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La mise en œuvre de la responsabilité de protéger en Afrique. étude de quelques cas récents (Mali, Centrafrique, Libye).


par Bansopa Linda DARATE
Université d'Abomey-Calavi, Bénin - Master II Droit International et Organisations Internationales  2017
  

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CONCLUSION PARTIELLE

Après avoir épuisé tous les moyens préventifs si un Etat ne peut pas ou ne veut pas, redresser la situation, des mesures interventionnistes de la part d'autres membres de la communauté des Etats dans son ensemble peuvent s'avérer nécessaires. Ces mesures peuvent être d'ordre politique, économique, judiciaire et dans les cas extrêmes elles peuvent comprendre une action militaire.

L'on comprend que l'action militaire est le dernier des recours, et d'autres mesures autres que l'intervention militaire, peuvent être mises en oeuvre.

En outre, une société qui sort d'un conflit a des besoins particuliers. Pour éviter que les hostilités n'éclatent à nouveau tout en posant les bases d'un développement robuste, elle devra s'attaquer en priorité aux impératifs que sont la réconciliation, le respect des droits de l'homme, la représentativité du régime politique et l'unité nationale, le rapatriement et la réinstallation rapide, sûre et bien ordonnée des réfugiés et des personnes déplacées, la réinsertion des ex-combattants, notamment, dans une société productive, la résorption de la masse des armes de petit calibre en circulation et la mobilisation de ressources intérieures et internationales pour la reconstruction et la reprise économique. Chacun de ces impératifs prioritaires est lié à tous les autres et le succès suppose un effort concerté et coordonné sur tous les fronts.

La mise en oeuvre de la responsabilité de protéger en Afrique : Etude de quelques cas récents (Mali, Centrafrique, Libye)

CONCLUSION GENERALE

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La mise en oeuvre de la responsabilité de protéger en Afrique : Etude de quelques cas récents (Mali, Centrafrique, Libye)

Le continent africain est sans conteste aujourd'hui l'une des parties du monde qui fait face au plus grand nombre de conflits armés (une quarantaine depuis les années 1970), la plupart étant constitués de conflits internes à l'image des guerres en Libye, au Mali et en Centrafrique. Ces nouvelles formes de conflits ont la fâcheuse conséquence de toucher directement à la sécurité des populations civiles. C'est pourquoi le principe que tout Etat a la responsabilité de protéger sa propre population contre le crime de génocide, les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le nettoyage ethnique a été consacré par le Sommet mondial de 2005 à l'unanimité des chefs d'Etat et de gouvernement présents. La responsabilité de protéger semble être un instrument efficace pour résoudre les problèmes de l'heure. Elle a vocation à être un principe au coeur de la souveraineté interne de l'Etat, principe déterminant de son comportement vis-à-vis de sa population. Mais la R2P conditionne également le respect dû à la souveraineté externe de l'Etat, inviolable seulement et pour autant que l'Etat, avec ou sans l'aide de la communauté internationale, est en mesure d'empêcher, de stopper et de réprimer toute violence de masse subie par sa population sur son territoire. Susceptible sans doute de constituer à terme un progrès significatif de l'effectivité du droit international des droits de l'homme et du droit international humanitaire dans l'ordre interne des Etats comme dans l'ordre international, la responsabilité de protéger vient prêter main forte à l'ensemble des efforts de la communauté internationale pour faire sortir nombre d'Etats de la violence dans laquelle ils sont enferrés et favoriser l'avènement de la paix civile. La R2P se révèle un concept structurant une série d'actions, incombant à un nombre important d'acteurs. Sans être encore une norme de droit international général, la R2P s'affirme comme un principe de comportement universel pour tous les Etats et la communauté internationale, que leurs différentes organisations représentatives sont appelés à intégrer dans leur action. La responsabilité de protéger participe ainsi à l'affirmation, à l'aube d'un nouveau siècle encore lourd de risques et de menaces, du plus essentiel des nouveaux droits émergents des populations : celui de vivre en paix et à l'abri de la peur à l'intérieur des frontières de leurs Etats.

Toutefois, sous son apparence généreuse et désintéressée, le principe est lourd de dangers. Il y a fort à craindre que la responsabilité de protéger ne soit qu'un simple

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La mise en oeuvre de la responsabilité de protéger en Afrique : Etude de quelques cas récents (Mali, Centrafrique, Libye)

instrument pour servir des intérêts égoïstes dans un monde où les Etats ne visent que leurs intérêts236. En effet, la responsabilité de protéger est un principe à l'opposé d'un droit d'intervention armée, même s'il n'exclut pas in fine cette éventualité. Or, le débat, qu'il soit politique ou doctrinal, s'est engagé presqu'immédiatement dans cette voie, retombant dans les ornières dont la responsabilité de protéger entendait précisément faire sortir la question237. En outre, à l'analyse de l'application de la R2P en Libye, au Mali et en Centrafrique, il ressort que la réaction de la communauté internationale n'appelle pas l'exécution d'une stratégie dont il faudrait suivre à la lettre les différentes étapes ni ne nécessite la survenance d'événements déclenchants" qui feraient l'objet d'une définition rigoureuse"238. S'il est évident que vouloir enserrer la R2P dans des critères déterminés et des procédures strictes, risquerait de paralyser l'action ou de la retarder de façon préjudiciable aux populations, cette résolution peut s'avérer nécessaire lorsqu'on considère le pouvoir de décision dévolu au Conseil de sécurité en matière d'application du principe de la R2P. Le rôle reconnu au Conseil de sécurité renvoie inévitablement à ce stade à la question du droit de veto de ses membres permanents, lesquels pourraient soit faire échec à toute réaction de la communauté internationale dans des situations où manifestement il y a nécessité d'intervenir, soit autoriser des interventions sur la base de raisons fallacieuses. Miser sur la bonne volonté des membres permanents et sur leur seul sens des responsabilités pour s'abstenir de recourir à un droit de veto particulièrement soumis aux intérêts nationaux et stratégiques de ceux qui en usent peut sembler une parade bien fragile. Néanmoins, il n'est pas exclu que l'affirmation d'un principe engageant la communauté internationale dans son ensemble, comme celui de la R2P puisse par lui-même être susceptible de faire évoluer l'appréciation que l'on peut avoir de l'usage du droit de veto et de faire apparaître une forme de responsabilité politique, au plan international239.

236 BIAD Abdelwahab, Droit international humanitaire, Paris, Ellipses, p. 93

237SZUREK (S.), « La responsabilité de protéger : Mauvaises querelles et vraies questions », Anuario Colombiano de Derecho Internacional (ACDI) n.° 4, Bogota, 2011, p. 58.

238 ONU, A.G., La mise en oeuvre de la responsabilité de protéger. Rapport du Secrétaire général, Doc. A/63/677, 12 janvier 2009, par. 49 à 66, pp. 23-31.

239 Sur l'idée de responsabilité politique, voir SZUREK S., «Responsabilité de protéger, nature de l'obligation et responsabilité internationale», in S.F.D.I., La responsabilité de protéger, Colloque de Nanterre, Paris, Pedone, 2008, pp. 126-133.

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