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2.2. Les représentations sociales :
Moscovici, fondateur en 1961 d'un nouveau champ
d'étude en psychologie sociale en l'occurrence la théorie des
représentations sociales (Abric, 2011), avait confirmé que «
si la réalité des représentations sociales est facile
à saisir, le concept ne l'est pas » (1976, p. 39) et ce, parce
qu'«il pâtit d'un contenu trop large et mal défini...et ne
prend sens que grâce à l'usage concret » (1984, cité
par Semin, 1989, p. 262). Bien que cette théorie ait été
négligée pendant un certain temps après son apparition,
les travaux qui lui sont rapportés, depuis plus trois décennies,
vont en expansion. En France par exemple, on a vu « tout les trois ans en
moyenne, un ouvrage exclusivement consacré à ce thème
» (Moliner et al., 2002, 12). Ceci témoigne, en effet, de
la vitalité du champ de recherche consacré aux
représentations sociales. Celles-ci, sont prises désormais pour
« une référence incontournable non seulement en psychologie
sociale mais également dans bon nombre d'autres sciences sociales »
(Abric, 2011, p. 15). Plus particulièrement encore, elles constituent
une théorie qui a vocation d'étudier la pensée «
naïve » et le « sens commun » (Idem.) afin de nous
éclairer sur ce qui nous relie au monde et aux autres et nous renseigner
sur la façon dont se construit ce lien (Moliner et al, 2002). En ce
sens, cette théorie est une « théorie du lien social »
(Ibid., p. 11). Ajoutons aussi que les représentations
sociales, en tant que modalité de connaissance, constituent
« des entités presque tangibles. Elles circulent, se croisent et se
cristallisent sans cesse à travers une parole, un geste, une rencontre,
dans notre univers quotidien.» (Moscovici, 1976, p. 39). Au-delà de
leur « préparation à l'action » et leur orientation du
comportement, elles agissent sur l'environnement social où le
comportement doit avoir lieu en remodelant et reconstituant ses
éléments (Ibid.).
2.2.1. Définition du concept de
représentations sociales :
Moscovici considère les représentations
sociales comme « des systèmes de valeurs, des idées, et des
pratiques dont la fonction est double : en premier lieu, établir un
ordre qui permettra aux individus de s'orienter et de maitriser leur
environnement matériel, ensuite faciliter la communication entre les
membres d'une communauté en leur procurant un code pour désigner
et classifier les différents aspects de leur monde et de leur histoire
individuelle et de groupe » (Moscovici, 1961 cité par Semin, 1989,
p. 263).
En rapport avec le questionnement problématique de
cette recherche, on peut se demander si les représentations pourraient
entretenir des relations avec les attentes. Sur ce point, Moscovici (1981
cité par Hewstone, 1989) souligne que: « nous nous sentons
interpelés pour trouver une explication quand quelque chose ou quelqu'un
ne se conforme plus à nos représentations...» (p. 278). Il
nous semble ici, que les représentations conditionnent, en
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quelque sorte, notre perception sociale. Dès
qu'apparaisse un élément peu familier, étrange ou
inattendu, les représentations se mettent en oeuvre pour tenter de
l'appréhender (nous en parlerons plus loin).
Sachant bien que nous aurons, par la suite, l'occasion de
revenir sur un ensemble d'aspects de la représentation, nous
présenterons une autre définition d'Abric (2011). Pour cet
auteur, le fait de restructurer la réalité de telle sorte
à faciliter l'appréhension à la fois du côté
objectif des choses, des expériences passées du sujet et du
système de valeur (attitudes, normes...) « permet de définir
la représentation comme une vision fonctionnelle du monde, qui permet
à l'individu ou au groupe de donner un sens à ses conduites, et
de comprendre la réalité, à travers son propre
système de références, et donc de s'y adapter, de s'y
définir une place » (Idem., p. 17). Autrement dit, c'est
grâce au système représentationnel que l'individu arrive
à saisir la réalité qui s'offre à lui et par
là, communiquer avec soi-même et le monde extérieur suivant
un ensemble d'anticipations et d'attentes
(Idem.).
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