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Crédits bancaires et croissance économique en république démocratique du congo, de 1990 à  2019


par Guillaume gigi Mbode
Universite de kindu - Licence 2021
  

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Chapitre deuxième : Revue de la littérature entre crédits bancaires et la croissance économique

Ce chapitre, considéré comme le soubassement du modèle que nous allons à utiliser dans les lignes qui suivent, nous permet de mettre en relation les crédits bancaires et croissance économique. Il comporte deux sections notamment la première qui aborde la revue théorique et la seconde s'intéresse aux évidences empiriques.

Section 1 : Revue théorique

La question de la contribution des banques à la croissance économique a été abordée par plusieurs économistes ont parlés du système financier ; ils ont insistés sur le rôle des intermédiations financier dans la croissance économique. Le rôle des banques est crucial dans la croissance économique.

Les technique misent en oeuvres par ces derniers tendent à relever le niveau de l'épargne et de l'investissement et à repartir plus efficacement les épargnes « rares » entre les différentes occasions d'investissement ; de ce fait, le système bancaire remplit un grand nombre de fonctions à savoir : collecte de l'épargne  et allocation des ressources, Gestion de l'information.

Le système bancaire à peur rôle essentiel de gérer les moyens de paiement et de fournir les liquidités aux agents économiques, nécessaire au bon fonctionnement de l'économie.

Le développement de l'intermédiation financière constitue donc un moyen essentiel pour favoriser l'accumulation du capital, de mener la mise en place d'un système financier plus efficace conduit à accroitre le bien être de l'économie.

La relation entre de développement financier et la croissance économique reste aussi bien théorique qu'empiriquement source de contradictions et de discussions.

La question est de revoir quel est le rôle des banques dans la croissance économique ; les rôles que joue les banques dans l'économie ; c'est-à-dire : de ravoir comment les banques contribuent-elles à la croissance a un impact positif sur la croissance économique.

Pour beaucoup d'économistes, l'investissement est le moteur de la croissance, portant de ce fait, nul ne peut nier l'importance du rôle des banques étant donné qu'elles sont considérées comme les canaux quadri-unique du drainage de l'épargne l'investissement.

Par ailleurs, le processus d'épargne investissement dans l'économie capitaliste est organiser auteur de l'intermédiation financière, faisant des banques des acteurs centraux de la croissance économique.

En effet, les intermédiaires financiers sont des entreprises qui empruntent aux consommateurs/épargnant et prêtent aux compagnies qui ont besoin des ressources pour leurs investissements. De c fait, il sera mieux de recouvrir à l'intermédiation bancaire : les ménages achètent des titres émir par les banques, qui investissent à leur tour l'argent en le prêtant aux autres agents économiques. C'est de cette manière que les intermédiaires financière sont susceptibles d'offrir des services spécifiques aux ménages.

A la suite de ces prémisses favorables au secteur financier, Keynes (1936) propose une théorie du développement différente de celle de Bagehot (1873) et de Schumpeter (1911), en mettant l'accent sur le rôle déterminant de l'investissement dans la production globale et l'emploi. L'un des objectifs de la théorie keynésienne est d'examiner les conditions dans lesquelles les mécanismes monétaires peuvent affecter la dynamique de l'économie réelle. Il apparaît donc ce qu'on peut appeler un keynésianisme financier (en reprenant les termes de Chouchane-Verdier, 2001), dont l'objet est de mettre en évidence les ressorts financiers de l'investissement. Aussi, contrairement aux néo-classiques, Keynes dans sa théorie sur le taux d'intérêt et la préférence pour la liquidité recommande une baisse des taux d'intérêt pour favoriser l'investissement.

Cependant, il serait intéressant de noter que, Keynes fait la différence entre l'activité d'intermédiation financière censée supporter l'investissement et la spéculation financière dont le développement génère de l'instabilité financière. Il compare les bourses des valeurs aux casinos et préconise que leurs accès soient rendus difficiles pour l'intérêt du public. C'est dans cet ordre d'idées qu'il faut inscrire la contribution de Minsky (1964) qui estime que les intermédiaires financiers jouent un rôle déterminant dans le déclenchement de l'instabilité financière, puisqu'en leur absence la détresse financière des agents économiques qui enregistrent une baisse de leur revenu ne se transmettent pas au reste de l'économie.

En effet, la vision de Minsky du secteur financier reste proche sur plusieurs points de celle de Keynes. Cependant, Minsky affirme que l'investissement est un phénomène essentiellement financier, dont la réalisation ne dépend pas principalement du taux d'intérêt, mais plutôt du climat de confiance des affaires (relation entre le banquier et l'entrepreneur). Un climat des affaires favorable engendre naturellement un boom économique, qui peut aussi provoquer de l'instabilité financière selon Minsky. Ainsi, l'essor économique accroît l'optimisme et les croyances s'écartent des niveaux convenables d'endettement et de risque ; les prix des actifs s'élèvent et le niveau général de la spéculation s'accroît. Selon Minsky, la crise financière résultant de l'euphorie économique entraîne un resserrement des conditions de financement de l'investissement, l'accroissement de la prime de risque, la baisse de la valeur des actifs financiers, la faillite des entreprises et enfin la dépression économique. Le facteur financier aggravant de la dépression économique est le caractère procyclique du crédit.

Contrairement à la vision classique, Tobin (1965) dans sa théorie monétaire de la croissance, montre que l'équilibre de l'intensité capitalistique (indicateur du niveau de croissance économique et du taux d'intérêt) est déterminé par les allocations de portefeuilles réalisées par les intermédiaires financiers, compte tenu des facteurs monétaires (tels que l'offre de monnaie et la propension à épargner) et les choix technologiques. Ainsi, pour Tobin (1965), les taux d'intérêt bas réduiraient la demande d'actifs monétaires au profit du capital productif, ce qui accroît le ratio du capital par travailleur et accélère la croissance économique.

Enfin, en ce qui concerne le sens de la causalité entre la finance et la croissance, la réponse des keynésiens est claire : le développement financier est une réponse du changement de l'offre et de la demande dans le secteur réel et, dans cette perspective, la finance ne cause pas la croissance.

Selon Gurley et Shaw (1955), l'aspect financier (bancaire) du développement est parfois négligé parce que le développement économique fait souvent référence aux questions relatives au bien-être, au travail, à la production et au revenu. Ils présentent une théorie classique d'analyse de l'impact des actifs monétaires sur le taux de croissance dans laquelle, ils dressent une critique virulente contre le keynésianisme du fait de la non prise en compte des aspects financiers du développement. Gurley et Shaw (1955) estiment que le modèle keynésien n'est pas un instrument efficace pour étudier le développement économique, surtout dans ses aspects financiers.

Ainsi, le développement a sans doute des fondements financiers, et Gurley et Shaw (1967) montrent que durant le processus de développement économique, comme le revenu par tête s'accroît, les pays expérimentent d'habitude une croissance plus rapide des actifs financiers que de la richesse ou de la production nationale. Enfin, Gurley et Shaw (1967) identifient deux déterminants du développement financier à savoir : la division du travail et les techniques de transfert de l'épargne en investissement.

Une analyse comparative de la théorie financière du développement de Gurley et Shaw (1955, 1967) est réalisée par Gerschenkron (1962), qui place le rôle du secteur bancaire dans le contexte d'économie arriérée où les pays qui ont besoin d'un secteur financier actif sont ceux qui sont sous-développés et par conséquent doivent réaliser un décollage économique. Ainsi, l'importance du système bancaire augmente avec le retard de l'économie, et le niveau de développement économique au début du processus d'industrialisation détermine le rôle du secteur bancaire. L'analyse de Gerschenkron (1962) s'inscrit dans le même ordre d'idée que Hicks (1969), qui estime que la révolution industrielle n'est pas associée uniquement à la mise en application des technologies nouvelles découvertes mais aussi à la révolution financière qui a favorisé l'accroissement massif des investissements. Il ajoute que la plupart des technologies associées à la révolution industrielle ont été découvertes bien avant, mais n'ont jamais été mises en oeuvre, parce que leur adaptation à l'échelle commerciale nécessite d'énormes investissements illiquides. Ce qui n'est pas possible en l'absence d'intermédiaire financier.

Tout au long de notre recherche, nous allons beaucoup plus nous intéressé de l'approche de Gurley et Shaw et de HICKS.

1.1. L'approche de Gurley et Shaw

Dans cette analyse, les agents non financiers de l'économie : les ménages, les entreprises et l'administration ; confient leurs disponibilités liquides ou épargnes à des institutions qui à leur tour consentent des crédits à d'autres agents non financiers afin de permettre de financer effectivement leurs activités. Gurley& Shaw fut les premiers à opposer la finance directe à la finance indirecte.

1.1.1. Le financement direct

Ce financement par le marché amène les agents à besoin de financement à offrir en contrepartie des capitaux qu'ils demandent, des titres primaires au bénéfice des agents à capacité de financement qui sont à la recherche déplacement.

Gurley et Shaw distinguent deux catégories d'agents économiques : les agents à capacité de financement ou excédentaires et les agents à besoin de financement ou déficitaires. Les premiers sont des agents dont les revenus courants (salaires, revenu du patrimoine ou de l'entreprise) excèdent les dépenses immédiates (paiement des salariés, achat de biens de consommation et achat de biens d'équipement) ; à l'inverse, les seconds sont des agents dont les dépenses courantes excèdent les revenus courants. Il s'agit principalement des entreprises qui réalisent un volume d'investissement supérieur à l'épargne qu'elles ont pu dégager.

Le transfert de la capacité des agents excédentaires vers les agents déficitaires s'effectue dans le financement par le marché de façon directe. En effet, les agents à besoin de financement pour financer leurs besoins d'investissement s'endettent sous la forme de titres de la dette primaire auprès des agents non financiers excédentaires. Ces empruntes s'effectuent sous formes de valeurs mobilières (actions et obligations).

Malgré ces caractéristiques, l'intermédiation par le marché présente certaines limites que nous ne manquerons pas de souligner dans ce paragraphe. La première est liée aux coûts de transaction élevés sur le marché financier ; en effet, le financement sur ce marché implique que chaque prêteur évalue la solvabilité de l'emprunteur, par une sélection efficace des demandes et un contrôle rigoureux de l'exécution des projets. Ceci est extrêmement coûteux pour un prêteur individuel, raison pour laquelle les prêteurs portent leur choix sur le financement des entreprises ne nécessitant pas une surveillance accrue ; de telles entreprises ne peuvent être que des entreprises de grande envergure ayant une réputation indéniable et dont la qualité du portefeuille est telle que les risques de faillites soient quasi nuls. Et enfin une autre limite, est celle liée aux coûts d'asymétrie d'information ; en effet les marchés financiers sont ordinairement caractérisés par les asymétries d'information entre emprunteurs et investisseurs. Si les emprunteurs disposent de suffisamment d'informations quant à la qualité de leurs projets, leur exactitude et leur droiture de conscience, les prêteurs eux ne peuvent s'appuyer que sur un jugement plus ou moins arbitraire des particularités exactes des emprunteurs. Entre emprunteurs et investisseurs, l'asymétrie d'information peut revêtir deux formes principales : l'asymétrie d'information ex-ante ou « sélection adverse » formalisée initialement par Akerlof (1970) ayant trait à la qualité de l'emprunteur et l'asymétrie ex-post ou « alea moral » formalisée initialement par K.Arrow (1963) ayant trait au comportement de l'emprunteur une fois le crédit accordé.

1.1.2. Le financement indirect

Ce financement intermédiaire fait intervenir de nombreuses institutions financières mais celles qui retiendront notre attention, ce sont essentiellement les banques. Elles émettent des titres secondaires au bénéfice des agents excédentaires pour collecter des ressources nécessaires au financement des titres primaires offerts par les agents déficitaires.

Selon Gurley et Shaw, la demande des agents excédentaires est une demande de diversification de leur patrimoine. Cette diversification est à l'origine du développement des intermédiaires bancaires et permet également la création des titres représentant à la fois un rendement et les avantages de liquidités tels que les actifs liquides qui résultent des adaptations de l'offre des titres effectuées par les institutions financières aux préférences des agents.

Les banques peuvent donc être assimilées à des agents qui empruntent pour prêter. Elles collectent des ressources sous formes de dépôts et émettent des titres secondaires qui satisfont à la fois la demande de diversification des prêteurs et la demande de prêts des emprunteurs.

Ici également, malgré ses caractéristiques, ce mode de financement présente quelques limites parmi lesquelles : le décalage entre les procédures bancaires utilisées et la réalité socio-économique du milieu principalement dans les pays en voie de développement comme l'a souligné Hugon(1991), «le système financier s'est développé culturellement, économiquement et socialement en rupture avec la société civile dont les agents sont exclu de ces systèmes » ;en effet, les principales technologie employées par les banques sont quasi inopérantes dans le financement de la plupart des entrepreneurs pauvres.

Dans le contexte subsaharien, l'entrée directe d'une banque dans la micro finance est assez coûteuse ; les barrières à l'entrée sont multiples et complexes, elles sont d'ordre culturel, réglementaire, prudentielle, etc. Nous pouvons donc voir dans cette catégorie de bas revenus une inadéquation des procédures bancaires en matière d'évaluation et de suivi des projets que l'on peut qualifier de non bancables. Cette rupture fait jaillir de nouvelles formes d'asymétrie d'information dues au caractère informel des projets menés par les agents économiques auxquelles viennent s'ajouter de nouvelles formes de coûts de transaction liées à la petitesse des projets conduits par les entrepreneurs.

Le principal problème auquel sont confrontés les prêteurs dans les pays du Sud est l'absence des documents fiables permettant de juger la qualité des projets. Pour les quelques emprunteurs qui parviennent à fournir des projets bancables, une autre difficulté pour les prêteurs est l'insuffisance, voire l'absence totale de garanties réelles.

1.2. L'approche de HICKS

La principale caractéristique de cette analyse est la distinction faite par Hicks entre une économie de marché financier et une économie d'endettement.

1.2.1. La notion d'économie de marché financier

Selon Hicks (1974), cette économie est une économie dans laquelle prédomine le financement par appel directe à l'épargne. Les institutions financières, à cause des frais liés au service d'intermédiation amènent les agents déficitaires à se tourner vers le marché financier (moins coûteux) pour leur financement.

Les caractéristiques de ce type d'économie sont multiples. Tout d'abord, les mécanismes d'ajustement entre l'offre et le demande sont quasi-automatiques, grâce à la flexibilité des prix qui fluctuent selon le marché. Le besoin de financement manifesté par les entreprises est satisfait pas des émissions de titres auxquels souscrivent principalement les ménages qui dégagent une capacité de financement. De plus, les institutions bancaires jouent un rôle complémentaire dans le marché financier.

En effet, les crédits qu'elles émettent sont destinés aux ménages par acquisition des biens durables ou immobiliers et dans une moindre mesure aux petites et moyennes entreprises qui n'ont pas accès au marché financier. Et pour finir, le refinancement des banques dans ce type d'économie n'est pas fondamental compte tenu du fait que les banques commerciales sont relativement indépendantes des autorités monétaires pour se procurer des liquidités.

1.2.2. La notion d'économie d'endettement

C'est une économie dans laquelle prédomine le financement par le crédit bancaire. Ce type de financement implique l'existence d'un agent qui fasse le lien entre les différentes catégories d'agents économiques ; d'où le terme d'intermédiation financière.

Dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne et au Cameroun en particulier, l'intermédiation financière est principalement effectuée par les banques qui collectent l'épargne auprès des ménages et prêtent ces ressources aux entreprises pour satisfaire leur besoin de financement.

Les caractéristiques sont également multiples. Tout d'abord, l'endettement se fait des entreprises auprès des banques secondaires et des banques secondaires auprès des banques centrales ; de plus, dans cette économie les mécanismes d'ajustement entre l'offre et la demande n'est pas automatique du fait de la rigidité des taux d'intérêts. Pour finir, contrairement à précédemment, le refinancement dans cette économie est primordial car les banques commerciales sont dépendantes vis-à-vis des banques centrales.

Au regard de cette évocation théorique de l'intermédiation financière, il est nécessaire pour mieux cerner ces différentes d'illustrer ces approches. Ce travail fera l'objet de la section suivante.

I.3. Les différentes approches soutenant les systèmes basés sur les banques et les canaux de transmission.

Cette section aura pour objectif en plus d'aborder comme le titre l'indique les différentes analyses en accord avec le système bancaire de déterminer les canaux de transmission qui rendent possible l'induction du financement bancaire sur le développement économique.

1.3.1. Les différentes approches soutenant les systèmes basés sur les banques

Dans cette partie, il sera question d'étudier les différentes analyses qui acceptent et démontrent l'idée selon laquelle le système bancaire finance la croissance. Pour ce faire nous étudierons l'approche de McKinnon et Shaw ainsi que les approches d'autres auteurs.

1.3.1.1 L'approche de Mckinnon et Shaw

De manière générale, en ce qui concerne les pays en développement, les travaux de ces auteurs sont des références. Ceux-ci présupposent l'existence d'un lien positif entre le secteur financier et la croissance économique, et proposent d'appliquer des politiques économiques pour développer le secteur financier. Leur théorie est l'inspiratrice des réformes financières appliquées par la Banque Mondiale et le Fond Monétaire International au sein des programmes d'ajustement structurel.

1.3.1.2.Le modèle de McKinnon et Shaw

En supposant que les mécanismes de marché sont optimaux, ils préconisent une libéralisation financière.

McKinnon (1973) élabore un modèle où l'investissement est indivisible et nécessite l'accumulation d'une épargne préalable. Cette épargne est fonction du taux d'intérêt réel : plus il est élevé, plus les montants disponibles pour l'investissement sont importants.

Selon les conclusions du modèle de McKinnon, la répression financière empêche l'économie d'atteindre son taux de croissance optimal. La répression étant définie comme le fait de fixer des taux d'intérêts en dessous de la valeur d'équilibre, à orienter administrativement le crédit, à fixer des réserves obligatoires à un niveau élevé, et à limiter la concurrence au sein du système bancaire. Des taux artificiellement bas entraîne une moindre croissance de l'économie en raison de la faiblesse du volume des investissements liée aux faibles montants d'épargne collectée. De plus, raison de la faiblesse des taux d'intérêt, les banques ne peuvent pas appliquer de prime de risque élevé, et elles sont contraintes de financer des activités peu risquées et peu rentables. Ce biais entraîne une utilisation inefficace des ressources et une moindre croissance économique.

Les conclusions des travaux de Shaw (1973) sont proches de celles de McKinnon. Cependant, alors que McKinnon limite son analyse à la collecte et à la redistribution des ressources, Shaw prend en compte la capacité de crédits des établissements bancaires.

1.3. Les canaux de transmission

Le secteur financier affecte le taux de croissance de long terme à travers deux principaux canaux : le taux d'investissement et la productivité marginale du capital.

1.4.1. Le taux d'investissement

Toute évolution de ce taux est fonction soit de taux d'épargne, soit d'une plus grande proportion d'épargne allouée aux investissements.

1 : Influence du développement des intermédiaires financiers sur le taux d'épargne.

Dans le modèle de Pagano (1993), le développement des intermédiaires financiers permet une meilleure protection des ménages, ce qui peut les inciter à diminuer leur épargne de précaution. En outre, les effets de la diversification du portefeuille sur le taux d'épargne dépendent du coefficient d'aversion pour le risque des ménages. Japelli et Pagano (1994) démontrent que ce desserrement de la contrainte de liquidité, découlant du développement des intermédiaires financiers incite les jeunes ménages à moins épargner.

De Grégorio (1994) souligne que les contraintes de liquidités dues au faible développement des intermédiaires financiers ou leur imperfections ont une influence positive sur le taux d'épargne des ménages, et donc sur le taux de croissance de l'économie. Cependant, si les difficultés d'emprunt des ménages conduisent à une moindre accumulation du capital humain, le taux de croissance de l'économie pourrait être négativement affecté.

2. Part de l'épargne allouée à l'investissement

La part de l'épargne qui parvient effectivement aux investissements regroupe plusieurs effets :

Du point de vue des entreprises, le développement des intermédiaires financiers augmente la part des ressources orientées vers l'investissement. En effet, les entreprises gardent moins d'épargne de précaution car elles peuvent se tourner vers les banques en cas de crise de liquidité ou en cas d'opportunité d'investissement (Bencivenga et Smith, 1991). De plus, en raison de l'existence d'un contrat de dette, les dirigeants des entreprises sont surveillés par les prêteurs, et la probabilité que des ressources soient détournées est plus faible.

Du point de vue des ménages, grâce au développement des intermédiaires financiers, la part de l'épargne qu'ils déposent dans les circuits financiers est plus élevée. En effet, les intermédiaires financiers permettent d'allier le besoin de détenir des liquidités et le désir de constituer une épargne longue.

Dans le modèle de Diamond et Dybvig (1983), les banques n'allouent pas toutes les ressources dont elles disposent et gardent une partie de ces liquidités. Ce comportement est dû au risque de « course aux dépôts » auquel elles sont exposées et pouvant les conduire à la faillite et dans les pays en développement cette tendance est accentuée à cause tout d'abord du fait qu'en raison des risques macroéconomiques et pour des raisons culturelles, les agents préfèrent détenir des liquidités et transforment facilement leurs dépôts en monnaie fiduciaire ;puis, le fait que les banques secondaires sont conscientes du fait que la banque centrale n'a pas les moyens d'intervenir en tant que prêteur en dernier ressort ; et enfin, le fait que lors des restructurations bancaires, les banques restant en activité sont incitées à détenir plus de liquidités.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand