WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les représentations sociales des enseignants à  l’égard de l’orientation de leurs élèves. Cas des enseignants exerà§ant au collège dans la région de Marrakech au Maroc.


par Said MAGOURI
Université de Rouen - Master 2 de recherche à  distance Francophone 2013
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

129

Conclusion et perspectives

Arrivé au terme de ce travail, nous allons, tout d'abord, rappelé les principaux éléments de notre démarche de recherche. Ensuite, nous reprenons, succinctement, les résultats les plus significatifs par rapport à notre problématique de recherche. Enfin, tout en rappelant les limites de notre démarche d'enquête, nous indiquerons quelques perspectives de recherche.

Rappelons-nous que la question problématique de cette recherche est la suivante : « dans un contexte différent que celui de l'Europe en l'occurrence le contexte marocain, quelles seraient les caractéristiques des représentations sociales, que se font les enseignants à l'égard de l'orientation de leurs élèves ? ». Ainsi, notre objectif de recherche consiste à explorer les caractéristiques des représentations sociales que se font les enseignants à l'égard de l'orientation de leurs élèves. Nous avons donc mené une enquête auprès d'un échantillon constitué de douze enseignants, de disciplines différentes, exerçant dans un collège à la ville de Marrakech. Notre démarche d'enquête a été menée en deux phases. La première phase consiste à réaliser un entretien semi-directif avec les enseignants enquêtés. Quant à la deuxième phase, elle porte sur une activité (méthode de cas) à réaliser par les enquêtés.

Tout au long de notre recherche nous avons cherché donc à repérer les éléments composants l'environnement représentationnel des enseignants quant à l'orientation de leurs élèves. Après repérage de ces éléments, nous avons analysé leurs caractéristiques en matière de centralité et de périphérie dans la représentation sociale des enseignants. En effet, il s'agissait de mettre en exergue les éléments partagés par les enseignants et qui ont trait à certains aspects de leur pratique enseignante en matière d'orientation. Nous nous somme donc intéressé particulièrement aux aspects suivants :

· La notion de l'orientation scolaire vue par les enseignants (y compris leur connaissance du système d'orientation) ;

· Les facteurs qui influencent le choix d'orientation des élèves ;

· Les représentations des différentes filières après la troisième collégiale (prérequis et profil des deux types d'orientation dichotomique, scientifique et littéraire) ;

· Les pratiques enseignantes en matière d'orientation (rôle en orientation des élèves,

influences sur leur orientation, critères retenus pour prendre des décisions
d'orientation, démarches d'aide à l'orientation, évaluation de la procédure de l'orientation et l'amélioration des pratiques enseignantes en orientation).

Après avoir analysé les données recueillies, nous avons relevé que les enquêtés appréhendent l'orientation généralement suivant deux systèmes de représentation distincts mais

130

complémentaires : soit elle est définie en se rapportant à l'action propre à l'élève (c'est un choix à faire et/ou une direction à suivre dans le cheminement de sa scolarité), soit c'est au niveau de l'action partagée pour orienter l'élève que se situent les acceptions de l'orientation. Signalons que la démarche d'aide à l'orientation des élèves n'est soulevée que par un seul enquêté. Pour eux, l'orientation consiste soit à faire un choix, soit à orienter l'élève (et non pas l'aider à s'orienter), soit les deux.

Par rapport aux facteurs influençant le choix d'orientation de l'élève, nous avons constaté qu'ils sont généralement relatifs au contexte scolaire et professionnel (influence des camardes de classes, possibilités d'insertion professionnelle, « l'effet de mode » de s'orienter en scientifique, effet maître, manque d'encadrement en orientation).

Concernant les connaissances qu'ont les enquêtés sur le système d'orientation, nous avons relevé qu'elles sont rudimentaires et non actualisées. En effet, les filières scolaires citées sont généralement réduites aux deux filières dichotomiques ; les lettres et les sciences. Globalement, les enseignants des disciplines dites de découvertes et ceux qui n'enseignent pas en classe de troisième ont affiché clairement leur méconnaissance du domaine d'orientation.

Tout comme les prérequis d'une orientation scientifique, ceux d'une orientation littéraire sont souvent ramenés aux bonnes notes dans les disciplines de qualification et, dans une moindre mesure, aux intérêts de l'élève. Il semble donc que les enseignants, en l'absence d'une alternative susceptible de juger objectivement les aptitudes des élèves, se voient contraints de regarder du côté des notes disciplinaires. Celles-ci leur paraissent plus ou moins objectives et socialement désirées.

Pour le profil scientifique, l'essentiel de ses caractéristiques sont des qualifications personnelles : le raisonnement logico-déductif est la qualification la plus mise en avant puis la rapidité et d'autres qualifications (l'esprit et réflexe scientifique, le sens d'analyse, d'observation et de détection, le sens critique, la persévérance et l'intelligence). Les autres qualifications sont disciplinaires (s'intéresser souvent à l'objectif et l'essentiel des choses, avoir de bonnes notes, être capable de réaliser un graphe, se désintéresser des matières littéraires). Concernant le profil littéraire, les enseignants s'accordent généralement à lui attribuer plus de qualifications disciplinaires (le fait d'utiliser beaucoup de détails et d'informations dans l'explication des choses, la capacité d'analyse littéraire, la capacité d'apprendre par coeur) que de qualifications personnelles.

131

Nous avons appréhendé la pratique enseignante en matière d'orientation à partir des aspects suivants : d'abord, au niveau du rôle que ces enquêtés s'attribuent dans l'orientation des élèves. Il s'est avéré qu'ils en ont des positions très variées. Ces positions varient d'un rejet catégorique de ce rôle à une reconnaissance délibérée voire même une responsabilité affirmée de l'enseignant dans l'orientation de ses élèves. Cette variation est conditionnée à la fois par la place qu'occupe chaque discipline dans la hiérarchie des disciplines qualifiantes (à l'une ou l'autre orientation) et par le fait d'enseigner ou non en classe de troisième (premier palier d'orientation). Ensuite, au niveau de leur influence sur le choix d'orientation de l'élève, les enseignants se sont départagés. En effet, nous avons relevé deux types d'influence ; directe et indirecte. Elle est directe quand l'enseignant reconnaît son statut de personne ressource à qui les élèves se tournent pour demander de l'aide à l'orientation et indirecte quand il affirme par exemple que la notation ne reflète pas le niveau de l'élève ou quand il mène une pédagogie d'enseignement/apprentissage susceptible de rendre leurs disciplines appréciables. Généralement, les enseignants enquêtés s'accordent à considérer que leur influence sur l'orientation des élèves est beaucoup plus indirecte.

Par rapport à la démarche d'aide à l'orientation entreprise par les enseignants enquêtés, nous avons relevé qu'elle consiste essentiellement à conseiller l'élève (généralement sur la façon d'envisager son choix d'orientation). Elle peut consister aussi à vérifier les capacités des élèves à suivre telle ou telle filière (à travers l'observation du comportement de l'élève en classe et la passation d'un test d'évaluation), à s'informer sur l'élève et à l'informer.

En matière de critères retenus par les enseignants pour se prononcer sur l'orientation de leurs élèves, il nous est apparu qu'ils sont de deux types : les critères disciplinaires qui semblent donc beaucoup plus retenus par les enseignants (les notes scolaires, le niveau scolaire dans les disciplines de qualification, l'aisance dans l'apprentissage de la discipline, les autres critères sont généralement hétérogènes) et les critères relatifs au choix d'orientation (voeux exprimés d'orientation, projet scolaire et professionnel, les intérêts dominants...). Bien que la majorité des enquêtés reconnaît l'influence de la note scolaire sur le choix d'orientation (selon eux, cette note ne reflète pas le niveau scolaire réel de l'élève), elle n'hésite pas, à la prendre pour le critère le plus retenu dans les décisions d'orientation. Il nous semble, dans ce cas, qu'au regard de la note scolaire, les enseignants ont deux attitudes opposées. D'une part ils nient sa validité prédictive et, d'autre part, ils considèrent qu'elle constitue le seul critère plus au moins objectif sur lequel ils peuvent se baser pour prendre des décisions d'orientation. Ce résultat a été confirmé une fois de plus suite à l'analyse des données recueillies de l'activité.

132

En effet, les trois premiers critères retenus aussi bien dans les scénarios scientifiques que littéraires marquent une certaine stabilité. Nous pouvons avancer que ces trois critères (notes dans les disciplines qualifiantes à l'une ou l'autre orientation) constituent les éléments centraux autour desquels se forgent les représentations sociales des enseignants quant aux critères retenus pour prendre des décisions d'orientation. L'hétérogénéité observée dès le quatrième critère à retenir (alors qu'il reste douze autres critères à sélectionner) témoigne de la diversité des approches personnelles que peuvent faire les enseignants en l'absence des critères objectifs ou des critères reconnus et désirés socialement. Ces critères peuvent constituer les éléments périphériques de ces représentations sociales.

De manière générale, c'est lorsqu'on a épuisé les critères relatifs aux notes moyennes et moyennement faibles, pour établir les premiers scénarios, que les enseignants ont commencé à intégrer et en nombre croissant d'autres critères de nature différente dans le reste des scénarios. Tous ces résultats nous permettent d'avancer que dans le contexte marocain, les représentations stéréotypées relatives au genre et aux statuts socioéconomiques (Channouf et al., 2005) ne se manifestent pas , nous semble-t-il, de la même manière que dans le contexte européen. Résultats qui doivent être analysés en profondeur dans d'autres études à portée plus généralisatrices et avec des outils plus précis.

Les appréciations des enseignants quant à la procédure d'orientation sont, généralement, défavorables (elle est jugée inappropriée, insuffisante, injuste, sans utilité...) et leurs critiques s'adressent, particulièrement, au fonctionnement du conseil d'orientation. En effet, certains enquêtés ont mentionné plusieurs inconvénients qui entravent son bon fonctionnement (le voeu de l'élève prévaut plus, « un conseil juste pour la forme », « les notes comptent plus », prise en compte marginale de l'avis de l'enseignant et les risques d'erreurs qui peuvent « jalonner le parcours scolaire de l'élève »). Ceci semble accentuer les inégalités sociales face à l'orientation des élèves. Par rapport à ce dernier point, des enquêtés ont attiré l'attention sur le contexte inégalitaire dans lequel se déroule la procédure d'orientation. Ils observent, par exemple, qu'une partie importante des élèves de leur établissement (contexte socialement défavorisé) remplissent les fiches de voeux sans avoir recours à leurs parents ou à une personne susceptible de les aider. Ils les remplissent généralement en classe avec leurs camarades (problème d'influence des camarades sur les demandes d'orientation qui peut conduire soit à une autosélection soit à une demande plus ambitieuse). Cette autosélection fait partie d'un ensemble de biais sociaux entourant les demandes d'orientation (Duru-Bellat,

133

2002). De plus, les conseils d'orientation ont tendance à entériner ces demandes au lieu de chercher à tirer vers le haut les ambitions scolaires et professionnelles des élèves.

Globalement, les propositions d'amélioration de la pratique enseignante en matière d'orientation sont relativement différentes d'un enseignant à un autre (travailler suivant l'ancienne procédure qui donne à l'enseignant le pouvoir de décider de l'orientation de l'élève, accompagner les élèves dans leur orientation, présence permanente d'un orienteur dans l'établissement scolaire, formation et information sur le domaine et les filières d'orientation). Ceci témoigne du caractère complexe du domaine de l'orientation nécessitant une multitude d'entrées éducatives susceptibles de mettre en place une pratique pertinente d'aide à l'orientation des élèves.

Bien que notre recherche ait permis de repérer le contenu du système représentationnel des enseignants quant à l'orientation de leurs élèves, elle doit être prolongée par des investigations plus systématiques concernant son contenu et sa structure interne. Ce prolongement nous permettra d'affiner le repérage du noyau central et des éléments périphériques et d'appréhender la nature des éléments du noyau (normatifs et fonctionnels). En effet, cette recherche ne constitue qu'une exploration de certains aspects du système représentationnel de l'orientation des enseignants. L'exploitation et l'analyse des données recueillies par entretien semi-directif et par l'activité (la méthode de cas) ont montré la nécessité de s'appuyer sur d'autres outils de recueil de données permettant notamment l'appréciation de la centralité de certains éléments composant la représentation. Concernant nos données recueillies, nous estimons qu'il serait judicieux de les exploiter davantage afin de mieux connaître les éléments périphériques, qui par leur fonction d'adaptation à la réalité permettent de concrétiser les représentations et les dires (Abric, 2011) des enseignants. Ce prolongement doit aussi recadrer le champ d'investigation et le centrer sur un thème tel que : la notion d'orientation scolaire, les facteurs influençant le choix d'orientation, le rôle de l'enseignant dans l'orientation, sa démarche d'aide à l'orientation, les critères qu'il retient pour prendre des décisions d'orientation, etc. Enfin, il serait judicieux de déterminer la façon avec laquelle ces représentations agissent sur les pratiques sociales et professionnelles.

134

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry