II.2. ANALYSE DE LA POLITIQUE MONETAIRE EN RDC
Parmi les problèmes posés à la
République démocratique du Congo aujourd'hui, comme à tous
les autres pays en développement, figure celui de réduire
l'écart qui sépare son niveau de vie de celui des pays
développés. Pour y arriver, il faut inévitablement
accroître les moyens internes et externes en vue de financer les
investissements. L'investissement en tant que créateur de revenu, est le
principal moteur de l'activité économique. Il suppose un
arbitrage constant entre le temps présent et futur.
En effet, l'histoire de la politique monétaire de la
RDC depuis 1990 est jalonnée de plusieurs événements
négatifs qui sont la cause d'un désastre total: c'est le cas des
grèves régulières, de l'insécurité
généralisée et de la crise politique qui a brisé
l'essor des secteurs productifs. D'où l'émergence d'un climat
défavorable à la croissance et d'une méfiance des
partenaires économiques étrangers vis-à-vis du pays. La
fuite des capitaux redevient certaine dans un environnement de conflit, Le
recul des investissements étant estimé à 13% en 1990(BCC,
2000). Les années 1990 inaugurent le début de la profonde
dégradation de la situation économique et financière de la
RDC avec un taux de croissance négatif de -4,3%, le revenu par
tête d'habitant étant tombé à 191$ avec une
hyperinflation de nature déstabilisante à
23 Banque centrale du Congo
Comité de politique monétaire, Kinshasa République
Démocratique du Congo : Communiqué Annuel sur la politique
Monétaire (2015-2016) : le comité de politique monétaire a
tenue ce vendredi 13 janvier 2017 au siège de la banque centrale du
Congo sa 12ème Réunion ordinaire de l'année
2016 sous la présence de Monsieur Déogratias MUTOMBO MWANA
NYEMBO, gouverneur de la centrale du Congo.
24 Banque centrale du Congo Comité de
politique monétaire, Kinshasa République Démocratique du
Congo : Communiqué Annuel sur la politique Monétaire (2017-2018)
: le comité de politique monétaire a tenue ce vendredi 13 janvier
2017 au siège de la banque centrale du Congo sa 12ème
Réunion ordinaire de l'année 2016 sous la présence de
Monsieur Déogratias MUTOMBO MWANA NYEMBO, gouverneur de la centrale du
Congo
65
quatre chiffres, le déficit chronique des finances
publiques couvert par des avances de la Banque Centrale laisse présager
une monnaie congolaise sans valeur sur le marché de change, sans pouvoir
d'achat malgré les réformes monétaires multiples qu'a
connues notre pays. L'effritement du pouvoir d'achat ou mieux la
dépréciation monétaire pour cause d'accroissement des
liquidités intérieures a inexorablement
détérioré le signe monétaire congolais. En bref,
les années 1990 marquent le début de la confrontation de
l'économie congolaise aux déséquilibres, à
l'aggravation de l'endettement, à la corruption sans
précédent, et à la crise politique liée à la
naissance brusque du courant de la démocratie et du multipartisme (FMI,
2004). Une gestion économique et budgétaire laxiste a
caractérisé ce début de la période de transition et
de la gestion prédatrice du pays. Classée à cette
même période à la 6ème position en matière de
corruption de la planète, la RDC, par la persistance de la
pauvreté et la fin des relations avec la communauté
financière internationale était plongée dans le chaos. La
manifestation croissante de la « corruption endémique » dans
en RDC a poussé la Banque Mondiale et le FMI à suspendre leur
aide et plusieurs interventions bilatérales.
II.1.1. Politique monétaire et taux de change
a) Monnaie
Sur le plan monétaire, les années 90 inaugurent
l'ouverture de la spirale inflationniste avec une moyenne annuelle de 2300,7%
et un sommet de 9.795,4% en 1994, contrairement dans les autres pays moins
avancés dont la moyenne se situe à 286,7%. Cette hyperinflation
enregistrée durant la décennie 90 a été la
conséquence d'une politique monétaire expansionniste
occasionnée par une mauvaise gestion des finances publiques, avec un
déficit public chronique couvert par la planche à billets (FMI,
2001). Le taux de change du franc congolais s'était
déprécié de 77,5%, et l'écart entre le cours
parallèle et le cours officiel était passé de 33,3%
à 233,3% entre fin décembre 1998 et fin octobre 1999. Durant
cette période (1990-1996), la situation monétaire a
été caractérisée par une progression
extrêmement rapide de stock de monnaie, BCC (2003). Les
disponibilités monétaires étant supérieures
à la quasi monnaie. Les disponibilités monétaires
comprennent les pièces en circulation (monnaie divisionnaire), les
billets en circulation ou monnaie fiduciaire et les dépôts
à vue ou monnaie scripturale. L'examen de l'évolution des
composantes de la masse monétaire révèle que la
circulation fiduciaire hors banque occupe une part très
élevée dans l'ensemble et varie entre 70% et 80% de la masse
monétaire. Comparés aux dépôts à terme, les
dépôts à vue occupent à peu près 96%. La
décennie 2000 était favorable suite à l'application de
beaucoup de mesures de libéralisation de marchés monétaire
et financier
66
b) Evolution du taux d'inflation et du taux de
change
La décennie 90 est la période la plus sombre et
la plus désastreuse en matière du taux d'inflation. Cette
période, caractérisée par des forts déficits
budgétaires est marquée par une forte instabilité
politique, bref une destruction du tissu économique qui a ramené
le taux d'inflation à quatre chiffres. Le processus démocratique
amorcé en 1990 par le régime de la deuxième
République s'est fait accompagner d'une gestion budgétaire
laxiste consacrant la monétisation du déficit budgétaire
(MWANIA, 2013). Plusieurs efforts entrepris sous forme de différentes
réformes monétaires non réussies ont contribué
à amplifier l'hyperinflation. Entre 1990 et 1994, le taux est
passé de 264,9% à 9796,9%, soit une moyenne annuelle de 5030,9%.
La persistance de l'hyperinflation a eu des répercussions
négatives sur l'activité économique dans l'ensemble, et
sur le mécanisme de financement dans le système bancaire.
L'inflation qui a débuté en RDC en 1990, a vu son taux annuel
passer subitement de 264,9% en 1990 à 3642% en 1991; de 2989,6 % en 1992
à 4851,7% en 1993 et en 1994, il a atteint un sommet de 9796,9%. Les
prix intérieurs ont connu une hausse fulgurante, et parallèlement
à cela, le taux de change a connu une dépréciation
accélérée par l'expansion excessive des liquidités
dans l'économie congolaise. Les années 2000 ont connu une
amélioration par l'entremise de programmes d'interventions du FMI et de
la Banque Mondiale.
On sait voir à travers la lecture de la conjoncture,
l'évolution désastreuse de la monnaie congolaise, qui n'a
cessé de se déprécier par rapport au dollar
américain. La monnaie congolaise connait sans cesse une
dépréciation et même la production qui était
censée soutenir sa valeur est restée faible par rapport à
l'évolution de la masse monétaire, ce qui exposait la monnaie de
la RDC à une instabilité.
|