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Priorité santé et la coopération au développement. La contribution de la CTB au développement sanitaire au Rwanda.


par Jacques-Abby Habimana
Université Catholique de Louvain (UCL) - Master Complémentaire en Développement, Environnement et Société 2016
  

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4.4. Le développement sanitaire et le changement des conditions socio-économiques de la population bénéficiaire

Au point de vue de la coopération au développement sanitaire, comme le signale Lecomte B, les systèmes de santé sont fragiles et inéquitables, notamment lorsqu'ils sont confrontés à une pénurie de ressources humaines ou lorsqu'ils sont dépourvus de moyens de financement durables. Ceci représente un obstacle de taille à l'extension des programmes de lutte contre les maladies afin d'atteindre les cibles prévues dans les Objectifs du Millénaire pour le Développement.107

L'intervention de la CTB dans la construction des nouveaux centres de santé a permis la redistribution plus ou moins équitable des taux de couverture de la population par les centres de santé dans la ville de Kigali. La majorité de la population de la zone rurale trouve les services de santé à proximité de son domicile, tandis que la population de la zone urbaine, quant à elle, continue à fréquenter les anciens centres de santé, selon son choix. Cela provoque une décongestion dans les centres de santé de la ville de Kigali à travers la redistribution des demandeurs des soins de santé.

Etant donné que les matériels et les équipements sont maintenant relativement disponibles dans les nouveaux centres de santé, le système de santé n'est plus fragile comme avant. Les personnes qui habitent dans les milieux reculés et qui souffrent de graves maladies, trouvent auprès de leur centre de santé des services prompts et admirables même s'il s'agit de l'hospitalisation, d'où la fréquence des transferts vers le centre hospitalier universitaire a nettement réduite. Les services de soins de santé deviennent de plus en plus aussi efficaces dans les centres de santé qu'à l'hôpital universitaire.

Pour remémorer ce qui a été déjà dit avec le point ci-dessus et faire le lien avec le rapport de la Banque Mondiale, le niveau de la santé et celui du développement sont vivement liés. Les personnes vulnérables et défavorisées accèdent plus difficilement aux soins, ils tombent davantage malades et meurent plus jeunes que les personnes qui occupent une position sociale plus privilégiée.108 La population des districts visités jouit d'un certain niveau de développement caractérisé par la facilité d'accès aux soins de santé, par la mutuelle de santé,

107 B.J. Lecomte B.J. & Naudet J.D., (2000), « Introduction - Autonomie et dépendance vis-à-vis de l'aide extérieure », in Autrepart, n°13, pp.5-23.

108 Banque Mondiale, Santé et Pauvreté: Réformer et reconstruire les services de santé dans la perspective des Objectifs du Millénaire pour le Développement, mars 2005, p.12

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l'accès aux infrastructures routières et les moyens de transport. Ces facilités lui permettent de se faire soigner convenablement et ainsi les démarches vers les centres de santé ne sont pas pénibles.

En plus, le projet de construire et d'augmenter le nombre de centres de santé constitue un "effet d'entraînement" en matière de développement socioéconomique dans la mesure où il a contribué au développement des infrastructures routières, c'est-à-dire la construction de nouvelles routes secondaires qui relient les routes principales et les centres de santé.

En guise d'exemple, aux environs du nouveau centre de Mageragere, plusieurs nouvelles maisons ont été construites après que le centre de santé y fut installé.109 Il s'agit des maisons résidentielles, mais aussi des boutiques, des restaurants et cantines. Certaines maisons sont construites pour desservir les personnes qui viennent se faire soigner, les autres ont choisi s'y installer de manière permanente parce qu'ils estiment que la zone tend vers un centre urbain, vu les activités qui s'y déroulent. (Voir la figure 7). D'autre part, une route asphaltée de 5 km de long a été construite, elle joint la route principale (Kigali-Nyamata) et le quartier où est construit le centre de santé. La zone a été aussi alimentée en électricité. Les résidents interrogés, ont affirmé que la route et l'électricité n'existaient pas auparavant dans le secteur.

Figure 14: La mise en place des infrastructures de développement auprès du CS

Source : Photo prise par l'auteur

109 D'après l'observation directe du chercheur

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Dans la conception de la CTB, le responsable affirme que l'aide dans le domaine de la santé a permis à la masse de la population d'avoir un accès facile aux soins de santé.

Le taux de morbidité décline et l'effet sur les conditions et la qualité de la vie de la population se manifeste par l'affectation des heures de travail aux activités de la production plutôt que de passer toujours à l'hôpital pour se faire soigner. La CTB est convaincue que sa contribution dans le domaine de la santé a amélioré l'accès aux services de santé de base en particulier et le bien-être socioéconomique de la population de la ville de Kigali.

La santé publique contribue au développement et au bien-être de la population de la ville de Kigali. La population de la ville de Kigali estime que le coût financier réduit pour les soins de santé grâce à la mutuelle de santé, contribue aussi à l'accès facile aux soins de santé. Les personnes qui se sentent malades se font soigner aussitôt que possible puisqu'elles ne craignent plus le coût élevé des soins de santé qui les condamnaient à rester à la maison.

Tous les centres de santé ont harmonisé leurs stratégies de partage et de redistribution des dépenses sanitaires ; ceci en incitant toute la population qui se dirige au centre de santé à adhérer à la mutuelle de santé, puisque le coût des dépenses de soins de santé est réduit jusqu'à 10% du coût total. Par coïncidence tous nos enquêtés étaient affiliés à la mutuelle de santé ; ce qui explique que la population a bien compris l'importance de la mutuelle de santé. Il devient très facile pour les autorités chargées des affaires sociales de sensibiliser au bienfait de la mutuelle, parce que la population le vit au quotidien lorsqu'elle se dirige vers les centres de santé pour se faire soigner.

La population ne traine plus dans la salle d'attente, ou en cours de route vers les centres de santé et profite bien de ce temps gagné pour d'autres activités économiques afin de produire des revenus dans leurs ménages respectifs.

Les centres de santé de référence ont réveillé les mentalités de la population de la ville de Kigali. L'attitude vis-à-vis de l'utilisation des matériels et techniques modernes a influencé les mentalités traditionnelles. Avec le temps, les gens ont de moins en moins recours à la médecine traditionnelle, ils ont désormais confiance en la médecine moderne à force de fréquenter les centres de santé modernes et de trouver le service approprié.

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Tableau 14 : Récapitulation des résultats de recherche

Question de

recherche

Questions d'enquête

Réponse

Hypothèse (Confirmée ou

infirmée)

En quoi l'aide de

la CTB
contribue-t-elle à l'amélioration

des services de

santé dans la
ville de Kigali ?

Comparer la

réduction de la
distance et du temps

d'attente avant et

après l'intervention
de la CTB

La distance CS de santé

est moindre, il faut
moins de temps pour être

reçu, donc les files

d'attentes sont réduites
par rapport aux anciens CS

Les 5 responsables de santé interviewés, estiment que les

CS construits par la CTB
facilitent l'accès aux services

de santé à la fois par la
réduction des distances et du nombre de bénéficiaires des

soins de santé souvent très

élevé au niveau des CS.
(Confirmée)

Quelle innovation

trouvez-vous dans les nouveaux CS ?

Fourniture

d'équipements moderne de santé, Personnel/staff médical bien formés,

La contribution de la CTB dans le domaine de la santé se manifeste fondamentalement à travers le développement et

l'équipement des

infrastructures sanitaires

(Confirmée)

Comment les

habitants de la

ville de Kigali
perçoivent-ils les

activités de la
CTB et comment

celles-ci vont-

elles influencer

leur état de
santé ?

Quelle appréciation

les patients portent-ils aux services des CS construits par la CTB ?

Etes-vous motivés à recourir aux services

du CS en cas de
maladie ?

La population est

satisfaite des services de soins de santé plus que dans les anciens CS. 90% ont dit être motivés à recourir aux services des centres de santé en cas de maladie.

34/35 des habitants interviewés estiment que les CS construits

par la CTB leur facilitent
l'accès aux services de santé.

Cette accessibilité contribue

comme une motivation à
recourir aux soins de santé en

cas de maladie. (Confirmée)

Source : l'auteur lui-même

Globalement, la confirmation des hypothèses fait penser que l'intervention des différents partenaires de santé apporte une amélioration de l'état de santé des différentes couches de la société rwandaise à travers les nouvelles infrastructures et équipements de santé. Cependant,

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ces matériels et bâtiments ont besoin d'un staff médical efficace et requièrent un savoir-faire très poussé pour les manipuler, ce qui manque évidemment dans la plupart des centres de santé au Rwanda. En plus, nous avons constaté que plusieurs services sont prévus dans les nouveaux centres de santé (Chirurgie, santé et reproduction, Planning familial, etc.) mais un petit nombre de ces bureaux restent opérationnels, la population n'y est pas présente pour solliciter les services de soins de santé, non pas parce qu'elle n'en a pas besoin mais plutôt parce que les bureaux ci-haut cités restent fermés ou parce que la population n'est pas du tout sensibilisée sur le rôle de ces services.

Dans le domaine de reproduction et planning familial, le Ministère devrait, en collaboration avec ses partenaires dont la CTB, prévoir comment harmoniser et briser la chaîne des besoins sanitaires ; par exemple, comment résoudre le problème de manque d'infrastructures de santé simultanément avec celui du personnel médical adéquat, c'est-à-dire, les médecins, infirmiers, l'administration hautement qualifiés pour tous les centres de santé.

L'autre constat est que la mise en place des centres de santé a incité la population à adhérer à la mutuelle de santé. Le taux d'enregistrement de la population reste très élevé et il a évolué de la manière suivante :

Tableau 14: Evolution du taux d'enregistrement dans la mutuelle de santé au Rwanda (2007-2014)

Année

2007

2008

2009

2010

2011/12

2012/13

2013/14

Taux d'enregistrement dans la mutuelle de santé (%)

75%

85%

86%

91%

90.7%

80.7%

73%

Source : www.moh.gov.rw consulté le 05/01/2015

Malgré le taux très élevé, la participation à la mutuelle de santé a réduit d'intensité depuis 2012, ce qui peut être l'un des indicateurs de désengagement et de démotivation de la population à adhérer à la mutuelle. Comme témoignent certains patients, « la mutuelle ne facilite pas l'obtention de tous les médicaments prescrits par les médecins ». Certaines pharmacies refusent de vendre quelques médicaments avec une réduction de la mutuelle parce qu'ils sont jugés trop chers pour être supportés par le pouvoir public. Les patients sont contraints de les acheter à 100% du prix. Ce comportement pousse certaines personnes de négliger la souscription à la mutuelle. Un patient interrogé au centre de santé de Mageragere

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avait manifesté sa colère disant que le Gouvernement devrait subsidier les médicaments jugés relativement chers afin de permettre leur accessibilité aux populations les plus vulnérables.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci