Chapitre IV : Cadre méthodologique
Le cadre méthodologique a une importance capitale dans
toute recherche scientifique. En effet, la méthodologie renvoie au
cheminement adopté pour aboutir aux résultats d'un travail de
recherche. Selon Maurice Angers (1996), la méthodologie constitue
l'ensemble des méthodes et des techniques qui orientent
l'élaboration d'une recherche et qui guident la démarche
scientifique. Ainsi, quiconque mène une recherche doit respecter une
démarche, une manière précise et exacte de
procéder, ordonnée suivant une logique inflexible.
En effet, la validité d'une recherche résulte,
en grande partie, de la méthode utilisée et de la façon
dont on l'emploie. De ce fait, dans le domaine de la science, le chercheur ou
la chercheuse doit mettre au point sa recherche et penser aux
procédés à utiliser à chacune des étapes ;
tout ceci constituera sa méthodologie. Donc, la méthodologie de
ce travail renvoie à la manière dont nous structurons, organisons
et orientons notre travail. Tout ceci amène à choisir les
instruments de cueillette de données et les méthodes pouvant nous
aider à interpréter l'ensemble des informations qui nous
permettent de répondre à la question centrale de ce travail qui
est ainsi intitulée : « Comment les étudiants de la
Faculté des Sciences Humaines ont-ils perçu la radio
Zénith par rapport à son rôle dans le mouvement de pays
lock?» et d'atteindre l'objectif de cette recherche qui est une sorte de
réflexion autour de la représentation sociale des médias
dans le milieu universitaire en Haïti et qui cherche à connaitre
particulièrement les opinions des étudiants de la Faculté
des Sciences Humaines sur le rôle prépondérant de la radio
Zénith dans le phénomène de « pays lock ».
Ainsi, nous entendons, dans ce chapitre, présenter la population
d'étude, l'échantillon, la méthode et les techniques de
récolte des données.
4.1. La population d'étude
Toute recherche scientifique s'intéresse
nécessairement à une population étant donné que ses
résultats seront mis à la disposition de celle-ci en vue de
trouver la solution à un problème auquel elle est
confrontée.
La population d'étude désigne un ensemble dont
les éléments sont choisis parce qu'ils possèdent tous, une
même propriété et qu'ils sont de même nature
(Grawitz, 1974). Selon Mucchielli, la population d'étude est
définie comme un groupe humain concerné par les objectifs de
l'étude (Mucchielli, 1968). L. D'Hainaut quant à lui,
définit la population d'étude comme un
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ensemble d'éléments parmi lesquels on aurait pu
choisir l'échantillon, c'est-à-dire l'ensemble des
éléments qui possèdent les caractéristiques que
l'on veut observer (D'Hainaut, 1975).
Ainsi, la population cible de notre étude est
constituée de l'ensemble des étudiants de la Faculté des
Sciences Humaines. Etant donné l'impossibilité pratique à
travailler avec tout cet ensemble nous avons préféré
cibler une franche accessible de cette population parente. La population
accessible est la partie de la population cible dont l'accès s'offre
aisément au chercheur sans difficultés manifestes. En
l'espèce ce sont les étudiants qui sont affectés à
un département d'études de la Faculté qui constituent
cette population accessible.
4.1.1.Echantillon d'étude
La population toute entière ne peut pas être
examinée ou étudiée parce qu'elle est nombreuse, et
surtout à cause des moyens matériels réduits dont nous
disposons. Ainsi, nous nous contenterons d'un sous ensemble de la population
auquel seront faites les généralisations qu'on appelle
échantillon.
D'après Gilbert De Landsheere, échantillonner
c'est « choisir un nombre limité d'individus, d'objets ou
d'événements dont l'observation permet de tirer des conclusions
applicables à la population entière à l'intérieur
de laquelle le choix a été fait» (Landsheere, 1982). En
d'autres termes, ajoutent Léon Festinger et Daniel Katz, « le choix
nous permet de tirer des conclusions qui semblent valables pour l'ensemble
d'une population d'après les informations recueillies sur un seul
échantillon de cette population » (Festinger & Katz, 1974).
Il existe plusieurs méthodes pour choisir un
échantillon d'une population. Ces méthodes peuvent être
regroupées en deux catégories : l'échantillonnage
probabiliste et l'échantillonnage non probabiliste.
L'échantillonnage probabiliste suppose que les individus sont choisis au
hasard et que la probabilité d'appartenir à un échantillon
est connue. Sont entrés dans cette catégorie,
l'échantillon aléatoire ou de hasard simple, l'échantillon
de hasard stratifié, l'échantillon en grappes et
l'échantillon systématique. Quant à l'échantillon
non probabiliste, le choix des individus composant l'échantillon n'est
pas basée sur le hasard et que la probabilité de sélection
d'un membre de la population n'est donc pas connue. Les résultats issus
d'un échantillon non probabiliste ne sont pas représentatifs par
rapport à ceux d'un échantillon probabiliste. On peut aussi
trouver dans cette
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catégorie l'échantillon de convenance,
l'échantillon « boule de neige, l'échantillon accidentel,
l'échantillon par choix raisonné, l'échantillon par quota
et l'échantillon de volontaires.
Nous choisissons dans le cas de notre étude,
l'échantillon par choix raisonné. Selon Jean Jacques Lambin,
«l'échantillon raisonné est l'échantillon pour lequel
il y a souci de représentativité en ce sens que l'analyste
cherche à inclure les individus les plus susceptibles d'apporter une
information» (Lambin, 1990). Cette technique obéit à un
choix raisonné du chercheur. Il s'agit très souvent d'une
situation où le chercheur voudrait sa recherche sur un genre de
phénomènes ou d'individus qui se distingueraient des autres selon
certaines caractéristiques. La pertinence de cette technique est
liée à la pertinence du choix raisonné du chercheur.
4.1.2.Taille de l'échantillon
La taille d'un échantillon renvoie au nombre
d'individus que contient cet échantillon. La taille de
l'échantillon obtenu à partir de la technique
d'échantillonnage par choix raisonnés s'élève
à 15 étudiants au département de communication sociale de
la Faculté en raison de 5 par niveau (I, II et III).Nous avons choisi
cette taille pour des raisons de disponibilité, d'accessibilité
ou encore de coûts économiques.
4.1.3.Critères de
sélection
Nous avons choisi de porter l'étude sur des
étudiants au département de communication sociale parce que nous
estimons que leur profil correspond le mieux à l'objectif de notre
recherche. Etant des étudiants en communication qui ont des cours
théoriques sur les médias, qui, à plus forte raison,
connaissent cet environnement, leur point de vue ainsi que leur jugement et
commentaire seront beaucoup plus intéressants pour notre recherche.
4.1.4.Critères d'inclusion:
- être étudiant (e) inscrit (e) en niveau au
département de communication sociale; - Avoir été
auditeur/trice de la radio Zénith au cours du phénomène de
pays lock - accepter de répondre librement à la demande
d'entretien.
4.1.5.Critères d'exclusion
Sont exclues de cette étude, toutes les personnes qui ne
remplissent pas les critères d'inclusion.
Cependant, vu l'impossibilité d'utiliser toutes les
techniques de la méthode qualitative, nous privilégions
l'entretien car il s'avère le plus approprié pour la recherche
que nous menons.
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4.2. Méthode de collecte de
données
Toute recherche fait toujours appel à une
méthode pour mieux appréhender le phénomène
étudié. La méthode, nous dit Angers, est un ensemble
organisé d'opération en vue d'atteindre un objectif. Selon
Madeleine Grawitz, le terme méthode n'est pas univoque. L'emploi du
terme méthode s'accompagne habituellement d'un adjectif qui
désigne de quelle méthode il s'agit. Ainsi, on parle de
méthode quantitative, méthode qualitative, méthode mixte,
méthode scientifique, expérimentale, etc.
Pour notre recherche, nous privilégions la
méthode qualitative. Le but de la recherche qualitative est de
développer des concepts qui nous aident à comprendre les
phénomènes sociaux en mettant l'accent sur les significations,
les expériences et les points de vue de tous les participants. »
(Mays et Pope, 1995). Le recours à une étude qualitative s'est
avéré être la méthode la plus appropriée pour
obtenir des réponses à notre question de recherche. Cette
approche est la mieux appropriée dans le cadre de ce travail puisque
l'objectif de la recherche est de connaitre les opinions des étudiants
de la Faculté des Sciences Humaines sur le rôle
prépondérant de la radio Zénith dans le
phénomène de « pays lock ». De plus, cette
méthode offre l'avantage de mieux nous orienter dans l'analyse et
l'approfondissement de notre question de recherche. En outre, l'approche
qualitative est celle qui est la plus utilisée en ce qui concerne les
études portées sur les analyses d'opinion, d'attitudes ou de
comportement et surtout de l'influence des médias.
4.3. Technique de collecte de
données
En vue de matérialiser les dispositions de notre
méthode, il devient indispensable qu'un outillage technique soit mis en
place pour permettre à la démarche de recherche de se
réaliser en collectant les éléments d'informations qui
deviendront les données de la recherche. Selon le dictionnaire
encyclopédique Larousse (2000, p.1844), la technique est un moyen ou un
ensemble de moyens adaptés à une fin. Elle est un
procédé particulier utilisé pour mener à bonne fin
une opération concrète visant à fabriquer un objet
matériel ou immatériel. Pour Nguapitshi Kayongo(2009), la
technique est un ensemble de moyens, de procédés utilisables dans
toutes sortes de perspective et qui permettent à un chercheur de
préparer l'enquête.
L'analyse thématique permet de faire émerger le
sens des données qualitatives brutes en les dépouillant des
éléments non essentiels. Ainsi, l'analyse thématique
consiste à « transposer d'un
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En effet, il privilégie le témoignage
spontané et non construit de la personne interrogée et nous rend
ainsi un double service : offrir les informations sur le fait
étudié mais aussi sur d'autres éléments
complémentaires facilitant la compréhension de ce fait. Selon
Grawitz (1974), l'entretien est un « Procédé d'investigation
scientifique, utilisant un processus de communication verbale pour recueillir
des informations en relation avec le but fixé ». Parlant
d'entretien, il faut noter qu'il existe plusieurs types mais dans le cadre de
notre recherche, nous allons appliquer l'entretien semi-directif. Il se
caractérise par sa souplesse dans la conduite de la conversation et la
présence d'un guide d'entretien, véritable support et fil
conducteur de l'échange. Son utilisation est la garantie que la
totalité des thèmes de l'entretien seront abordés de
façon identique avec tous les répondants. Le rôle de
l'enquêteur consiste alors à approfondir chaque
élément important du discours de l'interlocuteur, en s'appuyant
sur le guide qui fournit un cadre général du déroulement
de l'entretien, une exposition ordonnée des sujets à aborder et
une suggestion des techniques de relance ou d'approfondissement à
étudier. Il s'agira d'une alternance d'entretiens individuels
4.4. Démarches et cueillette des
données
Après avoir élaboré le guide d'entretien,
nous avons créé un formulaire en ligne afin de
sélectionner les étudiants à interviewer. Seulement 6
étudiants avaient rempli le formulaire en ligne. Nous avons
été mis en contact avec les 9 autres étudiants par
l'intermédiaire de ceux que nous avons interviewé et du directeur
de mémoire.
Nous avons pris 15 jours, du 11 au 26 novembre 2021, pour
réaliser les entretiens via téléphone portable car le
climat de l'insécurité qui prévalait à ce moment
rendait impossible toute réalisation d'entretien en présentiel.
De plus, la faculté était en congé et la rareté du
carburant obligeait les gens de rester chez eux.
4.5. Méthode d'analyse des
données
Pour l'analyse des données collectées dans le
cadre de cette recherche, nous faisons choix de l'analyse de contenu et
à l'intérieur de l'analyse de contenu, nous faisons choix de
l'analyse thématique.
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corpus donné en un certain nombre de thèmes
représentatifs du contenu analysé, et ce, en rapport avec
l'orientation de la recherche (la problématique)» (Mucchielli,
2008). Elle a comme but de dégager les éléments
sémantiques fondamentaux en les regroupant à l'intérieur
des catégories. Les thèmes sont des unités
sémantiques de base, c'est-à-dire qu'ils sont indifférents
aux jugements ou aux composants affectifs. Contrairement à l'analyse
textuelle qui étudierait individuellement chaque entretien, il s'agit de
repérer et regrouper les thèmes du corpus, en traversant tous les
entretiens transcrits75 comme nous l'explique Bardin : « La
manipulation thématique consiste ainsi à jeter l'ensemble des
éléments signifiants dans une sorte de sac à thèmes
qui détruit définitivement l'architecture cognitive et affective
des personnes singulières. » (Bardin in Blanchet, 2010, p.96).
4.6. Constitution du corpus
Dans un travail scientifique, le corpus est l'ensemble des
données sur lesquelles s'effectue l'analyse et qui permettent de
répondre aux interrogations de la problématique du départ.
La taille du corpus, comme l'indique Suzanne de Chéveigné,
dépend des moyens du chercheur ainsi que de l'importance de
l'actualité en rapport avec le sujet76.
Notre corpus est essentiellement constitué des
entretiens de 15 étudiant (e)s. Pour recueillir ces entretiens, nous
avons enregistré les appels téléphoniques pour ensuite
retenir les thèmes abordés. Ces données sont citées
dans le travail au moyen des codes tels que : enquêté 01 ;
enquêté 02, enquêté 03 etc.
4.7. Unités d'analyse
L'analyse du contenu, nous dit Mucchielli77, si
elle veut autre chose qu'une impression générale et personnelle
du sens d'un texte, si elle veut mesurer quelque chose, doit
nécessairement découper le contenu en tranches pour ensuite
effectuer toutes les opérations. L'unité de découpage ou
d'analyse peut-être donc, le thème (unité
sémantique), un groupe de mots constituants une
75 Lilian Negura (2006, octobre 22). L'analyse de
contenu dans l'étude des représentations sociales.
SociologieS [En ligne], Théories et recherches.
76 Cheveigné, S. (2000). L'environnement
dans les journaux télévisés : Médiateurs et Visions
du monde. Paris : CNRS.
77 Muccheilli, R. (2006). L'analyse de contenu: Des
documents et des communications. Montrouge : ESF Editeur
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locution ou un slogan, c'est peut-être aussi des pauses
(silences, hésitations). Dans ce cas, on dit que les unités sont
purement stylistiques78
D'après Mucchielli, pour l'analyse de contenu,
l'essentiel est le sens, non la forme. Son découpage sera en principe
autre que celui de la linguistique classique. En ce qui concerne notre travail,
les thèmes : pays lock, opinion des étudiants, propagande,
opinion publique, sont considérés comme unité
d'analyse.
Dans le cadre de notre travail, l'unité d'analyse est
constituée du résumé de chaque thème à
partir de la retranscription qui est à retrouver dans la partie annexe
du travail
78 Unrug, M-C. (1974). Analyse de contenu et acte de
parole : De l'énoncé à l'énonciation.
Éditions universitaires
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