CONCLUSION PARTIELLE
Le fonctionnement de liaisons satellites repose sur les
principes de la radioélectricité, et toutes les notions qui vont
avec, l'installation et la réalisation de réseaux satellites
relèvent de compétences de l'ingénierie très
avancée, c'est un concours de diverses aptitudes tant soient
intellectuelles et physiques dans divers domaines de l'innovation. Ces
réseaux sont des grands marchés de produits et services et
présentent une rentabilité qui vaut sa peine, pourquoi pas plus.
Aussi les réseaux satellites sont des solutions qui offrent beaucoup
d'emploi dans le monde.
La connaissance sur les liaisons satellites nous a permis de
comprendre son fonctionnement et son importance. Au chapitre suivant, nous
allons nous intéresser sur les applications liées à
celui-ci.
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![](Apport-de-satellites-dans-la-transmission-de-donnees22.png)
CHAPITRE III : LES APPLICATIONS LIEES A L'USAGE DE
SATELLITES
CHAPITRE III
LES APPLICATIONS LIEES A L'USAGE DE
SATELLITES
PREAMBULE
Les applications des satellites sont les différents
domaines dans lesquels les satellites artificiels lancés dans l'espace
sont utilisés. Depuis l'apparition des satellites à la fin des
années 1950, les domaines d'application tendent à se multiplier
et à se banaliser en influençant en profondeur la
société et en donnant naissance à un nouveau secteur
commercial. Le développement des satellites reste néanmoins
concentré entre les mains de quelques puissances spatiales.
On distingue les satellites scientifiques qui sont
destinés à la recherche scientifique et les satellites
d'application qui apportent une contribution pratique au fonctionnement de la
société dans des domaines comme la météorologie,
les télécommunications, la navigation, la gestion des ressources
naturelles, la sécurité maritime, la prévention et le
suivi des risques naturels.
III.1 ROLE ET CARACTERISTIQUE DU SATELLITE
· Le satellite permet d'observer et de communiquer de
manière quasi instantanée avec de grandes portions de la
planète.
· Un instrument unique placé en orbite peut ainsi
effectuer un travail soit impossible à réaliser depuis le sol
pour des raisons physiques, financières ou politiques soit qui
nécessiterait un très grand nombre d'équipements au
sol.
· Le satellite et sa charge utile sont en situation
d'impesanteur.
· Le satellite est dégagé de
l'atmosphère terrestre opaque à une partie du spectre
électromagnétique permettant d'étudier tous le rayonnement
en provenance de l'espace.
· Le satellite permet d'étudier in situ l'espace
proche de la planète où se déroulent des processus qui
influencent directement les mécanismes climatiques.
III.2 TYPES DE SATELITTES
Les satellites sont classés généralement en
deux catégories : satellites scientifiques et satellites
d'applications.
III.2.1 Satellites scientifiques
Les satellites scientifiques sont destinés à la
recherche :
· Étude des couches supérieures de
l'atmosphère, de l'ionosphère, de la magnétosphère
et des ceintures de radiations,
· Vérifications de certaines lois de la physique
qui bénéficient de l'impesanteur,
· Étude du champ de gravitation terrestre et la
forme de la Terre (géodésie),
· Étude des mouvements affectant la croûte
terrestre liés à la tectonique des plaques
(géodynamique),
· Les télescopes et observatoires spatiaux dans
le domaine de l'astronomie et de la cosmologie utilisent des instruments
analogues aux télescopes
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CHAPITRE III
LES APPLICATIONS LIEES A L'USAGE DE
SATELLITES
terrestres. Leurs observations ne sont pas gênées
par l'atmosphère terrestre qui déforme ou arrête une bonne
partie du spectre électromagnétique. Ces instruments ont des
champs d'observation plus ou moins larges et sont dédiés à
une partie du spectre (lumière visible, infrarouge, rayons X, etc.).
? Certaines sondes spatiales
après s'être placées en orbite autour d'autres corps
célestes comme Mars, collectent des données qui sont
utilisées pour des études de planétologie.
Les satellites scientifiques présentent la
particularité d'être des objets généralement
uniques. S'ils sont perdus lors du lancement, ils sont rarement
remplacés.
![](Apport-de-satellites-dans-la-transmission-de-donnees23.png)
Figure 3.1. Le télescope Hubble.
III.2.1 Satellites d'application
Ils ont une application commerciale dans les domaines de la
météorologie, de l'Observation de la Terre (dite
Télédétection), des télécommunications, de
la navigation. Ils génèrent des revenus directs (satellites de
communications) ou induits (météorologie, observation de la terre
civile et militaire, navigation, etc.). Leur service ne devant pas
s'interrompre, ils nécessitent des redondances en orbite et des
remplacements par de nouvelles générations. C'est un vrai
marché des satellites et de leurs applications. Les applications peuvent
être civiles ou militaires. Certains satellites ont une dualité
d'application, pouvant avoir plusieurs applications (Météorologie
et Télécommunications, Civile et Militaire, par exemple, etc.).
On trouve :
? Satellites de télécommunications :
ces satellites sont utilisés pour transmettre des
informations d'un point à l'autre bout de la Terre, notamment des
communications téléphoniques ou de la transmission de
données, les communications satellitaires et les programmes
télévisés.
? Satellites de télédétection
: ces satellites observent la Terre ou une autre planète
autour de laquelle ils ont été mis en orbite, dans un but
scientifique (température de la mer, manteau neigeux,
sécheresse...), économique (ressources naturelles,
agriculture...) ou militaire. Le spectre d'observation est vaste, optique,
radar, infrarouge, ultraviolet, écoute de signaux
radioélectriques...
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CHAPITRE III
LES APPLICATIONS LIEES A L'USAGE DE
SATELLITES
? Satellites de positionnement : ces
satellites permettent de connaître la position d'objets à la
surface de la Terre, dans les airs (avions, missiles) et dans l'espace.
? Satellites militaires : à
usage militaire et gouvernemental, ils peuvent être de
télécommunications et d'observation de la Terre ou
d'écoute électronique (satellite espion).
Les stations spatiales constituent une classe spéciale
d'engins spatiaux en orbite autour de la Terre. Ils sont conçus pour
être occupés par l'homme et on y effectue des expériences
de recherche fondamentale ou appliquée qui nécessitent la
présence de l'homme.
III.3 LES APPLICATIONS DE SATELLITE
III.3.1 Satellite de
télécommunications
De tout temps, les hommes ont eu le besoin vital de
communiquer. Et depuis le début de l'Histoire, les communications n'ont
cessé d'évoluer, en temps, en distance et en quantité
d'informations transportées. Les satellites de
télécommunications représentent pour le moment la pointe
du progrès dans cette matière. Avant l'ère spatiale,
aucune transmission de télévision n'était possible entre
les continents, et les quelques câbles transocéaniques qui
existaient ne pouvaient acheminer que quelques dizaines de conversations
téléphoniques. En quelques années, le satellite a
changé totalement la donne pour la télévision, le
téléphone ou même Internet
III.3.1.1 CARACTERISTIQUE GENERALES
a) Fonctionnement
général
Le satellite de communication reçoit le signal de la
station terrestre. Il l'amplifie et le transmet à une station
réceptrice en utilisant une autre longueur d'onde. Les programmes de
télévision, les communications téléphoniques, les
données numériques peuvent être ainsi relayées
à l'échelle planétaire.
b) Avantages d'un satellite par rapport aux
communications terrestres
Les satellites de télécommunications sont
à l'heure actuelle très nombreux car ils sont venus
compléter et améliorer les possibilités des moyens de
télécommunications terrestres par fil ou par ondes qui souffrent
des limitations suivantes :
? Coût d'installation, de maintenance et des
matières premières très élevé et augmentant
fortement avec la longueur du réseau.
? Problème physique : plus la quantité
d'information qu'il est possible de confier à une onde est grande, plus
la longueur de cette onde est petite et moins bien celle-ci se propage à
la surface de la Terre. Si elle est de quelques mètres, chaque obstacle
susceptible d'arrêter la lumière l'arrête également
(montagnes...)
? Exposition aux tremblements de Terre, inondations,
tempêtes et autres risques majeurs qui peuvent détruire la
ligne.
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CHAPITRE III
LES APPLICATIONS LIEES A L'USAGE DE
SATELLITES
Avant l'arrivée des satellites, les images venant
d'autres continents ne nous parvenaient que par avion, plusieurs jours
après avoir été filmées. Quand le satellite arriva,
celui-ci résolut, dans son principe même, les trois contraintes
citées ci-dessus. Primo, il est un moyen idéal pour la
transmission d'informations sur des aires géographiques très
vastes. Il possède donc a priori une vocation mondiale
puisqu'il ne nécessite pas une lourde infrastructure au sol, ce qui
paraît particulièrement bien adapté pour un pays dont le
peuplement est discontinu. Secundo, les satellites de
télécommunications offrent la possibilité de communiquer
entre deux points éloignés sans être gêné ni
par le relief, ni par la courbure de la Terre, à condition de rester
dans l'aire de visibilité du satellite assurant la transmission. Tertio,
le satellite ne risque rien dans le cas d'un tremblement de terre ou d'une
inondation et les infrastructures au sol occupent une si petite surface que le
risque de dégâts en est fortement réduit.
c) Affaiblissement possible du
signal
Certains phénomènes
météorologiques et astronomiques peuvent affaiblir un signal (la
pluie ou des vents solaires). Le signal est aussi plus facilement
arrêté par le relief en région de haute latitude (l'angle
sol-satellite est plus faible et l' « ombre » est donc plus
grande).
d) Deux ressources fondamentales
Un satellite de télécommunications utilise deux
ressources limitées : l'orbite géostationnaire et une bande de
fréquence radio réservée. À quelques rares
exceptions près (utilisations du laser pour les communications
sous-marins - satellites, par exemple), toutes les communications par
satellites exploitent les ondes radio. Avec l'augmentation continue du nombre
de satellites, le problème de l'allocation des fréquences est
devenu extrêmement complexe. Le spectre des fréquences utilisables
apparaît déjà très exploité. Cependant, les
progrès des techniques de transmission de données ont permis de
décupler la capacité des installations et de réduire la
taille des stations terrestres. Les méthodes numériques de codage
à la source ont ainsi entraîné une division par dix du
débit nécessaire pour transmettre une communication
téléphonique ou une émission de
télévision.
e) Concurrence des fibres optiques
Le développement des réseaux en fibre optique
est venu concurrencer les satellites dans certaines applications, comme la
téléphonie internationale, grâce à la pose de
nombreux câbles sous-marins. La fibre optique possède des
avantages que les satellites n'ont pas. Par exemple, une seule fibre optique a
une capacité de transmission équivalente à celle d'un
satellite relativement modeste, doté d'une dizaine de canaux. Par
ailleurs, les satellites possèdent une durée de vie restreinte,
car leurs réserves de carburant, utilisées pour se maintenir en
orbite, sont limitées.
Malgré toutes ces contraintes, les satellites gardent
encore plusieurs avantages sur les fibres optiques ; ils permettent, notamment,
de couvrir une très grande surface. De plus, ils disposent d'une grande
souplesse opérationnelle, car ils peuvent être reconfigurés
en fonction de l'évolution des techniques et des besoins. Enfin, ils
peuvent desservir des téléphones mobiles et des sites
isolés (îles, bateaux, etc.) en s'affranchissant des contraintes
géographiques. De ce fait, les systèmes de
télécommunications par satellites demeurent promis à un
bel avenir, et sont appelés à se développer pour un
certain nombre d'applications.
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CHAPITRE III
LES APPLICATIONS LIEES A L'USAGE DE
SATELLITES
f) Place du satellite dans le réseau
Internet
Faut-il le rappeler : tout le monde n'a pas accès
à l'Internet haut débit de type ADSL. Même dans un pays
développé, un quart de la population ne peut obtenir le haut
débit. Autrement dit, environ une commune sur deux et un tiers des
entreprises privées resteront au bord de « l'autoroute de
l'information » si rien n'est fait pour démocratiser l'accès
au haut débit.
Une des solutions qui s'imposerait est une constellation de
satellites, ou plutôt une constellation couplée avec un
réseau terrestre (par câbles). On associerait donc les avantages
du satellite, à savoir diffusion naturelle (un seul satellite suffit
pour une région entière) vers des utilisateurs mobiles dans des
zones éloignées et sans infrastructures terrestre
développées, en évitant les nombreux problèmes
techniques inhérents à ce système : les longs
délais aller-retour des ondes (effet « d'écho »), les
erreurs de transmissions portant plus à conséquence (vu qu'il y a
plus d'information en transit et que l'on supprime directement ces informations
lors d'une erreur) et enfin une certaine asymétrie (la quantité
d'information reçue n'est pas tout le temps la même que la
quantité d'information envoyée, ce qui oblige le satellite
à « stocker » des données).
![](Apport-de-satellites-dans-la-transmission-de-donnees24.png)
Figure 3.2. Liaison de télécommunications par
satellite
III.3.2 Satellite de positionnement
La société de l'information inclut non seulement
les télécommunications mais aussi la localisation et la
navigation. Cette dernière est l'ensemble des technologies qui
permettent de :
? Connaître la position d'un mobile par rapport à un
système de référence ;
? Calculer ou mesurer le cap à suivre pour rejoindre un
autre point de coordonnées connues ;
? Calculer d'autres informations pertinentes (distance,
vitesse de déplacement, heure estimée d'arrivée, etc.).
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CHAPITRE III
LES APPLICATIONS LIEES A L'USAGE DE
SATELLITES
III.3.2.1 Le système de
référence
Les satellites actuels de géopositionnement utilisent
pour se situer par rapport au globe terrestre, qui est loin d'être
parfaitement sphérique, le système WGS84 (World Geodesic System,
1984) qui est une représentation du système ITRF défini
par l'IERS. Les coordonnées d'un point sont données par la
longitude (méridien) et la latitude (parallèle) à partir
d'une origine arbitrairement choisie : l'intersection du méridien de
Greenwich avec l'équateur. La latitude varie de 0° à
90° nord ou sud et la longitude varie de 0° à 180° ouest
ou est. Connaissant les coordonnées du mobile et celles du point de
destination on peut alors calculer (ou mesurer sur une carte) le cap à
suivre pour rejoindre ce dernier point. Traditionnellement, ce sont les astres
qui avaient été utilisés pour servir de points de
repères pour la navigation. Cependant, ces anciens repères
laissent de plus en plus la place à des satellites artificiels.
III.3.2.2 Avantages d'un système de positionnement
par satellite
? Les satellites ne sont pas influencés par les
conditions météorologiques.
? Ils sont largement plus précis et plus rapides que
les anciens systèmes de navigation (radionavigation par exemple)
(précision de l'ordre de 15 mètres avec le GPS et de 1
mètre avec Galileo).
? Le système peut être utilisé aussi bien
par des mobiles évoluant au niveau du sol ou de la mer, que par des
mobiles évoluant dans l'atmosphère.
? Le système est beaucoup plus accessible que les
anciens moyens de positionnement (par ondes radios), qui n'étaient
utilisés que dans les avions.
? Le système en lui-même est gratuit, il n'y a
que les récepteurs qui sont plus ou moins onéreux (tout en le
restant bien moins que les récepteurs des anciens systèmes).
III.3.2.3 Fonctionnement
général
a) Les systèmes à trajet
descendant
Les systèmes de géopositionnement existants et
Galileo fonctionnent tous sur le même principe de base : le
système est constitué de trois « segments » : une
constellation de satellites en orbites autour de la Terre, des
récepteurs et enfin des stations aux sol qui contrôlent les
satellites, se chargent de contrôler leurs orbites et d'autres
informations rediffusées par les satellites eux-mêmes aux
récepteurs.
Afin de déterminer la position d'un mobile, les
principaux systèmes actuels et futurs, GPS, GLONASS ou Galileo,
utilisent le principe du « trajet descendant », c'est-à-dire
que les satellites ont une charge utile relativement simple et émettent
des signaux cadencés par une horloge ultra stable, le récepteur
ayant une instrumentation plus importante que le satellite lui-même. Les
satellites émettent en permanence des micro-ondes (ondes
électromagnétiques) qui se propagent à la vitesse de la
lumière et qui sont captés par les récepteurs. Connaissant
la vitesse de propagation de la lumière ils peuvent alors calculer la
distance qui les sépare du satellite en comparant l'heure
d'émission (incluse dans le signal) et de réception de l'onde.
Une erreur de 1 millième de seconde dans le calcul se transforme en une
erreur de 300 km sur le terrain ! C'est pour cela que les satellites doivent
contenir une horloge atomique extrêmement précise.
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CHAPITRE III
LES APPLICATIONS LIEES A L'USAGE DE
SATELLITES
Pour connaître sa position en temps réel dans
l'espace à trois dimensions, il faut un minimum de quatre satellites
reçu en permanence. En effet, il faut au minimum quatre points de
repères pour effectuer une triangulation précise. Trois
satellites vont être utiles pour pouvoir avoir les coordonnées
latitude, longitude et altitude et un quatrième servira à
déterminer le décalage entre l'horloge de l'utilisateur par
rapport au référentiel de temps du système de
géopositionnement. Placer une horloge atomique qui serait parfaitement
synchronisée avec le référentiel de temps dans chaque
récepteur est pour l'instant impossible.
La triangulation consiste donc ici à résoudre un
système d'équations à 4 inconnues qui sont la position
dans les 3 dimensions plus le décalage de l'horloge du récepteur
avec l'heure de référence du système. Pour connaître
uniquement sa position dans 2 dimensions, 3 satellites suffisent ; plus de 4
satellites ne fait qu'augmenter la précision de la réponse et
donc de la position. En clair, pour obtenir les coordonnées du
récepteur, on cherche l'intersection des sphères dont le rayon
est la « distance calculée entre les satellites » et le centre
la position du « satellites » et on reporte cette intersection par
rapport au géoïde terrestre. On connaît cette position car
les messages de navigation contiennent des paramètres sur les orbites
des satellites.
b) Galileo
Le GPS étant un système développé
pour les militaires américains, une disponibilité
sélective a été prévu. Depuis 1990, les civils
n'avaient accès qu'à une précision faible (environ 100 m).
Le système peut toujours être soumis à un brouillage du
signal sans que les utilisateurs n'en soient informés, ce qui en fait un
service très peu sûr pour les activités comme le guidage
des avions par exemple. De plus, la plupart des nouveaux satellites sont
maintenant équipés de récepteurs GPS afin de pouvoir
calculer leur position, ce qui crée une situation de dépendance
vis-à-vis de l'armée américaine.
En effet, si chaque satellite est équipé d'un
récepteur GPS, elle peut se permettre de créer un chaos total en
brouillant les émissions du système GPS. Enfin, le marché
de la localisation par satellite est en pleine expansion et devrait
représenter 155 milliards d'euros en 2020. L'Europe ne pouvait donc pas
se permettre de ne pas réagir face au monopole américain et a
décidé de lancer sa propre constellation de satellite de
navigation : Galileo. Celle-ci sera complémentaire du GPS tout en
étant beaucoup plus précise (précision de l'ordre du
mètre, pour 15 mètres au GPS) et exploitant 5 « canaux
» (fréquence particulière). Chaque « canal » sera
utile à un service en particulier, dont certains seront payants.
Ces services sont :
? Le service ouvert (ou OS pour Open Service) : comme le
service gratuit offert par le GPS, mais la précision est plus grande :
de l'ordre de 1 mètre. Aucune information d'intégrité
n'est assurée. C'est ce service qui sera principalement utilisé
par les particuliers ;
? Le service commercial (ou CS pour Commercial Service) : en
échange d'une redevance versée à l'opérateur
Galileo, il offrira de nombreux services à valeur ajoutée
(garantie du service, intégrité et continuité du signal,
meilleure précision de la datation et des données de
positionnement ou encore la diffusion d'informations cryptées à
l'aide de deux signaux supplémentaires). Ce sont principalement les
abonnements à ce service qui assureront le financement de Galileo ;
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CHAPITRE III
LES APPLICATIONS LIEES A L'USAGE DE
SATELLITES
? Le service de sûreté de la vie (ou SOL pour
Safety Of Life service) : il délivrera un service
sécurisé, intègre et fiable, en vue des applications
critiques sur le plan de la sécurité de la vie tels que le
transport aérien, maritime et terrestre ;
? Le service public réglementé (ou PRS pour
Public Regulated Service) : s'adressera en priorité aux utilisateurs
remplissant une mission de service public, très dépendants de la
précision, de la qualité du signal et de la fiabilité de
sa transmission (services d'urgence, transport de matières dangereuses,
transport de fonds, etc.). Comme ce service doit être disponible en tout
temps, il utilise deux signaux à part et dispose de plusieurs
systèmes prévenant un brouillage du signal ;
? Le service de recherche et secours (ou SAR pour Search And
Rescue service) : il permettra de localiser l'ensemble du parc des balises
Cospas-Sarsat 406 MHz et de renvoyer un message d'acquittement vers les balises
en détresse. La réglementation et la définition des
fonctions sont sous la charge de l'Organisation Maritime Internationale (OMI)
et de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI).
c) Les systèmes à trajet
montant
Contrairement aux satellites à trajet descendant, les
satellites à trajet montant ont une charge utile complexe et leurs
émissions peuvent être brouillées mais l'émetteur au
sol, ou en mer, dans le cas d'une bouée, est très simple. Pour
faire connaître sa position et les données scientifiques que
celui-ci est censé recueillir, un émetteur, qui peut peser moins
de 20 grammes, émet un message codé régulièrement
vers l'espace. Un des satellites de la constellation va alors capter
l'information qui lui sera arrivée par liaison montante et
l'enregistrer. Le satellite peut calculer la distance de l'émetteur en
connaissant le temps que l'onde a mis pour parcourir le trajet et sa position
grâce à l'effet Doppler. Dès que le satellite passe
au-dessus d'un des 21 centres de traitement des données, il renvoie les
informations collectées qui seront alors analysées par
après.
III.3.2.4 Applications des systèmes à
trajet descendant
a) La navigation militaire
Étant réservé uniquement aux militaires,
elle n'est pas accessible aux récepteurs du commerce. Mais le GPS
étant à la base un projet militaire, il est clair qu'il y a de
nombreuses applications dans ce domaine : il a notamment été
utilisé durant les campagnes de la guerre des Balkans et de la seconde
guerre du Golfe pour guider des missiles, pour guider les troupes et les
localiser, avoir une bonne vue d'ensemble du champ d'action...
b) Les relevés topologiques et études
des mouvements terrestres
Les systèmes de géopositionnement peuvent jouer
un rôle de prévention dans certaines catastrophes naturelles. En
effet de nombreux systèmes sont développés ou sont en
cours de développement sur Terre pour surveiller une faille active ou
encore mesurer les déformations d'un volcan. Des applications en
géophysiques, certes moins spectaculaires, sont elles aussi faites
grâce aux GPS : la mesure de la tectonique des plaques, la mesure du
géoïde, etc.
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CHAPITRE III
LES APPLICATIONS LIEES A L'USAGE DE
SATELLITES
c) La navigation civile
C'est le secteur d'applications que le grand public
connaît le mieux. C'est d'ailleurs le GPS qui est cité en premier
lieu dans les applications de la recherche spatiale. Il y a bien sûr le
fait que le système GPS équipe de plus en plus de voitures...
Mais les applications destinées aux civils ne se limitent pas à
cela uniquement. Il existe en effet bien d'autres systèmes qui utilisent
le GPS ou le GPS couplé avec un autre système afin d'obtenir un
meilleur service. Ces derniers sont extrêmement divers : il y a notamment
l'agriculture de précision, à la lutte contre le car-jacking en
passant par le repérage des balises de détresses.
? L'agriculture de précision
L'agriculture de précision est un concept de gestion
des parcelles agricoles. Elle repose sur le principe d'apporter la bonne dose,
au bon endroit, au bon moment. L'agriculture de précision peut
être utilisée pour optimiser la gestion d'un terrain à
trois niveaux :
o Environnemental : On limite les
pesticides, les engrais et autres produits polluants.
o Agronomique : On ajuste les besoins
de la plante à ses vrais besoins d'une manière extrêmement
précise.
o Economique : On augmente la
compétitivité en augmentant le rendement du terrain et du temps
de travail.
Elle requiert l'utilisation de nouvelles techniques, telles
que la localisation par satellite et l'informatique. Le GPS est ici utile dans
la première phase de l'agriculture de précision,
c'est-à-dire la maîtrise de l'espace de travail. Grâce
à la précision du système GPS et de capteurs
spéciaux, prenant en mémoire certaines indications et notes de
l'agriculteur à certaines coordonnées prises lors de son travail,
il sera possible en cas de problème de retourner
précisément sur les lieux.
Mais l'agriculteur peut aussi noter les endroits les plus
fertiles. Grâce à des « cartes de fertilités »
extrêmement précises, obtenues au fur et à mesure des
années, il peut ainsi décider de sa future politique d'occupation
de ses parcelles. S'il veut mettre de l'herbicide afin d'éliminer toute
trace de résistance dans son champ, il pourra également le faire
de manière plus productive en évitant de repasser là
où il est déjà passé et ne pas oublier certaines
zones.
Malgré tout, l'agriculture de précision reste un
outil cher (le coût d'équipement en matériel informatique
et logiciel SIG, associé au prix d'un GPS et d'un capteur de rendement
est d'environ 15 000 euros) et n'est souvent réservé qu'aux plus
gros propriétaires. Mais l'on prévoit une diminution des prix
dans le futur et ainsi une plus grande utilisation de ce système.
? Pour le « guidage privé »
Les récepteurs GPS sont vendus dans les grandes
surfaces ou équipent de série les véhicules. Les plus
petits tiennent dans la poche et valent le prix d'un agenda électronique
haut de gamme. Le GPS est aussi utilisé comme système de
navigation par les concurrents des rallye-raids ainsi que par les randonneurs
et autres pratiquants de sports en pleine nature.
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CHAPITRE III
LES APPLICATIONS LIEES A L'USAGE DE
SATELLITES
? La pêche de précision
Les pêcheurs peuvent, eux, localiser leur(s) bateau(x)
avec une grande précision pour assurer leur sécurité face
aux dangers de la mer (intempéries ou collisions) et augmenter la
productivité de leurs activités de pêche. Sans compter que
les GPS peuvent les guider pendant les tempêtes et lors des manoeuvres
dans les ports.
? Le guidage des avions
Une des premières applications pratique du GPS
dépassant le simple positionnement a été mise en oeuvre
sur l'aéroport de Chicago, un des plus encombrés des
États-Unis. Il ne s'agissait pas de permettre aux pilotes de se
positionner en vol, comme on pourrait le croire, mais de permettre à la
tour de contrôle de connaître à tout moment la position des
avions au sol afin de gérer au mieux leurs déplacements, le
séquençage des décollages et d'éviter les
collisions, en particulier les jours de brouillard.
Chaque avion est muni d'un récepteur GPS qui calcule sa
position en permanence et la diffuse par radio à la tour de
contrôle. Dans la tour, un ordinateur reçoit ces positions et les
affiche en temps réel sur écran, sur le plan de
l'aéroport. Un « radar sans radar », en somme, qui permet aux
contrôleurs d'avoir toute l'information nécessaire
résumée sur un simple écran. Et puis, qui ne connaît
pas le pilote automatique dans les avions, système qui a
déjà aidé maints pilotes en difficultés ? Le pilote
automatique n'est en fait une prise en charge de l'appareil, couplée
avec une trajectographie guidée par des positions GPS en temps
réel !
? La lutte contre le car-jacking
C'est en fait un processus passif. Dans ce cas, on installe un
récepteur GPS sous le capot du véhicule à protéger.
En cas de vol du véhicule, l'utilisateur appelle un centre de recherche
qui va alors capter le message radio envoyé en continu par le
récepteur pour donner sa position. Il ne reste alors plus à la
police qu'à se rendre au domicile des voleurs pour les « cueillir
» et récupérer la voiture.
III.3.2.5 Application des systèmes à trajet
montant
a) Sauver des vies
Développé dans ce but, on estime qu'entre 1982
et 2005, le système Cospas-Sarsat a permis de secourir plus de 14
000 personnes, en majorité dans le domaine maritime.
b) Protéger et sauvegarder la faune
sauvage
En plaçant des balises sur les animaux sauvages tels que
les oiseaux migrateurs, les scientifiques peuvent aisément observer
leurs déplacements. Ils peuvent ainsi obtenir des informations,
inaccessibles normalement, nécessaires à la sauvegarde de
certaines espèces protégées.
c) Connaître et comprendre l'océan et
l'atmosphère
Argos contribue activement à comprendre les océans
en collectant et traitant les données fournies par 5 000 bouées
dérivantes, 1 500 flotteurs de grand fond, 300 bouées
ancrées et stations fixes. Ces balises mesurent la pression
atmosphérique, la direction et la vitesse du vent, les courants de
surface, etc.
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CHAPITRE III
LES APPLICATIONS LIEES A L'USAGE DE
SATELLITES
d) Surveiller les volcans
La surveillance permanente des volcans permet de détecter
immédiatement tout risque pour la population et les compagnies
aériennes, qui sont parfois amenées à traverser des nuages
de cendres volcaniques.
Le système Argos a été introduit dès
1992 dans des réseaux de préalerte volcanique (associés
parfois à des détecteurs GPS). Une quarantaine des 120 volcans
que compte l'Indonésie sont ainsi équipés de stations de
mesures Argos autonomes.
e) Mesurer et gérer les ressources en
eau
En plaçant des émetteurs sur certains fleuves, on
peut prévenir d'éventuelles pénuries. Les émetteurs
Argos donnent en effet l'élévation du niveau du fleuve. Ces
données permettent de mieux gérer l'exploitation des barrages, le
refroidissement des centrales thermiques et nucléaires, etc.
![](Apport-de-satellites-dans-la-transmission-de-donnees25.png)
Figure 3.3 Global Positionement System (GPS)
III.3.3 Satellite d'observation de la Terre
Les satellites d'observations sont une des composantes
majeures de la technologie spatiale. En effet, ils correspondent à un
besoin très important pour beaucoup d'activités humaines : avoir
une vision globale de la Terre. Avant l'ère spatiale, l'homme n'avait en
effet jamais pu embrasser l'ensemble d'un hémisphère d'un seul
coup d'oeil. Il a donc fallu la mise en orbite des premiers véhicules
spatiaux pour faire reculer l'horizon accessible et montrer notre
planète comme jamais nous ne l'avions vue auparavant. Aujourd'hui, le
satellite d'observation est devenu indispensable aux scientifiques et aux
industriels comme aux militaires. Il offre à chacun d'entre eux une
multitude de raisons d'observer la Terre depuis l'espace dans l'ensemble du
spectre électromagnétique.
III.3.3.1 Fonctionnement des satellites
d'observation
a) Principe général
Ces satellites reposent sur la détection et la mesure
par leurs capteurs du flux de rayonnement électromagnétique en
provenance de la zone observée. On interprète ensuite les
données en tenant compte des lois physiques suivantes :
- 51 -
· CHAPITRE III
LES APPLICATIONS LIEES A L'USAGE DE
SATELLITES
Plus la longueur d'onde est courte, plus la température de
l'objet est élevée
E = h*f (3.1)
E : Energie en joule (J)
h : la constante de Planck qui vaut 6,626
× 10-34 f : la fréquence en hertz
(Hz)
· Chaque objet étudié (plante, maison,
surface d'eau ou masse d'air) émet ou réfléchit du
rayonnement à différentes longueurs d'onde et intensités
selon son état (composition chimique).
Pour assurer la complémentarité des mesures,
les scientifiques utilisent plusieurs capteurs spécialisés dans
une longueur d'onde particulière pour étudier un même
phénomène terrestre.
b) Classement des différents types de
capteurs-imageurs
· Selon la passivité du
système
? Après avoir
été à l'origine constitués par des caméras
photographiques, les capteurs actuels sont soit de type passif, où le
signal reçu par le système optique est renvoyé sur des
détecteurs qui le transforment en signal électrique (principe du
scanner), soit de type actif.
? Le capteur actif est un radar :
il émet un signal, dans le domaine des
hyperfréquences, et enregistre la réponse renvoyée par les
surfaces et les objets observés. Ce capteur permet d'émettre et
de recevoir un signal quelles que soient les conditions atmosphériques
et les conditions d'éclairement.
? Système actif :
l'instrument embarqué à bord du satellite ERS
émet un signal qui est rétrodiffusé par le milieu
observé et détecté par l'antenne « A ».
Système passif : l'instrument embarqué à bord du satellite
SPOT reçoit le rayonnement solaire réfléchi par le milieu
observé.
· Selon les bandes spectrales : Les
capteurs utilisent différentes bandes spectrales selon leur mission.
· Selon le champ d'observation
· Selon l'orbite
III.3.3.2 Applications dans le domaine
militaire
Les satellites militaires ont constitué la
première forme de satellites d'observation : en effet, dès 1959
et dans le cadre de la Guerre Froide, les États-Unis et l'URSS ont
développé des satellites militaires d'observation, que l'on
appelle couramment et abusivement des « satellites espions » (les
premiers d'entre eux furent la série des Discoverer). Ils permettaient
bien évidemment de pouvoir observer les ressources militaires de
l'ennemi dans des zones peu accessibles afin d'évaluer le danger que
celles-ci étaient susceptibles de représenter ; cela a donc servi
de base aux autres applications civiles des
- 52 -
CHAPITRE III
LES APPLICATIONS LIEES A L'USAGE DE
SATELLITES
satellites d'observation. Tout ceci était
entièrement licite vu que les frontières n'ont plus cours
à une altitude supérieure à 80 km.
Les deux pays évitaient donc les problèmes
diplomatiques liés à l'observation de puissances
étrangères à partir d'avions espions comme les Lockheed
U-2 pour les États-Unis. Ainsi, on a pu découvrir que l'URSS
avait, tout comme les États-Unis, un programme d'exploration
habitée de la Lune; Mais plus important que cela, ces satellites ont eu
un rôle stabilisant dans la Guerre Froide. En effet, ils permettaient de
vérifier la véracité des messages de propagande adverse ou
les déclarations de politiciens (le missile gap dans les
années 1960) : si par exemple l'URSS affirmait posséder 1 000
ogives nucléaires alors que les satellites n'en observaient que 10, on
en concluait que la menace était moins grande, ce qui
rééquilibrait les deux forces en présence. Cela permettait
aussi de découvrir certaines menaces réelles et de les
supprimer.
Le meilleur exemple est la crise de Cuba. Grâce à
des photos satellites, on a pu démontrer la présence de missiles
intercontinentaux sur l'île de Cuba devant les Nations unies ce qui a
permis de faire retirer la menace de l'île. Les satellites militaires
permettent aussi de guider des unités ou missiles ou d'intercepter des
communications téléphoniques. Mais la vocation première
d'un satellite militaire est d'aider les militaires, non seulement dans le
secteur stratégique mais aussi sur le champ de bataille.
III.3.3.3 Météorologie
Jusqu'aux années 1960, les prévisions
météorologiques étaient beaucoup plus aléatoires
qu'aujourd'hui. Une des causes de ce problème est que les stations
météo de surface et en mer n'existent que dans peu d'endroits et
que celles de radiosondage sont encore plus dispersées. Partout
ailleurs, les conditions atmosphériques restaient un mystère
à cette époque. De plus, les météorologistes ne
disposaient que de peu de recul face aux informations qu'ils obtenaient et ne
pouvaient par conséquent tout modéliser. Ainsi, il était
impossible pour eux de mesurer à l'échelle planétaire et
à grande résolution la température de surface de la mer,
d'observer les nuages en altitude, de connaître le rayonnement terrestre
ou encore de suivre en direct le déplacement d'une tempête
tropicale.
C'est 1962, que le premier satellite destiné à
la météorologie a été lancé : TIROS-1.
Toutes ces données sont maintenant disponibles grâce aux
satellites météorologiques. Ils ont créé une
véritable révolution. Le simple fait d'offrir une couverture
complète de la Terre, de jour comme de nuit, a littéralement
bouleversé tous les modèles constitués in situ depuis un
siècle. Chaque système de dépression ou d'anticyclone est
devenu subitement visible lors de sa formation et de son évolution,
chose impossible à observer depuis une station terrestre.
Pour couvrir l'ensemble du globe, plusieurs pays ou ensembles
de pays se divisent le travail. L'Europe maintient les satellites
Météosat, les États-Unis les satellites GOES et TIROS, le
Japon les satellites GMS. La Russie, comme l'Union soviétique avant
elle, a également un programme élaboré dans ce domaine.
Plus récemment l'Inde et la République populaire de Chine se sont
ajoutées à ce groupe. En plus, des satellites ont des missions
particulières comme le TRMM pour la mesure de la pluviosité
tropicale.
Voici maintenant un aperçu de quelques applications en
météorologie qui n'auraient pas été possible sans
l'apport des satellites :
- 53 -
CHAPITRE III
LES APPLICATIONS LIEES A L'USAGE DE
SATELLITES
a) Veille Météorologique
Mondiale
L'Organisation météorologique mondiale est un
organisme des Nations unies qui vise à la coopération des
services météorologiques nationaux. L'un des programmes
principaux de l'OMM est la Veille Météorologique
Mondiale, dont le but est de maintenir un service permanent et mondial
d'observation des conditions météorologiques à
l'échelle mondiale en favorisant l'échange libre des
données entre les pays membres. Depuis les années 1960,
l'apparition des satellites a renforcé la coopération et
augmenté la quantité de données transmises.
b) Suivi des cyclones tropicaux
Grâce aux satellites, la prévision des trajets
des cyclones tropicaux a fait des progrès considérables. Ainsi
par exemple, en 1992, lors de l'ouragan Andrew, les images
Météosat et GOES ont permis de dérouter le trafic
aérien et de prendre les mesures nécessaires pour la protection
au sol des biens et des personnes. Pareils exemples apparaissent chaque
année et il est difficile de calculer le nombre de vies humaines que la
prévision de la trajectoire des cyclones (qui doit beaucoup aux
satellites) a sauvées. Chaque nouvelle catastrophe souligne cependant
les limites des prévisions actuelles en météorologie. La
marge de progrès est donc encore très large pour les centres de
recherches.
c) Suivi des
épidémies
Les données fournies par les satellites
météorologiques permettent d'anticiper les zones de propagation
des maladies mortelles. Prenons l'exemple du paludisme en Afrique. Les
données Météosat permettent de repérer les
conditions favorables à la reproduction des moustiques, vecteurs de la
maladie, et ainsi de développer un système d'alerte fiable
facilitant le travail des autorités sanitaires. Plus
généralement, il existe un lien étroit entre les
conditions climatiques et l'apparition d'épidémies, d'où
l'importance de disposer de données précises sur les conditions
climatiques pour établir un modèle permettant de prévoir
les zones à risque
d) Agriculture
Les satellites ont apporté à la
météorologie une plus grande précision, ce qui fait que
les données que reçoivent les agriculteurs sont, elles aussi,
plus précises. Ainsi, ils peuvent adapter leurs activités en
fonction des informations météorologiques : gelées,
précipitations, brouillard, etc. Pour éviter une longue
énumération d'applications de la météorologie de
précision dans l'agriculture, voici deux exemples qui en
démontrent l'importance :
? En analysant le rayonnement infrarouge de la Terre, le
satellite GOES mesure, en Floride, la température du sol toutes les 30
minutes. Ainsi le risque de gel, fatal aux citronniers, est prévu et
n'est combattu par chauffage au mazout qu'à bon escient.
L'économie réalisée s'élève à 45
millions $US par an.
? Une compagnie hawaïenne de production de cannes
à sucre estime gagner un million $US par an grâce aux
prévisions météorologiques par satellites. En effet, si la
pluie survient moins de 48 heures après qu'on ait procédé
aux brûlis précédent la récolte, celle-ci est
perdue.
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CHAPITRE III
LES APPLICATIONS LIEES A L'USAGE DE
SATELLITES
e) Prévisions
numériques
Depuis le début du XXe siècle, les
météorologues savent que l'atmosphère est un fluide dont
le comportement est celui de la mécanique des fluides. Le pionnier du
domaine de la paramétrisation de l'atmosphère en équations
résolvables numériquement, Lewis Fry Richardson, avait
déjà essayé de prévoir l'état futur du temps
grâce à ces calculs en 1922.
Ce n'est qu'avec l'apparition de l'ordinateur que les
prévisions numériques du temps (PNT) modernes ont pu se
développer à partir des années 1950. La mise en oeuvre de
la PNT aux fins de la prévision opérationnelle du temps suppose
l'acquisition des données d'observations météorologiques
couvrant l'ensemble de la planète avec la résolution la meilleure
possible. Les données satellitaires sont venues combler un important
trou dans ce domaine. De ces données on peut non seulement extraire la
couverture nuageuse mais également faire un sondage vertical de la
température, de l'humidité et des vents grâce à
divers capteurs dans le satellite et algorithmes de traitement des
données.
![](Apport-de-satellites-dans-la-transmission-de-donnees26.png)
Figure 3.4. Vue de la Terre par un stellite de
météorologie (GOES-SARSAT)
III.3.3.4 La climatologie
Outre cette discipline à court terme qu'est la
météorologie, les satellites sont aussi extrêmement utiles
pour la climatologie. Cette dernière n'a pas les mêmes exigences
que la météorologie. Il ne lui faut pas des données
immédiates mais des données sur une période de temps
beaucoup plus longue. Les satellites d'observation fournissent donc de longues
séries de mesures précises, globales et compatibles avec la
dimension planétaire des phénomènes climatiques. Le climat
est une « machine » comportant 3 « secteurs » qui
interagissent entre eux : l'océan, la terre et l'atmosphère.
III.3.3.5 L'océanographie
Depuis 1992, l'océanographie a été
bouleversée par l'apparition des satellites d'observation des masses
d'eau. Tous les modèles, établis difficilement par plus d'un
siècle d'observations en mer, se sont révélés
imprécis, trop vieux ou faux après seulement 10 jours de
fonctionnement de Topex-Poséidon ! Depuis juin 1995,
l'océanographie a dû être adaptée pour accueillir les
deux modes d'observation (par satellite et in situ). On en est arrivé
à une
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CHAPITRE III
LES APPLICATIONS LIEES A L'USAGE DE
SATELLITES
océanographie intégrée,
c'est-à-dire qui essaye non seulement de comprendre les
phénomènes océaniques mais qui peut faire des
prévisions de l'évolution des masses d'eau. On utilise donc des
modèles où l'océan évolue en temps réel.
III.3.3.6 Observation de l'atmosphère
Les satellites observent le trou de la couche d'ozone, en
particulier ERS-2 et Envisat qui en mesurent les dimensions et permettent aussi
d'en apprendre plus sur les causes de son extension ou de sa réduction
grâce à trois instruments capables d'étudier les polluants
qui détruisent cette couche.
Les aérosols et les nuages sont suspectés jouer
un grand rôle dans la machine climatique. Les aérosols contribuent
à l'effet de serre, mais en diffusant une partie du rayonnement solaire,
ils accentuent le pouvoir réfléchissant de l'atmosphère
(avec des effets directs et indirects). L'« effet Parasol »
résultant de la diffusion du rayonnement solaire par les aérosols
conduit aujourd'hui à refroidir la planète. Les climatologues
doivent mesurer dans quelles proportions jouent les effets de certains
phénomènes. Les satellites les y aident. Pour l'étude de
l'effet parasol, c'est un satellite homonyme lancé le 18 décembre
2004 qui permet d'analyser la polarisation et les directions du rayonnement
solaire réfléchi par la Terre et l'atmosphère. Les
chercheurs espèrent ainsi découvrir les propriétés
de ces aérosols, leur taille, leur distribution à
l'échelle planétaire, etc. Le satellite Parasol permet
aussi de décrire les propriétés des nuages grâce
à l'observation des interactions entre ces nuages et les
aérosols. On pourra ainsi déterminer le bilan de la concurrence
entre les deux effets climatiques : effet de serre et effet parasol.
Un autre satellite (CALIPSO) observe les aérosols, et
fournit une « coupe » verticale de l'atmosphère avec 30
mètres de résolution. Ces deux satellites font partie, comme
quatre autres, de l'A-train. C'est en fait un « train » de 6
satellites évoluant sur une même orbite et où chaque «
wagon » est séparé de l'autre de quelques minutes. Il a
été conçu pour exploiter la complémentarité
entre 6 satellites franco-américains dans le domaine climatique et
océanographique (pour autant, chaque satellite est indépendant
des autres). Ce dispositif permet d'observer simultanément les
mêmes phénomènes atmosphériques à quelques
minutes d'intervalle et selon différents critères physiques.
L'Agence spatiale japonaise met au point en 2010 la future
mission GCOM (Global Change Observation Mission) prévu pour 13
ans ; à la suite des missions ADEOS-1 (1996) et ADEOS-2 (2002)
avortées à la suite d'une déficience technique de
satellites. Ce sera la principale Mission de la JAXA, et la principale
contribution du Japon au programme GEOSS (Global Earth Observation System of
Systems). GCOM disposera de 6 satellites (3 pour par familles de satellites
(GCOM-C et GCOM-W, GCOM-W1 devant être lancé en 2011 et GCOM-C1 en
2013, GCOM-W2 est prévu en 2015, mais comme (en 2017), W3 (en 2019) et
C3 (en 2012), n'était pas encore budgété début
2010, alors que le Japon est touché par les suites de la Crise
économique de 2008-2010.
III.3.3.7 Observation des continents
Le satellite Spot permet en prenant en photo des
phénomènes comme les éruptions volcaniques ou les feux de
forêts et de déterminer leurs impacts sur le climat. D'autres
comme Cryosat et ERS, mesurent les variations d'épaisseur des glaciers
continentaux. Ils peuvent détecter des icebergs et sécuriser la
navigation. Leurs mesures confirment une fonte des glaces, tout du moins en
Arctique. Dans les prochaines années il sera ainsi possible de tester
les prévisions de fonte des glaces dans le cadre du réchauffement
climatique.
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CHAPITRE III
LES APPLICATIONS LIEES A L'USAGE DE
SATELLITES
III.3.3.8 Les satellites et le réchauffement
climatique
Les satellites, en complément avec d'autres mesures
prises sur Terre, nous informent donc de changements observés comme
l'élévation de la température moyenne de la surface
terrestre et maritime, l'élévation du niveau de la mer, la fonte
des glaciers continentaux, l'accroissement des précipitations et le trou
de la couche d'ozone. Cependant, tous les facteurs du climat ne sont pas connus
pour l'instant et nous ne savons pas dans quelle mesure le climat sera
modifié. Les satellites devront permettre à l'avenir
d'étudier l'impact de différents phénomènes et des
éventuelles mesures prises pour limiter ce réchauffement
climatique. Il faut aussi normalement pour pouvoir « vivre avec » ou,
si possible, anticiper le réchauffement de la planète,
posséder des moyens d'observations globaux permanents et des
systèmes de modélisation ultra précis.
Enjeu majeur, les négociations sur l'environnement sont
amenées à s'intensifier dans les prochaines années.
Jusqu'à présent, les hommes politiques s'appuyaient sur des
données bien fragiles lorsqu'ils polémiquaient, par exemple, sur
le trou de la couche d'ozone ou les gaz à effet de serre. Les
satellites, mais pas seulement eux, permettent de livrer des données
chiffrées et rigoureuses afin de prendre les bonnes décisions.
III.3.3.9 L'observation des ressources
terrestres
a) La cartographie
Les cartographes apprécient particulièrement
l'aptitude d'un satellite à couvrir instantanément de vastes
superficies, même les plus inaccessibles par voie terrestre, et de
pouvoir renouveler l'observation à la demande. Les premiers demandeurs
de cartes précises sont les ONG qui travaillent après le passage
d'une catastrophe naturelle car beaucoup de pays dans le monde sont pauvres en
informations géographiques. Les cartes des pays du Tiers-monde, quand
elles existent, sont souvent incomplètes et anciennes. Spot permet par
ailleurs de dresser un bilan global des dégâts et de suivre
l'évolution de la situation au jour le jour. Les satellites Spot ont
notamment été très sollicités lors du tsunami qui a
touché l'Asie fin 2004 et en 2005, lors de la succession d'ouragans aux
États-Unis.
Dans les pays industrialisés, cette demande en cartes
précises s'explique souvent par des études sur certaines
réalisations publiques (routes, barrages, etc.). Les cartes en 3D
obtenues grâce aux radars permettent aussi aux opérateurs
téléphoniques de pouvoir mieux situer leurs antennes. Enfin, les
archéologues ont pu découvrir des anciens tombeaux en
Égypte, cachés sur le sable, grâce à ces mêmes
images radars qui pouvaient cartographier le relief en dessous du sable. Il
faut noter aussi le développement des applications de
géolocalisation sur Internet, avec les satellites de GeoEye et
l'utilisation qu'en fait Google par exemple.
b) La prospection minière
Chaque minéral possède sa propre «
empreinte » électromagnétique. Il va en effet absorber ou
réfléchir des parties du spectre lumineux différentes en
fonction de sa composition chimique. Ainsi, du fer ne sera pas
représenté de la même manière sur une « photo
» prise par un satellite-radar que du cobalt. Il ne reste donc plus aux
prospecteurs que de vérifier sur le terrain s'il existe un filon et s'il
est exploitable.
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CHAPITRE III
LES APPLICATIONS LIEES A L'USAGE DE
SATELLITES
c) L'agriculture
De la même manière que chaque minéral
possède sa propre « signature »
électromagnétique, chaque plante aura une « signature »
différente suivant sa nature ou le fait qu'elle soit saine, en
croissance ou malade. On peut donc établir des cartes des cultures,
suivre leur évolution, discerner des variations de leur état
physique (associées à l'apparition d'une maladie ou un manque
d'eau) et estimer les récoltes (en combinant les informations des images
avec des données obtenues par ailleurs, notamment sur le terrain).
d) L'environnement
En surveillant la déforestation, la pollution, ou
encore l'érosion des sols, les satellites d'observations permettent une
surveillance globale de la Terre, facilitant la compréhension et la
maîtrise de ces phénomènes et jouant un rôle
modérateur dans la destruction des ressources naturelles. Les satellites
peuvent ainsi connaître les réserves en eau, déterminer
l'impact de telle ou telle activité sur l'environnement... Ils peuvent
aussi déterminer l'état sanitaire de la végétation
après une catastrophe écologique et surveiller l'impact de
certaines réalisations humaines.
e) La prévention des risques
naturels
La possibilité de programmer certains satellites
d'observation permet d'acquérir rapidement des images sur les zones
touchées par une catastrophe. Grâce à ces informations,
actualisables rapidement, il est possible de mettre à disposition des
secours des informations récentes. Le satellite permet également
de dresser un bilan global des dégâts et de suivre
l'évolution de la situation au jour le jour. Les satellites Spot ont
notamment été très sollicités lors du tsunami qui a
touché l'Asie fin 2004 et en 2005 et lors de la succession d'ouragans
aux États-Unis.
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