0 : INTRODUCTION GENERALE
0.1. Contexte de l'étude
La partie Est de la RD. Congo a souffert des décennies
de violences prolongées et cycliques. Au Nord-Kivu, la période de
stabilité a connu plusieurs formes de menace passant par la
prolifération des groupes armés dans la région. Cependant,
le contexte de conflits au Nord-Kivu devrait être pris sous un angle d'un
jeu complexe entre les dynamiques locales, nationales et régionales qui
accentuent et génèrent mutuellement les cycles de violence. Ce
type de violence persistante a eu un profond impact dans la vie des congolais
ces dernières années, conduisant à la destruction des
infrastructures, le ralentissement du développement et
l'altération de la cohésion sociale. Les principales causes
à la base de conflits ont révélé des
inégalités structurelles très prononcées. Le
conflit continue à persister en dépit des efforts
déployés pour amener la paix et la stabilité dans la
région. Le Territoire de Rutshuru a connu une relative période
d'accalmie.
Cependant, certains groupes armés continuent à
opérer (recruter des combattants) dans ce territoire, parfois n'ayant
pas de revendication précise, usant des méthodes susceptibles de
provoquer des tensions, divisions ainsi que des conflits structurels. La
population de Rutshuru vit sous la menace d'une possible résurgence de
la violence. Les conflits opposant les communautés d'accueil et les
retournés, les agriculteurs et éleveurs, les grands
concessionnaires et les petits concessionnaires, restent tous
interconnectés et débouchent sur des conflits ethniques,
identitaires et de citoyenneté. Tous ces aspects et questions de
légitimité ou «d'autochtone» restent
particulièrement pertinents dans le Territoire de Rutshuru du fait de sa
position frontalière avec des pays voisins.
Dans les situations de conflit, les femmes et les hommes n'ont
pas le même accès aux ressources, au pouvoir et à la prise
de décisions, avant, pendant et après les conflits. Les femmes et
les hommes vivent des expériences nettement différentes dans les
cas de tensions, de guerre et de reconstruction une fois le conflit
terminé.
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Les considérations de sexe doivent donc entrer en ligne
de compte dans l'analyse des situations de conflit, et pourtant il y a peu de
statistiques sexuées dans ce domaine1.
En dépit de ce constat terrifiant, les femmes, bien que
victimes de guerre, jouent un rôle clé dans la survie de leur
famille pendant les périodes de troubles et de destruction. Elles sont
particulièrement impliquées dans les mouvements de défense
de la paix en sensibilisant leur communauté à une culture de la
paix. Cependant, elles restent absentes des négociations de paix. La
participation des femmes aux négociations de paix reste ad hoc, pas
systématique il est en moyenne moins de 8 pour cent des 11 processus de
paix pour laquelle ces informations sont disponibles. Moins de 3 pour cent des
signataires des accords de paix sont des femmes. Lorsqu'elles participent aux
négociations, c'est souvent comme représentantes d'ONG, rarement
au nom des institutions nationales ou internationales2.
En ce qui concerne l'importance d'inclure les femmes, les
perspectives de genre dans la planification et la mise en oeuvre des
opérations de paix sont de plus en plus reconnues, mais restent encore
largement sous-représentées dans la plupart des domaines des
opérations de paix de l'ONU, aux négociations de paix et dans la
gouvernance nationale, en particulier aux niveaux supérieurs. Les
problèmes des femmes sont souvent une faible priorité et le
soutien inadéquat. Les attitudes envers la participation des femmes dans
de nombreux pays et organisations constituent un obstacle important au
progrès. En outre, les politiques échouent souvent à
traduire en objectifs opérationnels et l'impact efficace sur la
situation des femmes sur le terrain3.
Tous ces conflits ont un point en commun : les femmes forment
le groupe social le plus durement touché par cette violence et ce,
principalement en raison de leur sexe4. Malgré ce triste
constat et le fait qu'elles représentent la moitié de
l'humanité5,
1 Liliane Perrin et Miriam Donsimoni : Les
femmes dans les territoires en conflit. Liber Amicorum : Hommage du Professeur
Jacques Fontanel, Editions l'Harmattan.
2 UNIFEM's research on women's participation in
peace processes (forthcoming, 2010), cité par Lilian Perin et Miriam
Donsimoni.
3 UNIFEM, forthcoming, 2010. Op Cit.
4 Lindsay, 2000; UNRISD, 2005;
Kauffman et Williams, 2010.
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les femmes sont trop souvent mises à l'écart
lors des analyses des conflits armés. Elles sont soit,
complètement invisibles soit, décrites comme victimes passives et
sans recours. Au plan académique, nombre de chercheur(e)s ont
démontré, au cours des dernières années, un vif
intérêt pour les questions relatives aux femmes et aux filles en
temps de conflits armés.
Il m'apparaît toutefois important de s'intéresser
aux expériences des femmes de Rutshuru
hors du cadre des représailles et victime contre ces
dernières. À ce sujet, il est particulièrement
pertinent d'examiner le potentiel de ces femmes en tant qu'actrices
engagées dans les processus de paix et de s'interroger sur la
portée de leurs actions non seulement au niveau local, de la chefferie,
du territoire national, mais également au niveau international. Dans le
souci d'instaurer un système harmonieux et coordonné de promotion
de l'alignement, la gestion mutuelle.
La mise en place de ces structures gouvernementales et de la
société civile sont très diversifiées dans les
entités cibles. A Bwisha, le CLPD connait une nette avancée, mais
exige toutefois de consolider les acquis et renforcer le niveau
d'opérationnalisation et d'utilisation des outils de gestion des
conflits mis à leur disposition ainsi que ceux de coordination des
interventions et suivi de la planification du développement local.
Les structures locales installées principalement dans
le territoire de Rutshuru, élargissant leurs activités aux
entités et services déconcentrés, les animateurs des
structures locales nécessitent un renforcement de capacités en
terme de cohérence entre la planification du développement local
et la décentralisation ainsi que pour les notions des
tutelles6; mais aussi au respect de la loi n°15/013
portant modalité de droit de la femme et de la parité, de son
chapitre 2 à son article 10 et le respect de l'article 14 de la
Constitution de la République Démocratique du Congo qui stipule
que « les pouvoirs publics veillent à l'élimination de toute
forme de discrimination à l'égard de la femme et assurent la
protection et la promotion de ses droits, la mise en application de la
résolution 1325 des nations unies.
5 Convention sur l'Elimination de toutes les
formes de Discrimination à l'Egard des Femmes(CEDEF)
6 CPAP, 2015.
7 United Nations, 2002.
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