2- L'impact sur l'environnement socio-économique
L'implantation de l'AMP a eu aussi un impact sur les
communautés humaines, et de leurs modes de vie socio-économique.
Désormais ces modes de production locale vont subir des changements
observables sur les pêcheries locales et sur l'écotourisme.
2-1- Impact sur les pêcheries locales
Dans la zone, les systèmes de productions halieutiques
des populations marquent une évolution se traduisant par une
réduction (certes timide) de l'effort de pêche. Ainsi, depuis la
fermeture du bolong de Bamboung, il n'y a plus d'exploitation des ressources
halieutiques, de même que le recours aux mauvaises techniques de
pêche. Les populations des villages périphériques ont
adopté des mesures de co-gestion des pêcheries locales dont les
principaux axes sont la mise en défense du bolong, l'observation du
repos biologique dont la période reste encore à définir.
La gestion communautaire des ressources halieutiques locales et de la
diversité biologique est assurée par un comité de gestion
et de surveillance. Elles visent principalement à réduire les
prélèvements abusifs des poissons et à effectuer une
protection de la biodiversité végétale menacée par
la surexploitation des huîtres. Les relations populations-ressources
marquent un début de changement. Il se développe par une prise de
conscience sur la dégradation de l'environnement et de la baisse du
stock halieutique. Dans le contexte actuel d'utilisation des ressources, le
meilleur pêcheur n'est plus celui qui ramasse le plus de poissons, mais
celui qui les protège le mieux possible.
Ce changement observé dans les pêcheries locales
se lit à travers une forte mobilisation des acteurs locaux
(pêcheurs surtout) pour gérer durablement la biodiversité
de cette aire marine. Cependant, des braconnages sont, quelques fois,
constatés. L'amélioration du potentiel halieutique dans les
bolongs constitue un atout pour les populations étant donné que
certaines espèces comme le mérou (thiof), et autres ayant une
haute valeur marchande, contribueront à l'optimisation des revenus
substantiels des riverains.
Figure 7 : Mise à terre des
captures de la pêche artisanale à Soucouta (l'enrichissement en
poissons des autres bolongs constitue un atout pour les
pêcheurs)
32
2-2- Reconversion comme stratégie de minimisation
des risques ? 2-2-1- Reconversion vers l'écotourisme
L'étude de l'écotourisme porte sur ses enjeux et
perspectives au niveau de la Petite Côte sénégalaise, dont
les îles du Saloum. C'est une activité émergente dans la
zone qui fait l'objet de multiples convoitises (administration publique, ONG et
les acteurs locaux). Cela est du au fait qu'il constitue un créneau
d'avenir qui sous-tend un développement socio-économique de la
localité avec comme principe, la préservation de
l'environnement.
? Enjeux par la création d'emploi
L'écotourisme, avec la mise en place de l'AMP de
Bamboung a largement contribué à l'adoption d'autres types
d'activités génératrices de revenus en dehors de la
pêche par les populations locales. En effet, les nouveaux modes de
production s'expliquent en terme d'emplois directs ou indirects pour les
communautés villageoises. La frange de la population la plus
ancrée dans cette nouvelle donne est constituée essentiellement
de jeunes pêcheurs menant une double activité pour diversifier
leurs sources de revenus.
Figure 8 : Vue du campement de Keur Bamboung
L'emploi généré par
l'écotourisme est un atout pour les pêcheurs reconvertis.
Au nombre des innovations, il y'a le transport par pirogues
des touristes ou autres personnes sur les sites. Ce type d'activité est
très développé au niveau des villages insulaires où
les populations font des échanges par le système de cabotage
(îles Betenti, Sipo, Bossinkang et Diogaye).
33
? Les enjeux par l'édification d'un
écomusée
L'édification d'un écomusée est une
conséquence directe de l'implantation des activités
écotouristiques au sein de l'AMP de Bamboung. C'est un ambitieux projet
qui implique tous les acteurs dans le cadre du plan de gestion de l'aire marine
et de ses ressources biologiques.
Situé dans la partie sud-est du bolong
précisément dans la zone Diorom bu mag, le site
d'implantation du futur écomusée est un écosystème
riche en potentialités naturelles et archéologiques. En effet, la
présence de mangroves et d'Adansonia digitata, et l'importance
des amas coquilliers lui confère des avantages considérables pour
la mise en place d'un espace à vocation culturelle.
L'idée de création de ce futur édifice
émane des différentes parties prenantes impliquées dans la
gestion, en particulier l'ONG Oceanium qui est le principal concepteur et
promoteur et les 14 villages appartenant à la gestion. Ceux-ci sont les
maîtres d'oeuvre représentés par leurs acteurs locaux dans
le processus de réalisation du projet.
Par ailleurs, les objectifs attendus dans ce cadre :
Objectif 1 : les retombées financières
et économiques que générera l'écomusée
seront au profit du comité local de gestion regroupant les villages
périphériques. Ceci entre en droite ligne au renforcement des
activités écotouristiques et des rentrées de devises (par
des visites touristiques).
Objectif 2 : valorisation et conservation durable du
potentiel biologique par la protection des amas coquilliers par exemple.
Objectif 3 : valorisation du potentiel culturel local par la
promotion des activités de loisirs et d'esthétiques :
conservation et exposition d'objets d'art locaux à haute valeur
historique.
Objectif 4 : contribution directe à
l'amélioration des revenus des populations par la vente des objets d'art
à haute valeur marchande, mais également la vente de produits de
consommation locale tels que le miel, les huîtres ou yokhoss et
murex ou toufa (séchées), noix d'acajou grillés,
etc.
En somme, ce projet constitue un enjeu considérable du
point de vue du développement local sur tous les plans (social,
économique, historique et culturel surtout).
2-2-2- Reconversion vers d'autres modes de
production
Les populations locales des villages
périphériques ont diversifié leurs activités
socio-économiques telles que le maraîchage, le transport de
marchandises, le commerce ou l'artisanat. Ces activités étaient,
jadis rarement convoitées et considérées comme secondaires
au regard de la pêche.
La mise en place de l'AMP, a propulsé ce type
d'activités considéré comme une stratégie
d'atténuation des effets néfastes de la réduction des
stocks halieutiques et des mesures draconiennes prises dans le cadre de la
protection de cet espace marin. Cette reconversion est synonyme de
diversification de la production et des investissements.
34
|