Chapitre
deuxième : Revue de la littérature entre crédits
bancaires et la croissance économique
Ce chapitre, considéré comme le soubassement du
modèle que nous allons à utiliser dans les lignes qui suivent,
nous permet de mettre en relation les crédits bancaires et croissance
économique. Il comporte deux sections notamment la première qui
aborde la revue théorique et la seconde s'intéresse aux
évidences empiriques.
Section 1 : Revue
théorique
La question de la contribution des banques à la
croissance économique a été abordée par plusieurs
économistes ont parlés du système financier ; ils ont
insistés sur le rôle des intermédiations financier dans la
croissance économique. Le rôle des banques est crucial dans la
croissance économique.
Les technique misent en oeuvres par ces derniers tendent
à relever le niveau de l'épargne et de l'investissement et
à repartir plus efficacement les épargnes
« rares » entre les différentes occasions
d'investissement ; de ce fait, le système bancaire remplit un grand
nombre de fonctions à savoir : collecte de l'épargne
et allocation des ressources, Gestion de l'information.
Le système bancaire à peur rôle essentiel
de gérer les moyens de paiement et de fournir les liquidités aux
agents économiques, nécessaire au bon fonctionnement de
l'économie.
Le développement de l'intermédiation
financière constitue donc un moyen essentiel pour favoriser
l'accumulation du capital, de mener la mise en place d'un système
financier plus efficace conduit à accroitre le bien être de
l'économie.
La relation entre de développement financier et la
croissance économique reste aussi bien théorique qu'empiriquement
source de contradictions et de discussions.
La question est de revoir quel est le rôle des banques
dans la croissance économique ; les rôles que joue les
banques dans l'économie ; c'est-à-dire : de ravoir
comment les banques contribuent-elles à la croissance a un impact
positif sur la croissance économique.
Pour beaucoup d'économistes, l'investissement est le
moteur de la croissance, portant de ce fait, nul ne peut nier l'importance du
rôle des banques étant donné qu'elles sont
considérées comme les canaux quadri-unique du drainage de
l'épargne l'investissement.
Par ailleurs, le processus d'épargne investissement
dans l'économie capitaliste est organiser auteur de
l'intermédiation financière, faisant des banques des acteurs
centraux de la croissance économique.
En effet, les intermédiaires financiers sont des
entreprises qui empruntent aux consommateurs/épargnant et prêtent
aux compagnies qui ont besoin des ressources pour leurs investissements. De c
fait, il sera mieux de recouvrir à l'intermédiation
bancaire : les ménages achètent des titres émir par
les banques, qui investissent à leur tour l'argent en le prêtant
aux autres agents économiques. C'est de cette manière que les
intermédiaires financière sont susceptibles d'offrir des services
spécifiques aux ménages.
A la suite de ces prémisses favorables au secteur
financier, Keynes (1936) propose une théorie du
développement différente de celle de Bagehot
(1873) et de Schumpeter (1911), en mettant l'accent sur le
rôle déterminant de l'investissement dans la production globale et
l'emploi. L'un des objectifs de la théorie keynésienne est
d'examiner les conditions dans lesquelles les mécanismes
monétaires peuvent affecter la dynamique de l'économie
réelle. Il apparaît donc ce qu'on peut appeler un
keynésianisme financier (en reprenant les termes de
Chouchane-Verdier, 2001), dont l'objet est de mettre en évidence les
ressorts financiers de l'investissement. Aussi, contrairement aux
néo-classiques, Keynes dans sa théorie sur le
taux d'intérêt et la préférence pour la
liquidité recommande une baisse des taux d'intérêt pour
favoriser l'investissement.
Cependant, il serait intéressant de noter que,
Keynes fait la différence entre l'activité
d'intermédiation financière censée supporter
l'investissement et la spéculation financière dont le
développement génère de l'instabilité
financière. Il compare les bourses des valeurs aux casinos et
préconise que leurs accès soient rendus difficiles pour
l'intérêt du public. C'est dans cet ordre d'idées qu'il
faut inscrire la contribution de Minsky (1964) qui estime que
les intermédiaires financiers jouent un rôle déterminant
dans le déclenchement de l'instabilité financière,
puisqu'en leur absence la détresse financière des agents
économiques qui enregistrent une baisse de leur revenu ne se
transmettent pas au reste de l'économie.
En effet, la vision de Minsky du secteur
financier reste proche sur plusieurs points de celle de Keynes. Cependant,
Minsky affirme que l'investissement est un phénomène
essentiellement financier, dont la réalisation ne dépend pas
principalement du taux d'intérêt, mais plutôt du climat de
confiance des affaires (relation entre le banquier et l'entrepreneur). Un
climat des affaires favorable engendre naturellement un boom économique,
qui peut aussi provoquer de l'instabilité financière selon
Minsky. Ainsi, l'essor économique accroît
l'optimisme et les croyances s'écartent des niveaux convenables
d'endettement et de risque ; les prix des actifs s'élèvent et le
niveau général de la spéculation s'accroît. Selon
Minsky, la crise financière résultant de l'euphorie
économique entraîne un resserrement des conditions de financement
de l'investissement, l'accroissement de la prime de risque, la baisse de la
valeur des actifs financiers, la faillite des entreprises et enfin la
dépression économique. Le facteur financier aggravant de la
dépression économique est le caractère procyclique du
crédit.
Contrairement à la vision classique,
Tobin (1965) dans sa théorie monétaire de la
croissance, montre que l'équilibre de l'intensité capitalistique
(indicateur du niveau de croissance économique et du taux
d'intérêt) est déterminé par les allocations de
portefeuilles réalisées par les intermédiaires financiers,
compte tenu des facteurs monétaires (tels que l'offre de monnaie et la
propension à épargner) et les choix technologiques. Ainsi, pour
Tobin (1965), les taux d'intérêt bas réduiraient la demande
d'actifs monétaires au profit du capital productif, ce qui accroît
le ratio du capital par travailleur et accélère la croissance
économique.
Enfin, en ce qui concerne le sens de la causalité entre
la finance et la croissance, la réponse des keynésiens est claire
: le développement financier est une réponse du changement de
l'offre et de la demande dans le secteur réel et, dans cette
perspective, la finance ne cause pas la croissance.
Selon Gurley et Shaw (1955), l'aspect
financier (bancaire) du développement est parfois négligé
parce que le développement économique fait souvent
référence aux questions relatives au bien-être, au travail,
à la production et au revenu. Ils présentent une théorie
classique d'analyse de l'impact des actifs monétaires sur le taux de
croissance dans laquelle, ils dressent une critique virulente contre le
keynésianisme du fait de la non prise en compte des aspects financiers
du développement. Gurley et Shaw (1955) estiment que le
modèle keynésien n'est pas un instrument efficace pour
étudier le développement économique, surtout dans ses
aspects financiers.
Ainsi, le développement a sans doute des fondements
financiers, et Gurley et Shaw (1967) montrent que durant le
processus de développement économique, comme le revenu par
tête s'accroît, les pays expérimentent d'habitude une
croissance plus rapide des actifs financiers que de la richesse ou de la
production nationale. Enfin, Gurley et Shaw (1967) identifient
deux déterminants du développement financier à savoir : la
division du travail et les techniques de transfert de l'épargne en
investissement.
Une analyse comparative de la théorie financière
du développement de Gurley et Shaw (1955, 1967) est
réalisée par Gerschenkron (1962), qui place le rôle du
secteur bancaire dans le contexte d'économie arriérée
où les pays qui ont besoin d'un secteur financier actif sont ceux
qui sont sous-développés et par conséquent doivent
réaliser un décollage économique. Ainsi, l'importance du
système bancaire augmente avec le retard de l'économie, et le
niveau de développement économique au début du processus
d'industrialisation détermine le rôle du secteur bancaire.
L'analyse de Gerschenkron (1962) s'inscrit dans le même ordre
d'idée que Hicks (1969), qui estime que la révolution
industrielle n'est pas associée uniquement à la mise en
application des technologies nouvelles découvertes mais aussi à
la révolution financière qui a favorisé l'accroissement
massif des investissements. Il ajoute que la plupart des technologies
associées à la révolution industrielle ont
été découvertes bien avant, mais n'ont jamais
été mises en oeuvre, parce que leur adaptation à
l'échelle commerciale nécessite d'énormes investissements
illiquides. Ce qui n'est pas possible en l'absence d'intermédiaire
financier.
Tout au long de notre recherche, nous allons beaucoup plus
nous intéressé de l'approche de Gurley et Shaw et de HICKS.
1.1. L'approche de Gurley et Shaw
Dans cette analyse, les agents non financiers de
l'économie : les ménages, les entreprises et
l'administration ; confient leurs disponibilités liquides ou
épargnes à des institutions qui à leur tour consentent des
crédits à d'autres agents non financiers afin de permettre de
financer effectivement leurs activités. Gurley& Shaw fut les
premiers à opposer la finance directe à la finance indirecte.
1.1.1. Le financement direct
Ce financement par le marché amène les agents
à besoin de financement à offrir en contrepartie des capitaux
qu'ils demandent, des titres primaires au bénéfice des agents
à capacité de financement qui sont à la recherche
déplacement.
Gurley et Shaw distinguent deux catégories d'agents
économiques : les agents à capacité de financement ou
excédentaires et les agents à besoin de financement ou
déficitaires. Les premiers sont des agents dont les revenus courants
(salaires, revenu du patrimoine ou de l'entreprise) excèdent les
dépenses immédiates (paiement des salariés, achat de biens
de consommation et achat de biens d'équipement) ; à
l'inverse, les seconds sont des agents dont les dépenses courantes
excèdent les revenus courants. Il s'agit principalement des entreprises
qui réalisent un volume d'investissement supérieur à
l'épargne qu'elles ont pu dégager.
Le transfert de la capacité des agents
excédentaires vers les agents déficitaires s'effectue dans le
financement par le marché de façon directe. En effet, les agents
à besoin de financement pour financer leurs besoins d'investissement
s'endettent sous la forme de titres de la dette primaire auprès des
agents non financiers excédentaires. Ces empruntes s'effectuent sous
formes de valeurs mobilières (actions et obligations).
Malgré ces caractéristiques,
l'intermédiation par le marché présente certaines limites
que nous ne manquerons pas de souligner dans ce paragraphe. La première
est liée aux coûts de transaction élevés sur le
marché financier ; en effet, le financement sur ce marché
implique que chaque prêteur évalue la solvabilité de
l'emprunteur, par une sélection efficace des demandes et un
contrôle rigoureux de l'exécution des projets. Ceci est
extrêmement coûteux pour un prêteur individuel, raison pour
laquelle les prêteurs portent leur choix sur le financement des
entreprises ne nécessitant pas une surveillance accrue ; de telles
entreprises ne peuvent être que des entreprises de grande envergure ayant
une réputation indéniable et dont la qualité du
portefeuille est telle que les risques de faillites soient quasi nuls. Et enfin une autre limite, est celle liée aux
coûts d'asymétrie d'information ; en effet les marchés
financiers sont ordinairement caractérisés par les
asymétries d'information entre emprunteurs et investisseurs. Si les
emprunteurs disposent de suffisamment d'informations quant à la
qualité de leurs projets, leur exactitude et leur droiture de
conscience, les prêteurs eux ne peuvent s'appuyer que sur un jugement
plus ou moins arbitraire des particularités exactes des emprunteurs.
Entre emprunteurs et investisseurs, l'asymétrie d'information peut
revêtir deux formes principales : l'asymétrie d'information
ex-ante ou « sélection adverse » formalisée
initialement par Akerlof (1970) ayant trait à
la qualité de l'emprunteur et l'asymétrie ex-post ou
« alea moral » formalisée initialement par K.Arrow
(1963) ayant trait au comportement de l'emprunteur
une fois le crédit accordé.
1.1.2. Le financement indirect
Ce financement intermédiaire fait intervenir de
nombreuses institutions financières mais celles qui retiendront notre
attention, ce sont essentiellement les banques. Elles émettent des
titres secondaires au bénéfice des agents excédentaires
pour collecter des ressources nécessaires au financement des titres
primaires offerts par les agents déficitaires.
Selon Gurley et Shaw, la demande des agents
excédentaires est une demande de diversification de leur patrimoine.
Cette diversification est à l'origine du développement des
intermédiaires bancaires et permet également la création
des titres représentant à la fois un rendement et les avantages
de liquidités tels que les actifs liquides qui résultent des
adaptations de l'offre des titres effectuées par les institutions
financières aux préférences des agents.
Les banques peuvent donc être assimilées à
des agents qui empruntent pour prêter. Elles collectent des ressources
sous formes de dépôts et émettent des titres secondaires
qui satisfont à la fois la demande de diversification des prêteurs
et la demande de prêts des emprunteurs.
Ici également, malgré ses
caractéristiques, ce mode de financement présente quelques
limites parmi lesquelles : le décalage entre les procédures
bancaires utilisées et la réalité socio-économique
du milieu principalement dans les pays en voie de développement comme
l'a souligné Hugon(1991), «le système
financier s'est développé culturellement, économiquement
et socialement en rupture avec la société civile dont les agents
sont exclu de ces systèmes » ;en effet, les principales
technologie employées par les banques sont quasi inopérantes dans
le financement de la plupart des entrepreneurs pauvres.
Dans le contexte subsaharien, l'entrée directe d'une
banque dans la micro finance est assez coûteuse ; les
barrières à l'entrée sont multiples et complexes, elles
sont d'ordre culturel, réglementaire, prudentielle, etc. Nous pouvons
donc voir dans cette catégorie de bas revenus une inadéquation
des procédures bancaires en matière d'évaluation et de
suivi des projets que l'on peut qualifier de non bancables. Cette rupture fait
jaillir de nouvelles formes d'asymétrie d'information dues au
caractère informel des projets menés par les agents
économiques auxquelles viennent s'ajouter de nouvelles formes de
coûts de transaction liées à la petitesse des projets
conduits par les entrepreneurs.
Le principal problème auquel sont confrontés les
prêteurs dans les pays du Sud est l'absence des documents fiables
permettant de juger la qualité des projets. Pour les quelques
emprunteurs qui parviennent à fournir des projets bancables, une autre
difficulté pour les prêteurs est l'insuffisance, voire l'absence
totale de garanties réelles.
1.2. L'approche de HICKS
La principale caractéristique de cette analyse est la
distinction faite par Hicks entre une économie de marché
financier et une économie d'endettement.
1.2.1. La notion d'économie de marché
financier
Selon Hicks (1974), cette économie est
une économie dans laquelle prédomine le financement par appel
directe à l'épargne. Les institutions financières,
à cause des frais liés au service d'intermédiation
amènent les agents déficitaires à se tourner vers le
marché financier (moins coûteux) pour leur financement.
Les caractéristiques de ce type d'économie sont
multiples. Tout d'abord, les mécanismes d'ajustement entre l'offre et le
demande sont quasi-automatiques, grâce à la flexibilité des
prix qui fluctuent selon le marché. Le besoin de financement
manifesté par les entreprises est satisfait pas des émissions de
titres auxquels souscrivent principalement les ménages qui
dégagent une capacité de financement. De plus, les institutions
bancaires jouent un rôle complémentaire dans le marché
financier.
En effet, les crédits qu'elles émettent sont
destinés aux ménages par acquisition des biens durables ou
immobiliers et dans une moindre mesure aux petites et moyennes entreprises qui
n'ont pas accès au marché financier. Et pour finir, le
refinancement des banques dans ce type d'économie n'est pas fondamental
compte tenu du fait que les banques commerciales sont relativement
indépendantes des autorités monétaires pour se procurer
des liquidités.
1.2.2. La notion d'économie
d'endettement
C'est une économie dans laquelle prédomine le
financement par le crédit bancaire. Ce type de financement implique
l'existence d'un agent qui fasse le lien entre les différentes
catégories d'agents économiques ; d'où le terme
d'intermédiation financière.
Dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne et au
Cameroun en particulier, l'intermédiation financière est
principalement effectuée par les banques qui collectent l'épargne
auprès des ménages et prêtent ces ressources aux
entreprises pour satisfaire leur besoin de financement.
Les caractéristiques sont également multiples.
Tout d'abord, l'endettement se fait des entreprises auprès des banques
secondaires et des banques secondaires auprès des banques
centrales ; de plus, dans cette économie les mécanismes
d'ajustement entre l'offre et la demande n'est pas automatique du fait de la
rigidité des taux d'intérêts. Pour finir, contrairement
à précédemment, le refinancement dans cette
économie est primordial car les banques commerciales sont
dépendantes vis-à-vis des banques centrales.
Au regard de cette évocation théorique de
l'intermédiation financière, il est nécessaire pour mieux
cerner ces différentes d'illustrer ces approches. Ce travail fera
l'objet de la section suivante.
I.3. Les différentes approches soutenant les
systèmes basés sur les banques et les canaux de
transmission.
Cette section aura pour objectif en plus
d'aborder comme le titre l'indique les différentes analyses en accord
avec le système bancaire de déterminer les canaux de transmission
qui rendent possible l'induction du financement bancaire sur le
développement économique.
1.3.1. Les différentes approches soutenant les
systèmes basés sur les banques
Dans cette partie, il sera question d'étudier les
différentes analyses qui acceptent et démontrent l'idée
selon laquelle le système bancaire finance la croissance. Pour ce faire
nous étudierons l'approche de McKinnon et Shaw ainsi que les approches
d'autres auteurs.
1.3.1.1 L'approche de Mckinnon et Shaw
De manière générale, en ce qui concerne
les pays en développement, les travaux de ces auteurs sont des
références. Ceux-ci présupposent l'existence d'un lien
positif entre le secteur financier et la croissance économique, et
proposent d'appliquer des politiques économiques pour développer
le secteur financier. Leur théorie est l'inspiratrice des
réformes financières appliquées par la Banque Mondiale et
le Fond Monétaire International au sein des programmes d'ajustement
structurel.
1.3.1.2.Le modèle de McKinnon et
Shaw
En supposant que les mécanismes de marché sont
optimaux, ils préconisent une libéralisation
financière.
McKinnon (1973) élabore un modèle où
l'investissement est indivisible et nécessite l'accumulation d'une
épargne préalable. Cette épargne est fonction du taux
d'intérêt réel : plus il est élevé, plus
les montants disponibles pour l'investissement sont importants.
Selon les conclusions du modèle de McKinnon, la
répression financière empêche l'économie d'atteindre
son taux de croissance optimal. La répression étant
définie comme le fait de fixer des taux d'intérêts en
dessous de la valeur d'équilibre, à orienter administrativement
le crédit, à fixer des réserves obligatoires à un
niveau élevé, et à limiter la concurrence au sein du
système bancaire. Des taux artificiellement bas entraîne une
moindre croissance de l'économie en raison de la faiblesse du volume des
investissements liée aux faibles montants d'épargne
collectée. De plus, raison de la faiblesse des taux
d'intérêt, les banques ne peuvent pas appliquer de prime de risque
élevé, et elles sont contraintes de financer des activités
peu risquées et peu rentables. Ce biais entraîne une utilisation
inefficace des ressources et une moindre croissance économique.
Les conclusions des travaux de Shaw (1973)
sont proches de celles de McKinnon. Cependant, alors que McKinnon limite son
analyse à la collecte et à la redistribution des ressources, Shaw
prend en compte la capacité de crédits des établissements
bancaires.
1.3. Les canaux de transmission
Le secteur financier affecte le taux de croissance de long
terme à travers deux principaux canaux : le taux d'investissement
et la productivité marginale du capital.
1.4.1. Le taux d'investissement
Toute évolution de ce taux est fonction soit de taux
d'épargne, soit d'une plus grande proportion d'épargne
allouée aux investissements.
1 : Influence du développement des
intermédiaires financiers sur le taux d'épargne.
Dans le modèle de Pagano (1993), le
développement des intermédiaires financiers permet une meilleure
protection des ménages, ce qui peut les inciter à diminuer leur
épargne de précaution. En outre, les effets de la diversification
du portefeuille sur le taux d'épargne dépendent du coefficient
d'aversion pour le risque des ménages. Japelli et Pagano (1994)
démontrent que ce desserrement de la contrainte de liquidité,
découlant du développement des intermédiaires financiers
incite les jeunes ménages à moins épargner.
De Grégorio (1994) souligne que les contraintes de
liquidités dues au faible développement des intermédiaires
financiers ou leur imperfections ont une influence positive sur le taux
d'épargne des ménages, et donc sur le taux de croissance de
l'économie. Cependant, si les difficultés d'emprunt des
ménages conduisent à une moindre accumulation du capital humain,
le taux de croissance de l'économie pourrait être
négativement affecté.
2. Part de l'épargne allouée à
l'investissement
La part de l'épargne qui parvient effectivement aux
investissements regroupe plusieurs effets :
Du point de vue des entreprises, le développement des
intermédiaires financiers augmente la part des ressources
orientées vers l'investissement. En effet, les entreprises gardent moins
d'épargne de précaution car elles peuvent se tourner vers les
banques en cas de crise de liquidité ou en cas d'opportunité
d'investissement (Bencivenga et Smith, 1991). De plus, en raison de l'existence
d'un contrat de dette, les dirigeants des entreprises sont surveillés
par les prêteurs, et la probabilité que des ressources soient
détournées est plus faible.
Du point de vue des ménages, grâce au
développement des intermédiaires financiers, la part de
l'épargne qu'ils déposent dans les circuits financiers est plus
élevée. En effet, les intermédiaires financiers permettent
d'allier le besoin de détenir des liquidités et le désir
de constituer une épargne longue.
Dans le modèle de Diamond et Dybvig
(1983), les banques n'allouent pas toutes les ressources dont elles disposent
et gardent une partie de ces liquidités. Ce comportement est dû au
risque de « course aux dépôts » auquel elles
sont exposées et pouvant les conduire à la faillite et dans les
pays en développement cette tendance est accentuée à cause
tout d'abord du fait qu'en raison des risques macroéconomiques et pour
des raisons culturelles, les agents préfèrent détenir des
liquidités et transforment facilement leurs dépôts en
monnaie fiduciaire ;puis, le fait que les banques secondaires sont
conscientes du fait que la banque centrale n'a pas les moyens d'intervenir en
tant que prêteur en dernier ressort ; et enfin, le fait que lors des
restructurations bancaires, les banques restant en activité sont
incitées à détenir plus de liquidités.
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