Les méthodes actives peuvent-elles favoriser l'entrepreneuriat ?par Serge THIEBAUTGEORGES Institut de Formation Continuée de JONFOSSE - Enseignement Supérieur Pédagogique de Type Court 2016 |
Les deux spécificités de l'entrepreneur : 1. Il n'est tout simplement pas possible à l'entrepreneur d'être spécialisé dans toutes les techniques nécessaires à la gestion d'entreprises (il ne peut à la fois être expert-comptable, juriste, psychologue, ingénieur spécialisé dans son produit ou service, commercial, parler le chinois et l'anglais, etc...)30. 2- Il n'opère pas en autarcie et est un représentant incontournable d'un «corpus social» ayant des responsabilités sociétales importantes (emploi, formation, santé au travail, plus value sociale, mécénat, environnement, impôts,...)31 En conclusion, une vision uniquement technocentrique de l'enseignement serait donc déficitaire, l'entrepreneur ne pouvant pas, par nature, acquérir complètement la somme des savoirs nécessaires à son métier, il lui faut bien développer d'autres aptitudes pour y pallier. 32 Il conviendrait donc d'en passer par les méthodes actives pour compléter la formation des étudiants en gestion qui se destinent à entreprendre.33 C'est le postulat que je propose de développer pour répondre à la question posée, j'en reparlerai plus tard car pour l'instant, il me semble important d'approfondir encore notre connaissance de l'entrepreneur de manière à avoir une perception suffisamment vaste de ses besoins. Je le propose ici comme un prérequis pour comprendre la cohérence des chapitres suivants. Définition de l'entrepreneur «Un entrepreneur est une personne à l'origine de la création d'une activité économique». «Formulé différemment, un entrepreneur est un chef d'entreprise qui possède les compétences et la motivation suffisante pour créer une activité économique, se lancer sur un secteur d'activité, créer des emplois, etc. Plusieurs éléments caractérisent un entrepreneur : une implication forte dans son projet, un investissement matériel et/ou moral important, une personnalité marquée par un leadership naturel. À la différence d'un homme d'affaires, l'entrepreneur n'est pas prioritairement attiré par la maximisation des profits, mais davantage par la pérennisation de son activité». 34 Je compléterai tout de même cette définition en ajoutant qu'il existe des entrepreneurs du social, des entrepreneurs de l'humanitaire, de l'environnemental etc...35 30 Séance d'information aux candidats entrepreneurs, Job'In Guichet d'entreprises, 2002. 31 Voir Le défi de l'entrepreneur responsable, par Olivier Marquet, séminaire du 01-03-2008 pour Philosophie et Management asbl. 32 Les hommes et les technologies; approche cognitive des instruments contemporains, Pierre Rabardel pour Hal, Université de Paris 8. Armand Colin, pp239, 1995. 33 Réflexions autours d'une pédagogie innovante pour l'accompagnement entrepreneurial, par Loyda Gomez Université de Lorraine. Paraphrase de la page 6 en introduction. 34 Selon le site : http://www.journaldunet.com/business/pratique/dictionnaire-economique, consulté le 26 mars 2016 35 J'en veux pour exemple mon employeur actuel, Pierre-Philippe Marchand, fondateur de nombreuses institutions liées à l'Aide à la Jeunesse et qui par incidence a créé près de 80 postes dans la région de Liège. Il a d'ailleurs écrit un livre à ce sujet « La gestion quotidienne de l'imprévisible » aux éditions Dricot, Vie et Santé-Pédagogie, 2010 19 D'ailleurs, l'enseignement, le monde des formations, les plates formes de travail en réseau, commencent à s'intéresser à cette catégorie d'entrepreneurs de plus en plus présente et qui nécessite le développement de nouvelles approches pédagogiques36. Interrogeons nous maintenant sur les raisons pour lesquelles la priorité doit être données aux compétences et pourquoi les méthodes utilisées doivent permettre leur mobilisation en situation complexe. Devenir entrepreneur c'est avoir 4 métiers, ah bon ? 37
Savoir faire c'est bien, savoir dire ce qu'on sait faire c'est mieux, savoir vendre ce que l'on sait faire en le disant bien, c'est le secret du succès ! Je ne pourrais vous dire ou j'ai entendu cette citation mais je l'ai retenue tant je trouvais qu'elle résumait bien la problématique rencontrée par beaucoup de candidats entrepreneurs. A savoir, qu'au début de leur parcours, ils sont d'excellents techniciens, ayant souvent des années 36 http://www.academie-es.ulg.ac.be, consulté le 27 mars 2016 37 Références : Séance d'information aux candidats entrepreneurs, Job'In Guichet d'Entreprise, 2002. Séance inspirée par des formations de l'APCE (Agence Pour la Création d'Entreprises, Paris) 20 d'expérience en tant que salariés mais aucune idée de ce que veut dire «vendre» ! Cela signifie également qu'il leur faudra développer quelques autres «qualités»; la sociabilité, l'empathie et l'écoute nécessaire afin de se placer du point de vue du client et de comprendre ses besoins, la capacité à établir des relations de confiance avec autrui, la capacité de développer et d'entretenir un réseau relationnel, etc... Sans compter que cette « confrontation » avec la partie commerciale se révélera souvent être un problème avant même le démarrage de l'entreprise; les aspects commerciaux devant absolument être abordés dans la phase de préparation du projet de l'entrepreneur. J'y reviendrai et cela établira également la cohérence avec le travail que je propose aux élèves. J'irai plus loin, ce sont les aspects commerciaux qui décideront de valider ou d'invalider la viabilité du projet, et ce dés la phase d'analyse préalable. 3. L'entrepreneur est aussi et surtout un «Gestionnaire».Cela signifie, qu'en plus de l'aspect technicien et commercial, il doit posséder des compétences de gestion comptable, financière, analytique, prévisionnelle, et des notions de management pour la gestion des ressources humaines, etc. Ces compétences seront nécessaires également dés la phase d'analyse du projet; il faudra réaliser un plan de financement, un plan d'investissement, un plan prévisionnel, un plan de trésorerie. Ensuite, durant la vie de l'entreprise, il faudra au quotidien, comprendre les tenants et les aboutissants des données financières, pouvoir anticiper les dépenses et les investissements, ne pas confondre son bénéfice et son chiffre d'affaires, ne pas confondre sa trésorerie et la TVA, pouvoir rapidement adapter le paiement de ses cotisations sociales et ce sans attendre la réévaluation réelle faite par l'administration après la période du forfait. Ceci afin de ne pas devoir repayer des sommes importantes et souvent non planifiées. En effet, sur ce dernier point précis, qui est un problème connu et qui a pourtant précipité la fermeture de beaucoup de petites entreprises dans le courant de la troisième année d'activité, l'on ne sera jamais trop prudent. Tant d'écueils font que cet aspect gestionnaire est le seul et le dernier qui devrait être délégué. Pourtant malheureusement, parce qu'ils le jugent d'une trop grande complexité souvent, beaucoup trop s'encourent chez le comptable et abdiquent cette responsabilité qui consiste à préparer son projet soi-même. Les spécialistes peuvent s'entendre pour faire dire aux chiffres et aux statistiques ce que l'on veut qu'ils disent, il est donc tentant de déléguer sur eux, en tout ou en partie, sans compter que l'on pressent ainsi que l'issu en serait plus favorable. «C'est en portant son projet que le candidat devient entrepreneur». J'ai pu vérifier maintes fois, par l'expérience, à quel point il est important que le candidat entrepreneur puisse pleinement s'approprier son projet par un travail d'expérimentation qui permet l'essai-erreur, et qui est encadré par l'expert plutôt que fait par lui. Ce n'est pas une affirmation gratuite, je l'ai réalisé pleinement en accompagnant à la création d'entreprises une centaine de porteurs de projets, ceci alors que je travaillais chez Job'In Guichet d'Entreprises (et Organisme d'insertion socio-professionnelle). En tant que conseiller d'entreprises pour cet organisme, j'étais également chargé de superviser et de corriger les plans d'affaires avant qu'ils ne soient soumis aux instances de financement (Fonds 21 de participations, banques privées ou coopératives, etc). Il me fallait bien souvent résister à la tentation de faire coïncider les chiffres pour qu'ils soient favorables aux porteurs des projets et qu'ils obtiennent les financements. En effet, il me fallait me rappeler, moi aussi, qu'un bon plan d'affaires est celui qui démontre la viabilité de l'entreprise tout autant que de démontrer l'inverse. 4. L'entrepreneur doit enfin être un «chef d'entreprise».Aristote stipule que «la totalité est plus importante que la somme des parties» Loin d'être bateau, cette formule signifie que; c'est de la capacité à faire concorder et à coordonner les trois métiers qui précèdent, et ce dans la psychologie d'un seul individu, que l'on va arriver à une dynamique permettant de créer de l'entrepreneuriat et de former des entrepreneurs ayant une chance de démarrer réellement une entreprise d'une part, et de la faire perdurer dans le temps d'autre part38. Pour résumer : - Avoir une solide compétence technique dans un domaine est un atout indispensable. - Être capable de se vendre et maîtriser les aspects commerciaux et communication de son projet est incontournable, être capable de développer et d'entretenir un réseau professionnel et personnel. -Gérer les aspects comptables, financiers, juridiques, prévisionnels, de son entreprise et en maîtriser les tenants et aboutissants, est inévitable à tous les stades de la vie de l'entreprise. -Créer une belle synergie sur les aspects cités dans les points précédents, dans une dynamique complexe nécessitant flexibilité et adaptabilité constante des savoirs et des compétences. Tout cela représente le minimum que l'on puisse attendre d'un entrepreneur pour qu'il ait une chance de succès dans la réussite de ses aspirations. 38 Une étude du Syndicat des Indépendants et des PME (SDI) stipule que seules 66% des entreprises sont encore en activité après 5 ans. Le Vif l'Express, 6 mai 2014, article d'Arnaud Lefbvre. 22 4 . Lien entre les spécificités du candidat-entrepreneur et le travail proposé aux élèves.En proposant la réalisation d'un plan d'affaires les élèves et moi pourrions travailler en partie en mettant en pratique la pédagogie du projet. Partant des constats liés aux chapitres précédents, cela semblait être la réalisation qui correspondrait le mieux aux besoins des élèves en permettant une re - contextualisation des matières acquises. Le but étant de valider au final si oui ou non cette re-contextualisation pourrait avoir un impact sur leur motivation. De plus, il me fallait également vérifier si l'acquisition de nouvelles compétences serait facilitée par les mises en situations dans les phases d'exercices préparatoires à chaque étape de travail. Enfin, j'avais développé, aux cours des années, une expertise technique concernant le plan d'affaires et je pouvais apporter un réel « plus » aux élèves. J'étudiais donc attentivement le programme pour trouver comment intégrer celui-ci dans le cursus des étudiants39. La méthodologie à mettre en place devait tenir compte des paramètre suivants :
39 Code 71601U22D3, Code du domaine de Formation: 701. Document de référence Inter-réseaux. Connaissance de Gestion de Base. 40 En réalité qu'ils travaillent seul et en groupe sur leur plan d'affaires et que cela soit le prétexte à articuler les savoirs entre eux en en démontrant la cohérence et la pertinence. 41 Et donc pas le simple travail sur un plan d'affaire général; ce qui n'aurait pas eu le même impacte sur la motivation, ni permis de questionner ensuite afin d'apprécier si la méthodologie avait eu un impact, soit positif, soit négatif, sur la motivation finale de se lancer comme néo-entrepreneur. 23 négocié avec les élèves. 8. Il me faudrait concevoir un outil me permettant d'obtenir des étudiants des informations relativement à leur motivation avant et après le projet, ceci afin d'évaluer mon action. J'ai présenté mon idée à ma titulaire de classe et reçu de sa part soutien et autorisation d'en faire la proposition aux élèves. A ma grande surprise (et à mon grand soulagement aussi ! ), ceux-ci embrayèrent avec enthousiasme à l'idée que la formation puisse, d'une certaine façon, s'individualiser de cette manière. Il nous manquait juste à codifier correctement les différentes étapes et à établir entre la maître de stage, les élèves et moi-même un calendrier de travail cohérent. Il s'avérait qu'il y aurait des périodes de «creux», nécessitées par la matière que l'enseignante voulait voir seule avec sa classe d'une part (de manière à avancer car ma demande de travailler en actif faisait craindre une prise de retard dans la vue du programme) et par la nécessité de laisser parfois un peu de temps aux élèves après certaines leçons, de manière à accomplir le travail à domicile nécessaire à la leçon suivante. Résumé des accords pris avec le élèvesChaque point de matière nécessaire à la réalisation d'un plan d'affaire serait vu lors de travaux en groupe dans une méthode active. (celles-ci seront explicités en détails dans la partie pratique). Les élèves travailleraient ensuite en individuel et feraient leurs recherches afin d'appliquer la matière vue à leur plan d'affaires individualisé en classe et sous forme de devoirs. Les difficultés rencontrées par les élèves lors du travail personnel donneraient lieu à une mise en commun, de manière à ce que celles-ci puissent servir à la fois de synthèse et de remédiation pour le groupe tout entier, ceci de façon à ce que personne ne reste bloqué dans une problématique personnelle sans avoir la possibilité de faire appel, soit au groupe ou par défaut au professeur, pour trouver une aide, une réponse, une méthodologie, une solution. J'ai convenu également avec les élèves que sur cette troisième étape, il était primordial que l'entraide entre élèves joue et que l'accent serait mis sur l'autonomisation (chercher soi-même les réponses et de préférence présenter en classe les solutions déjà préconisées et à valider avec le professeur). Nous avons convenu que seuls les exercices en classe seraient partiellement évalués et que le travail final ferait l'objet d'une auto-évaluation. Pour ce qui est du plan d'affaires en lui-même, le professeur stagiaire reprendrait tous les plans d'affaires des étudiants afin de les commenter et de permettre une auto-évaluation basée sur des critères objectifs. 24 5. Informations sur le plan d'affaires pour mieux comprendre la démarche.Dans la partie pratique, Il ne sera bien évidemment pas possible de détailler toute la matière qui sera abordée durant les leçons. Aussi, à la relecture de la partie théorique, il me semblait tout de même qu'il manquerait une information importante pour le lecteur. Bien que cette information ne soit pas indispensable pour comprendre le déroulement des leçons, le choix des séquences, le choix des méthodes pédagogiques, le plan d'affaires en abordant les aspects les plus éclectiques, est réellement un outil d'appropriation du projet par l'étudiant qui lui permet une réelle prise de conscience de sa responsabilité d'une préparation sérieuse d'une part, ainsi qu'une meilleure compréhension de la nécessité d'avoir connaissance des forces et faiblesses de son projet d' entreprise d'autre part. Ainsi donc, puisque le plan d'affaires est tout de même l'un des acteurs majeurs de cette épreuve intégrée, je propose à ceux qui le souhaite d'en donner une définition claire et d'aborder brièvement les différentes sections. Voici la définition qu'en donne le site spécialisé «Droit et Finance.net» «Le business plan est un terme d'origine anglo-saxonne signifiant plan d'affaire, et qui désigne un document formulé préalablement à une décision d'investissement ou à un projet. Il permet d'anticiper de la façon la plus objective possible l'avenir probable du projet ou de l'investissement. Il doit notamment mettre l'accent sur les éléments susceptibles d'altérer le projet ou l'investissement afin de pouvoir anticiper les potentiels risques et opportunités. En outre, il formalise les actions et moyens nécessaires» Cette définition met l'accent sur deux concepts importants du plan d'affaire : la notion d'objectivation du projet et la notion d'anticipation. En effet, la plupart des candidats à l'entrepreneuriat n'ont pas idée par avance de la complexité des démarches nécessaires à l'objectivation d'un projet d'entreprise. Cette objectivation est essentielle car elle confrontera le candidat à la réalité des défis, des écueils, des périls, qu'il faudra anticiper au maximum. Le plan d'affaire permettra également de quantifier précisément les besoins du futur entrepreneur et lui demandera de trouver les ressources correspondantes à ces besoins. Il permettra également de réfléchir en terme de planification, en exigeant de l'entrepreneur en devenir d'établir un tableau de bord avec des objectifs, ces objectifs permettront, mois après mois, de savoir si l'entreprise est viable ou si elle court un grand danger. L'élément social et les responsabilités sociétales liées à la démarche entrepreneuriale sont à prendre avec le plus grand sérieux, la plupart des candidats à l'aventure vont soit quitter un emploi salarié, soit investir une grande partie de leurs économie, soit s'endetter, soit les trois à la fois. Pour couronner le tout, un entrepreneur est rarement seul dans l'aventure, celle-ci implique l'adhésion et le soutien de tout un environnement, familial le plus souvent, conjoint et enfants sont concernés au premier chef. En cas de mauvaise préparation, de plan peu crédible et mal pensé, c'est la catastrophe qui guette et ce sera une vague déferlante qui submergera l'entrepreneur et ces proches. De plus, pour couronner le tout, même si l'entrepreneur a démarré son affaire dans une forme sociétaire qui limite sa responsabilité (sprl, sprlu, scrl, sa, etc), le plan d'affaire est déposé chez le notaire sous pli fermé. En cas de faillite, si celui-ci n'était pas sérieusement préparé et que les experts chargés de l'examiner à posteriori se rendent compte que les dés étaient déjà pipés dés le départ, il est très probable que le verrou juridique de la responsabilité saute et que les tiers lésés, dont certains sont 25 hautement prioritaire (TVA, ONSS, Impôts des sociétés et sur le revenus, etc), puissent se rembourser sur les biens privés. Plus d'un entrepreneur s'y ai laissé prendre et a vu emporter voitures et maison dans la tourmente. Je sais que cet état des lieux peut sembler négatif, voir démotiver certains, dans le secteur de la création d'entreprise ce phénomène est qualifié pourtant de «démotivation positive» tout simplement parce qu'un plan d'affaires n'a pas pour vocation de vous dire ce que vous voulez entendre mais de vous dire la vérité ! Et oui, l'adjectif «bon» plan d'affaires s'applique autant à celui qui a démontré la viabilité d'un projet qu'à celui qui a prouvé l'inverse et vous dissuade de vous lancer dans une aventure trop périlleuse. Je vous propose d'entrer dans le vif du sujet. Quel sont les sections qui composent le plan d'affaires ? 42 Tout d'abord il faut savoir qu'il n'existe pas un canevas officiel ou formel pour le plan d'affaire, celui-ci peut être présenté de manière libre et il existe de nombreux exemples que l'on peut se procurer sur internet, dans les banques, dans les écoles de commerces, dans les centres d'accompagnement à la création d'entreprises, chez les comptables ou les fiduciaires; pour s'inspirer et aborder les aspects important qui permettront de vérifier la viabilité du projet d'une part et de planifier toutes les phases du lancement et de la pérennisation d'autre part. Mais dans tous les cas, il sera conseillé d'aborder à minima les sujets repris ci-dessous. 1er partie : présentation du projet. -L'introduction consiste à décrire précisément son projet, exactement comme si l'on devait expliquer à son banquier ce que l'on souhaite faire et que cette explication soit suffisamment claire, convaincante et cohérente pour le convaincre que le projet peut réussir et qu'il doit vous prêter de l'argent,. C'est d'ailleurs bien souvent le cas. 2ème partie : historique du projet, présentation du porteur du projet et démonstration de la cohérence du couple porteur/projet. - Ensuite vient la description de l'historique du projet, parler de sa motivation, se présenter pour expliquer la cohérence qu'il y a entre soi et son projet. Quelles sont vos compétences ? Votre connaissance du secteur ? Les études ou formations que vous avez reprises pour compléter votre formation ? 3ème partie : indépendant personne physique ? Forme sociétaire ? Laquelle ? Pourquoi ? - La forme juridique qui est prévue, à réfléchir en fonction des moyens que l'on a, des biens que l'on possède et qui doivent être protégés, de la structure familiale, du nombre de personnes impliquées dans le projet, seul ou avec des associés ? 4ème partie: produits et Services/Fournisseurs/Accords négociés ? - Quels sont les produis et/ou services que vous comptez commercialiser, auprès de quels fournisseurs allez-vous les acheter, à quelles conditions sont-ils prêt à travailler avec vous ? 5ème partie : lieu d'implantation, potentiel de clientèle apporté, démonstration des affirmations, explication de la méthodologie utilisée pour l'étude de marché. - Analyse du marché, ou vous installer, quel est le potentiel clientèle, comment le validerez vous ? 6ème partie : Concurrences ? Forces et Faiblesses face à eux ? Différenciation ? - Quels sont les concurrents potentiels, quelles sont vos forces et faiblesses par rapport à ces 42 Librement inspiré de «Contenu et canevas d'un plan d'affaires, par Lucie Guérin. Wiki pour les jeunes entrepreneurs» 26 concurrents, quels sont les éléments de différenciation que vous apporterez ? 7ème partie : marketing, publicité, actions promotionnelles, image de l'entreprise, supports ? -Quelle sera votre stratégie marketing (produit-prix-place-promotion), et votre communication ? 8ème partie : plan d'investissement. -Quels seront vos investissements ? Listing complet de tous les éléments qu'il va falloir acheter, matériels ou immatériels, avec plusieurs devis prouvant la recherche des meilleurs prix pour tous les éléments amortissables. 9ème partie : plan de financement. -Comment allez-vous financer ces investissements ? Le plan de financement doit être en équilibre avec le plan d'investissement et expliquer comment chacun élément va être acheté et par quel biais il sera payé; fonds propres, emprunts bancaires, emprunts issus d'aides publiques (fonds de participation, fondation Roi Baudoin, banque coopérative), emprunts privés, business angels ? 10ème partie : ratios de rentabilité, fixation des prix de ventes. -Comment allez-vous calculer vos seuils de rentabilité ? Quelles seront vos marges, par produits et par service ? 11ème partie : prévisionnel réaliste, sur trois ans, reprenant le chiffre d'affaire et toutes les charges, y compris les charges liées à l'impôt, aux cotisations patronales et sociales, la rémunération de l'exploitant, etc... -En reprenant les éléments relatifs à votre étude de marché, êtes vous capable d'établir un budget prévisionnel qui confronte votre chiffre d'affaires avec les charges, pouvez-vous établir ce plan de manière crédible sur au moins 3 ans ? 12ème partie : trésorerie, fond de roulement, ratio patrimoine/dettes, données financières diverses permettant d'étayer la rentabilité. -Quels sont vos besoins en fond de roulement et en trésorerie durant la phase de lancement ? Comme on peut le constater, les éléments demandés sont nombreux, chacun peut nécessiter une étude et des recherches poussées. Et encore, les points cités ci-dessus sont non exhaustifs comme expliqué précédemment. En effet, si l'on peut déléguer sa comptabilité à son comptable ou la gestion de son stock à un excellent logiciel ou les aspects juridiques à son avocat, on ne peut pas totalement déléguer son plan d'affaires sous peine de se mettre en danger. Une autre façon de le dire est de comparer cette étape avec la maternité, ou la paternité si vous préférez. Un couple devient parents au fur et à mesure que l'enfant en gestation progresse dans sa vie intra-utérine, l'engouement pour une imagerie médicale en couleur qui tire le premier portrait de l'enfant à venir en haute définition en atteste. A la naissance de l'enfant, les parents seront fin prêts et attendront bébé de pied ferme (mais ils ne savent pas encore à quel point ce qui les attend sera déstabilisant malgré tous leur plans). Ainsi le petit aura sa chambre, et tous les ustensiles nécessaires à sa vie et à sa survie seront déjà prévu à la maison. Dans bien des cas, il sera déjà inscrit à la crèche et même parfois le choix de l'école primaire et secondaire sera fait.Parfois même ils feront des plans à bien plus grande échelle, et au plus ils se projetteront loin et au plus le coefficient d'incertitude augmentera. 27 Bien sûr, tout peut se passer différemment de leur plan, et la loi d'entropie,43 contre laquelle nous luttons tous, se chargera souvent, comme dans chaque projet humain, de mettre sa part de chaos dans leur histoire et de leur rappeler que même un bon plan n'est pas une garantie absolue. Néanmoins, mieux ils seront préparé et mieux cela vaudra pour eux et pour bébé. 43 Plus l'entropie du système est élevée, moins ses éléments sont ordonnés, liés entre eux, capables de produire des effets mécaniques, et plus grande est la part de l'énergie inutilisable pour l'obtention d'un travail. L'entropie est la tendance naturelle à aller d'un état simple à un état complexe, de l'ordre au chaos, ce contre quoi tous nos efforts d'organisation sont en lutte permanente. 28 6. Exposé des bases sur lesquelles j'ai fondé mon action pédagogique.« L'acquisition de la connaissance et de la compétence ne réside pas dans le fait de savoir, mais dans l'habilité d'utiliser le savoir et dans la capacité de transformer les connaissances en comportements. 44» Je vais tout d'abord exposer ce qu'est une pédagogie active : Elle relève des méthodes de ce que l'on nomme l'apprentissage expérientiel 45. Cela signifie que l'élève doit être immergé dans des situations, qui peuvent être réelles ou proches de la réalité, ou qui peuvent être complètement fictives et mises en scène pour les besoins de l'apprentissage. L'objectif est que l'élève utilise ses compétences et les mettent en pratique et qu'il puisse les faire évoluer tout au long de son apprentissage. Voici quelques exemples pouvant être considérés comme relevant de la pédagogie active. -Apprentissage du pilotage dans un simulateur de vol, le pilote est confronté à des situations imprévues qu'il pourrait avoir à gérer en situation réelle. -Mises en situations diverses des étudiants en médecine, confrontés à des situations - problèmes à résoudre seul ou en groupe. Il existe maintenant des mannequins connectés pouvant simuler des malaises ou des symptômes. -Un groupe d'étudiants crée une mini-entreprise dans l'école afin de financer un voyage de fin d'études avec les bénéfices collectés. -Un groupe d'élèves en mécanique restaure un véhicule « ancêtre » pour participer à un rallye au profit de l'école. -Un groupe d'étudiants en comptabilité se voit exposer une situation d'entreprise et doit proposer les écritures comptables qui seraient cohérentes pour établir la situation patrimoniale de celle-ci. -Etc... En quoi l'utilisation d'une pédagogie active est elle-intéressante du point de vue de la formation du candidat-entrepreneur ? -Elle rend concrets des concepts abstraits. -Elle permet une transposition aisée à la réalité et aux projets d'entreprise. -L'apprentissage acquiert du sens pour l'apprenant, ce qui permet une meilleure appropriation des matières enseignées et une meilleure mémorisation des savoirs46 Après avoir défini que le travail consisterait à la rédaction d'un plan d'affaire et qu'il s'agirait pour chaque élève de réaliser le sien, il me faut justifier dans quelle(s) méthode(s) pédagogique(s) nous allions travailler et en quoi nous serions dans une démarche active, qui s'inspirerait partiellement de la pédagogie du projet, mais pas seulement, et pourquoi cela nous a semblé approprié de la faire ainsi. De plus,il me faut justifier également du choix de travailler en classe sur un « plan fictif » afin de préparer l'élève et de le faire travailler ensuite sur son propre plan d'affaires. Pour ce qui est du choix de la simulation plutôt que le travail en situation réelle voici l'explication qui m'a permis de faire mon choix. 44 Brent Ruben-1999 45 Article de la revue CIPE, le changement en jeu, 2012 46 Article de la revue CIPE, le changement en jeu, 2012 29 « La simulation d'un cas fictif : Maintenant si l'on aborde une définition de la pédagogie du projet communément admise par les professionnels pour voir dans quelle mesure l'on pourrait s'en inspirer pour créer une situation : «La pédagogie du projet est une pédagogie active, fonctionnelle, qui permet aux élèves et au groupe de définir et de participer à une réalisation concrète, au cours de laquelle chaque groupe prend en charge les tâches nécessaires et suffisantes pour mener à bien cette réalisation. L'élève se mobilise ainsi et trouvera à ce moment du sens à ses apprentissages dans une production sociale qui le valorisera»48. On pourrait alors dire que la proposition faite s'inspire en partie de la pédagogie du projet et que l'originalité du concept réside dans le fait de proposer à l'élève une « simulation de projet » plutôt qu'un projet, de manière à lui permettre la distanciation nécessaire afin qu'il s'approprie et développe les compétences nécessaires qui vont lui servir ensuite à réaliser son propre plan d'affaires. Du point de vue du professionnel de l'accompagnement à la création d'entreprises, je justifie également ce positionnement par l'observation que j'ai faites des grandes tensions que vit le candidat-créateur lorsqu'il travaille sur son propre projet, pour beaucoup l'enjeu personnel, familial, financier, affectif, est tellement important que cela les plonge dans un stress majeur, qui parfois empêche même la mobilisation des compétences au niveau requis. Enfin, je souhaitais pour la réalisation du plan d'affaires que : - L'élève participe à une réalisation concrète. - Que chaque groupe et chaque élève prenne en charge les tâches nécessaires pour mener à bien celui-ci jusqu'à sa réalisation. - Il était indispensable que l'élève puisse se mobiliser et mobiliser ses apprentissages en leur donnant du sens. - Il fallait que cela se termine par une production sociale qui le valoriserait. Tout ces points pouvaient effectivement être rencontrés par la pédagogie du projet qui me semblait donc être la meilleure source d'inspiration pédagogique dans ce cas. Toutefois, la première partie n'était pas remplie selon moi: «Partie fonctionnelle qui permet aux élèves de définir une réalisation concrète». Ici, faute de temps, nous n'en avions pas débattu ensemble et ce ne sont pas les élèves qui ont défini la «réalisation concrète» sur laquelle ils allaient travailler, je leur en avait fais la proposition. Et à aucun moment il n'a été proposé d'alternative au groupe. En cela il n'y a donc pas eu, dans cette phase préalable, de recherche active d'un sujet motivant permettant que le projet, en lui-même, soit une décision du groupe-classe et non une proposition unilatérale du stagiaire. Aujourd'hui, je pense qu'à refaire je procéderais d'une autre manière, plus propice pour que la classe puisse, dés la phase préliminaire, participer à la production d'une idée qui saurait la motiver. C'est d'ailleurs dans l'idéal ce qui est préconisé dans les étapes de la pédagogie du projet49 : 47 http://www.echange-cipe.com/cipe/upload/Pedagogie-Active.pdf, consulté le 04 avril 2016 48 D'après le syllabus officiel de l'école Jonfosse dénommé: Formation continuée. Psychopédagogie et Méthodologie, page 20 49 Les étapes de la pédagogie du projet, Formation continuée. Psychopédagogie et Méthodologie, page 20-22 50 Les fonctions de la pédagogie du projet: Formation continuée. Psychopédagogie et Méthodologie, Syllabus officiel page 21. 30 -Projeter. Nous avions bien délimité ensemble les objectifs à atteindre et élaboré un contrat collectif clair avec la classe, mais la partie choix du projet était déficiente, les élèves n'ayant pu débattre et choisir le projet par eux-même. Toutefois et fort heureusement la proposition faite a remporté l'unanimité car elle était vraisemblablement bien ciblée. -Planifier. Nous avions bien élaboré un plan de travail avec les élèves et mis des échéances claires pour chacune des étapes. -Réaliser. Nous avions bien déterminé les différentes tâches nécessaires, le travail en classe et en groupe ainsi que le travail en solo à la maison, nécessaires pour atteindre l'objectif. -Évaluer Nous avions bien déterminé les deux étapes distinctes de l'évaluation. L'une qui porterait sur les exercices faits en classe, exercices de simulation et destinés à maîtriser les compétences et les savoirs nécessaires pour le travail individuel à produire ensuite au niveau du plan d'affaires. L'autre qui porterait sur le plan d'affaires et qui consisterait en une auto-évaluation à faire avec les commentaires et les critères que le professeur stagiaire donnerait. Pour la première étape partiellement loupée, je pense que je me suis laissé embarqué par le stress et la pression du résultat. En effet, il me fallait absolument trouver une idée exploitable dans les méthodes actives et qui répondait à une question que je me posais, et il me fallait réaliser cela dans un laps de temps malgré tout assez restreint. Ainsi, la peur que d'autres propositions faites par les élèves ne me semblent pas praticables et me pousse à négocier, et donc à perdre du temps, me semblait insurmontable. Cela explique sans doute pourquoi j'ai fortement suggéré cette idée au détriment d'une réflexion plus approfondie à mener par le groupe. Fort heureusement, au vu de ce que je savais des besoins du candidat-entrepreneur, ma proposition arrivait fort à point et a été adoptée avec enthousiasme. J'aurais pu toutefois avoir moins de chance et j'espère alors que j'aurais fais preuve de plus de créativité dans ma façon de trouver un moyen de prendre du temps avec la classe pour valider une autre proposition tout aussi motivante, voire peut-être plus. Voici d'autres justifications pour mon choix de proposer de travailler dans une méthode s'inspirant dela pédagogie du projet avec les étudiants des cours de gestion de base de l'ITA.50
51 Les fonctions de la pédagogie du projet: Formation continuée. Psychopédagogie et Méthodologie, Syllabus officiel page 21 31
En conclusion de la partie théorique : Mon choix de m'inspirer de la pédagogie du projet pour effectuer ce travail méthodologique me semble approprié, cette pédagogie active comportait toutes les facettes et tous les atouts nécessaires pour remplir les objectifs que nous nous étions fixé avec le groupe-classe. Ensuite, et bien que 9 élèves sur 11 allaient finalement réaliser leur plan d'affaires, il apparaît tout de même que c'est principalement dans la gestion de la classe au quotidien que j'ai été déstabilisé, quand, par exemple, les groupes n'étaient pas reformés de la manière prévue initialement en raison de l'absence ou du retard au cours de certains élèves. Il m'a souvent fallu improviser dans ces contextes et recomposer les groupes, réexpliquer en aparté à celui qui n'avait pas fait le travail prérequis, etc, en cela j'avais sous-estimé les difficultés que j'allais rencontrer. Aussi et à refaire, c'est surtout dans la phase préparatoire que je passerais plus de temps avec les élèves, de manière à mieux planifier les étapes et les délais et en veillant à ce que le projet puisse être une réelle émanation du groupe-classe afin que l'appropriation soit complète. Nous allons maintenant aborder la partie pratique et voir ensemble comment, concrètement, les leçons se sont déroulées. 32 CHAPITRE 3PARTIE PRATIQUE33 1. IntroductionLa première difficulté à laquelle se heurte tout futur professionnel qui cherche à terminer ses études réside dans le fait de trouver un stage. Bien des fois j'ai douté , et la pression du temps qui passe sans que l'objet tant désiré ne soit dans votre champ de vision a de nombreuses fois fait monter l'angoisse. Aussi, je ne remercierai jamais assez Madame Baeckeland, pour sa patience et pour sa bienveillance à mon égard en tant que stagiaire. En effet, je suis arrivé dans sa classe par la petite porte, notre premier entretien téléphonique, après que le secrétariat de l'ITA m'ait donné son numéro de téléphone, fût d'abord négatif car elle me signifiait qu'elle avait une stagiaire déjà prévue pour janvier et que dès lors, cela allait être trop pour les élèves qui ont un programme chargé, et trop pour elle aussi, car un stagiaire supplémentaire nécessiterait encore un encadrement. J'ai tout de même négocié afin d'avoir quelques heures avant janvier, histoire de pouvoir au moins démarrer, précisant que pour moi, même quelques heures c'était déjà ça de gagné sur mon stage. J'ai ensuite avancé comme argument que j'étais déjà quelqu'un d'autonome, que j'avais une bonne expérience de formateur et que je serais très vite opérationnel, de plus, mon expérience professionnelle en tant qu'accompagnateur à la création d'entreprises et en tant que gestionnaire, me semblait avoir quelque chose à apporter aux élèves. Mes arguments montraient que je voulais prendre ma part du travail dans la formation de ses étudiants et que je ne souhaitais pas, moi non plus, être une charge pour la classe et retarder l'avancée des élèves dans le programme. Comprenant mon désarroi et la difficulté que je rencontrais, elle m'a gentiment ouvert les portes de sa classe, au départ pour quelques heures. J'espère aujourd'hui qu'elle m'a pardonné, car ces quelques heures ont duré et finalement, je prestais 25 périodes réparties sur 8 semaines, avec des interruptions certaines semaines pour laisser le temps aux élèves d'avancer sur les travaux à domicile. Lors d'une séance de travail préparatoire à mon stage, nous nous répartissions une partie du travail et des matières liées au programme et c'est à ce moment là que je me suis approprié la partie liée au plan d'affaires ainsi que celles liées aux démarches nécessaires pour la création d'entreprises, plus quelques points théoriques plus spécifiques comme les mouvements de la TVA. Cela me convenait parfaitement et promettait de me permettre de contextualiser les démarches liées à la création d'entreprise en les mettant en lien avec le plan d'affaires. Voici maintenant ce que nous allons aborder ensemble dans les pages qui suivent : - je vais brièvement présenter individuellement les élèves dans le 1er chapitre, ceci afin de permettre au lecteur de bien comprendre le contexte, le profil des étudiants et leurs attentes. - ensuite, dans le second chapitre je vais expliquer le travail en classe de manière chronologique de façon à ce que l'enchaînement des leçons soit clair et que la narration des cours colle au plus près de la réalité vécue sur le terrain, nous proposerons après chaque bloc de leçons une brève analyse réflexive afin que le lecteur se rendent comptent du cheminement parcourus. - je terminerai enfin la partie pratique par une brève conclusion avant de passer à la conclusion générale qui s'ensuivra et tentera quant à elle d'apporter une réponse à la question posée dans l'épreuve intégrée. 34 2. Présentation des étudiants et du projet d'entreprise de chacun.J'introduis ici les étudiants de la classe de gestion qui vont se lancer dans la réalisation de leur plan d'affaire ainsi que la présentation du secteur d'activité dans lequel ils souhaitent se lancer.
Carine est la plus âgée du groupe, son mari l'a déjà entraînée dans une faillite et la famille en a payé les conséquences pendant près d'une décennie. Elle a décidé d'avoir « sa gestion » de manière à pouvoir démarrer une activité commerciale mais en étant certaine de bien maîtriser les aspects financiers afin de ne pas reproduire les erreurs du passé. Elle souhaiterait ouvrir un magasin de produits maraîchers ou reprendre une friterie. 35
Sassi, vient pour avoir sa gestion, au cas où ça pourrait servir, il n'a pas encore d'idée précise sur ce qu'il pourrait bien en faire. 36 3. Déroulement des leçons par bloc de périodes.Précisions préalables à l'exposé des leçons Les débats, discussions et travaux, effectués durant les 25 périodes de cette partie de mon stage et qui me permirent de réaliser ce projet pour l'épreuve intégrée seront forcément exposés ici de manière schématique et extrêmement résumée, ce qui ne reflétera qu'imparfaitement la richesse des échanges et des discussions avec les élèves. Les leçons seront exposées par « blocs de périodes » et non période par période, ceci afin de ne pas alourdir la présentation et donner lieu à un exposé narratif et explicatif trop long. Néanmoins, parfois cela sera tout de même le cas, lorsque rendu nécessaire par le besoin d'amener des éléments supplémentaires de compréhension pour le lecteur qui pourrait, sans cela, penser que la démarche ou la réflexion était incomplète. Je ne détaillerai par exemple que très rarement; l'objectif général, les objectifs comportementaux, l'objectif opérationnel. J'espère avoir ainsi trouvé un compromis qui donnera suffisamment de détails pour étayer mes choix pédagogiques, expliquer les méthodologies employées et leur usage durant les leçons. Ainsi, naîtra peut être, un exposé suffisamment vivant pour donner une idée de l'ambiance dans la classe, tout en relatant fidèlement l'expérience vécue par les élèves. a) Périodes 0 à 3 : prise de contact, leçon sur les formalités pour entreprendre L'objectif général de la leçon étant d'acquérir la capacité de réaliser les démarches nécessaires à l'installation en tant que travailleur indépendant. Ces trois premières périodes se déroulèrent comme suit : Je suis entré dans la classe en même temps que les élèves et ma maître de stage m'a brièvement présenté en expliquant que j'étais stagiaire. Celle-ci m'avait demandé de pouvoir disposer de la première période de cours sur les 4 de la matinée, ceci afin de terminer la matière de la leçon précédente et de faire un rappel; durant ce laps de temps je m'étais installé dans la classe, en observation. Dans quelques minutes cela allait être à moi et j'étais assez anxieux. Comment allais-je réussir à les embarquer dans le cours dès le début et allais-je réussir à établir un aussi bon relationnel avec les élèves que la titulaire ? Heureusement cette première période se passa rapidement. Finalement, elle tombait bien à point car elle me permis de passer une dernière fois en revue ma première préparation et de m'en imprégner pour avoir à l'esprit les séquences de ma leçon. Puis ce fut mon tour, je me suis levé, laissant la maître de stage aller s'asseoir à la place que j'occupais précédemment, j'ai installé calmement mes notes et ustensiles nécessaires pour donner mon cours, j'ai levé la tête, embrassé la classe du regard, souris et improvisé un démarrage tout à fait différent de celui prévu dans ma préparation. En effet, ma préparation avait été conçue d'une manière très académique, prévoyant dans le détail la méthode et la matière mais oubliant un élément essentiel que je connaissais intuitivement et que je n'avais pas pris la peine de noter concrètement. Ainsi avant même d'ouvrir la bouche, en me plongeant dans les yeux de ceux qui m'observaient, je lisais très clairement «mais t'es qui toi?». 37 Effectivement, j'avais oublié dans ma préparation de prendre du temps pour que nous fassions connaissance ! Mon introduction Je me suis donc installé devant mon pupitre au milieu des élèves et je me suis présenté, en leur expliquant pourquoi j'étais dans la classe, J'ai résumé mon parcours. J'ai expliqué aussi mon souhait de pouvoir les aider au mieux et que cela ne passerait que par une relation de confiance entre nous. Ensuite j'ai demandé à chacun de se présenter, de me parler de lui, de son projet, de ses ambitions, de ses craintes, en expliquant que je voulais réellement connaître d'eux ce qui me permettrait d'adapter mes leçons à venir à leurs besoins respectifs. Enfin, j'ai établi des règles, expliqué que nous allions travailler de manière un peu différente de l'usage, que cela allait peut être les déstabiliser au début mais que ce serait amusant aussi. Cela dit, les visages semblaient plus détendus et j'ai perçu dans les regards que c'était gagné, j'étais reconnu dans mon rôle par les élèves et.... c'était déjà la pause. La pause était l'occasion de prendre un café avec ma maître de stage et d'avoir un premier feedback, elle me dit que j'avais bien fait, que je semblais très à l'aise et qu'elle voyait, connaissant ses élèves, que je passais bien, que j'avais l'air très ouvert et à l'écoute. Elle me rappela aussi que nous avions un timing à suivre. La pause terminée, j'ai redémarré le cours comme si nous nous avions fait connaissance depuis le début de l'année. Pour ne pas trop déstabiliser les élèves j'ai commencé gentiment en leur posant une série de questions qui apparaissaient au fur et à mesure sur un Powerpoint réalisé pour l'occasion. Ayant obtenus du groupe l'ensemble des questions que l'on peut se poser dans le cas d'un démarrage d'activité, j'ai proposé que nous nous concentrions tout d'abord sur la BCE et les démarches à faire pour s'y inscrire, les documents à collecter etc... Les élèves s'attendaient sans doute à ce que je commence à leur donner des explications en reprenant question par question le sujet abordé. C'est à ce moment que je fis basculer le cours en actif, avec humour et beaucoup de plaisir, je les ai surpris car tout au contraire de ce à quoi ils s'attendaient, je leur ai demandé de se constituer en groupe, de mettre les ordinateurs en marche, et de travailler ensemble pendant les périodes qui suivraient à trouver des réponses qui seraient proposées à l'ensemble de la classe. Je leur ai expliqué que nous mettrions le tout en commun ensuite et que nous examinerions ensemble la pertinence de ce qui serait trouvé. Dés que les consignes furent données, j'ai éprouvé une vive inquiétude car pendant un laps de temps qui me parut très long, personne ne bougea dans la classe. Les élèves semblaient figés, comme incapables de mettre en oeuvre ce que je venais de demander, chacun semblait seul dans sa bulle et je fus pris d'un doute. Toutefois, il apparut que le temps semblait plus lent de mon coté car la classe s'anima enfin, j'entendis les chaises bouger et les groupes se formèrent spontanément. Je souhaitais que les élèves ayant des lacunes soient tous pris dans un groupe avec des élèves plus autonomes. Pour être sûr que cette consigne, importante à mes yeux, avait bien été comprise je l'ai vérifié avec la titulaire qui connaissait bien évidement mieux les élèves et pouvait en juger de manière opportune. 38 La classe me semblant trop silencieuse, j'ai précisé aussi «Vous pouvez parler entre vous ! C'est même le but ! » ai-je ajouté en rigolant, les élèves rirent aussi et se mirent au travail. Après quelques dizaines de minutes, les groupes étaient si bien impliqués que j'eus même le temps de discuter avec la titulaire de classe, j'en ai presque conçu de la culpabilité me disant que je ne travaillais sans doute pas assez. Je me rappelais tout de même que j'avais passé pas mal de temps en préparation, presque plus de temps à préparer que les heures prévues à donner d'ailleurs. Pour cette période, nous n'avons pas eu le temps de faire la mise en commun ni la synthèse, il fallait suspendre jusqu'à la fois prochaine et reprendre là ou nous en étions. J'ai salué les élèves; plusieurs restèrent pour engager un dialogue avec moi, en individuel, parlant de leur situation et de leur projet, je leur ai promis que nous allions avoir l'occasion d'en rediscuter car j'aurais une proposition à leur faire. j'avais déjà à l'esprit la proposition du plan d'affaires que j'allais faire lors des prochaines leçons. Brève analyse réflexive de la leçon : Ma première analyse réflexive a été assez critique. Tout d'abord, j'avais basé la préparation de ma leçon sur les prérequis du programme et sur la rencontre préalable avec la titulaire mais je n'étais pas allé observer la classe de façon à me faire une idée par moi-même. Facteur aggravant, j'avais préparé un grand nombre d'heures à l'avance et je m'apercevais qu'il me fallait reprendre une partie du travail et revoir le timing de manière à mieux faire coller la théorie de la préparation à la réalité de la classe et des élèves. Ensuite, je n'avais pas prévu dans ma leçon de période pour faire connaissance avec les élèves et collecter leurs aspirations personnelles, ce qui pourtant allait être primordial pour trouver les arguments nécessaires à les convaincre d'embarquer dans le projet de réalisation du plan d'affaires. Dans les points positifs, j'avais su sortir de ma préparation, ne m'en servir que comme une carte mais sans la confondre avec le territoire. J'avais fais preuve d'empathie et de souplesse et j'avais réussi à créer un lien pédagogique avec les élèves, lien qui permettrait d'établir une relation intéressante pour la suite du stage. Un autre point positif, j'avais réussi à démarrer la leçon en actif et ça, c'était important. Il est vrai que je n'avais pas réussi à voir un point sur les trois et que dès lors, j'étais en retard, mais d'un autre coté, il fallait bien que je me rôde dans la classe et que je prenne mes marques. Aussi, le retard pris ne m'inquiétait pas outre mesure, je devais certes réévaluer ma gestion du temps mais j'avais bien démarré tout de même. Le feed-back de ma maître de stage allait dans le même sens, insistant positivement sur mon relationnel, le fait que j'avais acquis directement la crédibilité nécessaire auprès des élèves mais en me réitérant sa demande de vraiment surveiller le chronographe. Je ne me rendais pas encore compte que c'était lui qui allait être mon principal problème et mon plus grand ennemi dans la classe. 52 Taxe sur la Valeur Ajoutée; taxe indirecte (car prélevée par un intermédiaire qui est l'entreprise) sur la consommation, définition du site http://economie.fgov.be, consulté le 07 avril 2016. 39 b) Périodes 3 à 5: Les formalités pour entreprendre (suite) Voici venu le jour de ma seconde intervention. Le premier cours avait eu lieu le mardi, nous étions jeudi. le délai a donc été court pour revoir mes leçons et m'adapter à la réalité de la classe telle que je l'ai décrite et telle que je l'avais appréhendée lors de ma prise de contact. Le premier cours s'était arrêté dans une relative harmonie, les groupes formés avaient déjà bien travaillé ensemble. Dans mon esprit, il suffirait de reprendre là ou nous nous étions arrêtés et de terminer les recherches, ensuite, de faire la mise en commun et d'exploiter les résultats engrangés. Pourtant, rapidement j'ai constaté que tous les groupes n'étaient pas reformés, il me manquait des élèves, l'un était absent, l'autre en retard, un troisième allait, paraît - il, arriver, et pour couronner le tout, il y avait même des élèves qui n'étaient pas présent lors de ma première leçon et qui était bien là cette fois, ce qui signifiait qu'ils ne savaient encore rien de la façon dont nous avions lancé le travail. Je ne réfléchis pas trop longtemps et agis presque intuitivement en réglant les situations au cas par cas, j'ai décidé de reformer les groupes en demandant à ceux qui avaient reçu les consignes de prendre en charge ceux qui n'étaient pas là et d'expliquer où nous en étions du cours. Ainsi, avec les arrivés tardives et les absences, je me suis aperçu qu'il me fallait apprendre aussi à faire preuve de souplesse, de créativité et développer une capacité d'improvisation dans mon organisation. La leçon a pu démarrer finalement assez rapidement, mais j'ai pourtant suspendu le démarrage quelques minutes afin de toucher un mot aux élèves sur l'organisation des cours, ceci afin de mettre en place rapidement quelques consignes pour les sensibiliser aux problèmes liés aux retards et aux absences et apporter des précisions qui éveilleraient, je l'espérais, aux principes de solidarité et d'autonomie que je souhaitais voir dans les groupes lors du travail. D'une certaine façon je venais ainsi de replacer le cadre et de démontrer que, même stagiaire, je n'en étais pas moins la personne responsable de la bonne marche du cours, garante de la formation de tous. Après cet aparté, nous avons redémarré le cours, les élèves se sont mis au travail après avoir retrouvé leurs marques et les groupes ont repris spontanément leurs recherches. Les élèves en étaient donc arrivés à collecter les informations relatives aux 6 démarches nécessaires pour démarrer une activité en tant qu'indépendant. Dans ces démarches on retrouvait par exemple s'inscrire à la BCE, à une caisse d'assurance sociale, s'inscrire à la TVA52, etc... Je suis passé rapidement d'un groupe à l'autre et ai suivi ainsi chacun des groupes ceux-ci étant au nombre de cinq, il m'a semblé parfois que j'aurais dû développer un don d'ubiquité pour répondre aux demandes assez vite ; cela était assez stressant au début. Les élèves m'interpellaient régulièrement mais j'ai constaté, avec plaisir, que la nature des demandes d'intervention évoluait progressivement. En effet, au début il y avait un manque d'autonomie par rapport aux informations trouvées dans les recherches. Les élèves n'étant pas habitués à la méthode, les premiers échanges étaient donc assez pauvres, tant entre eux qu'avec le professeur - stagiaire. Les deux heures qui suivirent se sont passées dans une excellente ambiance, j'ai observé que chaque membre du groupe s'impliquait plus et que des discussions et des débats commençaient à émerger dans les sous-groupes, les élèves se concertant mieux entre eux et argumentant pour 40 savoir si telle ou telle réponse était cohérente, à prendre, à laisser, etc... La dernière période de la matinée arrivant à grand pas, je me suis résolu à voir avec les élèves où ils en étaient. J'ai demandé à un élève de chaque groupe de représenter son groupe et de venir à tour de rôle inscrire au tableau leurs propositions. Pour chacune des propositions faites, nous débattions avec le groupe-classe au grand complet, validant ou invalidant celles-ci afin d'obtenir un consensus argumenté sur ce qu'il convenait de garder du travail de recherche produit par les sous-groupes. Finalement, nous nous sommes retrouvés avec au tableau les 6 démarches nécessaires pour devenir indépendant et les débats nous avaient donné les raisons et les justifications pour chacune d'entre elle. Le plus intéressant dans la démarche est qu'ayant effectué les recherches eux-même, les élèves avaient intégré les informations au fur et à mesure. Après cette mise en commun et la synthèse, j'ai refermé les deux tableaux de manière à cacher tout ce que nous avions écrit. A ce moment j'ai demandé que les élèves me résument, de mémoire, pour chacune des propositions ce qu'il convenait d'entreprendre comme démarches et m'expliquent le pourquoi de chacune d'elle. A la fin de la leçon ils connaissaient la matière correctement. Lorsque la fin du cours a sonné, nous terminions la leçon de ce jour. Brève analyse réflexive de la leçon Dans ce contexte scolaire, tous les élèves étant adultes et certains vivant une réalité de «décrochage social»53 , les fondamentaux (se lever pour être à l'heure, étudier, faire ses devoirs, se fixer des objectifs personnels, se motiver sur un objectif à moyen terme ou à long terme) étaient aussi à retravailler. Avoir un bon relationnel m'a semblé très important pour faire passer des messages correctifs sans être jugeant ou culpabilisant, et donc sans démotiver les élèves. Je pense que, si la première leçon m'a permis de montrer le coté empathique de ma personnalité d'enseignant, ma seconde intervention m'a surtout permis de montrer que j'étais aussi capable de proposer un cadre et de le faire respecter afin que l'ambiance et les conditions de travail des élèves soient propice aux apprentissages. J'ai également observé, après avoir retravaillé ma préparation, que ma démarche était plus structurée et que je maîtrisais mieux les différentes séquences de la leçon. Dans les points à améliorer j'ai constaté que parfois, l'un des groupes restait inactif, attendant que je termine mon intervention auprès d'un autre groupe alors que pourtant, j'avais l'impression de courir d'un côté à l'autre de la classe. Savoir un groupe en attente me stressait et me donnait l'impression de devoir en permanence me dépêcher. Après réflexion sur ce point, je me suis résolu à procéder d'une autre manière en interrogeant le ou les groupe(s) en attente sur la nature de leur demande, de façon à pouvoir rapidement mettre un ordre de priorités et permettre à ceux pour lesquels ma présence était nécessaire quelques minutes, de ne pas attendre. De cette manière, je pouvais ainsi consacrer plus de temps aux 53 «C'est un phénomène que je connaissais bien et que j'avais déjà rencontré lorsque je travaillais pour un organisme d'insertion socio-professionnelle, je n'étais pas surpris de cet état des lieux et déjà outillé pour entamer ce genre de discussion, il faut dans ce cas aider les élèves à se rappeler les objectifs qu'ils avaient en démarrant la formation et les aider à rester motiver en faisant du renforcement positif plutôt que des remarques désobligeantes» 54 Banque Carrefour des Entreprises: il ne s'agit pas d'une banque d'investissement mais d'une banque de données dans laquelle doivent être inscrites toutes les entreprises quelque soit leur forme juridique. 41 interventions qui le nécessitaient. Si je peux résumer la démarche, je dirais que j'ai commencé en gérant les groupes dans l'ordre chronologique des demandes et que j'ai fini par les gérer en fonction de la priorité à y accorder et en fonction du degré d'autonomie du groupe. Parfois un mot ou une phrase permettait de relancer rapidement le processus de travail, c'était donc plus cohérent et efficient de fonctionner ainsi. c) Périodes 5 à 8 : les 7 éléments nécessaires pour l'inscription à la BCE 54 + proposition du projet sur le business plan. Objectifs comportementaux visés dans la séquence. -Citer (et expliquer) les 7 éléments nécessaires pour s'inscrire valablement à la BCE Cette fois la majorité des élèves étaient en classe, et pratiquement à l'heure si nous tenons compte du «quart d'heure académique», et j'ai constaté que tous les élèves qui avaient assisté à la leçon précédente étaient également en classe, ce qui simplifiait le démarrage. Pour gagner du temps sur le timing serré de la matinée, j'ai décidé de ne pas faire de rappel de la leçon précédente sur un mode interrogatif, mais de reprendre simplement toutes les réponses apportées et de les passer en revue avec la classe sur un mode expositif. Ensuite j'ai demandé à ce que les groupes se reconstituent et repris le premier point issus des 6 points de la leçon précédente, expliquant que nous allions nous concentrer sur cette partie importante. Lorsque les groupes furent reconstitués et prêts j'ai annoncé le sujet de la recherche. «Pour vous inscrire à la BCE, il y a 7 éléments indispensables dont vous devez vous munir, sans ces éléments vous ne pourrez pas démarrer votre entreprise car le guichet d'entreprises refusera tout simplement votre inscription. «Je vous demande de trouver quels sont ces éléments, d'expliquer ensuite pourquoi ils sont indispensables et comment il faut s'y prendre pour répondre aux conditions demandées. » J'ai reformulé ma question de deux ou trois façons différentes et me suis assuré que chacun avait bien compris. Les groupes se sont mis au travail et tout a démarré sans problème, j'ai constaté avec satisfaction que les élèves semblaient commencer à intégrer la méthode. En effet, j'ai observé un changement dans leurs attitudes, car la nature de mes interventions dans les sous groupes évoluait. Les élèves ne me demandaient plus si la réponse était bonne ou mauvaise, mais si je n'avais pas une idée sur un autre site intéressant pour trouver l'info. Ce qui m'intéressait particulièrement dans cette leçon c'est qu'elle pourrait être un prélude servant à aborder le sujet du projet que je souhaitais soumettre aux élèves car elle introduisait un lien. En effet, nous devions aborder maintenant la possibilité que l'inscription à la BCE puisse se faire sous différentes formes; en tant qu'indépendant, en société, ce qui signifiait de devoir mener aussi une réflexion sur la forme sociétaire qui serait la plus appropriée, et cela en fonction des projets et des profils de chacun, marié ou pas, avec un contrat de mariage ou pas, propriétaire ou pas, avec un conjoint qui a un revenu ou pas, chaque situation individuelle étant par nature complexe et 42 nécessitant par là même une réponse forcément complexe. Cet état de fait était extrêmement intéressant pour démontrer le sérieux de la nécessité d'une étude préalable . La leçon s'est déroulée correctement et à la fin des trois premières périodes nous avions déjà fait la mise en commun, validé toutes les informations trouvées, effectué la synthèse. Tout s'est passé dans une excellente ambiance empreinte d'un esprit participatif et d'interactions vraiment intéressantes entre les élèves et le professeur-stagiaire. A la fin de la leçon, j'ai demandé aux élèves, de mettre de coté leurs notes et leur nécessaire de cours et nous avons commencé une discussion où j' ai redemandé à chacun de me parler de son projet et de m'expliquer comment ils évaluaient les forces et faiblesses de celui-ci. Au fur et à mesure que les élèves s'exprimaient, j'ai remarqué, et le leur fit remarquer, que pour la plupart, leurs analyses personnelles étaient souvent basée sur des impressions, des intuitions, parfois sur des croyances, mais que rien de très objectif n'apparaissait dans leurs projections vers un succès ou un échec potentiel. Les élèves étant presque tous d'accord avec mon analyse m'ont dit que c'était pour cela qu'ils comptaient se faire aider après leur formation et aller voir un organisme d'accompagnement. Je leur ai expliqué qu'effectivement c'était une bonne idée et qu'un futur chef d'entreprise devait bien entendu utiliser toutes les ressources disponibles autours de lui. Toutefois j'ai émis quelques réserves, et leur ai expliqué que d'après mon expérience, il valait mieux arriver dans ces organismes un peu plus préparé, car l'accompagnement n'y allait pas de soi et que si l'objectif était d'obtenir des aides et des financements, plus leur projet serait explicité clairement et en partie validé par un plan d'affaires, plus ils auraient des chances que les accompagnateurs comprennent leur projet et le soutienne. C'est évidemment à ce moment que les élèves sont arrivés là où je voulais les mener dans la discussion et m'ont demandé comment s'y prendre pour arriver avec un plan d'affaires qui amène cette crédibilité à leur projet. La plupart des élèves avait déjà entendu parler d'un plan d'affaires, mais sans savoir ce que cela représentait réellement et sans savoir comment l'aborder. Je leur ai expliqué que le programme prévoyait que l'on aborde le sujet mais que je me demandais ce qu'ils penseraient du fait, qu'au lieu de juste en parler de manière théorique, on se serve du temps que nous allions passer ensemble pour que chacun puisse en réaliser un, le sien. J'ai expliqué que nous ferions des exercices de simulation avec des mises en situations sur les aspects les plus difficiles du plan d'affaires et que ces exercices auraient pour but qu'ensuite, ils retravaillent ces parties vues en classe à la maison, mais en intégrant leurs propres données sur leur projet. J'ai précisé enfin que, bien sûr, nous n'aurions pas le temps de faire un plan d'affaires complet, que le nôtre serait forcément dans une version simplifiée et qu' il n'était pas nécessaire d'avoir fait HEC pour réaliser un document tout à fait correct, qui pourrait être le premier représentant, et donc le premier vendeur de leur projet. 43 Certains m'ont dis à ce moment là qu'ils y avaient effectivement pensé et qu'ils avaient même envisagé de le faire réaliser par un comptable en le rémunérant. Je leur ai rappelé que, ayant déjà travaillé comme accompagnateur à la création d'entreprises, je le leur déconseillais, car le comptable bien qu'il maîtrise les aspects financiers ne maîtrise pas nécessairement les aspects relatifs aux recherches à faire sur le marché, l'implantation, le produit ou le service visé, sur les aspects marketing, d'organisation, les contacts à prendre avec les fournisseurs etc. Dés lors, mon conseil était de réaliser le travail, en partie, soi-même, en considérant que cela leur permettrait d'une part d'atteindre les objectifs pédagogiques fixés dans les cours de gestion et donc de mieux intégrer les savoirs vus lors des cours. et Ils allaient réussir ainsi à réellement s'approprier leur projet et à développer des compétences le concernant . De plus, le plan d'affaires utilise un «jargon professionnel» qui lui est propre. L'acquisition des compétences sémantiques nécessaires à une utilisation correcte de ce vocabulaire serait de nature à leur amener de la crédibilité dans toutes les interactions avec les professionnels de l'accompagnement et du financement, je les ai sensibilisés à cela aussi. Après avoir eu cet échange avec les élèves je leur ai laissé quelques instants pour se concerter et me dire si, oui ou non, ils souhaitaient que nous nous engagions dans cette démarche. Après moins d'un quart d'heure de discussion, c'est à l'unanimité que les élèves ont marqué leur accord et m'ont manifesté clairement leur enthousiasme ! Une fois le cours fini, certains sont venus et ont souhaité prolonger notre échange en m'expliquant que de réaliser cette démarche allait les aider à se motiver pour terminer leur formation. Brève analyse réflexive de la leçon : La partie matière de la leçon s'était bien déroulée et les élèves ont réellement commencé à prendre leurs marques, ils m'ont semblé de plus en plus à l'aise dans la partie active et le travail en sous groupe. Il m'a semblé également que ma relation avec les élèves s'améliorait de leçon en leçon et que nous établissions progressivement une relation de confiance, ce qui m'a été confirmé par ma maître de stage qui m'a précisé que si tel n'était pas le cas ils ne se seraient pas embarqués dans le projet avec moi. Pour résumer, j'avais obtenu l'adhésion du groupe-classe sur le projet et nous pourrions nous y mettre dés la prochaine leçon, en incluant dorénavant du temps pour faire le lien entre la matière et le projet. Par contre, j'ai dû me résoudre à augmenter la cadence. Les trois premières leçons avaient été riches sur les plans de l'expérimentation et du relationnel mais trop pauvres en matière de contenu. En effet, il m'avait été nécessaire de prendre plus de temps que prévu afin que les élèves comprennent et implémentent dans leur comportement la méthodologie de travail que j'utilisais. Bien que les choses aient été intégrées assez rapidement finalement, j'ai tout de même du passer beaucoup de temps en explication et en encadrement, tant du groupe-classe, lors des démarrages et des synthèses, que des sous groupes lors du travail effectif sur les matières. Enfin, je me sentais maintenant suffisamment confortable dans le relationnel avec le groupe- 44 classe pour oser mettre un peu de pression sur les résultats que nous devions arriver à produire ensemble dans les prochaines leçons. Mon objectif allais donc être de me recentrer sur les contenus et d'accélérer la cadence tout en restant dans une méthodologie active autant que possible. d) Période 8 à 13 : La TVA et les écueils du statut de l'indépendant. Objectifs comportementaux visés dans la séquence.
Ayant déjà explicité largement la méthode de travail en classe dans les leçons précédentes (et certaines leçons à venir devant encore être détaillées), je propose de ne pas reprendre ici, chacun des 8 points dans le détail. Ceci de manière à ne pas alourdir inutilement cet exposé et nous permettre d' aborder de manière plus approfondies le travail sur le projet dans les pages suivantes. De manière schématique, l'ordre des séquences durant les leçons est resté sensiblement le même que pour les leçons précédentes. Voici un bref résumé et la façon dont nous avons travaillé chacun de points en classe. -Énoncé du sujet, des objectifs de la leçon, des consignes, en expositif. -Mise au travail en sous-groupe dans la méthode active. -Synthèse et validation par le groupe-classe, des travaux réalisés en sous-groupes. -Remédiation éventuelle, de manière interrogative, expositive, démonstrative, le plus souvent. -Rappel en interrogatif ou en expositif en fonction du temps disponible. Brève analyse réflexive des leçons : Durant les 6 périodes passées nous avons largement pu travailler en actif comme je le souhaitais. J'avais également rattrapé mon retard, en ne tergiversant pas et en tenant mieux la classe j'avais réussi à implémenter un rythme de travail acceptable, et même selon moi assez rapide. Ainsi, j'avais donc bien avancé dans la matière et rattrapé mon retard sur le programme et mes engagements « temps » vis à vis de la titulaire de classe étaient enfin tenus. 45 De plus, il me semblait pour la première fois que je prenais enfin le contrôle du temps et du rythme de travail, alors que précédemment c'était les élèves qui donnaient le tempo. Dans une méthode plus traditionnelle, un retard prit m'aurait semblé ne dépendre que de moi, et donc plus facile à rectifier en augmentant mon rythme afin de le rattraper. Dans le cas de l'utilisation d'une méthode active, la démarche me semblait plus complexe, car il me fallait mieux maîtriser mon rôle de facilitateur dans chacun des groupes, de manière à ce que ma présence et mes interventions soient plus ciblées, plus efficientes, et mieux coordonnées, afin que les groupes retrouvent plus vite leur autonomie lorsque bloqués par l'un ou l'autre problème. Toutefois, je restais sur un manque. Le lien entre mon travail en classe, durant lequel j'enseignais aux élèves et le travail sur le projet que nous avions commencé à faire, en fin et en début de cours, ne m'apparaissait pas encore clairement et j'avais l'impression que nous réalisions deux choses distinctes et parallèles. Néanmoins ce n'était que passager et pour les prochaines leçons, nous allions enfin pouvoir aborder les aspects financiers du plan d'affaires. Les périodes restantes pouvaient être dédiées à ces aspects et cette fois les matières étaient directement en lien avec le projet. Travail sur le projet A la fin de cette intervention, j'ai distribué aux élèves un document, modèle de Business Plan, simplifié vierge et passé ce document en revue avec eux. 55 Ici, je me suis contenté de demander aux élèves s'ils comprenaient du point de vue du français ce que chacune des parties signifiait. Les réponses furent variables et, dans l'ensemble, les propositions assez justes, j'ai mis tous le monde à niveau en validant le vocabulaire et en donnant les définitions nécessaires. De cette manière j'ai pu aussi valider avec les élèves quelles étaient leurs zones de confort et quelles parties du plan d'affaires chacun pouvait commencer sous forme de devoir pour la prochaine leçon. Je les ai sensibilisés aussi au fait que lorsqu'on démarre un projet, quel qu'il soit, on devait pouvoir impliquer son entourage et réunir autours de soi un maximum de ressources56. Ce serait vrai pour le moment ou ils décideraient de se lancer dans l'aventure de la création d'entreprise, ça l'était aussi pour le travail demandé ici sur le plan d'affaires. Pour appuyer mes propos je donnais quelques exemples de candidats entrepreneurs que j'avais accompagné et qui n'avaient pas pu démarrer leur projet de création d'entreprise, faute d'avoir réussi à motiver leur entourage direct : conjoint, parents, famille, amis. En effet, les professionnels de l'accompagnement sont très attentifs à cet aspect et dissuadent beaucoup de candidats n'ayant pas les soutiens nécessaires57. e) Périodes 13 à 21. Initiation au plan d'affaires Objectifs comportementaux visés dans la séquence 1. Lister les investissements nécessaires à la réalisation d'un budget en vue du financement 55 Exemple de Business Plan simplifié repris dans les annexes. 56 Pour les raisons déjà explicité dans la partie théorique, pour rappel, l'entrepreneur ne peut maîtriser seul tous les savoirs nécessaires à la gestion d'entreprises, il lui faut donc apprendre à déléguer tout en gardant la responsabilité de ce qui est délégué (car seul le travail est délégué bien entendu, jamais la responsabilité financière ou juridique) 57 Dans le jargon de l'accompagnateur en création d'entreprises cette dissuasion se nomme «démotivation positive». 46 d'un projet de création d'une petite entreprise.
Cette fois j'ai démarré la leçon en proposant aux élèves un exercice ludique sous forme de défi. Contrairement au bloc de périodes n°4, que je n'ai pas explicitée dans le détail afin de ne pas alourdir la présentation, je vais ici détailler la méthodologie utilisée et les différentes séquences de la leçon, ceci de manière à ce que le lecteur puisse se faire une idée précise de la façon dont le lien entre la matière et le projet s'est établi afin d'être en cela cohérent avec la ligne directrice donnée au début de la partie pratique.58 Comme explicité dans l'introduction, voici une leçon plus détaillée sur le plan de la pratique. Mise au travail (3 périodes) Le professeur-stagiaire distribue les feuilles 1(situation) et 2(consignes) et passe en revue les informations contenues afin de s'assurer de la bonne compréhension de l'exercice avant la mise au travail. Le professeur-stagiaire distribue ensuite les enveloppes 1 à 6 et demande que les élèves se répartissent en groupe (deux ou trois maximum), 6 types de projets sont proposés de manière aléatoire. Le fait de faire travailler chaque groupe sur un projet différent devrait permettre d'enrichir la mise en commun et la synthèse par un apport multiple de solutions et de propositions. Voici les cas proposés pour l'exercice: CAS 1 : Magasin de vêtements CAS 2 : Salon de coiffure CAS 3 : Entreprise d'électricité générale CAS 4 : Magasin de proximité de type Night Shop CAS 5 : Garage automobile CAS 6 : Snack Voici les consignes et la situation défi tels que proposés aux élèves : Vous souhaitez hériter de l'entreprise de votre grand oncle d'Amérique. Toutefois, celui-ci, qui était un excentrique, a chargé son notaire d'évaluer vos capacités d'entrepreneur, la valeur de l'entreprise est évaluée à +- 2 millions de dollars (1 766 940 €59) Vous disposez d'un budget de 37 500 euros pour effectuer un test. En 150 minutes au plus, vous devrez réaliser la partie «plan de financement» du plan d'affaires d'un type d'entreprise qui va vous être distribué de manière aléatoire. 58 Précisions avant l'exposé des leçons page 36. 59 Au taux de change applicable le 30-03-2016 sur le site de Belfius 47 Vous allez donc devoir tirer au sort une enveloppe dans laquelle se trouve le type d'entreprise pour laquelle vous devrez préparer ce plan de financement. Le notaire va valider ou invalider votre test à l'issu du temps donné. Celui-ci sera réussi si vos achats sont cohérents avec l'activité commerciale proposée et que les besoins sont équivalent aux ressources 60. Tous les éléments doivent être classés correctement et dans les bonnes rubriques. Heureusement pour vous vous n'êtes pas seul, vous allez pouvoir constituer un groupe avec vos condisciples. ATTENTION. Si vous échouez, toute la fortune de votre grand oncle ira à l'association des orphelins de la police de Chicago et vous n'hériterez rien ! (Un élève m'a dit à ce stade et avec beaucoup d'humour, qu'il avait bon coeur et laisserait volontiers son héritage à une bonne cause, il a néanmoins joué le jeu et fait le travail avec son groupe:) Documents distribués aux élèves. ENVELOPPE La description du type d'entreprise que vous devez préparer. (projet différencié de 1 à 6). FEUILLE 1. Il s'agit de lister tous les investissements et dépenses nécessaires au sens large et de les quantifier, attention à ne pas dépasser votre budget, vous pouvez emprunter si nécessaire. FEUILLE 2. Dans ce document vous devez reporter l'estimation de vos budgets d'investissement dans la partie BESOINS de votre plan de financement et ensuite indiqué dans les RESSOURCES comment vous allez financer votre projet. FEUILLE 3. Pour vous aider, une liste non-exhaustive des choses dont vous pourriez avoir besoin, les éléments cités ne sont pas budgétisez, à vous de faire une recherche de prix sur internet et de faire jouer la concurrence pour rester dans le budget alloué. FEUILLE 4. Plan de financement, version abrégée, formule à utiliser par vous en tant que référentiel. FEUILLE 5. Vocabulaire pour aider à la compréhension de la Feuille 4. Mise en commun (2 périodes) Le professeur utilise deux tableaux. Il trace 6 colonnes pour que chacun des groupes puissent venir inscrire ses propositions par rubrique. - CAPITAL(-) Ne fait pas partie des colonnes mais va être examiné ensuite pour vérifier la cohérence du travail, pour rappel les élèves partaient d'un Capital de 37 500 euros, et donc la question à creuser est comment les ont-ils répartis? - FRAIS DE CONSTITUTION (+) - BAIL COMMERCIAL (+) - TRAVAUX D'AMENAGEMENTS (+) - INVESTISSEMENT EN MATERIELS (+) - STOCK (+) - BESOIN EN FOND DE ROULEMENT (+) - + 1 COLONNE DIVERS (+) pour les idées valables mais hors cadre de cette leçon. - TOTAL (car cette colonne permettra de vérifier la cohérence de l'équilibre comptable par 60 Ce qui en langage clair signifie que vous expliquez «comment vous financez vos dépenses», vous ne pouvez donc dépensez plus que le budget dont vous disposez (notion d'équilibre comptable). 61 Forcément puisqu'il sera le critère d'évaluation principal et le signe qu'un réflexe financier est acquis, l'équilibre des dépenses, et donc leur maîtrise. 48 rapport à l'énoncé proposé, un capital limité). Les élèves sont invités à venir inscrire les soldes trouvés par leur groupe au tableau.
Ensuite chaque groupe est invité à calculer horizontalement ses rubriques de manière à vérifier le montant total dépensé et est invité à se poser la question relative au «Capital de départ» et à la cohérence des dépenses. Le montant dépensé est il inférieur, supérieur, égal au montant du capital de départ ? en fonction du résultat y-a-t-il des explications valable ? En fonction des hypothèses et des explications, le professeur aide le groupe à tirer ses propres conclusions et amène des explications éventuelles pour compléter l'information. Des variantes sont possibles dans les réponses; il est permis par exemple de dépasser le capital proposé dans la situation de départ, mais uniquement à condition que la compensation soit formalisée dans la partie ressources du plan d'investissement; par l'addition d'un prêt bancaire par exemple, ou de l'apport d'un associé. Toutes les hypothèses sont permises mêmes les plus créatives, tant que l'équilibre comptable est respecté61. Synthèse (1,5 période) Le professeur fait avec les élèves la synthèse des points importants de la leçon. La synthèse permet ici au professeur de faire le lien avec le travail réalisé par les élèves dans le cadre du projet. Il y a d'ailleurs à ce stade de nombreuses questions des élèves avec leur travail sur le plan d'affaires personnel, ce qui démontre que le lien avec le projet est établi et clair. Les élèves comprennent ainsi mieux les recherches qu'il va falloir qu'ils entreprennent pour compléter leur propre plan d'affaires et comment ils devront ensuite ordonner les données afin de réaliser une présentation cohérente et lisible par des professionnels. Derniers accords sur le projet (1 période) 49 Il est convenu avec les élèves que ceux-ci vont travailler maintenant sur la partie financière de leur plan d'affaires. Il allait y avoir à ce stade une suspension des cours donnés par le stagiaire durant trois semaines à l'issue desquelles il était convenu de refaire un exercice complet tels que celui réalisé en classe. La maître de stage souhaitant avoir une évaluation formative des élèves à l'issu de ces leçons. Nous avons convenu entre Stagiaire, maître de stage et élèves, qu'au delà de la demande de réaliser une première version du plan d'affaires pour notre prochaine rencontre, les élèves devraient se préparer à refaire un exercice tel que celui que j'avais conçu mais avec quelques adaptations puisqu'il s'agissait de réaliser une évaluation. Remédiation (1,5 période) Cette partie n'a pas été réalisée avec tous les élèves mais ceux qui le souhaitaient sont restés en classe avec le professeur-stagiaire alors que les autres travaillaient sur leur projet personnel. Brève analyse réflexive des leçons -Durant les 9 périodes qui ont été décrites, nous avons réalisé dans les détails, le plan de financement liés à plusieurs projets. -Nous n'avons travaillé pratiquement qu'en actif en proposant une situation défi motivante et variée qui nécessitait des recherches en groupe, collaboration, réflexion, etc.. Les étudiants ont excessivement bien réagi à la proposition et ont «joué le jeu» d'une manière qui m'a surpris car je m'attendais à plus de résistance et à un engagement moindre. Le résultat par rapport à l'engagement des élèves fût donc au delà de mes espérances. De plus, durant les 9 périodes qu'avait duré la mise en situation dans toutes ces phases, le lien avec le projet était évident et chaque point abordé permettait aux élèves de le faire avec son propre projet. Enfin et ce sera sans doute ma plus grande satisfaction, la configuration des groupes et l'ambiance de travail, ont permis que tous les groupes atteignent l'objectif et que le défi relevé soit réussi, ce qui était un important levier de confiance et de motivation pour la suite. Un autre avantage que j'ai perçu dans le fait d'avoir travaillé l'intégration des savoirs dans cette méthode est surtout que les élèves qui maîtrisaient le moins bien le français étaient bien encadrés par ceux qui étaient plus fort, je n'aurais pas pu, seul, porter ces élèves et les mettre au niveau du groupe-classe. De temps en temps même, une aide linguistique débordait d'un groupe à l'autre, donnant une traduction de certains concepts qui permettaient aux élèves qui risquaient le plus le décrochage de rester attachés au train. f) Périodes 21 à 24. Évaluation formative des élèves, remise d'une première version du plan d'affaire individuel. Après trois semaines nous nous sommes retrouvés. Les élèves m'ont informé en début de cours du fait qu'ils avaient bien avancé sur leur plan d'affaires et que la méthodologie utilisée dans les périodes précédentes avait bien clarifié leur compréhension de ce qui était attendu dans chaque rubrique. Ils se sentaient également prêt à passer leur évaluation formative. Contrairement aux périodes précédentes je ne m'étalerai pas ici sur la méthodologie, sensiblement là même, mais j'expliquerai en quoi aura consisté cette évaluation. 50 J'avais conçu un nouvel exercice de mise en situation très semblable à celui-réalisé précédemment. Afin de gagner du temps dans l'explication, voici les différences qu'il y avait par rapport à l'exercice de base rapporté précédemment. - Chaque élève recevrait le même postulat d'entreprise. - Pour éviter les échanges intempestifs d'informations toujours possibles dans une phase de recherche sur internet (un ordinateur pour deux élèves environ), j'ai conçu moi-même une liste des éléments à classer correctement que je valorisais (€). Afin d'exercer l'esprit critique des élèves, un certain nombre de pièges étaient également tendus, comme par exemple de proposer des frais de notaire pour constitution d'une société alors que l'énoncé de base expliquait que l'entreprise était créée en statut d'indépendant personne physique, ou autre exemple, de proposer d'inclure dans le fond de roulement 1 mois de salaire et de cotisations sociale alors que nous préconisions d'en prévoir 3 dans la partie théorique relative aux bonnes pratiques à ce propos. Néanmoins l'exercice était une version simplifiée par rapport à celui que nous avions fait en classe en ce sens ou il limitait un certains nombres des recherches nécessaires, de façon à pouvoir se réaliser en 2 ou trois périodes maximum. De même, toutes les évaluations et comparaisons relativement aux meilleurs achats n'étaient pas nécessaires, ce qui importait dans cet exercice était de classer correctement les éléments dans le plan d'affaires et d'obtenir un équilibre comptable. Voici d'ailleurs un extrait de l'objectif opérationnel de manière à éclairer le lecteur sur les critères d'évaluation «...L'exercice sera considéré comme réussi si l'élève est capable de réaliser ce report valablement... Et de corriger le document en reportant correctement les soldes. L'équilibre besoins/ressources doit être atteint». Ayant préparé un exemplaire de l'exercice avec résolution, j'étais en mesure de corriger les exercices au fur et à mesure que ceux-ci m'étaient rendus, de sorte qu'à la fin de la matinée, tous les élèves avaient reçu leur copie corrigée en retour et étaient donc évalués. C'est peut-être anecdotique mais ma maître de stage qui était installée au fond de la classe et qui avait reçu un exemplaire du «l'exercice-test» ainsi qu'un «corrigé» s'amusa à faire le test également et me demanda à la fin du cours si je pouvais lui en refournir une copie vierge car elle trouvait mon concept original et didactique. A ma grande satisfaction, un seul élève n'était pas parvenu à réaliser l'exercice correctement. La plupart ayant valablement réalisé l'équilibre comptable, ainsi que complété les rubriques de manières correctes et cohérentes, l'objectif formatif était donc pour moi atteint. Travail sur le projet Je suis resté en classe après la correction de l'évaluation formative et ce pour travailler avec les élèves à la première « épreuve des plan d'affaires individuels». En effet, nous avions pratiquement épuisé le quota d'heures disponibles et il nous faudrait terminer le projet en dehors de celles-ci. J'ai convenu avec les élèves de travailler de la manière suivante : Je reprendrais toutes les épreuves dans 3 semaines afin que chacun puisse finaliser et je promettais de revenir la semaine suivante en classe avec des annotations personnalisées et des conseils afin que l'outil ainsi créé puisse être suffisamment professionnel pour être exploitable après la formation, tel que nous l'avions défini dans l'objectif initial. 51 Brève analyse réflexive de l'évaluation Je crois avoir réalisé un test cohérent permettant, dans un temps convenable, d'évaluer les élèves et de valider ainsi l'intégration des savoirs qui venait d'être réalisée dans les leçons précédentes. Toutefois, je sentais, lors de la conception de cette évaluation, que si mon épreuve intégrée portait bien sur les méthodes actives et que mes recherches avaient prioritairement été orientées vers celles-ci, j'avais tout de même négligé de m'intéresser suffisamment aux processus d'évaluation. Je me trouvais donc un peu dépourvu sur le plan théorique à ce propos et en tant que futur enseignant je me promis qu'il faudrait que je creuse la question de manière plus approfondie dés que possible. g) Période 24-25. Dernière période en classe. C'était officiellement ma dernière heure de cours, toutefois le travail sur le projet n'était pas pour moi complètement terminé. J'ai donc consacré cette dernière période à rendre à chacun son travail avec mes conseils personnalisés pour améliorer son plan d'affaires. Ensuite j'ai proposé à la classe de passer en revue ensemble les erreurs et les manquements que j'avais le plus fréquemment retrouvé, de manière à ce que, là aussi, chacun puisse encore améliorer la présentation de son projet d'entreprise, car selon moi, la plupart n'étaient pas encore suffisamment professionnels pour être exploitables en l'état. Mais c'était maintenant plus un problème de fond que de forme, une meilleure mise en page, une relecture orthographique et de syntaxe, tout cela pouvait être fait par les élèves qui le souhaitaient. Le cours s'arrêtait officiellement à 13h mais je restais encore avec la plupart des élèves jusqu'à 15h et j'eus du mal, ce jour là, à quitter la classe. Ma maître de stage proposa de s'approprier la suite du projet et me demanda si je voyais un inconvénient si elle demandait aux élèves de jouer le jeu jusqu'au bout et de fournir une version finalisée du plan d'affaires en fin de formation, travail qu'elle considérerait comme un T.F.E.62 Personnellement je n'avais pas souhaité, au départ, risquer de pénaliser les élèves en proposant que le projet soit évalué d'une autre façon que formative, et là il était question de l'intégrer d'une certaine manière dans l'aspect certificatif, ce que je n'avais pas envisagé de cette manière. Toutefois, puisque pour la plupart des élèves le travail fourni était d'une qualité suffisante, et que de le prévoir ainsi dans la suite du cours allait permettre qu'ils y consacrent encore du temps, je donnais mon avis qui était que si les élèves étaient d'accord alors cela irait dans le sens de l'objectif et permettrait d'arriver à une version plus aboutie. Je convenais ainsi avec l'enseignante de repasser dans quelques semaines pour remettre un questionnaire afin d'évaluer avec les élèves les aspects motivations qui découlaient de ma pratique et constituaient l'objet de ma recherche. Et pour conclure mon stage, nous nous quittions également avec l'engagement de me donner des nouvelles des élèves et de leurs résultats en fin de formation dans environs 4 mois. 62 Travail de Fin d'Études. 52 4. Brève analyse réflexive sur le travail sur le plan d'affairesJe vis très clairement l'un des avantages des méthodes actives lorsque nous avons commencé à travailler le plan d'affaires individuel en nous inspirant de la pédagogie du projet. En tant normal j'aurais dû expliquer, en long et en large, et rubrique par rubrique, chacune des parties, ce qui aurait pris de nombreuses périodes. Par contre dans le cas présent, ma démarche préconisait l'essai-erreur. Il était donc permis que chacun puisse démarrer en postulant ses propres hypothèses et en effectuant ses propres recherches, avant que nous validions ensemble, de leçon en leçon, le travail effectué. Pour beaucoup d'entre eux, je constatais que de leur propre chef, les élèves ne se seraient pas lancer dans cette aventure, non pas qu'ils n'en étaient pas capables, mais parce qu'ils ne s'en sentaient pas capables. C'est évidemment l'élément fondamentale qui détermine si une personne décide ou pas, en définitive, de démarrer une entreprise, c'est aussi l'élément dont nous devions tenté de déterminer, si oui ou non, notre travail en s'inspirant de la pédagogie du projet, ainsi que le mixte de méthodes appliqués dans les leçons; expositif, actif, interrogatif, démonstratif, essai-erreur, synthèse, remédiation, dans une moindre mesure différenciation des contenus, allait avoir un impact positif sur la motivation et donc répondre, même partiellement à la question posée en titre de mon épreuve intégrée. Ainsi, comme expliqué dans les pages qui précèdent, je suis retourné dans la classe un peu plus tard et j'ai demandé aux élèves de compléter un questionnaire afin d'y voir plus clair. Les résultats de cette enquête, ainsi que la méthodologie utilisée sont intégré dans la conclusion générale qui suit. 53 5. CONCLUSION GENERALEBien que les élèves n'aient pas choisi le projet de réaliser un plan d'affaires, ce qui en soit me semble être un manquement sur ce que les spécialistes de cette approche préconisent63, les élèves ont bien accroché sur la proposition. Ils ont senti directement le lien avec leur formation et la plus value que celle-ci pourrait leur apporter, en supplément de l'aspect purement technique de leurs apprentissages. Je pense que cela a joué favorablement sur leur motivation au point ou tous ont accepté d'y accorder du temps supplémentaire, en y travaillant sous forme de devoir (j'évalue le surplus de travail à +-25h), c'était la seule façon de procéder pour y arriver dans les temps. Je resterai toutefois sur ma faim et avec le sentiment de n'avoir pas pu mener le travail jusqu'à une finalité plus aboutie, ce qui m'aurait mieux convenu. Mais cela faisait partie des accords, et ma maître de stage m'avait déjà comblé en me permettant d'avoir 25 périodes de cours dans sa classe alors que je «galérais» pour trouver un stage. Si l'on me demandait aujourd'hui comment je referais les choses, je dirais que je ne le referais pas avec un délai aussi cours et si peu d'heures attribuées. Par contre, je dirais aussi qu'avec cette expérience, je souhaiterais à nouveau pouvoir démarrer avec des élèves un projet qu'ils auraient cette fois choisi eux-même. Enfin, je réfléchirais et compléterais mes recherches pour savoir comment évaluer le travail des élèves de la manière la plus appropriée, car c'est là que je situe encore mon point faible. En cela j'aurais vraiment souhaité pouvoir assister à des conseils de classes et échanger avec des enseignants plus expérimentés dans ce contexte, cela n'a pu se faire et je le regrette. Le point le plus positif de cette expérience (cours du CAP, stages, travail sur l'épreuve intégrée) est que j'ai pu valider mon plaisir d'enseigner et l'estime que j'avais pour ce que j'appelle «l'École». D'ailleurs, à la fin de ce premier stage, j'avais encore 15 périodes à prester et je venais enfin de trouver une école pour la suite. J'allais donc pouvoir m'essayer à un autre type de public en allant enseigner dans le secondaire de plein exercice à l'ICES de Beauvoir, dans une 4ème technique travaux de bureau. Proposition de réponse(s) à la question soulevée : les méthodes actives peuvent-elles favoriser l'entrepreneuriat ? J'espère que l'on me pardonnera d'avoir posé la question en des termes si généraux, je l'ai fait intentionnellement. Vous avez compris sans doute que dans cette question j'incluais à la fois la notion de «pédagogies actives», comme l'on parle de la pédagogie du projet, de la pédagogie du contrat etc, et les méthodes actives que l'on peut mettre en place en classe : travail de recherches en sous-groupes, situations défis, situations problèmes, essai-erreur, etc, qui changent le rapport du professeur et de l'élève dans le quotidien de la classe, en mettant l'enseignant dans un rôle de facilitateur, où il n'est plus la seule ressource de l'élève mais le garant du bon déroulement des phases d'appropriation, d'intégration, de transversalisation des savoirs, devenant ainsi un véritable chef d'orchestre chargé de faire jouer la partition aux élèves de la meilleure manière, pour les mener 63 Je m'en suis expliqué dans la partie théorique. 54 vers la formation répondant le mieux aux objectifs dont nous avons déjà parlé. (décret missions, école de la réussite, etc...) J'ai donc cherché et tenté vainement à savoir si des experts y avaient répondu d'une manière «globale». Je préciserai donc d'emblée que, pour ce qui est des hypothèses et des recherches menées par les spécialistes, de celles qui pourraient donner une réponse définitive sur la question, c'est encore en chantier et dans les laboratoires de l'expérience à venir, peut-être... Je doute pourtant que je puisse avoir un jour une réponse unique si confortable pour l'intellect. Cette réponse est-elle satisfaisante ? Non bien sûr, elle met juste en exergue la nécessité d'aborder la question sous un autre angle. Se pourrait-il alors que je ne tire aucune conséquence qui supposerait une loi universelle et que je me contente d'une observation locale, de celle qu'on fait en laboratoire et sans être sûr qu'elle soit reproductible ? Et si je tentais une telle approche, qu'est ce que je chercherais alors ? Tout d'abord je conserverai les précautions énoncées ci-avant, me gardant des généralités faciles et abusives, tout en ayant l'esprit ouvert à comparer mes résultats «locaux» avec quelques opinions de spécialistes, histoire de voir tout de même si des tendances ne se dégageraient pas. Alors, peut-être des liens pourraient-ils se faire entre mes observations et d'autres, plus précises, plus abouties, et dont la reproductibilité auraient été démontrée, seule garantie de validation de la démarche de recherche du point de vue du scientifique. Justement, plongeons nous donc un peu plus dans la réflexion et le regard d'un spécialiste. Tout d'abord, il me faut saluer la réflexion sur le sujet de Bernard Surlement, professeur d'entrepreneuriat à HEC-Ecole de gestion de l'Université de Liège, qui dans son syllabus «Former pour Entreprendre ?» Réflexions sur l'approche pédagogique en matière d'entrepreneuriat » a le mérite d'examiner sérieusement le sujet et de tordre le cou à certains préjugés tenaces «comme celui de l'entrepreneur par nature ou par héritage de l'évolution64» En effet, en page 2 de son syllabus 65 il s'interroge très justement, en posant, selon moi, une bonne question. «Enseigner l'entrepreneuriat: Est-ce un leurre ?» et son approche est encore plus intéressante et innovante dans ce qu'il expose comme point de vue à partir de la page 3. Il y explique en effet très justement que les études, même récentes, ont tendance à se focaliser uniquement sur le profil de l'entrepreneur (ce qu'il sous entend est donc « pas sur la formation de l'entrepreneur »). Or selon sa propre hypothèse: « l'entrepreneuriat est une discipline et comme toute discipline elle peut être apprise». L'un des arguments souvent avancé par les détracteurs de ce point de vue est que cette discipline ne peut être enseignée66. Ce contre quoi il n'est pas d'accord évidemment et il en dit: « Cela est ainsi pour toutes les professions et les situations professionnelles. Personne ne contestera le fait que la médecine, le droit ou l'ingénierie peuvent être enseignés et pourtant il existe des médecins, des juristes et des ingénieurs qui ont du talent et d'autres qui n'en ont pas » 67. Il en va de même pour les entrepreneurs et l'entrepreneur». 64 https://interventionseconomiques.revues.org/1481, consulté le 14 avril 2016 65 http://www.cidegef.refer.org/activites/remises/liege/pdf/Bernard_SURLEMONT.pdf, consulté le 12 avril 2016 66 http://www.cidegef.refer.org/activites/remises/liege/pdf/Bernard_SURLEMONT.pdf, consulté le 12 avril 2016 67 Fayolle et All 2007 55 Il fait ce que l'on appelle une démonstration par l'évidence. C'est plus logique que scientifique, mais cela a le mérite de mettre en exergue le fait que des préjugés sont peut être encore étrangement présents lorsque l'on parle de la formation de l'entrepreneur. La réflexion de cet auteur suscite chez moi des questions que je trouve fondamentales Les pédagogies qui se penchent sur la formation des médecins et autres spécialistes, acceptent donc d'emblée qu'elles vont avoir des résultats, et que seront formés de bons et de mauvais médecins. Et l'on se pose dans ces cas là, plus de questions sur la qualité de la formation et de la méthode pédagogique que sur le profil initial du médecin. Pourquoi ? Parce que le préjugé de base est que « l'on peut enseigner la médecine ». Mais peut-on réellement enseigner la médecine indépendamment d'une typologie psychologique qui identifierait le bon médecin ? Partant de là, qu'est ce qui permettrait alors «à priori» de distinguer le futur bon médecin du mauvais ? Il semblerait que cette questions se pose peu en ces termes, relativement au futur médecin. d'ailleurs la simple énonciation d'une typologie qui discriminerait par avance le bon médecin du mauvais soulèverait un tollé dans les association d'étudiants, tant il est admis que des profils différents d'individus peuvent aboutir à une diversité des personnalités et des approches chez les praticiens de la médecine une fois diplômés. C'est sans doute d'ailleurs ce qui fait la richesse de la profession médicale. Dans le cas de l'entrepreneur par contre, on va d'abord se demander si l'on peut valider son profil68, et ce avant même de s'interroger vraiment sur la formation et les méthodes pédagogiques à mettre en place pour le former. Pourquoi ne pas accepter d'emblée, comme pour le médecin, que c'est la diversité des profils qui créera au bout du compte l'originalité et la diversité des pratiques ? Tout simplement parce que le préjugé de base semble être ici, si on lit bien le professeur Surlemont, que « l'on doute encore que l'on puisse enseigner l'entrepreneuriat, et qu'une croyance subsiste sans doute; celle de l'entrepreneur par nature, virtuose, taillé pour cette aventure, au détriment de tous les autres»69 . Donc, effectivement, cette différence d'approche m'a interpellée. Je ne sais si ce préjugé est courant ou même réellement fondé, mais si on le prend en compte alors on en revient à une théorie de l'inné 70 qui nierait les bénéfices possible de l'acquis (donc de l'apprentissage). Cela me rappelle étrangement la justification que j'entendais de la part de mes collègues et de mes supérieurs hiérarchiques relativement aux échecs et aux démotivations de candidats entrepreneurs : «Il y a ceux qui ont et ceux qui n'ont pas le profil». J' en parlais dans l'introduction et j'avais promis d'y revenir. Le professeur Surlemont lui n'y croit pas. Il va d'ailleurs plus loin en citant Paul Kearney qui ,quant à lui ,écrit ce qui pourrait aujourd'hui être interprété, selon moi, comme un véritable plaidoyer pour les méthode actives. « Les individus se sentent plus confiants et compétents dans des situations qu'ils connaissent. Pour transférer leurs compétences à d'autres contextes, ils doivent les pratiquer dans un très grand nombre de situations. Cela les rend non seulement plus confiants et compétents, mais 68 Exemple de site qui sont légions sur la question: http://osehom.fr/quel-est-le-bon-profil-entrepreneurial, consulté le 10 avril 2016 69 http://www.cidegef.refer.org/activites/remises/liege/pdf/Bernard_SURLEMONT.pdf, consulté le 12 avril 2016 70 https://explorable.com/fr/le-debat-de-l-inne-et-de-l-acquis, consulté le 12 avril 2016 56 également leur permet de gérer de nouvelles situations. Ceci est particulièrement vrai dans des domaines complexes qui nécessitent la résolution de problèmes, la prise de risque, la proactivité et bien d'autres attitudes associées au champ de l'entrepreneuriat. Sans pratique régulière les attitudes restent atrophiées ». Kearney continue : « si développer l'esprit d'entreprendre exige une pratique régulière ; si apprendre est ce que les jeunes font la plupart du temps, si cet apprentissage se réalise dans des situations très variées (...) alors l'apprentissage scolaire offre la meilleure opportunité pour développer les attitudes entrepreneuriales »71. Si l'on en croit Paul Kearney, ce qu'il préconise pour former des entrepreneurs ressemble tout de même d'assez prêt à l'idée qui consisterait à inclure dans la formation de celui-ci des méthodes actives afin de favoriser le transfert des compétences, augmenter la confiance en soi, acquérir des attitudes managériales etc... Mais au fond, tout ceci répond-t-il à notre question générale par l'affirmative ? Non, je ne le pense pas. Tout au plus pouvons nous dire que certains de nos chercheurs dans les sciences de l'éducation et de l'entrepreneuriat, en arrivent à des suppositions personnelles qui plaident dans le sens d'une plus grande réflexion sur les méthodes pédagogiques à mettre en oeuvre pour former des entrepreneurs compétents, et que certains de leurs postulats vont dans le sens de l'inclusion dans notre pratique pédagogique, de ce que l'on pourrait qualifier de méthodes actives. Leurs conclusions ne sont étayées par aucune étude statistique ni expérimentation à grande échelle et n'ont donc de valeur que par la notoriété de ceux qui les portent. Je me contenterai donc de la dernière possibilité qu'il me reste pour aborder la question que je me suis posée durant mon stage. Et, il me faudra bien, au final, n'extrapoler aucune conclusion et m'en tenir prudemment à ce que j'ai moi même pu observer dans ce que j'appellerai le laboratoire de la classe. De ce fait, pour tirer mes conclusions «locale», je m'y suis pris de la manière suivante : Un questionnaire a été remis aux 11 élèves concernés par le travail et 9 y ont répondu, ce sont les 9 qui ont réalisé leur plan d'affaires, nous en avons parlé précédemment. Deux questions ont été posées à l'issue du stage, après correction des plans d'affaires et feedback complet pour chacun des élèves : 1. Vous avez choisi de reprendre un cours afin d'obtenir votre certificat de gestion de base. Pourquoi avez-vous choisi de reprendre ce cours ? (soulignez votre réponse).
2. Est-ce que les exercices concrets sur le business plan et le travail sur votre propre plan d'affaires vous ont donné (Soulignez votre réponse).
Dans les réponses qui ont été collectées, nous obtenons une répartition comme suit : Question 1: 5 élèves ont répondu C (soit pour répondre à la contrainte juridique mais en estimant cela utile). 71 Paul Kearney, Pédagogie et esprit d'entreprendre chez «de boeck»,2009 57 4 élèves ont répondu B (soit parce qu'ils estiment que cela est utile pour la réalisation de leur projet, on peut sans doute extrapoler qu'ils se seraient inscrits même si le certificat n'avait pas été obligatoire). Aucun élève n'a répondu A (soit dans cette classe personne ne semble s'être inscrit uniquement pour répondre à l'obligation juridique d'obtenir le certificat de gestion de base en pensant en même temps que cela n'avait pas d'utilité pour leur projet). On peut donc conclure me semble-t-il qu'en terme de motivation: 5 élèves se sont sentis contraints mais ont jugé légitime et utile l'obligation de cette formation. 4 d'entre eux auraient suivi cette formation même si elle n'avait pas été obligatoire, ce qui signifie que la motivation et l'intérêt personnel pour la matière était déjà élevé à la base. Cela s'explique sans doute par le fait que nous sommes dans l'enseignement de promotion sociale, en dehors de l'obligation scolaire, avec des gens qui ont un projet de vie ayant volontairement choisi de suivre ce cursus. L'analyse des réponses à la question suivante va maintenant nous donner une réponse en regard des aspects motivation lié au projet. Question 2 : 6 élèves ont répondu A (soit que le travail sur le business plan et la réalisation de leur business plan personnel simplifié leur a donné plus envie qu'avant de créer leur emploi par le biais de la création d'entreprise). 3 élèves ont répondu C (soit que le travail tel qu'il a été fait en classe n'avait rien changé à leur motivation). Aucun élève n'a choisi la réponse B ( soit que le travail l'aurait démotivé et lui aurait donné moins envie de créer son emploi par le biais de la création d'entreprise qu'avant). En conclusion, En disant que si 6 élèves sur 9 ont considéré que le travail et la méthode employés durant le stage leur avaient donné plus envie qu'avant de créer leur emploi par le biais d'une création d'entreprise. Cela signifie que 67% se trouvaient plus motivé qu'avant (9/100=0,09 et donc 6/0,09=66,66%). Même si l'on ajoutait dans la statistique les 2 élèves n'ayant pas terminé le travail ni répondu au questionnaire, on arriverait à 54 % (11/100=0,11 et donc 6/0,11= 54,4%). En résumé... Pour la classe dans laquelle j'ai effectué ce travail, plus de la moitié (au moins) et près des deux tiers des élèves (au mieux), ont vu augmenter leur motivation à se lancer dans l'entrepreneuriat. On peut donc dire que dans ce cas précis, les méthodes actives ont favorisé sensiblement la «motivation» qui mène à une réflexion personnelle sur l'entrepreneuriat. Quant à savoir si elles vont favoriser l'entrepreneuriat de manière concrète, en se soldant par des créations effectives d'entreprises, il faudrait pouvoir suivre les membres du groupe-classe après leur sortie de formation et attendre le temps nécessaire pour valider un réel démarrage d'une activité. Pour ceux qui se lanceraient effectivement, il faudrait voir encore quel serait le taux de maintien de leur entreprise à 3 ans et à 5 ans. La réponse n'est donc que très partielle et localisée, on ne peut en tirer de généralités. 58 Opinion personnelle sur le sujet Ce que je peux en dire, c'est que j'ai observé que les méthodes actives rendaient l'ambiance de travail plus agréable et amenaient un relationnel professeur-élèves qui me semble aller dans le sens d'une plus grande autonomisation et d'une plus grande responsabilité des élèves dans l'acquisition (et l'appropriation) des savoirs. J'ose donc supposer que des élèves formés dans une méthode qui amène responsabilité et autonomie doivent être mieux préparés au monde professionnel d'aujourd'hui et de demain. Quoiqu'il en soit, après avoir pratiqué de cette manière il me semble impossible d'en revenir à l'usage des méthodes traditionnelles uniquement, tant les méthodes actives offrent pour seule limite pédagogique l'imagination de l'enseignant. Ce sera le mot de la fin:) 59 BIBLIOGRAPHIEOuvrages consultés, parcourus, ou lus pour les besoins de cette épreuve intégrée. - «Pertinence en éducation», André de Peretti. Intéressant surtout le chapitre 3; le plaisir d'enseigner. - «Psychologie et pédagogie», Jean Piaget. Que peuvent les méthodes psychologiques nouvelles et en quoi contribuent-elles au renouvellement de la pédagogie ?; C'est le thème central de l'ouvrage. - «La gestion mentale », Antoine de la Garanderie. Très intéressant car expose avec des exemples l'échange pédagogique avec l'élève et l'analyse des processus cognitifs de celui-ci afin de l'aider à mieux apprendre, utilisable dans le cadre d'un travail individuel avec l'élève, en remédiation par exemple. - Points de vue technocentriques sur l'activité de l'homme au travail; «approche cognitive des instruments contemporains» de Pierre Rabardel Édition Armand Colin, pp.239, 1995 -Les hommes et les technologies; approche cognitive des instruments contemporains, Pierre Rabardel pour Hal, Université de Paris 8. Armand Colin, pp239, 1995. - Marguerite Altet «Les pédagogies de l'apprentissage».1998 page 1: Le courant Techno-centriste. Exemple:"Enseignement programmé"et "Pédagogie par Objectifs". - Paul Kearney, «Pédagogie et esprit d'entreprendre» chez 'de boeck'. - «What they teach you at Harvard Business School's72 », par Mark Stevens. Toutes les techniques qui servent à enseigner le management dans le programme mis en place dans cette prestigieuse université américaine, quantité de mise en situation, de défi et de situations problèmes auxquelles sont confrontés les étudiants du «Advanced Management Training Program».73 - «Business Plans pour les nuls», par Paul Tiffany et Steven D. Peterson, une bible en la matière, très complet et détaillé, très utile pour l'enseignant car résume et structure déjà bien la matière. Liens internet consultés pour les besoins de cette épreuve intégrée. Les dates de consultations sont reprises dans les « bas de page ». http://www.lalibre.be/actu/belgique/une-deuxieme-chance-pour-decrocher-un-diplome-54ca631b35701001a16fb9c1 http://www.ecoleita.be http://www.lavenir.net/cnt/dmf20140513_00475630 http://www.internetactu.net/2013/03/19/la-technique-est-elle-responsable-de-lacceleration-du-monde https://www.colibris-lemouvement.org/agir/guide-tnt/introduire-la-cooperation-dans-la-pedagogie http://semioscope.free.fr/article.php3?id_article=8 http://www.poesie.net/gibran1.htm http://www.academie-es.ulg.ac.be/ https://interventionseconomiques.revues.org/1481 http://www.cidegef.refer.org/activites/remises/liege/pdf/Bernard_SURLEMONT.pdf http://osehom.fr/quel-est-le-bon-profil-entrepreneurial/ https://explorable.com/fr/le-debat-de-l-inne-et-de-l-acquis 72 Traduction. « Ce qu'ils vous apprennent à l'école de commerce de Harvard » 73 Traduction « Programme avancé de formation en management » 60
| "L'imagination est plus importante que le savoir" |