CHAPITRE PREMIER : CONSIDERATION THEORIQUE
La littérature sur le phénomène de
l'inflation est assez abondante mais ce chapitre ne se limitera qu'à une
brève présentation de l'historique de l'inflation et de ses
causes théoriques traditionnelles. Aussi, il fait l'objet de la
présentation de quelques outils de mesure de l'inflation.
I.1.
Historique de l'inflation
Le phénomène de hausse de prix est ancien et
universel, mais il a été net durant le
20e siècle dans les pays industrialisés.
Au 3e siècle, l'Empire romain
occidental a connu une crise grave accompagnée d'une forte hausse des
prix des produits alimentaires. Cette situation a occasionné la mise en
place de la première politique désinflationniste par l'empereur
Dioclétien en 301. Celui-ci, par l'édit du prix maximum,
décida de punir de la peine de mort quiconque augmenterait abusivement
les prix.
Au début du 16e siècle,
apparaît en Espagne une hausse des prix qui se propagera ensuite dans
toute l'Europe. L'économiste de l'époque, Bodin, reliait cette
hausse des prix à l'afflux des métaux précieux en
provenance du Nouveau Monde. Il proposait là une des premières
interprétations quantitativistes de la hausse des prix. La
période de 17-18e siècles a été
caractérisée par des fluctuations et des hausses des prix.
L'épisode le plus remarquable est évidemment celui de la
révolution française. L'inflation enregistrée pendant
cette période en France a son origine dans l'émission des
quantités excessives d'assignat, la monnaie de l'époque, pour
faire face aux dépenses de la révolution.
Au 20e siècle, on peut repérer
deux périodes principales de hausse des prix, à la fois proches
et différentes entre elles : une première période va
de la fin du siècle précédent jusqu'à la crise de
1929, et une seconde correspond à ce qu'il est convenu d'appeler les
Trente Glorieuses, les années 50, 60 et 70. En effet, la période
1895-1920 est celle de la nouvelle révolution industrielle s'appuyant
sur de nouvelles sources d'énergie (l'électricité et le
pétrole) ainsi que les nouvelles matières premières, en
particulier l'aluminium. Il s'agit de la naissance de trois grandes branches
industrielles qui vont marquer l'époque : l'industrie du
matériel électrique, l'industrie chimique et l'industrie
automobile.
D'une façon générale, il y a
jusqu'à la fin des années 20 un essor remarquable de la
production industrielle reposant sur un développement de
l'investissement lourd, sur une intégration rapide du progrès
technique dans l'appareil de production et sur une hausse sensible des salaires
nominaux. Cette augmentation de la production s'accompagne d'une hausse des
prix, la corrélation entre les fluctuations de l'activité
économique et les variations des prix apparaissant avec
netteté.
D'après Niveau, on peut distinguer, dans
l'après-guerre deux périodes : l'une qui va du début
des années 60, où l'inflation qui accompagne la croissance reste
modérée, l'autre qui démarre peu avant les années
70 et se termine avec le deuxième choc pétrolier (1979),
où l'inflation s'accélère alors que la croissance
économique s'essouffle.
La première période de croissance et d'inflation
rampante (1950-1970) est essentiellement caractérisée
par la permanence de l'expansion économique et l'apparition de
plusieurs crises inflationnistes que les gouvernements de l'époque ont
tenté de contrôler avec les moyens traditionnels que sont :
le blocage des prix, le contrôle du crédit et la compression des
dépenses publiques. En France par exemple, on a relevé des taux
d'inflation de 12,5 %, 21,6 % et 10 % respectivement en 1950, 1951 et 1958.
La deuxième période est celle de
l'accélération de l'inflation dans les années
70. Depuis 1972, on constate une accélération de
l'inflation dans la plupart des pays industriels occidentaux. La hausse des
prix à la consommation est en moyenne de 4,2 % pour les neuf pays de la
CEE et de 3,9 % pour les pays de l'OCDE au cours de la période
1962-1972. En 1973, la hausse des prix atteint 8,3 % pour les pays de la CEE et
7,9 % pour les pays de l'OCDE. En 1974, ces deux pourcentages
s'élèvent respectueusement à 12,6 % et 13,3 % mais les
taux d'inflation relatifs des USA et du Royaume-Uni se situent respectivement
à 12, 2 % et 25 %. L'ouverture des frontières et la
généralisation du flottement des monnaies vont, à partir
de cette décennie, contribuer à une mondialisation et à
une uniformisation des taux d'inflation parmi les grands pays
industrialisés. Mais cette tendance inflationniste sera renversée
dans la plupart de ces pays vers le milieu des années 1980. Des mesures
budgétaires et des politiques monétaires audacieuses
engagées au début de la décennie, combinées
à la baisse brutale du prix du pétrole et des matières
premières, ont permis de retrouver des taux annuels d'inflation de moins
de 4 %.
Les statistiques récentes mettent en exergue une nette
différence en matière d'inflation entre les pays
industrialisés et les pays en développement (PVD) ou en
transition. D'après le FMI (Fonds Monétaire International), en
1992, alors que le taux moyen d'inflation se situait à 3,2 % dans les
pays industrialisés, il s'élevait à 35,7 % pour les PVD et
681,2 % pour les pays en transition. En 1996, ces chiffres sont redescendus
respectivement à 1,9 %, 13,3 % et 41,3 %.
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