III.1.2.2. Les cadres de concertation entre les
élus locaux et leurs populations
Dans le contexte africain, la participation se fait souvent
par le biais de mécanismes traditionnels qu'ignore la loi (CGD, 2011).
Il s'agit par exemple des cadres de concertations mairie / jeunes, mairie /
femmes, mairie / santé, mairie / éducation, etc. Dans
l'arrondissement n°4 de la commune de Bobo-Dioulasso, nous pouvons dire
qu'il existe très peu de cadres de concertation permanents entre les
élus locaux et leurs populations. Comme cadre de concertation
initié par les élus locaux, nous pouvons citer les sorties
effectuées par le maire dans les écoles qui sont dans son
arrondissement pour échanger avec les enseignants et les encourager dans
leur travail. À ce propos, un enseignant nous confie que : « le
maire est sorti dans les écoles pour encourager les enseignants et
récompenser les meilleurs élèves et enseignants, en tout
cas on le sent bouger » (P. S., instituteur certifié, secteur
24, 23/11/2017). À ces sorties s'ajoute l'organisation des
activités sportives et de reboisement où les élus locaux
sont encore en contact avec les populations de leur arrondissement. Un
élu local relève ceci : « il arrive des fois où
on fait des tournées. La semaine qui vient de passer, on était
à Yéguérésso où nous avons eu la demi-finale
de la coupe du maire de l'arrondissement n°4. Il y a les
quartiers de Bobo-Dioulasso qui sont dans l'arrondissement, nous avons
également fait des tours dans ces différents quartiers, soit pour
des plantations de reboisement ou encore d'accompagner, d'encourager les
enseignants à travailler mieux. » (M. B., président de
l'association des municipalités des Hauts-Bassins, secteur 24,
02/12/2017).
Du côté des populations, il faut souligner que
des cadres de concertations ont été initiés par certaines
OSC. C'est l'exemple de l'Association Jeunesse Culture et Développement
(AJCD) qui sensibilise et forme les populations sur leur rôle dans le
développement. D'après le responsable, cette OSC
sélectionne cinq associations dynamiques dans chaque arrondissement
qu'elle forme en une OSC, ce qui leur permet d'être efficace et de
pouvoir participer aux décisions et aux activités de
développement de l'arrondissement. À en croire le
secrétaire général d'une OSC : « (...), si la
population ne s'organise pas en association, il sera difficile pour elle de
participer. Si nous on n'était pas une organisation vraiment comme
ça là, ça allait être difficile.» (O. W.
J. P., secrétaire général d'une OSC, secteur 15,
25/11/2017). Donc il faut dire que les actions de ces OSC cherchent à
infléchir les politiques initiées par les élus locaux et
à faire participer activement les populations.
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Par ailleurs, d'autres cadres de concertation sont
utilisés par les citoyens ou les élus locaux pour la
résolution de certains problèmes ou pour susciter
l'adhésion à des politiques locales. Il s'agit de l'intervention
des autorités traditionnelles ou de certaines personnalités
influentes dans certaines situations. Pour le problème de la
délimitation du site de l'hôpital sous régional qui doit
être construit dans l'arrondissement n°4 par exemple, les
autorités traditionnelles et certaines influentes ont été
associées aux négociations. C'est ce que relève un
administrateur civil en ces termes : « il faut dire que
généralement quand on est confronté à ces
difficultés, il y a quand même des négociations qui sont
entreprise, (...) l'administration s'adosse sur un certain nombre de personnes
ressources notamment les autorités coutumières et certaines
personnes influentes de la localité. J'en veux pour preuve, la situation
de l'hôpital qu'on devait construire dans l'arrondissement où les
populations se sont opposées aux travaux de délimitation et le
balisage de la zone. » (N. S., administrateur civil, 24/11/2017).
Donc dans certains cas de figure, les autorités traditionnelles
constituent un appui solide pour faire participer ou pour négocier la
population.
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