3.2.4 Santé comme stratégie de
développement au Rwanda
Rendre les services de soins de haute qualité
plus accessibles en milieu rural, là où vit la plupart des
Rwandais, est l'une des grandes priorités du gouvernement. Les deux
moteurs de la réduction de la pauvreté sont, d'une part, la
croissance économique et, d'autre part, le renforcement des
capacités de celles et ceux qui ne participent pas à cette
croissance et sont dans l'incapacité d'en tirer profit. Le
développement humain, la santé en particulier, contribue
fortement à ces deux processus.62
Ces processus qui ont été entamés
en 2000 et adoptés en 2003, dans le cadre des Objectifs du
Millénaire pour le Développement, comportent des objectifs, des
stratégies, des lignes directrices et des objectifs en matière de
prestations de services et de soins spécifiques dans six domaines
clés: la santé maternelle et infantile, la planification
familiale, la prévention et le traitement du VIH/SIDA et d'autres
infections sexuellement transmissibles, la santé de la reproduction des
adolescents, la violence sexuelle, l'encouragement des femmes à prendre
leurs propres décisions en matière de santé de
reproduction63. Cette politique a montré la voie à
suivre en matière de diffusion de nouvelles directives dans le domaine
de la santé de la reproduction, du développement des
capacités et de l'amélioration de la phase de monitoring et
d'évaluation. Ces initiatives permettent de créer une
qualité et un champ d'action plus cohérents pour ces services
dans l'ensemble du pays, et constitue une amélioration pouvant avoir un
impact considérable.
Les efforts d'amélioration de
l'accessibilité géographique des services de santé devront
être mieux ciblés dans les régions où les besoins
sont plus importants. De ce fait, le Rwanda devra augmenter les dépenses
publiques de santé en général et les dépenses
récurrentes des services de santé de base en particulier, afin
que l'État et les collectivités décentralisées
deviennent la première source de financement de ce secteur.
62 Banque Mondiale, Santé et pauvreté au
Rwanda: Réformer et Reconstruire les services de santé dans
la perspective des objectifs du millénaire pour le développement
(OMD), Mars 2005
63 Merril W., Une vision
progressiste, un changement positif. Le Rwanda en meilleure santé
grâce au développement des capacités, IntraHealth,
Kigali, 2008
37
3.2.5 Les contraintes du secteur de santé au
Rwanda
Avant 1994, il y avait, au Rwanda, une carence de
personnel dans le secteur de la santé, autant en termes de
quantité qu'en terme de qualité. Cette situation s'est
aggravée avec la guerre et le génocide ayant causé la mort
et l'exil d'une grande partie de la population. Le nombre de médecins
travaillant dans le secteur public a chuté de manière dramatique
après 1994.
En 1988, on comptait 253 médecins dans le
secteur public ; en 1995 ils n'étaient plus que 117. En 2000, ce nombre
avait augmenté légèrement et on comptait 144
médecins.
Le nombre effectif de médecins se situe en
deçà du nombre souhaité (205 médecins en 2002). En
outre, l'augmentation croissante du nombre de médecins qui quittent le
secteur médical public pour joindre le secteur médical
privé ou qui entreprennent des études spécialisées
contribue à aggraver cette carence. Le Rwanda connaît
également une insuffisance d'infirmiers, et ne dispose pratiquement pas
de personnel paramédical ayant un bon niveau.64 Dans la
plupart des pays africains y compris le Rwanda, il existe rarement des
systèmes formels de développement des compétences en
matière soins de santé.65
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