Conclusion et recommandations
Les recherches faites sur la littérature des
déterminants de l'adoption des techniques de CES/DRS nous ont permis de
focaliser l'identification des barrières à l'adoption de ces
techniques sur les facteurs d'ordre social, démographique et
économique liés à l'exploitants et à son
exploitation et les facteurs liés à la surface cultivée.
Les résultats ont par ailleurs convergés vers les
hypothèses préalablement émises sur les facteurs pouvant
influencer négativement la décision d'adoption des techniques de
conservation et de défense des eaux et sols. En conformité avec
les attentes, l'adoption de ces techniques est contrainte par les
caractéristiques sociodémographiques et économiques
défavorables de l'exploitant agricole. Au niveau des
caractéristiques sociodémographiques de l'exploitants, nous avons
réussi à exhiber l`influence négative du faible niveau
d'éducation et d'information et le manque d'expérience lié
à l'âge. Au niveau des caractéristiques économiques
de l'exploitant et de l'exploitation, le recours à une main d'oeuvre
rémunérée détourne l'intention des agriculteurs de
l'adoption des techniques de CES/DRS. A travers ces informations, les trois
premiers axes des objectifs que nous sommes préalablement fixés
sont atteints.
D'une part, la détermination de ces barrières
permet, dans le cadre stratégique, d'identifier les classes
d'agriculteurs à privilégier lors de la mise en oeuvre d'une
politique de vulgarisation des techniques de conservation et de défense
des eaux et sols. D'autre part, toujours dans le cadre stratégique, cela
permet de mettre à la disposition des décideurs politiques un
certain nombre de leviers sur lesquels il faudrait appuyer pour conditionner
une augmentation de la propension à adopter les techniques de CES/DRS au
niveau des agriculteurs de la zone sahélienne. Cependant, toute
politique visant à promouvoir l'adoption massive d'une technique
agricole nécessite une étude sur les avantages qui y sont
associés.
En ce qui concerne les techniques de CES/DRS, nos analyses se
sont focalisées sur le gain en efficacité technique
associée à leur utilisation dans un milieu vulnérable
à l'érosion, la zone sahélienne burkinabè, pour les
deux cultures de subsistance essentiellement pratiquées, à savoir
le mil et le sorgho. Les résultats ont fait apparaitre un lien positif
et considérable entre adoption des techniques de CES/DRS et
l'efficacité technique des agriculteurs : l'adoption de ces techniques
contribue à diminuer le niveau d'inefficacité technique de 0,18
au niveau des producteurs de mil
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et de 0,20 au niveau des producteurs de sorgho. La mise en
exergue de ce lien constitue de dernier axe des objectifs de cette
étude.
Vu les résultats obtenus sur les avantages liés
à l'adoption des techniques de CES/DRS, la mise en oeuvre d'une
politique correcte de divulgation des techniques de conservation et de la
défense des eaux et sols dans la zone sahélienne ne serait pas
sans répercussion positive sur le niveau d'efficacité des
agriculteurs et donc sur la productivité du facteur de production terre.
Ces politiques doivent en générale viser les barrières
à l'adoption.
Ainsi, en vertu des résultats obtenus nous nous devons
de faire quelques recommandations à l'égard des organisations
gouvernementales et non gouvernementales engagées dans la mise en oeuvre
de politiques ayant pour objectif d'améliorer la productivité des
exploitations agricoles au Burkina Faso.
En premier lieu, nous proposons la mise en place et/ou le
renforcement de cadres d'échange et d'entraide entre agriculteurs tels
que les organisations paysannes, les coopératives, les groupements de
producteurs, etc. La mise en place de tels cadres aura 4 principaux avantages.
Premièrement ils constitueront des canaux performants de divulgation
fluide et rapide des techniques agricoles telles que la conservation et la
défense des eaux et sols. Ensuite, ces cadres faciliteraient le
transfert d'expérience en termes d'utilisation de techniques agricoles
entre les agriculteurs plus âgés et les moins âgés.
Ce transfert d'expérience constituerait un moyen de relever le niveau
d'expérience des agriculteurs moins âgés. En raison de
l'entraide développée entre agriculteurs les membres d'une
même association de producteurs, le troisième éventuel
résultat serait la résolution du problème
économique lié à la disponibilité de la main
d'oeuvre pour la construction des sites antiérosifs. Cette
dernière alternative constituerait donc un moyen pour faire face
à une des barrières à l'adoption des techniques de
CES/DRS, La rémunération de la main d'oeuvre. Enfin, le dernier
élément lié à la mise en place des associations
d'agriculteurs est la gestion de la superficie cultivée. Les
résultats de notre étude ont montré qu'une gestion
collective augmente la propension d'adoption des techniques de CES/DRS. Ainsi
pour un agriculteur qui gère sa parcelle de façon individuelle,
l'appartenance à une association de producteurs lui permettrait
d'associer d'autres idées à cette gestion, en provenance des
autres membres. L'appartenance à une association paysanne peut donc
être une solution aux problèmes liés à la gestion
singulière d'une exploitation agricole.
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Barrières et opportunités à
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sahélienne
En second lieu, nous proposons la mise en place et le
renforcement du système éducatif rural bien au niveau des jeunes
qu'au niveau des personnes adultes. Cela contribuerait à hausser le
niveau d'éducation des générations présentes et
futures d'agriculteurs, les rendant ainsi plus réceptifs aux techniques
agricoles telles que les techniques de CES/DRS du fait de leur capacité
à analyser les avantages qui y sont associés.
En troisième lieu, nous proposons de la part des
décideurs politiques la mise en oeuvre de campagnes de renouvellement et
de construction de sites antiérosifs au début de chaque campagne
agricole dans la zone sahélienne. Cette stratégie permettrait de
surmonter les obstacles liés à la disponibilité de la main
d'oeuvre. Afin d'assurer une meilleure organisation de ces activités,
elles peuvent être menées en collaboration avec les associations
de producteurs (organisation paysannes, coopératives, groupement de
producteurs, etc).
La dernière recommandation concerne le suivi des
agriculteurs. Nous proposons un renforcement des liens entre agents agronomes
et les agriculteurs de telle sorte à rendre moins individuelle la
gestion des terres cultivées.
Aux termes de cette étude, nous avons obtenus
d'importants résultats concernant l'adoption des techniques de CES/DRS.
Cependant, ces résultats sont limités par la non prise en compte
de certains éléments. Au niveau de la description des
barrières à l'adoption, les facteurs climatiques n'ont pas
été examinés. Il s'agit en effet des informations sur la
pluviométrie, les caractéristiques pédologiques, la
couverture végétale des terres et la disponibilité en eau.
L'absence de ces éléments est essentiellement liée
à une insuffisance d'information au niveau des données de l'EPA.
Le second élément absent dans cette analyse est le niveau de
revenu des agriculteurs, une variable exclue de l'analyse du fait du manque
d'information pour plus de la moitié des individus.
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