Le traite d'amitié et de coopération entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso et le renforcement de l'intégration économique sous-régionalepar Ceba Timothée KELY EENI Global Business School - Doctorat 2020 |
CHAPITRE 5 : CONCLUSION GÉNÉRALE ET RECOMMANDATIONLes résultats de notre étude ont été présentés dans le chapitre 4. Le chapitre 5 qui constitue le dernier sera consacré à la conclusion des analyses et aux recommandations que suscite le sujet. L'objectif de cette thèse étant d'étudier la contribution de la coopération en général, et du TAC en particulier au développement des échanges bilatéraux dans une perspective du renforcement de l'intégration économique de la Côte d'Ivoire et du Burkina Faso, nous avons analysé les faits stylisés en organisant les résultats de nos enquêtes en trois parties. Puis, nous avons appliqué le modèle de gravité de panel en vue d'appréhender les déterminants des échanges bilatéraux. C'est l'analyse de ces déterminants qui nous permet d'apprécier l'impact de la coopération (TAC) sur les relations bilatérales entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso. Premièrement, nous avons fait l'historique et ensuite présenté le rôle du Traité d'Amitié et de Coopération (TAC) dans les relations bilatérales ivoiro-burkinabé. Et enfin, nous avons étudié l'engagement de la Côte d'Ivoire et du Burkina Faso dans l'harmonisation des politiques sectoriels et la libre circulation des personnes. Il ressort de l'historique que le TAC est la conséquence de la crise identitaire survenue en Côte d'Ivoire depuis 2002. Ainsi, le TAC a-t-il permis de recoudre les liens rompus et d'améliorer les relations bilatérales et diplomatiques entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso. La paix est revenue au sein des Etats de 2008 à 2018 et le TAC apparaît aujourd'hui comme un outil essentiel pour l'intégration des peuples, l'intégration économique et politique. Concernant l'engagement de la Côte d'ivoire et du Burkina Faso dans l'harmonisation des politiques sectoriels et la libre circulation, nous retenons que les deux pays font preuve d'un engagement formel. En effet, les deux Etats rencontrent des difficultés dans la mise en oeuvre des accords de facilitation du commerce, à l'instar des pays de l'UEMOA dont ils sont membres. La ratification et la notification des mesures de catégorie A sont effectives et celles des catégories B et C ne le sont pas encore. Par ailleurs, la Côte d'Ivoire affiche globalement son leadership en matière de mise en oeuvre des mesures de facilitation des échanges. Et les deux pays sont effectivement engagés dans la circulation des personnes avec des performances appréciables (0,8) en 2016 (Rapport CEA, 2016). Deuxièmement, nous avons fait une étude du commerce international de la Côte d'Ivoire et du Burkina Faso. Dans cette partie, nous avons retenu que le commerce international de la Côte d'ivoire et du Burkina Faso présente une faible dynamique haussière. Le commerce bilatéral entre les deux pays reste faible et les flux sont en majorité dirigés vers leurs partenaires occidentaux et asiatiques comme c'est le cas des pays d'Afrique de l'Ouest. Cependant, nous relevons que le commerce bilatéral de la Côte d'Ivoire est plus dynamique que celui du Burkina Faso qui est un pays enclavé. En outre, la Côte d'Ivoire présente une bonne performance en intégration commercial dans l'espace UEMOA, vu l'évolution indiciaire (0,986) en 2016, présentée par la Commission économique pour l'Afrique (rapport CEA, 2016). Le Burkina Faso présente un faible indice de 0,425 en 2016. Nous avons évoqué par ailleurs, des difficultés que rentre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso dans le développement de leurs échanges bilatéraux. Comme partout en Afrique de l'Ouest, nous relevons le déficit d'infrastructures qui se décrit par le non achèvement et le manque de réhabilitation des routes et des voies ferrées entre les pays. Le déficit d'énergie fragilise le transport. Concernant l'utilisation de l'internet, La pénétration et l'utilisation de l'internet est encore faible en Côte d'Ivoire et au Burkina Faso. Cependant, la Côte d'Ivoire est plus avancée dans le domaine de l'internet par rapport au Burkina Faso. La dynamique haussière de l'utilisation d'infrastructures financières ne s'accompagne pas d'une facilité d'accès au financement du commerce. Enfin, dans la troisième partie de nos résultats, nous avons dans un premier temps présenté la situation des critères de convergence de la Côte d'Ivoire et du Burkina Faso selon la norme UEMOA. Puis dans un second temps, nous avons estimé le modèle de gravité de panel en privilégiant la méthode Tobit afin de confirmer ou infirmer de façon empirique nos hypothèses de recherche. · Les résultats économétriques : le modèle de gravité Les résultats économétriques basés sur le modèle de gravité nous permettent de consolider les résultats théoriques et enfin de confirmer ou d'infirmer nos hypothèses. Nous relevons que le PIB est en croissance (7,43%) en 2018 en Côte d'Ivoire contre 6,51% au Burkina Faso à la même année. Quant à l'inflation, elle est en baisse jusqu'en 2018 dans les deux pays. Cependant elle reste significative en Côte d'Ivoire (0,42%) par rapport au Burkina Faso (1,86%). La variante Fta présente un signe positif et significatif. Cela indique que l'appartenance à une zone de libre-échange permet d'harmoniser les politiques sectorielles et facilite alors les échanges. La ratification, la notification améliore les relations bilatérales entre les pays et les agents économiques ont plus de liberté dans l'exercice de leurs activités commerciales. Cependant, les économies ouest-africaines étant fragmentées, la création de l'UEMOA n'a pas permis l'augmentation du commerce. Mais plutôt le détournement de commerce. C'est ce qui explique la faiblesse du commerce bilatéral intra-africain entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso. Par ailleurs la création de l'UEMOA permet de faciliter les échanges intra-africains à travers les mesures communautaires de facilitation des échanges et de libre circulation en vigueur. Ainsi, notre hypothèse selon laquelle « l'engagement dans l'harmonisation des politiques sectorielles et la mise en oeuvre des mesures communautaires de facilitation du commerce, influe positivement sur les relations bilatérales » est confirmée. Concernant les variables muettes de contrôles, nous avons des coefficients avec des signes attendus et significatifs. Les partenaires qui ont une langue commune commercent entre eux qu'avec les autres. L'enclavement d'un pays ne favorise pas les échanges. Les résultats du modèle montrent que l'appartenance à un accord commercial et à une zone monétaire unique influe sur le commerce entre les pays membres. Par conséquent, les pays qui partagent une monnaie unique échangent plus que les pays hors de l'union monétaire. En outre, le produit intérieur brut influence positivement le commerce bilatéral comme l'indique notre modèle à travers le signe positif. Et la distance réduit le commerce. Enfin, le taux d'inflation baisse tout en restant positif. La maîtrise de l'inflation est donc très importante pour le développement du commerce. Car l'alternance de la hausse ou de la baisse de l'inflation pourrait accroître ou diminuer le commerce. Dans le cadre du commerce bilatéral entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso, nous avons les mêmes observations : le PIB augmente en Côte d'Ivoire et au Burkina Faso, l'inflation présente une tendance à la baisse, les deux pays partagent la même langue et la même monnaie. Cette situation pourrait donc expliquer la faible dynamique haussière du commerce bilatéral eu égard les signes attendus des coefficients. De tout ce qui précède, notre hypothèse selon laquelle « la faible dynamique haussière des échanges commerciaux entre la Côte d'Ivoire et le Burina Faso s'explique par la croissance du PIB, la baisse de l'inflation, le partage d'une langue commune et d'une monnaie unique » est confirmée. Relativement à la troisième hypothèse de recherche, nous avons présenté l'évolution des indicateurs de convergence en Côte d'Ivoire et au Burkina Faso édictés par la Commission de l'UEMOA. Nous avons ensuite procédé à la comparaison des variantes de l'estimation avec la situation de convergence des deux pays en 2018. Il ressort de l'analyse des indicateurs que la Côte d'Ivoire a pu satisfaire à deux (2) critères de premier rang sur trois (3). Il s'agit du taux d'inflation annuel moyen (0,42%) et de l'encours de la dette publique totale par rapport au PIB (48,2%). Le solde budgétaire global par rapport au PIB nominal n'est pas respecté. Concernant les critères de second rang, la Côte d'Ivoire n'a pu satisfaire à aucun des critères sur les deux. Au total, la Côte d'Ivoire a pu respecter deux (2) critères sur les cinq (5). Concernant le Burkina Faso, le pays affiche la même situation de convergence que celle de la Côte d'Ivoire : deux (2) critères de premier rang sur trois (3) sont respectés et aucun critère de second rand. Ce qui fait également un total de deux (2) sur cinq (5). Par ailleurs, les prévisions indiquent que les trois critères de premier rang seraient respectés à partir de 2019 et se maintenir jusqu'en 2023. Car le critère clé de premier rang relatif au solde budgétaire global serait respecté par les deux pays. En outre, un critère de second rang serait respecté à partir de 2021 pour se maintenir jusqu'en 2023 par la Côte d'Ivoire. Le Burkina Faso respecterait un critère de second rang à partir de 2020 pour se maintenir jusqu'en 2023. Cette situation rapporterait donc le nombre de critères respectés à quatre (4). A la fin de l'exercice 2018, Il apparaît qu'aucun des deux Etats ne respecte les critères de convergence à 100%. S'il est vrai que les critères de premier rang sont partiellement respects par la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso, aucun de ceux de second rang n'est respecté par les deux pays. Au regard des critères de convergence, nous pouvons dire la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso continuent de faire des efforts allant dans le sens de la convergence des politiques macroéconomiques selon la norme UEMOA dont ils sont membres. Malheureusement, il faut reconnaître que les résultats obtenus après plusieurs années d'efforts sont toujours en deçà des espérances. Ainsi, notre hypothèse selon laquelle « la situation de la convergence des politiques macroéconomiques selon la norme UEMOA révèle l'intégration économique de la Côte d'Ivoire et du Burkina Faso » est infirmée. En somme, notre objectif général qui était d'étudier la contribution de la coopération au développement des échanges bilatéraux dans une perspective d'intégration économique sous-régionale de la Côte d'Ivoire et du Burkina Faso est atteint. Le renforcement de l'intégration économique s'avère nécessaire car les relations intra-africains ont eu un impact positif sur le développement des échanges bilatéraux entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso avec une faible tendance haussière. Ainsi, notre hypothèse générale selon laquelle « la coopération contribue à la croissance des échanges bilatéraux et au renforcement de l'intégration économique entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso » est confirmée. Le Traité d'Amitié et de coopération (TAC) est le catalyseur des relations ivoiro-burkinabé. Par conséquent, il contribue au développement des échanges bilatéraux et au renforcement de l'intégration économique entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso. · Implications S'il est vrai que le TAC a un impact sur les échanges bilatéraux entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso, il n'en demeure pas moins de faire des suggestions afin d'améliorer les performances, eu égard au non-respect de la totalité des critères de convergence : gage de l'intégration économique sous régionale. Les deux pays devraient continuer à maîtriser l'inflation. L'ensemble des critères de premier rang serait respecté par les deux pays à travers la mobilisation effective des recettes, la rationalisation des dépenses, la mise en oeuvre des mesures de lutte contre la cherté de la vie et la mise en oeuvre de la stratégie d'endettement. Quant aux critères de second rang, une maîtrise de la masse salariale et l'amélioration des recettes devrait permettre aux deux pays de se conformer aux normes communautaires. Les indicateurs de la qualité des institutions ont été passé en revue dans les faits stylisés, mais non pas été pris en compte dans l'estimation du modèle de gravité. Nous pensons que ces indicateurs pourraient être pris en compte dans les modèles économétriques des études futures sur le commerce bilatéral entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso. Concernant le développement des échanges, la diversification des produits et l'augmentation des parts de marchés de l'UEMOA permettraient la consolidation des avantages comparatifs et contribuer à améliorer le PIB ainsi que le niveau de vie de la Côte d'Ivoire et du Burkina Faso et des autres pays de l'Union. Cet aspect n'a pas été abordé dans notre étude. Il peut être considéré comme une limite de la portée de notre étude aussi comme une extension des analyses. Toutefois, l'étude a montré que la coopération étroite entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso à travers le TAC a eu un impact sur la croissance des échanges bilatéraux et l'amélioration des relations diplomatiques. Ainsi, la promotion du TAC pourrait-elle contribuer au développement des échanges intra-africains et au renforcement de l'intégration économique sous-régionale de la Côte d'Ivoire et du Burkina Faso. Le TAC par ailleurs peut être considéré comme un modèle de coopération pour le renforcement de l'intégration économique sous régionale. Références Bibliographiques· Les ouvrages généraux Bach C. Daniel, (1996), Crise des institutions et recherche de nouveaux modèles, in Intégration et coopération régionales en Afrique de l'Ouest, Paris-Ottawa, KARTHALA-CRDI, ISBN 286537663X, p 95-122. 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