15
726 037 en 2018, avec une superficie de 196.722 km2,14 sa
position géographique lui confère un climat de type
soudano-sahélien avec deux saisons. En outre le Sénégal
est constitué de quarante-cinq départements et 14 régions
répartis sur l'ensemble du territoire national.15
Selon le classement du Doing Business 2017, le
Sénégal est à la 147e position sur 190
économies. Pour rappel, le Sénégal était
déjà passé de 178e en 2013, à
153e en 2016. Ainsi, le choix de mener notre étude sur le
Sénégal se justifie en premier lieu par les atouts qu'il fait
prévaloir. La stabilité politique, une stabilité du cadre
macroéconomique qui fait du Sénégal la deuxième
puissance économique de l'UEMOA derrière la Cote d'ivoire, un
développement du marché financier et une position
géographique favorable.
En deuxième lieu, les réformes engagées
pour l'amélioration du climat des affaires en vue d'attirer les
investisseurs, la restructuration du système fiscal
sénégalais à travers l'adoption et la révision du
cadre règlementaire et les réformes engagées en vue de
moderniser l'administration fiscale afin d'accroitre ses performances. Ce sont
toutes ces considérations, qui
12
http://www.uemoa.int,
consulté le 30 juillet 2018
13Agence nationale de la statistique et de la
démographie (ANSD), Récemment général de la
population et de l'habitat, de l'agriculture et de l'élevage (RGPHAE)
2013. Atlas, rapport final aout 2016, p 9.
14
http://www.ansd.sn,
consulté le 25 avril 2018.
15 Ibidem
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 13
amènent donc à apprécier le rôle
joué par la fiscalité dans la politique de développement
de ce pays qui souhaite atteindre l'émergence (Plan
Sénégal émergent).
Cependant notre travail se limite d'un point de vue temporel
à l'appréciation des incitations fiscales adoptées depuis
décembre 2012 jusqu'à février 2018. Dans le cadre de cette
analyse, il ne s'agira pas d'envisager les mesures fiscales incitatives
relatives aux énergies renouvelables et aux biocarburants contenus dans
la loi N° 2010-21 du 20 decembre2010 portant loi d'orientation sur les
énergies renouvelables et celle contenues dans la loi N° 2012-22
portant loi d'orientation sur les biocarburants, car celles-ci n'ont pas
été reprises par les dispositions du code général
des impôts en 2012. Du reste, bien que cette omission ait
été palliée par le législateur
Sénégalais dans la réforme du code général
des impôts intervenue en mars 2018, ces mesures fiscales incitatives ne
peuvent être prises en compte dans cette étude, en raison du temps
nécessaire pour leur mise en oeuvre. Par conséquence, nous
n'aborderons pas les incitations fiscales spécifiques aux
énergies renouvelables et aux biocarburants.
Ainsi, les mesures fiscales incitative dont il sera question
dans cette étude regroupent, non seulement les incitations à la
création d'entreprise, la gestion et l'exportation.
Aussi, en sus de l'étude des mesures fiscales
incitatives contenus dans le CGI, nous traiterons également des autres
mesures fiscales particulières de soutien à l'investissement et
aussi démontré leur limites malgré leur rôle majeur
dans le développement socioéconomique du Sénégal et
de la sous régions.
Ainsi les incitations fiscales sont motivées par la
suite d'objectif de politique fiscale ou dans le but de produire des effets
favorable en matière de commerce extérieure.
Les mesures fiscales incitatives, qui sont dérogatoires
au droit commun sont prévu soit par le code général des
impôts, soit par des textes spécifiques.16
Cependant pour mieux assurer le développement
économique, les pays africains dans leur quasi-totalité, ont mis
en place un dispositif incitatif d'incitation à l'investissement. Il
s'en est suivi une forme de concurrence entre pays, relevant souvent du
même espace économique, ce
16 Loi n° 2004-06 du 06
février 2004, modifiée, loi n°2012-31 du 31 décembre
2012 portant Code général des impôts.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 14
qui a créés dans certains cas des distorsions
dans l'application des législations communautaires ou
l'ineffectivité de ces dispositions.
On a remarqué que pendant longtemps les pays Africains
se sont lancés dans une course effrénée pour la mise en
place de dispositif d'incitations de plus en plus attractif en faveur des
investisseurs étrangers potentiels, ces dispositifs se sont traduits par
des mesures de faveurs allant de l'exonération pure et simple des
entreprises aussi bien sur la fiscalité de porte que celle
intérieure, à la délivrance d'attestations diverses
constituant des modalités de pratiques de prise en charges des divers
droits et taxes par les Etats, surtout en matière de TVA pour
éviter la rémanence de taxe et au non-paiement de certains taxes
en amont pour les entreprises agréées, ce jusqu'à la
réalisation d'opération taxable par l'entreprise
bénéficiaires etc.
De nos jours, il ressort de plusieurs études que
l'incitation fiscale à l'investissement est tributaire de variable
autres que la fiscalité, au titre de ces variable on peut citer
notamment La stabilité politique, la bonne gouvernance, la
fiabilité du système bancaire, la fiabilité du
système judiciaire, le marché de la main d'oeuvre, la
fiabilité de la législation sociale, l'existence d'infrastructure
etc.
Dans le cadre des assemblées sous régionaux et
régionaux, les Etats africains plus particulièrement les Etats
membres de l'UEMOA se tournent de plus en plus vers l'amélioration du
dispositif fiscal de droit commun pour le rendre plus incitatif, une
fiscalité simple et claire, des procédures administratives
allégées, un taux d'imposition marginal incitatif au niveau du
droit commun, un interlocuteur unique pour le contribuable...
Cependant, à l'instar de la plupart des pays africains,
le Sénégal connaît des mutations quantitatives et
qualitatives profondes. Ces mutations évoluent dans une conjoncture
nationale et internationale difficile, et pousse le pays à oeuvrer dans
des chantiers différents et à mener des actions qui visent
à moderniser son tissu économique et renforcer la
compétitivité de ses entreprises face à la concurrence
internationale.
Ces efforts se trouvent confrontés à des
handicaps variés à plusieurs niveaux et notamment sur le plan
fiscal. Il s'agit de tous les problèmes qui recouvrent à la fois
la nécessité d'instaurer un système fiscal conforme aux
exigences d'un tissu économique et social cohérent et
compétitif mais aussi la lutte contre les lacunes existantes en la
matière, ainsi que les différents types d'échappatoires
à l'impôt, qui restent, signalons-le, inhérents à
tout système fiscal.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 15
Ainsi, la politique fiscale mise en oeuvre par le
Sénégal depuis quelques décennies traduit la
volonté des pouvoir public de faire de la fiscalité un instrument
apte à mobiliser de façon optimale les ressources
nécessaires à la couvertures des charges publiques, à
promouvoir la croissance économique et à améliorer
l'environnement des affaires, la nécessité d'atteindre ces
objectifs à la fois multiple et variés, ce qui a conduit le
législateur Sénégalais à modifier à maintes
reprises le code général des impôts ( CGI), entrainant
ainsi une simplification du dispositif, aussi bien pour les praticiens de la
matière fiscale que pour les contribuables.
Au regard de ce qui précède, la
problématique suivantes a retenu notre attention dans le cadre cette
étude : Les mesures fiscales incitatives adoptées par le
Sénégal sont-elles efficaces ?
Ce sujet revêt à la fois un intérêt
théorique et pratique. D'une part, ce sujet revêt un
intérêt théorique en ce sens qu'il existe une controverse
doctrinale sur les mesures fiscales incitatives.
M. EL Hadji Dialigué BA affirme que « la
décision d'investissement est une variable stratégique de la
croissance. Les mesures fiscales qui tendent à la favoriser se
traduisent par la détaxation. De ce fait, la fiscalité est un
instrument de développement des structures économique en ce sens
qu'elle peut servir à augmenter le niveau des investissements
».17
En revanche, une autre partie de la doctrine considère
que ce n'est pas à l'Etat de dicter aux entreprises le choix de leurs
investissements. Ceux-ci doivent être décidés pour des
motifs de rentabilité économique, et non pour profiter
d'allègements fiscaux. C'est ainsi que Pierre Beltrame soutient que
« l'efficacité de l'aide fiscale aux investissements est
douteuse. Elle risque de provoquer dans certains cas un surinvestissement, et
dans d'autres cas une simple anticipation des programmes d'investissement.
»18.
D'autre part, ce sujet a un intérêt pratique, il
permettra d'apprécier l'impact des incitations fiscales en
matière d'investissement. Donc, cette étude mettra en
lumière la procédure de mise en oeuvre des mesures fiscales
incitatives au Sénégal, leur effectivité, d'en
apprécier l'efficacité compte tenu des objectifs et
finalités assignés. Par conséquent, cette étude
amènera à faire ressortir l'influence de la fiscalité en
tant que levier de développement.
La recherche scientifique exige au préalable le choix
d'une méthode de recherche. La méthode est le chemin que le
chercheur empreint pour appréhender son objet. Elle est fondamentale
17 EL HADJ, Op cit, p43
18 Pierre Beltrame, la fiscalité en France
Hachette, Paris, 13 ed, 2007-2008, p 148
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 16
d'autant plus que les résultats auxquels il parviendra,
dépendent largement de sa méthode de recherche. Dans le cadre de
notre travail, nous avons choisi comme méthode de recherche, l'analyse
critique des textes régissant les mesures fiscales incitatives, mais
aussi de la documentation des institutions chargées de la mise en oeuvre
et de l'évaluation de la politique en matière d'investissement au
Sénégal.
L'examen des mesures fiscales incitatives à
l'investissement au Sénégal met en évidence l'importance
de la simplification des procédures administratives liés à
la création d'entreprise, la réduction des formalités pour
la délivrance des agréments aux investisseurs et le soutient des
structures d'encadrement des entreprises et des investisseurs qui a fait du
Sénégal un pôle de croissance capable d'attirer les
investisseurs. Mais, aussi le rôle du cadre juridique et fiscal qui a
apporté les preuves d'une efficacité. C'est ainsi que nous,
aborderons en premier lieu, l'identification des mesures fiscales incitatives
(Première partie). Mais en termes d'incitation fiscale
le Sénégal ne peut pas tout faire ce qui nous amène
à nous interroger sur les limites des mesures fiscales incitatives
(Deuxièmes partie).
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 17
PREMIERE PARTIE: L'IDENTIFICATION DES MESURES
FISCALES
INCITATIVES.
La problématique de la croissance économique et
celle du bien-être social constituent les questions les plus lancinantes
et les plus préoccupantes dans tous les pays en particulier dans ceux en
voie de développement.
Ainsi, au Sénégal, la réforme du Code
Général des Impôts de 201219 a introduit un
système d'imposition basé sur un droit commun incitatif. Le
passage au droit commun incitatif a consisté à élargir
l'assiette fiscale20 et à rabaisser le niveau
général des impositions. Le droit commun incitatif se traduit par
un ensemble des dispositions fiscales applicables à tous les
contribuables et qui soient économiquement attractives et socialement
acceptables.
Il s'agit pour le législateur fiscal, «
d'ouvrir la possibilité à toute entreprise qui remplit
certaines conditions générales conformes aux objectifs de la
politique économique et sociale de l'Etat de bénéficier
d'importants avantages fiscaux, sans formalisme particulier ».
L'adoption de ce droit commun passe donc par le
dépérissement des régimes
dérogatoires21. Le législateur s'est orienté
vers un droit commun incitatif, à la suite de la suppression des mesures
fiscales dérogatoires dont l'efficacité et l'efficience ne sont
pas avérées. Ce qui permet de renforcer l'équité et
la performance du dispositif fiscal. Les réformes nécessaires
sont envisagées pour rendre le système fiscal globalement
incitatif.
L'ancien système est marqué par l'existence
d'impôts à taux élevés et à base
étroite et souffrant de nombreuses dérogations,
nécessaires à l'acceptation par les contribuables des taux
élevés. Dans cette situation, la simplicité des
règles facilite la gestion de l'impôt et garantit sa bonne
application. L'assiette large et le taux moyen ou taux marginal faible sont des
gages d'équité et de civisme fiscal22.
C'est dans cette optique que notre étude sera
orientée vers les fondements des mesures fiscales (chapitre I) et pour
mieux les diagnostiquer nous allons voir leurs manifestations (chapitre II).
19 Loi N° 2012-31 du 31 décembre 2012
publiée au JO N°6706 du 31-12-2012
20 Une assiette fiscale est un montant qui sert de
base au calcul d'un impôt ou d'une taxe. Le montant de l'impôt
dû sera le plus souvent obtenu par multiplication de l'assiette par un
taux. ... L'assiette fiscale d'un pays représente la quantité de
revenus générés par ses citoyens sur lequel un impôt
peut être prélevé.
21 Les niches fiscales, appelées
également dérogations fiscales ou dépenses fiscales,
désignent les avantages fiscaux dont peuvent bénéficier
les contribuables pour diminuer le montant de leur impôts, dès
lors qu'ils remplissent certaines conditions.
22 Le civisme fiscal c'est l'accomplissement
volontaire par les contribuables, de leurs obligations fiscales. Il se traduit
par le remplissage des déclarations fiscales, leur dépôt
dans les délais ainsi que le paiement spontané de l'impôt
dû. A partir de cette définition, on constate que le civisme
fiscal est une question d'état d'esprit.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de
l'Ingénierie Financière et Fiscale Page 18
CHAPITRE I : LES FONDEMENTS DES MESURES FISCALES
INCITATIVES
Il est important de souligner que le caractère
incitatif d'un système fiscal ne doit pas se lire sous le seul prisme
des niveaux d'imposition.
En effet, outre l'allègement de la charge fiscale, la
simplification de la norme y compris celle relative aux procédures et au
renforcement de l'équité dans le but d'éviter les
distorsions de concurrence et de préserver l'équité
horizontale, constituent des facteurs incitatifs pour les contribuables. C'est
d'autant plus pertinent que des dispositions plus simples rendent la norme
fiscale plus intelligible tandis que des procédures plus simples en
facilitent le respect des obligations fiscales. Il apparaît dès
lors que la simplicité et l'équité sont des facteurs de
promotion du consentement volontaire à l'impôt et contribuent
à rendre le système fiscal plus incitatif, au même titre
que l'allègement du fardeau fiscal qui s'opère à travers
l'adoption de niveaux d'imposition plus faibles. C'est pourquoi, dans son
rapport « Doing Business », la Société
financière internationale (SFI), filiale du Groupe de la Banque
mondiale, inscrit les éléments de procédures au rang des
facteurs déterminants de l'amélioration de l'environnement des
affaires, notamment en matière fiscale.
Ainsi, les lignes directrices de la mise en place d'un DCI
sont la simplification, le renforcement de l'équité et
l'amélioration de l'efficacité du système fiscal à
travers, notamment, l'élargissement de l'assiette.
Ainsi, l'idée dans ce chapitre est d'essayer de
transcender les lettres du texte de la loi portant code général
des impôts23 afin d'explorer les réalités qui se
cachent derrière celle-ci. Autrement dit, il s'agit d'interpréter
les dispositions du code relatives aux fondements sociaux mais aussi des
fondements économiques.
Pour ce qui concerne ces fondements, il n'est pas surprenant
de constater que les enjeux sociaux sont plus importants que ceux
économiques d'autant plus que l'Etat se soucie plus du social que de
l'économie. C'est pourquoi les justifications sociales que nous
tenterons d'apporter dans cette présente partie seront beaucoup plus
substantielles que celles économiques.
23 Texte de loi voté par l'assemblée
nationale, le 27-12-2012
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de
l'Ingénierie Financière et Fiscale Page 19
SECTION 1 : les fondements sociaux.
L'impôt est un phénomène complexe, il est
certes étroitement tributaire des impératifs économiques,
mais il constitue aussi, en tant qu'acte de puissance publique, un
élément essentiel du pouvoir politique.
Ainsi, la fiscalité définie comme instrument de
politique économique et sociale semble être utilisée par
les pouvoirs publics dans l'optique de répondre aux nombreuses questions
sociales qui les interpellent. Conscient des problèmes sociaux auxquels
sont confrontées les populations, l'Etat juge nécessaire
d'exonérer certaine catégorie d'impôts par des mesures qui
permettent d'assurer une meilleure équité sociale et soutenir les
populations démunies24 à avoir accès à
un emploi décent et aux services sociaux de base.
Ces mesures peuvent généralement visées
l'accès sans entrave aux besoins primaires par la quête du
bien-être social et le renforcement du tissu social.
Paragraphe 1 : La quête d'un bien-être
social
Il est indéniable que les incitations fiscales
poursuivent un dessein/objectif social. Elles peuvent ainsi participer à
la quête inlassable par les populations d'une vie sécuritaire et
prometteuse. Celle-ci s'explique par une volonté des pouvoirs publics
d'assurer aux citoyens l'accès à un emploi décent et aussi
faciliter l'accès aux services sociaux de base.
A- La création de l'emploi
Sous l'effet de la crise économique et
financière, le taux de chômage à grimper dans certains pays
de la sous-région Ouest-Africaine. Cette croissance a conduit le
Sénégal et certains pays membres de l'UEMOA à envisager
une réforme fiscale afin de lutter contre le chômage de longue
durée, dans le même temps les responsables de la politique fiscale
s'interrogent sur les moyens d'atténuer les fortes contre incitation au
travail que les systèmes fiscaux génèrent souvent.
La finalité sociale de l'impôt, notamment
l'impôt sur le revenu25 des personnes physiques a une
incidence sur l'incitation au travail et l'offre de main d'oeuvre, le poids des
prélèvements
24 Qui sont privé de ressources de quelque
genre que ce soit.
25 Article 47 du nouveau CGI « il est
établi au profit du budget de l'Etat, un impôt annuel unique sur
les revenus de sources sénégalaise et/ ou étrangère
des personnes physiques désigné sous le nom d'impôt sur le
revenu »
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 20
obligatoires constitue un frein à l'embauche. Tout
prélèvement fiscal diminue la capacité financière
de l'entreprise, ce qui limite la possibilité d'embaucher du
personnel.
L'imposition de la masse salariale telle que la contribution
forfaitaire à la charge de l'employeur est de nature à
décourager l'emploi de main d'oeuvre. Une telle distorsion favorise les
investissements qui économisent la main d'oeuvre, aux dépens des
branches. L'ampleur des incidences que la fiscalité peut exercer sur la
demande de main-d'oeuvre est largement tributaire de la nature de l'impôt
prélevé. Une augmentation de l'impôt sur le revenu des
personnes physiques peut inciter les salariés à revendiquer un
prélèvement de leur salaire nominal pour défendre leur
revenu réel net d'impôt ce qui peut avoir pour effet
d'élever le prix de la main d'oeuvre par rapport à celui du
capital.
Ainsi, quant à la politique fiscale de l'emploi, elle
consiste à détaxer directement ou indirectement l'emploi.
Quelques formes d'incitations fiscales créatrices d'emploi que le
Sénégal pourrait adopter pour renforcer les incitations au
travail seraient.
D'abord d'introduire (ou développer) des crédits
d'impôts sur le revenu du travail visant les travailleurs à bas
revenus. Néanmoins, ces crédits doivent être conçus
avec soin, car leur retrait, lorsque le revenu augmente, peut avoir un effet
dissuasif sur le travail.
Ensuit accorder aux seniors des allègements fiscaux en
fonction de l'âge, plutôt que des avantages liés à la
retraite, et! ou abaisser leur cotisation de sécurité sociale.
En fin passer d'une imposition par foyer fiscal à une
imposition individualisée (11 pays de l'OCDE appliquent l'imposition par
foyer fiscal sous une forme ou sous une autre) et! ou réduire ou
éliminer les abattements pour conjoint.
B - L'accès aux services sociaux de base
Les incitations fiscales visant à améliorer le
niveau de vie des citoyens, occupent une place de plus en plus importante dans
les politiques fiscales. L'interventionnisme est pratiqué de
manière massive depuis très longtemps. Mais il avait surtout une
vocation économique et sociale.
C'est pourquoi sur le plan social, la fiscalité reste
un outil de promotion d'un meilleur accès aux services sociaux que sont
l'éducation, le transport, la santé, l'habitat etc.
En d'autres termes, le souci pour l'Etat d'offrir aux
populations un enseignement de qualité et un accès sans encombre
aux soins de santé pourrait fiscalement se traduire par
l'exonération des prestations scolaires, de livraison de
médicaments et de produits pharmaceutiques dont leur liste est
fixée dans le livre 3 du code général des impôts. Il
en est de même de l'exonération
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 21
des tranches sociales d'eau et d'électricité
pour promouvoir de surcroit l'habitat social et une meilleure distribution
d'eau et d'électricité.
C'est ainsi que dans le domaine de l'habitat, la
fiscalité peut être conçue comme un moyen susceptible de
promouvoir le développement de l'habitat par le biais des
exonérations, cela s'explique par le fait que les immeubles
occupés par les propriétaires principaux ou pensionnés
sont exonérés d'impôt fonciers notamment de la contribution
foncière des propriétés bâties ou non bâties
respectivement à hauteur 1 500 000 et de 1 800 00026. Cet
avantage fiscal nous semble être un moyen pour encourager et inciter les
populations à construire davantage.
Paragraphe 2 : La reconstitution du tissu social
La bonne gestion des dépenses fiscales et de leur
redistribution constitue un facteur déterminant pour les pouvoirs
publics dans leur politique économique et sociale.
C'est pourquoi cette reconstitution du tissu social se
manifeste par le renforcement de l'équité fiscale (A) et la
revalorisation des revenus de rentes et des pensions (B).
A -Le renforcement de l'équité
fiscale
Le processus d'approbation des incitations fiscales peut
associer plusieurs parties prenantes, mais en dernière analyse, le mieux
est que la consolidation de ces mesures relève de l'autorité du
ministre des finances et de l'économie, et que la responsabilité
de leur mise en oeuvre et de leur suivi incombe à l'administration
fiscale.
C'est pourquoi, la transparence doit être
nécessaire pour faciliter l'établissement de rapport et
réduire les possibilités de recherche, de rente et de corruption.
Les incitations fiscales doivent donc être soumises au processus
législatif et intégrées dans la loi fiscale, et leur
coût budgétaire doit être examiné chaque année
dans le cadre de l'examen des dépenses fiscales.
Dans la mesure du possible, l'octroi d'incitation fiscale doit
être fondé sur des règles plutôt que sur le pouvoir
discrétionnaire. Malgré des obstacles d'ordre politique,
plusieurs pays de la sous-région, en particulier le
Sénégal, sont parvenus à reformer leur régime
fiscal.
Il est important de veiller à ce que l'impôt ne
soit pas considéré comme une contrainte mais soit
également perçu comme un facteur de création de lien
social et de solidarité. En effet, dans un monde en mutation, la
cohésion sociale, facteur de stabilité, doit être au centre
des
26 Article 285 alinéa 9 et
10) de la loi 2012-31 modifier par la loi 2015-06 du 23 mars 2015 modifiant
certaines dispositions du CGI.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 22
préoccupations. Notre système de création
et de redistribution des richesses, notre capacité à faire
développer la classe moyenne et à évoluer son pouvoir
d'achat ont toujours été ciblées dans le sens de plus
d'efficacité, mais également dans le sens davantage de justice et
d'équité sociale.
L'équité et la justice ne sont pas l'apanage des
sciences politiques et sociales. Le droit fiscal s'attache aujourd'hui de plus
en plus à l'éthique et à la justice fiscale. Ceci explique
que la fiscalité ne se contente plus de drainer des ressources
nécessaires à la couverture des charges publiques mais tente
d'instaurer une équité fiscale par le mécanisme des
exonérations d'ordre social en vue d'éviter le maximum possible
de distorsions sociales.
C'est dans ce contexte que la loi 2012-31 du 31
décembre 2012 modifiée par celle de 2015-06 du 23 mars 2015
modifiant certaines dispositions du CGI, a accordé plusieurs
exonérations sur certains biens pour répondre aux
préoccupations d'équité et de justice fiscale. A titre
d'exemple, on peut citer l'exonération des biens immobiliers et de
consommation en matière de taxe sur la valeur ajoutée et de
contribution foncière des propriétés bâties et non
bâties27.
En effet, le principe d'équité fiscale voudrait
que tous les contribuables supportent, dans les mêmes proportions, la
charge fiscale. Ce principe postule l'idée suivant laquelle les
personnes les plus nanties supportent les charges fiscales dans des conditions
semblables à celles des personnes nécessiteuses en
considération de leurs revenus.
En bref, en dehors des avantages que les exonérations
fiscales à caractère social procurent en matière de
consommation et de construction, elles jouent un rôle très
important dans la consolidation d'équité et de justice sociales.
Les exonérations fiscales peuvent aussi être accordées pour
soutenir certaines catégories socio professionnelles.
B -La revalorisation des revenus de rentes et des
pensions
Par définition, une rente est une somme d'argent
versée de manière régulière a une personne
jusqu'à son décès.
C'est pourquoi, l'un des fondements sociaux des mesures
fiscales s'entend par la volonté de l'Etat de soustraire de
l'impôt, les revenus fonciers des pensionnés ou des rentiers
lorsque le montant de leur revenu net global ne dépasse pas 1 800 000
pour le calcul de l'impôt sur le revenu (IR)28. En effet,
beaucoup de pensionnés après la retraite se retrouvent dans
une
27 En vertu des dispositions des articles 361 et
285 de la loi portant code général des impôts
modifiés par la loi 2015-06 du 23 mars 2015 modifiant certaines
dispositions dudit code
28 Article 285 dernier alinéa de la loi 2012-31
modifié par celle de 2015-06 du 23 mars 2015.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 23
indigence notoire. D'autres travailleurs en exercice peuvent
être dans cette même situation au crépuscule de leur
retraite. Ils demeurent toujours confrontés à des
difficultés financières pour joindre les deux bouts. Pour
certains, les immeubles qu'ils ont construits durant l'exercice de leur
profession restent leur principale source de financement hormis la pension. Ils
donnent en bail une partie de leurs biens immobiliers pour couvrir certaines
dépenses en vue de vivre décemment.
Par ailleurs, les exonérations fiscales d'ordre social
sont un facteur de réduction de la pauvreté et de promotion de la
classe sociale la plus modeste. En effet, elles visent à faciliter aux
personnes nécessiteuses l'accès aux denrées de
première nécessité et aux services sociaux de base.
Les incitations fiscales ne présentent pas seulement un
fondement social, elles peuvent en outre être justifiées par des
fondements d'ordre économique que nous tenterons d'aborder dans la
prochaine section.
Section 2 : Les fondements économiques
La finalité économique de l'impôt renvoie
à la terminologie d'intervention fiscale29. A toutes les
étapes du circuit économique, l'impôt produit des effets
stimulateurs ou restrictifs. C'est pourquoi, l'objectif est de créer un
environnement des affaires suffisamment compétitif pour attirer les
investissements privés et étrangers. C'est ainsi que des mesures
fiscales incitatives d'ordre économique sont à déceler
pour appuyer le fondement économique des incitations fiscales, cela se
traduit par un assouplissement de la charge fiscale (Paragraphe 1), mais aussi
par la promotion de la croissance économique (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : L'assouplissement de la charge fiscale
Le caractère adoucissant d'une fiscalité
pourrait être justifié par l'affranchissement à une
inflation des prix des biens et par la diminution du taux de pression
fiscale.
29 G.ORSINI, L'interventionnisme fiscal, Paris PUF,
Collection Fiscalité, 1995
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de
l'Ingénierie Financière et Fiscale Page 24
A- La lutte contre l'inflation des prix
A l'instar de cette tendance mondiale, le Sénégal
s'est lancé dans un véritable élan
d' « ingénierie fiscale » tendant à
assouplir son système fiscal. Une telle option a un coût
budgétaire, à cause des dépenses fiscales qu'elle
engendre. Ce qui nous amène à s'interroger sur son
efficacité, c'est-à-dire la capacité des leviers
d'intervention fiscaux à atteindre les objectifs qui leurs sont
fixés30. La fiscalité constitue un palier essentiel du
cadre normatif qui favorise l'investissement et la croissance. Une bonne
politique fiscale améliore l'environnement dans lequel les entreprises
exercent leurs activités. Elle encourage les échangent
internationaux et les investissements qui permettent de promouvoir la
croissance économique.
D'un côté la fiscalité peut influencer la
décision d'investissement motivée par la maximisation du profit.
De l'autre côté, elle peut stimuler le développement des
entreprises locales.
Du latin « inflare » signifiant enflé,
gonflé, l'inflation est définie comme une
augmentation durable, générale et auto-entretenue des prix, des
biens et des services. Elle est caractérisée par l'accroissement
de la circulation de la monnaie (masse monétaire).
Le taux de l'inflation est généralement
mesuré à partir de l'indice des prix à la consommation
(IPC). En d'autres termes, l'inflation s'entend comme l'augmentation du prix de
denrées et elle a des conséquences nocives sur le pouvoir d'achat
des ménages dans la mesure où elle l'affaiblit.
Ce risque d'inflation, avec toutes les conséquences
qu'il pourrait engendrer, peut être justifié dans une certaine
mesure par la politique fiscale de l'Etat d'exonérer d'impôts et
taxes certains biens de consommation. Ainsi, nous constatons que l'inflation a
des conséquences négatives sur l'économie et sur
l'impôt lui-même. La lutte contre un tel phénomène
constitue une priorité pour tout Etat en particulier celui du
Sénégal.
L'impôt est un des moyens de lutte contre l'inflation
car l'inflation à un impact négatif sur le bon fonctionnement du
système fiscal31. Le régime d'imposition tel que les
tarifs spécifiques ne sont pas adaptés à l'inflation car
les rendements ne suivent pas la hausse des prix.
Cependant, l'accroissement nominal des revenus en
période d'inflation conduit à l'assujettissement des personnes
non imposées jusqu'à là, et pour beaucoup d'autres, des
tranches modérées a des tranches plus élevées avec
des taux d'imposition plus importants.
30 Promotion de l'épargne
intérieure, de l'investissement, de la croissance.
31 Op cit Page 43
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 25
Concernant la situation financière des entreprises,
l'inflation peut entrainer l'apparition des plus-values purement nominales
tandis que le mécanisme de l'amortissement ne permet pas la
récupération intégrale de l'investissement.
En revanche, l'inflation favorise le paiement de l'impôt
sur le revenu du fait de décalage entre le moment de la perception du
revenu imposable et le paiement de l'impôt.
L'efficacité de l'instrument fiscal comme moyen de
lutte contre l'inflation est fonction de la nature de l'impôt en cause.
L'impôt sur le revenu (IR) a un effet anti inflationniste
spontané. Il est généralement non
récupérable et se traduit par une imputation des revenus.
De ce fait l'impôt sur le revenu contribue à
freiner la demande. La sensibilité de la taxe sur la valeur
ajoutée (TVA) à la conjoncture et son importance dans les
recettes fiscales font de cet impôt également un instrument anti
inflationniste majeur.
Les différents niveaux d'inflation sont les suivants :
D'abord la Stabilité des prix c'est-à-dire quand le
taux d'inflation est inférieure à 2 % ; Ensuite l'inflation
rampante c'est quand le taux varie de 3 à 4 % par an ;
En fin l'inflation ouverte c'est quand elle est de 5 à 10
% de hausse ;
Quant à l'inflation galopante ou hyperinflation c'est
quand elle dépasse plus de 20 %.
B - La réduction du taux de pression fiscale
Il n'y a que trois grandes sources de recettes fiscales pour
le Trésor : le revenu, la consommation et le capital. Une trop forte
pression fiscale sur l'un ou sur l'autre finit par tarir la source et engendre
distorsions et inégalités.
Les débats sur la fiscalité s'appuient bien
souvent sur une appréciation et sur un chiffrage du poids de
l'impôt dans l'économie. La pression fiscale définit
l'importance relative d'un impôt ou d'un groupe d'impôt dans
l'économie nationale. Selon PIERRE BELTRAME32 la pression
fiscale établit le rapport existant entre le montant des impôts
prélevés sur une base d'imposition donnée et la valeur de
la potentielle notion de ces bases d'imposition, le taux d'imposition implicite
permet de comparer, par exemple, la pression fiscale moyenne frappant le
travail salarié avec celle grevant le capital ou la consommation.
La pression fiscale concerne les grandeurs ou agrégats
économiques. Par exemple on exprime le poids des impôts en
pourcentages des produits intérieurs bruts (PIB) pour mesurer l'emprise
de l'Etat sur les contribuables, ou bien pour mesurer la pression sur les
entreprises. La somme
32 PIERRE BELTRAME « La fiscalité en
France » ; 13ème édition 2007, Ed HACHETTE.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 26
totale des impôts sur le bénéfice qu'elles
paient est mise en rapport à la somme total de leurs
bénéfices.
Plus la pression fiscale globale est lourde, plus la
probabilité est forte que l'impôt découragera inutilement
l'activité économique privée, l'épargne et les
investissements et y induira des distorsions : limitation de la taille de
l'Etat, maintien des impôts à un niveau relativement bas,
évasion fiscale, etc.
Ainsi, le taux de pression exprime le plus souvent le rapport
exprimé en pourcentage entre les recettes fiscales et le PIB nominal
dans une économie.
Il est déterminé par la formule suivante :
Taux de pression fiscale = (RF/PIB) x100 ou PF=RF/PIB.
L'exonération de certains biens patrimoniaux ou de
consommation ou sur les salaires permet de réduire la pression fiscale
chez les ménages.
Etant entendu que l'augmentation du taux d'imposition peut
influer non seulement sur les comportements des ménages, mais
également et surtout sur le niveau de prélèvement. Ainsi,
nous renseigne LAFFER33, un économiste de renom, que tout
alourdissement du taux d'imposition au-delà de certain seuil provoque
une baisse du montant des recettes fiscales : « trop d'impôt tue
l'impôt » a-t-on l'habitude de dire. Ainsi, les recettes
fiscales sont une fonction croissante du taux d'imposition jusqu'à un
seuil maximal (correspondant au sommet de la courbe Laffer). Au-delà de
ce seuil, les recettes fiscales sont une fonction décroissante du taux
d'imposition.
Afin d'expliquer que les recettes fiscales baissent à
partir d'un certain seuil d'imposition, on fait appel aux notions
microéconomiques d'effets de substitution (ES) et d'effet de
revenu (ER). L'augmentation du taux d'imposition (t) a deux
effets sur l'arbitrage d'un agent entre le temps de loisir et le temps de
travail :
- Un ES : si t augmente, le salaire net
diminue ce qui incite l'agent à diminuer son temps de travail au profit
du loisir ;
- Un ER : si t augmente le revenu disponible
diminue ce qui peut inciter l'agent à travailler davantage pour
retrouver son revenu de départ.
L'impact final d'une hausse de t sur l'offre de
travail dépendra donc de l'ampleur de ces deux effets. Selon LAFFER,
l'ES l'emporte sur l'ER ce qui conduit à une
réduction de l'assiette fiscale. Et cette dernière influe sur le
niveau de prélèvement de recettes. Partant de la pensée de
LAFFER, les exonérations fiscales d'ordre social permettent de
réduire les contre incitations à
33 ARTHUR BETZ LAFFER né le 14 aout 1940 aux
u.s.a., enseignant à l'université stanford.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 27
participer au marché du travail surtout pour les
ménages à bas revenu. En effet, plus le revenu est fortement
imposé, moins le salarié a de l'ambition pour le travail.
En somme, sur le plan économique, les mesures fiscales
sont un levier sur lequel s'appuient les pouvoirs publics pour lutter contre
l'inflation dans une certaine mesure et être en conformité avec
les critères de convergences définies par
l'UEMOA34.
Au-delà de leur fonction de réduction de la
pression fiscale, les mesures incitatives peuvent également être
considérées comme un moyen pour stimuler l'épargne et
booster la croissance économique.
Paragraphe 2 : La promotion de la croissance
économique
Pour contrôler l'équilibre
macroéconomique, assurer la croissance et tendre vers le plein emploi,
on distingue habituellement les politiques centrées sur la demande
visant au soutien ou à la relance de l'activité
économique, des politiques privilégiant l'offre favorables
à l'épargne et/ou cherchant à améliorer la
compétitivité des entreprises.
A- L'accroissement de l'épargne
Au Sénégal, une politique économique et
sociale est définie par l'Etat pour conduire le pays sur la voie de
l'émergence à l'horizon 2035, grâce à une
transformation structurelle de l'économie. Le support de cette politique
est le Plan Sénégal Emergent35
C'est dans cette optique que les pouvoirs publics s'appuient
sur plusieurs instruments de politique économique, en vue de participer
à une redynamisation de notre économie parmi lesquels, figure en
bonne place l'incitation à l'épargne. Celle-ci se manifeste par
une imposition modérée des revenus des citoyens.
Pour promouvoir également le développement au
niveau de l'investissement, le volet fiscal pourrait constituer un important
moyen pour accompagner le gouvernement dans ces objectifs. L'épargne
correspond à la partie du revenu d'un ménage ou d'une entreprise
qui durant une période donnée, n'est pas affectée à
la consommation.
34
http://www.uemoa.int
35 PSE, établi en 2014.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 28
Le Professeur SALIOU SECK36, dans sa publication
parue en août 2003 intitulé « impact de la
libération financière sur l'épargne domestique : cas du
Sénégal » affirmait en substance que la croissance de
la production de toute économie dépend entre autres de
l'accumulation du capital qui a son tour, requiert une épargne
suffisante pour satisfaire l'investissement nécessaire. Il existe deux
types d'épargne, c'est-à-dire la somme de l'épargne
publique et de l'épargne privée. Cette dernière
étant constituée de l'épargne de l'entreprise et des
ménages est insuffisante dans les pays en développement. Le
Sénégal ne déroge pas à la règle car son
épargne est relativement faible.
Elle était égale à 9,6% du PIB en 1970,
devient négative dans les années 80 puis s'établit
à 11,8% du PIB en 2000. L'épargne nationale a globalement
représenté 17,3% du revenu national brut disponible sur la
période 2001-200937
Cette évolution aux antipodes des justifications
économiques marquée par la conjoncture économique à
l'époque peut avoir des explications fiscales. Compte tenu du rôle
de l'épargne eu égard du financement de l'économie et de
la satisfaction des besoins futurs des ménages conformément
à la conception de CHARLES GIDE38 de l'épargne qu'il
définit à travers deux acceptations : l'épargne
économie et l'épargne prévoyance, les pouvoirs publics ont
jugé nécessaire de poursuivre leur combat pour sa stimulation.
Pour preuve, les réformes fiscales entreprises par le
Sénégal jusqu'en 2004 n'avaient-elles pas donné une place
de choix à l'épargne. En vertu de la loi de 200439 des
efforts ont été consentis en faveur des contribuables personnes
morales, par un allègement du fardeau fiscal.
Aussi, des mesures d'une grande envergure doivent-elles
être consenties au profit des ménages dont la capacité
financière a été affectée par la crise
économique.
Le moment était venu d'accéder à cette
demande sociale récurrente de revalorisation du pouvoir d'achat
notamment des salariés.
Pour cela, il a été décidé de
revoir en profondeur le système de fiscalisation des revenus des
personnes physiques dans leur niveau d'imposition. Cette volonté a
été matérialisée par une refonte du système
de l'impôt sur le revenu avec l'accord d'exonérations et surtout
avec l'application du barème progressif quant à la liquidation de
l'impôt sur le revenu.
36 Economiste sénégalais et auteur de
« impact de la libéralisation financière sur
l'épargne domestique : cas du Sénégal » 87
pages
37 ANSD (rapport sur l'investissement et
l'épargne au Sénégal)
38 Cours d'économie politique, p.531 et 535.
39 Loi N° 2004-12 du 06 février 2004
modifiant certaines dispositions du CGI
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 29
Pour une revalorisation de l'économie, l'Etat pourrait
avoir besoin de l'épargne. En effet, l'épargne permet à
l'Etat d'assouvir son besoin de financement. Aujourd'hui le taux
d'épargne nationale a atteint 17,3%.
Notre analyse ne sert pas de péremptoire en ce qui
concerne l'impact de la fiscalité dans la stimulation de
l'épargne.
Mais, on peut, par ailleurs, retenir que si elle n'est pas
absolument le facteur déterminant de la variation du taux
d'épargne au Sénégal, elle en est par conséquent un
qui concourt à son évolution.
Comme défini, l'épargne permet aux
ménages d'avoir une autonomie financière pour satisfaire sans
aucune difficulté à leurs besoins futurs. L'épargne permet
également de financer le développement national.
L'accroissement de l'épargne n'est pas le seul
fondement économique, l'accroissement de l'investissement aussi joue un
rôle déterminant dans cette partie.
B- L'accroissement de l'investissement
Du latin « investire », revêtir,
couvrir ou encore entourer, l'investissement est l'action
d'investir, c'est-à-dire d'acquérir de nouveaux
moyens de production, d'améliorer leur rendement ou de
placer des capitaux dans une activité économique, dans une
entreprise ou dans d'autres actifs tel que les biens immobiliers. Le moteur de
l'investissement est la perspective d'en retirer un profit.
Pour Keynes40, l'investissement dépend de
l'efficacité marginale du capital et du taux d'intérêt. En
fait, les dépenses en biens d'investissement dépendent
principalement de deux variables qui sont d'une part le rendement attendu de
l'investissement, dit efficacité marginale du capital et d'autre part le
taux d'intérêt ou coût d'emprunt contracté pour
financer l'acquisition du bien d'investissement.
Pour une efficacité marginale donnée,
l'investissement apparaît comme une fonction décroissante du taux
d'intérêt. Le niveau du taux d'intérêt est donc la
variable incitatrice ou des incitatrices privilégiées du
processus d'investissement. Dans l'analyse Keynésienne, l'investissement
est considéré comme autonome, c'est-à-dire
indépendant du revenu.
40 John Maynard Keynes, né le 05 juin 1883
à Cambridge.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 30
En effet, investir consiste à engager une importante
dépense aujourd'hui afin d'obtenir un bénéfice dans le
futur. La décision relative à un investissement est prise en
comparant le profit
espéré avec le taux d'intérêt d'un
placement financier.
Dans une entreprise, la distinction entre
investissements et charges est établie sur le fait que l'investissement
modifie durablement le cycle d'exploitation et permet sa croissance, tandis que
la charge correspond à ce qui est "consommé."
La décision d'investir est une variable
stratégique de la croissance. Les mesures fiscales qui tendent à
la favoriser se traduisent par la détaxation. De ce fait, la
fiscalité est un instrument de développement des structures
économiques en ce sens qu'elle peut servir à augmenter le niveau
des investissements. Toutefois les exonérations doivent faire l'objet
d'une rationalisation du système fiscal et favoriser l'efficacité
de l'impôt. Cependant, la fiscalité constitue un pilier essentiel
du cadre normatif qui favorise l'investissement de la croissance.
Une bonne politique fiscale améliore l'environnement
dans lequel les entreprises exercent leurs activités41. Elle
encourage les échanges internationaux et l'investissement et permet
aussi de promouvoir la croissance économique.
D'un côté, la fiscalité peut influencer la
décision d'investir motivée par la maximisation du profit, de
l'autre, elle peut stimuler le développement des entreprises locales.
L'augmentation de la charge fiscale d'ensemble est susceptible
de freiner la croissance. C'est la raison pour laquelle les incitations
fiscales visant à manipuler les comportements des agents
économiques occupent une place de plus en plus importante dans la
politique fiscale.
Par ailleurs, l'importance de la fiscalité comme
instrument d'attraction des investissements étrangers doit être
relativisée. Toutefois, il faut noter qu'elle est loin d'être le
facteur le plus important comparé aux investissements ou à la
stabilité politique, par exemple.
Nous dirons donc que les incitations fiscales
génèrent des coûts supplémentaires en termes de
ressources, tant pour l'Etat qui les administre que pour les entreprises, qui
doivent se conformer aux obligations qui y sont attachées.
41 Amadou Op cit. Page 44
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de
l'Ingénierie Financière et Fiscale Page 31
CHAPITRE II : LES MANIFESTATIONS DES MESURES FISCALES
INCITATIVES.
Dans le souci d'accroitre les recettes fiscales pour assurer
les missions régaliennes, la fiscalité incitative, s'avère
un outil efficace pour accompagner le gouvernement du Sénégal
dans son Plan Sénégal Emergent
En effet, depuis la réforme du CGI42,
apparait la notion de droit commun incitatif qui consiste à une
généralisation des dispositions d'incitations à
l'investissement les plus efficaces et les mieux ciblées par rapport aux
objectifs visés.
Ce droit commun incitatif qui traverse tout le projet du Code
concerne toutes les catégories d'impôts.
En matière de fiscalité directe, l'adoption du
droit commun incitatif peut être structurée autour d'un certain
nombre de réformes concernant l'impôt sur les
sociétés (IS), l'impôt sur le revenu des personnes
physiques, la retenue à la source sur les revenus de valeurs
mobilières, la patente, la contribution foncière des
propriétés bâties (CFPB) et la contribution forfaitaire
à la charge de l'employeur (CFCE).
En matière d'impôt sur les
sociétés, le taux d'affichage est un élément
important. Toutefois, le taux effectif d'imposition reste
l'élément le plus important pour mesurer la pression fiscale sur
l'entreprise. C'est pourquoi, l'option a été prise de mettre
davantage l'accent sur les règles de détermination de la base
imposable pour rendre cet impôt plus attractif. Sous ce rapport,
l'introduction d'un dispositif de crédit d'impôt aussi bien pour
les nouvelles entreprises que pour celles procédant à des
extensions constituerait une incitation efficace.
Enfin, des techniques d'amortissement plus
intéressantes pourront être introduites dans le dispositif de
détermination de la base imposable à l'IS tandis que le
dispositif de réévaluation de bilan avec effet fiscal positif
fait l'objet d'une réflexion.
Parmi ces mesures fiscales généralisées
figure en bonne place celles qui ne sont pas liées à
l'investissement (Section 1), mais aussi celles qui sont liées à
l'investissement (Section 2).
42 Loi N° 2012-31 du 31 décembre 2012
Publiée au JO N° 6706 du 31-12-2012
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de
l'Ingénierie Financière et Fiscale Page 32
SECTION 1 : les mesures fiscales incitatives non
liées à l'investissement
Il existe certaines mesures fiscales qui sont d'ordre interne
à l'entreprise et concernent surtout l'IS. Nous pouvons dire que ces
mesures fiscales ne sont pas liées à l'investissement mais
plutôt des avantages octroyés aux entreprises soumises à
l'impôt sur les sociétés.
Parmi ces mesures on retrouve l'exonération à
l'IS de la plus-value sur cession d'immobilisation (paragraphe 1), ainsi que de
l'imputation des résultats déficitaires (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Exonérations à l'IS de la
plus-value sur cession d'immobilisation.
L'impôt sur les sociétés (IS) est un
impôt direct. Il s'applique aux bénéfices
réalisés au cours d'un exercice correspondant à
l'année civile, c'est-à-dire du 1er Janvier au 31
décembre. Au Sénégal, le taux de l'IS est de 30 %.
Toutefois, aux termes des dispositions de l'article 19 du Code
précité, elle peut bénéficier d'une
exonération lorsque certaines conditions sont réunies.
A- Les conditions de l'exonération
Les conditions de l'exonération sont à deux
niveaux : les conditions de fond (1) et les conditions de forme (2).
1. Les conditions de fond
Le champ d'application de l'IS est défini par l'article
3 du Code Général des Impôts qui énonce le principe
de la territorialité de l'impôt. En ces termes «
l'impôt sur les sociétés est dû à raison des
bénéfices réalisés au Sénégal. Sont
réputés réalisés au Sénégal, les
bénéfices provenant des entreprises exploitées au
Sénégal ».
Suivant ce principe, une société est assujettie
à l'IS au titre des bénéfices imputables à une
entreprise exploitée au Sénégal.
Parmi ces exonérations citées ci- haut se trouve
la plus-value réalisée sur cession d'immobilisation.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 33
En règle générale, une plus-value est
imposable lorsqu'elle est réalisée43. Elle est alors
comprise dans les produits de l'exercice au cours duquel elle est
réalisée.
Les plus-values provenant de la cession en cours
d'exploitation des éléments de l'actif immobilisé ne sont
pas comprises dans le bénéfice imposable de l'exercice au cours
duquel elles ont été réalisées si certaines
conditions de fond sont réunies44. En effet, le
réinvestissement doit, d'abord être effectué avant
l'expiration d'un délai de 3 ans à partir de la clôture de
cet exercice, ensuite correspondre à une somme au moins égale au
montant de ces plus-values ajoutées au prix de revient des
éléments cédés, en fin les fonds consacrés
au réinvestissement doivent provenir soit des bénéfices
antérieurs mis en réserve, soit de bénéfices
réalisés au cours du délai de réinvestissement.
2. Les conditions de forme
La condition de forme est que le contribuable doit
rédiger une demande d'exonération à annexer à la
déclaration des résultats de l'exercice de cession.
Pour que la plus-value soit exonérée, le
contribuable doit prendre l'engagement de réinvestir en immobilisations
dans les entreprises installées au Sénégal dont il a la
propriété. Cet engagement de réinvestir doit être
égal à la plus-value majorée du prix de revient de
l'immobilisation cédé. Par ailleurs, cet engagement constitue le
fait générateur45 du report d'imposition à l'IS
de la plus-value pour les trois exercices suivants celui de la
réalisation de celle-ci.
B- Le traitement fiscal de la plus-value
Il s'agit des plus-values réalisées relatives
aux éléments de l'actif immobilisé (immeubles,
matériel, titres en portefeuille, brevets, fonds de commerce).
La plus-value est réalisée lorsque, par suite de
cession, vente, apport en société, expropriation, échange,
succession, la valeur réelle de l'élément dépasse
sa valeur comptable.
La valeur réelle (ou prix de réalisation) est le
prix de vente, la valeur d'apport en société ou la valeur
fixée dans l'acte de donation ou la déclaration de succession. La
valeur comptable est le prix de revient pour les éléments non
amortissables ou le prix de revient diminué des amortissements pour les
éléments amortissables.
43 L'article du 8 du C.G.I
prévoit la prise en compte dans la détermination du
bénéfice imposable la plus-value de cession
d'élément d'actifs en cours d'exploitation.
44 Article 19 du nouveau général des
impôts premier alinéa.
45 Le fait générateur est l'acte
juridique qui fait naître une dette fiscale. Il peut aussi correspondre
juridiquement au fait, matériel ou non, qui engage la
responsabilité contractuelle ou délictuelle d'une personne.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 34
Le traitement fiscal des plus-values réalisées
distingue les plus-values réalisées en cours d'exploitation et
les plus-values réalisées en fin d'exploitation. Un régime
spécial est prévu pour les plus-values de fusion, scission ou
apport partiel d'actif.
Cependant, il est prévu une possibilité
d'exonération de ces plus-values sous certaines conditions. Qui sont
l'exonération sous conditions de réemploi des plus-values
réalisées en cours d'exploitation (1) et l'exonération
sous conditions de non réemploi dans le délai. (2)
1. Le traitement en cas de réemploi dans le
délai
Si le réemploi est effectué dans le délai
de 3 ans, les plus-values distraites du bénéfice imposable
viennent en déduction du prix de revient des nouvelles immobilisations,
soit pour le calcul des amortissements s'il s'agit d'éléments
d'actif amortissables, soit pour le calcul des plus-values
réalisées ultérieurement s'il s'agit
d'éléments non amortissables.
Cette exonération des plus-values se justifie par la
vente d'un élément d'actif immobilisé qui diminue le
potentiel de l'entreprise, qu'il faudra reconstituer en acquérant un
nouveau bien actif. Or, souvent, les plus-values dégagées en
comptabilité ne font que traduire l'importance de la
dépréciation monétaire et présentent dès
lors un caractère purement nominal. On s'en aperçoit lorsqu'on
doit remplacer l'élément cédé : le fonds
d'amortissement et le prix de cession sont souvent insuffisants pour permettre
le renouvellement.
C'est pour tenir compte de cette dépréciation et
pour éviter d'entamer à l'excès les disponibilités
des entreprises que ces plus-values sont exonérées d'impôt
sous conditions de réemploi.
En d'autres termes, le contribuable doit prendre l'engagement
de réinvestir dans les entreprises qu'il possède au
Sénégal, dans un délai de trois ans à compter de la
clôture de l'exercice au cours duquel la plus-value a été
réalisée, une somme égale au moins aux «
disponibilités » provenant de l'élément
cédé, c'est-à-dire une somme égale à :
Prix de revient de l'élément cédé
+ plus-value réalisée ou fond d'amortissement + prix de
cession.
Ensuite l'engagement de réinvestir doit être
effectivement tenu et la plus-value exonérée doit être
imputée sur le prix de revient de l'immobilisation acquise en
remplacement.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 35
2- Le traitement en cas de non réemploi dans le
délai :
Lorsque l'engagement de réinvestir n'est pas
respecté, les plus-values sont rapportées au
bénéfice imposable de l'exercice au cours duquel a expiré
le délai de trois ans.
A titre d'exemple, pour une plus-value réalisée
au cours de l'exercice clos le 31decembre 2015, si le réinvestissement
n'est pas effectué avant le 31 décembre 2018, la plus-value devra
être comprise dans les résultats de l'exercice 2018
(résultat déclarés en 2019)
Il faut noter que sur le plan juridique aucune majoration ou
pénalité n'est encourue pour défaut de
réinvestissement.
Toutefois, si le contribuable vient à cesser son
activité ou à céder son entreprise au cours du
délai de trois ans, les plus-values à réinvestir seront
immédiatement taxées dans les conditions prévues pour
l'imposition des entreprises en cession.
Paragraphe 2 : L'imputation des résultats
déficitaires
Les déficits, c'est-à-dire les pertes, sont en
principe imputables sur le revenu global. Cela signifie que lorsque le
résultat d'une catégorie de revenus est déficitaire, ce
déficit se compense avec les autres revenus.
Cependant, en vertu du principe de l'autonomie du droit
fiscal46, l'analyse fiscale des charges et des produits
n'obéit pas aux mêmes règles que l'analyse comptable et
financière. Ainsi, un déficit réalisé au cours de
l'exercice N-1 peut être considéré comme une charge
déductible au cours des exercices suivants. Pour mieux aborder cette
partie nous allons distinguer les déficits ordinaires (D.O) des
amortissements différés en période déficitaire
(A.R.D).
A. L'imputation limitée des déficits
ordinaires (D.O)
Le déficit fiscal47 d'un exercice correspond
au résultat fiscal négatif constaté par une
société, à la clôture de l'exercice
considéré. Il ne doit pas être confondu avec la perte
comptable de l'exercice, qui est enregistrée au bilan (le compte de
résultat de l'exercice est déterminé en application des
règles comptables).
46 Le droit fiscal est une branche
autonome à laquelle certains principes spécifiques seraient
appliqués, c`est un droit qui tend à s'organiser sur la base des
règles générales qui déterminent les
qualités que doit présenter tout impôt.
47 En droit français, c'est la
différence entre les revenus et les charges publiques sur un
délai donné. Autrement, il correspond à la situation dans
laquelle les charges fiscales sont supérieures aux produits.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 36
Ce déficit fiscal n'est pas `'perdu», dans la
mesure où il peut être utilisé pour diminuer le
résultat taxable d'un exercice postérieur (report en avant) ou
antérieur (report arrière) à celui de sa constatation.
A titre exemple : un entrepreneur individuel qui au titre de
l'année d'imposition, a subi un déficit de 500 000 FCFA. Il
dispose par ailleurs d'autres revenus qui s'élèvent au total 1
500 000 FCFA. Sa base d'imposition :
Base d'imposition = 1 500 000 - 500 000 = 1000 000.
Le traitement fiscal des déficits est la comparaison
entre l'actif net en début d'exercice et l'actif net en fin d'exercice
(théorie du bilan), sauf des opérations concernant les actifs,
l'apparition d'un déficit ou de report des déficits
antérieurs.
L'entreprise qui constate un résultat
déficitaire au titre d'un exercice, est autorisée à
imputer sur ses résultats bénéficiaires des exercices
suivants, un montant à hauteur de celui dudit déficit.
Les reports déficitaires réalisés au
cours d'un exercice peuvent s'imputer sur les bénéfices fiscaux
réalisés au titre des trois exercices suivants celui au cours
duquel le déficit est réalisé. Au-delà de cette
période, le déficit est prescrit et ne peut plus être
déductible. Ainsi, les reports déficitaires résultant des
charges déductibles au cours de l'année N peuvent s'imputer sur
les bénéfices réalisés au titre des exercices
fiscaux N+1, N+2 et N+3.
Il convient de noter que les reports déficitaires
doivent nécessairement s'imputer sur l'ensemble des résultats
bénéficiaires des exercices suivants, et cette imputation ne peut
être limitée à une somme qui permettrait de réduire
le résultat fiscal de telle manière que l'impôt sur les
sociétés se situe à un montant équivalent à
celui du minimum forfaitaire (IMF).
B. L'imputation illimitée des amortissements
réputés différés A.R.D
Constituent des amortissements réputés
diffères (ARD), les amortissements effectivement comptabilisés au
cours d'un exercice fiscalement déficitaire ou nul. Ils sont
isolés du déficit ordinaire pour être reportés, sans
limitation de durée sur les exercices ultérieurs.
Le caractère déficitaire de l'exercice doit
s'apprécier par référence au résultat fiscal
établit sous déduction de toutes les charges y compris les
amortissements de l'exercice.
Ainsi, ils sont dits « réputés
différés », lorsque, bien qu'étant
enregistrés en comptabilité comme charge déductible, ils
sont réintégrés fiscalement en vue de la
détermination du résultat fiscal,
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 37
à la clôture de l'exercice déficitaire.
Cette réintégration n'est pas une sanction car elle permet
à l'entreprise de réduire son déficit, jusqu'à
hauteur de la perte constatée. En contrepartie de cette
réintégration, l'entreprise pourra alors imputer le montant des
A.R.D sur ses résultats bénéficiaires des exercices
ultérieurs, ce, sans limitation de durée. Cependant, pour
être admis en diminution du bénéfice, le montant
reporté au titre d'ARD devra être inscrit dans la
déclaration des résultats de l'exercice
considéré.
Cependant pour être inscrit en comptabilité, il
existe une condition de forme et une condition de fond :
1- La condition de forme :
A la différence des amortissements réellement
différés, les ARD sont constatées en comptabilité
dans les conditions normales. L'entreprise, doit respecter les prescriptions du
droit comptable et du droit des sociétés. Le régime des
ARD vaut à la fois pour les amortissements techniques que pour les
amortissements dérogatoires.
2- La condition de fond : exercice
déficitaire
La faculté de réputé diffère des
amortissements inscrits en comptabilité n'existe qu'autant que les
résultats de l'exercice sont déficitaires ou nul, il s'agit dans
ce cas du déficit fiscal et non du déficit comptable. Le
législateur n'a pas voulu que les entreprises qui pratiquent les
amortissements en période déficitaire soient
pénalisées par rapport à celles qui diffèrent leurs
amortissements et bénéficient d'un report illimité. Aussi
bien ces ARD en période déficitaire doivent-ils être
isolés de façon à permettre leur report illimité
sur les premiers résultats bénéficiaires.
Dans les entreprises relevant de l'impôt sur le revenu
c'est-à-dire entreprises individuelles et des sociétés de
personnes ayant opté pour ce régime, le déficit s'impute
sur le revenu global. Cette technique présente en revanche un
intérêt évident dans les sociétés relevant de
l'impôt sur les sociétés.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de
l'Ingénierie Financière et Fiscale Page 38
SECTION 2 : les mesures fiscales liées à
l'investissement
L'un des objectifs de la réforme du CGI de 2012
était de mettre en place un droit commun incitatif. Avec cette
réforme, figure des mesures fiscales incitatives qui sont d'ordre
général telles que la réduction d'impôt pour
investissement de bénéfices et de revenus, le crédit
d'impôt pour investissement ainsi que la réduction d'impôt
pour exportation48
Parmi ces différentes incitations d'ordre
général, seuls les crédits d'impôt pour
investissement (Paragraphe 1) et la réduction d'impôt pour
investissement de bénéfices et de revenu au Sénégal
(Paragraphe 2) seront abordés dans cette partie.
Paragraphe 1 : le crédit d'impôt pour
investissement.
Le code général des impôts, dans son
ensemble, ne définit pas le crédit d'impôt, mais nous
pouvons dire que le crédit d'impôt est une somme soustraite du
montant de l'impôt qu'une entreprise ou un particulier doit payer.
C'est ainsi que les incitations fiscales basées sur le
coût font intervenir des déductions spécifiques
liées à des dépenses d'investissement, tels que les
mécanismes d'amortissement accéléré, les mesures
spéciales d'exonération fiscale et les crédits
d'impôt pour investissement. Elles visent à abaisser le coût
du capital de manière à accroitre la rentabilité marginale
d'un plus grand nombre de projet d'investissement autrement dit
générer des investissements qui ne seraient pas
matérialisées sans incitations.
L'avantage du crédit d'impôt pour investissement
est consenti à toutes personnes physiques et morales réalisant
des investissements d'au moins cent (100) millions de francs selon les
conditions et modalités ci-après.
A- Les conditions d'octroi
Un crédit d'impôt peut être accordé
pour différents type d'impôts, comme l'IR, les impôts
fonciers, l'IS ou la TVA. Il peut être accordé au titre des
impôts déjà payés comme subvention ou permettant
d'encourager les investissements ou encore modifier les comportements des
contribuables.
Certains crédits d'impôt sont «
remboursables » dans la mesure où ils dépassent le montant
de l'impôt. Ainsi, au Sénégal le crédit
d'impôt est une sorte de prime à l'investissement
destinée
48 Article 253 du CGI. « Les entreprises
industrielles, agricoles et de télé services qui exportent au
moins 80% de leur chiffre d'affaires sont autorisées à
déduire 50% de leurs bénéfices imposables pour le calcul
de l'impôt »
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 39
aux entreprises pour lesquelles le montant de l'investissement
est au moins égal à cent (100) millions de francs. Il correspond
à une somme soustraite au montant de l'impôt à payer.
A la différence d'une réduction d'impôt,
un crédit d'impôt peut être remboursé, en
totalité ou partiellement, au contribuable si le montant dépasse
celui de l'impôt ou si le contribuable est non imposable.
Le crédit d'impôt vise à favoriser
certaines activités telles que, l'investissement dans le
développement durable, l'emploi dans les filières qui rencontrent
des difficultés de recrutement, les dépenses pour l'aide aux
personnes, les dépenses en recherche et développement des
entreprises etc.
Cependant, comme nous l'avons précisé si haut,
la mise en place d'un crédit d'impôt pour investissement vise
à soutenir un secteur d'activité, une action de
développement ou plus récemment alléger les charges
sociales. Ils sont octroyés en contrepartie d'un investissement
particulier ou de dépenses particulières. La somme obtenue tient
compte de la réalité des sommes engagées. Un crédit
d'impôt reflète donc les efforts d'investissement de l'entreprise
et traduit ses démarches de développement.
Des tailles d'entreprises et des secteurs d'activités
sont définies pour chaque crédit d'impôt. Des
catégories de dépenses éligibles sont également
listées pour déterminer l'application du crédit
d'impôt.
La manière de calculer le montant d'un crédit
d'impôt est variable, la nature des dépenses éligibles
permet de déterminer l'assiette de calcul. Il reste ensuite à
calculer le montant du crédit d'impôt.
Le Crédit d'impôt est une créance de
l'Etat pour l'entreprise, la somme obtenue vient en déduction du montant
de l'impôt dû. Si le montant du crédit d'impôt est
supérieur au montant de l'impôt, la différence est
reversée à l'entreprise.
Les crédits d'impôt ne sont efficaces que pour
les entreprises qui ont un résultat et qui payent l'impôt.
Sous réserve de justifications, tout assujetti qui le
désire, peut, dans l'année qui suit la réalisation d'un
programme d'investissement, faire valoir son droit au bénéfice du
crédit d'impôt pour investissement.
L'avantage du crédit d'impôt pour investissement
varie selon que l'entreprise est nouvellement créée ou en
extension.
Pour l'entreprise nouvelle, le montant des réductions
autorisées est fixé à 40 % du montant des investissements.
Il est cependant plafonné à 50 % du bénéfice
imposable.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 40
L'article 250, 3° du CGI définit les notions
d'entreprises nouvelles (création d'entreprise) et celle d'extension
d'établissement.
L'entreprise nouvelle s'entend de toute entité
économique nouvellement créée et en phase de
réalisation d'investissement en vue du démarrage de ses
activités.
L'extension s'entend de tout programme d'investissement,
initié par une entreprise existante et qui engendre deux aspects.
D'une par un accroissement d'au moins 50% de la
capacité de production ou de la valeur d'acquisition des actifs
immobilisés ;
D'autre part un investissement en matériel de production
d'au moins 100 millions FCFA. Concernant l'investissement relatif à
l'extension, le montant des déductions autorisé est fixé
à 30 % du montant des investissements, plafonné à 50 % du
bénéfice imposable.
Par ailleurs, le plafond de réduction est porté
à 70 % du bénéfice imposable, si l'entreprise nouvelle ou
en extension est implantée dans une région autre que
Dakar.49 Dans tous les cas, la déduction du crédit
d'impôt peut s'étaler sur cinq (5) exercices fiscaux successifs
à compter de l'année suivant la clôture du programme
d'investissements.
Toutefois, pour les entreprises qui réalisent un
investissement d'un montant excédant 250 milliards, la durée est
portée à dix (10) exercices. Le reliquat du crédit
d'impôt qui n'a pu être imputé durant la période
devient caduc.
Quant aux secteurs éligibles, le CGI dans son article 250
alinéas 3 vise les secteurs suivants : - Agriculture, pêche,
élevage et activités de stockage de produits d'origine
végétale, animale ou halieutique ;
- Activité manufacturières de production ou de
transformation, extraction ou transformation de substances minérales,
pétrolières ;
- Tourisme, aménagements et industries touristiques,
hôtellerie ;
- Parcs, industriels, éducation, santé,
télé-services, montage et maintenance d'équipements
industriels ;
- Transport, réalisations d'infrastructures portuaires,
aéroportuaires, ferroviaires.
Il faut toutefois préciser que dans tous les cas, les
reventes en l'Etat sont exclues du bénéfice de cet avantage.
L'investissement éligible doit, en outre, revêtir
certaines formes.
Aux termes de l'article 250, 2° du CGI, les
investissements doivent revêtir une des formes suivantes :
49 Article 252 Alinéa 3 du CGI
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 41
- Acquisition de terrain à usage professionnel ;
- Acquisition de biens mobiliers neufs à usage
professionnel ;
- Acquisition de matériels neufs ;
- Acquisition de biens immatériels.
- Un accroissement d'au moins 50% de la capacité de
production ou de la valeur
d'acquisition des actifs immobilisés ;
- Ou un investissement en matériels de production d'au
moins 100 millions FCFA.
Pour les petites et moyennes entreprises (PME), ce montant est
ramené à quinze (15) millions
à la condition que l'investissement soit
réalisé dans les secteurs ci-après :
- Secteur primaire et activités connexes : agriculture,
pêche, élevage, et activités de
stockage, de conditionnement et de transformation des produits
locaux d'origine
végétale, animale ou halieutique, industrie
agroalimentaire ;
- Secteurs sociaux, santé, éducation, formation
;
- Services : montage, maintenance d'équipements
industriels et télé-services.
Est considérée comme petite et moyenne entreprise
au sens du CGI, toute entreprise productrice
de biens et services qui, au niveau consolidé, remplit
cumulativement, les conditions
suivantes d'abord un chiffre d'affaires inférieur à
250 millions , ensuite nombre d'emplois
permanents compris entre trois et cinquante.
En outre, l'entreprise doit s'engager à tenir une
comptabilité, conformément au système
comptable ouest africain (SYSCOA)
B- Les procédures d'octroi
Aux termes de l'article 251 du CGI, tout assujetti qui le
désire, peut, sous réserve de justification, dans l'année
qui suit la réalisation d'un programme d'investissement
conformément aux conditions susvisées, faire valoir son droit au
bénéfice du crédit d'impôt pour investissement.
Ces procédures de la façon dont le crédit
d'impôt peut être obtenu sont déterminé50
Pour les investissements nouveaux c'est-à-dire déduction de 40%,
de leur montant plafonnée à 50% du bénéfice
imposable ;
50 Article 252, nouveau CGI.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 42
Extension d'établissement qui constitue une
déduction de 30%, plafonnée à 50% du
bénéfice imposable.
Le reliquat de l'investissement reportable sur 5 exercices
fiscaux successifs, porté à 10 exercices pour les entreprises qui
réalisent plus de 250 milliards.
Paragraphe 2 : la Réduction d'impôt pour
investissement de bénéfices et de revenu au
Sénégal.
Par définition la réduction d'impôt c'est
toute déduction de l'impôt calculé selon le barème
progressif.51
Ainsi, au Sénégal, les contribuables qui ne
disposent ni de bénéfices industriels et commerciaux (BIC) ni de
bénéfices agricoles (BA) ni de bénéfices des
professions non commerciales (BNC), qui sont cependant soumis à
l'impôt sur le revenu et qui investissent au Sénégal tout
ou partie de leur revenu global imposable, peuvent bénéficier,
dans les conditions fixées, d'une réduction sur le montant de
l'impôt sur le revenu.
A- Le domaine d'application
Donnent lieu à l'application desdits avantages, les
seuls investissements réalisés dans les conditions fixées
par les articles 233 à 236 du CGI.
Cependant, il faut rappeler que cette faveur existait
déjà dans le CGI avant la réforme de 2004, la loi
n°2004-12 du 6 février 2004 portant modification du CGI l'avait
supprimé comme mesure fiscale incitative de droit commun pour les
personnes morales. Mais, en réalité cette faveur avait
été simplement transposée dans le code des investissements
pour ne bénéficier qu'aux entreprises agréées
à ce code et réalisant des investissements répondant
à certaines conditions.
Lors du dépôt de leurs déclarations
annuelles de résultats, les contribuables doivent joindre toutes
justifications du montant des paiements effectués pendant l'année
considérée au titre des investissements admis.
Cette modalité de déduction concerne tant les
bénéficiaires (1) que les formes de l'investissement (2).
51 Article 173 du CGI
1- Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 43
Domaine quant aux
bénéficiaires.
Les personnes physiques titulaires de bénéfices
industriels et commerciaux, de bénéfices agricoles ou de
bénéfices des professions non commerciales, quel que soit leur
secteur d'activité, qui investissent au Sénégal tout ou
partie de leurs bénéfices imposables, peuvent
bénéficier, sur leur demande, d'une réduction du montant
de l'impôt dont elles sont redevables. Sont également
éligibles les personnes physiques qui ne disposent ni de
bénéfices industriels et commerciaux ni de
bénéfices agricoles ni de bénéfices des professions
non commerciales, qui sont cependant soumises à l'impôt sur le
revenu et qui investissent au Sénégal tout ou partie de leur
revenu global imposable. Elles peuvent bénéficier, dans les
conditions de l'article 233 à 236 d'une réduction sur le montant
de leur impôt sur le revenu. Cet avantage est accordé pour une
durée de 08 ans après l'année de dépôt du
programme.
Sur demande des contribuables intéressés,
jointe à la déclaration annuelle des revenus et
accompagnée de la justification du montant des sommes réellement
payées au titre des investissements prévus au programme admis, il
leur est accordé pendant chacune des huit années suivant celle du
dépôt de ce programme, une réduction d'impôt
égale à 15 % du montant des sommes. Cette réduction est
toutefois limitée à 10 % du revenu net visé à
l'article 54, passible de l'impôt au titre de chacune de ces
années.
Si en raison de cette limitation, il subsiste un reliquat non
déductible des revenus d'une année déterminée, ce
reliquat est reporté sur les années suivantes restant à
courir jusqu' 'à la huitième inclusivement, sans que la
déduction totale puisse excéder 10 % du revenu net imposable de
chacune de ces années.
2- Domaine quant aux formes
d'investissement.
Le postulant doit réaliser des investissements sous la
forme de création ou d'extension d'établissement appartenant aux
secteurs d'activité suivants.
D'abord les Secteurs industriel, commercial, touristique,
minier, de l'élevage, agricole, forestier ou des services ;
Ensuite les Secteurs de la pêche, dans les conditions
fixées par décret pris sur le rapport conjoint du ministre
chargé de la Pêche et du ministre chargé des Finances ;
En fin l'Acquisition de terrains, constructions d'immeubles,
achat de matériel fixe ou d'engins de transport ou de manutention.
Par ailleurs, l'investissement peut porter sur l'acquisition
de terrains destinés à la construction de logements, sous
réserve que les constructions soient édifiées dans les
trois (3) années suivant
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 44
celle de l'acquisition. Il peut également porter sur la
construction ou l'extension d'immeubles ainsi que l'acquisition de navires ou
d'engins de pêche professionnels.
En cas d'aliénation totale ou partielle des
immobilisations avant le délai de 8 ans52 ou de 4
ans53, le contribuable doit informer l'administration fiscale dans
le mois suivant celui de l'aliénation. Dans ce cas, le contribuable doit
réintégrer aux résultats de l'exercice au cours duquel la
cession est intervenue une somme égale au montant des déductions
auxquelles les biens cédés ont donné lieu depuis leur
acquisition.
Sauf en cas de cession pour cause de décès,
expropriation, faillite ou liquidation judiciaire, le cédant est
passible d'une pénalité égale au montant global des
réductions d'impôt dont il a bénéficié
à raison des biens aliénés54.
La déduction d'impôt pour investissement concerne
également :
> Les travaux de rénovation et de restauration de
tous immeubles situé dans les localités dont la liste est
fixée par décret et effectués dans les formes
également prévues par ce même décret ;
> La souscription de parts, actions ou
obligations émises par les sociétés à participation
publique ayant pour objet en tout ou en partie la construction de logements au
Sénégal ;
> La souscription de parts ou actions
émises par les sociétés par actions ou à
responsabilité limitée dont le siège social est
situé au Sénégal, à l'occasion de leur constitution
ou d'une augmentation de capital en numéraire. Ces
sociétés doivent avoir pour objet la création ou
l'extension au Sénégal d'une entreprise exerçant une
activité dans l'un des secteurs que sont, l'industrie, le tourisme, la
recherche et l'exploitation minières, l'élevage, l'agriculture,
la foresterie, la pêche, le commerce et les services ;
> L'acquisition d'actions cédées par l'Etat
et prise de participation dans des sociétés constituées
pour racheter des actifs d'entreprises parapubliques.
Cependant, sont exclus du bénéfice de cet avantage
:
y' Les investissements d'une valeur inférieure à
6.000.000 de francs sauf lorsqu'il s'agit d'acquisition d'actions ou de part
dans une S.A ou une S.A.R.L ; y' Les achats de matériels d'occasion ;
y' Les investissements non réalisés dans un
délai de 3 ans à compter du 31 décembre de l'année
au cours de laquelle est présenté le programme
d'investissement.
52 Terrains destinés à
la construction de logements.
53 Navires et d'engins de pêche professionnels.
54 Cette pénalité, qui peut
être mise en recouvrement par voie de rôle jusqu'à la fin de
la 3ème année suivant celle de l'aliénation, est
majorée d'une amende.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 45
L'octroi de la déduction d'impôt pour
investissement de bénéfice est subordonné à un
certain nombre de conditions de forme.
En effet, tout assujetti qui désire
bénéficier des avantages prévus à l'article 232
doit adresser sous pli recommandé au Directeur Général des
Impôts et des Domaines un programme détaillé analysant les
investissements envisagés.
Ce document, qui doit être accompagné de toutes
les pièces justificatives utiles, précise la nature, l'importance
et le prix de revient des investissements projetés. Ce programme doit
parvenir à la Direction Générale des Impôts et des
Domaines avant le début de la réalisation des opérations.
Toutefois, en cas de circonstances exceptionnelles justifiant un investissement
immédiat, le programme est présenté dans les trois mois
qui suivent le début de la première opération.
Le Directeur Général des Impôts et des
Domaines apprécie si le programme qui lui est soumis satisfait aux
conditions stipulées par l'article 232. Dans le cas où il estime
ne pouvoir admettre tout ou partie du programme, il en avise le contribuable
par lettre recommandée. La décision du Directeur
Général des Impôts et des Domaines peut faire l'objet, dans
les quinze jours de la notification, d'un recours auprès du Ministre
chargé des Finances.
A défaut de notification de rejet total ou partiel dans
les trois mois qui suivent la réception par le Directeur
général des Impôts et des Domaines du programme
présenté, celui-ci est considéré comme admis en
totalité. Si au cours de l'exécution du programme, le
contribuable envisage l'extension des opérations initialement
prévues et admises, il peut déposer un programme
complémentaire. Celui-ci est soumis aux mêmes règles que le
programme principal.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de
l'Ingénierie Financière et Fiscale Page 46
B- La nature des avantages fiscaux accordée
Ces avantages diffèrent selon qu'il s'agit de
l'investissement de bénéfices ou de revenus.
1- Les Avantages fiscaux pour investissement de
bénéfices
Lorsque toutes les conditions requises par la loi sont
réunies, l'investissement de bénéfice ouvre droit à
la déduction du bénéfice déclaré du
contribuable d'une somme égale au maximum.
D'abord à la moitié des dépenses
effectuées pendant l'année au titre des investissements admis,
ensuite à 50 % du bénéfice réalisé au cours
de l'année considérée. Cette facilité est
applicable aux résultats des 8 années à compter de celle
au cours de laquelle le programme d'investissement a été
approuvé.
Lorsque par suite de la limitation à 50% du
bénéfice fiscal réalisé, la moitié des
dépenses occasionnées par des investissements n'a pu être
déduite, le reliquat est admis en déduction des
bénéfices des années ultérieures, jusqu'à la
fin de la période de 8 ans prévue à l'alinéa
ci-dessus. Pour une même année, la déduction ne peut en
aucun cas dépasser les deux limitations prévues ci-dessus.
Toutefois, pourra être admise, sans limitation, la
déduction des dépenses correspondant :
y' Aux travaux de rénovations et de restauration
d'immeuble situés dans les localités ;
y' Les constructions d'immeubles à usage d'habitation
exclusivement destinés au logement du personnel du redevable, sous
réserve que le prix de revient de chaque logement n'excède pas
5.000.000 de FCFA ;
y' Le remploi des plus-values de cession de l'actif
immobilisé exonérées par l'effet d'un engagement de
réinvestissement au Sénégal par application de l'Article
19 du CGI.
2- Les avantages fiscaux pour investissement de
revenus
Les avantages fiscaux auxquels donne droit la réduction
d'impôt pour investissement de revenus au Sénégal
consistent en une déduction de 15% du montant des sommes investies.
Cette déduction est toutefois limitée à 10 % du revenu net
global, passible de l'impôt au titre de chacune de ces années.
Si en raison de cette limitation, il subsiste un reliquat non
déductible des revenus d'une année déterminée, ce
reliquat est reporté sur les années suivantes restant à
courir jusqu'à la huitième
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 47
inclusivement, sans que la déduction totale puisse
excéder 10% du revenu net imposable de chacune de ces années.
Lorsque les investissements effectués revêtent la
forme visée à l'Article 233, les contribuables
doivent indiquer en outre, sur la demande précitée, la
dénomination de la société qui a émis les titres
possédés, leur date, leur prix d'acquisition, leurs
numéros et attester que lesdits titres n'ont fait l'objet d'aucune
aliénation depuis leur acquisition.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 48
DEUXIEME PARTIE : LES LIMITES DES MESURES FISCALES
INCITATIVES.
La politique fiscale n'est pas une science exacte. La gestion
des recettes fiscales ne reflète pas toujours la qualité du
système fiscal55, cela est dû à des contraintes
que l'agent économique rencontre dans l'exercice de ses
activités.
Ainsi, nous n'avons pas toujours les ressources humaines
nécessaires en quantité et en qualité. L'une des solutions
fréquemment évoquée et utilisée est la
fiscalité. C'est la voie que beaucoup de pays ont emprunté. Mais
au regard des résultats obtenus, on peut s'interroger sur
l'efficacité de l'instrument fiscal.
Les rôles que l'on attribue traditionnellement à
la fiscalité sont financiers, économique et social. Ce sont les
critères du développement. Sur le plan financier, le
système fiscal doit être en mesure de trouver les ressources
nécessaires au fonctionnement de l'Etat, comme une entreprise a besoin
de recettes pour payer par exemple les salaires et assurer ses investissements.
Sur le plan économique, il est demandé á la
fiscalité d'être capable d'attirer les investisseurs, aussi bien
nationaux qu'internationaux. Ces investisseurs doivent créer des emplois
par les embauches et in fine augmenter la richesse nationale. Sur le plan
social, les animateurs du système fiscal doivent en faire un instrument
de redistribution des revenus, un outil à la disposition des pouvoirs
publics pour une équité dans les revenus qui sont
distribués aux travailleurs.
L'action économique sélective par le biais des
incitations ou des aides fiscales n'est pas nécessairement efficace. On
a pu ainsi observer que les incitations à investir, outre le fait
qu'elles pouvaient favoriser les investissements les moins rentables,
étaient d'une portée limitée dans la mesure où
elles n'entraînaient le plus souvent qu'une simple anticipation des
investissements, avec un faible effet sur le volume de l'investissement
lui-même. Cela a d'ailleurs conduit de nombreux législateurs
à préférer baisser directement le taux de l'imposition des
bénéfices et à intervenir ainsi plus globalement sur les
conditions économiques de l'investissement.
C'est dans ce contexte que nous allons mettre l'accent sur les
limites d'ordre interne au premier chapitre, avant d'aborder ceux d'ordre
externe au deuxième chapitre.
55 EL HADJ DIALIGUE BA, Op cit page 57
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de
l'Ingénierie Financière et Fiscale Page 49
CHAPITRE I : LES LIMITES D'ORDRE INTERNE
Selon les économistes les plus avertis, un bon
impôt est celui qui est juste, équitable, non confiscatoire et non
pénalisant. L'impôt doit trouver sa justification dans ses
fonctions distributives, autrement dit, l'impôt doit servir
l'intérêt de la communauté. Un bon impôt servirait
non seulement au financement des services publics, mais réduirait le
fossé de l'inégalité entre les différentes classes
sociales au sein d'un Etat.
L'impôt s'applique à des personnes physiques et a
des structures animés par des personnes physiques. Ce qui entraine une
dose de subjectivité dans l'élaboration et l'analyse de la
politique fiscale. Le comportement du contribuable peut ainsi avoir un impact
sur la politique fiscale.
Les pouvoirs publics disposent de marges de manoeuvre
limitées pour mener leur politique fiscale. Différentes
contraintes de nature économique, culturelle ou institutionnelle peuvent
en effet intervenir, réduisant la capacité de la politique
fiscale à atteindre ses objectifs, ou limitant son ampleur.
L'impôt peut également engendrer des effets non
désirés qui altèrent en retour les mécanismes
économiques.
Il existe des limites à la fois sociologiques et
juridiques tendant à relativiser l'efficacité de la politique
fiscale. C'est limites d'ordre interne concernent non seulement les
comportements de l'agent économique (section 1), mais aussi au
fonctionnement de l'administration fiscale (section 2)
Section 1 : les limites liées aux comportements
de l'agent économique
Il est incontestable que l'impôt constitue un point
d'appui important que les pouvoirs publics utilisent dans leurs
stratégies de développement. En tant que charge pour
l'entreprise, son montant, les conditions de son recouvrement et les
modalités de sa détermination sont analysés avec beaucoup
d'attention par l'entrepreneur et par l'investisseur. L'impôt
réduit le pouvoir d'achat du salarié, dans le sens qu'il diminue
le montant de ses revenus.
Ainsi, face à la charge fiscale, l'agent
économique peut être tenté de réagir de
différentes manières.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 50
En d'autres termes, pour mieux aborder les limites
liées aux comportements de l'agent économique nous allons voir en
paragraphe premier la fuite devant l'impôt ensuite la répercussion
de l'impôt au second paragraphe.
Paragraphe 1 : la fuite devant l'impôt
Le phénomène de la fuite devant l'impôt
est important, même s'il est par définition difficile de le
mesurer exactement.
Il convient d'en rechercher les causes, d'en préciser
les formes avant d'en trouver les remèdes. L'impôt est par
définition l'expression d'une contrainte et la tentation de
résister à toute contrainte existe chez tout individu. Cette
résistance est d'autant plus grande que le gain matériel peut
être important.
Mais, cette résistance à la contrainte
fiscale56 peut aussi résulter de la transformation d'une
résistance à la contrainte politique.
La fuite devant l'impôt s'explique aussi par des raisons
liées à l'impôt lui-même et au système fiscal.
L'excès de la pression fiscale, les failles du système fiscal
peuvent expliquer le phénomène.
Ainsi, dans le passé, le refus de l'impôt a
souvent pris la forme d'une contestation violente, celle des révoltes
fiscales.
De ce fait, le contribuable peut être tenté
d'échapper à l'impôt en ne le payant pas. Dans ce cas il
y'a fuite devant l'impôt. Il existe plusieurs formes pour échapper
à l'impôt mais nous illustrons seulement les plus connus qui sont
la fraude (A) et l'évasion fiscale (B).
A- La fraude fiscale
La problématique de la fraude fiscale est à
l'image d'un phénomène complexe. Elle Apparaît comme une
limite au pouvoir d'imposer et implique dès lors la confrontation des
Contribuables et de l'Etat. En contrariant la collecte des ressources
étatiques elle constitue un sujet d'inquiétude pour les
gouvernements. Cette inquiétude est de plusieurs ordres.
Par définition nous dirons que la « fraude
fiscale suppose un acte intentionnel de la part du contribuable,
décidé à contourner la loi pour éluder le paiement
du prélèvement, il y'a fraude dès lors qu'il s'agit d'un
comportement délictuel délibéré ». Le
lexique des termes juridiques
56 Une contrainte fiscale
est le dernier rappel envoyé par l'administration fiscale
(SPF Finances) au contribuable qui n'a pas payé ses impôts
à l'échéance.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 51
à définit la fraude fiscale comme une «
violation direct et volontaire de la loi fiscale57. Elle est donc un
sous-ensemble de l'irrégularité »58. Elle
revêt d'abord une dimension purement financière car la fraude
génère une perte de ressources Fiscales. Elle contraint aussi la
répartition équitable du fardeau du financement public entre les
contribuables en accroissant la charge de ceux qui demeurent honnêtes. En
d'autres termes, la fraude contrarie à la fois l'efficacité et
l'équité de la collecte des ressources publiques. Elle traduit
également les lacunes du contrôle qu'exercent les pouvoirs publics
sur les agents privés et témoigne de la méconnaissance des
causes et des schémas par lesquels les contribuables éludent
l'impôt.
Ainsi, La mise en oeuvre du principe d'égalité
devant l'impôt est remis en cause par la fraude et l'évasion
fiscales. La médiatisation des affaires retentissantes de fraude ou
d'évasion fiscales de personnalités venant du monde
économique, sportif, culturel et même politique peut donner le
sentiment d'une démission du pouvoir pour réprimer ces
délits même si comme le soulignait Georges Pompidou59,
"la fraude étant à l'impôt ce que l'ombre est à
l'homme".
De plus, si l'application de la loi devient
inéquitable, l'obligation fiscale pèse nécessairement plus
fortement sur un nombre réduit des contribuables. Il peut, dès
lors, en résulter une vive opposition contre les services fiscaux et
contre le principe même de la nécessité d'une contribution
commune.
C'est pour pallier à ces difficultés que le
gouvernement sénégalais a lancé un plan d'action pour
lutter contre les risques de fraudes fiscales par un arsenal juridique qui est
le code général des impôts. De même, l'administration
fiscale a adopté des mesures pour limiter l'évasion fiscale et la
fraude fiscale réalisée pour se soustraire au paiement de
l'impôt de solidarité sur la fortune en signant des conventions
bilatérales ou multilatérales.
Sur le plan juridique, les comportements et les actes des
contribuables qui visent à se soustraire à l'impôt ou
à obtenir des avantages indus pourront être qualifiés de
fraude fiscale (comportements illégaux visant à échapper
au paiement de l'impôt) et être sanctionnés60. Il
concerne donc en général et indifféremment, les
manquements commis d'une part, au regard des obligations déclaratives,
d'autre part, par rapport aux impôts dus dont la TVA collectée,
non reversée au Trésor. Bien entendu, ces infractions sont le
plus souvent révélées lors d'un contrôle fiscal,
soit essentiellement dans le cadre d'une vérification de
comptabilité.
57 Serges Guichard et Thierry Débride, lexique
des termes juridiques, 19ème ed 2012 P.418
58 Op cit, page 58
59 Président de la République
française du 20 juin 1969 au 2 avril 1974
60 Article 679 du CGI.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 52
Selon la propre doctrine administrative, les
éléments constitutifs du délit de fraude fiscale doivent
réunir deux critères cumulatifs.
D'abord, L'existence de faits matériels tendant
à permettre au contribuable de se soustraire totalement ou partiellement
à l'établissement ou au paiement de l'impôt, ensuite une
intention délibérée de fraude.
Ainsi, la fraude fiscale comporte un élément
matériel, la transgression de la légalité fiscale, et un
élément intentionnel, la volonté d'échapper
à l'impôt. En principe lorsqu'un des deux éléments
fait défaut, il n'y a pas fraude.
Ainsi, l'illégalité commise involontairement et
sans intention d'en tirer profit est une erreur réparable, non une
fraude. De même, la seule intention de payer moins d'impôt en
choisissant parmi les procédures offerte par la loi, la voie la moins
onéreuse ne constitue pas un agissement frauduleux.
Toutefois, entre l'erreur candide et l'habileté
vertueuse, il y'a place pour tout une série de comportements qui, selon
les circonstances de l'espèce, constitueront une fraude ou une
évasion fiscale légale. Ainsi, l'habileté fiscale peut
être telle qu'elle aboutisse, en recourant à des artifices
juridiques, à rendre inopérante la loi d'impôt. La
théorie de l'abus de droit permettra dans ce cas d'écarter la
construction juridique qui fait écran à l'application de la loi.
Mais il est souvent bien difficile de dire « où s'arrête la
vertu d'habileté et ou commence le péché de fraude
».
De même le fisc pourra écarter les incidences
fiscales des actes qui, sans violer aucune prescription fiscale, paraissent
être contraintes à l'intérêt de l'entreprise. C'est
la théorie de l'acte anormale de gestion qui, comme la
précédente, permet d'apercevoir les confins incertains de la
fraude fiscale61. Nous pouvons illustrer la fraude fiscale par la
sous-déclaration des revenus, une mauvaise imputation des charges de
l'entreprise ou une fausse déclaration des impôts sur la
consommation (TVA collectée).
Elle s'analyse toujours comme une dissimulation de la
matière imposable. Cependant cette dissimulation peut être plus ou
moins élaborée. Cependant, nous avons plusieurs sortes de
dissimulation à savoir, la dissimulation matérielles, la
dissimulation comptable et la dissimulation juridique.
Parlant de la dissimulation matérielle, le
contrebandier est l'image la plus connue de cette fraude, puisqu'il cache la
marchandise qu'il ne veut pas déclarer. De même manière, le
travail
61 Pierre BELTRAME, la fiscalité en France, 13
ème édition 2007-2008
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 53
au noir illustre ce type d'infraction fiscale puisque le
travail sera exécuté sans facture, aucune taxe, aucun impôt
ne sera payé.
Ensuite l'oubli volontaire de déclaration d'un revenu
quelconque constitue un tel type de fraude plus complexe est la dissimulation
comptable qui, se joue sur les différentes qualifications comptables il
est possible d'en retirer un avantage fiscale plus ou moins important.
Quant à la dissimulation juridique, elle peut prendre
deux formes.
D'une part l'opération fictive qui est le fait
d'établir des fausses factures qui juridiquement parlant retracent des
opérations qui matériellement n'ont jamais existé pour en
retirer un bénéfice fiscal.
Et d'autre part la fausse qualification c'est-à-dire
une situation juridique transformée en une autre qui est fiscalement
plus intéressante. Comme une mutation à titre gratuite
présenté comme une mutation à titre onéreux etc.
Pour de nombreuses personnes voler un épicier ou
n'importe quel commerçant c'est mal. Par contre voler le fisc c'est
bien. Cette disproportion dans le jugement résulte sans doute du fait
que l'Etat n'est pour beaucoup qu'une abstraction. On voit mal en
général le lien entre les impôts payés et l'usage
qui en est fait.
Et même si parfois, l'on peut appréhender ce
lien, on estimera alors que la fraude compense l'injustice fiscale. Il y a donc
une propension assez naturelle à tolérer la fraude, bref à
faire preuve d'un civisme fiscal des plus rudimentaires. Peu de personnes
admettent que « voler l'impôt c'est voler les autres
».
Nous dirons donc que la fraude fiscale est difficile à
évaluer par ce qu'elle est inégalement répartie entre les
différentes catégories d'impôts et de contribuables, et que
les procédés de fraude sont très divers.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de
l'Ingénierie Financière et Fiscale Page 54
B- L'évasion fiscale
La libéralisation financière et
l'idéologie économique dominante ont favorisé la
prolifération des paradis fiscaux et de mécanismes permettant aux
grosses fortunes et aux multinationales d'échapper à leurs
responsabilités envers les Etats. Pour le Sud, les effets de
l'évasion et de la fraude fiscale sont dévastateurs.
L'évasion fiscale, peut être définit comme
une pratique légale, qui peut découler du fait que des invendus
perçoivent leurs revenus sous des formes qui n'entrent pas dans le
calcul du revenu imposable62 En outre, s'agissant de ce concept, on
qualifiera d'évasion l'ensemble des comportements du contribuable qui
visent à réduire le montant des prélèvements dont
il doit normalement s'acquitter. S'il a recours à des moyens
légaux, l'évasion entre alors dans la catégorie de
l'optimisation63. A défaut s'il s'appuie sur des techniques
illégales ou dissimule la portée véritable de ses
opérations, l'évasion s'apparente à la fraude.
Contrairement à la fraude fiscale, l'évasion est un
évitement licite de l'impôt.
Ainsi, au Sénégal tout comme ailleurs, quelle
que soit la perfection d'un système fiscal, la matière imposable
réussit toujours en partie à passer entre les mailles du filet
tendu par le fisc pour la saisir, le contribuable réussit à
éluder l'impôt sans violer la loi, c'est ce qu'on appelle
l'évitement licite de l'impôt ou évasion fiscale.
De ce fait, l'évasion fiscale se manifeste par
l'abstention c'est-à-dire certains contribuables peuvent être
tentés de réduire d'eux-mêmes leur base d'imposition, soit
en réduisant légalement leur revenus, soit en réduisant
leur consommation.
L'échec du financement du développement est en
grande partie dû à un manque de volonté politique. La
majorité des Etats du monde n'ont aujourd'hui pas la capacité
d'assurer leurs dépenses en matière de santé,
d'éducation et d'infrastructures, principalement parce qu'ils ne
parviennent pas à générer suffisamment de recettes
fiscales pour les dépenses sociales. Cette crise fiscale est
alimentée par une structure financière internationale, largement
soutenue par les Etats du Nord, qui favorise la fraude et la fuite des
capitaux. Combattre les causes de cette crise permettrait non seulement de
couvrir l'actuel déficit de financement du développement au
niveau national, mais également de corriger les aspects du
système financier international qui contribuent massivement à la
pauvreté et à l'inégalité mondiale.
62 Avantages annexes, jetons de
présences, services de santé financières pour
l'entreprise.
63 Op cit, page 59
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 55
Ainsi, l'évasion fiscale peut être définit
par un ensemble des comportements du contribuable qui vise à
réduire le montant des prélèvements dont il doit
normalement s'acquitter64.
En d'autres termes, L'évasion fiscale correspond aux
comportements visant à réduire le montant des
prélèvements obligatoires, mais sans l'existence de
l'élément intentionnel. C'est l'absence de cet
élément qui permet de distinguer l'évasion fiscale de la
fraude fiscale. Autant dire que le juge ici a un rôle
d'appréciation prépondérant.
Le terme « évasion » évoque une image
dépeignant une réalité bien concrète, le fait de
réduire l'impôt en déplaçant un patrimoine vers un
autre pays de type paradis fiscal65 et sans déclarer les
revenus générés par ces avoirs.
Notons que l'efficacité de la lutte contre la fraude et
l'évasion fiscales est tributaire fondamentalement de la volonté
et l'engagement des acteurs politiques et économiques à soutenir,
coordonner, animer et contrôler les actions de toutes les administrations
concernées directement ou indirectement par la fraude.
Car pour Edwy Plenel, « la fiscalité n'est pas
l'ennemie de la liberté, qui comprend celles de s'enrichir. Mais elle
civilise cette liberté individuelle en l'insérant dans une
relation collective où chacun, à la mesure de ses moyens,
contribue à la richesse nationale, afin qu'il y ait des écoles,
des hôpitaux, des routes, etc., dans l'espoir qu'ainsi personne ne sera
laissé en dehors de la cité commune. » La
fiscalité est nécessaire pour le développement des nations
et une réglementation la plus juste possible doit la structurer, la
mettre en musique pour donc, renforcer la lutte contre la fraude fiscale, un
débat multidisciplinaire et transnational sur les questions sensibles
suivantes et primordial. La détection et la diffusion des fraudes
transfrontalière qui usent de procédés et de structures
sophistiqués et artificiels pour échapper illégalement
à l'impôt, l'harmonisation des systèmes fiscaux, mais aussi
la délimitation du secret bancaire et professionnel eu égard
à l'évolution des structures d'exercice des activités
économiques et des techniques juridiques et technologiques de transfert
des capitaux.
L'évasion fiscale se passe souvent dans les paradis
fiscaux, Il n'y a pas de définition universellement acceptée d'un
paradis fiscal. L'OCDE attribue les caractéristiques suivantes aux
paradis fiscaux c'est-à-dire des impôts faibles ou inexistants, Le
manque d'échange d'informations, le manque de transparence, et aucune
exigence d'activité substantielle.
64 EL HADJ DIALIGUE BA le droit fiscal, page 59 Ed
l'harmatan
65 Un paradis fiscal est un pays ou territoire à
fiscalité réduite ou nulle, c'est-à-dire où
le taux d'imposition est jugé très bas en comparaison avec
les niveaux d'imposition existant dans les pays de l'OCDE
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 56
Cependant, les limites liées aux comportements de
l'agent économique ne se situent pas seulement au niveau de ces
éléments cités ci haut, mais aussi au niveau de la
répercussion de l'impôt.
Paragraphe 2 : la répercussion de l'impôt
La répercussion est le phénomène qui
consiste à transférer le poids de l'impôt sur quelqu'un
d'autre. En d'autres termes, la répercussion de l'impôt, ou
incidence, désigne le phénomène par lequel un redevable
atteint par l'impôt transfère toute ou partie de sa charge fiscale
sur un tiers. Il existe différentes formes de répercussion qui
s'explique par l'existence de différents facteurs.66
A- Les facteurs de la répercussion
Comme nous l'avons défini ci haut67, la
répercussion est le fait de transférer le poids de l'impôt
sur quelqu'un d'autre. De ce fait la réflexion sur les facteurs de la
répercussion nous permet d'aborder les facteurs structurels (A), mais
aussi les facteurs conjoncturels (B).
1- Les facteurs structurels.
Les facteurs structurels concernent la forme du marché
et la situation dans le circuit économique. La forme du marché
c'est-à-dire si dans le marché il existe une concurrence ou
non.
Ainsi, plus la concurrence n'est grande et moins la
répercussion est possible puisque la concurrence vise à diminuer
les prix. A l'inverse les situations de monopoles favorisent la
répercussion. La concurrence dans le marché est une situation qui
réduit le phénomène de la répercussion. Cependant,
l'absence de concurrence favorise le phénomène de la
répercussion, autrement pour ce qui est des facteurs structurels nous
avons aussi la situation du circuit économique. La situation dans le
circuit économique se manifeste dans les opérations de vente et
d'achat.
La répercussion n'est vraiment possible que dans les
phénomènes de vente et d'achat. Plus l'impôt est proche de
la vente et plus la répercussion est possible. Ainsi, la taxe sur la
valeur ajoutée (TVA) se répercute plus facilement que
l'impôt sur les sociétés de capitaux.
66 Raymond FERRETI, Droit fiscal, 2002
67 Conf.p58 paragraphe 2
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 57
2- Les facteurs conjoncturels.
Parmi les facteurs conjoncturels, nous pouvons noter
l'élasticité de la demande et l'inflation.
L'élasticité de la demande peut être une source de la
répercussion de l'impôt.
La demande et l'offre d'un produit peuvent être plus ou
moins élastique c'est-à-dire plus ou moins sensibles à une
variation de prix.
Une évaluation des prix dus à une incorporation
de l'impôt ne diminuera pas sensiblement la demande des biens à
l'usage desquels le consommateur ne peut renoncer dans l'hypothèse d'une
faible élasticité de la demande, la répercussion est donc
particulièrement aisée. La faible élasticité de la
demande peut entrainer le phénomène de la répercussion.
Cependant, l'inflation peut être aussi source de la
répercussion de l'impôt.
L'inflation facilite la répercussion des impôts,
des producteurs vers les consommateurs. Il suffit de donner un « coup de
pouce » supplémentaire aux prix pour y incorporer la charge
fiscale. A l'inverse une inflation faible rend plus délicate la
répercussion.68 L'inflation, qui favorise le débiteur
par rapport au créancier, devrait bénéficier aux
contribuables. Il est vrai qu'en période inflationniste, le poids des
impôts à taux spécifiques (droits sur les alcools les
tabacs) tend à diminuer en l'absence de révision fréquente
des tarifs, et les bases d'impositions établies forfaitairement pour
plusieurs années (les valeurs locatives, par exemple) se
déprécient.
Mais le plus souvent le jeu mécanique de l'inflation
qui accroit les revenus nominaux des contribuables aboutit à majorer la
charge fiscale réelle qu'ils supportent. C'est ce qu'on a appelé
la « progression à froid » de l'impôt. Ainsi, en
l'absence d'une révision du barème, la progressivité de
l'impôt sur le revenu s'accroit considérablement et le nombre des
nouveaux contribuables augmente.
Cependant, en quinze ans entre 1962 et 1978, le nombre des
assujettis à l'impôt sur le revenu a doublé en France,
passant de 7 à 14 millions. De même l'absence de révision
des seuils d'application des régimes forfaitaires depuis plus de quinze
ans a considérablement réduit le nombre des
bénéficiaires de ces régimes d'imposition relativement
favorables aux contribuables. Pour les entreprises, les effets fiscaux de
l'inflation ne sont pas moins fâcheux. Des plus-values de cession
purement nominales apparaissent, le renouvellement des stocks indispensables
tend à majorer le bénéfice d'exploitation, les
amortissements deviennent insuffisant pour remplacer le
matériel.69
68 0p.cit
69 Pierre BELTRAME, la fiscalité en France, 13
éme éditions 2007-2008
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de
l'Ingénierie Financière et Fiscale Page 58
B- Les formes de la répercussion
Il existe plusieurs formes de la répercussion, la
répercussion juridique, la répercussion économique et la
répercussion simple ou en chaine. Mais dans le cadre de notre travail,
nous allons nous limiter sur les deux premières.
1- La répercussion juridique.
La répercussion légale ou répercussion
de droit est une forme de répercussion prévu par les textes. Elle
est prévue par les textes et organisée par le législateur.
Ainsi, la TVA à telle été conçue pour être
répercutée à l'assujetti vers le consommateur final. De ce
fait, la répercussion de fait est un peu différentes de la
répercussion de droit.
Dans d'autres cas, le législateur n'a pas voulu la
répercussion et pourtant elle existe en fait ou peut exister. Il en va
ainsi par exemple en matière d'impôt sur les
sociétés, il peut dans certains cas être
répercuté dans les ventes. Tout dépend bien sûr de
la volonté du commerçant et de la situation du marché.
2- La répercussion économique.
Dans cette situation la charge de l'impôt peut
être transférer dans les deux directions opposées
c'est-à-dire en aval ou en amont.
La répercussion en aval se manifeste par la majoration
des prix de ventes.
Souvent la répercussion se fait du producteur au
consommateur, elle se traduit alors par le gonflement du prix de vente. La TVA
en est le meilleur exemple, mais, la plupart des impôts qui frappent le
circuit économique se répercutent dans ce sens. En outre, la
répercussion en amont même si elle est plus rare que la
précédente, elle existe néanmoins. On peut citer l'exemple
de l'imposition des valeurs mobilières. L'impôt qui est
payé par le propriétaire des titres est en réalité
supporté en partie par la société qui l'intègre
dans le calcul du bénéfice distribué.70
70 Ibidem
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de
l'Ingénierie Financière et Fiscale Page 59
Section 2 : les limites liées au fonctionnement
de l'administration fiscales :
Les limites liées aux fonctionnements de
l'administration fiscale, se manifestent par les difficultés dans le
fonctionnement de l'administration fiscale (paragraphe 1), mais aussi par les
insuffisances liées aux mesures fiscales incitatives (paragraphe 2).
Paragraphe 1: les difficultés au sein de
l'administration fiscale
Traditionnellement, il est souvent admis qu'une administration
fiscale n'est qu'un bureau de recouvrement avec d'importants pouvoirs
coercitifs, ce qui pourrait expliquer pourquoi dans certains pays le concept de
« police fiscale » est populaire71. Mais une approche plus
moderne de la définition de l'administration fiscale suggère une
conception plus fine72 de l'administration fiscale en mettant
l'accent non seulement sur le montant des recettes à recouvrir, mais
aussi sur la manière dont elles doivent être recouvrées.
Les structures de l'administration fiscale
sénégalaise demeurent dans une certaine bureaucratie et, parfois
un manque de stratégie adaptée à la réalité
pour véritablement accomplir ses missions. Ces déficits sont
liés aux moyens humains et matériels autant de tares qui
éloignent l'administration fiscale des contribuables.
A cet effet notre analyse portera sur les insuffisances dans
la gestion des ressources humaines (A) mais aussi des insuffisances
rencontrées au niveau des moyens matériels (B).
A- Les insuffisances dans la gestion des ressources
humaines
La gestion des ressources humaines est un problème
fréquent dans les administrations fiscales Africaines. C'est à ce
titre que M.Chambas soutient que : « la tache a la charge des
administrations fiscales est immense et il est vrai que les effets sont souvent
sous-utilisés. Ainsi en 1987 une direction générale des
impôts d'un pays côtier comptait seulement 150 agents fiscalistes.
En janvier 1991, cet effectif atteignait 373 agents. Or malgré cet
accroissement des effectifs il n'a pas été constaté
d'évolution favorable, ni du nombre de contribuable gérés,
ni du montant des impôts recouvrés : ceci indique un manque
d'efficacité de l'utilisation des
71 FALL (A H), contribution à une
réflexion sur la fiscalité du développement au
Sénégal, Thèse pour le doctorat en droit,
l'Université des sciences sociales de Toulouse 1, le 30 mai 2001,
P.379.
72 Ibidem
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 60
effectifs supplémentaires73. »
Autrement dit, la répartition des ressources humaines dans
l'administration n'est pas toujours optimale.
Ensuite, on constate des insuffisances dans la formation des
agents de la DGID. La formation de ces derniers est assurée par les
inspecteurs et les contrôleurs par l'école nationale de
l'administration (ENA). Concernant les formations professionnelles continuent,
elles sont encore limitées, faute de moyens suffisants. Mais des
séminaires ou des conférences sont organisées afin
d'accompagner les réformes fiscales ou comptables nées de
l'application des normes communautaires de l'UEMOA ou de l'OHADA pour le plan
comptable. C'est initiatives sont très utiles pour faciliter
l'adaptation des agents a des nouveaux outils de travail dans un système
ou la norme fiscale change perpétuellement. C'est pourquoi il
conviendrait d'installer une structure permanente de formation.
Ainsi, la formation reçu à l'ENA bien qu'elle
soit solide et de bonne qualité est très importante mais fort et
de constater qu'aujourd'hui elle ne suffit plus pour doter l'agent de tous les
instruments nécessaires à une bonne maitrise de son travail.
L'évolution de la technique fiscale et des
technologies, les subtilités comptables et la complexité
croissante des techniques de fraude rendent impérative la prise en
charge efficace de la formation.
Cependant, nous dirons que si les autorités veulent
obtenir des résultats performants dans la gestion de la collecte de
l'impôt par l'administration fiscale un accent particulier doit
être mis sur la formation des agents car tant que ces derniers ne seront
pas bien formés ils ne seront pas capables de produire les
résultats escomptés.
B- La nécessité d'un contrôle des
exonérations fiscales
Le contrôle des bénéficiaires des
exonérations fiscales ne pose pas de problème en amont dans la
mesure où ces derniers sont soumis au respect d'une procédure de
visa prenable pour bénéficier de l'exonération. Mais, cela
n'empêche pas les entreprises bénéficiaires
d'exonération de commettre des dérives en profitant des lacunes
du contrôle fiscal pour ne plus respecter les engagements pris au titre
des conditions à remplir pour bénéficier des avantages
fiscaux, d'où la nécessité de mettre en place un
contrôle strict en aval des exonérations.
73 Fall (AH), op, cit, p316
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 61
Selon M. Ousmane Diagama : « ce contrôle trouve
tout son intérêt dans la mesure où il arrive souvent de
dégager des dissemblances entre des projets agrées par ce que
très intéressant sur le papier, et des projets
réalisées n'ayant finalement aucun rapport
socio-économique. »74
Un contrôle fiscal efficace doit parvenir à
éviter les entrepreneurs qui utilisent des techniques pour frauder
même lorsqu'ils bénéficient d'exonérations. Cela
permettra à l'Etat de maintenir une économie importantes car
« élargir l'assiette de l'impôt ce n'est pas seulement
trouver des impôts nouveaux ou contrôler systématiquement
les bases d'impositions déclarées par les contribuables
existants, mais c'est surtout intégrer dans le circuit fiscal normal
tous ceux qui gravitent dans les circuits économiques officiel ou non et
qui échappent totalement à l'impôt.
»75.
En d'autres termes, l'administration fiscale doit
évaluer si les opérations économiques
bénéficiaires des exonérations fiscales, doit mener des
contrôles visant à vérifier à travers un
contrôle sur place si tous les engagements pris par les
bénéficiaires des avantages fiscaux ont été
réalisés notamment pour voir leurs impacts en termes de
créations d'emplois et la capacité de rendement économique
des incitations fiscales. Mais, le manque de moyens tant humain que
matériels de l'administration constitue des obstacles difficiles a
surmonté. C'est le cas par exemple du centre des services fiscaux des
grandes entreprises (CGE) qui d'après un inspecteurs des impôts
compte 30 contrôleurs pour 900 entreprises sans compter le manque de
moyens roulant pour effectués les déplacements afin de
s'enquérir sur le terrain du niveau de réalisation des
investissements. Toutes ces faiblesses de l'administration laissent la porte
ouverte aux dérives de la part des bénéficiaires de ces
exonérations.
D'ailleurs, pour étayer l'idée selon laquelle,
il est nécessaire de mettre en place un contrôle strict et
efficace. Nous citerons à titre d'exemple, Le cas de cet investisseur
qui, pour la construction d'un hôtel de tourisme dans le quartier de
Dakar et qui a déclarer le prix d'un matériel neuf alors qu'il a
utilisé un matériel d'occasion reconditionnée. On s'en
aperçu de la supercherie lors d'une vérification fiscale pour lui
infliger évidement un redressement fiscal important.76
Apres avoir observé cet exemple nous constatons qu'il
y'a une véritable insuffisante des structures administratives dans le
contrôle des entreprises bénéficiaires d'exonération
fiscales.
74 Ousmane Diagama, « politique et incitation
aux investissements : Etude du cas Sénégalais »
Mémoire Ecole Nationale d'administration et de Magistrature. Section
impôts et domaines, 1986-1987, p 64.
75 Ibidem.
76 Diagana, Op cit, p 65
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 62
Cependant d'autres pays qui accorde des incitations fiscale
ont entrepris des opérations visant à contrôler
rigoureusement les entreprises bénéficiaires des régimes
de faveurs et c'est le cas du Gabon pays d'Afrique centrale et membre de la
CEMAC77 l'administration fiscale, incarne par la direction
général des impôts à lancer en février 2018
« l'opération justice fiscale »78 pour que
les bénéficiaires d'avantages fiscaux apportent la preuve de la
réalisation de leur contreparties, conformément à la loi.
L'opération consiste à auditionner, d'examiner et
d'évaluer les contreparties des exonérations fiscales qui ont
été accordées à toutes les opérations
concernées lors de ces dernières années.
Pour les opérateurs économiques, elle favorisera
une concurrence saine avec le retour à une équité fiscale.
Mais, pour l'Etat, elle contribuera à l'amélioration du climat
des affaires par la mise en place d'un système fiscal neutre et
égalitaire. Et pour la DGI, elle permettra d'effectuer, le retrait pur
et simple des avantages accordés aux opérations
économiques n'ayant pas respecté le contenu du cahier des charges
des conventions y relatives.79
En outre, les pouvoirs publics doivent impérativement
résoudre ce problème en dotant l'administration des moyens
nécessaires, en renforçant les capacités et les pouvoirs
de la commission chargée de contrôler les exonérations mais
aussi en rendant effectif les contrôles En vue d'obtenir un bon rendement
des incitations fiscales et d'adapter l'administration fiscale aux techniques
de fraude des contribuables pour mieux appréhender ceux qui abusent des
avantages fiscaux accordées. Dans la même d'ordre d'idées
la présidente de la commission du genre au CESE avait
déclaré que : « il faudrait que des gens qui
bénéficient d'exonérations puissent respecter toutes leurs
obligations et au cas contraire, qu'il y ait une sanction qui accompagne les
avantages accordés aux entreprises afin que tout le monde comprenne que
ce n'est pas quelque chose qui est gratuitement accordés
».80
En définitive, les problèmes liés d'abord
aux difficultés de fonctionnement de l'administration fiscale et aux
lacunes qu'elle a en matière de contrôle des exonérations
fiscales, ont un impact négatif sur le système fiscal ce qui
diminue ses performances, mais, on constate également que les
insuffisances des incitations fiscales ont un impact négatif sur le
système fiscal.
77 Communauté économique et
monétaire d'Afrique centrale.
78
http:// www.dgi.ga consulté le 31
juillet 2018
79 Ibidem
80
http:// www.lequotidien.sn
consulté le 31 juillet 2018
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de
l'Ingénierie Financière et Fiscale Page 63
Paragraphe 2 : les insuffisances liées aux mesures
fiscales incitatives
Les insuffisances liées aux mesures fiscales
incitatives se manifestent par les limites liées aux avantages consentis
(A), mais aussi des conditions d'accès parfois excessives (B).
A- Les limites liées aux avantages consentis
En dépit, de l'insertion des mesures fiscales
incitatives qui étaient dispersés dans le CGI qui comptait
déjà un nombre non négligeable,81 on remarque
qu'il y'a des insuffisances quant aux avantages consentis par le
législateur aux investisseurs par rapport à d'autres pays
Africains qui sont aller beaucoup plus loin que le Sénégal en
terme d'allègement et d'exonération, mais pour ne pas être
exhaustif nous citerons deux cas qui sont entre autre :
La réduction d'impôt pour exportation qui est le
résultat du transfert dans le droit commun des mesures relevant de la
fiscalité intérieure qui figuraient dans la loi n° 95-34 du
29 décembre 1995 instituant le statut de l'entreprise franche
d'exportation (EFE). Cette loi bien qu'elle contienne des conditions d'octroi
des avantages qui était plus lourdes que les nouvelles conditions
prévues dans le CGI qui sont désormais aux nombres de deux (02)
à savoir l'exportation directe d'au moins 80 % de la production et la
justification du rapatriements des devises.82 Mais, elle
prévoyait beaucoup d'avantages qui ont été retirés
par le législateur dans la réforme du CGI de 2012 tel que :
- L'exonération de l'impôt sur le revenu des
valeurs mobilières prélevé par l'entreprise sur les
dividendes distribués ;
- L'exonération de la contribution foncière sur
les propriétés bâtie, de la contribution foncière
sur les propriétés non bâties, de la contribution des
licences.83 tandis que la nouvelle réforme du droit commun
incitatif reprend simplement les avantages suivants qui étaient
déjà contenu dans le statut de l'EFE ;
- L'exonération à la CFCE, (contribution
forfaitaire a la charge de l'employeur) ;
- L'exonération des patentes ;
- L'exonération des droits d'enregistrement, notamment
pour les actes de constitution et de modification de statuts ;
- Modification des droits de timbre.
81 Mancabou , Op cit, p 73.
82 CGI édition 2016, Op, p,111 , article 253
83 Loi 65-35 du 21 décembre 1995 instituant le
statut de l'entreprise franche d'exportation, article 7
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 64
Au regard de ce qui précède, on observe que le
législateur a préférer alléger les conditions
d'éligibilités à cette mesure d'incitation fiscale, mais
réduire les avantages au lieu de tout simplement prendre une disposition
équilibrée c'est-à-dire qui réunit à la fois
le souci de faciliter les conditions d'éligibilité et celui
d'avoir plusieurs avantages pour attirer les investisseurs.
Par contre au Togo, les entreprises franches d'exploitations
bénéficient d'un régime beaucoup plus avantageux qu'au
Sénégal. En effet, la Zone Franche Togolaise offre aux
entreprises exportatrices une des meilleurs environnements des affaires en
Afrique de l'Ouest. En effet, les entreprises agréées
bénéficient des avantages fiscaux suivants :
- Stabilisation de l'impôt sur les
sociétés au taux de 0% pendant les 5 premières
années ; - Paiement de l'impôt sur les sociétés au
taux de 8% sur le bénéfice imposable de la 6e
à
la 10e annéé ou paiement de
l'impôt minimum forfaitaire proportionnellement
correspondant ;
- Paiement de l'impôt sur les sociétés au
taux de 10% sur le bénéfice imposable de la 11e
à la 20e année ou paiement de l'impôt minimum
forfaitaire proportionnellement correspondant ;
- Paiement de l'impôt sur les sociétés au
taux de 20% sur le bénéfice imposable à partir de la
21e année ou paiement de l'IMF forfaitaire
proportionnellement correspondant ;
- Exonération de l'impôt sur les dividendes
pendant les 5 premières années, paiement de 50% du montant de cet
impôt calculé dans les conditions de droit commun de la
6e à la 10e année ;
- Application du droit commun à partir de la
11e année ;
- Stabilisation de la taxe sur les salaires au taux
réduit de 2% pendant la durée de vie de l'entreprise en zone
franche, sous réserve des dispositions de l'article 22 de la loi portant
statut de zone franche industrielle ;
- Exonération de la taxe foncière pendant les 5
premières années ;
- Paiement de cette taxe au taux de 15% du montant de la taxe
calculée au droit commun à partir de la 21e
année ;
- Exonération de la TVA sur les travaux et services
réalisés pour le compte de l'entreprise bénéficiant
du statut de la zone franche.84
84 Togo, Loi N° 2011-18 du 24 juin 2011 portant
statut de zone franche industrielle, article 21
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 65
Nous remarquons que, le législateur fiscale Togolais a
fait preuve d'audace en instaurant ce régime d'incitations fiscale pour
favoriser l'implantation sur le territoire Togolais des entreprises franches
d'exportations.
En ce qui concerne le deuxième cas, on constate que le
législateur n'a pas prévu dans le CGI la possibilité pour
les pouvoirs publics d'étendre les avantages fiscaux accordées
aux cocontractants locaux des investisseurs au niveau du droit commun
incitatif. Or au Cameroun l'article 11 de la loi N° 2013/004 du 18 avril
2013 modifiée par la loi 201//015 du 10 juillet 2017, fixant les
incitations à l'investissement privé en République du
Cameroun prévoit que : « En raison de l'importance du projet
dument évaluée, l'Etat peut exceptionnellement étendre le
bénéfice de quelques exonérations fiscales et
douanières aux actionnaires, aux promoteurs et aux cocontractants locaux
de l'investisseur par voie contractuelle »85
En outre pour soutenir et encourager l'exportation des
produits vers l'étranger, à l'instar du Sénégal les
autorités Camerounaises ont prévues à travers,
l'arrêté N°0003366MINFI/SG/DGI/DGD du 18 novembre 2013
qu'outre les incitations communes et spécifiques, les entreprises
nouvelles agrées qui réalisent des opérations
d'exportation à hauteur de 50% du chiffre d'affaires annuel hors taxes
peuvent bénéficier des incitations fiscales ci-après pour
une durée n'excédant pas cinq (5) ans, c'est-à-dire une
exonération du droit de sortie sur les produits manufacturés
localement et bénéficié du régime du
perfectionnement actif prévu par le code des Douanes.86
Cet arrêté élargit le champ des secteurs
régis par les textes particuliers auxquels ne s'appliquent pas les
dispositions de la loi N°2013/004 du 18 avril 2013 modifié par la
loi 2017/015 du 12 juillet 2017, fixant les incitations à
l'investissement privé en République du Cameroun. Il s'y ajoute,
les régimes conventionnels, le régime de réinvestissement
du CGI, les régimes économiques du code des Douanes et tout autre
régime particulier accordant des avantages de nature fiscale et/ou
douanière. Nous constatons également que cette loi offre des
conditions plus souples en termes de taux de marchandises à exporter qui
est de 50%, tandis que le taux fixé par le législateur fiscal
sénégalais est de 80% soi une différence de 30%. De plus,
les avantages octroyés par le législateur Camerounais sont
nombreux87 par rapport aux avantages que l'on retrouve au
Sénégal. Par conséquent, d'un point de vue fiscal, les
investisseurs qui sont
85 Ndzana Biloa la fiscalité levier pour
l'émergence des pays de la zone franc le cas du Cameroun, l'harmattan,
Paris, 2016, 356 p
86 Ibidem
87 Voir les articles 5,6, 7, 14, 15 et 16 de la loi
n°2013/004 du 18 avril 2013 modifié par la loi 201//015 du 12
juillet 2017, fixant les incitations fiscales à l'investissement
privé en République du Cameroun.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 66
en quête perpétuelle d'avantages, choisiront
d'implanter leurs capitaux au Cameroun plutôt qu'au
Sénégal.
B- Les limites liées aux conditions
d'accès aux incitations
De toute économie de marché, il est
nécessaire de réglementer l'activité du secteur
privé dans la collectivité en ce qui concerne par exemple la
santé publique, la sécurité, l'environnement, les droits
d'exploitation des ressources naturelles, le paiement d'impôt politique
de promotion au secteur privé. Il faut avoir une doctrine claire et
précise sur la portée de cette réglementation visant
à sauvegarder les intérêts de la collectivité.
Tout d'abord, dès que les conditionnalités et
les restrictions auxquelles sont soumis pour assurer la protection et la
promotion de l'intérêt public, qu'ils s'agissent de
régions, de branche ou de secteur d'activité sont parfois
élevée, elles créent souvent des distorsions dans
l'économie qui font que cette réglementation ailles à
l'encontre des objectifs recherchés.
Ensuite, une règlementation excessive, même bien
orientée, se traduit par des ingérences au sein des entreprises
qui ne veulent pas être pénalisées pour non-respect des
critères d'éligibilité du régime. On prescrit
parfois de lourdes obligations aux entreprises privées pour
bénéficier des régimes fiscaux incitatifs, surtout dans
une économie ou le tissu industriel est constitué en
majorité des PME-PMI. C'est exigences sont généralement
liées aux bénéfices des avantages fiscaux au moment de
l'approbation de l'investissement.
Par ailleurs, on constate qu'il y a aussi des insuffisances au
niveau de la mise en oeuvre des mesures fiscales incitatives ce qui
représente un véritable obstacle pour la performance et
l'efficacité de ces mesures dans la pratique.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de
l'Ingénierie Financière et Fiscale Page 67
CHAPITRE II : LES LIMITES D'ORDRE EXTERNE
La politique fiscale nationale fait face à des limites
d'ordres externes qui sont dû d'une part grâce aux
différentes coopérations entre les Etats membres et d'autre part
par l'avènement d'une concurrence entre les Etats d'une même zone
économique88.
C'est pourquoi il faut prendre en compte le fait que de plus
en plus des décisions prises en matière fiscale sont
insérées dans un environnement juridique et conventionnel sont de
plus en plus complexe. On sait que les directives et autres décisions de
l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ou celles
à venir limitent ou limiteront le champ d'intervention des Etats, qui ne
peuvent ou ne pourront plus aider un secteur particulier de l'économie
sans un accord des autorités de la Commission.
De l'autre côté, l'importance de la coordination
fiscale peut poser le problème de l'efficacité de la politique
fiscale. Une trop forte coordination fiscale n'est pas recommandée.
Outre les effets dissuasifs sur l'initiative privée d'un
prélèvement fort et les aspects psychologiques négatifs
d'un système souvent perçu comme bureaucratique et complexe, il
faut souligner que "trop de concurrence tue la concurrence" et qu'un poids
fiscal excessif tend à favoriser la fraude et sa dissimulation.
Il importe donc de trouver le juste milieu et analyser la
politique fiscale quasiment au cas par cas, secteur d'activité par
secteur d'activité, localité par localité, et non des
politiques globales qui sont souvent la règle.
L'appartenance à une union
économique89, renforce les risques liés à la
concurrence fiscale (Section 1) mais aussi ceux liés à
l'harmonisation fiscale (Section 2).
88 Union économique et monétaire ouest
africaine (UEMOA)
89 UEMOA
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de
l'Ingénierie Financière et Fiscale Page 68
Section 1 : les limites liées à la
concurrence fiscale
Selon le lexique des termes juridiques, « la
concurrence fiscale consiste pour un Etat, en vue de favoriser ses exportations
ou d'attirer des entreprises ou des capitaux étranger, à diminuer
de façon excessive ses impôts en dessous des Etats concurrents
».
Ainsi, dans l'espace UEMOA, la suppression des entraves
à la circulation des biens, des personnes et des capitaux favorise les
délocalisations, la fraude fiscale et la mobilité
géographique des bases d'imposition.90 Les Etats Ouest
Africains s'étaient engagés dans une véritable concurrence
fiscale. La baisse du taux de l'impôt sur les bénéfices a
été constatée dans la plupart des Etats. Ce qui a conduit
la commission de l'UEMOA a proposé une harmonisation des taux et des
assiettes d'imposition en 2008.91
A terme, la concurrence fiscale pose un problème
d'équité, car les assiettes fiscales mobiles se
délocalisent à la recherche de systèmes les plus
cléments, alors que les assiettes fixes se retrouvent davantage
surtaxées, notamment pour compenser les pertes liées à la
fuite devant l'impôt des facteurs mobiles. Il en va ainsi au regard de
l'équité horizontale puisque des contribuables ayant des revenus
comparables peuvent supporter des prélèvements différent
selon l'origine de ces revenus. Il en va également ainsi au regard de
l'équité verticale puisque l'inégale taxation des revenus
selon leur origine est susceptible de déboucher sur une taxation plus
lourde des contribuables les moins bien dotés.92
Paragraphe 1 : les manifestations de la concurrence
fiscale
En zone UEMOA,93 l'inopportunité de la
concurrence fiscale se trouve en ce sens que la fiscalité n'est pas le
premier critère d'établissement des entreprises, d'autres
considérations entrent en jeu. Ce sont la taille du marché, la
stabilité politique et économique, l'Etat de droit et la
protection du droit de propriété. La fiscalité se
classerait onzième sur douze facteurs selon une étude de
l'ONUDI.94
La concurrence fiscale est généralement
modélisée sous la forme d'un enjeu non coopératif entre
les Etats, chacun d'entre eux souhaitant attirer le plus d'investissement
possible.
90 Ibidem
91 Ibidem
92 Ibidem
93 L'espace économique communautaire des huit
pays membres doté d'une même monnaie le FCFA
94 ONUDI, enquête auprès de 7000
entreprises de 19 pays africains 2011
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 69
Cette concurrence se manifeste d'une part par la
réduction du taux d'impôt sur le bénéfice (A) et
d'autre part la diversité des assiettes d'impositions (B).
A- La réduction du taux d'impôt sur le
bénéfice
La réduction peut être définie comme une
façon de baisser, de diminuer ou de rendre moins élevé une
chose. De ce fait la réduction du taux d'impôt sur le
bénéfice est le fait de baisser le taux applicable sur la base
imposable d'une société ou d'entreprise. Ainsi, le taux de
l'impôt est le pourcentage à appliquer à la base
d'imposition pour trouver le montant d'impôt dû au niveau du
fisc.
Par exemple au Sénégal le taux d'imposition des
sociétés de capitaux est de trente pourcent (30%).95
Ce taux peut varier d'un pays à un autre pour des raisons
différentes, soit pour attirer le maximum d'investisseurs, soit pour des
mesures incitatives. La concurrence fiscale d'une union économique se
manifeste à travers la diversité des taux d'impositions.
C'est-à-dire qu'il n'y a pas une harmonisation sur les taux. Chaque pays
est libre d'appliquer le taux qui l'arrange de plus.
L'impôt sur les sociétés repose sur le
résultat des entreprises et de ce fait, affecte le rendement des
investissements. Les entreprises sont imposées dans le pays dans lequel
elles s'installent et sont donc incitées, si elles le peuvent et toutes
chose égales par ailleurs, à se localiser dans les Etats à
faible fiscalité.96 Dans ce cas, le choix d'un lieu
d'implantation repose sur la comparaison du taux de rendement qu'obtiendrait
une entreprise pour un investissement donné dans chaque Etat de la
sous-région.
Cependant pour remédier à cela, la solution pour
accroitre l'investissement serait donc de se concentrer sur ces obstacles pour
les éliminer directement, plutôt que d'accorder les mêmes
avantages que d'autres pays.
De ce fait, chacun des Etats membres de l'union
économique essaie de diminuer le maximum possible le taux d'imposition
dans le but d'attirer les investisseurs étrangers. Cette
réduction du taux d'imposition permet d'attirer les investisseurs
étrangers, au même moment il favorise la création d'emploi.
Mais cette politique fiscale a des effets, car le fait d'utiliser un taux
très faible pour attirer plus d'investisseurs peut entrainer une perte
énorme de recettes.
95 Taux de l'IS au Sénégal
96 El hadj DIALIGUE BA, droit fiscal, p.68
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de
l'Ingénierie Financière et Fiscale Page 70
B- La diversité des assiettes d'imposition
L'assiette correspond aux éléments sur lesquels
l'impôt sera prélevé. C'est la matière imposable.
Elle est définit d'une part en déterminant les faits, les
activités ou les situations qui seront retenues pour asseoir
l'impôt, c'est la détermination qualitative de l'assiette. Et
d'autres parts, en déterminant les procédés
d'évaluation des faits, activités ou situations retenus, c'est la
détermination quantitative de l'assiette. Il faut signaler que tous les
pays de l'union économique n'avaient pas les mêmes conditions de
détermination de l'assiette ou de la base imposable.
C'est pourquoi en 2008 la commission de l'UEMOA à
proposer une harmonisation des taux et des assiettes d'imposition. Si la
façon de détermination de l'assiette varie d'un pays à un
autre cela peut entrainer une concurrence énorme entre les
différents pays de l'union économique. De ce fait, en
matière d'impôt sur les bénéfices des personnes
morales, tous les pays pratiquent des taux compris dans la fourchette de 25
à 30% édicté par directive 08/2008/CM/UEMOA.
En effet, le Sénégal depuis la reforme 2012- 31
du 31 décembre 2012 applique un taux de l'IS de 30% après avoir
appliqué pendant six ans (2006-2012) un taux de 25%, il en est de
même pour le Mali avec la loi 2011/78 du 23 décembre 2011, le
Benin avec la loi de finances pour la gestion de 2009, le Togo avec la loi de
finance pour la gestion de 2010 et le Niger avec la loi de finance pour la
gestion de 2012. La cote d'ivoire depuis la loi de finances pour la gestion de
2009 à choisi un taux de 25% et le Burkina un taux de 27,5% avec la loi
008/2010 du 29 janvier 2010 portant création d'un impôt sur les
sociétés.
En outre, la cote d'ivoire taxe les entreprises
minières aux taux de 30%, tandis que le Benin et le Togo appliquent des
taux réduits en faveur des industries qui sont respectivement de 25 et
27%.
Il faut toutefois noter que tous les pays n'ont pas un
impôt sur les bénéfices réservé aux seules
personnes morales. En effet, pour la cote d'ivoire, le Mali et le Niger, les
personnes morales et physiques sont passible du même impôt sur les
bénéfices commerciaux, avec des taux qui peuvent toutefois
différer.97
Ainsi, les taux d'imposition des personnes morales sont
essentiellement respectés, à l'exception de taux majorés
appliqués aux entreprises évoluant dans l'exploitation des
ressources naturelles
97 Mlle Ndèye Nangho DIOUM, l'harmonisation
fiscale en UEMOA : enjeux et perspectives, mémoire de fin de formation
à l'ENA cycle B, 2031-2015
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 71
(Benin 35 ou 45% aux entreprises pétrolières,
Cote d'ivoire 30% aux entreprises minières). Cependant, des efforts
restent à faire, en ce qui concerne l'assiette de l'impôt et
l'application de la directive 01/2008/CM/UEMOA portante harmonisation des
modalités de détermination du résultat imposable des
personnes morales. En effet, les directives n'étant pas contraignantes
et claires en matière d'exonération et d'exemption, les Etats ont
toujours une latitude en la matière et l'utilise pour mettre en oeuvre
des mesures d'incitations.
Paragraphe 2 : les effets de la concurrence fiscale
Toutes les formes de concurrence sont nuisibles lorsqu'elles
ne sont pas encadrées par des règles. La concurrence entre Etat
en vue d'attirer les facteurs de productions peut avoir autant de
conséquences néfastes que les autres formes de concurrences.
Pour améliorer l'environnement des affaires et ainsi
attirer les investisseurs, beaucoup de pays ont recours à des politiques
d'incitation fiscale. Elles consistent à accorder des régimes
fiscaux plus favorables à certains secteurs ou acteurs de
l'économie plus qu'à d'autres et constituent malheureusement les
principales manifestations de la concurrences fiscale entre les Etats. Ainsi,
la concurrence fiscale remet en cause le principe de la souveraineté des
Etats qui, dans les faits, perdent la liberté de déterminer le
niveau et la structure de leurs impositions.
Pour mieux aborder les effets de la concurrence fiscale, nous
allons voir en premier lieu la baisse des recettes (A) et en second lieu
l'augmentation des emprunts (B).
A- La baisse des recettes
Un système d'imposition est équitable s'il
répartit la pression fiscale entre les agents économiques en
fonction de leur capacité contributive. Or, la concurrence fiscale tend
à entraîner une réduction de l'imposition des assiettes les
plus mobiles et un alourdissement de celle des assiettes les moins mobiles.
En effet, en l'absence de coordination, un Etat
confronté à la fuite des assiettes les plus mobiles vers les pays
où elles sont le moins taxées, est conduit, soit à
accepter un tarissement de ses recettes, soit à baisser le taux
d'imposition sur les bases mobiles.
La concurrence fiscale remet en cause le principe de la
souveraineté des Etats, qui, dans les faits, perdent la liberté
de déterminer le niveau et la structure de leur imposition.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 72
Ainsi, du fait de la concurrence, les impositions convergent
presque mécaniquement vers la baisse.98 Des lors, les Etats
engagés dans une concurrence fiscale courent le risque de voir leurs
ressources fiscales diminuer.
Les autres éléments de la fiscalité
pesant sur les entreprises telles que la charge patronale sur les salaires et
les impôts locaux ne sont harmonisés et demeurent très
hétérogènes.99 La pression concurrentielle
semble inciter les Etats de l'UEMOA à alléger les
prélèvements pour réduire leur incidence sur les couts de
productions ou sur le cout de la main d'oeuvre.
La théorie économique s'est ainsi
focalisée sur les effets comparés de la concurrence fiscale sur
le travail, supposé peu mobile, et le capital, supposé
très mobile. Elle indique que le taux de l'impôt sur le capital
tend vers zéro lorsque le nombre d'Etats en concurrence devient
très grand. A la limite, seul le travail supporte alors le fardeau
fiscal. Les modèles théoriques tendent à montrer que
l'impôt sur le capital est prélevé en l'absence de
coopération - à un taux nettement plus faible que celui sur le
travail.
La mise en oeuvre de ces incitations fiscales se fait pour
l'essentiel par un système dualiste, c'est-à-dire qu'on utilise,
mis à part les incitations de droit commun, des régimes fiscaux
dérogatoires. Les dépenses fiscales sont à l'origine d'un
manque à gagner énorme en matière de recettes pour les
économies de la région, car elles constituent des ressources
auxquelles l'Etat a renoncé. Pour y remédier, la directive
n°01/2009/CM/UEMOA du 27 mars 2009 portant Code de Transparence dans la
gestion des finances publiques au sein de l'UEMOA, transposée au
Sénégal par la loi 2012-22 du 27 décembre 2012,
préconise que les décisions ayant une incidence sur le budget de
l'Etat soient chiffrées et rendues publiques, et que l'évaluation
de l'impact financier de ces décisions fasse partie des documents
budgétaires à joindre au projet de loi de finances de
l'année.
Dans la même optique que cette directive, au
Sénégal, le Ministère en charge des Finances a entrepris,
avec la Direction Générale des Impôts et des Domaines
(DGID) une évaluation des dépenses fiscales pour les
périodes 2008 et 2009, puis 2010, 2011 et 2012. Avec ces études,
on a répertorié 327 dispositions fiscales dérogatoires
à la norme de référence dont 58% dans le droit commun et
42% résultant des régimes dérogatoires. Ces régimes
dérogatoires prennent la
98 Ibidem
99 Ibidem
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 73
forme de codes, de conventions d'établissement, de lois
ou règlements comportant des mesures ayant une incidence fiscale.
B- L'augmentation des emprunts
Emprunter c'est-à-dire obtenir auprès d'un tiers
des fonds à charge de les restituer ultérieurement moyennant le
paiement d'intérêt, a toujours correspondu à une
démarche particulière des collectivités publique
dictée essentiellement par le besoin de financer leurs investissements.
L'emprunt est alors le fait d'emprunter des fonds provenant soit d'organismes
publics ou de souscription privées, soit de gouvernements
étrangers sous forme d'avances ou de crédits et ou d'organismes
internationaux. Le recours à l'emprunt se justifie dans une certaine
mesure par l'insuffisance de la gestion interne constituée en bonne
partie des produits fiscaux. Ce qui corrobore le constat selon lequel les
exonérations d'ordre social qui constituent à certains
égards un manque à gagner constitueraient une motivation pour les
pays en développement en particulier le Sénégal à
recourir de plus en plus à l'emprunt même si l'emprunt constitue
par excellence un rempart financier de tous les Etat du monde entier.
Au-delà de son effet sur le volume d'emprunt
l'insuffisance qui découlerait de ces exonérations pourrait
être à l' origine d'une défiance envers les Etats ou
organismes prêteurs en raison de l'insolvabilité des Etats
emprunteurs. C'est en ce sens que Louis TROTTABAS et Jean Marie COTERET
abondent car ils disent substantiellement que si ces derniers,
c'est-à-dire les Etats emprunteurs n'arrivent pas à rembourser a
échéances déterminée leurs dettes, ils risquent de
mettre en jeu leur crédibilité vis-à-vis des bailleurs de
fonds. Cette situation ne pourra être expliquée que par le
déficit budgétaire et le caractère insoutenable des dettes
qui résulteraient entre autres du manque à gagner aux
dépens du trésor public.
Mais les degrés d'emprunt diffèrent d'un pays
à un autres si on prend l'exemple du Sénégal dont le taux
d'emprunt atteint 42,9% du PIB dont 30% pour la dette extérieure et
11,1% pour ce qui concerne la dette intérieure,100 il devient
dès lors nécessaire de trouver un équilibre entre le
rapport exonérations fiscales et emprunt public pour parer à
toute éventualité d'insolvabilité ou de défiance
extérieure.
'°° Révélation du ministre de
l'économie et des Finances Amadou Ba lors de son passage
l'assemblée nationale le 09 septembre 2014
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 74
D'une manière générale, les exemples de
la TVA et de l'IR que nous avons pris nous ont permis d'évaluer le
manque à gagner.
En effet, les statistiques de 2010 à 2012 nous ont
été estimées à quatre cent cinquante-huit point
cinq (458,5) milliards de franc CFA. C'est pourquoi, il parait important de
rationnaliser ces exonérations dans l'objectif d'amoindrir le manque
à gagner. La concurrence fiscale peut entrainer une perte énorme
de recette fiscale et cela n'est pas sans conséquences pour le budget de
l'Etat. Si l'Etat n'a pas assez de ressources pour assurer ses dépenses,
il sera obligé de faire un recourt à l'emprunt. L'augmentation de
l'emprunt peut être considérée comme un aspect
négatif.
Section 2 : les limites liées à
l'harmonisation fiscales
L'harmonisation fiscale est une voie privilégiée
pour éviter des distorsions résultant d'une concurrence
exacerbée.101 C'est une solution négociée dont
le but est d'encadrer les taux et les assiettes.
Une mise en cohérence des systèmes fiscaux est
indispensable pour prendre en compte aussi bien les impératifs de la
mondialisation que les besoins de l'intégration économique et
pour éviter les effets négatifs de la concurrence fiscale
dommageable.
En pratique, un rapprochement significatif des
fiscalités indirectes a été opéré au niveau
communautaire.102 C'est le cas de l'adoption de la directive sur la
TVA dans l'espace UEMOA103 et la directive sur la TVA et les droit
d'accises.
La simplicité est la troisième norme qu'un
système fiscal compétitif doit respecter, l'harmonisation fiscale
s'inscrit aussi dans la recherche de cette implication. Elle consiste en
l'adoption de règles au niveau de chaque Etat, de manière
à assurer le bon fonctionnement des relations économiques entre
des contacteurs des pays différents. En d'autres termes, « elle
consiste à coordonner les politique de façon à
éviter des réductions non concertées et concurrentielles
des taux ou d'assiette ». La mondialisation a entrainé une
mobilité croissante du capital et l'ouverture des frontières des
marchés financiers. Elle a poussé certains pays à
101 EL HADJ DIALIGUE BA, droit fiscal ed l'harmattan.
102 Décision N° 1/98/CM/UEMOA du 30 juillet 1998
portant harmonisation des fiscalités intérieures indirecte.
103 Directive N° 02/98/CM/UEMOA portant taxe sur la valeur
ajoutée (TVA)
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 75
harmoniser leurs systèmes fiscaux (UEMOA), en raison
des distorsions fiscales qu'elle peut entrainer.
Cependant, la mise en place d'une harmonisation fiscale
présente les avantages et des limites. Paragraphe 1 : les
avantages liés à l'harmonisation fiscale
L'harmonisation n'a pas vocation à uniformiser la
fiscalité des Etats considérés, mais elle permet à
la fois d'imposer des taux plus élevés et d'éviter
l'évasion fiscale. En tant que politique, l'harmonisation permet
d'éviter les effets pervers liés à la concurrence fiscale
tout comme elle constitue un moyen efficace pour parfaire l'intégration
politique et économique.
Parmi les avantages liés à l'harmonisation
fiscale nous avons un rapprochement des fiscalités indirectes et
l'élargissement des marchés commun.
A- Un rapprochement des fiscalités
indirectes
La mise en cohérence des systèmes fiscaux est
indisponible pour prendre en compte aussi bien les impératifs de la
mondialisation que les besoins de l'intégration économique et
pour éviter les effets de la concurrence fiscalité
dommageable.
L'harmonisation fiscale communautaire correspond à un
processus de rapprochement des législations fiscales des Etats membres
de l'union. Elle a surtout été mise en oeuvre en matière
de la Taxe sur la Valeur Ajoutée. Elle est l'un des processus
d'élimination des disparités entre les législations des
Etats membres, elle consiste en un rapprochement progressif de ces
législations, destiné à supprimer les principaux obstacles
fiscaux du marché intérieur.
Dans la pratique, un rapprochement significatif des
fiscalités indirectes a été opéré au niveau
communautaire parallèlement au développement du marché
intérieur. Le but de cette politique était de limiter les
atteintes à la libre circulation des marchandises et à la libre
prestation des services, de sorte que les transactions au sein de la
communauté économique soient traitées de façon
identique. L'assiette de taxation est harmonisée et les taux sont
encadrés, mais ces derniers demeurent cependant bien distincts entre les
Etats membres, au sein des fourchettes fixées à l'échelle
communautaire.
Par contre, sur la fiscalité directe, seules quelques
timides avancées sont notées, essentiellement sur la
fiscalité des entreprises.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 76
La démarche adoptée pour la mise en oeuvre de
l'harmonisation fiscale est une convergence des principaux impôts et
taxes, de par l'encadrement des taux et la définition des bases
d'impositions.
En matière TVA, la directive
N°02/98/CM/UEMOA104 portant Harmonisation des
législations des Etats membres en la matière, préconise la
TVA comme élément d'imposition des opérations
économiques portant sur la consommation de biens et services, mais aussi
une convergence dans ses modalités d'applications. Elle définit
entre autres :
- Les autres modalités d'imposition (lieu d'imposition,
fait générateur et exigibilité),
- Un taux d'imposition entre 15 et 20% et pour les pays disposant
d'un taux réduit, ils
Peuvent le maintenir dans un délai de 4 ans à
compter de la date d'entrée en vigueur de la directive ;
- La définition par chaque Etat d'un seuil de chiffre
d'affaires pour l'assujettissement à
La TVA, compris entre 30 et 50 millions FCFA pour les
entreprises effectuant des livraisons de biens et entre 15 et 25 millions pour
celles réalisant des prestations de services ;
- La faculté de soumettre ou non les activités
agricoles et le transport public de voyageurs à la TVA ;
- Les régimes de déduction et de remboursement de
crédit de TVA.
Une liste des biens et services exonérés,
incluant les produits alimentaires non transformés et de première
nécessité, les services de santé, de scolarité, les
livraisons de produits pharmaceutiques, la presse écrite, les livres,
les exonérations techniques, etc.
L'effet escompté d'une telle directive est la
modernisation et la simplification du régime de TVA, mais aussi le
contrôle des exonérations et l'élargissement de
l'assiette.
Par ailleurs, en réponse à l'inflation qu'ont
connue les prix des produits alimentaires et énergétiques en
2008, elle sera modifiée par la directive N°02/2009/CM/UEMOA.
C'elle ci relève le seuil d'assujettissement de la TVA entre 30 et 100
millions FCFA pour les personnes morales ou physique réalisant des
livraisons de biens et entre 15 et 50 millions FCFA pour celles effectuant des
opérations de prestations de services. Ainsi, elle donne aux Etats la
faculté
104 Directive N° 02/98/CM/UEMOA du 08 décembre
2015portant harmonisation des législations des États membres en
matière de Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA)
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 77
d'établir un taux réduit compris entre 5 et 10%
pour une liste de biens et services notamment les prestations
d'hébergement et de restauration faites par les établissements
touristiques agréent.
La directive N°06/2002-CM-UEMOA détermine «
la liste commune des médicaments, produits pharmaceutiques,
matériels et produits spécialisés pour les
activités médicales exonérés de la TVA au sein de
l'UEMOA ».
En matière de droit d'accises, la directives
N°03/98/CM UEMAO portant harmonisation des Etats membres en la
matière établit une liste dont le tabac et les boissons
alcoolisées et non alcoolisées de l'eau sont obligatoirement
soumis à un droit d'accises mais aussi la faculté d'y soumettre
ou non une liste énumérative de biens dans la limite de quatre
d'entre eux, Les taux-plancher et plafond applicables ainsi que les bases
d'imposition qui ne comprennent pas la TVA aussi bien à l'importation
qu'à l'exportation.
Cette directive sera modifiée par celle
N°03/2009/CM/UEMOA du 27 mars 2009, son but est d'élargir la liste
énumérative de biens imposables facultativement et d'en porter la
limite à six.
Par ailleurs, elle relève certains taux-plancher et
plafond pour les produits pétroliers, quant à la directive
N°06/2001/CM/UEMOA portant harmonisation de la taxation elle
définit la liste des produits pétroliers, limite les
prélèvements fiscaux applicables auxdits produits à la
TVA, aux droits de douanes et à la taxe spécifique unique (droits
d'accises consolidés), Cette taxe spécifique, d'après
l'article 6 de ladite directive, « regroupe l'ensemble des
prélèvements fiscaux et parafiscaux appliqués aux
produits pétroliers, autres que les droits de porte et la TVA
», cette directive interdit par ailleurs toute subvention de ces
produits et fixe un plafond de 200 FCFA d'écart dans la taxation des
différents produits, un autre de 100 FCFA entre le gasoil et l'essence
ordinaire. Ces écarts doivent être réduits de 20 FCFA par
an pendant cinq ans.
B- L'élargissement d'un marché commun
La fiscalité n'est pas le premier facteur qui influence
la décision d'implantation des firmes multinationales. Une dynamique de
concurrence fiscale serait donc source de divergence au sein d'une union
communautaire, et pourrait profondément y affecter l'unité
économique et la cohésion politique.
L'harmonisation des systèmes fiscaux apparait ainsi
comme un moyen d'éviter les couts associés à une
concurrence incontrôlée.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 78
Une coordination des politiques fiscales apparait comme une
solution efficace, d'où l'utilité, voir la
nécessité d'harmoniser les systèmes fiscaux pour renforcer
l'intégration économique communautaire et internationale.
L'harmonisation fiscale consiste à coordonner les politiques fiscales de
manières à éviter des réductions non
concertées à resserrer l'éventail des taux nominaux. Mais,
l'harmonisation est un processus lent et difficile. Une harmonisation parfaite
passerait par l'uniformisation à la fois des taux et des assiettes, ce
qui conduirait à une uniformité des taux effectifs d'impositions,
une telle harmonisation ne pourrait se concevoir qu'à long terme.
L'harmonisation fiscale peut être à l'origine de
l'élargissement d'un marché commun dans la mesure ou on applique
les mêmes taux que par exemple dans le cas de la TVA ou du droit
d'accises.
L'harmonisation des fiscalités est une
conséquence directe du marché commun et de la politique
commerciale commune. Ainsi, cette harmonisation a pour but d'éliminer la
fiscalité intérieure comme moyen de concurrence entre les Etats
membres.
En effet, l'élimination des barrières tarifaires
et la modalité totale des personnes, des biens et des services dont
s'accompagne de garanties pour les entreprises et les Etats d'un marché
concurrentiel et d'un cadre juridique et fiscal stable et prévisible. La
fiscalité ne doit plus constituer un levier permettant à un Etat
d'influencer la position de son secteur privé par rapport aux autres
Etats de l'union. Elle doit être un élément neutre dans le
choix des consommateurs et dans les stratégies des entreprises au sein
de l'union. L'harmonisation fiscale entre donc dans un cadre plus large qui est
l'instauration d'un droit de la concurrence au sein de l'union. Cette
considération a notamment amené une convergence des principaux
impôts et taxes sur le revenu et sur la consommation.
Ainsi, après les crises économiques survenus
dans les années 80 et la dévaluation du franc CFA en
1994,105 il était nécessaire de revoir les politiques
économiques et budgétaires, d'assainir les finances publiques et
de protéger la monnaie afin d'éviter d'autres crises d'une
même envergure. Cette volonté s'est matérialisée par
l'institution d'un dispositif de surveillance multilatérale des
politiques économiques à travers le pacte de convergence, de
stabilité, de croissance et de solidarité entre les Etats de
l'UEMOA, adopté par l'acte additionnel N°04/99 du 08
décembre 1999. Ce pacte vise à encadrer la cohérence de
politiques économiques notamment budgétaires par rapport à
la politique monétaire commune. De ce fait des critères
105 11 janvier 1994
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 79
relatifs à la fiscalité notamment par rapport
à la structure des recettes et des dépenses publiques ont
été édictés.
Paragraphe 2 : les limites de l'harmonisation fiscale.
En tant que technique de rapprochement des impositions de
différents Etats, l'harmonisation fiscale comporte des insuffisances
lorsque ces Etats ne sont pas du même niveau de développement,
comme c'est sensiblement le cas au sein de l'UEMOA. L'harmonisation devient
inefficace si elle vise à coordonner les systèmes fiscaux des
pays dont leur niveau de développement économique est
inégal.106 .
Parmi ces limites nous avons le déséquilibre
entre les Etats membres et la mauvaise gestion de la dépense publique
des Etats.
A- Une limite liée au déséquilibre
entre les Etats membres de l'UEMOA
L'harmonisation fiscale dans l'espace UEMOA comporte des
insuffisances par ce que tous les Etats membres n'ont pas le même niveau
de développement.
Par ailleurs, cette technique fiscale ne permet pas
d'améliorer la gestion de la dépense Publique des Etats.
L'harmonisation des systèmes fiscaux risque de maintenir un taux
élevé dans les différents Etats. Ce qui ne contribue pas
à réduire les recettes fiscales contrairement à la
concurrence fiscale qui peut constituer une pression à
l'amélioration de la dépense publique. La pression à la
baisse de ressources incite à réduire la dépense, donc
à être plus productif c'est dire que l'harmonisation fiscale n'est
pas toujours la meilleure solution, L'harmonisation fiscale dans l'espace UEMOA
comporte des insuffisances par ce que tous les Etats membres n'ont pas le
même niveau de développement.
Des lors, offrir une fiscalité avantageuse peut
être un moyen d'attirer des capitaux dans un pays souffrant d'un handicap
en raison notamment de son éloignement, de ses conditions naturelles, ou
de son niveau de développement. C'est ainsi que la concurrence fiscale
peut apparaitre comme une stratégie de différenciation. Un
certain écart de fiscalité est en fait supportable au sein d'une
même zone économique107. L'harmonisation fiscale dans
l'espace UEMOA peut être
106 EL HADJ DIALIGUE Ba, droit fiscal, édition
l'harmattan, p71
107 Op. cit
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 80
considérer comme une contrainte par ce que tous les
pays de la zone n'ont pas le même niveau de développement.
B- Une limite liée à la gestion des
dépenses publiques des Etats membres
L'harmonisation fiscale est une technique qui ne permet pas
d'améliorer la gestion de la dépense fiscale des Etats. Cette
technique des systèmes fiscaux risque de maintenir un taux
élevé dans les différents Etats. Ce qui ne contribue pas
à réduire les recettes fiscales, contrairement à la
concurrence fiscale qui peut constituer une pression à
l'amélioration de la dépense publique. La pression à la
baisse de la ressource incite à réduire la dépense, donc
à être plus productif.
Tous les pays membre de l'UEMOA n'ont pas le même niveau
de développement par exemple au Sénégal, les revenus
fiscaux représentent environ 60% du total des recettes
budgétaires. La structure de ces ressources est dominée par les
impôts indirect qui comptent pour près de 70% des recettes contre
environ 30% pour les impôts indirects.
En outre, cette réparation montre une certaine
dépendance par rapport à la fiscalité intérieure
sur les biens et services qui ne représentent plus 50% alors que la part
des prélèvements sur les revenus, bénéfices et
salaires reste relativement modeste (environs 27%). Le pays enregistre
toutefois la troisième meilleure performance en matière de
pression fiscale de la zone UEMOA en 2014, derrière le Niger et le Togo.
Il réalise ainsi un taux situé aux alentours de 19% en 2014 qui
reste inférieur au critère de 20% retenu dans le cadre de la
surveillance multilatérale au sein des Etats membres de l'UEMOA. Une
mauvaise gestion de la dépense publique des Etats est une limite
à l'harmonisation fiscale.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de
l'Ingénierie Financière et Fiscale Page 81
CONCLUSION
Il résulte de cette étude, que la
fiscalité constitue un pilier essentiel du cadre normatif qui favorise
l'investissement et la croissance.
Tout d'abord, il faut constater que des mesures sont prisent
par le gouvernement du Sénégal pour améliorer le cadre des
affaires108, afin d'avoir une économie forte,
compétitive sont jusque-là rentable.
En effet, les réformes engagées en
matière de facilitation des procédures, de modernisation des
structures administratives d'appui aux entreprises, de réduction du
coût des dépenses liées à la création
d'entreprise, l'allégement des conditions d'investissement et en
matière de politique fiscale d'incitation aux investissements se sont
avérés efficaces dans la mesures où nous assistons depuis
2013, à l'augmentation du nombre d'investissement notamment les
IDE109 et du nombre d'entreprises créées.
Ainsi, les pouvoirs publics ont orienté la
fiscalité en levier pour atteindre l'émergence. Ce choix de faire
favoriser une fiscalité de développement s'est traduit par
l'adoption depuis plusieurs décennies de régime d'imposition
dérogatoire au CGI qui accordent des exonérations fiscales afin
d'attirer les investisseurs et stimulé la croissance.
Au vue de toutes ces considérations, il devenait urgent
pour le Gouvernement de refondre totalement le dispositif fiscal afin de le
rendre plus lisible et mieux articulé aux objectifs poursuivis dans le
cadre de la politique économique et sociale du Sénégal.
Dans cette perspective, quatre (4) finalités majeures sont
recherchées, à savoir. Améliorer la qualité du
dispositif fiscal, accroître le rendement budgétaire de
l'impôt par l'élargissement de l'assiette, promouvoir une
meilleure justice fiscale et le consentement à l'impôt, mettre en
place un droit fiscal commun incitatif pour promouvoir la croissance
économique et améliorer l'environnement des affaires.
En tous les cas, la mise en place d'un DCI constitue l'une des
meilleures opportunités sinon la meilleure pour doter le
Sénégal d'un système fiscal qui concilie des objectifs
aprioris divergents, c'est-à-dire l'amélioration du rendement
fiscal et celle de l'incitation fiscale.
108 DCI (droit commun incitatif)
109 Investissement directe à l'étranger.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 82
De plus, le législateur communautaire encourage aussi
les investissements dans les pays membre de l'UEMOA grâce aux
différentes directives et aux règlements qui coordonnent les
politiques fiscales. Ainsi, il a mis en place des mesures qui harmonise la
fiscalité ce qui est favorable donc la diversification et l'expansion
des activités des entreprises, mais aussi l'implantation des capitaux
dans les pays membre de l'union.
Mais, ce qui est intéressant c'est le fait que le
législateur accompagne les entreprises durant leurs phases
d'exploitation en accordant, d'une part, la déduction de certaines
charges sous réserve qu'elles remplissent les conditions prévues
à l'article 8-II du CGI que nous avons cités
précédemment et d'autre part, il accorde des exonérations
aux entreprises qui ont des revenus issus de produits bien
déterminés par la loi.
Grâce à toutes ces mesures pour améliorer
le climat des affaires, deux années de suite, le Sénégal
est compté parmi les dix premiers pays réformateurs selon
l'indice de facilité de faire des affaires de la banque mondiale de 2015
et 2016. Apres l'adoption d'une nouvelle méthode dans le rapport doing
business 2017, le classement de 2016 a été révisé
et s'est amélioré, déplaçant le
Sénégal du 153e rang au 146e rang, en 2017,
le pays perdrait une place pour atteindre la 147e position mais
cette évolution s'explique par le fait que d'autres pays ont
réalisé des réformes plus rapidement puisque selon
l'indice, le Sénégal a poursuivi son
amélioration.110
Toutefois, on relève des insuffisances dans la
politique fiscales d'incitation aux investissements du
Sénégal.
C'est insuffisances se manifestent d'abord au niveau du
fonctionnement de l'administration fiscale qui n'a pas totalement les moyens
pour effectuer à bien sa mission notamment en matière de
contrôle des exonérations fiscales qui sont accordées
à certaines entreprises.
Ensuite on constate que les mesures fiscales d'un point de vue
législatif et fonctionnel voient leur efficacités
s'atténuée à cause de certains manquements.
Puis, on observe des insuffisances liées aux
contraintes d'ordre interne et externe de la politique fiscale. A ces
faiblesses, viens s'ajouter le problème de la fiscalisation du secteur
informel qui reste d'actualité au Sénégal eu égard
aux nombreuses tentatives de fiscalisation qui n'ont pas produit les effets
escomptés. En fin, on constate surtout que la fiscalité n'est pas
le seul
110 Rapport du FMI N° 17/1, pour les consultations au
titre de l'article IV et de la 3e revue de l'instrument de soutien
à la politique économique, Janvier 2017.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 83
déterminant de l'investissement. D'ailleurs, elle est
loin d'être le seul facteur le plus important comparé aux
infrastructures ou à la stabilité politique par exemple. Dans le
même ordre d'idées, M. Nonorgues et M.laborde ajoute que : «
quel que soit l'attrait des avantages fiscaux consentis aux capitaux
désireux de s'investir, le climat fiscal ne constitue que l'un des
éléments du climat des investissements, c'est-à-dire que
l'ensemble des conditions politiques, économiques et juridiques qui
règnent(...), or, ce sont les aspects juridique et politique qui posent
les problèmes les plus sérieux à l'investissement
».111
Donc, toutes ces insuffisances, justifie alors l'adoption de
réforme pour arrimer la fiscalité à l'objectif de faire le
Sénégal un pays émergent. Car une bonne politique fiscale
améliore l'environnement dans lequel les entreprises exercent leurs
activités. Elle encourage les échanges internationaux,
l'investissement et la croissance économique. Dans la mesure où,
la fiscalité fait parties des facteurs qui influencent la
décision d'investissement des opérations économiques.
Au regard de toutes ces considérations on constate que
l'efficacité des mesures fiscales incitatives au Sénégal
est à relativiser.
Toutefois, les mesures fiscales incitatives relatives aux
énergies renouvelables et aux biocarburants introduites par le
législateur dans la modification des dispositions de la réforme
de 2012, seront-elles plus efficaces que les mesures fiscales adoptées
par le législateur lors de la réforme du CGI de 2012 ?
111 Op cit , p34-35
ANNEXES
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 84
TABLEAU 1 : Répartitions des mesures
recensées par catégories de bénéficiaires.
|
Droit commun
|
Régime dérogatoire
|
Total
|
Accord particulier internationaux
|
|
10
|
10
|
Collectivité
publique, organismes privés d'intérêt
général et
ménages
|
20
|
9
|
29
|
Entreprises
|
60
|
104
|
164
|
Entreprises, ménages
|
23
|
1
|
24
|
Ménages
|
57
|
2
|
59
|
Organisme privés d'intérêt
général
|
9
|
0
|
9
|
Divers
|
1
|
2
|
3
|
total
|
170
|
131
|
301
|
Source : Rapport étude dépenses
fiscales 2013 au 21 Janvier 2016
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 85
TABLEAU 2 : Dépenses fiscales par
catégories de contribuables
|
Droit commun
|
Régime dérogatoire
|
Total
|
Accord particuliers
internationaux
|
|
6
|
6
|
Collectivités publiques
|
11
|
8
|
19
|
Collectivité
publiques, organisme
privés d'intérêt général et
ménages
|
|
3
|
3
|
Entreprises
|
31
|
90
|
121
|
Entreprises, ménages
|
10
|
1
|
11
|
Ménages
|
30
|
2
|
32
|
Organisme privés
d'intérêt général
|
3
|
1
|
4
|
Divers
|
|
2
|
2
|
Total
|
85
|
112
|
198
|
Source : Rapport étude dépense
fiscale 2013 du 21 Janvier
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 86
TABLEAU 3 : Montant d'exonération de TVA
intérieure
Bénéficiaires
|
2013
|
2012
|
Programme d'investissement ONG
|
81 652 105
|
46 591 053
|
Marchés exonérés
|
3 715 940 107
|
3 183 775 666
|
Projets
|
305 862 336
|
488 201 007
|
Code des investissements
|
2 345 652 868
|
2 354 932 859
|
TABLEAU 4 : Montants de droits de douanes
exonérés
Régimes
|
2013
|
2012
|
Code des
investissements
|
5 427 528 247
|
7 015 256 900
|
Code minier
|
20 820 450 280
|
14 510 305 230
|
Exonération
conditionnelles et exceptionnelles
|
13 067 580 698
|
12 986 427 188
|
Dons et aides
|
1 348 083 865
|
1 172 292 500
|
Source : Rapport étude dépenses
fiscales 2013 au 21 janvier 2016
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 87
TABLEAU 5 : Dépenses fiscales liées aux mesures
reconduites
Impôts
|
2013
|
2012
|
Ecart
|
|
Coût des
nouvelles mesures
|
Coût des
mesures anciennes
|
|
|
TVA
|
4.3
|
238.2
|
163.8
|
74.4
|
DD
|
0.0
|
60.9
|
46.7
|
14.2
|
DET
|
3.2
|
0.8
|
0.2
|
0.6
|
IR
|
123.4
|
83.9
|
64.3
|
19.6
|
CFCE
|
0.9
|
0.6
|
1.3
|
-0.7
|
TCA
|
0.2
|
0.5
|
2.7
|
-2.2
|
TAF
|
0.0
|
0.1
|
0.2
|
-0.1
|
TS
|
0.0
|
0.1
|
0.2
|
-0.1
|
Tous impôts
confondus
|
131.9
|
402.7
|
279.7
|
123.0
|
Source : Rapport étude dépense fiscales 2013 au 21
Janvier 2016
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 88
TABLEAU 6 : Evaluation quantitative des dépenses fiscales
au Sénégal entre 2008 et 2012
en milliards de FCFA.
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
Impôts directs
|
39.5
|
56.6
|
58.1
|
60.7
|
65.6
|
Taxe indirects
|
258.4
|
204.9
|
24.6
|
156.6
|
167.2
|
Droit de
douanes
|
71.5
|
33
|
36.8
|
42.1
|
46.7
|
Total
|
377.5
|
300.5
|
219.9
|
257.6
|
279.7
|
% des
recettes fiscales
|
33
|
27
|
18.4
|
20
|
20.7
|
% du PIB
|
5
|
3.7
|
3.4
|
3.8
|
3.9
|
Source : Ministère de l'économie, des finances
et du plan, Sénégal- rapport sur l'évaluation des
dépenses fiscales au Sénégal pour les années 2008,
2009, 2010, 2011, 2012.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 89
TABLEAU 7 : Taux d'imposition des revenus de valeurs
mobilières
|
Dividendes
|
Plus-values
de cession des actions
|
Obligations
|
Obligation
émises par l'Etat
|
Plus-values
de cession des
obligations
|
TAUX
|
10 à 15%
|
= 7%
|
6% ou = 6% si d. = 5 ans
|
0% si d. = 5 ans et 3% si 5 = d. = 10 ans
|
5%
|
Source : Directive 02/2010/CM/UEMOA
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de
l'Ingénierie Financière et Fiscale Page 90
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES :
> Ange Constantin MANCABOU, « Gestion fiscale et
comptable de l'entreprise », L'Harmattan 2013 ;
>
;
> El Hadj DIALIGUE BA, droit fiscal, l'harmattan Paris, 2015,
202 p ;
> Jean Lamarque, « DROIT FISCAL GENERAL », Edition
litec, licence 1998, les cours de droit ; 716pages
>
pages ;
> Lexique des termes juridiques, Dalloz 2015-2016, 23e
Edition, 1105pages ;
> Mamadou NGOM, « précis de fiscalité des
affaires », Edition 2014/2015 espace UMOA
>
>
fidusen bs@/ Doro Edition 2008, 397 pages ;
;
> s « Droit fiscal », Edition 2003/2004 ,233pages
;
> Hamou, les micro-entreprises en Afrique de l'Ouest ou le
développement par petite porte, l'harmattan, Paris, 2015, 220p ;
> Pierre BELTRAME, la fiscalité en France, hachette,
Paris 13em éd, 2008, 159 p ;
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 91
> Zdzana Biloa, la fiscalité levier pour
l'émergence des pays de la zone franc le cas du Cameroun, l'harmattan,
Paris, 2016, 356 p ;
LOI, REGLEMENT ET DIRECTIVES
> Loi n° 2012-31 du 31 décembre 2012 portant
Code général des impôts au Sénégal,
modifiée par la loi n°2018-10 du 10 Mars 2018, J.O.R.S, n°
7082 du 30 mars 2018, p 339 ;
> Loi n° 2017-07 du 06 janvier 2017 portant dispositif
d'incitations applicables dans les zones économiques spéciales au
Sénégal. J.O.R.S n° 6985 du 14 janvier 2017 ;
> Loi n° 2015-13 du 03 juillet 2015 portant statut
fiscal fiscale spécial des entreprises touristique installées
dans le pôle touristique de la Casamance. J.O.R.S n° 6861 du samedi
18 juillet 2015 ;
> Loi n° 2015-07 du 09 avril 2015 portant
règlement du capital de la société à
responsabilité limitée, J.O.R.S, n° 6844 du 18 avril 2015, p
393 ;
> Loi d'orientation n° 2008-29 du 28 juillet 2008
relative à la promotion et au développement des petites et
moyennes entreprises, modifiée par la loi 2012-31 du 31 décembre
2012 ;
> Loi n° 2012-06 du 14 décembre 2012 portant
création de l'office togolaise de recettes. > Règlement
n° 18/2003/CM/UEMOA du 23 décembre 2003 portant code minier
communautaire de l'UEMOA.
> Directive n° 02/2011/CM/UEMOA portant harmonisation
de la fiscalité applicable aux entreprises d'investissement à
capital fixe au sein de l'UEMOA.
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 92
ARRETES MINISTERIEL ET CIRCULAIRES
> Arrêté n° 09389 du 01/09/2016 fixant la
liste des organismes pouvant bénéficier des dons
déductibles de l'assiette des impôts sur le revenu ;
> Arrêté interministériel n° 16072
en date du 03 novembre 2016 portant application de l'article 23 de la loi
n° 2015-20 du 24 novembre 2015 instituant un régime fiscal et
douanier dérogatoire pour les promoteurs immobiliers engagés dans
un programme de construction d'immeuble à usage de logement agrée
par l'Etat ;
> Arrêté ministériel n° 2780
MEF-DGID en date du 22 mars 2010 portant création,
organisation et fonctionnement du projet de modernisation de
l'administration fiscale ; > Arrêté interministériel
n°0426 du 30 mars 2009, relatif à la publication des annonces
légales des sociétés crées au
bureau d'appui à la création d'entreprise.
> Note circulaire N° 118/MEF/DC/SGM/DGI/DLC/SLD. Objet
: modalités d'application des dispositions fiscale de la loi de finances
pour la gestion 2017, direction générale des impôts de
Cotonou, le 02 Février 2017.
MEMOIRES
> DIOUF (Omar), les exonérations fiscales à
caractères social et leur contribution aux dépenses fiscales,
mémoire de fin d'étude à l'ENA p75 2031-2015 ;
> DIOUM (Mlle Ndeye Nangho), Harmonisation fiscale en UEMOA
: enjeux et perspectives, mémoire de fin de formation à l'ENA
p102, 2031-2015.
WEBOGRAPHIE www.adepme,sn; www.aps,sn;
www.apip.gov.gn;
www.assistant-juridique.fr;
www.av2m-avocats.com;
www.cepici.gouv.ci;
www.creationdentriprises.sn
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 93
TABLE DES MATIERES
Avertissement .I
Dédicace II
Remerciement ..III
Sommaire IV
Liste des abréviations V
Epigraphie VI
Introduction 1
PREMIERE PARTIE : Identification des mesures
fiscales
Chapitre I : Les fondements des mesures fiscales incitatives
..11
Section 1 : Les fondements sociaux .13
Paragraphe 1 : la quête d'un bien-être social
13
A- La création d'emploi 13
B- L'accès aux services sociaux de base 14
Paragraphe 2 : La reconstitution du tissu social 15
A- Le renforcement de l'équité fiscale ..15
B- La revalorisation des revenus de rentes et des pensions
..16
Section 2 : Les fondements économiques 17
Paragraphe 1 : l'assouplissement de la charge fiscale .17
A- La lutte contre l'inflation des prix 17
B- La réduction du taux de pression fiscale ..19
Paragraphe 2 : la promotion de la croissance économique
..21
A- L'accroissement de l'épargne ..21
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 94
B- L'accroissement de l'investissement
|
23
|
Chapitre II : Les manifestations des mesures fiscales incitatives
|
25
|
Section 1 : les mesures fiscale incitatives non liées
à l'investissement
|
26
|
Paragraphe 1 : Exonération à l'IS de la plus-value
sur cession d'immobilisation
|
26
|
A- Les conditions de l'exonération
|
26
|
1- Les conditions de fond
|
.26
|
2- Les conditions de forme
|
27
|
|
B- Le traitement fiscale de la plus-value
|
27
|
1- Le traitement en cas de réemploi dans le délai
|
..28
|
2- Le traitement en cas de non réemploi dans le
délai
|
29
|
Paragraphe 2 : l'imputation des résultats
déficitaires
|
..29
|
A- L'imputation limitée des déficits ordinaires
(D.O)
|
.29
|
B- L'imputation illimitée des ARD
|
..30
|
|
1- La condition de forme
|
31
|
2- Lacondition de fond : exercice déficitaire
|
..31
|
|
Section 2 : les mesures fiscales liées à
l'investissement
|
..32
|
Paragraphe 1 : le crédit d'impôt pour investissement
|
..32
|
A- Les conditions d'octroi 32
B- Les procédures d'octroi 36
Paragraphe 2 : la réduction d'impôt pour
investissement de bénéfices et de revenu au
|
Sénégal
|
.36
|
A- Le domaine d'application
|
.36
|
1- Domaine quant aux bénéficiaires
|
37
|
2- Domaine quant aux formes d'investissement
|
38
|
B- La nature des avantages fiscaux accordées
|
..40
|
1- Les avantages fiscaux pour investissement de
bénéfices
|
40
|
2- Les avantages fiscaux pour investissement de revenu
|
40
|
|
Deuxième partie : Les limites des mesures
fiscales
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 95
Chapitre I : Les limites d'ordre interne 43
Section 1 : les limites liées aux comportements de l'agent
économique .43
Paragraphe 1 : la fuite devant l'impôt ..44
A- La fraude fiscale 44
B- L'évasion fiscale ..48
Paragraphe 2 : la répercussion de l'impôt 50
A- Les facteurs de la répercussion 50
1- Les facteurs structurels 50
2- Les facteurs conjoncturels ..51
B- Les formes de la répercussion ..52
1- La répercussion juridique .52
2- La répercussion économique 52
Section 2 : les limites liées au fonctionnement de
l'administration fiscales ...53
Paragraphe 1 : les difficultés au sein de l'administration
fiscale .53
A- Les insuffisances dans la gestion des ressources humaines
53
B- La nécessité d'un contrôle des
exonérations fiscales 54
Paragraphe 2 : les insuffisances liées aux mesures
fiscales incitatives 57
A- Les limites liées aux avantages consentis 57
B- Les limites liées aux conditions d'accès aux
incitations fiscales .60
Chapitre II : Les limites d'ordre externe ..61
Section 1 : les limites liées à la concurrence
fiscale 61
Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 96
Paragraphe 1 : les manifestations de la concurrence fiscale
|
62
|
A- La réduction du taux d'impôt sur le
bénéfice
|
.63
|
B- La diversité des assiettes d'imposition
|
.64
|
Paragraphe 2 : les effets de la concurrence fiscale
|
65
|
A- La baisse des recettes
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65
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B- L'augmentation des emprunts
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.67
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Section 2 : les limites liées à l'harmonisation
fiscale
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..68
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Paragraphe 1 : les avantages liées à
l'harmonisation fiscale
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69
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A- Un rapprochement des fiscalités indirectes
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..69
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B- L'élargissement d'un marché commun
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72
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Paragraphe 2 : les limites de l'harmonisation fiscale
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73
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A- Une limite liée au déséquilibre entre
les Etats membres de l'UEMOA
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73
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B- Une limite liée à la gestion des
dépenses publique des Etats membres
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74
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CONCLUSION
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75
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ANNEXES
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78
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BIBLIOGRAPHIE
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86
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TABLE DES MATIERES
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89
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Daouda DIALLO, Master 2 Droit de l'Ingénierie
Financière et Fiscale Page 97