CENTRE DE RECHERCHE
PANAFRICAIN EN MANAGEMENT POUR LE DÉVELOPPEMENT
Mémoire de fin d'études
Pour l'obtention du Masteren audit et contrôle de
gestion basés sur le risque dans le secteur public
THÈME : ÉVALUATIONDU
PROCESSUS DE MANAGEMENT DES RISQUESDE LA DIRECTION GÉNÉRALE DES
IMPÔTS DU BURKINA FASO
Composition du jury :
Président : Docteur Félix
N.D. COMPAORE, Centre de Recherche Panafricain en
Management pour le Développement.
Membres :
- Docteur Lucain SOME, Centre de Recherche Panafricain en
Management pour le Développement ;
- Monsieur Saïdou BONEGO, Centre de Recherche Panafricain en
Management pour le Développement.
Année académique
2021-2022
Présenté et soutenu le 28 décembre 2021
par Hassane KOUSSOUBE
ÉCOLE NATIONALE DES
RÉGIES FINANCIÈRES
CENTRE DE RECHERCHE PANAFRICAIN EN MANAGEMENT POUR LE
DÉVELOPPEMENT
Mémoire de fin d'études
Pour l'obtention du Master en audit et contrôle
de gestion basés sur le risque dans le secteur public
THÈME : ÉVALUATIONDU
PROCESSUS DE MANAGEMENT DES RISQUES DE LA DIRECTION GÉNÉRALE DES
IMPÔTS DU BURKINA FASO
Composition du jury :
Président : Docteur Félix
N.D. COMPAORE, Centre de Recherche Panafricain en Management pour le
Développement.
Membres :
- Docteur Lucain SOME, Centre de Recherche Panafricain en
Management pour le Développement ;
- Monsieur SaïdouBONEGO, Centre de Recherche Panafricain en
Management pour le Développement.
Année académique
2021-2022
Présenté et soutenu le 28 décembre 2021
par Hassane KOUSSOUBE
DédicaceÀtoute ma
famille !
Remerciements
Je me permets d'exprimer ma profonde gratitude envers toutes
les personnesqui m'ont soutenu durant la réalisation de ce
mémoire.
En premier lieu, je remercie l'ensemble des enseignants de ce
programme de Master. En particulier, je remercie Dr.Martin YELKOUNI, professeur
à l'Université Senghor d'Alexandrie. Il m'a guidé dans mon
travail et ses remarques ont été d'une contribution inestimable.
Ensuite, je remercie Thierno DIALLO Ph.D, Professeur titulaire de
l'Université du Québec à Chicoutimi qui a bien voulu
porter son appréciation sur ce document.
J'adresse égalementmes remerciements aux responsablesde
ce programme de Master. Spécialement, je remercieM.Zakaria OUEDRAOGO,
secrétaire permanent du programme, pour le soutien sans faille dont il a
fait preuve à l'endroit des étudiants durant le cursus.
J'exprime également ma reconnaissance envers l'ensemble
de l'équipe de la DGI et en particulier enversM. Boubacar SEREME,
responsable de l'Inspection Technique des Impôts, qui a bien voulu
faciliter la réalisation de cette étude.
Je ne peux manquer d'exprimer ma gratitudeenvers M. Souleymane
SERE, associé gérant du cabinet PANAUDIT BURKINA pour sa
confianceet son important soutiendans la réalisation de ce Master.
Ma reconnaissance va également à l'endroit de M.
Fousseni OUATTARA, responsable du Département Audit interne &
Management des risques du cabinet PANAUDIT BURKINA, pour l'encadrement
rapproché et pour toute la bonne collaboration depuis toujours.
Je remercie également l'ensemble de mes collaborateurs
du cabinet PANAUDIT BURKINA pour la bonne entente.
Enfin, je remercie ma famille et mes amispour leuramour et
leur soutien renouvelé depuis toujours.
Sigles et
abréviations
ABNORM
|
:
|
Agence Burkinabé de Normalisation, de la
Métrologie et de la Qualité
|
ACUA
|
:
|
Association of College and University Auditors (Association
des Auditeurs des Collèges et universités)
|
AE
|
:
|
Audit Externe
|
AI
|
:
|
Audit interne
|
AMF
|
:
|
Autorité des Marchés Financiers
|
ASCE-LC
|
:
|
Autorité Supérieur de Contrôle de
l'État et de Lutte contre la Corruption
|
CAMES
|
:
|
Conseil Africain et Malgache pour l'Enseignement
Supérieur
|
CCSE
|
:
|
Cadre de Concertation des Sociétés
d'État
|
CERPAMAD
|
:
|
Centre de Recherche Panafricain en Management pour le
Développement
|
CGSP
|
:
|
Contrôle Général des Services Publics
|
CI
|
:
|
Contrôle Interne
|
COSO
|
:
|
Committee of Sponsoring Organization of the Treadway
Commission
|
DGD
|
:
|
Direction Générale des Douanes
|
DGI
|
:
|
Direction Générale des Impôts
|
DGTCP
|
:
|
Direction Générale du Trésor et de la
Comptabilité Publique
|
ENAREF
|
:
|
École Nationale des Régies Financières
|
ERM
|
:
|
Management des Risques d'Entreprise
|
GFP
|
:
|
Gestion des Finances Publiques
|
IFACI
|
:
|
Institut Français de l'Audit et du Contrôle
Interne
|
IGE
|
:
|
Inspection Générale d'État
|
IGF
|
:
|
Inspection Générale des Finances
|
IIA
|
:
|
Institute of Internal Auditors (Institut des Auditeurs
Internes)
|
INTOSAI
|
:
|
Organisation Internationale des Institutions
Supérieures de Contrôle des Finances Publiques
|
ISC
|
:
|
Institution Supérieure de Contrôle
|
ISO
|
:
|
Organisation Internationale de Normalisation
|
LCF
|
:
|
Lutte Contre la Fraude
|
LNBTP
|
:
|
Laboratoire National du Bâtiment et des Travaux
Publics
|
LOLF
|
:
|
Loi Organique relative aux Lois des Finances
|
NGP
|
:
|
Nouvelle Gestion Publique
|
OCDE
|
:
|
Organisation pour la Coopération et le
Développement Économique
|
OLAF
|
:
|
Office de Lutte contre la Fraude
|
ONEA
|
:
|
Office National de l'Eau et de l'Assainissement
|
ONU
|
:
|
Organisation des Nations Unies
|
PIFC
|
:
|
Public Internal Financial Control
|
PMR
|
:
|
Processus de Management des Risques
|
PTBA
|
:
|
Programme de Travail et Budget Annuel
|
SGC
|
:
|
Système de Gestion et de Contrôle
|
SONABEL
|
:
|
Société Nationale d'Électricité du
Burkina
|
TADAT
|
:
|
Tax Administration Diagnostic Assessment Tool
|
UEMOA
|
:
|
Union Économique et Monétaire Ouest Africaine
|
USA
|
:
|
Etats-Unis d'Amérique
|
ZLECAF
|
:
|
Zone de Libre-Échange Continentale Africaine
|
Tables des illustrations
Liste des tableaux :
Tableau 1: différence entre le processus de
gestion de l'ancien et celui du nouveau système de gestion publique
1
Tableau 2 : différence entre les objectifs de
l'ancien et ceux du nouveau système de gestion publique
11
Tableau 3 : modèle de maturité du
processus de management des risques
40
Tableau 4: extrait du questionnaire
d'évaluation du PMR de la DGI
43
Liste des figures :
Figure 1: modèle des trois ligne de
maîtrise version 2020
1
Figure 2: les cinq composantes du COSO ERM
36
Figure 3: illustration de l'interconnexion entre les
trois composantes de la norme ISO 31000
37
Liste des graphiques :
Graphique 1 : maturité du processus de
management des risques de la DGI.
1
Liste des annexes :
Questionnaire d'évaluation du processus de management
des risques de la
DGI........................................................................................................i
Chapitre I - Résumé
L'administration fiscale est l'une
des administrations les plus exposées aux risques. Il est donc
primordial pour elle de mettre en placeun processus de management des risques
et de s'assurer de son bon fonctionnement.Au Burkina Faso, la Direction
Générale des Impôts (DGI), a mis en place un processus de
management des risques sans n'avoir toutefois jamais procédé
à son évaluation. Par conséquent, l'état de
fonctionnement du processus reste peuconnu.
L'objectif de cette étudeest
d'apprécierl'état de fonctionnement du processus de management
des risques de la DGI.
Les questionssont les suivantes: la culture du risque,
reflète-t-elle une intégration suffisante des risques au
processus de prise de décision et de fixation des objectifs? La
gouvernance des risques, reflète-t-elle une participation suffisante des
acteurs de l'organisation au processus de management des risques ? Le
processusde gestion des risques est-il pertinent et mis en oeuvre de
façon adéquate?
Pour y répondre,un modèle d'analyse incluant un
modèle de maturité et un questionnaire d'évaluation, a
été construit.Les données ont été
collectées par le biais d'entretiens avec les acteurs de la DGI et d'une
analyse documentaire. On constate une culture du risqueencore peu maturepour
susciter une intégrationsuffisante du risque dans la prise de
décision et la fixation des objectifs. La gouvernance des risques reste
fragilisée par la participation insuffisante de la
directiongénérale. Quant au processusde gestion des risques, il
resteencore non exhaustif. Le PMR de la DGI est donc d'un niveau de
maturité insuffisant.
Pour remédier aux insuffisances,la DGIdevrait formerles
acteurs au risque ;mettre en place un comité de maîtrise des
risques,ainsi qu' un mécanisme de suivi des risques etdes outils de
profilage des contribuables ;et élaborer une politique de gestion
des risques.
Mots-clés : Risque -
Nouvelle gestion publique -Administration fiscale - Management des risques -
Audit interne - Contrôle interne.
Chapitre II -
Abstract
The tax administration is one of the most risk-prone
administrations. It is therefore essential for it to implement a risk
management process and to ensure that it functions properly. In Burkina Faso,
the Directorate General of Taxation (DGI) has put in place a risk management
process but has never evaluated it. As a result, little is known about the
functioning of the process.
The objective of this study is to assess the state of
operation of DGI's risk management process.
The questions are: Does the risk culture reflect sufficient
integration of risk into the decision-making and goal-setting process? Does
risk governance reflect sufficient participation of the organization's
stakeholders in the risk management process? Is the risk management process
relevant and adequately implemented?
To answer these questions, an analysis model including a
maturity model and an evaluation questionnaire was built. The data was
collected through interviews with DGI stakeholders and a literature review. The
risk culture is still not mature enough to ensure that risk is sufficiently
integrated into decision making and objective setting. Risk governance remains
weakened by the insufficient involvement of senior management. The risk
management process is still not comprehensive. DGI's risk management process is
therefore not sufficiently mature.
To remedy the shortcomings, DGI should provide risk training
to stakeholders; set up a risk management committee, as well as a risk
monitoring mechanism and taxpayer profiling tools; and develop a risk
management policy.
Keywords: Risk - New public management - Risk management -
Internal audit - Internal control - Tax administration.
Keywords:Risk - New public management
- Tax administration - Risk management - Internal audit - Internal control.
Sommaire
Remerciements
I
Sigles et abréviations
III
Tables des illustrations
IV
Résumé
V
Abstract
VI
Sommaire
VII
Préambule
VIII
Introduction
1
Chapitre I - Les enjeux de la nouvelle
gestion publique
4
I.1. Les caractéristiques traditionnelles du
secteur public
4
I.2. L'historique et les implications de la nouvelle
gestion publique
5
I.3. La nouvelle gestion publique dans l'espace
UEMOA
13
Chapitre II - Le management des risques dans
le secteur public
17
II.1. Définitions
17
II.2. Principes, composantes et acteurs du
management des risques
21
II.3. Spécificités du management des
risques dans le secteur public
26
Chapitre III - Présentation de la
Direction Générale des Impôts (DGI) et des outils
d'analyse
31
III.1. Présentation de la DGI
31
III.2. Outils d'analyse du processus de management
des risques de la DGI
35
Chapitre IV - Résultats de
l'évaluation du processus de management des risques
44
IV.1. Résultats et discussions
44
IV.2. Recommandations
53
Conclusion
56
Bibliographie
58
Webographie
60
Annexe
i
Tables de matières
vi
Préambule
Ce mémoireentredanslecadredelaformationdu Master en
Audit et Contrôle degestionbasés sur lesrisques. Ce programmede
Master aétémis en placedepuis 2011
parleconsortiumforméparl'Université Senghor d'Alexandrie,
leCentre de Recherche Panafricain en Management pourle Développement
(CERPAMAD) etl'École Nationale des Régies Financières
(ENAREF).
L'objectif général de ce master
internationalestd'améliorerl'efficacité et l'efficience des
systèmesdemanagement,d'audit et decontrôleinterne public et
privé parl'introductiondel'approcheparlesrisquesdans un
contextederessourceshumaines et
matérielles.L'objectifspécifiqueestd'accompagnerlamiseenoeuvredesprogrammesderenforcementdescapacitésdesadministrations
et des institutionsdecontrôledusecteurpublic, parapublic et privé
par :
- ladiffusiond'une méthodologie et des
outilsd'analysedesrisquesàl'usagedel'ensembledesmanagersopérationnelsdusecteurpublic
;
-
lamaîtrisedelaméthodologied'analysedesrisquesparl'ensembledesvérificateursdesstructuresdecontrôledusecteurpublic
(interne et externe) ;
- laconception et lamiseenoeuvred'un
systèmedecontrôledegestionperformantdanslesecteurpublic ;
- la pratique professionnelle desmissionsd'audit et
decontrôlebasés sur lesrisques (planification, exécution,
communicationdesrésultats).
Le Master se déroule au Centre de Recherche Panafricain
en Management pourle Développement (CERPAMAD),à Ouagadougou au
Burkina Faso. Ilestsanctionnépar un diplôme de l'Université
Senghor reconnuparle CAMES (Conseil Africain et Malgache pourl'Enseignement
Supérieur)aprèsprésentationd'un
mémoiredefindecycleparl'étudiant.
Danslecadredemonmémoire, il
m'asemblépertinentd'étudierlefonctionnementduprocessusdemanagementdesrisquesdela
Direction Générale des Impôts du Burkina Faso. Mon choix
s'estporté sur ce thèmepourlesraisonssuivantes:tout
d'abord,ilestaujourd'hui d'un grand intérêtde
s'intéresseràl'approcherisque qui
estl'undesconceptspharesdusujetd'actualité delanouvellegestionpublique
afin decontribuerà sa
miseenoeuvreadéquatedanslesecteurpublicafricain ; ensuite,
lesujetdumanagementdesrisquesoccupe une place importantedans mes
activités professionnelles ; enfin, laDirection
Générale des
Impôtsestnonseulementuneinstitutionhautementstratégiquepourl'État,mais
aussil'unedesplusexposées aux risquesenraisonde sa
missiondecollectedel'impôt.
Pour finir, j'espère que cestravaux de mémoire
contribueront à améliorer le processus de gouvernance de la
Direction Générale des Impôts par le biaisdes
éclairages apportées sur les forces et faiblesses de son
système de management des risques. Aussi, j'espère que cela
pourra servir mes ambitions professionnelles à travers l'acquisition de
nouvelles capacités sur le plan pratique et sur le plan de la
recherche.
Chapitre III - Introduction
Des institutions et des
systèmesefficacesdegestiondesfinancespubliques (GFP)
sontindispensablespourmettre en
oeuvrelespolitiquesnationalesdedéveloppement et
deréductiondelapauvreté (PEFA, 2016).Une sainegestion des
financespubliques (GFP)est le rouage essentiel entre les ressources
disponibles, les prestations de services et la réalisation des objectifs
de l'action publique. UnesaineGFP garantit que les recettes sont efficacement
recouvrées et utilisées de manière appropriée et
soutenable.Aujourd'hui, cela est plus que jamais d'actualité, alors que
les pays du monde entier sont aux prises avec les conséquences
sanitaires, sociales et économiques de la COVID-19.
Lamaîtrisedelacollecte et de
l'utilisationdesfondspublicsest une préoccupationdanstouslespays.
Undéficitdecontrôle (maîtrise)desfinancespubliques,
exposeles États oulesadministrationspubliquesàdes
risquesplusélevés que ce quiseraitattendud'une gestion prudente
et optimaledesfinancespubliques ;ce qui pourraitconduireà des
conséquenceséconomiquesdommageables.C'estpourquoi,
lesréférentielsd'évaluationdelaGFP etdel'administration
fiscale commele PEFA1(*)et
le TADAT2(*)intègrentdans leurs
critèresd'évaluation,laqualité des
dispositifsdecontrôle,enparticuliercelledudispositifdegestiondesrisques[
(PEFA, 2016), (TADAT, 2015)].Au-delà même de la GFP, le management
des risques s'intègredansle sujet d'actualité plus vaste de la
nouvelle gestion publique tant prônée partout dans le mondeet dont
le mot d'ordreprincipal estd'exiger une gestion plus moderne, plus efficiente
de l'administration publique (COHEN, 2012).
Pourtant,lepremierrapportmondial sur
lagestiondesfinancespubliquespubliéparle PEFA en février
2021,révèle que lesdispositifsdecontrôle que
sontlagestiondesrisquesbudgétaires,l'auditinterne, l'auditexterne et
lavérificationparlesinstitutionssupérieuresdecontrôle et le
pouvoir législatif,sontlesmaillonslesplusfaiblesdela GFP (PEFA, 2021).Au
Burkina Faso, la Direction Générale des Impôts (DGI) est
unacteurmajeur de la chaîne de gestion des finances publiques.Ellea pour
activité principale le recouvrement des recettes fiscales et
parafiscales autres que celles de porte et mobilise à ce titre
près de lamoitié du budget de l'État (DGI, 2017).
Pourtant, elle n'est guère épargnée par ce constat.
Eneffet, lesévaluationsPEFA et
TADATréaliséesen2017, ont toutes deux
révélées au niveaudela DGI,des
insuffisancesimportantesdanslagestiondes risques. À titre d'exemple, on
citel'absencededispositifspourévaluer, traiter et analyserles risques
d'incivisme fiscal et lesrisquesinstitutionnels.Celaapousséla DGI
àmettre en place un processusdemanagementdesrisques (PMR).
Ici, lerisquedésigne
« l'effetdel'incertitude sur l'atteintedesobjectifs,
l'effetétant un écartpositif ou négatifparrapportà
une attente », et
lemanagementdesrisquesdésigne « des
activitéscoordonnéesdanslebutde diriger et piloter un organisme
vis-à-vis du risque »(ISO, 2018). Quant au
processus3(*) de management
des risques, il désigne « les travaux d'une organisation
en matière de management des risques » (IIA, 2019).
Lamiseenplacedu PMRdela DGIadébutéen
2019aveclaformation des acteurspuisl'élaboration des cartographies et
desplansdetraitementdesrisquesfiscaux et institutionnels.Cependant, plus de
deux ansaprèsl'élaboration de lapremièrecartographie des
risques et plus de quatre ans après lesévaluations PEFA et TADAT
d'ailleurs assez sommairessur laquestion du risque, le PMR dela DGI
n'afaitl'objetd'aucune évaluation (revue) pourapprécier son
état de fonctionnementet prendre d'éventuellesmesurescorrectives.
Pourtant, lanécessitéde procéder à des
évaluationspériodiquesdu PMR
estunanimementreconnueparlesréférentielsdemanagementdesrisques[
(ISO, 2018),(COSO, 2017)].
Enl'absenced'évaluation,ondisposedepeu
d'éclairages sur l'étatdefonctionnementduPMRdelaDGI.Il en
résultelesquestionssuivantes:
- la culture du risque,reflète-t-elle une
intégration suffisante des risques au processus de prise de
décisionet de fixation des objectifs?
- la gouvernance des risques reflète-t-elleune
participationsuffisante detoute l'organisation au processus de management des
risques?
- le processus de gestion des risques notamment
d'identification, d'évaluation, de traitement, de suivi et de reporting
des risques, est-il pertinent et mis en oeuvre de façon
adéquate ?
Cesinterrogationsjustifientleprésentmémoirequi
traite de l'évaluationduprocessusdemanagementdesrisquesdela Direction
Générale des Impôtsau Burkina Faso.
L'objectifglobalestd'apprécierl'étatdefonctionnementduprocessusdemanagementdesrisquesdela
Direction Généraledes
Impôts.Defaçonspécifique, il s'agiradeproposer un
modèled'analysepourl'évaluationduprocessusdemanagementdesrisques,
puis d'apprécierl' étatdefonctionnementduprocessussur labasede ce
modèle.
Leshypothèsesretenuessontlessuivantes :
- lemanagementdesrisquesétant une
initiativerécenteàla DGI, ilestpeuprobable que lacultureet
lagouvernancedesrisquessoientd'un niveaudematuritésuffisantpourfavoriser
un fonctionnementefficacedel'ensembledu PMR ;
- l'élaborationdelacartographie4(*)desrisques fiscaux et
institutionnelsavecl'appui techniqued'un consultant, présage de
laconformitéduprocessusdegestiondesrisquesaveclesmeilleures
pratiques.
Ce mémoire s'articule autour de quatre chapitres. Le
premier aborde les enjeux de la nouvelle gestion publique. Le secondtraitedu
management des risques dans le secteur public. Letroisième quant
à lui, porte sur la présentation de la DGI et des outils
d'analyse du PMR. Enfin, le dernierprésente les résultats de
l'évaluation du PMR puis les recommandations formulées en vue
d'améliorer son efficacité.
Chapitre IV - Les
enjeux de la nouvelle gestion publique
Le management des risques est un concept au coeur du paradigme
de la nouvelle gestion publique qui constitue un important sujet
d'actualité. Ce chapitre aborde dans un premier temps, les
caractéristiques traditionnelles du secteur public. Ensuite, il offre
une synthèse del'historique et des implications de la nouvelle gestion
publique.Enfin, il dresseun bilan synthétique de lanouvelle gestion
publique dans l'espace UEMOA5(*), et en particulier au Burkina Faso.
IV.1. Les
caractéristiques traditionnellesdu secteur public
IV.1.1.
Définition dusecteur public
L'IIA6(*)
définit le secteur public comme le secteur comprenant lesgouvernements,
les agences, entreprises et autres entités financées par
l'État qui exécutent des programmes publics ou qui fournissent
des biens et services (IIA, 2011).
Dans cette définition, les organisations du secteur
public peuvent exister au niveau international (entités
multi-états ou partenariats), national (un État
indépendant), régional (une province/unÉtat dans un
Étatnational) ou local (un organisme au niveau municipal tel qu'une
ville ou un comté).
A tous ces niveaux, le secteur public se compose
généralement d'au moins trois types d'organisation :
- le gouvernement centralqui se compose d'un organe directeur
doté d'une autorité territoriale définie. Les
gouvernements centraux comprennent tous les départements,
ministères ou branches du gouvernement qui font partie intégrante
de la structure et qui sont responsables et relèvent directement de
l'autorité centrale.
- les agencesqui se composent d'organisations publiques qui
font clairement partie du gouvernement et qui offrent des programmes, des biens
ou des services publics, mais qui existent en tant qu'organisations à
part entière - éventuellement en tant qu'entités
juridiques - et opèrent avec un degré partiel
d'indépendance opérationnelle. Au Burkina Faso, on peut citer en
exemple l'Agence Burkinabé de Normalisation, de la Métrologie et
de la Qualité (ABNORM).
- les entreprises publiquesqui sont des agences qui offrent
des programmes publics, des biens ou services, mais fonctionnent
indépendamment du gouvernement et qui ont souvent leurs propres sources
de revenus en plus du financement public direct. Ils peuvent également
concourir sur les marchés privés et peuvent faire des profits.
Cependant, dans la plupart des cas, le gouvernement est le principal
actionnaire, et ces entreprises suivent en partie les lois et règlements
qui régissent le gouvernement central.Au Burkina Faso, on peut citer en
exemple l'Office National de l'Eau et de l'Assainissement (ONEA) ou la
Société Nationale d'Électricité du Burkina
(SONABEL).
IV.1.2. Les
spécificités de l'administration publique traditionnelle par
rapport au secteur privé
Dans de nombreux pays à travers le monde, les
caractéristiques structurelles et fonctionnelles de l'administration
publique sont encore très différentes de celles d'une entreprise
du secteur privé. Selon COHEN (2012),de façon
générale les caractéristiques suivantes distinguent la
gestion dans l'administration publique traditionnelle de celle d'une
entreprise privée :
- la gestion a pour objectif principal la satisfaction de
l'intérêt général et la recherche de
profit ;
- l'administration opère en général dans
les domaines où la concurrence n'existe pas, ni de façon externe
(domaines réservés) ni même entre organismes
publics ;
- les structures, l'organisation et les procédures
utilisées sont complexes (comparées à celle d'une
entreprise) et l'encadrement légal est très
détaillé ;
- l'opinion publique a une grande influence sur les
décisions prises ;
- l'accent est essentiellement mis sur le respect absolu de la
régularité ;
- les finances publiques ne sont pas soumises aux mêmes
règles que celles d'une entreprise privée. Ainsi, des
déficits durables sont possibles et la faillite est improbable ;
- les agents publics ne peuvent être licenciés,
ni en cas de crise économique, ni en cas de mauvaise performance;
- la tradition de secret et de confidentialité prime
souvent sur les exigences de transparence qui s'appliquent aux entreprises
privées.
Après avoir subsisté dans la plupart des pays
pendant des siècles, bon nombre de ces caractéristiques
traditionnelles du secteur public sont fortement remises en cause en ce
21èmesiècle. Une gestion plus moderne de
l'administration publique est désormais exigée partout dans le
monde :c'est ce qu'on appelle « la nouvelle gestion
publique », qui préconise la gestion de l'administration
publique au plus près d'une entreprise privée,
c'est-à-dire une gestion axée sur la performance et la
transparence.
IV.2. L'historique et les implications de
la nouvelle gestion publique
La nouvelle gestion publique (NGP) consiste à
gérer l'administration publique au plus près d'une entreprise
privée. Pour cela, elle impose à l'État un objectif de
performance et de transparence au profit des citoyens, usagers et
contribuables, comparable à ce qu'une entreprise doit à ses
parties prenantes que sont les actionnaires, le personnel, et les clients.
La NGP implique l'utilisation d'outils nouveaux
empruntés au secteur privé : il s'agit du contrôle
interne,de l'approche par les risques, de l'audit interne, de l'audit
externe7(*), de la gestion
par objectifs et de la lutte contre la fraude et la corruption.
D'origine anglo-saxonne, les concepts de la NGP tendent
à être adoptés dans le monde entier : de l'Irak à la
Palestine, en passant par les Comores, le Burundi, la France, la Chine, ou
encore la Russie (COHEN, 2012). Dans l'espace UEMOA8(*), l'adoption de la directive
N°06/2009/CM/UEMOA portant lois de finances, marque le point de
départ de l'adoption de la NGP (UEMOA, 2009).
Cette section offre une synthèse du processus
historique ayant conduit à la nouvelle gestion publique (NGP) comme
décrit par COHEN (2012) dans son ouvrage consacréau sujet.
Ensuite, elle apporte des clarifications sur les implications de la NGP,
notamment les transformations qu'elle induit, les difficultés et les
conditions de sa mise en oeuvre.
IV.2.1. L'historique
de la NGP
a). Le Public
Internal Financial Control (PIFC)
Le mouvement de réflexion qui a conduit à la
nouvelle gestion publique concerne au départ surtout les grandes
entreprises privées et non pas l'administration publique. Il a
été initié vers le début des années
1985-1990 aux Etats-Unis, à la suite de grands scandales financiers qui
ont affecté d'abord les Caisses d'épargnes, puis les entreprises
internationales comme Enron ou Wordlcom.
Le référentiel COSO9(*)1,a été
publié en 1992 comme remède à ces scandales en proposant
un cadre pour la conception, la mise en oeuvre et le pilotage du contrôle
interne qui se définitcomme : « L'ensemble des
moyens permettant d'organiser la gestion pour que la stratégie une fois
définie et les objectifs fixés, soit exécutée sans
déviance, avec le maximum de chance de réussite et avec le
minimum de risques »(COHEN, 2012).
Un nouveau COSO dit COSO 2, a été publié
en 2004 sur la gestion des risques d'entreprise. Il prétend englober le
précédent, ce qui illustre bien l'importance de l'analyse des
risques dans le contrôle interne et l'audit interne.
L'essentiel du COSO, consiste à recommander aux
entreprises (et aux autres organisations) d'établir, sous leur
responsabilité, des systèmes de contrôle interne et de
gestion des risquesqui seront attestés par un auditeur interne
indépendant.
Le contrôle interne et l'audit interne initialement
conçus pour le secteur privé seront plus tardtransposés
dans le secteur public, sous l'appellationPIFC( Public Internal
Financial Control).Le concept de PIFC, en français «
contrôle financier interne public »ou«
contrôle interne public » a été
créé par la Commission européenne dans les années
1999-2001. Il s'est agi pour elle, en vue de 1'élargissement de la
Communauté à de nouveaux États membres, de
systématiser un modèle de saine gestion financière.
Par la suite, l'Union Européenne a imposé les
exigences aux PIFC aux pays en développement bénéficiaires
de ses aides. D'ailleurs, l'Europe s'est vue emboîter le pas par tous les
grands « donneurs » ou bailleurs de fonds internationaux (FMI, Banque
Mondiale, US Aid, ONU, organismes bailleurs africains, fonds arabes...). Ils
affichent maintenant pour accorder leur aide, des exigences similaires et
financent les formations et la mise en place des outils liés au nouveau
mode de gestion publique (contrôle interne, audit, budget-programme
etc.). C'est ainsi que plusieurs pays en Afrique ont
bénéficié de financement de bailleurs tels que l'Union
Européenne, la Banque Mondiale, la BAD dans le cadre de la mise en
oeuvre des outils de la NGP. C'est le cas de pays comme le Burkina Faso, le
Mali, le Bénin, le Togo, la Côte d'Ivoire ou la République
Démocratique du Congo qui ont tous reçu des financements de la
Banque Mondiale et l'Union Européenne dans le cadre de la mise en oeuvre
de l'approche risque et de l'audit interne dans les ministères.
En effet, dans le cadre du PIFC il ne s'agit plus pour la
gestion d'être (seulement) une gestion « régulière
» mais elle doit être d'abord une « saine gestion
financière ». Celle-ci s'apprécie en termes de
résultats effectifs, d'économie et
d'efficacité.La loi et les décretsexistent
toujours, mais ne doivent plus entrer dans le détail des
modalités. Ils doivent se borner à formuler des objectifs, des
obligations de résultat ainsi qu'à fournir des règles de
fonctionnement, des outils méthodologiques et des moyens. La loi devient
un programme formulé en termes généraux et d'obtention de
résultats, et non pas en termes d'obligations légales.
Il en résulte que dans ce nouveau contexte, le
contrôle change totalement de sens.Son rôle n'est plus de
contrôler (uniquement) la régularité, mais de :
- s'assurer de la bonne application de la méthode, du
bon usage des outils, de la mise en oeuvre adéquate des moyens par
rapport aux fins (respect du programme), ainsi que des normes et bonnes
pratiques internationalement acceptées. Ce contrôle est dit alors,
de conformité ;
- constater les résultats effectivement obtenus et
l'emploi judicieux des moyens (ou ressources) mis en oeuvre (économie,
efficacité, efficience), les comparer aux objectifs et résultats
attendus. C'est un contrôle dit d'efficacité ou de performance
;
- suggérer via des recommandations (et non plus imposer
par des sanctions) des améliorations au fonctionnement, aux
systèmes de gestion et de contrôle interne, afin d' obtenir de
meilleurs résultats encore ou/et de mieux prémunir la gestion
contre des risquesd'échec. Il est alors un contrôle dit de
système.
Ainsi, au lieu d'être négatif ( refus,
annulation ou sanction), le contrôle a unevaleur ajoutée : il
devient une pièce essentielle de l'amélioration du dispositif de
gestion.En outre, ce nouveau type de contrôle est interne et non plus
imposé de l'extérieur.
En synthèse, selon la Commission européenne, le
PIFC vise à réunir deux concepts :
- d'une part, les systèmes de gestion et de
contrôle (en anglais, Management and controlSystem) ;
- d'autre part, l' audit interne (en anglais, internal
audit).
On peut dire que les systèmes de gestion et de
contrôle constituent le premier niveau, en l'occurrence celui qui
dépend du manager(gestionnaire) lui-même et qui lui permet
d'essayer de maîtriser sa gestion. Ensuite,l'audit interne
réalisépar un service indépendant au sein du même
périmètre de gestion, constitue un second niveau dont le
rôle est d'évaluer et d'améliorer le système de
contrôle interne mis en place au premier niveau par le responsable de la
gestion.
Donc, le PIFC est la somme de deux
éléments :
b). La conception française large
du PIFC
Dans une conception plus large développée
surtout en France, un troisième élément est venu s'ajouter
au PIFC, afin de répondre au troisième objectif de toute saine
gestion financière : la sécurité.
En France, il a été jugé que pour lutter
contre la fraude, le contrôle interne et l'audit internesont
inappropriés au prétexte que leur rôle consiste plus en
l'amélioration de la gestion, plutôtqu'en la réalisation de
batteries de vérifications.
Il s'est donc avéré indispensable d'introduire
en plus des deux éléments de base, un élément de
contrôleexterne centré sur la lutte contre la fraude et la
corruption, que la Commission européenne reconnaît parfaitement,
mais demeure à ses yeux distinct du PIFC , maisqu'elle inclut dans sa
propre organisation (l'OLAF : Office de Luttecontre la Fraude).
D'ailleurs, COHEN (2012) pense qu'oublier ou séparer ce
troisième élément est un inconvénient majeur
dès lorsquel'on propose à des administrations d'adopter le PIFC
(version restreinte) et qu'on le présente comme unremède qui
pourrait remplacer toute autre forme de contrôle, puisqu'aussi bien le
contrôle à priori que l'inspection disparaissent. Il pense donc
que l'inclusion de la lutte contre la fraude et la corruption dans le PIFC, en
l'occurrence d'une fonction inspection ou contrôle externe
modernisée, estindispensable. Ce qui l'aconduit à parler
plutôt de CIP (Contrôle Interne Public).
où
SGC = Système de Gestion et de Contrôle
(financier et non financier)
AI = Audit Interne
LCF = Lutte Contre la Fraude et la Corruption
COHEN(2012), précise que pour la lutte contre la
fraude, il ne s'agit pas de maintenir l'inspection traditionnelleuniquement
centrée sur le respect formel de la régularité, mais de
créer, fut-ce à partir des corps de contrôle anciens, un
véritable outil moderne de détection de la fraude et de la
corruption.
Afin d'éviter les confusions COHEN(2012)souligne que
:
- le contrôle interne n'est pas un service mais un
système cohérent de maîtrise des risques et de la gestion
qui est partagé par l'ensemble des gestionnaires ;
- l'audit interne, en revanche, est bien un service (interne
à la gestion) ;
- la lutte contre la fraude est soit un service (inspection),
soit une structure de coordination.
c). La Nouvelle
gestion publique
En plus des trois objectifs du PIFC au sens large
(conformité, efficacité et sécurité), de plus en
plus l'on intègreaux objectifs de la gestion publique,un
quatrième objectif : la transparence. Elle provient également des
standards privés. En effet, la transparence de la gestion
financière et des comptes, est entrée dans la sphère
publique comme une exigence démocratique. Au même titre que les
actionnaires d'une firme privée,les citoyens exigent la transparence.La
transparence est pour l'essentiel prise en charge
par l'audit externe pratiquée parles Institutions Supérieures de
Contrôle (Cours des comptes ou équivalents) selon les normes
INTOSAI. L'administration est appelée à plus de transparence et
doit présenter auxcitoyens un maximum de « compte
rendus»(reporting).
Dans les modèles les plus avancés (France par
exemple depuis 2006), l'audit financier conduit à la certification des
comptesde l'État, exactement comme le fait le commissaire aux comptes
pour une entreprise privée.
Toutefois le rôle des ISC peut déborder (selon le
pays) le seul audit externe, et concerner aussi le jugement des comptes, la loi
de règlement budgétaire et aussil'évaluation des
politiques publiques qui est une ambition beaucoup plus récente.
L'ensemble de ces attributions de contrôle
(maîtrise) de la dépense et de l'action publique, constitue un
ensemble nouveau et cohérent de concepts et d'outils, tant de gestion
que de contrôle que COHEN(2012) a choisi d'appeler « la
nouvelle gestion publique ».
L'équation de la NGP contient ainsi finalement au moins
quatreéléments :
NGP = SCI +SAI + Olaf + AE
Où
SCI = Systèmes de Contrôle Interne
SAI = service d'audit interne
Olaf = Organisation de Lutte anti-fraude et
anti-corruption
AE= audit externe et
rôles assumés par les ISC (jugement, certification,
évaluation...)
En résumé, la NGP est la transposition au
secteur public des normes et standards internationalement
reconnus notamment :
- le COSO 1, en matière de contrôle interne ;
- le COSO 2 en matière de gestion des risques ;
- les normes d'audit interne de l'IIA;
- les normes d'audit externe de l'INTOSAI;
- les normes IPSAS, en matière de
comptabilité.
Enfin, la NGP inclut également les nouvelles techniques
publiques en matière budgétaire et notamment le budget par
objectifs souvent appelé« budget
programme ».
IV.2.2. Les implications de la nouvelle gestion publique
(NGP)
a). Les
transformations induitesdans l'administration publique par la NGP
L'adoption de la NGPfait passer l'administration d'une logique
de gestion axée sur la régularité à une logique de
gestion axée sur les résultats : le fonctionnaire qui se
contentait d'appliquer strictement la loi devient désormais un manager
capable de prendre des initiatives pour atteindre les quatre nouveaux objectifs
de la gestion publique qui se substituent au seul objectif de
régularité de l'ancienne gestion :
- la conformité, qui implique mais dépasse la
régularité en prenant en compte la conformité aux
standards et aux bonnes pratiques internationalement reconnus;
- l'efficacité (sous ses trois formes :
l'économie, l'effectivité et l'efficience) ;
- la sécurité ;
- et la transparence (ou devoir de rendre compte).
Il en résulte que dans la nouvelle logique, le
contrôle change de forme en passant d'un contrôle de
régularité selon un processus linéaire
(Loi?Exécution?Contrôle?Sanction), à un
contrôle de conformité et de performance selon un processus en
boucles :
- le contrôle a désormais pour but
l'amélioration de la gestion et en constitue une partie
intégrante (« interne ») qui se traduit par la boucle
« Gestion ?Contrôle ? Gestion ».
- la loidésormais appelé
« programme »est modifiable et modifiée en fonction
des résultats et si possible très rapidement, voire en cours de
programme, pour de meilleurs résultats. Cela se traduit par la
boucle« Programme ?Résultats
?Programme ».
Les tableaux suivants illustre parfaitement la
différence entre l'ancien et le nouveau système de
gestion :
Tableau 1: différence entre
le processus de gestion de l'ancien et celui du nouveau système de
gestion publique
Instance suprême (Roi, Parlement)
|
fixe
|
L'administration
|
Le contrôle
|
1-Ancien système
Loi(décrets, règlements, etc.)
|
o Les obligations
o Les modalités...
o Tout
|
o Exécute
|
o Vérifie
(la régularité)
Sanctionne
|
2-Nouveau système
Programme (revue en fonction des résultats)
|
o Les objectifs
o Les résultats attendus
o Les outils
|
o Gère
(choix des moyens et des modalités)
|
o Évalue(l'efficacité)
o Mesure (les résultats)
o Recommande (des améliorations)
|
Source : (COHEN, 2012)
Tableau 2 : différence entre
les objectifs de l'ancien et ceux du nouveau système de gestion
publique
Avant
|
Désormais
|
Un seul objectif
La régularité
Le législateur ne pouvant se tromper, il suffit
d'appliquer la loi.
|
Conformité
( y compris normes et bonnes pratiques)
À l'ensemble des règles
|
Efficacité
Par évaluation des résultats (indicateurs)
-par les 3E : économie,
effectivité, efficience
|
Sécurité
- Inspection
- Lutte contre la fraude
|
Transparence
- Reddition des comptes
- Audit externe
- Reporting administratif public
|
Source : (COHEN, 2012)
b). Les
difficultéset les conditionsdemise en oeuvrede la NGP
COHEN (2012) identifie plusieurs facteurs rendant difficile la
mise en oeuvre de la nouvelle gestion publique parmi lesquelles :le
poids des habitudes anciennes, le changement de paradigme nécessaire, la
faiblesse des écrits consacrés au sujet et le caractère
étranger à la culture de la plupart des pays. C'est pourquoi, il
ne manque pas de se prononcer sur les conditions de mise en oeuvre de la
nouvelle gestion publique.
v Difficultés de mises en oeuvre de la
NGP
COHEN (2012) considère la NGP comme un exercice
difficile, car ce n'est pas simplement des techniques du privé qu'il
s'agit de transposer, mais plutôt d'opérer dans l'administration
tout un bouleversement de mentalités, des habitudes et des
comportements, deprôner une véritable révolution
culturelle, qui transforme d'une part le fonctionnaire en manager public
responsable, et d'autre partle contrôleur en consultant compétent.
Il est bien difficile de procéder à cette révolution
culturelle qui implique de rompre avec des siècles de culture
hiérarchique et de pointillismedans l'application de la loi, au profit
d'une culture de gestion axée sur les résultats.
Comme difficulté,COHEN(2012)évoque
également la faiblesse des écrits sur le sujet de la nouvelle
gestion publique. Il estime que cette faiblesse des écrits,
combinéau caractère étranger à la culture de la
plupart des pays,ne facilite ni la compréhension, ni l'acceptation et
encore moins l'application de la NGP. Les mauvaises compréhensions des
nouveaux concepts et la confusion avec des termes, méthodes ou habitudes
anciennes sont considérés comme étant le corollaire de ces
difficultés. C'est ainsi que les concepts de contrôle et d'audit
internesplutôt axés sur l'amélioration de
l'efficacité continuentsouvent d'être confondus avec l'inspection
classique principalement axée sur lavérification de la
régularité.
v Conditions de mise en oeuvre de la NGP
COHEN(2012) estime que de nombreuses années sont
nécessaires pour que les concepts de la NGP soient largement compris,
adoptés et mis en oeuvre de façon adéquate. Il
préconise de prévoir une période de transition
et des plans gradués (appelés parfois«
stratégie nationale de contrôle interne »), dont les
modalités chronologiques et l'enchaînement doivent être
soigneusement déterminés en fonction du contexte propre à
chaque pays.
Il ajoute que l'adoption des normes et standards du COSO et de
l'IIA ne suffit pasà réformer l'administration. De nouvelles
mesures sont à prendre et des obstacles sont à lever.C'est
à ce titre qu'ilcite la réforme budgétaire
nécessaire à la formulation des objectifs, le changement de la
comptabilité publique, du rôle de la Cour des comptes et celui des
inspections, etc.Il fait remarquer que la démarche en France a mis la
révision de la LOLF10(*) en 2006 au début du processus.
Parmi les nouvelles mesures à prendre, COHEN(2012)
considèrela définition destratégies etd'objectifs en
découlant, comme une condition préalable à tout
contrôle interne efficace, et donc à la mise en oeuvre
adéquate de la nouvelle gestion publique.Pourtant, cette condition est
loin d'être satisfaisantedans le secteur public où la définition d'objectifs et de résultats
à atteindre n'est qu'à ses débutsavec le passage aux
budgets-programme dans plusieurs pays parmi lesquels ceux de l'UEMOA.
Dans le contexte africain spécifiquement,
l'introduction des outils de la NGP relève initialement des exigences
des bailleurs de fonds. Des critiques pourraient donc être émises
au sujet de son adéquation au contexte africain en raison vu son
caractère non endogène. Cependant l'adoption de ce mode de
gestion par la plupart des pays du monde entier parmi lesquels de grands pays
tels que la Chine ou la Russie de tradition communiste et n'ayant pas besoins
des aides américaines ou européennes,pourrait être
considérée comme un signe témoignant de la pertinence de
ce mode de gestion pour améliorer la gouvernance publique. Tout de
même, il est certainque la NGP ne peut faire l'objet d'une application
uniforme à l'échelle mondiale. Chaque pays doit mettre en oeuvre
les principes et les outils de la NGP en prenant en compte sa culture et son
contexte selon un plan gradué de mise en oeuvre adéquat.
IV.3. La nouvelle gestion publique dans l'espace UEMOA
Dans l'espace UEMOA, les réformes des finances
publiques engagées en 2009 ont posé les bases de la NGP. Nous
expliquerons en quoi ces réformes marquent la volonté des
États de mettre en oeuvre les concepts de laNGP. Ensuite, nous feronsun
bilan de de ces réformes, et donc de la mise en oeuvre des concepts de
la NGP dans cet espace économique.
IV.3.1. Les réformes des finances publiquesdans
l'espace UEMOA
L'espace UEMOA n'est pas en marge du processus de
transformation de la gestion publique en cours dans le monde entier. En effet,
l'adoption par les pays membres en 2009, de la directive
N°06/2009/CM/UEMOA portant lois de finances, traduitla volonté des
États de cet espace économiquede se mettre à l'heure de la
NGP (UEMOA, 2009).Cette directive instaure l'approche de gestion par objectif
(budget-programmes), le contrôle interne, l'audit interne et l'audit
externe dans l'administration publique.
v Adoption de l'approche de gestion par
objectif
L'article 12 de la directive consacre le passage à
l'approche de gestion par objectif à travers la budgétisation par
programme. Le programme est défini par le même article
comme : «Un regroupement de crédits destinés
à mettre en oeuvre une action ou un ensemble cohérent d'actions
représentatif d'une politique publique clairement définie dans
une perspective de moyen terme.Aux programme sont associés des objectifs
précis, arrêtés en fonction de finalités
d'intérêt général et des résultats
attendus».
v Instauration du contrôle interne et du
contrôle de gestion
L'article 13 de la directive consacre la responsabilisation
des gestionnaires, l'instauration du contrôle interne et du
contrôle de gestion dans l'administration. En effet, le rôle du
responsable de programme n'est plus limité à la
réalisation de tâches régulières. Sur la base des
objectifs généraux fixés par le ministre sectoriel, il
détermine les objectifs spécifiques, affecte les moyens et
contrôle les résultats des services chargés de la mise en
oeuvre du programme. Il s'impose à lui, la mise en place de dispositifs
de contrôle interne et de contrôle de gestion pour favoriser
l'atteinte de ses objectifs.
v Instauration de l'audit interne et de l'audit
externe
L'article 13 consacre également l'instauration de
l'audit de performance dans l'administration. L'évaluation des
résultats des programmes en termes d'efficacité,
d'économie et d'efficience est désormais intégrée
aux missions des corps de contrôle de l'ordre administratif
(audit interne) et de la Cour des comptes (audit
externe). Leur rôle ne se limite plus seulement aux missions
classiques de vérification de la régularité des
opérations financières.
v Renforcement de la transparence
La présentation du budget sous forme de programme,
l'élaboration de rapport de performance par l'administration (les
ministères) et par la cour des comptes (institution relevant de l'ordre
juridictionnel), permet aux citoyens de mieux comprendre la destination des
crédits budgétaires alloués et les résultats
effectifs obtenu à l'issu de leur emploi par l'État.
On remarque que les quatre objectifs de l'action publique,
prônés par la NGP, à savoir la conformité,
l'efficacité, la sécurité et la transparence, sont pris en
compte par la directive de l'UEMOA puisqu'elle vient instituer dans
l'administration publique l'approche par objectif (budget-programmes), le
contrôle de gestion, le contrôle interne, l'audit interne et
l'audit externe, tout en maintenant les contrôles classiques de
vérification et d'investigation des opérations
financières.
IV.3.2. Le bilan des réformes des finances
publiquesdansl'espace UEMOA
La directive N°06/2009/CM/UEMOA portant lois de finances,
marquant le passage à la NGP dans l'espace UEMOA a été
internalisé dans les différents pays de l'unionà
traversl'adoption de loisorganiques des finances publiques. Au Burkina Faso,
cette directive a été internalisée en 2015 par la Loi
n° 073-2015 du 06 novembre 2015 portant loi des finances.
L'internalisation de la directive représente l'aspect juridique de
l'adoption de la NGP. Dans ce qui suivra, nous ferons un bilan de la mise en
oeuvre effective de ce nouveau mode de gestion, c'est-dire de son
opérationnalisation dans la gestion de l'État.
v Approche de gestion par objectif (budget-programme)
dans l'espace UEMOA
L'adoption de l'approche de gestion par objectif, s'est
opéré par le basculement des différents pays dans le
budget programme à partir de 2017. À ce jour, l'ensemble des pays
ont basculé, sauf peut-être la Guinée-Bissau.
v Approche par les risques (contrôle et audit
internes) dans l'espace UEMOA
En matière de contrôle interneet d'audit interne,
plusieurs pays de l'union se sont engagés dans un processus de mise en
place de dispositifs de contrôle interne et d'audit internedans
l'administration publique.Ceci s'est matérialisé par des sessions
de formation des cadres (opérationnels et inspecteurs) à
l'approche de management et d'audit par les risques, puis par
l'élaboration de la cartographie des risques de plusieurs
ministères et institutions publiques. Dans la plupart des pays de
l'union, plusieurs ministères et institutions publiques ont fait l'objet
decartographies des risques. Le plus souvent, l'élaboration de ces
cartographies des risques a été initiée et pilotée
par les institutions supérieures de contrôle : au Mali, par
le Contrôle Générale des Services Publics (CGSP) ; au
Burkina Faso par l'Autorité Supérieure de Contrôle de
l'Étatet de Lutte contre la Corruption (ASCE-LC) et l'Inspection
Générale des Finances (IGF) ; en Côte d'Ivoire par
l'Inspection Générale des Finances (IGF) et l'Inspection
Générale d'État (IGE) ; au Bénin et au Togo
par l'Inspection Général des Finances (IGF) et au
Sénégal par l'Inspection Générale d'État
(IGE).
v Cadres institutionnels de la maîtrise des
risques dans l'espace UEMOA
Malgréles formations et les différentes
cartographies des risques réalisées, dans les pays de l'UEMOA,
l'absence de cadre institutionnel adéquat constituele plus gros handicap
pour un fonctionnement efficient des systèmes de maîtrise des
risques (contrôle et audit internes).
À ce jour, seul le Bénin a mis en place un cadre
institutionnel de la maîtrise des risques au niveau ministériel,
ce qui en fait le pays le plus avancé en matière de
contrôle et d'audit internes dans l'espace UEMOA. En effet,le
Bénin a procédé en 2018 à la réorganisation
des organes de contrôle de l'ordre administratif(République du
Bénin, 2018)et à l'adoption d'un cadre de référence
de l'audit interne de l'Étatqui s'inspire des normes d'audit interne de
l'IIA (République du Bénin, 2018).
Au Bénin, cette réorganisation des corps de
contrôle a induit la création et l'opérationnalisation
descomitésministériels de maîtrise des risques11(*) et
descomitésministériels d'audit interne12(*) (République du Bénin, 2018). La
réorganisation a également opéré un changement
importantdans le rôle des inspections ministérielles avec leur
transformation en entitésd'audit interne. Désormais, l'audit
interne constitue l'essentiel de l'activitéde ces inspections
ministérielles : elles peuvent toujours réaliser des
vérifications et desinvestigations, mais désormais dans une
moindre mesure.Le Bénin estdans les pas de la France qui a
procédé à des réformes similairesà partir
2011.
v Le bilan des réformes au Burkina
Faso
Au Burkina Faso, comme dans la plupart des pays de l'UEMOA, la
mise en place du cadre institutionnel de maîtrise des risques se fait
encore attendre au plan étatique.Les inspections techniques
ministériellescontinuent de réaliser principalement des
missionsdevérification et d'investigation.
Néanmoins, au niveau des sociétés
à capitaux publics, le code de bonne pratique de gouvernance des
sociétés d'État adopté en 2015, a instauré
l'obligation pour les sociétés d'État de mettre en place
des dispositifs de contrôle interne, de gestion des risques et
descomités d'audit (CCSE, 2015). Depuis lors, plusieurs
sociétésparmi lesquels, l'Office Nationale de l'Eau et de
l'Assainissement (ONEA) ou encore le Laboratoire National du Bâtiment et
des Travaux Publics (LNBTP), ont mis en place des comités d'audit
interne en leur sein.
L'ensemble de ces insuffisances en matière de
contrôle ont été souligné par la Cour des Comptes
dans son rapport public de l'année 2019.Elle a donc souligné, la
nécessité d'adapterles corps de contrôle de l'État
au contexte du budget programme et formulé plusieurs recommandations
parmi lesquelles :
- la mise en place de l'audit interne au niveau des
ministères et institutions publiques avec notamment la transformation
des inspections techniques ministérielles en organes d'audit interne, et
la mise en place de comité ministériels d'audit interne ;
- la formation des acteurs des organes de contrôle sur
l'audit de performance des projets et programmes budgétaires ;
- ou encore l'élaboration d'une stratégie
nationale de contrôle interne.
Au Burkina Faso comme dans la plupart des pays de l'UEMOA, du
temps est encore nécessaire pour que les concepts et les outils de la
NGP ne soient largement compris, adopté et mis en oeuvre, en raison
même de la complexité des concepts, des bouleversements de
mentalités et des modifications structurelles nécessaires
à la mise en oeuvre des nouveaux outils.
La NGP impose à l'État des objectifs de
performance et de transparence à l'instar d'uneentreprise privée
dontelle emprunte lesoutilsque sont : la gestion par objectif, le
contrôle et l'audit internes, l'audit externe et l'approche par les
risques. Les transformations structurelles induites par la NGP, la rendent
difficile d'application dans la plupart des pays, y compris ceux de l'espace
UEMOA. C'est pourquoi de nombreuses années sont nécessaires pour
que les concepts soit largement compris et efficacement mis en
oeuvre.Celaimpose des plans gradués de transition et des
évaluations périodiques des progrès
réalisés. Ce mémoire s'inscrit dans cette optiqueen
tentant d'examiner l'état de fonctionnement du processus de management
des risques de la DGI du Burkina Faso.Le chapitre suivantfournirades
éclairages sur le management des risques dans le secteur public.
Chapitre V - Le management des risques
dans le secteurpublic
Évaluer le processus de management des risques
(PMR)de la Direction Générale des Impôts (DGI),requiert au
préalable d'appréhenderles concepts, les
caractéristiques fondamentalesde toutmanagementdes risquesefficace et
les spécificités à prendre en compte dans le contexte de
la DGI. C'est à ce besoin que répond le présent chapitre.
Tout d'abord, il clarifieles concepts et lesprincipesdu management des risques.
Ensuite, il éclaire sur les composantes et les acteursd'un
PMRefficace.Enfin, il abordeles spécificités du management des
risques dans le secteur public en général,puis dans
l'administration fiscale en particulier puisqu'elle est l'objet de notre
évaluation.
V.1. Définitions
V.1.1. Le
risque
Il existe plusieurs définitions du risque. Nous
présenterons les définitions proposées par les
référentiels de management des risques les plus utilisés
que sont le COSO ERM 2017 et l'ISO 31000 : 2018, puis celle
proposée par COHEN(2012), avant d'en faire une synthèse.
LeCOSOERM 201713(*) défini le risque comme:« La
possibilité que des événements se produisent et affectent
la réalisation de la stratégie et des objectifs de
l'entreprise14(*)».Les précisions suivantes sont
apportées :
- l'événement peut concerner une occurrence ou
un ensemble d'occurrences ;
- l'incertitude constitue l'état de ne pas savoir
comment ou si des événements potentiels peuvent se
manifester ;
- la gravitéreprésente une mesure des
considérations telles que la probabilité et l'impact des
événements ou le temps nécessaire pour se remettre des
événements ;
- les objectifs en question peuvent relever de plusieurs
catégories : stratégiques, opérationnels, de
conformité ou de reporting ;
- en plus des transactions de routine, les
événements concernent les changements dans la gouvernance et la
structure opérationnelle, les influences géopolitiques et
sociales, et les négociations contractuelles, entre autres choses. Les
événements peuvent être facilement identifiables comme ne
pas l'être ;
- les risques peuvent être négatifs (incendie par
ex.) ou positifs (par exemple météo plus clémente que
prévue).
L'ISO 31000 :2018quant à lui, définit le
risque comme : «L'effet de
l'incertitude sur l'atteinte des objectifs». Ici, l'effetest un
écart, positif et/ou négatif, parrapport à une attente et
les objectifs peuvent également avoir différents aspects (par
exemple buts financiers, de santé et de sécurité, ou
environnementaux) et peuvent concerner différents niveaux (niveau
stratégique, niveau d'un projet, d'un produit, d'un processus ou de
l'organisation en entier).
Selon COHEN(2012), le risque représente :
« Tout ce qui est susceptible de faire obstacle, totalement ou
partiellement , à la réalisation des objectifs,
stratégiques ou opérationnels. Le risque est l'envers d'un
objectif. Mais ce peutêtre également, une opportunité
positive à saisir ». Il précise que le risque
couvre une infinité d'évènements et de facteurs, depuis
l'erreur, à l'irrégularité grave et la fraude, en passant
par les risques portant sur l'image, la motivation des acteurs, la
qualité, l'environnement, les personnes, la politique, etc.
En somme, les différentes définitions du risque
ne se contredisent pas etse recoupent en la question du poids de l'incertitude
sur la marche d'une organisation.Le risque est caractérisé
principalement par deux paramètres qui permettent d'apprécier son
importance (mesure) :
- la probabilité appelée encore vraisemblance ou
fréquence qui représente la chance que le risque a de
survenir ;
- et l'impact qui représente l'ampleur des
conséquences positives ou négatives, du sinistre ou des gains
obtenus.
V.1.2. Le
management des risques
Le référentiel ISO
31000 définit le management (ou gestion) des risques comme: «
Des activités coordonnées dans le but de
diriger et piloter un organisme vis-à-vis du risque »
(ISO, 2018).Selon l'ISO,les caractéristiques du management des risques
sont les suivantes :
- il a pour finalité la création et la
préservation de la valeur. Il améliore la performance, favorise
l'innovation et contribue à l'atteinte des objectifs ;
- c'est une activité itérative qui aide les
organismes à développer une stratégie, atteindre des
objectifs et prendre des décisions éclairées ;
- il fait partie intégrante de la gouvernance et du
leadership et a une importance fondamentale dans la façon dont
l'organisme est géré à tous les niveaux. Il contribue
à l'amélioration des systèmes de management ;
- il est intégré à toutes les
activités d'un organisme et inclut l'interaction avec les parties
prenantes ;
- ilprend en considération le contexte interne et
externe de l'organisme, y compris le comportement humain et les facteurs
culturels.
Le COSO ERMquant à lui, définit le management
des risques d'entreprise comme : « La culture, les
capacités et les pratiques, intégrées à la
définition de la stratégie et à la performance, sur
lesquelles les organisations s'appuient pour gérer les risques dans la
création, la préservation et la réalisation de la
valeur » (COSO, 2017). Le COSO ERM utilise le terme
« ERM » qui signifie en anglais « Enterprise Risk
Management » et qui se traduit littéralement en
français par « management des risques d'entreprise »
ou plus explicitement par « management global des
risques ».
Dans les caractéristiques soulignées par l'ISO
31000 et par le COSO ERM, on peut remarquer l'accent mis sur le
caractère global que doit revêtir toute démarche de
management des risques à travers la prise en compte de tous les acteurs,
de tous les niveaux de l'entité, de toutes les activités et de
tous les facteurs internes comme externes.La démarche de management
global des risques traduit la volonté d'avoir une vision globale des
risques d'une organisation (SUTRA, 2019). En effet, tous les risques sont
intégrés dans l'analyse, quelle que soit leur nature
oucatégorie(managérial, juridique, stratégique
opérationnel, réputationnel, image, financier, interne ou
externeetc.). Et l'analyse peut être menée, au niveau d'une
organisation, d'une entité, d'un projet, d'une activité, etc.La
démarche de management global des risques doit permettre, une fois les
risques analysés, de les comparer afin de définir, en fonction du
niveau d'appétenceune stratégie de traitement.
En synthèse, quel que soit le référentiel
ou l'organisation, lebut du management des risques reste le même :
« créer et préserver la valeur au profit des parties
prenantes de l'organisation, parl'intégration du risque au processus de
sélection, de développement et de mise en oeuvre de la
stratégie ».
v Le processus de
management des risques
Dans son guide consacré à l'évaluation du
processus de management des risques, l'IIA définit le processus de
management des risques comme :« L'ensemble des travaux d'une
organisation en matière de management des risques » (IIA,
2019). Le guide a préféré le terme
« processus demanagement des risques » au terme
« programme de management des risques » souvent
utilisé. Le guide considère le terme
« programme » comme étant limité
comparativement au terme processus qui implique une notion de démarche
et d'effort en continu.
Notons que le cadre de référence de
l'AMF15(*)utilise le terme
« dispositif »en lieu et place du
terme« processus »(AMF, 2010). Il est donc également
possible de parler de dispositif de management des risques pour désigner
le processus de management des risques. Dans la suite de ce document, les deux
termes pourraient être utilisés indifféremment.
Dans ce même sens, le terme « gestion des
risques » est souvent utilisé en lieu et place du terme
« management des risques ». Toutefois, il nous
semble que le terme « gestion des risques » met en avantles
aspects opérationnels du management des risques, notamment les
l'identification, l'évaluation, le traitement et le suivi des risques.
D'ailleurs, le guide d'évaluation du processus de management des risques
de l'IIA (IIA, 2019), utilise d'une part le terme « processus de
mangement des risques » pour désigner le dispositif dans
sa globalité,ce qui inclue la culture et la gouvernance des risques, et
d'autre part le terme « processus de gestion des
risques » pour désigner les aspects
opérationnelsque sont l'identification, l'évaluation, le
traitement et le reporting des risques.
V.1.3. La cartographie des risques
La cartographie des risques constitue un outil important du
management des risques. C'est une démarche dynamique d'identification et
d'évaluation des risques qui permet d'en donner une
représentation synthétique et visuelle. Elle constitue ainsi un
outil de mise en évidence des risques à couvrir en
priorité (IFACI, 2013).
Elle permet au management de disposer d'une vue
consolidée de ses risques et de définir des plans de traitement
des risques qui incluent souventla mise en placede dispositifs de
contrôle interne.
Quantà l'audit interne, elle lui permet
d'élaborer son plan d'audit conformément aux meilleures pratiques
en la matière. Selon la norme d'audit interne IIA 2010.A1:« Le
plan d'audit interne doit s'appuyer sur une évaluation des risques
documentée et réalisée au moins une fois par an
» (IIA, 2017). L'élaboration du plan d'audit sur la base d'une
analyse des risques accroît l'efficience de l'audit interne par la
priorisation des audits à réaliser selon le critère
d'importance des risques.
V.1.4.
L'articulation entregestion des risques, le contrôle et l'audit
internes
Les dispositifs de management des risques, de contrôle
interne et d'audit interne, participent de manière complémentaire
à la maîtrise des activités de l'organisation.
Le contrôle internese définit
comme :« Un processus mis en oeuvre par le
conseil, le management et les collaborateurs d'une entité,
destiné à fournir une assurance raisonnable quant à la
réalisation des objectifs liés aux opérations, au
reporting et à la conformité » (COSO,
2013).
L'audit internese définit
comme: « Une activité indépendante et objective qui
donne à une organisation une assurance sur le degré de
maîtrise de ses opérations, lui apporte ses conseils pour les
améliorer, et contribue à créer de la valeur
ajoutée. Il aide cette organisation à atteindre ses objectifs en
évaluant, par une approche systématique et méthodique, ses
processus de management des risques, de contrôle et de gouvernement
d'entreprise et en faisant des propositions pour renforcer son
efficacité » (IIA, 2017).
Le cadre
de référence de l'AMF relatif aux dispositifs de contrôle
interne et de gestion des risques(AMF, 2010)ainsi que les normes d'audit
interne (IIA, 2017), décrivent clairement les articulations entre ces
dispositifscomme suit:
- le dispositif de management des risques vise à
identifier et à analyser les principaux risques de l'organisation. Les
risques dépassant les limites acceptables fixées par
l'organisation, sont traités et le cas échéant, font
l'objet de plans de traitement. Ces derniers peuvent prévoir la mise en
place de contrôles, un transfert des conséquences
financières (mécanisme d'assurance ou équivalent) ou une
adaptation de l'organisation.Les contrôles à mettre en place
relèvent du dispositif de contrôle interne. Ainsi, ce dernier
concourt au traitement des risques auxquels sont exposées les
activités de l'organisation.
- de son côté, le dispositif de contrôle
interne s'appuie sur le dispositif de management des risques pour identifier
les principaux risques à maîtriser (à mettre sous
contrôle).
- en outre, les dispositifs de management des risques et
d'audit internedoivent eux-mêmes intégrer des contrôles
relevant du dispositif de contrôle interne, destinés à
sécuriser leur bon fonctionnement.
- les dispositifs de contrôle interne et de management
des risques constituent des matières pour l'audit interne qui a pour
rôle de les évaluer et de faire des propositions pour
améliorer leur efficacité.
V.2. Principes,
composantes et acteurs du management des risques
V.2.1. Les
principes du management des risques
Tout management des risques qui se veut efficace, doit
obéir à un certain nombre de principes. Les principesfournissent
les grands axes relatifs aux caractéristiques d'un management des
risques efficace et efficient. Ils sont le fondement du management des risques
et il convient de les prendre en considération lors de
l'établissement du cadre organisationnel et des processus de gestiondes
risques de l'organisation. (ISO, 2018)
Les référentiels COSO ERM et ISO 31000
s'accordent sur la finalité du management des risquesqui est la
création et la préservation de la valeurparl' amélioration
de la performance,lastimulation de l'innovation et lacontribution à
l'atteinte des objectifs. Et, les principes de management des risquesqu'ils
édictent sont identiques pour l'essentiel.
Les principes à respecter pour un management des
risques efficace et tels qu'énoncés par l'ISO 31000 sont les
suivants (ISO, 2018):
1. Intégré : le dispositif
concerne l'ensemble des collaborateurs de l'organisation, il vise toutes les
activités et s'intègre dans la gestion quotidienne. Le management
des risques est une matière vivante, qui évolue dans le temps et
ne se limite pas au seul exercice de cartographie des risques.
2. Structuré et global : une
approche structurée et globale du management des risques contribue
à la cohérence de résultats qui peuvent être
comparés.
3. Adapté : le cadre
organisationnel et le processus de management des risques sont adaptés
et proportionnés au contexte externe et interne de l'organisme aussi
bien qu'à ses objectifs.
4. Inclusif : l'implication
appropriée et au moment opportun des parties prenantes permet de prendre
en compte leurs connaissances, leurs opinions et leur perception. Ceci conduit
à un management des risques mieux éclairé et plus
pertinent.
5. Dynamique : des risques peuvent
surgir, être modifiés où disparaître lorsque le
contexte externe et interne d'un organisme change. Le management des risques
anticipe, détecte, reconnaît et réagit à ces
changements et événements en temps voulu et de manière
appropriée.
6. Meilleure information disponible :
les données d'entrée du management des risques sont
fondées sur des informations historiques et actuelles ainsi que sur les
attentes futures. Le management des risques tient compte explicitement de
toutes leslimites et incertitudes associées à ces informations et
attentes.Il convient que les informations soient disponibles à temps,
claires et accessibles aux parties prenantes pertinentes.
7. Facteurs humains et culturels : le
comportement humain et la culture influent de manière significative sur
tous les aspects du management des risques à chaque niveau et à
chaque étape.
8. Amélioration continue :le management des risques est
amélioré en continu par l'apprentissage et
l'expérience.
V.2.2. Les
composantesd'un processus de management des risques efficace
Le guide d'évaluation du
processus de management des risques de l'IIA16(*) publié en 2019
(IIA, 2019), identifie trois caractéristiques (composantes)
fondamentales propres à un management des risques mature
indépendamment du référentielutilisé à
savoir:
- la culture du risquequi concerne
l'intégration des risques à tous les niveaux du processus de
décision, de rémunération et de primes, et de fixation des
objectifs.
- la gouvernance des risquesqui concerne
laparticipation de toute l'organisation au processus de management des risques
par l'intermédiaire de collaborateurs qualifiés et
compétents en la matière.
- le processus de gestion des risquesqui
concerne les activités d'identification, depriorisation, detraitement,
desuivi et dereporting des risques dans toute l'organisation.
a). La culture du
risque
La culture du risque se reflète dans
l'intégration des risques dans la prise de décision. Elle
détermine l'efficacité du processus de management des risques. Si
la culture ne favorise pas des échanges ouverts et la prise en compte
des risquespositifs comme négatifs, alors le processus de management des
risques ne pourra pas créer de la valeur ajoutée. Des politiques,
procédures et processus d'évaluation des risques bien
conçusseront inopérants ou inefficaces si la culture est
inadéquate.La culture peut remettre en cause toute argumentation ou
action engageante en matière de management des risques.
Le COSO ERM 2017 souligne que
l'intégration des risques dans le processus de prise de
décisionnécessite un effort continu. Les facteurs qui influencent
l'intégration sont la culture initiale de l'entité, sa taille, sa
complexité et le temps écoulé depuis l'adoption d'une
culture consciente des risques (COSO, 2017).
En effet, une entité dans laquelle la fonction de
management des risques est naissante, disposera de pratiques et de
capacités limitées sur lesquelles elle pourra s'appuyer. Mais
à mesure que l'entité mûrit, elle met en oeuvre des
pratiques et des capacités plus développées qui
améliorent la prise de décision. Une fois que l'organisation
intègre systématiquement les considérations relatives aux
risques, elledevient moins dépendante des pratiques et de
l'infrastructure formalisées et autonomes. Par exemple, dans une
entité entièrement intégrée, le personnel
identifiera les écarts de performance et comprendra l'effet potentiel
sur le profil de risque sans s'appuyer sur un programme d'évaluation
autonome.
Le temps n'est pas le seul facteur qui affecte la
capacité d'une entité à intégrer pleinement la
gestion des risques d'entreprise. La taille et le type d'entité comptent
également (c'est-à-dire si l'entité est à but
lucratif, sans but lucratif, fortement réglementée, etc.). Par
exemple, une grande entreprise pharmaceutique peut avoir une culture bien
développée de prise en compte des risques, mais peut être
obligée de conserver certaines pratiques autonomes de surveillance et de
reporting imposées par ses régulateurs. En comparaison, les
petites entités non réglementées peuvent se concentrer
davantage sur le développement de la conscience du risque et sur
l'intégration du risque dans les rapports de performance.
b). La gouvernance
des risques
Une bonne gouvernance des risques nécessite une
participation adéquate de toute l'organisation au PMR par
l'intermédiaire de collaborateurs qualifiés et compétents
en la matière (IIA, 2019).
En effet, le soutien des dirigeants doit être acquis
dès le début de la mise en oeuvreduPMRafin qu'il soit efficace.
L'adhésion des dirigeants et l'obtention des ressources
nécessaires,nécessitent que les informations sur les risques
soient utilisées dans la prise de décision aux niveaux les plus
stratégiques d'une organisation. Les organes de gouvernance, comme le
comité d'audit ou le Conseil, joue un rôledéterminant pour
susciter la collecte, l'évaluation et la transmission des informations
sur les risques. Si le comité d'audit sollicite
régulièrement des informations sur les risques dans le cadre de
son activité de surveillance, alors le management trouvera
impérativement un moyen de les lui fournir.
En général, le PMR est conçu selon une
approche descendante. Une fois que les principaux managers
opérationnels, la direction générale et le Conseil sont
impliqués dans le PMR, la structure peut être clarifiée et
les politiques, les procédures, le reporting et les protocoles de
remontée d'alertes peuvent être mis en oeuvre.
Il est important de noter que la gouvernance constitue un
concept qui transcende la gestion des risques. La gouvernance au sens large du
terme peut être définie comme la façon dont le pouvoir est
organisé et exercé pour assurer le pilotage de l'organisation
(CABANE, 2018). La gouvernance fait allusion à la répartition des
rôles, des pouvoirs et des responsabilités entre les parties
prenantes, le conseil d'administration et la direction. Les aspects de la
gouvernance tel que le recrutement, l'évaluation des membres du conseil
d'administration, l'élaboration de la mission, de la vision et des
valeurs fondamentales de l'entité ne relève pas de la gestion des
risques (COSO, 2017). La gouvernance des risques est donc un aspect de la
gouvernance au sens large.
c). Le processus de
gestion des risques
Le processus opérationnel de gestion des risques
comprend les activités d'identification, de hiérarchisation etde
traitement des risques.
Le degré d'intégration de ces activités
aux processus opérationnels est un indicateur utile pour mesurer la
maturité de l'organisation. Si ces activités sont menées
régulièrement dans toute l'organisation, et si les informations
sur les risques sont utilisées dans les prises de décisions
importantes, l'organisation est perçue comme plus mature qu'une
organisation qui réalise une évaluation des risques une fois par
an ou uniquement lorsqu'elle est imposée par les
réglementations.
Remarque : le cadre de
référence de l'AMF (AMF, 2010) propose également trois
composantes propres à un processus de management des risques mature
à savoir : le cadre organisationnel (organisation,
politique de gestion des risques, et système d'information), le
processus de gestion des risques (identification, analyse et traitement des
risques) et le pilotage (surveillance et revues régulières des
risques et du dispositif). Toutefois, les composantes présentées
par l'AMF et celles présentées par l'IIA peuvent être
rapprochées. La composante « processus de gestion des
risques » est mentionnée par les deux
référentiels. Quant aux composantes
« Culture » et « Gouvernance » de
l'IIA, elles peuvent être rapprochées des composantes
« Cadre organisationnel » et
« Pilotage » de l'AMF. Pour l'essentiel, les
caractéristiques définiespar les deux référentiels
sont semblables : la différence réside surtout dans la
présentation.
V.2.3. Les acteurs
du management des risques
Un modèle efficient de
maîtrise des risques s'articule autour de trois lignes de maîtrise
(IIA, 2020).
Figure
1: modèle des trois ligne de maîtrise version 2020
Source : (IIA, 2020)
L'organe de gouvernance est chargé de s'assurer que :
- les structures et processus adéquats sont en place
pour garantir l'efficacité de la gouvernance ;
- les objectifs et les activités de l'organisation sont
en phase avec les intérêts prioritaires des parties prenantes.
L'organe de gouvernance :
- délègue des responsabilités et alloue
des ressources au management pour lui permettre de réaliser les
objectifs de l'organisation tout en veillant au respect des exigences d'ordre
juridique, réglementaire et éthique ;
- institue et supervise une fonction d'audit interne
indépendante, objective et compétente chargée d'apporter
clarté et confiance quant aux progrès accomplis en matière
d'atteinte des objectifs.
v Le Management et les rôles de la
première et deuxième lignes
La responsabilité du management d'atteindre les
objectifs de l'organisation recouvre les rôles des deux premières
lignes du modèle17(*). Les rôles de la première ligne sont
plus directement liés à la fourniture de produits et/ou services
aux clients de l'organisation et incluent les fonctions supports18(*).
La deuxième ligne recouvrent quant à elle des
activités d'appui à la gestion des risques.
Les première et deuxième lignes peuvent
être fusionnées ou séparées. Certains rôles de
deuxième ligne peuvent être confiés à des
spécialistes chargés d'apporter une expertise
complémentaire, une assistance, un suivi et des critiques constructives
aux acteurs de la première ligne. D'autres peuvent être
orientés sur des objectifs précis dans le domaine de la gestion
des risques - conformité aux lois et règlements et comportement
éthique acceptable, contrôle interne, sécurité des
systèmes d'information, développement durable, assurance
qualité, etc. -, et même se voir confier de plus grandes
responsabilités en la matière, comme le management des risques de
l'entreprise (ERM). Pour autant, la gestion des risques demeure l'apanage des
rôles de première ligne et s'inscrit dans le
périmètre d'action du management.
v Les rôles de la troisième ligne
L'audit interne fournit une assurance et des conseils
indépendants et objectifs sur l'adéquation et l'efficacité
de la gouvernance et de la gestion des risques. Pour ce faire, il met en
oeuvre, de manière adéquate des processus, une expertise et des
points de vue systématiques et méthodiques. Il fait part de ses
constats au management et à l'organe de gouvernance, dans une
perspective d'amélioration continue. Il a la possibilité de faire
appel à d'autres prestataires d'assurance, internes comme externes.
V.3. Spécificités du
management des risques dans le secteur public
V.3.1.
Spécificités du management des risques dans l'administration
publique en général
La gestion des risques dans
l'administration publique est différente de celle du secteur
privé sous plusieurs aspects. À ce propos, le rapport 2019 des
nations unies sur le secteur public (ONU, 2019)qui traite entre autresdu
management des risques dans le secteur public, énoncent les
spécificités suivantes :
- la primauté de l'intérêt collectif sur
les gains financiers ;
- la diversité et l'importance des secteurs de
risque ;
- l'horizon temporel d'analyse et de traitement des
risques ;
- la prise en charge des risques gérés en partie
par d'autres acteurs ;
- et la prise en compte du consensus social dans la gestion
des risques.
À ces spécificités,on peut ajouter une
dernière spécificité relative aux implications et
difficultés propres àsa mise en oeuvre dans le secteur public
commeévoquées par COHEN (2012).
v Primauté de
l'intérêt collectif sur les gains financiers
Contrairement au secteur privé, le management des
risques dans l'administration publique est moins axé sur la maximisation
des gains financiers. C'est plutôt la maximisation de
l'intérêt public et donc des avantages pour tous qui est
recherchée.
En outre, la faible tolérance à l'échec
dans le secteur public entraîne des attitudes à l'égard du
risque qui sont différentes de celles qui prévalent dans le
secteur privé. Dans l'administration publique, les objectifs tels que la
protection, le bien-être et la prospérité des citoyens sont
centraux, ce qui implique un intérêt important pour la gestion
stratégique des risques, y compris la planification d'urgence, la
préparation aux situations d'urgence, ainsi que la gestion des crises et
des catastrophes.
v Diversité et
importance des secteurs de risque
L'administration publique joue un rôle central dans la
gestion des risques dans tous les domaines, en tant que gestionnaire des
risques, régulateur ou dans d'autres rôles.
Généralement,les États gèrent directement une
série de risquesdiversifiés et importants (sanitaires,
financiers, économiques, catastrophes naturelles, sociaux,
géopolitiques, ressources humaines, cybercriminalité, etc.).
v Horizon temporel d'analyse et de traitement des
risques
Plus que le secteur privé, les États peuvent
décider d'analyser les risques et de se préparer à les
affrontersur un horizon temporel éloigné.Par exemple,on peut
analyser des risques sur des décennies, ou se préparer à
des catastrophes susceptibles de se manifesterchaquecent ans.
v Prise en charge des risques gérés en
partie par d'autres acteurs
Les États prennent également en charge une
partie des risques gérés par d'autres acteurs dans un large
éventail d'activités allant de la finance au commerce en passant
par la gestion des catastrophes naturelles. Le rôle del'État en
tant que régulateur lui permet de superviser la gestion des risques dans
pratiquement tous les secteurs comme l'évaluation des risques avant le
lancement d'un produit ou d'un service dans des domaines tels que la
santé publique, la sécurité alimentaire, la gestion des
déchets, l'eau et l'assainissement, et les infrastructures critiques.
v Prise en compte du consensus social dans la gestion
des risques
Les États sont souvent emmenés à prendre
en compte le consensus social dans la gestion des risques notamment le
consensus sur les niveaux tolérables et les meilleurs moyens de faire
face à des risques spécifiques. Ce consensus variant d'un pays
à un autre, les États appréhenderont la gestion des
risques, de différentes manières. Par exemple, la perception et
l'évaluation du risque de séisme au Japon, seradifférente
de celle d'un pays comme le Burkina Fasotrès peu exposé
àce risque.
v Implications et difficultés liées
à la mise en oeuvre du management des risques
La mise en oeuvre réussie de la nouvelle gestion
publique (NGP) nécessite une période de transition en raison des
difficultés liées au changement de mentalités à
opérer ainsi que celles liées à la compréhension
des concepts sous-jacents. Le management des risques qui est l'un des outils de
cette NGP nedevraitpas être épargnépar ces
difficultés. Dans ce sens, la culture du risque devrait être comme
d'ailleurs au secteur privé, l'élément sur lequel un
accent particulier devra être mis dès l'entame de la
démarche.
V.3.2.
Spécificités du management des risques dans l'administration
fiscale
Le sujet du risque est particulièrement important dans
l'administration fiscale. C'est à juste titre que le cadre TADAT
d'évaluation des administrations fiscales intègre la
qualité du dispositif de gestion des risques dans ses critères
d'évaluation (TADAT, 2015).La publication de manuels de gestion des
risques fiscaux par de grandes organisations telles que l'Union
Européenne ou l'OCDE attestent égalementde l'importancedu sujet
dans l'administration fiscale[ (Union Européenne, 2010), (OCDE,
2017)].
Le management des risques dans l'administration fiscale
présente des spécificitésparmi lesquellesl'on peut
citer :
- le niveau d'exposition aux risques;
- les objectifs de la gestion des risques ;
- les outils d'évaluation des risques fiscaux ;
- et les conditions d'efficacitédela gestion des
risques.
v L' administration fiscale : une entité
très exposée aux risques
L'administration fiscale fait partie des administrations les
plus exposées aux risques qui peuvent nuire aux recettes (Union
Européenne, 2010).C'est pourquoi, l'évaluation des risques fiscaux est un
élément clé de l'administration moderne de l'impôt
(OCDE, 2017).
Le cadre TADAT d'évaluation de l'administration
fiscale,classeles risques de l'administration fiscaleen deux grandes
catégories(TADAT, 2015):
- les risques d'incivisme fiscal qui peuvent
se traduire par un manque à gagner si les contribuables
enfreignentà leursobligations (immatriculation au registre des
impôts, dépôt des déclarations fiscales, paiement des
impôts dans les délais, et communication d'informations exactes et
exhaustives dans les déclarations) ;
- les risques institutionnels qui peuvent se
traduire par une interruption des fonctions de l'administration fiscale lorsque
surviennent certains évènementsinternes et/ou externes, tels que
les catastrophes naturelles, les actes de sabotage, la perte ou la destruction
d'actifs physiques, les pannesinformatiques, les grèvesdes
salariés et les infractions administratives pouvant nuire à la
confiance de la collectivité en l'administration fiscale (défaut
de confidentialité, réclamations indues d'impôts, etc.)
v Objectifs de la gestion des risques dans
l'administration fiscale
Le but de la gestion des risques dans l'administration fiscale
est de permettre à cette dernière de remplir samission en aidant
le personnel d'encadrement à prendre de meilleures
décisions(Union Européenne, 2010). De
façon détaillée, la gestion des risques
contribue :
- à garantir l'équité dans le
traitementdes contribuables;
- àaccentuer les travaux de contrôle sur les
contribuables contrevenants;
- à tirer le meilleur parti des ressources humaines,
financières et techniquesdisponibles;
- à accroître le niveau de respect volontaire de
la législation par lescontribuables;
- et à adapter les ressources disponibles aux niveaux
de risques età estimer laprobabilité qu'un contribuable en
règle contrevienne à la législation en vigueur.
v Outils d'évaluation des risques fiscaux dans
l'administration fiscale
Les outils d'évaluation des risques fiscaux permettent
aux administrations fiscales d'élaborer des indicateurs qui laissent
présager que des contribuables ou des dispositifs spécifiques
peuvent présenter un risque important, susceptible d'entraîner des
mesures de discipline fiscale complémentaires, ou bien un risque
réduit, qui peut impliquer des mesures moins importantes et plus
ciblées(OCDE, 2017)19(*). Cela devrait permettre une meilleure
allocationdes ressources limitées aux secteurs les plus risqués,
tout en orientant l'administration fiscale sur l'endroit où
l'activité économique a été imposée
correctement, ce qui réduira la charge pesant sur les contribuables
à faible risque.
Les administrations fiscales modernes ont tendance à
recourir de plus en plus à des méthodes automatisées pour
évaluer les risques fiscaux. Selon
l'administrationfiscale,l'organisation de l'évaluation des risques
fiscaux peut être centralisée par une équipe
spécialisée, avec la contribution de la fonction chargée
de la discipline fiscale, ou bien assurée localement par l'équipe
affectée au respect des obligations fiscales (ou l'inspecteur des
impôts).
Des outils d'évaluation des risques peuvent être
utilisés pour déterminer les contribuables présentant des
risques accrus, qui font ensuite l'objet d'un examen plus approfondi de
l'ensemble de leurs activités ou d'un secteur précis (les
opérations internationales, par exemple) ou bien pour repérer les
dispositifs présentant un risque accru, qui sont ensuite soumis à
un examen complémentaire, peu importe que le contribuable
concerné soit considéré ou non comme à haut
risque.
Pour déterminer les contribuables présentant un
risque élevé, certaines administrations fiscales utilisent un
système fondé à base de points, qui classe les groupes en
fonction du nombre d'indicateurs de risques présents (certains
indicateurs ou combinaisons d'indicateurs valant plus de points). D'autres
administrations fiscales utilisent également la dimension ou la
complexité comme indicateur clé d'un risque potentiel, puis ont
recours à des outils d'évaluation des risques pour cerner les
points sur lesquels se concentrer au sein de ces groupes. Pour que les
contribuables bénéficient d'une certitude accrue, certaines
administrations fiscales effectuent davantage d'évaluations des risques
en temps réel (avant le dépôt de la déclaration de
revenus) tandis que d'autres continuent à évaluer les risques des
contribuables et dispositifs principalement ou uniquement après le
dépôt de la déclaration.
Dans tous les cas, l'évaluation des risques fiscaux
doit être un processus dynamique, qui s'adapte au niveau du risque fiscal
défini. Lorsqu'il s'avère, à un stade précoce,
qu'un contribuable présente un faible risque fiscal potentiel, il peut
être alors décidé qu'aucune évaluation
supplémentaire ni mesure de renforcement de la discipline fiscale n'est
requise. Lorsqu'une telle décision ne peut pas être prise, une
analyse et des investigations complémentaires peuvent être
menées afin de sélectionner les étapes suivantes les plus
appropriées.
v Conditions pour une gestion efficace des risques
fiscaux
L'OCDE dans son manuel d'évaluation des risques fiscaux
(OCDE, 2017) reconnaît que même si les cadres de gestion des
risques utilisés par les administrations fiscales diffèrent,
certaines caractéristiques essentielles doivent être
présentes pour que l'évaluation des risques soit
efficace :
- les outils d'évaluation des risques fiscaux doivent
être utilisés de manière objective : les outils
doivent déterminer les risques fiscaux potentiels à partir d'une
évaluation objective des informations disponibles ;
- les agents en charge de l'évaluation des risques
doivent avoir reçu une formation adéquate et disposer d'une
expérience dans les secteurs clés ;
- les outils d'évaluation des risques doivent servir
à sélectionner et à exclure les contribuables devant faire
l'objet d'investigations complémentaires, y compris une
vérification fiscale ou d'autres mesures de discipline fiscale,maisne
doivent pas remplacer cette activité ;
- les processus d'évaluation des risques doivent
être dynamiques et réactifs aux informations communiquées
par l'administration fiscale afin de garantir une amélioration continue.
Les méthodes utilisées doivent être révisées
et mises à jour afin d'identifier et de traiter de nouveaux risques ou
de réduire le risque que des contribuables ou des dispositifs à
faible risque soient signalés ou que d'autres à risques
élevés ne le soient pas ;
- une stratégie d'évaluation des risques doit
associer plusieurs outils et tenir compte des différents
éléments du profil de risque d'un groupe afin de limiter les
possibilités qu'un contribuable au risque accru puisse échapper
au contrôle par la mise en place d'éléments visant à
masquer un indicateur de risque donné. Les outils d'évaluation
des risques doivent également évoluer dans le temps pour
empêcher que des contribuables à haut risque mettent au point des
stratégies pour échapper au contrôle ;
- des processus de gouvernance devraient être en place
pour assurer le suivi adéquat de la fonction d'évaluation des
risques. Ils permettraient de garantir que les évaluations du risque
sont soumises à des niveaux d'examen et d'autorisation appropriés
et sont entièrement documentées afin de disposer d'une piste de
vérification complète en cas d'investigations
ultérieures ;
- les processus d'évaluation des risques fiscaux
devraient faire partie du cadre global de gestion des risquesd'une
administration fiscale.
Le management des risques a pour but de gérer les
risques d'une organisation afin de créer et de préserver de la
valeur. Il joue un rôle clé dans l'administration publique et
encore plus dans l'administration fiscale qui est l'une des administrations les
plus exposées aux risques.ToutPMR doit être
amélioréde façon continue par la réalisation
d'évaluationspériodiqueset la prise de mesures correctives.C'est
le but de ce mémoire qui traite de l'évaluation du PMR de la DGI.
ToutPMR efficace comporte trois composantes fondamentalesque sont la culture du
risque, la gouvernance des risques et le processus de gestion des risques.
C'est en nous appuyant sur ces composantes que nousconstruironsle modèle
d'analyse(chapitre suivant) sur lequel nous nous appuierons pour évaluer
le processus de management des risques de la DGI (chapitre 4).
Chapitre VI -
Présentation de la Direction Générale des Impôts
(DGI)et des outils d'analyse
Le présent chapitre répond aux besoins de
comprendre le contexte de l'organisation et de disposer d'un modèle
d'analyse pertinent, lorsqu'on désire évaluer un Processus de
Management des Risques (PMR). La première partie de ce chapitre traite
de la présentation de la Direction Générale des
Impôts (DGI) etla seconde partie quant à elleconcernele
modèle d'analyse utilisé pour évaluer le PMR de la DGI.
VI.1. Présentationde la DGI
a). Mission et
historique de la DGI
v Mission de la DGI
La Direction Générale des Impôts est une
structure centrale du Ministère en charge de l'Économie et des
Finances.Son activité principale est le recouvrement des recettes
fiscales et parafiscales autres que celles de porte qui représentent
à ce jour près de la moitié du budget de l'État en
recettes (DGI, 2017). Elle comptait 2845 agents en 2019.
Pour réaliser sa mission, la DGI collabore avec
d'autres acteurs parmi lesquels la Direction Générale des
Douanes pour la lutte contre la fraude etla Direction
Générale duTrésor et de la Comptabilité
Publique qui assure la collecte des recettes recouvrées par la
DGI.
v Historique de la DGI
L'histoire de la DGI remonte à la période
coloniale, pendant laquelle, il existait en Haute- Volta un seul Service des
contributions diverses et deux (02) divisions d'inspection
situéesà Ouagadougou et Bobo-Dioulasso (DGI).
À l'indépendance, le Burkina Faso a
hérité de ces services jusqu'en 1966 où quatre (04)
divisions de contrôle ont été mises en place à
Ouahigouya, à Koudougou, à Fada N'gourma et à Banfora.
Ensuite, entre 1967 et 1978, il s'en est suivi la
création du bureau de recherches et de vérifications, la
création de la recette des taxes et droits indirects, la création
de la direction des domaines et du cadastre, la création de recette de
l'enregistrement et du timbre et la création de la direction
générale des impôts.
De 1984 à nos jours, l'évolution significative
est la fusion en 1993 de trois (03) anciennes directions pour former la DGI
actuelle. Il s'agissait de la direction des domaines, de l'enregistrement
et du timbre, de la direction du cadastre et de la direction
générale des impôts.
b). Organisationde
la DGI
La DGI est placée sous l'autorité d'un Directeur
Général, nommé par décret pris en conseil des
ministres(DGI, 2017).Elle est composéedes unités
organisationnelles suivantes :
· la Direction Générale ;
· les structures rattachées à la Direction
Générale qui comprennent:
- le Secrétariat du Directeur Général
(SDG) ;
- la Cellule d'Appui Technique (CAT) ;
- etl'Inspection Technique des Impôts (ITI) ;
· lesstructures centrales qui comprennent :
- la Direction du Contrôle Fiscal (DCF) ;
- la Direction des Services Fiscaux (DSF) ;
- la Direction de la Législation et du Contentieux
(DLC) ;
- la Direction de l'Informatique (DI) ;
- la Direction des Enquêtes et des Recherches Fiscales
(DERF) ;
- la Direction du Cadastre (DC) ;
- etla Direction des Affaires Domaniales et Foncières
(DADF).
· lesstructures d'appuiqui comprennent :
- le Service de la Stratégie et du Suivi des
Réformes (SSSR) ;
- le Service de Gestion de la Facture Normalisée (SGFN)
;
- le Service des Archives et de la Documentation (SAD) ;
- leService des Ressources Humaines (SRH) ;
- leService Financier et du Matériel (SFM) ;
- etle Service de la Communication et des Relations Publiques
(SCRP) ;
· les structures extérieures qui
comprennent:
- lesGuichets Unique du Foncier de Ouagadougou et de
Bobo-Dioulasso;
- la Direction des Moyennes Entreprises des Hauts Bassins
(DME-HBS) ;
- les Directions des Moyennes Entreprises du Centre (DME-C)
;
- etla Direction des Grandes Entreprises (DGE).
· 13 Directions régionales couvrant les 13
régions du Burkina ;
· 12 Directions des centres des impôts à
Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso ;
· 43 Directions provinciales couvrant les provinces
autres que celles du Kadiogo et du Houet ;
· et9 antennes fiscales.
Dans le cadre de cetteétude, il est important de
s'attarder sur l'Inspection Technique des Impôts (ITI) et la Direction du
Contrôle Fiscal (DCF) qui sont deux acteurs pour lesquels le risque est
retrouve au centre du métier.
v L'inspection Techniques des Impôts
(ITI)
Elle est chargée de l'audit et du contrôle des
services conformément aux normes nationales et internationales. À
ce titre, elle assure:
- le contrôle du respect par les agents des lois et
règlements en matière fiscale, domaniale, foncière,
cadastrale, financière, comptable et administrative ;
- la mise en oeuvre de la stratégie de lutte contre la
corruption, le faux et l'usage de faux au sein de la Direction
Générale des Impôts ;
- l'assistance aux différentes structures de la
Direction Générale des Impôts pour la promotion de la
qualité, de l'éthique et de la déontologie
professionnelles ;
- la coordination du contrôle interne au sein de la
Direction Générale des Impôts ;
- et la réalisation de touteautre missionconfiée
par le Directeur général des impôts, notamment les
enquêtes administratives internes, les investigations, les études,
l'assistance-conseil et les dialogues de gestion.
Elle comprend :
- leService des Audits et de Maîtrise des Risques
(SAMRI) qui a pour mission d'assurer l'audit et la maîtrise des risques
au sein de l'administration fiscale ;
- etle Service des enquêtes et des Investigations (SEI)
qui a pour mission d'assurer les enquêtes et investigations aux fins de
permettre le contrôle et la maîtrise des risques.
v La Direction du Contrôle Fiscal
Elle a pour mission la coordination et l'encadrement des
services opérationnels chargés du contrôle ainsi que de
l'instruction de toutrecours y relatifs. À ce titre,elle assure:
- la définition des orientations du contrôle sur
la base d'une analyse du tissu fiscal et des risques ;
- la définition des objectifs qualitatifs et
quantitatifs du programme national de contrôle ;
- la coordination de l'action et l'encadrement des structures
de contrôle ;
- le suivi de l'élaboration et de l'exécution
des programmes de vérifications ;
- l'analyse de la qualité des redressements (assiette,
brigades de vérifications) ;
- le traitement et le suivi des recours ;
- l'analyse et le suivi des performances des brigades de
vérification ;
- et le renforcement des capacités en matière de
contrôles (CSP, VG).
Elle comprend :
- leService de la Programmation chargé de
l'élaboration et du suivi de l'exécution des programmes de
vérifications fiscales ainsi que de la conception de la
méthodologie en matière de contrôle fiscal ;
- et leService de Gestion des Recours (SGR)chargé de
l'instruction des recours gracieux ou des réclamations adressées
au Directeur général des impôts, ainsi que de l'encadrement
des services dédiés au contrôle de l'impôt.
c).
Stratégie et pilotage de la DGI
La DGI a élaboré un plan stratégique
s'étendant sur cinq années (2017-2021). La vision
portéepar ce plan était de faire de la DGI, à l'horizon
2020, une administration de référence, moderne, performante dans
la mobilisation des ressources internes pour le financement du
développement, centrée usager et en phase avec les standards
communautaires et internationaux (DGI, 2017). Trois orientations
stratégiques ont été retenues :
- mobiliser des recettes budgétaires pour
répondre aux besoins financiers de l'État notamment ceux
fixés dans le cadre du Programme National de Développement
Économique et Social (PNDES) ;
- construire une relation de partenariat et de confiance avec
le contribuable, les partenaires et les autres régies de
recettes ;
- et améliorer les performances de la DGI par le
management moderne des capacités institutionnelles et
organisationnelles.
Pour réaliser efficacement sa mission, la DGI s'est
dotée d'un ensemble d'outils et de dispositifs (DGI, 2017) :
- le programme d'activités qui représente
une programmation annuelle des activités ;
- les lettres de mission qui assignent des objectifs
à atteindre aux responsables d'unités ;
- les tableaux de bord pour suivre le niveau de
réalisation des prévisions ;
- les rapports d'activités pour dresser le niveau de
réalisation des activités ;
- les cadres de concertation qui favorisent une politique de
gestion participative. Ils sont au nombre de cinq: le conseil de cabinet, le
conseil de direction, les rencontres trimestrielles et semestrielles et la
conférence annuelle de la direction générale ;
- et les outils informatiques : la DGI dispose d'un
système de gestion des procédures fiscales,utilisable pour les
déclarations fiscales en ligne. Aussi, son système informatique
est interfacé avec celui de partenaires commela douane et le
Trésor public.
VI.1.2. Le management des risques à la DGI
En tant qu'administration fiscale, la DGI est
exposéeà d'importants risques fiscaux et institutionnels,
avérés ou potentiels, et pouvant gravement nuire à ses
recettes fiscales ou entraver son fonctionnement (TADAT, 2015). On peut citer
les risques d'incivisme fiscal tels que la non immatriculation au registre des
impôts, le non dépôt des déclarations fiscales, le
non-paiement des impôts dans les délais, et les
déclarations non exactes.Quant aux risques institutionnels, on peutciter
l'interruption des fonctions de l'administration fiscale en raison des
grèves du personnel ou encoreles pannes informatiques.
Pourtant, l'évaluation TADAT réalisée
en2017avait révélé l'absence d'un dispositif formel de
gestion des risques en soulignant l'absence de cartographies des risques
fiscaux et institutionnels (TADAT, 2017).
C'est pourquoi la DGI a élaboré en 2019,avec
l'assistance d'un consultant,une cartographie des risques fiscaux mise à
jour et étendue aux risques institutionnels en 2020. Également,
une cartographie des risques fiscaux relatifs au secteur des mines a
été élaboré en 2020.Néanmoins, depuis lorsle
PMRinitién'a fait l'objetd'aucune formalisation précisant
lesobjectifs,l'organisation, et la méthodologie à employer.
Également, le PMR n'a fait l'objet d'aucune évaluation pour
apprécier son état de fonctionnement.
VI.2. Outils d'analyse du processus de management des risques
de la DGI
VI.2.1. Les référentiels de management des
risques
Il existe plusieurs référentiels pour la
conception, la mise en place et le pilotage d'un dispositif de management des
risques : les plus utilisés sont le COSO ERM 2017et l'ISO
31000 :2018.
a). Le
référentiel COSO ERM 2017
En 1992, le COSO a publié « La pratique
du contrôle interne » surnommé « COSO
1 » qui a fait l'objet de révision en
2013. Sur le plan international, le COSO 1 a été largement
adopté et fait autorité pour la mise en place et le pilotage du
contrôle interne.À la suite du COSO 1, le COSO va publier en 2004,
un second référentiel axé sur le management des risques
appelé COSO ERMsurnommé« COSO
2 »etmis à jour en 2017. Il constitue un
référentiel pour la conception, la mise en place et le pilotagedu
management des risques.Le COSO ERM propose un ensemble de principes
organisés en cinq composantes:
1. Gouvernance et culture : la gouvernance
donne le ton dans l'organisation, en insistant sur l'importance du management
des risques et en définissant les responsabilités de surveillance
de cette démarche. La culture correspond aux valeurs éthiques,
aux comportements souhaités et à la compréhension des
risques dans l'entité. La culture influe sur la manière dont le
risque est identifié, évalué et traité depuis la
définition de la stratégie jusqu'à son exécution.
Elle peut affecter les types d'alternatives stratégiques
envisagés, mais également la perceptiondes risques
côté menaces ou opportunités. Elle influera
également sur l'allocation des ressources et la typologie des
réponses apportées à la gestion du risque.
2. Stratégie et définition des
objectifs : le management des risques, la stratégie et la
définition des objectifs,contribuent conjointement au processus de
planification stratégique. L'appétence pour le risque est
définie et ajustée à la stratégie ; les objectifs
opérationnels permettent de mettre en oeuvre la stratégie tout en
servant de base pour l'identification, l'évaluation et le traitement des
risques.
3. Performance : les risques qui peuvent
affecter la réalisation de la stratégie et des objectifs
opérationnels doivent être identifiés et
évalués. Les risques sont priorisés selon leur
criticité dans le contexte de l'appétence pour le risque de
l'organisation. L'organisation sélectionne ensuite les modalités
de traitement des risques et analyse en termes de portefeuille le niveau de
risque assumé. Les résultats de ce processus sont
communiqués aux parties prenantes clés concernées par les
risques.
4. Revue et amendement : en examinant la
performance de l'entité, une organisation peut prendre en
considération la manière dont les composantes du management des
risques fonctionnent au fil du temps, et en fonction de changements
substantiels, ainsi que les éventuels amendements nécessaires.
5. Information, communication et reporting :
le management des risques exige un processus permanent d'obtention et de
partage des informations nécessaires, provenant de sources internes et
externes.
La figure suivante présente les
composantesd'unPMRefficace selon le COSO ERM :
Figure 2: les cinq composantes du
COSO ERM
Source : (COSO, 2017)
b). Le
référentiel ISO 31000 : 2018
L'ISO 31000est un référentiel de management des
risques publié en 2009 et mis à jour en 2018. Il est
présenté comme un guide pour les organisations, sur la
manière d'intégrer la prise de décision fondée sur
le risque aux processus de gouvernance, de planification, de management, de
rapport, ainsi qu'aux politiques, aux valeurs et à la culture d'ensemble
de l'organisation (ISO, 2018).
L'ISO 31000 s'articule autour de trois composantes
interdépendantes :
- les principes: ils abordent les
critères clés de la réussite d'un PMR efficace et
efficient ;
- un cadre organisationnel : le dispositif
repose sur des personnes qui doivent l'animer. Les synergies et la
coopération à chaque étape du cycle de vie doivent
être organisées.Le cadre organisationnel permet à
l'organisation de structurer le fonctionnement du management des risques et de
le positionner au coeur de la gouvernance ;
- etun processus: le management desrisques
relève aussi de la méthode ; les analyses doivent être
structurées et obéir à une logique qui permette la
comparaison entre les risques, entre les entités d'une même
organisation, et enfin d'une année à l'autre.
La figure suivante illustre l'écho voulu entre les
trois composantes :
Figure 3: illustration de
l'interconnexion entre les trois composantes de la norme ISO 31000
Source : (ISO, 2018)
c). Analyse
comparée de l'ISO 31000:2018 et du COSO ERM 2017
L'ISO 31000 et le COSO ERMprônenttousune approche
globale de management des risquesapplicable à toute organisation, quel
que soit sa structure, sa taille, ou son pays.Ils n'édictent que des
lignes directrices tout en laissant le choix à chaque organisation de
les décliner en fonction de sa culture et de son contexte.
Ils partagent tous une vision commune sur beaucoup d'aspects,
maiscomportent aussi des différences.La comparaison établie par
SUTRA (2019), nous éclaire surles points de convergences et les
différences entre les deux référentiels. C'est la
synthèse de cette comparaison qui est offerte dansles paragraphes
suivants.
v Les points communs significatifs de l'ISO 31000:2018 et du COSO ERM 2017
·
Un lien marqué avec la stratégie
Les deux référentiels insistent sur la prise en
compte du risque dans la sélection, la mise en oeuvre et le pilotage de
la stratégie.
·
Une implication de la gouvernance, affirmation du leadership
L'ISO 31000 et le COSO ERM insistent sur la
nécessité de l'implication régulière des dirigeants
qui se doivent de donner l'impulsion et d'allouer les ressources
nécessaires.
·
Une place prépondérante donnée aux parties
prenantes
L'ISO 31000 et le COSO ERM accordent tous deux une place
significative aux parties prenantes de l'organisation. Leurs attentes et points
de vue, doivent être pris en compte.
·
Une prise en compte des opportunités et de la part positive des
risques
L'ISO 31000 et le COSO ERM exigent la prise en compte des
risques aussi bien positifs que négatifspour créer et
préserver de la valeur.
·
Une prise en compte des facteurs humains
L'ISO 31000 et le COSO ERM insistentsur la prise en compte des
facteurs humains dans les dispositifs de management des risques par
l'intégration des aspects culturels, des risques liés aux
ressources humaines (recrutement, rétention des talents, départ
de personnes clés, etc. ), de la compétence des acteurssur le
plan métier et surle plan du management des risques.
v Les différences significatives de l'ISO 31000:2018 et du COSO ERM 2017
·
Une philosophie versus un processus
Le COSO ERM est porteur avant tout d'un état d'esprit
dans lequel le management du risque est invité à se
déployer. Son implémentation est plus susceptible de
nécessiter d'élaborer en interne un cadre méthodologique
plus précis pour sa mise en oeuvre.
L'ISO 31000 aun caractère plus opérationnel et
directement applicable. La structuration de la norme en trois chapitres :
« Principes », « Cadre organisationnel » et «
Processus »,entend proposer d'ores et déjà un cadre
opérationnel. Il est mieux présenté sous forme de
processus.
Étant plus opérationnel, l'ISO 31000
peut-être plus adaptée pour une organisation dont la fonction de
management des risques est naissante. Aussi, la perspective de
déploiement et de coordination avec d'autres systèmes ISO rend
aussi pertinent l'adoption de l'ISO 31000.
En revanche, une organisation déjà
familiarisée avec le management des risques peut trouver dans le COSO
ERM un cadrepour enrichir les réflexions et franchir des caps
significatifs.
·
Un challenge du processus décisionnel dès l'amont
Pour les deux textes, le lien entre
management des risques et stratégie peut se mettre en oeuvre en
analysant les risques en amont et en aval de la prise de décision. En
amont, en pesant les coûts et bénéfices de chaque
alternative avant de prendre la décision ; puis en aval en
réfléchissant aux risques susceptibles d'impacter la
réalisation des décisions prises.
Toutefois, le COSO ERM part au-delà, en invitant les
organisations à travailler sur les risques liés au processus de
prise de décision en lui-même.Ainsi, le dispositif de management
des risques, tel qu'envisagé par le COSO ERM aurait un
périmètre d'analyse plus large.
· L'appétence aux
risques versus les critères de risque
Le COSO ERM et l'ISO 31000 considèrent tous les deux,
que le niveau des risques doit s'apprécier au regard
d'éléments objectifs et prédéfinis par
l'organisation.Toutefois,les modalités d'établissement de ces
critères diffèrent.
Les concepts, d'appétence pour le risque utilisé
par le COSO ERM, et de critères de risque utilisé par l'ISO
31000, permettent tous deuxde distinguerles risques acceptables, de ceux
non-acceptables compte tenu de la nature et des objectifs de l'organisation.
Toutefois, le concept de critère utilisé par
l'ISO 31000 part bien au-delà en invitant les organisations à
définir au préalable des critères20(*)pourun ciblage objectif et
pertinentdes risques sur lesquels des analyses plus approfondies doivent
être menées.
VI.2.2. Modèle empirique d'analyse du processus de
management des risques de la DGI
L'évaluation du PMR de la DGI, s'appuiera sur un
modèle d'analyse construitsur la basedes caractéristiques
essentielles que doivent revêtir tout processus de management des risques
efficace,à la lumière des référentiels tels que le
COSO ERM et l'ISO 31000 sans toutefois se focaliser particulièrement
sur l'un d'entre eux.Également, le modèle prendra en compte
les spécificités de l'évaluation des risques dans les
administrations fiscales qui ont souvent recours à des outils
spécifiques d'évaluation des risques fiscaux.
Notre modèle d'analyse comprend un modèle de
maturité et un questionnaire d'évaluation en cohérence
avec ce dernier.
a). Modèle
de maturité du PMR
Un modèle de
maturité est un ensemble d'indicateurs servant à mesurer le
niveau de maîtrise actuel d'un domaine donné par une organisation
ainsi que les progrès réalisés (IIA, 2019).
Proposer un modèle de maturité pour analyser
unPMR d'une organisation est un défi croissant en raison du nombre
important de normes et de référentiels. Chacun d'eux propose des
principes que les organisations devraient prendre en compte lors de la
conception d'un PMR global.
Cependant, indépendamment duréférentiel
utilisé, pour mettre en oeuvre le management des risques, certains
éléments caractéristiquesfondamentales peuvent aider
l'organisation à mesurer sa maturité. Ainsi donc, un
modèle de maturité peut être construit en s'appuyant sur
ces caractéristiques. C'est ce que propose l'IIA dans son guide
d'évaluation du PMR. Le guide propose des modèles de
maturité pour l'évaluation d'unprocessus de management des
risques (IIA, 2019).
Recourir aux modèles de maturité proposés
par l'IIA procure les avantages suivants :
- c'est évaluer le PMR à partir des
caractéristiques fondamentales que doivent revêtir tout processus
de management des risques efficace,indépendammentdu
référentiel utilisé : cela procure l'avantage de
limiter l'impact, du passage à un nouveau référentiel ou
del'utilisation de plusieurs référentiels combinés.
- c'est aussi profiter de gages de fiabilité qu'offrent
des modèles de maturité construits par une autorité
reconnue et un leader incontesté dans la formation, la formulation de
normes, lignes directrices et certifications en matière d'audit interne
dont la mission principale est d'évaluer et de contribuer à
l'amélioration du PMR et du contrôle interne.
Le guideénoncetrois caractéristiques (ou
composantes) propres à un management des risques
matureindépendamment du référentiel à savoir:
- la culture du risque : intégration des risques
à tous les niveaux du processus de décision, de
rémunération et de primes, et de fixation des objectifs ;
- la gouvernance des risques:participation de toute
l'organisation au processus de management des risques par
l'intermédiaire de collaborateurs qualifiés et
compétents ;
- etle processus de gestion des risques: identification,
priorisation, traitement, suivi et reporting des risques dans toute
l'organisation.
Les détails relatifs à ces trois composantes ont
déjà été exposésdans ce document au point
« II.2.2. Composantes d'un processus de management des
risques efficace ».
Le guide de l'IIAa définiun modèle de
maturité décrivantcinq étapes de développement
pouvant caractériser un processus de management des
risques.Cemodèle que nous adopterons dans le cadre de cette étude
se présente comme suit :
Tableau 3 : modèle de
maturité du processus de management des risques
Niveau
|
Culture
|
Gouvernance
|
Processus
|
1- Initial
|
Les risques relèvent surtout de l'activité de
l'audit interne.
|
Responsable de l'audit interne/président du comité
d'audit.
|
Audit fondé sur les risques.
|
2- Reproductible
|
Le risque est considéré en fonction des besoins.
|
Managers opérationnels.
|
Processus d'auto-évaluation des risques et des
contrôles en fonction des besoins.
|
3- Défini
|
Les informations sur les risques sont partagées entre
l'audit interne et les fonctions de contrôle.
|
Membres de la direction générale/du Conseil.
|
Un langage
de risque commun et un processus d'évaluation des risques sont
utilisés par l'audit interne, les fonctions de contrôle et les
managers opérationnels.
|
4- Maîtrisé
|
Les risques sont intégrés dans la planification
stratégique ; l'appétence pour le risque est définie et
communiquée.
|
Tous les niveaux du management et le Conseil.
|
Un langage commun du risque et un
processus d'évaluation des risquescohérents sont en place dans
toute l'organisation y compris la direction. Il existe des outils de profilage
des contribuables et des opérations en fonction des risques.
|
5- Optimisé
|
Les risques sont intégrés dans toutes les prises de
décisions, la stratégie de rémunération et la
définition des objectifs.
|
Participation totale.
|
Un langage commun du risque et un reporting des risques
agrégés sont établis dans toute l'organisation.
|
Source :adapté de l'IIA (2019)
Commentaire :
Le modèle définit cinq étapes de
maturité : de la moins avancée (1-Initial) à la plus
avancée (5-Optimisé). Par composante, les explications sont les
suivantes :
La « Culture du risque »
voit sa maturité croître lorsque le risque est davantage
intégré au processus de prise de décision. De façon
plus explicite :
- un niveau de
maturité« 1-initial »,
signifie que les risques relèvent surtout de l'activité d'audit
interne ;
- unniveau de maturité
« 2-Reproductible », signifieque le risque est
pris en compte par moment. Cela pourrait être le cas, lorsque le
management des risques obéit surtout à un besoin de
conformité règlementaire ;
- un niveau de maturité
« 3-Défini »,signifie que l'audit interne
collabore avec les fonctions de contrôle (contrôle interne, gestion
des risques, conformité) en partageant des informations sur les risques.
L'activité de management des risques devient plus
régulière comparativement au niveau précédent.
- un niveau de maturité
« 4-Maîtrisé », signifie que le
risque est pris en compte dans l'élaboration de la stratégie de
l'organisation.
- enfin, un niveau de maturité
« 5-Optimisé », signifie
que le risque est pris en compte dans toutes les prises de décisions, la
stratégie de rémunération et la fixation des objectifs.
Au niveau de la « Gouvernance des
risques », plus les dirigeants sont impliqués dans le
processus et mieux la gouvernance est mature. Si en plus des dirigeants,
l'audit interne, les managers opérationnels ainsi que leurs
collaborateurs participent au processus : la participation devient totale
et la gouvernance se situe au
niveau« 5-Optimisée ».La gouvernance est à un
niveau «1-Initial » lorsque l'activité de management des
risques n'est réalisée que par l'audit interne et/ou le
comité d'audit.
Au niveau de la composante « Processus de
gestion des risques », plus le processus s'étend dans
l'organisation avec pour socle un langage commun et cohérent, mieux il
est jugé mature.
De façon plus explicite :
- un niveau de maturité «1-Initial»
signifie que le processus de management des risques se limite essentiellement
au processus d'audit basé sur les risques ;
- un niveau de maturité
«2-Reproductible» signifie qu'il existe un processus
d'auto-évaluation des risques et des contrôles mis en oeuvre par
les managers eux-mêmes ;
- un niveau de maturité «3-Défini
», signifie que l'audit interne et les fonctions de
contrôle partagent un langage commun du risque et un processus
commun d'évaluation des risques ;
- un niveau de maturité
«4-Maîtrisé », signifie que dans toute
l'organisation, il existe un langage du risque commun et un processus
d'évaluation des risques cohérent ;
- et un niveau de maturité
«5-Optimisé », signifie qu'un langage commun du
risque et un reporting des risques agrégés sont
établisdans toute l'organisation.
Il est important de mentionner les clarifications suivantes
que l'IIA (2019) apporteconcernant le modèle de
maturité qu'il propose :
- plusieurs éléments au sein de la même
organisation peuvent se trouver à différents niveaux de
maturité à tout moment. Par exemple, le niveau de maturité
de la culture d'une organisation peut différer de celui de sa
gouvernance et de son processus.
- il n'est pas nécessairement optimal ou pratique pour
toutes les organisations de fonctionner à un niveau de maturité
maximal. Atteindre un niveau 2 ou 3 peut être satisfaisant. Chaque
organisation devrait définir le niveau de maturité optimal pour
sa situation.
Le modèle de maturité ayant été
défini, nous abordons maintenant, le questionnaire d'évaluation
qui permettra d'apprécier le niveau de maturité du PMR de la
DGI.
b).
Questionnaired'évaluationdu PMR de la DGI
Pour réaliser l'évaluation du PMR de la DGI,
nous avons construit un questionnaire d'évaluation reprenant les trois
composantes d'un PMR efficace que sont la culture du risque, la gouvernance des
risques et le processus de gestion des risques. Le questionnaire est donc
conforme aux principes communs aux référentiels ISO 31000 et COSO
ERM. Nous aurons recours à des entretiens et à une analyse
documentaire pour apporter des réponses auquestionnaire, ce qui nous
permettra d'apprécier la maturité de chacune des composantes au
regard du modèle de maturité retenu.
Notre questionnaire résulte d'une adaptation de travaux
similaires de l'IIA et de l'ACUA concernant l'évaluation d'un
PMR notamment :
- le programmed'auditdu PMRproposé par l'IIAdans son
guide d'évaluation du processus de management des risques (IIA,
2019) ;
- le programme d'audit du PMR basé sur le COSO ERM 2017
,issu des contributions des participants de la conférence annuelle de
l'Association des auditeurs des collèges et universités
(ACUA21(*)) en septembre
2018, aux Etats-Unis sous le thème « Auditer le management des
risques en utilisant le COSO ERM 2017 ». Les contributions à
ce programme d'audit sont venues de divers collèges et
universités, dont l'Université de l'Oregon, Virginia Tech,
l'Université du Texas System, Stanford, l'Université de Floride
du Sud, et bien d'autres (Auditing against the COSO ERM 2017, 2018).
Cette adaptations'explique par le fait qu'il est unanimement
reconnu que le management des risques doit être tempéré
à la culture et au contexte de l'organisation (ISO, 2018). En effet,
même si les principes édictés par les
référentiels COSO ERM et ISO 31000ont été
établis pour des organisations de toute taille et de toute nature, leur
mise en application exige une adaptation selon l'organisation. Ceci ne remet
pas remis en cause leur caractère universel, mais
tempèreplutôt leur applicationen fonction de la culture et du
contexte de l'organisation qui détermineront le choix des
modalités pratiques. D'ailleurs, l'IIA et l'ACUA insistent
surl'adaptation des programmes d'audit du PMR qu'ils proposent.
Il est aussi important de noterque notre questionnaire prend
en compte les spécificités de l'évaluation des risques
fiscaux, tels que mentionnées par l'OCDE(OCDE, 2017).
Ci-après un extrait du questionnaire dont
l'intégralitéest présentéeen annexe:
Tableau 4: extrait duquestionnaire
d'évaluation du PMR de la DGI
I. Culture du risque : intégrationdes
risques à tous les niveaux du processus de décision et de
fixation des objectifs
|
Éléments caractéristiques d'une
culture du risque adéquate
|
Documents
|
Questions/Investigations
|
Compréhension de l'ERM et soutien à sa mise
en oeuvre au sein de l'organisation
· La direction et les organes de surveillance ont
affecté les ressources nécessaires à la mise en oeuvre de
l'ERM(compétences, méthodes et procédures
documentés, planning, outil de gestion des informations, formation
professionnelle etc.)
· Le rôle et l'objectif de l'ERM sont compris et
communiqués dans l'ensemble de l'organisation ;
|
· PTBA
· Politique de gestion des risques ;
· Plan stratégique ;
· Rapports de formations ;
|
1. Comment l'ERM est-il perçu dans l'organisation ?
Comme un moyen de créer et préserver de la valeur ou plutôt
comme un exercice bureaucratique ou une obligation ou un exercice
bureaucratique qui ne nécessite pas les ressources nécessaires ou
une obligation à laquelle il faudrait se conformer ?
2. Les managers perçoivent-ils le risque comme leur
propriété et non celle des auditeurs ou des fonctions de
contrôle ?
|
Source : adaptation des travaux de
l'IIA(IIA, 2019) et de l'ACUA(Auditing against the COSO ERM 2017, 2018)
Commentaire :
Comme présenté ci-dessus, le
questionnaireabordepour chaque composante :
- les éléments pouvant caractériserun
fonctionnement efficace sont recensés ;
- ensuite, les documents pouvanten attester ;
- puis les questions à élucider pour s'assurer
du fonctionnement de la composante.
De façon explicite, au niveau de la
« Culture du risque », le questionnaire
aborde la compréhension du management des risques au sein de
l'organisation, lepartage des informations sur les risques et la
définition de l'appétence22(*) pour le risque.
S'agissant de la « Gouvernance des
risques », le questionnaire aborde l'implication et le
leadership des dirigeants, la définition des structures
organisationnelles (entités, rôles, pouvoirs et
responsabilités) et la surveillance exercée par les
dirigeants.
Au niveau du « Processus de gestion des
risques », le questionnaire aborde la formalisation du
processus d'évaluation, de traitement et de suivi des risques, puis la
mise en oeuvre des activités d'identification, d'évaluation, de
traitement etde suivi permanent des risques.
La Direction Générale des Impôts est une
administration publiquetrès exposéeaux risques. Pour
évaluerson PMR, un modèle d'analyseayant pour
soclelescaractéristiques propresà tout management des risques
efficace que sontla culture du risque, la gouvernance des risques et le
processus de gestion des risques. Il prend aussi en compte les
spécificités de l'évaluation des risques fiscaux. Le
chapitre suivant présentent les résultats de l'évaluation
du PMR obtenus suite à la mise en oeuvre du modèle d'analyse.
Chapitre VII - Résultatsde l'évaluation du
processus de management des risques
Le PMR de la DGI a pu être évalué à
partir de l'application du modèle d'analyse. Les données ont
été collectées par le biais d'entretien avec les acteurs
de la DGI et d'une revue documentaire. La première partie de chapitre
présente les résultats de l'évaluation : les niveaux de
maturité des composantes ainsi queleurs forces (points forts) et
faiblesses (dysfonctionnements)sont exposéspuis discutés.Ensuite,
la seconde partie présente les recommandations formulées pour
remédier aux faiblesses constatées.
Les résultats présentés décrivent
l'état de fonctionnement du PMR de la DGIà la période de
décembre 2021.
VII.1. Résultatset
discussions
Le graphique suivant présente globalement les
résultats de l'évaluation du PMR de la DGI :
Graphique 1 : maturité du
processus de management des risques de la DGI.
Source : construit à partir des
résultats de l'évaluation du PMR de la DGI
La culture du risque est d'un niveau de maturité
« 2-Reproductible
» : ce qui signifie que le risque est
considéré en fonction des besoins.
La gouvernance est d'un niveau de maturité
proche du niveau « 2-Reproductible » :
ce qui signifie que les managers opérationnels participent au processus
de management des risques.
Leprocessus de gestion des risques,est d'un niveau de
maturité proche du niveau
«3-Défini» : ce qui signifie qu'un langage
de risque et un processus communs d'évaluation des risques sont
utilisés par l'audit interne, les fonctions de contrôle et les
managers opérationnels.
Les sections qui suivent,exposent de façon
détaillée ces différents résultats.
VII.1.1. Culture du risque
Concernant la culturedurisque, les aspects suivants ont pu
être analysés:
- la compréhensiondu rôle et de
l'intérêt du management des risques au sein de
l'entité ;
- la perception du management des risques au sein de
l'entité ;
- la fluidité des
échanges et de la circulation des informations sur les risques ;
- et la définition de l'appétence pour le
risque(ou de critères de risque).
v Compréhension du rôle et de
l'intérêt du management des risques au sein de la DGI
Les différents rapports de cartographie des risques,
indiquent que les acteurs ayant élaboréles deux cartographies des
risques ont bénéficié d'une formation sur
l'intérêt, les concepts, les principesde fonctionnement et les
outils du management des risques.Ils ont eux-mêmes conduit les travaux
d'analysedes risques et proposédes plans de traitement des risques sous
la supervision duconsultant. Cependant, on relève les limites suivantes
en matière compréhension de l'ERM par les acteurs de la
DGI :
- les communications sur le rôle et
l'intérêt du management des risques se sont limitées aux
séances de formation organiséesdans le cadre de
l'élaboration des différentes cartographies des risques, ce qui
n'assurepasune compréhensionsuffisante du rôle et de
l'intérêt dumanagement des risquesparles acteurs;
- la formation n'ayant concernéequ'unepartie des hauts
responsables et de leurs collaborateurs immédiats, les acteurs du niveau
déconcentré et des échelons
inférieursnedisposentpas d'une compréhension de base sur le
management des risques.
On peut juger, qu'à l'échelle de la DGI, une
proportion significative des collaborateurs ne dispose pas d'une
compréhension de base dumanagement des risques.
v Perception du management des risques au sein de la
DGI
Il ressort des entretiens réalisés, que les
hauts responsables appréhendent l'intérêt du management des
risques, mais n'ont qu'une compréhension limitée des
modalités pratiques d'intégration du risque au processus de prise
de décision et de fixation des objectifs.
Les activités de management des risques notamment
d'élaboration de la cartographie des risques restent encore beaucoup
portées par l'audit interne (Inspection Techniques des Impôts) qui
en assure la supervision et élabore son plan d'audit sur cette base.
v Prise en compte du risque dans l'élaboration
de la stratégie et la fixation des objectifs
Il ressort du plan stratégique qu'une analyse des
risques a été effectuée dans le cadre de son
élaboration.Mais les résultats obtenus ne sont pas explicitement
mentionnés dans le document. On en conclut que le risque est pris en
compte dans l'élaboration de la stratégie mais de façon
non-explicite.
Également, les risques ne sont pas formellement pris en
compte dans la planification annuelle des activités et du
budget.Toutefois, laDGI s'est engagée dans cette voie, suite à
l'élaboration des différentes cartographies des risques, dont il
était prévu laprise en comptedes actions de mitigation, dans
lesprogrammes de travail et budget annuels de la DGI.
Enfin, l'audit interne élabore son plan d'audit sur la
base de la cartographie des risques.
v Fluidité des échanges et de la
circulation des informations sur les risques
Les informations sur les risques sont échangées
et discutées, mais le dispositif reste assez empirique (peu
formalisé), ce qui pourrait limiter son efficacité.
v Appétence pour le risque
L'appétence pour le risque n'a fait l'objet d'aucune
définitionformelle.
Synthèse et discussiondes résultats
obtenus au niveau de la composante « Culture du
risque »
· Points forts :
- une partie des hauts responsables bénéficient
d'une compréhension de base de l'ERM ;
- le risque est pris en compte dans l'élaboration de la
stratégie même si les analyses en découlant ne sont pas
explicitement documentées dans le plan stratégique ;
- l'audit interne élabore son plan d'audit interne sur
la base de la cartographie des risques, ce qui contribue àl'efficience
dansplanification et la conduite des missions d'audit.
· Points faibles
(dysfonctionnements) :
- une proportion significative des acteurs de la DGI, ne
dispose pas d'une compréhension de base du rôle et de
l'intérêt de l'ERM,ainsi quedes modalités
d'intégration du risque au processus de prise de
décision ;
- les risques ne sont pas formellement pris en compte dansles
processus de planification annuelle des activités et
debudgétisation ;
- lesmécanismes d'échanges et de circulation des
informations sur les risques demeurent peu formalisés ;
- l'appétence pour le risque n'a pas été
formellement définie.
· Conclusion et discussion
La culture du risque est d'un niveau de
maturité« 2-Reproductible » :
le risque est considéré en fonction des besoins. Pourtant, la
DGI, étant une administration fiscale, elle est très
exposée aux risques. D'ailleurs,l'évaluation des risques fiscaux
devrait être un l'élément clé de sa stratégie
(OCDE, 2017). Nous en déduisons que le niveau de maturité de la
culture du risque à la DGI, reflète peu une intégration
suffisante du risque dans la prise de décision. Cela confirme notre
hypothèse initiale émise en raison du
caractèrerécent de la démarche de management des risques
à la DGI.En effet, le COSOERMsouligne que pour la plupart des
entités, l'intégration des risques dans le processus de prise de
décision,exige un effort continudans le tempsune foisla
démarchede culture consciente des risques adoptée(COSO, 2017).
Avec le temps, l'organisation apprend à mieux intégrer le risque
dans la prise de décision.
Finalement, nous pensons que le risque étant au coeur
même dumétier de la DGI, elle devraitsonger àmieux
l'intégrer à son processus de prise de décisions et de
fixation des objectifsafin d'atteindre une culture du risque de maturité
« 5-Optimisé ».
VII.1.2. Gouvernance des risques
Au niveau de lagouvernance des risques, les aspects suivants
ont pu être analysés:
- l'implication et le leadership des dirigeants ;
- la définition des structures organisationnelles
(entités, rôles, pouvoirs et responsabilités en
matière de gestion des risques) ;
- etla surveillance exercéepar la direction.
v Implication et leadership de la
direction
Entre 2019 et 2020, la DGI a sollicité l'appui d'un
consultant pour l'élaboration et la mise à jourdes cartographies
des risques fiscaux et institutionnels (DGI, 2020).Les travaux ont
été conduits par ungroupe de travail,composé d'acteurs
clés des processus métiers et supports,sous la supervision du
consultant. À cette occasion, la direction générale a
bénéficié de sensibilisations (par le consultant) au
rôle et à l'intérêt du management des risques. Les
travaux ont fait l'objet de présentations et de validations en
présence de la direction générale, qui à
l'occasions'était engagée à fournir son soutienau
développement du PMR initié.
L'allocation de ressources financières à
l'élaboration des cartographies des risques par la direction
générale, son implication dans leurs validations,et son
engagement à soutenir ledéveloppement du PMR,traduisent son
intérêt et son soutienà la démarche de management
des risques. Aussi, la participation aux séances de validation des
travaux a fourni à la direction générale, une vue globale
des risques majeurs encourus par la DGI. Toutefois, l'absence d'échanges
réguliers sur les risques est peu encline à la rendre
familière aux risquesde l'organisation.
En somme, du fait des sensibilisations réalisées
par le consultant, la direction devrait disposer d'une compréhension de
basesur le management des risques. Toutefois, ilest peu certain qu'elle
appréhende les modalités pratiques de la surveillance du PMR
puisqu'elle n'a bénéficié d'aucune formation en la
matière.
v Définition des structures organisationnelles
et formalisation des rôles et responsabilités
À ce jour, les rôles et responsabilités
des différents acteurs (direction générale, managers et
auditeurs) en matière de management des
risques n'ontfait l'objet d'aucune formalisationà la DGI. Mais de
façon pratique les responsabilités sont reparties comme
suite :
- les responsables des processus métier et de support
recensent et évaluent les risques, puis proposent des plans de
traitement soumisà la validation de la direction
générale ;
- l'Inspection Technique des Impôts (audit interne)est
chargée d'organiser et de superviser l'activité
d'élaboration de la cartographie des risques ;
- etl'Inspection Technique des Impôts élabore et
exécute son plan d'audit interne sur la base des cartographies des
risques.
Le consultant ayant assisté la DGI dans le cadre de
l'élaboration des différentes cartographies des risques, avait
formulé des recommandations en faveur de la formalisation des
rôles et responsabilités. À ce titre, il avait
recommandéla créationd'un service en charge du contrôle
interne et du management des risques et d'un comité de
maîtrise des risques.
Le service en charge du contrôle interne et du
management des risques a été créé maisdemeure
encore non-opérationnel. Quant au comité de maîtrise des
risques qui devrait être le canal par lequel la direction
généralesurveilleraitlePMR, il n'a pas encore été
créé.
v Surveillance exercée par la
direction
Aucun mécanisme de reporting n'a encore
été mis en place à la DGI. Les reportings existants se
limitent à ceux réalisés avec l'appui du consultant
à l'issu de l'élaboration des différentes cartographies
des risques. Ils couvrent l'inventaire des risques, la hiérarchisation
des risques, et les plans de mitigations des risques.Les reportings
associés au suivi de la mise en oeuvre des plans de traitement des
risques, au suivi des indicateurs d'évolution des risques et au suivi
des incidents et des opportunités ne sont pas encore
réalisés.
Synthèseet discussion des résultats
obtenus au niveau de la composante « gouvernance des
risques »
· Points forts :
- la démarche de management des risques
bénéficie de l'intérêt et du soutien de la direction
générale (implication et allocation de ressources) ;
- les managers opérationnels sont impliqués dans
le PMR puisqu'ils élaborent eux-mêmes la cartographie des risques
même si l'audit interne continue de jouer un rôle important en
pilotant les travaux.
· Points faibles (dysfonctionnements)
- la direction générale n'est pas formée
à la surveillance du PMR;
- la direction générale n'est pas suffisamment
familière aux risques de l'organisation ;
- les rôles et responsabilités en matière
de gestion des risques ne sont pas formalisés ;
- il n'existe pas de comitéde maîtrise des
risques;
- le service en charge du management des risques n'est pas
encore opérationnel ;
- il n'existe pas de reporting permanentdes risques
adressés à la direction généralece qui rend
difficile l'exercice de son rôle de surveillance des risques.
· Conclusion et discussion
La gouvernance est àun niveau proche du niveau «
2-Reproductible » : les managers opérationnels
participent au PMR. Le niveau « 2-Reproductible » n'est
pas parfaitement atteint, car l'audit interne demeure le principal moteur de la
gouvernance des risques. La participation des managersreste largement
tributaire de l'impulsion donnée par l'audit interne qui pilote
l'élaboration de la cartographie des risques réalisée par
les managers. Après avoir donné l'impulsion, la direction n'a pu
maintenir une implication permanente.
La DGI est une administration stratégique sur le plan
nationale. Aussi l'évaluation des risques est un élément
clé dans la réalisation de sa mission. Par conséquent, le
niveau de maturité « 2-Reproductible » traduisant
uneinsuffisante implication de la direction dans le PMR peut être
jugé inadéquat : ce constat confirme notre hypothèse
initiale.
L'importance de la gestion des risques dans sa mission, sa
taille et la complexité de son environnement, nous amène à
croire qu'à minima, tous les niveaux du management et la direction
devrait être permanence impliqués dans le PMR, ce qui correspond
au niveau de maturité
« 4-Maîtrisé ».
VII.1.3. Processus de gestion des
risques
Concernant le processus de gestion des risques,
l'exhaustivité et la pertinence des activitésd'identification,
d'évaluation, de traitement, de suivi permanent et de reporting des
risques,ont fait l'objet de notre analyse.
v Exhaustivitédu processus de gestion des
risques
À ce jour, le processus de gestion des risques à
la DGI se limitesurtoutàl'élaboration de la cartographie des
risques et à la définition de plans de traitement des risques.
L'étape desuivi permanent des risques,reste encoreà
implémenter.En effet, la mise en oeuvre des plans de traitement des
risques ne fait pas l'objetd'un suivi formel. C'est également le cas des
incidents dont la gestion demeure empirique. Aussi, il n'existe pas
d'indicateurs de suivi de l'évolution des risques. Ces insuffisances
dans le suivi permanent des risques, s'expliquerait par la
non-opérationnalisation du service de contrôle interne et de
maîtrise des risques.
En plus de ces insuffisances, on notel'absence d'un aspect
clé de l'évaluation des risques fiscaux: il s'agit des outils de
profilage des contribuables qui sont des indicateurs qui laissent
présager que des contribuables ou des dispositifs spécifiques
peuvent présenter un risque important, susceptible d'entraîner des
mesures de discipline fiscale complémentaires, ou bien un risque
réduit, qui peut impliquer des mesures moins importantes et plus
ciblées.
v Formalisationdes activités du processus de
gestion des risques
Les activités d'identification, d'évaluation et
de traitement des risques sont réalisées selon une
méthodologie commune proposée par le consultant ayant
assisté la DGI dans l'élaboration des différentes
cartographies des risques. Cette méthodologie est
présentée comme étant basée sur le COSO ERM 2017.
La pertinence de la méthodologie n'est pas remise en cause, mais il est
utile de signaler que son caractère non officiel, constitue un
handicapcar il expose le PMR à des incohérences
méthodologiques futures. C'est d'ailleurs pour cette raison que les
meilleures pratiques exigent l'élaboration d'une politique de gestion
des risques qui formalise la méthodologie (AMF, 2010).
S'agissant, du suivi permanent des risques, aucune
méthodologie spécifique n'a été adoptée.
v Pertinence de la démarche d'identification,
d'évaluation et de traitement des risques
Les cartographies des risquesréalisées par la
DGI ont été élaborées selon la méthodologie
proposée par le consultant puisque la DGI ne disposait au
préalable d'aucune méthodologie. Il s'agit de la cartographie des
risques fiscaux et institutionnels,et de celle spécifique aux risques
fiscaux relatifs au secteur des mines (DGI, 2020). Ellesont été
élaborées par les acteurs des processus/domaines concernés
en suivant les étapes suivantes :
- la description des processus et des domaines
(activités, étapes, acteurs et enjeux) ;
- l'identification des risques par activité/domaine sur
la basedes objectifs ou enjeux ;
- l'analyse des risques à travers leurs causes,
conséquences, et parties prenantes ;
- l'évaluation des risques bruts et résiduels en
termes d'impact et de probabilité selon des échelles
d'évaluation préalablement définies ;
- l'analyse desdispositifs de maîtrise des
risques pour identifier les vulnérabilités ;
- et l'élaboration de plans de traitementen
cohérence avec les stratégies de traitement retenues et avec les
défaillances observées dans les dispositifs de maîtrise des
risques.
On peut remarquer une concordance entre ces étapes
etleslignes directrices du COSO ERM, notamment au niveau des principes de la
composante « Performance » (COSO, 2017).
En ce qui concerne la périodicité de mise
à jour des différentes cartographies des risques, on peut les
jugerrelativement longues et aléatoiresprobablement en raison de la
non-définition formelle d'une périodicité de mise à
jour. À ce propos, la cartographie des risques fiscaux et
institutionnels élaborée en février 2019,a
été mise à jour en décembre 2020, soit quasiment
deux ans après l'élaboration. Quant à la cartographie des
risques fiscaux relatifs au secteur des mines, cela fait plus d'une une
année qu'elle a été élaborée, mais aucune
période n'a été fixée pour sa mise à
jour.Pourtant, la norme IIA 2210 exige que la cartographie des risques soit
mise à jour au moins une fois dans l'année (IIA, 2017).
v Pertinence de l'univers des risques de la
DGI
Lesdifférentes cartographies des risques couvrent
l'ensemble des processus de pilotage, de réalisation et de support mis
en oeuvre au sein de la DGI.
Encequi concerne le pilotage,on peut remarquer que le
processus de planification stratégique fait l'objet d'une analyse des
risques, ce qui répond aux exigences du COSO ERM qui
préconisel'analyse des risques liés au processus de prise de
décision.L'univers des risquescomprenddes risques tels que la non
pertinence des orientations stratégiques ou le manque de
cohérence entre les programmes opérationnels et les orientations
stratégiques.
S'agissant des processus de réalisation, les processus
de gestion des contribuables, de gestion des déclarations fiscales, de
contrôle fiscal, et de recouvrementont tous étépris en
compte conformément aux bonnes pratiques TADAT qui les
considèrent comme des processus clés. Les risques liés
à l'immatriculation au registre des impôts, au dépôt
des déclarations fiscales, au paiement des impôts dans les
délais, et à l'exactitude des déclarations, tels
qu'énoncés par le référentiel TADAT sont
recensésdans l'univers. Sont répertoriés des risques tels
que la non-immatriculation de contribuables potentiels,l'inexactitude des
déclarations, la non-détection des infractions fiscales ou encore
la prescription des restes à recouvrer.
S'agissant des processussupport,les processusde gestion des
ressources humaines, de gestion financière, de gestion de la logistique,
de gestion du système d'information et de communication sont
également couverts. Les problématiques partagées du
contrôle interne que sont la qualité des ressources humaines, en
l'occurrence la capacité à attirer, former et fidéliser
les compétences ; la gestion optimale des ressources
financières et matérielles en les préservant des vols,
pertes, dégradation et détournement ; etcelle de
l'adéquation et de la sécurité des systèmes
d'information et de communication sont traitées dans l'univers des
risques conformément aux principes du COSO 1 (COSO, 2013).Sont
répertoriésles risques tels que l'inadéquation du profil
des agents avec le poste, lesdysfonctionnements dû au départ de
compétences clés, les détournements de fonds, la
cybercriminalité, ou encore la rupture de la continuité
informatique etc.
Au niveau de la cartographie des risques fiscaux relatifs au
secteur des mines, l'univers des risques couvre les domaines de l'exploitation
minière industrielle, semi-mécanisée et artisanale ;
et les différentes étapes du cycle de vie des entreprises
minières.
En somme, la prise en compte dans l'univers des risques, de
l'ensemble des processuset des domainesde l'assiette fiscal de la DGI,est en
ligneaveclaphilosophie d'approche globale de gestion des risques soutenue par
le COSO ERM et l'ISO 31000.Toutefois, on remarque que les risques liés
au contexte externe de la DGI (politique, économique, social,
technologique) ou en d'autres termes les risques exogènes, sont
insuffisamment pris en compte dans les différentes cartographies des
risques. Par exemple, aucune mention n'est faite des risques liés
à la conjoncture économique, aux mesures fiscales duesaux crises
sécuritaires etsanitaires du covid-19.Il en est de mêmepour les
risques liés au développement de l'économie
numérique, au probable passage à la monnaie commune dans la zone
CEDEAO23(*) ou à
l'adhésion du Burkina à la Zone de Libre-Échange
Continentale Africaine (ZLECAF).
Synthèse et discussiondes résultats
obtenus au niveau de la composante « Processus de gestiondes
risques »
· Points forts :
- le processus méthodologique de gestion des risques
estconforme aux meilleures pratiques (lignes directrices COSO ERM 2017)
même s'il demeure non exhaustif ;
- l'évaluation des risques et l'élaboration des
plans de traitement sont réalisées par les managers
opérationnels (existence d'un processus d' auto-évaluation des
risques) ;
- l'univers des risques couvre l'ensemble des processus de
pilotage, de réalisation et de support mis en oeuvre à la DGI et
les domaines clés de l'assiette fiscale, ce qui est en phase à la
philosophie d'approche globale de gestion des risques ;
- le processus méthodologique de gestion des risques
est commun à l'ensemble de l'entité même s'il n'a pas
encore fait l'objet d'une adoption officielle.
· Points faibles
(dysfonctionnements) :
- le processus de gestion des risques
manqued'exhaustivité en raison de la
non-implémentation dusuivi permanent des risques qui inclue le
suivi des incidents et l'élaboration des indicateurs de suivi de
l'évolution des risques ;
- il n'existe pas d'outils de profilage des contribuables ou
des opérations selon le niveau de risque ;
- le processus méthodologique de gestion des risques
utilisé en ce moment,n'est pas formellement adoptéd'où le
risque d'incohérenceméthodologique dans le futur ;
- lesrisques liés au contexte externe de la
DGI(politique, économique, social, technologique) ou en d'autres termes
les risques exogènes, sont insuffisamment pris en compte dans les
différentes cartographies des risques ;
- la périodicité de réalisation des
évaluations des risques (élaboration des cartographies des
risques) est assez longue et aléatoire (plus d'une
année) ;
- le mécanisme de reporting sur les risques reste
à formaliser.
· Conclusion et discussion
Leprocessus méthodologique de gestion des risques,peut
être jugé comme étant d'unniveau de maturité proche
du niveau«3-Défini» : ce qui signifie qu'un
langage de risque et un processus communs d'évaluation des risques sont
utilisés par l'audit interne, les fonctions de contrôle et les
managers opérationnels. Le niveau
« 4-Maîtrisé » n'est pas atteint en
raison de la non mise en place des outils de profilage des contribuables selon
le niveau de risque.
Au regard de la place du risque dans le métier de la
DGI, de sa taille et de l'enjeux stratégique qu'elle représente
pour l'État burkinabè, il est important de mettre en place des
outils de profilage des contribuables et un système de reporting des
risques robuste pour que le processus de gestion des risques atteigne le niveau
de maturité « 5-Optimisé ». On peut
en conclure que notre hypothèse initiale n'est pas confirmée en
raison du caractère non-exhaustif du processus et du caractère
officielle de la méthodologie utilisée.
Synthèse globale et discussiondes
résultats d'évaluation du PMR de la DGI
En somme, les analyses ont relevé que le PMR de la DGI
comporte des insuffisances susceptibles d'impacter son efficacité
malgré la volonté de la direction générale de le
développer. En effet, les trois composantes analyséesque sont la
culture du risque,la gouvernance des risques et le processus de gestion des
risques,sont jugéescomme étant en deçà du niveau de
maturité souhaitable lorsqu'on considère l'importance du risque
dans le métier de la DGI et sa position stratégiqueau sein de
l'État.
Il est cependant important, de faire remarquer que la
composante « Processus de gestion des risques» qui
traite des aspects méthodologiques du PMR,possède la
particularité de présenter un niveau de
maturitésupérieur à celle des autres. Cela est imputable
à l'appui méthodologique du consultant ayant accompagné la
DGI dans la mise en oeuvre de son PMR, mais aussien raison du fait que la mise
en oeuvre de la méthodologie d'identification, d'évaluation et de
traitement des risquesne nécessite pas de changements structurels
profonds.
S'agissantdes composantes« culture » et
« gouvernance », leur mise en oeuvreadéquateexige
plus d'efforts et de temps en raison des changements profondsque cela implique
dans l'organisation et le mode de prise de décision. Cette situation
n'est pas surprenante pour un PMR naissant en raison des difficultés
inhérentes à la mise en oeuvre de la nouvelle gestion publique
dans laquelle s'inscrit pleinement le management des risques. Comme le souligne
COHEN (2012), la nouvelle gestion publique est un exercice difficile dont la
mise en oeuvre nécessite du temps pour que les concepts soit largement
compris et mis en oeuvre : la démarche est donc progressive.La DGI
s'inscrit plutôt bien dans cette démarche, puisque la direction
générale s'est engagée à soutenir le
développementdu PMR qu'elle a initié.
VII.2. Recommandations
Les résultats de l'évaluation qui viennent
d'être présentés, ont permis de mettre en lumière
les forces et faiblesses du PMR de la DGI. Au regard des faiblesses
constatées, nous avons formulé des recommandations dont la mise
en oeuvre pourrait améliorer le fonctionnement du PMR et donc
accroître sa capacité à créer et à
préserver de la valeur au profit de la DGI et de ses parties
prenantes.
VII.2.1. Culture du risque
À la DGI, les insuffisances constatées au niveau
de la composante « Culture du risque » sont susceptibles de
nuire à l'efficacité du PMR. Une culture inadéquate peut
rendre inopérants ou inefficaces les politiques, procédures et
processus d'évaluation des risques, même s'ils sont bien
conçus. C'est pourquoi les recommandations suivantes sont
formulées afin de renforcer la culture du risque :
1. Poursuivre la formation et la sensibilisation des acteurs
des différents niveaux hiérarchiques sur le rôle,
l'intérêt et les principes de fonctionnement du management des
risques tout en insistant sur l'importance de leur participation.
2. Mettre en place des forums confidentiels pour la
remontée d'informations sur les risques (nouvelles ou
évènements défavorables, opportunités, idées
innovantes).
3. Communiquer pour rassurer les collaborateurs que la
communication d'informations sur les risques et
opportunitésn'occasionnera aucune représailles et
bénéficiera de toute l'attention requise.
4. Élaborer une politique d'appétence pour le
risque.
VII.2.2. Gouvernance des risques
À la DGI, les insuffisances constatées au niveau
de la gouvernance des risques sont susceptibles d'entraver le
développement de la culture du risque et la mise en oeuvre efficace du
processus de gestion des risques.Les recommandations formulées pour
pallier aux faiblesses de la composante « Gouvernancedes
risques » sont les suivantes :
1. Former les membres de la direction générale
à la surveillance duPMR.
2. Élaborer une politique de gestion des risques
qui formalise :
- les objectifs du dispositif de management des
risques ;
- les rôles et responsabilités des
différents acteurs conformément aux normes ;
- le langage commun ;
- la démarche d'identification, d'analyse, de
traitement des risques, de suivi et de reporting des risques ;
- etl'appétence pour le risque.
3. Mettre en place un comité de maîtrise des
risques présidéparle directeur généralet qui aura
en charge le pilotage du processus de management des risques.
4. Opérationnaliser le service en charge du management
des risques et du contrôle interne.
5. Mettre en placeun mécanisme de reporting
périodique des risques adressé à la direction.
VII.2.3. Processus de gestion des
risques
Les recommandations formulées pour remédier aux
faiblesses de la composante « Processus de gestion des
risques » sont les suivantes :
1. Mettre en place des outils de profilage des contribuables,
groupes de contribuables ou catégories d'opérations selon le
niveau de risque afin d'optimiser les contrôles fiscaux ;
2. Mettre en place un mécanisme de suivi permanent des
risques (suivi de la mise en oeuvre des plans de traitement des risques,
indicateurs de suivi de l'évolution des risques et suivi des incidents)
piloté par le service en charge du management des risques et du
contrôle interne ;
3. Conduire une analyse spécifique des risques
générés par le contexte externe (risques exogènes)
en collaboration avec les équipes en charge de la stratégie.
Le processus de management des risques de la DGI comporte des
insuffisances susceptibles de nuire à son efficacité. En effet,
les trois composantes que sont la culture du risque,la gouvernance des risques
et le processus de gestion des risques,sont encore en déca de ce qui
serait attendudu PMR d'une administration fiscale comme la DGIen raison de sa
forte exposition aux risques et de sa position stratégique dans la
chaine de GFP. Toutefois,il est important de souligner que cela reste peu
alarmant et surprenant en raison du caractère naissant de la
démarche de management des risques.Au regard des faiblesses
relevées, des recommandations ont été formuléesdans
l'optique de tendre vers un processus de management des risques beaucoup plus
mature.
Chapitre VIII - Conclusion
L'administration fiscale est l'une
des administrations les plus exposées aux risques. Il est donc
primordial pour elle de mettre en place un processus de management des risques
(PMR) et de s'assurer de son bon fonctionnement. Au Burkina Faso, la Direction
Générale des Impôts (DGI), a mis en place un processus de
management des risques sans n'avoir toutefois jamais procédé
à son évaluation. Par conséquent, l'état de
fonctionnement du processus reste peu connu.
L'objectif de cette étude était
d'apprécier l'état de fonctionnement du processus de management
des risquesde la DGIenrépondant aux interrogations suivantes: la
culture du risque, reflète-t-elle une intégration suffisante des
risques au processus de prise de décision et de fixation des
objectifs?La gouvernance des risques,reflète-t-elle une participation
suffisante des acteurs de la DGI au processus de management des risques ?Le
processus méthodologique de gestion des risques, notamment
d'évaluation, de traitement, de suivi et de reporting des risques,
est-il pertinent et mis en oeuvre de façon adéquate ?
Pour parvenir à cet objectif, nous avons construit un
modèle d'analyseissu de l'adaptationde travaux similaires de l'IIA et de
l'ACUA concernant le PMR. Ce modèle d'analyse inclut un modèle de
maturitéet un questionnaired'évaluationélaborés sur
la base des caractéristiquespropres à tout PMR efficace
indépendamment du référentiel utilisé :il
s'agit de la culture du risque, de la gouvernance des risques et du processus
de gestion des risques.Le questionnaire aborde entre autres la
compréhension du management desrisques au sein de l'entité, le
soutien de la direction générale à cette démarche,
la définition des rôles et responsabilités en la
matière, la pertinence de la méthodologie d'évaluationdes
risques ou encorele partage d'informations sur les risques. Sont
également pris en compte, les spécificités de
l'évaluation des risques dans l'administration fiscale comme le recours
aux outils de profilage des contribuables ou des opérations en
fonctiondu niveau de risque.
Les réponses apportées au questionnaire à
travers lesentretienset les analyses documentaires,révèlent que
le PMR de la DGI, comporte des insuffisances susceptibles de nuire à son
efficacité. En effet, les trois composantes analyséesque sontla
culture du risque, la gouvernance des risques et le processus de gestion des
risquessont encore en deçà du niveau de maturité
souhaitable au regard de la forte expositionau risquedel'administration des
impôtset durôle stratégique de la DGI dans mobilisation des
recettes de l'État.
De façon détaillée, au niveau de la
composante « Culture du risque », on note qu'une
proportion significative des acteurs de la DGI, ne disposepas d'une
compréhension de base sur le risque. Aussi, le risque est pris en compte
dans l'élaboration de la stratégie et dans la planification
annuelle des activités et du budget,mais de façon informelle.
Également, le mécanisme d'échanges et de diffusion des
informations relatifs aux risques demeure informel etl'appétence pour le
risque reste non définie. Le risque sembleêtre
considéré en fonction des besoins, ce qui peut être
jugé insuffisant pour une administration fiscale où la gestion
des risques constitue un élément clé. En d'autres termes,
l'on peut affirmer quela culture du risque reflète une insuffisante
intégration du risque dans le processus de prise de décision et
defixation des objectifs.
Au niveau de la composante « Gouvernancedes
risques », le soutien de la direction générale
dès l'entame du processus à travers l'allocation des ressources
et son implication, constitue un point positif. Il en est de même pour la
participation des managers aux travaux d'analyses des risques sous l'impulsion
de l'audit interne. Toutefois, il subsiste des insuffisances qui ont un impact
significatif sur l'efficacité du PMR. En l'occurrence, il s'agit entre
autres du défaut de formation de la direction générale
à la surveillance du PMR,de la non-définition des rôles et
responsabilités en matière de gestion des risques ou encore de
l'absence d'un comité de maîtrise des risques. Cette
dernière insuffisanceconstitue un frein à l'implication
régulière de la direction générale dans le
PMR.Pourtant, l'implication régulière de la direction
générale est nécessaire en raison de la place centrale du
risque dans la mission de la DGI. Finalement, on peut juger que la gouvernance
des risques, présente un niveau de maturité en
deçà, de ce qui serait attendu d'une administration fiscale comme
la DGI.
Au niveau de la composante « Processus de
gestion des risques », on peut noter que le
processusméthodologique tend à se conformer aux principes
établis par les standards tels que le COSO ERM 2017, l'ISO 31000,ainsi
qu'auxprincipes d'évaluation des risques fiscaux (OCDE).
Cependant,l'absence desuivi permanent des risques (gestion des incidents et
indicateurs de suivi de l'évolution des risques) et d'outils de
profilage des contribuables et des opérations en fonctiondes risques,
constituentdes points faibles du PMR.Aussi, la méthodologie de gestion
des risques malgré son caractère commun à l'ensemble de la
DGI, reste vulnérable à des incohérences futures à
cause de son caractère non-officiel.En plus, l'univers des risquesne
prend pas suffisamment en compte les risques d'origine externe(politique,
économique, social, technologique, etc.). Également, la
périodicité de réalisation des évaluations des
risques est assez longue et aléatoire. Finalement, on peut juger que le
niveau de maturité duprocessus de gestion des risquesne couvre pas
suffisammentles besoins de la DGI en matière de gestion des risques.
Les insuffisancesdu PMR qui ont été
relevées par cette étude, n'ont pas un caractère
alarmant.Elles sont souvent propres à toutprocessus de management des
risques naissant, surtout dans le secteur publique qui essaie tant bien que mal
de se mettre à l'heure de la nouvelle gestion publique (NGP). En effet,
le management des risques tout comme les autres outils de la NGP,demeure un
exercice difficile. Un effort continu dans le temps est nécessairepour
une large compréhension des concepts et une mise en oeuvre
adéquate : la démarche doit donc être progressive pour
l'accession à des paliers supérieurs de maturité.
Afin de remédier aux insuffisances,plusieurs actions
ont été proposées parmi lesquelles : la formation de
la direction générale à la surveillance du PMR,ainsique
celle des collaborateurs au risque ;la mise en place d'outils de profilage
des contribuables et des opérations selon le niveau de
risque ;l'élaboration d'une politique de gestion des
risques ;la mise en place d'un comité de maîtrise des
risques, de forums confidentiels de remontée d'informations sur les
risquesetd'un mécanisme de suivi permanent des risques.
Pour terminer, nous pensons qu'une fois les insuffisances
corrigées, une étude ultérieure pourrait à moyen
terme se pencher sur l'efficacité du PMR, c'est-à-dire son impact
effectif sur les performances de la DGI.
Chapitre IX -
Bibliographie
AMF. 2010. Les dispositifs de gestion des
risques et de contrôle interne : cadre de référence. 2010.
p. 36.
Auditing against the COSO ERM 2017. AUCA.
2018. New Orleans, Louisiana : s.n., 2018.
Burkina Faso. 2015. Loi n° 073-2015 du
06 novembre 2015 portant loi des finances. 2015.
CABANE, Pierre. 2018.Manuel de
gouvernance d'entreprise - les meilleures pratiques pour créer de la
valeur. [éd.] Eyrolles. 2ème. Paris : s.n., 2018. p.
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gouvernance des sociétés d'Etat. Ouagadougou, Burkina Faso :
s.n., 2015. p. 70.
COHEN, ALain-Gérard. 2012.La
Nouvelle Gestion Publique. [éd.] Gualino. 3ème. Paris :
s.n., 2012. p. 221.
COSO. 2017. Entreprise Risk Management.
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intégré de contrôle interne. 2013. p. 264.
DGI. 2020.Mise à jour de la
cartographie des risques fiscaux relatifs au secteur minier et plan de
mitigation associé. Ouagadougou : s.n., 2020. p. 220.
DGI. 2020.Mise à jour de la
cartographie des risques fiscaux, étendue aux risques institutionnels de
la Direction Générale des Impôts. Ouagadougou :
s.n., 2020. p. 259.
DGI. 2017.Plan Stratégique
2017-2021. Ouagadougou : s.n., 2017. p. 79.
DGI. 2019.Rapport définitif de la
mission d'élaboration de la cartographie des risques fiscaux de la
Direction Générale des Impôts. Ouagadougou :
s.n., 2019. p. 228.
IFACI, Groupe professionnel Assurance. 2013.
De la cartographie des risques au plan d'audit. Cahier de Recherche.
Paris, France : s.n., 2013. p. 136.
IIA. 2019. Evaluation du processus de
management des risques CRIPP. Lignes directrices complémentaires.
Lake Mary, Floride, USA : s.n., 2019. p. 33.
IIA. 2020. Le modèle des trois lignes
de l'IIA. Version 2020 des trois lignes de maîtrise. 2020.
IIA. 2017. Normes internationales pour la
pratique professionnelle de l'audit. Lake Mary, Floride, USA : s.n., 2017.
p. 17.
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Supplemental Guidance. Altamonte Springs, Floride, USA : s.n.,
2011. p. 8.
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RENARD, Jacques. 2018.Théorie et
pratique de l'audit interne. s.l. : Eyrolles, 2018. p. 474.
République du Bénin. 2018.
Décret N° 018 - 396 du 29 août portant réorganisation
des corps de contrôle en République du Bénin. 2018. p.
9.
République du Bénin. 2018.
Décret N° 2018 - 397 du 29 août 2018 portant approbation du
cadre de référence de l'audit interne dans l'administration de
l'Etat en République du Bénin. 2018. p. 2.
SUTRA, Géraldine. 2019.Management
du risque : une approche intégrée à la stratégie.
s.l. : AFNOR, 2019. p. 206.
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de la Direction Générale des Impôts du Burkina Faso.
2017.
UEMOA. 2009. Directive
N°06/2009/CM/UEMOA portant lois de finances. 2009.
UEMOA. 2020.Rapport semestriel
d'exécution de la surveillance multilatérale. 2020.
Union Européenne. 2010. Compliance
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Webographie
DGI. Historique de la DGI. www.dgi.bf.
[En ligne] [Citation : 2021 06 19.]
https://www.impots.gov.bf/linstitution/historique.
Chapitre X - Annexe
Questionnaire d'évaluation du processus de
management des risques de la DGI
I. Culture du risque : intégration des
risques à tous les niveaux du processus de décision et de
fixation des objectifs
|
Éléments caractéristiques d'une
culture du risque adéquate
|
Documents
|
Questions/Investigations
|
Compréhension du risque au sein de
l'organisation
· Le rôle et l'intérêtde la gestion des
risques sont compris et communiqués dans l'ensemble de
l'organisation.
· Tous les membres de l'organisation comprennent que la
gestion des risques fait partie de leurs responsabilités
quotidiennes.
· Le personnel est formé au management des
risques.
· Lepersonnelest formé sur les différents
risques existants ainsi que sur les attitudes et les comportements qu'il faut
adopter pour réagir efficacement (par exemple cybercriminalité,
santé sécurité au travail etc.).
· Le risque et la gestion du risque sont abordés dans
le plan stratégique, dans l'élaboration des objectifs en
particulier dans la planification des contrôles fiscaux ;
|
· PTBA
· Déclaration d'intention sur la gestion des
risques ;
· Politique de gestion des risques ;
· Plan stratégique ;
· Procès-verbaux de réunions ;
· Rapports de formations ;
|
1. Comment le management des risques est-il perçu dans
l'organisation ? Comme un moyen de créer et préserver de la
valeur ou plutôt comme un exercice bureaucratique ou une
exigencerèglementaireà laquelle il faudrait se
conformer ?
2. Le personnel est-il formé au management des
risques ?
3. Les managers perçoivent-ils le risque comme leur
propriété et non celle des auditeurs ou des fonctions de
contrôle ?
4. Le risque est-il abordé dans le plan stratégique
et dans l'élaboration des objectifs ? Autrement dit une analyse des
risques a-t-elle été effectuée dans le cadre de la
sélection des stratégies et des projets ?
|
Fluidité de la circulation et échanges
d'informations sur les risques
· La direction générale encourage les
réunions et les discussions régulières ainsi que
l'échange d'informations à tous les niveaux de la chaîne
managériale ;
· Il existe une communication ouverte sur les risques :
les politiques de dénonciation, de non-représailles
combinées à l'existence de différents types de canaux
(forums anonymes, boite à idée etc.) favorise la remontée
et le traitement d'informations sur les risques et opportunités.
|
· Déclarations culturelles ou d'éthique de
l'entité ;
· Rapport d'investigation sur l'éthique ou la
fraude
· Résultats d'enquêtes sur le climat social
|
5. Existe-t-il des forums confidentiels permettant aux
collaborateurs de s'exprimer sur des questions culturelles ou sur des obstacles
à la communication d'informations sur les risques ?
6. Les mauvaises nouvelles remontent-elles facilement au sein de
l'organisation ?
7. L'organisation est-elle réceptive aux propositions
innovantes ou aux opportunités ?
|
Définition de l'appétence pour le risque ou
critères de risques
· Exercices de définition des risques menés
avec la direction pour établir des limites (tolérance ;
acceptation)
· Les collaborateurs sont informés de
l'appétence pour le risque de l'organisation
|
|
8. L'appétence pour le risque, a-t-elle été
défini ?
9. Est-elle connu et comprise par les collaborateurs ?
|
II. Gouvernance des risques : participation de
toute l'organisation au processus de management des risques par
l'intermédiaire de collaborateurs qualifiés et compétents
en la matière
|
Bonne pratique
|
Documents
|
Questions/Investigations
|
Implication et leadership des dirigeants
· La direction et les organes de surveillance ont
affecté les ressources nécessaires à la mise en oeuvre du
management des risques( compétences, méthodes et
procédures documentés, planning, outil de gestion des
informations, formation etc.)
· Les membres de ladirection sont formés au
management des risques notamment à sa surveillance
· La direction remplit son rôle de surveillance de
manière adéquate, elle se réunit périodiquement
dans le cadre du management des risques
· La direction démontre et définit clairement
son engagement permanent en matière de management du risque par le biais
d'une politique, d'une déclaration ou d'autres formes de moyen
permettant de communiquer clairement les objectifs et l'engagement de
l'organisation en matière de management des risques ;
· La direction aborde régulièrement les
risques dans les réunions ou d'autres occasions ?
|
· Fiches de description de poste ;
· Procès-verbaux de réunions ;
|
1. La direction et les organes de surveillance,
ont-ellesalloués des ressources au développement de l'ERM
(compétences, formation, procédures, politiques,
budget) ?
2. Les membres de ladirectionont-t-il été
formés à la surveillance de l'ERM ?
3. Comprennent-ils le management des risques ?
4. Ladirection est-elle à l'aise avec les risques encourus
par l'organisation ?
5. La direction dispose-t-elle d'informations pour prendre des
décisions sur les risques ? Comment les utilise-t-il pour prendre des
décisions ?
|
Définition des structures organisationnelles(
entités, rôles, pouvoirs et responsabilités)
· Les rôles et responsabilités en
matière de management des risques sont-ils clairement définis,
communiqués et compris dans l'ensemble de l'organisation. La
responsabilité du management des risques est clairement
énumérée comme une attributionde la direction
générale
· La définition des rôles prend en compte les
différentes entités intervenant dans le management des risques (
conseil, direction, collaborateur) à travers l' existence d'un
comité d'audit, d'un comité de risques ou d'un service de gestion
des risques etc.
|
· Charte du conseil ;
· Descriptions de poste
· Organigrammes ;
· Politiques et procédures
|
6. Les rôles et responsabilités en matière de
management des risques sont-ils clairement définis ?
7. Le management des risques est-il une responsabilité
spécifique énumérée dans les attributions de la
direction générale ?
8. Existe-t-il un comité des risques ou un autre
comité de surveillance en charge des risques ?
9. La haute direction fait-elle partie du processus de gestion
des risques ?
10. Le cadre organisationnel est-il adapté au contexte
externe et interne de l'organisation (exigence des parties prenantes, valeurs
de l'entité, stratégie, etc.)
|
Surveillance exercée parleconseil
Le conseil reçoit des rapports réguliers sur les
risques qui contiennent toutes les informations pertinentes (informations,
indicateurs, etc.) dont il a besoin pour prendre des décisions
éclairées ?
|
· Calendrier des rapports ;
· Copies des rapports et des résultats ;
· Preuves des mesures prises pour combler les lacunes.
|
11. Ladirectiona-t-elle instauré une exigence
d'informations sur les risques diffusée au sein de
l'organisation ?
12. Un reporting sur les risques (inventaire, importance, option
de traitement, suivi ) est-il adressé à la direction ?
13. Ladirection est-elle régulièrement
informé des risques ? Des mesures sont-elles prises pour combler les
lacunes déclarées ?
|
III. Processus de gestion des risques:identification,
évaluation, traitement, suivi et reporting des risques dans toute
l'organisation
|
Bonne pratique
|
Documents
|
Questions/Investigations
|
Formalisationdu processus d'évaluation, de
traitement, de suivi et de reporting des risques
· L'organisation s'accorde sur le(s)
référentiel(s) de management des risques à utiliser.
· Il existe un glossaire des termes liés au
management des risques.
· Les étapes d'identification, d'évaluation,
de traitement, de suivi des risques et de reporting sont formalisés et
cohérents à l'échelle de l'organisation (description des
étapes, modèle d'analyse, etc.)
· Il existe un système de reporting standard surles
risque (p. ex. délai, format)
|
· Politique de gestion des risques ou modèles
d'analyse des risques utilisés.
· Référentiels de management des risques
utilisé ;
|
1. L'organisation dispose-t-elle d'une politique de gestion des
risques qui :
- précisele (s) référentiel (s) à
utiliser ;
- définit une terminologie commune ;
- formalise une démarche cohérente
d'identification, d'évaluation et de traitement des risques
(modèle d'analyse des risques, critères de probabilité et
d'impact, critères de sélection des stratégiedes
traitement) ;
- formalise les rôles et responsabilités des acteurs
en matière de gestion des risques
- formalise le système de reporting standard sur les
risques(p. ex. délai, format)
|
Identification et évaluation des
risques
· Il existe un univers de risques pertinent couvrant les
stratégies, processus opérationnelsde l'organisation.
· Les évaluations de risques sont
réalisées sur la base de critères objectifs d'impact et de
probabilité.
· La fréquence d'évaluation des risques est
adaptée ?
· Il existe des outils spécifiques
d'évaluation des risques fiscaux (profilage des contribuables).
|
· Rapport de cartographie des risques
|
2. L'univers des risques est-il adéquat
(exhaustivité et pertinence au regard des objectifs stratégique
et opérationnels et domaines clés) ?
3. Les évaluations de risques sont-elles
réalisées sur la base de critères objectifs d'impact et de
probabilité définis au préalable ?
4. La fréquence d'évaluation des risques est-elle
adéquate ?
5. Existe-t-il des outils d'évaluation des risques servant
à sélectionner et exclure les contribuables devant faire
l'objetd'investigations complémentaires, y compris une
vérification fiscale ou d'autres mesures de discipline fiscale ?
|
Traitement des risques
· Les plans de traitement des risques sont
cohérentsavecles stratégies, les objectifs, les priorités,
l'appétit, la gravité et le rapport
coût/bénéfice
· Les plans de traitement des risques sont-ils mise en
oeuvre ?
|
· Procédures de traitement des risques ;
· Plan de traitement des risques ;
|
6. Les plans de traitement des risques sont-ils pertinents et
cohérents?
7. Sont-ils mis en oeuvre ?
8. Les risques sont-ils gérés conformément
aux plans de traitement prévus ?
|
Suivi permanent des risques
· La mise en oeuvre des plans de traitement des risques
fait l'objet d'un suivi (état de mis en oeuvre et impact sur
l'atténuation des risques);
· Un suivi des incidents est
réalisé ;
· Il existe des indicateurs de suivi de
l'évolution des risques ;
|
· Procédures d'examen de l'ERM ;
· Rapport d'examen de l'ERM ;
· Base d'incidents ;
· Rapports de suivi des risques
|
9. Un suivi de la mise en rouvre des plans d'actions de
traitement ders risques est-il réalisé ?
10. Un suivi des incidents est-il réalisé au sein
de l'organisation (existence et tenue d'une base des incidents) ?
11. Existent-ils des indicateurs de suivi permanent des risques
qui sont mesurés ?
|
Reporting sur les risques dans l'organisation
· Existence d'un mécanisme de reportingrendant
comptedes risques majeurs de l'organisation ?
|
· Rapports sur les risques
|
12. Existe-t-il au sein de l'organisation un mécanisme de
reporting rendant compte des risques majeurs de l'organisation ?
|
Tables de matières
Remerciements
I
Sigles et abréviations
III
Tables des illustrations
IV
Résumé
V
Abstract
VI
Sommaire
VII
Préambule
VIII
Introduction
1
Chapitre I - Les enjeux de la nouvelle
gestion publique
4
I.1. Les caractéristiques traditionnelles du
secteur public
4
I.1.1. Définition du secteur public
4
I.1.2. Les spécificités de
l'administration publique traditionnelle par rapport au secteur
privé
5
I.2. L'historique et les implications de la nouvelle
gestion publique
5
I.2.1. L'historique de la NGP
6
a). Le Public Internal Financial Control (PIFC)
6
b). La conception française large du PIFC
8
c). La Nouvelle gestion publique
9
I.2.2. Les implications de la nouvelle gestion
publique (NGP)
10
a). Les transformations induites dans
l'administration publique par la NGP
10
b). Les difficultés et les conditions de mise
en oeuvre de la NGP
11
I.3. La nouvelle gestion publique dans l'espace
UEMOA
13
I.3.1. Les réformes des finances publiques
dans l'espace UEMOA
13
I.3.2. Le bilan des réformes des finances
publiques dans l'espace UEMOA
14
Chapitre II - Le management des risques dans
le secteur public
17
II.1. Définitions
17
II.1.1. Le risque
17
II.1.2. Le management des risques
18
II.1.3. La cartographie des risques
19
II.1.4. L'articulation entre gestion des risques, le
contrôle et l'audit internes
20
II.2. Principes, composantes et acteurs du
management des risques
21
II.2.1. Les principes du management des risques
21
II.2.2. Les composantes d'un processus de management
des risques efficace
22
a). La culture du risque
22
b). La gouvernance des risques
23
c). Le processus de gestion des risques
23
II.2.3. Les acteurs du management des risques
24
II.3. Spécificités du management des
risques dans le secteur public
26
II.3.1. Spécificités du management des
risques dans l'administration publique en général
26
II.3.2. Spécificités du management des
risques dans l'administration fiscale
27
Chapitre III - Présentation de la
Direction Générale des Impôts (DGI) et des outils
d'analyse
31
III.1. Présentation de la DGI
31
a). Mission et historique de la DGI
31
b). Organisation de la DGI
31
c). Stratégie et pilotage de la DGI
33
III.1.2. Le management des risques à la
DGI
34
III.2. Outils d'analyse du processus de management
des risques de la DGI
35
III.2.1. Les référentiels de
management des risques
35
a). Le référentiel COSO ERM 2017
35
b). Le référentiel ISO 31000 :
2018
36
c). Analyse comparée de l'ISO 31000:2018 et
du COSO ERM 2017
37
III.2.2. Modèle empirique d'analyse du
processus de management des risques de la DGI
39
a). Modèle de maturité du PMR
39
b). Questionnaire d'évaluation du PMR de la
DGI
42
Chapitre IV - Résultats de
l'évaluation du processus de management des risques
44
IV.1. Résultats et discussions
44
IV.1.1. Culture du risque
45
IV.1.2. Gouvernance des risques
47
IV.1.3. Processus de gestion des risques
49
IV.2. Recommandations
53
IV.2.1. Culture du risque
53
IV.2.2. Gouvernance des risques
54
IV.2.3. Processus de gestion des risques
54
Conclusion
56
Bibliographie
58
Webographie
60
Annexe
i
Tables de matières
vi
* 1Public Expenditure and
Financial Accountability
* 2TADAT (Tax Administration
Diagnostic Assessment Tool) est un outil d'évaluation diagnostique de
l'administration fiscale.
* 3Le terme dispositif de
management des risques est aussi utilisé en lieu et place du terme
processus (AMF, 2010).
* 4La cartographie des
risques est une démarche dynamique d'identification et
d'évaluation des risques qui permet d'en donner une
représentation synthétique et visuelle. Elle constitue ainsi un
outil de mise en évidence des risques à couvrir en
priorité (IFACI, 2013).
* 5 Union Économique
et Monétaire Ouest-Africaine comprenant 8 états (Burkina Faso,
Côte d'Ivoire, Niger, Sénégal, Togo, Bénin, Mali,
Guinée-Bissau).
* 6Fondé en 1941,
l'IIA (Institut des Auditeurs Internes) est l'association mondiale des
professionnels de l'audit interne qui regroupe plus de 200 000 membres dans
plus de 170 pays et territoires. En tant que principale source d'informations
et de lignes directrices concernant la profession, l'IIA définit les
pratiques de référence pour l'exercice de l'audit interne dans le
monde entier. Son siège mondial se situe en Floride aux
États-Unis.
* 7L'audit externe est pris
en charge par les Cours des comptes ou équivalents selon les normes
INTOSAI.Les autres outilscontribuant à l'exercice du devoir de
transparence dans la gestion publiques, qu'ils soient anciens ou nouveaux, sont
également à inclure dans l'arsenal de la NGP. En exemple, on peut
citer la loi des règlements ou les assemblées
générales des Sociétés d'États qui se
tiennent dans certains pays tel que le Burkina Faso.
* 8 Union Économique
et Monétaire Ouest Africaine (regroupe huit Eats d'Afrique de
l'Ouest).
* 9 Le COSO (Committee of
Sponsoring of The Treadway) est une organisation dont la mission est d'assurer
un leadership éclairé en élaborant des cadres et des
directives complets sur le contrôle interne, la gestion des risques
d'entreprise et la dissuasion de la fraude, afin d'améliorer la
performance et la surveillance des organisations et de réduire l'ampleur
de la fraude dans les organisations. Le COSO est une initiative du secteur
privé, parrainée et financée conjointement par l'
Association américaine de comptabilité, l'Institut
américain des comptables publics certifiés, le Financial
Exécutives International, l'Institut des comptables en management et
l'Institut des auditeurs internes (IIA).
* 10 Loi Organique relative
aux Lois des Finances
* 11 Le Comité
Ministériel de Maîtrise des Risques est chargé de la mise
en place et du pilotage des dispositifs de gestion des risques et de
contrôle interne. Il définit et met oeuvre la politique de
contrôle interne, élabore la cartographie des risques, veille
à la mise en oeuvre des recommandations d'audit.
* 12 Le Comité
Ministériel d'Audit Interne est chargé vérifier le bon
fonctionnement des systèmes de contrôle interne mis en place sous
l'égide du Comité Ministériel de Maîtrise des
Risques. Il définit la politique d'audit, s'assure de la qualité
du dispositif de contrôle interne, approuve le plan annuel d'audit, suit
la mise en oeuvre recommandations d'audit, et surveille le fonctionnement de
l'audit interne.
* 13 Enterprise Risk
Management (Management des Risques d'Entreprise)
* 14 Entreprise doit
être compris comme une organisation au sens large du terme
* 15 Autorité des
Marchés Financiers (en France).
* 16Fondé en 1941,
l'IIA est l'institut qui édicte les normes internationales en
matière d'audit interne.Son siège mondial se situe à Lake
Mary (Floride, États-Unis). L'IIA compte actuellement plus de260 000
membres dans plus de 170 pays et territoires.
* 17Le terme « lignes
» sert à distinguer les différents rôles. Les
rôles de l'organe de gouvernance constituent eux aussi une « ligne
» mais, par souci de clarté, ils ne sont pas explicitement
qualifiés ainsi. En réalité, les différents acteurs
du modèle exercent leurs rôles respectifs de façon
simultanée.
* 18 Certains
considèrent les fonctions support (services RH, administratifs,
généraux, etc.) comme des rôles de deuxième ligne.
Dans le Modèle des Trois Lignes, les rôles de première
ligne englobent à la fois les activités « front of house
» et « back office », tandis que les rôles de
deuxième ligne intègrent les activités
complémentaires axées sur les risques.
* 19L'Organisation de
Coopération et de Développement Économiques (OCDE) est une
organisation internationale qui oeuvre pour la mise en place de politiques
meilleures pour une vie meilleure. Notre objectif est de promouvoir des
politiques publiques qui favorisent la prospérité,
l'égalité des chances et le bien-être pour tous.
* 20 Ces critères de
risque ne doivent pas être confondus avec la grille de cotation des
risques
* 21 Association of College
and University Auditors (Cette organisation est basée aux Etats-Unis)
* 22 L'appétence pour
le risque est le type et le niveau global de risque qu'une entité est
prête à prendre dans la poursuite de ses objectifs. (COSO, 2017).
On retrouve dans l'ISO 31000, le concept semblable de critères de
risques.
* 23 Communauté
Économique des États d'Afrique de l'Ouest.