SECTION II : INTERVENTION DE LA BCC DANS LA MAITRISE
DE LA BASE MONETAIRE
« Pour éviter l'inflation, la BCC doit veiller
à la base monétaire qui est composée de la circulation
fiduciaire (principale composante environ 65% de la masse monétaire)
»(62), des dépôts en banques commerciales et des
autres dépôts (les dépôts dans les institutions
financière non bancaire). Elle surveille aussi l'évolution de
l'offre de la monnaie nationale par rapport aux monnaies
étrangères. Elle agit en injectant ou en ponctionnant la
liquidité des devises sur le marché de change.
Ainsi l'étude de l'action de la BCC en rapport avec les
instruments relatifs à la maîtrise de l'inflation sera
basée sur l'adjudication des billets de trésorerie (BTR) et la
sauvegarde du pouvoir d'achat (1) d'une part, et la gestion de la
liquidité et perspectives d'autres parts (2). L'examen couvre la
période allant de 2007 à 2010. En outre, une évaluation
des interventions de la BCC démontre le taux et le niveau de
l'inflation, et du niveau des ponctions faites sur la liquidité au moyen
de la vente des billets de trésorerie pour une meilleure issue, et
envisager les solutions durables à la sauvegarde du pouvoir d'achat de
la monnaie nationale.
61 Banque Centrale du Congo, Rapport annuel 2009
62 La masse monétaire est composée de la
base monétaire plus les provisions pour importations et les
dépôts en devise.
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II. 1. L'ADJUDICATION DES BTR ET LA SAUVEGARDE DU
POUVOIR
D'ACHET : REGULATION DE LA LIQUIDITE
Parmi les trois instruments en la disposition de la BCC, le
billet de trésorerie (BTR) permet de réguler la liquidité
à très court terme et de répondre particulièrement
à des chocs permanents sur la liquidité bancaire. C'est pour
cette raison qu'il intéresse cette étude. C'est un instrument que
la BCC utilise souvent par rapport aux autres parce qu'il a l'avantage de
s'effectuer à court et à long terme. Il facilite la lutte contre
les chocs ponctuels. C'est durant ces années que la BCC a fortement
reconnu à cet instrument. Une comparaison est faite entre
l'évolution de la base monétaire et le volume de l'encours des
BTR.
Ce qui conduit à examiner les fluctuations du taux
d'inflation pour ressortir les effets de la politique monétaire
menée par la BCC par l'adjudication des BTR qui est la vente des billets
de trésorerie aux banques commerciales pour augmenter ou diminuer le
volume de la base monétaire. La base monétaire, formée
essentiellement de la monnaie fiduciaire, ne doit pas être insuffisante
à la consommation. C'est-à-dire que le consommateur de la monnaie
doit en avoir suffisamment pour se procurer les biens et services dont il a
besoin. En cas de diminution de la base monétaire, les prix
intérieurs auront tendance à augmenter. Ce qui serait une source
d'inflation. Dans ce cas, le consommateur perdra confiance en la monnaie
fiduciaire (monnaie nationale).
La politique de change que la BCC s'est assigné a deux
objectifs principaux : lisser les variations des cours de change et
améliorer le niveau des réserves internationales. Il s'agit de
sauvegarder le pouvoir d'achat de la monnaie nationale, encadrer son
comportement face aux monnaies étrangères en injectant ou en
ponctionnant sur la liquidité.
« En 2007, la politique monétaire mise en oeuvre
se voulait prudente et restrictive en raison du maintien des taux
d'intérêt réels (taux directeur). »(63)Ces
taux sont créditeurs lorsqu'ils servent à rémunérer
les BTR. La BCC a modifié ces taux quatre fois au cours de cette
année.
« Ce taux est passé de 40 à 50% au mois de
février ; il est revenu à 40% au mois d'avril en passant à
30% au mois de mai pour enfin se stabiliser à 22,5% au mois de juillet.
Ce taux est resté inchangé jusqu'à la fin de
l'année. Les souscriptions au BTR se sont
63 Les taux directeurs sont les taux
d'intérêt au jour le jour fixé par la banque centrale, et
qui permettent de réguler l'activité économique. Ils
déterminent le coût pour les banques commerciales à se
refinancer auprès de la banque centrale.
115
élevées à 461 milliards de CDF au 31
décembre. »(64) La ponction en liquidité de cet
instrument a été de 151,1%. Il est allé de 388,4 milliard
de CDF en janvier pour atteindre 461,1 en décembre. Le taux d'inflation
annuel étant de 9,9%, il a connu cinq phase d'inflation dont les plus
fortes au mois de janvier et février (respectivement de 23,6 et 25,5),
et d'août (10,0), qui d'ailleurs est resté ainsi jusqu'à la
fin de l'année.
« Les périodes inflationnistes résultent de
l'augmentation du prix du carburant et les produits alimentaires ce qui a
entraîné une augmentation des prix du transport.
»(65) La monnaie nationale ce verra fortement
déprécié au début de l'année. Une situation
qui tire ses sources à la préférence des agents
économiques à détenir les devises par rapport à la
monnaie nationale. La stratégie de la BCC a consisté à
étendre et à approfondir les marchés de change par
l'acceptation des CDF au titre de paiement par les opérateurs miniers,
d'impôts et de taxe. L'intervention de la BCC sur le marché est de
5,6% suite aux achats de devises, effectués par elle, pour un montant de
66,9 millions d'USD. C'était d'ailleurs la seule intervention de
l'année.
L'année suivante, 2008, la BCC n'a pas changé
les objectifs et les instruments de sa politique monétaire. Cette
année a connu quatre phases d'inflation de janvier à mars est
allé croissant. Cette poussée trouve son origine dans le
financement monétaire du défit budgétaire de la fin de
2007 et à la reprise des hostilités à l'Est du pays. La
BCC étant caissier de l'Etat est chargé de la mise en oeuvre de
la politique monétaire, devait agir pour éviter une hausse dans
la formation des prix intérieurs. La crise alimentaire et
énergétique a causé une surchauffe des prix des produits
finis au cours des mois de mars jusque juillet.
Sur le marché international, le prix du baril est
passé de 147 USD en juillet pour 65,3 USD en octobre, induisant ainsi
une réduction à la baisse des produits pétroliers.
D'octobre à décembre, un relâchement dans la politique
monétaire et budgétaire causé par les dépenses
sécuritaires suite à la reprise des conflits armés
à l'Ets du pays, a resurgit les pressions inflationnistes d'où la
dépréciation monétaire marquée par forte
dollarisation du marché en 2008. Le taux directeur subira ainsi 3
ajustements ; en janvier (24,6%), en juin (30%) et en décembre (40%). Le
taux d'inflation annuel s'est soldé à 27,5%. L'adjudication des
BTR s'est élevée 1.444,0 milliards de CDF.
64 Rapport annuel de la BCC 2007
65 Rapport annuel de la BCC 2007
116
« Soit une augmentation de 16% parce qu'il fallait faire
face aux effets décalés des chocs budgétaires et à
l'inflation par les coûts » (66) « tenant à
la hausse des prix sur le plan international. »(67) Suite
à la reprise des conflits armés à l'Est du pays, situation
nécessitant une disponibilité des moyens financiers, la BCC n'a
pas pu intervenir sur les fluctuations des taux de change pour essayer
d'influer sur la liquidité. Le marché de change a
été animé seulement par les banques et les bureaux de
change.
Les dépassements des objectifs budgétaires de
2008 a conduit à une situation monétaire marquée par les
tensions en rapport avec la liquidité en 2009. La politique
monétaire a été restrictive en vue de faire face aux
pressions sur la liquidité et le niveau général des prix.
Le taux directeur a été révélé passant de 40
à 55 et 56% au mois de janvier, pour une dernière réforme
au mois d'octobre. La régulation de la liquidité effectuée
au mois de février, principalement par les opérations
d'adjudication de BTR (2.395,7 milliards de CDF) a maintenu les taux stables
jusque juillet. En réaction à l'expansion de la liquidité
bancaire, aux tensions inflationnistes, induites par la
détérioration de la situation financière du secteur
public, et aussi et surtout à la crise financière internationale,
la BCC a procédé à un nouveau resserrement de sa politique
pour fixer le taux d'inflation à 53,4% et le taux directeur à 70%
vers la fin de l'année. Pour renforcer l'action de la politique
monétaire, la BCC a recouru à la politique de change via les
cessions des devises. Les effets décalés du déficit
budgétaire et la crise financière ont causé une forte
dépréciation de la monnaie nationale au premier trimestre. La BCC
est intervenue par les ventes des devises pour améliorer le taux de
change sur le marché. Environ 48 millions d'USD vendus au
deuxième trimestre. Une autre vente par adjudication est intervenue au
mois de juin sans empêcher une dépréciation due à la
réapparition des déficits budgétaires. Les
dépassements budgétaires de 2008 causé par les
dépenses excessives du gouvernement pour essayer de lutter contre les
conflits à l'Est du pays, ont influencé l'économie. La BCC
n'a pas pu maîtriser les chocs inflationnistes malgré toutes ses
interventions.
« La formation des prix intérieurs est
allée croissante durant toute l'année. Une dernière
ponction au mois de décembre va entraîner un ralentissement du
rythme de l'expansion de la liquidité. » (68) «
L'année 2010 est restée caractérisée par une
tendance déflationniste. Le taux directeur a été
graduellement réajusté pour se situer à 22% à
fin
66 L'inflation par les coûts se
caractérise par l'augmentation d'un produit entraînant les autres.
Exemple : le prix du carburant qui agit sur le prix de transport.
67 Rapport de la BCC 2008.
68 Rapport annuel 2009
69 Rapport annuel 2010
117
décembre. Le taux de l'inflation s'est situé
à 9,8% sur une base monétaire croissant de 29%. Le volume de BTR
a atteint 3.512,1 milliards de CDF. Sur les achats de 1.159,8 millions de USD
et les ventes de 1.053 millions de USD, la BCC est intervenue par une cession
de 10,0 million de USD en janvier et des achats de 157,0 millions de USD entre
mars et août pour lutter contre les tensions observées sur le
marché après les festivités de fin d'année. Le
début et la fin e l'année ont connu des
dépréciations tandis que le cours de l'année était
stable. » (69) Il se pose alors la question de savoir pourquoi
la BCC n'arrive-t-elle pas à faire face aux chocs, endogènes et
exogènes qui sont la source d'inflation.
La banque centrale du Congo réalise des enchères
des billets de trésorerie dans le cadre de la régulation à
très court terme de la liquidité bancaire. Le billet de
trésorerie est un titre de créance négociable émis
par l'Institut d'Emission. Les opérations sur titre ce sont
régies par l'institution n°20 de la BCC.
Les BTR sont dématérialisé. Les
opérations se déroulent à une fréquence
hebdomadaire et les titres ad hoc sont émis pour deux maturités :
7 et 28 jours. Les adjudications des BTR ont été remises en place
au début du mois d'août 2015 en vue de conférer une plus
grande souplesse à la politique monétaire et de donner davantage
l'initiative à la banque centrale. Elles ont permis de renforcer la
régulation de la liquidité.
Dans sa régulation à très court terme de
la liquidité des banques, la BCC recourt à l'adjudication des
BTR, c'est-à-dire la cession des billets de trésorerie dans des
conditions concurrentielles. Les billets de trésorerie dont des titres
de créance négociables sur le marché monétaire et
émis par la Banque Centrale. Les billets de trésorerie sont des
titres décentralisés et sont tenus en compte titres BTR dans les
livres de la Banques Centrale du Congo.
Les billets de trésorerie sont sensibles à
l'attraction monétaire. Leurs détenteurs peuvent les revendre
à d'autres, formant ainsi un marché secondaire des BTR.
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