Paragraphe 2 : La fragilité des institutions
privées de protection
La protection des consommateurs face aux pratiques
publicitaires malhonnêtes, ne souffre pas seulement de la
défaillance des organes de régulation. Elle est aussi
influencée par la fragilité des institutions privées de
protection. Cette fragilité s'explique par leur méconnaissance
(A) de la part les consommateurs eux-mêmes, mais aussi par leur
dépendance (B) aux pouvoirs publics.
A. La méconnaissance des institutions
privées de protection
Les actions des associations de consommateurs et organismes
certificateurs n'ont pas toujours l'écho escompté à cause
de la méconnaissance, par leurs membres et par les populations, des
dispositions protectrices du consommateur.
Les enquêtes effectuées et les propos des agents
de l'UFC-CI ont permis de constater la situation précaire des
consommateurs et la méconnaissance de leurs droits, les rendant moins
exigeant. Ce qui se justifie par le fait que bon nombre de consommateurs n'ont
aucune culture juridique. En effet, très peu de consommateurs ont
connaissance de leurs droits. Cela tient au manque de culture des populations
qui sont en moyenne analphabètes. Ils sont dans l'émerveillement
lorsqu'ils regardent les publicités commerciales sans se poser des
questions ou chercher à s'assurer de la véracité des
allégations contenues dans la publicité. Ce manque de
curiosité conforte les attitudes malhonnêtes des professionnels du
secteur publicitaire qui cherchent des voies et moyens pour inciter davantage
les consommateurs à l'acte d'achat irréfléchi. L'absence
d'application rigoureuse des dispositions en vigueur a entraîné un
laxisme de la part des professionnels du secteur publicitaire et des
consommateurs eux-mêmes.
Cependant, certains opérateurs font des
publicités contraires à la réglementation en vigueur
à cause de l'absence de contrôle des autorités
compétentes. Un agent de l'UFC-CI a relevé que lors d'une
activité de sensibilisation sur l'usage des produits cosmétiques,
les associations rencontrent une difficulté : les consommateurs en
effet, s'interrogent sur la nécessité de s'assurer de la
véracité des allégations véhiculées dans une
publicité commerciale tenant par exemple au résultat
escompté après l'utilisation de ce produit cosmétique, si
en cas de préjudice subi, ils ne sont pas
dédommagés160.
160 La pertinence des préoccupations des consommateurs
pousse à préconiser qu'il serait préférable que la
sensibilisation des consommateurs soit précédée par celle
des professionnels du secteur publicitaire qui doivent être convaincus de
la préservation des intérêts économiques, de la
santé et de la sécurité des consommateurs.
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Il est reproché aux associations de consommateurs
d'être passifs et moins présents sur la scène nationale.
Les structures de défense des consommateurs doivent avoir des agents
suffisamment formés sur la question pour mieux répondre aux
préoccupations des consommateurs. Les agents de l'UFC-CI ont
également soulevé le point de l'absence de subventions aux
associations de consommateurs. Ce fait a pour conséquence de les limiter
dans leurs actions et serait à l'origine de leur incapacité
à jouer le rôle d'observateurs pour faire de véritables
recherches en vue de l'éducation des consommateurs et des propositions
d'amélioration. La méconnaissance et la négligence des
populations de leurs droits font obstacle à l'objectif des associations
de consommateurs qui est de les défendre. Une défense efficace
des intérêts des consommateurs existerait si ceux-ci manifestaient
un intérêt pour les dispositions en vigueur notamment en
s'appropriant la récente loi relative à la consommation et en les
respectant.
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