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Aspects epidemiologique, clinique et therapeutique de la cirrhose hepatique


par Stanislas MUHINDO BATUNDI
Université de Goma - Docteur en médecine 2017
  

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I.2. EPIDEMIOLOGIES ET DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE DE LA CIRRHOSE

HEPATIQUE

La cirrhose du foie s'observe à tout âge, et elle entraine souvent une morbidité prolongée. Elle se manifeste souvent chez l'adulte jeune, et elle constitue une cause importante de décès prématurés [4].

1. Causes infectieuses :

On incrimine beaucoup plus le virus de l'hépatite C (VHC) qui occupe 12% de toutes les cirrhoses d'origine infectieuse en France, avec signes évocateurs : toxicomanie, transfusion ; par contre le virus de l'hépatite B (VHB) n'occupe que 3% dans cette classe, avec comme signes évocateurs : toxicomanie, transfusion, transmission materno-infantile [15].

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Les arguments en faveur sont :

? Pour le virus de l'hépatite C (VHC) : la sérologie positive et l'aspect histologique ;

? pour le virus de l'hépatite B (VHB) : le diagnostic est facile si la réplication virale

persiste avec présence d'Ag HBs et d'ADN du VHB dans le sérum.

Si le diagnostic est fait à la phase inactive, le malade peut être porteur uniquement des

anticorps anti-HBc et anti-HBs [14].

La sérologie permet de retrouver les marqueurs viraux : Ag HBs, et Ac Anti VHC.

Dans les cirrhoses virales les nodules sont de grande taille [16].

2. Causes toxiques :

a) Alcoolisme :

L'alcoolisme constitue la première cause de cirrhose hépatique en France avec une proportion de 70% de toutes les cirrhoses en France ; les signes évocateurs sont les suivants: signes d'intoxication alcoolique aiguë et/ou chronique, Syndrome de sevrage [15]. Les arguments en faveur sont : la forte consommation d'alcool, la forte augmentation du volume globulaire moyen et de la gamma-GT s'améliorant au sevrage, une augmentation modérée des ASAT supérieure aux ALAT, des lésions de foie alcoolique sur la biopsie hépatique [14] ; les principaux éléments orientant vers une origine alcoolique chez un malade atteint d'une cirrhose sont l'existence d'une intoxication chronique, actuelle ou ancienne et l'absence d'autres causes.

Les signes cliniques liés à l'alcoolisme sont : pituites matinales, tremblement des extrémités, hypertrophie parotidienne, polynévrite, anorexie, varicosité des pommettes, délire, encéphalopathie carentielle.

Biologiquement le syndrome inflammatoire avec augmentation des IgA, GGT, ASAT > ALAT, anémie macrocytaire mais surtout hyperleucocytose.

Histologiquement, la cirrhose alcoolique est de type micronodulaire, foyers d'hépatite alcoolique aiguë, stéatose hépatocytaire, corps de Mallory [16].

b) Médicaments :

Les cirrhoses médicamenteuses occupant 1% de toutes les cirrhoses en France [15].

Elles sont dues à l'hépatite médicamenteuse chronique secondaire à la prise prolongée de certains médicaments (l'amiodarone, l'alpha méthyldopa, l'isoniazide, la clométhacine,

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exceptionnellement le méthotrexate ou la vitamine A). Cette hépatite médicamenteuse chronique peut aboutir à la constitution d'une cirrhose hépatique [16].

3. Causes métaboliques:

c) Hémochromatose génétique et surcharge secondaire en fer

Elle occupe une proportion de 3% de toutes les cirrhoses en France dont il est important, en outre des signes cliniques de la cirrhose, de savoir l'histoire familiale du malade (antécédents familiaux), son origine géographique, de rechercher la notion de diabète, d'arthropathies, de cardiopathies, de mélanodermie, d'hypogonadisme [15].

Elle se caractérise par l'élévation du fer sérique, du coefficient de saturation de la sidérophiline (supérieur à 45 %) et de la ferritine (supérieur à 1000 ug/l).

La TDM : Augmentation nette de la densité du foie (supérieur à 60 unités houndsfield). Les lésions histologiques : Surcharge ferrique diffuse et importante (appréciée à la coloration de Perls) dans les hépatocytes et les cellules de kupffer et confirmée au moindre doute par le dosage du fer (supérieur à 100 micro mol/g de poids sec de foie) [16 ; 3].

Biologiquement, la recherche de la mutation du gène HFE en position C 282Y, H63D, C 282Y/H63D (hétérozygotie composite) est très importante [16].

d) Maladie de Wilson

C'est une maladie génétique très rare transmise sur le mode autosomique récessif (le gène a été identifié sur le chromosome 13), liée à une accumulation de cuivre dans l'organisme (particulièrement foie, SNC, oeil). Une anémie hémolytique est souvent associée [16].

En l'absence de traitement spécifique, évolution inexorable mortelle par atteinte hépatique.

e) Déficit en Alpha 1 antitrypsine

Il occupe aussi moins de 1 % de toutes les cirrhoses en France et son diagnostic se base sur l'histoire de la maladie [15].

f) Stéatohépatite non alcoolique (NASH)

Elle occupe 2% de toutes les cirrhoses en France et son diagnostic découle de l'histoire pondérale du malade [15].

g) Collagénose de type IV, galatosémie, tyrosinémie [15].

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4. Causes biliaires :

h) Cirrhose biliaire primitive

Elle occupe 2% de toutes les cirrhoses en France. Elle n'est responsable d'une cirrhose qu'à un stade évolué [15].

Les arguments en faveur sont :

- Le terrain : femme de plus de 40 ans.

- Des manifestations extra-hépatiques auto-immunes.

- Une cholestase clinique ou biologique.

- L'augmentation importante des IgM, et surtout la présence à un titre élevé d'anticorps anti-mitochondries (de type M2) présent dans 90% des cas et/ou d'anti-corps anti-enveloppe nucléaire (anti-P 200) présent dans 25 % des cas.

- L'histologie, en sachant qu'au stade de cirrhose les lésions caractéristiques sont habituellement absentes [16].

i) La cholangite sclérosante primitive :

Elle occupe 1% de toutes les cirrhoses hépatiques [15].

Il existe une prédominance masculine, une association avec les antigènes HLA B8 et DR3 et avec une recto-colite hémorragique (70%) parfois quiescente. L'échographie abdominale et l'écho-endoscopie peuvent montrer un épaississement de la paroi des voies biliaires intra et extra-hépatiques, mais l'examen clef est la cholangiographie (habituellement réalisée par voie rétrograde) qui montre typiquement des sténoses multiples courtes et annulaires [16].

5. Cause auto-immune :

j) Hépatite auto-immune

Les arguments en faveur de diagnostic sont :

- Le terrain : femme jeune, association à d'autres affections auto-immunes.

- L'hypergamma-globulinémie importante.

- La présence d'auto-anticorps anti-muscle lisse et anti-nucléaire (hépatite auto-immune de type I) ou antimicrosomes de foie et de rein, anti LKM1 (hépatite auto- immune de type II, plus rare) [16].

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Causes vasculaires:

Ce sont l'insuffisance cardiaque droite, le syndrome de Budd-Chiari et les maladies veino-occlusives. [16]

7. Cirrhose cryptogénétique

Elle occupe 2% de toutes les cirrhoses en France.

Exceptionnellement aucune cause n'est trouvée, la cirrhose est dite « idiopathique » ou cryptogénétique [16].

I.3. ANATOMIE PATHOLOGIQUE

Les modifications affectent la totalité du foie, mais pas nécessairement chaque lobe. L'évolution de la cirrhose est graduelle et progressive, et de ce fait les foies cirrhotiques ont un aspect infiniment variable, limitant l'utilité des classifications anatomiques [4]. La classification actuelle distingue :

- Les cirrhoses micronodulaires : caractérisées par des septa conjonctifs de même épaisseur, des nodules de régénération ayant approximativement la taille des lobules d'origine (1 mm de diamètre), et par l'atteinte de chaque lobule ; et

- Les cirrhoses macronodulaires : dans lesquelles les septa conjonctifs sont d'épaisseur variable, les nodules ont des tailles très différentes, certains étant de grande taille et contenant des lobules histologiquement normaux [4].

Les cirrhoses micronodulaires tendent à évoluer progressivement en cirrhose macro-nodulaires, et des formes intermédiaires mixtes s'observent [4].

I.4. PHYSIOPATHOLOGIE ET SYNDROMES CLINIQUES

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote