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Capital humain et transformation structurelle en Afrique subsaharienne.


par Diosthin Majesté II DE-GBODO
Université de Yaoundé II-SOA - Master 2 Ingénierie Economique et Financière 2018
  

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CHAPITRE I :

CADRE THEORIQUE  DE LA RELATION ENTRE

LE CAPITAL HUMAIN ET LA TRANSFORMATION STRUCTURELLE

INTRODUCTION

Les controverses autour de la croissance économique des pays de l'Afrique subsaharienne et le retard du développement économique et social qui en résulte ont été les conséquences d'une insuffisance de la transformation des structures de ses économies. Kuznets(1979), dans son travail sur la transformation structurelle mentionne qu'il est impossible d'obtenir un taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) par tête en terme réel sans toutefois enregistrer des changements substantiels dans de nombreux secteurs de l'activité économique. Cette thèse fut vérifiée dans les décennies 80 avec l'échec des politiques structurelles adoptées par les états africains suite à un essoufflement de la dynamique de croissance des pays Africains, un creusement des grands déséquilibres macroéconomiques et un éclatement de la crise de la dette le tout avec une demande intérieure grandissante. Ces déséquilibres sont les manifestations d'une crise plus profonde qui trouve ses origines dans l'incapacité de ces économies à favoriser une croissance à long terme de la productivité et de leur compétitivité tout en adoptant des politiques d'import-substitution.

Force est de constater d'après les statistiques que la structure productive des économies africaines a bien peu évolué au cours des vingt dernières années, la croissance de la richesse a été principalement tirée par les exportations de produits de base et l'industrialisation est restée en retrait (McMillan et al, 2014).Certains auteurs comme Rodrick et al(2007) parlent même d'une désindustrialisation prématurée, compte tenue de la place qu'occupe l'ASS en amont de la chaîne de valeur mondial dans les exportations des produits de base et à faible intensité technologique. La part de l'Afrique subsaharienne dans les exportations mondiales de marchandises en moyenne a baissé en valeur de 6,3 % à 2,5 % entre 1980-2002 (CNUCED). Sa part d'articles manufacturés de même, qu'il détenait dans les exportations totales de marchandises des pays en développement en moyenne à chuter de 20% à presque 7,9% durant la même période, soit quasiment un tiers de sa valeur moyenne de 1986(CNUCED). Comparée à la région en développement d'Asie qui a obtenu de bons résultats moyens en ce qui concerne les exportations totales de marchandises et d'articles manufacturés, sa part des exportations mondiales de marchandises est passé de 18 % en 1985 à 22 % en 2012 et celle qu'elle détenait dans les exportations totales de marchandises des pays en développement de presque 60 % à 72 % dans la même période (CNUCED). De même, sa part dans le commerce mondial d'articles manufacturés a triplé pour atteindre 22,5 % en 2010 ses chiffres moyens ont doublés d'après la CNUCED. Dans le cas de l'Afrique subsaharienne ses performances peuvent en partie être expliquées par un niveau insuffisant de diversification de l'appareil

productif et de la sophistication de ses exportations qui résument une profonde transformation structurelle d'un pays. Le secteur industriel qui représente le socle de la transformation structurelle est resté statique à raison de 12% à 11% entre 1980 à 2013(CNUCED 2014).

Avec le passages des OMD aux ODD le rôle central des agents économiques mis en exergue comme principal moteur d'un développement durable fait indique clairement que la lenteur de la transformation structurelle de la région d'ASS est due en majeur partie à son faible niveau de capital humain malgré le relèvement de son taux de croissance moyen ces sept(07) dernières années. L'indice de développement humain de l'ASS en général s'élève 0,4 (estimations du PNUD) un niveau très faible comparé à celui des pays développés qui en moyenne est de 0,7(estimation du PNUD). Cette prise en compte des agents économiques au centre des processus de développement est une condition préalable pour le développement de tous les pays du monde. Plusieurs facteurs permettent d'actionner la transformation structurelle mais dans le cadre de ce travail il nous revient de ressortir l'influence du capital humain sur la transformation structurelle pouvant conduire à un développement durable. Pour ce fait, ce chapitre traite d'une analyse théorique de nos deux concepts à savoir le capital humain et la transformation structurelle. Donc il se subdivise en deux sections, la première section porte sur la présentation du cadre théorique de la transformation structurelle dans son ensemble, puis la seconde section celui du concept capital humain en appréhension de toutes ses dimensions constitutives.

Section 1. Cadre théorique du concept de la transformation structurelle.

La transformation structurelle est sujet central dans le contexte de l'économie du développement suscitant de nos jours un intérêt central dans tout processus de développement d'une économie. Dans cette section nous présenter la transformation structurelle à travers toutes ses dimensions afin de mieux l'appréhender dans la suite de notre étude. En cela nous allons d'abord définir la transformation structurelle ensuite, énumérer les différentes dimensions représentant au mieux ce concept dans l'économie du développement.

2.1. Définition et évolution de la transformation structurelle

Depuis une quinzaine d'années, la transformation structurelle est redevenue une thématique centrale pour les institutions internationales et un objet d'étude pour les économistes du développement (Hidalgo; Rodrik, et al, 2007), ainsi que pour les pays recherche de développement durable. Bien qu'elle fut reléguée au second plan des débats académiques et stratégiques qui, à partir des années quatre-vingt, ont porté leur attention sur les problématiques financières et les objectifs de croissance.

De ce fait, la transformation structurelle se définit comme la réorientation de l'activité économique des secteurs les moins productifs vers les secteurs plus productifs (McMillan et Rodrick, 2013). Le rapport sur les Perspectives Économiques en Afrique (2011) décrit la transformation structurelle comme la réallocation de l'activité économique des secteurs à faible productivité vers ceux où elle est plus forte, permettant ainsi de maintenir une croissance forte, durable et inclusive. C'est en général la modification de la structure d'une économie afin que celle-ci soit résiliente face aux différents chocs aléatoires (staaz 2010). Elle insinue une croissance soutenue de l'agriculture en terme de valeur malgré une baisse de la part de ce secteur dans le PIB global et l'emploi de la main d'oeuvre, l'accélération du processus d'urbanisation appuyée par l'exode rural, l'émergence d'une économie moderne industrielle et des services et une évolution de la démographie qui passe des taux élevés à des taux de natalité et de mortalité faibles qu'il s'agisse des conditions de transfert du surplus de main d'oeuvre d'un secteur traditionnel vers un secteur moderne (Lewis, 1954) ou des déterminants spécifiques des trajectoires d'industrialisation et de modernisation économique de long terme dans les pays en retard de développement (Chenery et Taylor, 1968 ; Kuznets, 1966).

La transformation structurelle depuis son élaboration a communément évolué dans ce sens que pour les premiers auteurs structuralistes la modification de la structure économique se limitait à la structure productive d'une économie, caractérisée par l'emploi dans le secteur agraire et le secteur moderne, la valeur ajoutée sectoriel (Lewis, et al 1955). Mais avec la modernisation du commerce, la forte concurrence et la compétitivité accrue, ainsi que l'intégration régionale plusieurs aspects échappant à ses mesures primaires ont été perçue comme ne reflétant pas toutes les dimensions de la transformation structurelle. Dans la littérature contemporaine, la transformation structurelle est décrite par le niveau de diversification et de sophistication des économies. D'où, la diversification et la sophistication des exportations se sont imposées comme indicateurs complets de la transformation structurelle en se basant sur la théorie des capacités (Hausman, hidalgo et al 2000). Cette approche insinue que la composition de la production et de l'emploi fournit un bon aperçu de la structure globale d'une économie où les exportations correspondent à la partie du système productif entièrement soumise à la concurrence internationale. En d'autres termes, en reflétant les avantages comparatifs, les exportations démontrent bien la capacité d'un pays à valoriser son système productif sur les marchés internationaux (Théorie des capacités).

Mais récemment d'après les analyses de quelques auteurs structuralistes, qui avancent que certaines économies parviennent à entrer dans un cercle vertueux de transformation alors que d'autres se diversifient vers des produits isolés rendant plus difficiles de nouvelles diversifications et par conséquent la modification de leur structure. Alors que McMillan et Rodrik (2011) décrivent la mauvaise diversification comme celle s'effectuant vers des productions à faible productivité, ou vers des produits moins sophistiqués, permettant ainsi d'identifier des diversifications qui s'avéreront être des enclaves. Comme la prématurée désindustrialisation (Rodrick, 2011) dans le cas des pays africains. Ceci a conduit à la perception d'une dimension supplémentaire liée aux deux premières qui est la profondeur de la diversification et la sophistication. Mais la prise en compte de ses trois dimensions ne peut se sans intégrer celle de la soutenabilité. Aussi dit la continuité, qui permet d'observer la viabilité à long terme de la modification structurelle. Car à défaut de son absence le processus de la transformation ne peut s'achever faute d'inclusion (Lectard, 2017). Toutefois l'incertitude de cette mesure et le niveau actuel de la littérature sur cette dernière la rend encore difficile à bien appréhender ce qui offre à la diversification et sophistication des exportations une place capitale dans la représentation d'une structure productive sous influence de transformation alors elles deviennent des indicateurs moins controversés dans les analyses de la transformation structurelle. Toutefois l'industrie, l'emploi sectoriel, la valeur ajoutée sectorielle des exportations informent également sur le niveau de transformation de la structure d'une économie.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote