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LES STRATEGIES CAMEROUNAISES DE GESTION DES CONFLITS EN
AFRIQUE CENTRALE : ENJEUX ET DEFIS. 
Mémoire présenté et soutenu en vue
de l'obtention d'un Master II en Science Politique option : Institution,
Relations internationales et Etudes Stratégiques 
Par : 
Ghislain Marceau BANGA 
Sous la direction de : 
Eustache AKONO ATANGANE 
Docteur en Science Politique 
Chargé de cours à l'Université de
Yaoundé II 
2015 
AVERTISSEMENT 
      L'Université de Yaoundé II n'entend donner
ni approbation ni improbation aux opinions contenues dans ce mémoire.
Elles doivent être considérées comme propres à leur
auteur. 
DEDICACES
AVERTISSEMENT 
A mon père M. BANGA MFOULOU Enoch,
qui m'a imprégné du culte de l'effort et de la recherche de
l'excellence. 
A ma mère Mme BANGA, née ASSENGONO
Bertille Prisca qui m'a appris la persévérance,
l'humilité et le partage.  
A mon frère et à ma soeur Avenant
Carel MFOULOU et Audrey Marcelle MVOTTO, qui n'ont
jamais cessé de m'encourager. 
REMERCIEMENTS
      Pour ce mémoire, nous voulons remercier du fond
du coeur notre directeur, le Docteur Eustache AKONO ATANGANE, pour sa
disponibilité et sa patience dans le suivi de ce travail. 
      Nous voulons aussi remercier le corps enseignant du
département de Science Politique, pour la qualité de la formation
dont nous avons bénéficié. 
      Notre sollicitude va également à l'endroit
des Professeurs André AKAM AKAM et Gérard Martin PEKASSA NDAM,
qui nous ont fait comprendre la valeur du travail bien fait. 
     MM. Gérard ESSO EBENGUE, Isaac ILOUGA,
André Noel ESSIANE pour leur soutien multiforme, pour la bonne humeur
qu'ils nous ont toujours transmis chaque fois que nous étions à
leur côté. 
    Merci à la famille Véronique Carole ZAM,
pour l'encadrement et la chaleur familiale. 
    Enfin, qu'il nous soit permis de remercier ici
Mademoiselle Marvis AMBOMU EBITOH pour son soutien indéfectible. Merci
également à tous ceux dont nous n'avons pas cité les noms,
vous occupez une place particulière dans notre coeur. 
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
AAPS : Architecture Africaine de Paix et de
Sécurité 
AFRICOM : Commandement Américain pour l'Afrique 
AMISOM : Mission de l'Union Africaine en Somalie 
BEMS : Brevet d'Etudes Militaire Supérieur 
BGFT : Bureau de Gestion du Fret Terrestre 
BIR : Brigade d'Intervention rapide 
BLC : Base Logistique Continentale 
BONUCA : Bureau d'appui des Nation Unies pour la
consolidation de la paix en Centrafrique 
BSA : Bataillon Spécial Amphibie 
BTA : Bataillon des Troupes Aéroportées 
CAPED : Centre Africain d'études
stratégique pour la Promotion de la Paix et du Développement 
CBLT : Commission du Bassin du Lac Tchad 
CEDEAO : Communauté Economique des Etats de
l'Afrique Centrale 
CEEAC : Communauté Economique des Etats de
l'Afrique Centrale 
CGG : Commission du Golfe de Guinée 
CEMAC : Communauté Economique et Monétaire
de l'Afrique Centrale 
CER : Communauté Economique Régionale 
CESA : Centre d'Etudes Stratégiques de
l'Afrique 
CICR : Comité International de la Croix Rouge 
COPAX : Conseil de Paix et de Sécurité de
l'Afrique Centrale 
CPPJ : Centre de Perfectionnement à la Police
Judiciaire 
CPS : Conseil de Paix et de Sécurité 
CPTMO : Centre de Perfectionnement aux Techniques de
Maintien de l'Ordre 
CREPS : Centre de Recherche d'Etudes Politiques et
Stratégiques 
CSID : Cours Supérieur Interarmées de
Défense 
DGSN : Délégation Générale
à la Sûreté Nationale 
DOT : Défense Opérationnelle du
Territoire 
DSR : Détermination du Statut de
Réfugié 
EIFORCES : Ecole Internationale des Forces de
Sécurité 
FAA : Force Africaine en Attente 
FDC : Forces de Défense Camerounaise 
FDP : Force Démocratique et Patriotique 
FPAE : Fondation Paul ANGO ELA 
FOMAC : Force Multinationale en Afrique Centrale 
FOMUC : Force Multinationale en Centrafrique 
HCR : Haut- Commissariat aux Réfugiés 
IRIC : Institut des Relations Internationales du
Cameroun 
MARAC : Mécanisme d'Alerte Rapide de l'Afrique
Centrale 
MINATD : Ministère de l'Administration
Territoriale et de la Décentralisation 
MINDEF : Ministère de la Défense 
MINREX : Ministère des Relations
Extérieures 
MINSANTE : Ministère de la Santé 
MINUAD : Mission des Nations Unies Au Darfour 
MINURCA : Mission des Nations Unies en République
Centrafrique 
MINUSCA : Mission des Nations Unies pour la Stabilisation
de la Centrafrique 
MISCA : Mission Internationale de Soutien à la
Centrafrique 
MSF : Médecin Sans Frontière 
MUAS : Mission de l'Union Africaine au Soudan 
OMAOC : Organisation Maritime de l'Afrique de l'Ouest et
du Centre 
OMI : Organisation Maritime Internationale 
OMP : Opération de Maintien de la Paix 
ONG : Organisations Non Gouvernementales 
ONU : Organisation des Nations Unies 
ONUCI : Organisation des Nations Unies en Côte
d'Ivoire 
OUA : Organisation de l'Unité Africaine 
PM : Premier Ministre 
RCA : République Centrafricaine 
RDC : République Démocratique du Congo 
RECAMP : Renforcement des Capacités Africaines
pour le Maintien de la Paix 
RMIA : Région Militaire Interarmées 
SG : Secrétaire Général 
UA : Union Africaine 
UE : Union Européenne 
RESUME
      La position géographique du Cameroun dans sa
sous-région, du fait de sa centralité, l'expose à de
nombreux problèmes sécuritaires. En effet, le Cameroun est
perçu comme un îlot de stabilité dans un
« océan » de turbulence. Le défi majeur pour
ce pays, c'est de préserver cette stabilité qui est
bousculée par la transnationalisation des menaces issues des conflits
qui « déchirent » les pays qui lui sont voisins.
Ainsi, quel est l'intérêt du Cameroun dans ses actions
menées en matière de gestion des conflits en Afrique centrale
CEEAC ? L'approche systémique fondée sur le raisonnement
stratégique des acteurs au sein d'une organisation, démontre
qu'ils ont des stratégies qui leurs sont propres. Cela nous  permis de
percevoir qu'en effet, les actions de gestion des conflits du Cameroun au sein
de la CEEAC déterminent sa sécurité interne. Le Cameroun a
donc mis sur pieds un certain nombre de stratégies qui lui permettent de
gérer les conflits qui se déclarent en Afrique centrale CEEAC.
L'esprit de cette action est de déployer dans une dynamique qui vise
à assurer à l'extérieur, sa sécurité
interne. Mais les écueils sont importants, et ils sont d'autant plus
exacerbés à cause du souverainisme sécuritaire qui
caractérise les pays de la sous-région. En somme, le défi
sécuritaire auquel fait face la sous-région sera mieux
géré seulement si les Etats membres ont la réelle
volonté de collaboration, qui demande d'aller au-delà de l'ordre
Westphalien de la souveraineté. 
ABSTRACT 
      Due to itscentrality in the sub-region, the geographical
position of Cameroonisexposed to numeroussecurityproblems. In
effectCameroonisperceived as an island of stability in an
« ocean » of turbulence. The major challenge
Cameroonface'sis to preservethisstabilitywhichisstrapped by
trans-nationalization of threatscomingfromconflictswhich
« destroys » itsneighboring countries. To thiseffectwhatis
the interest of Cameroon in its actions reached in the management of
conflictwithin Central Africa ECCAS ? The systemicapprochbased on
strategicreasoning of actorswithin an organization shows they have
particularstrategies. This enabled us to realizethat in effectCameroon's action
within ECCAS in the management of conflictsdeterminesitsinternalsecurity.
Cameroon has therefore put in place numerousstrategiesenablingher to manage
conflictsspringing in central Africa ECCAS. The spirit of these actions is to
deploy in a dynamicwhichaimsatensuringfromwithtoutitsinternalsecurity. But its
challenges are important ; they are more over exacerbedbecause of the
sovereigncharacter of securitywhichcharacterizes countries of the sub-region.
In sum the security challenges faced in the
sub-regionwillonlybeefficientlymanaged by member States if thereis a real sense
of collaboration whichdemandsgoingbeyond the Westphalianorder of
sovereignty. 
SOMMAIRE
INTRODUCTION
GENERALE...............................................................1
PREMIERE PARTIE : La stratégie camerounaise de
gestion des conflits en Afrique centrale : entre logiques internes
d'intérêt national et dynamiques externes de recherche de la
paix...............................................................................................22 
CHAPITRE 1ER : Le Cameroun dans la gestion des
conflits en Afrique centrale : analyse d'une posture
rationnelle................................................................................24 
Section 1 : Entre la défense des
intérêts économiques et la gestion des
intérêts
politico-institutionnels.......................................................................................26 
Section2 :L'attitude géostratégique du
Cameroun..........................................33 
CHAPITRE 2: Le Cameroun dans la gestion des conflits en
Afrique centrale: une dynamique conjoncturelle sous régionale de
recherche de la paix........................................41 
Section 1 : L'Afrique centrale comme zone
d'instabilité permanente et rémanente...43 
Section 2 : La contribution du Cameroun aux efforts sous
régionaux de gestion des conflits en Afrique centrale : la
conjoncture au-dessus de l'intérêt
national ?...........................................................................................52 
DEUXEME PARTIE : la stratégie camerounaise dans la
gestion des conflits en Afrique centrale : une adaptation actuelle aux
problématiques sécuritaires
contemporaines.................................................................................60 
CHAPITRE 3 : Les dynamiques opérationnelles de la
participation du Cameroun dans la gestion des
conflits..................................................................................................61 
Section 1 : Des missions de formation : entre mise
à disposition de structures de formation et participation aux exercices
conjoints............................................................62 
Section 2 : ...À l'envoi des unités
constituées sur le théâtre des
opérations...............70 
CHAPITRE 4 : Analyse des stratégies camerounaises
de gestion des conflits en Afrique
centrale..................................................................................................85 
Section 1 : Examen des capacités camerounaises de
gestion des conflits en Afrique centrale
CEEAC..................................................................................................86 
Section 2 : Perspectives de rationalisation et de
coordination avec les pays de la
sous-région....................................................................................................97 
CONCLUSION
GENERALE......................................................................103
REFERENCES
BIBLIOGRAPHIQUES.........................................................106 
LISTE DES
ANNEXES..............................................................................113 
TABLE DES MATIERES.............................................................................122 
  
INTRODUCTION GENERALE
A - PRESENTATION DU SUJET
Le thème de la conflictualité et de la gestion
des conflits enAfrique  centralefascine et intéresse encore plus les
études de sciencepolitiqueaujourd'hui, à l'heure où il
règne dans cette sous-région une insécurité et une
instabilité accrues. 
 Depuis les indépendances jusqu'à nos jours,
l'Afrique  a connu  d'insoutenables atrocités liées aux
conflits1(*),  un 
phénomène  récurrent  dans  cette  partie  du  monde. 
Les questions sécuritairesenAfrique  centrale
commencent àse poser avecinsistance audébut des années 90,
années où la plupart des Etats de la sous-région sont
lancés dans un processus de démocratisation. Les conflits quiy
naissent et s'ydéroulent se voient aggraver par la combinaison de
plusieurs facteurs2(*) aussi
bien internes,qu'externes. Ainsi, la première initiative de
sécurisation de la sous- région est pensée avec la
création du Comité ConsultatifPermanent des Nations Unies sur les
questionsde sécurité, piloté par les  Nations  Unies. La
CEEAC est donc la première plate-forme de gestion des questions
sécuritaires3(*)enAfrique  centrale.Néanmoins,  les
récurrences conflictuelles dans cette partie du globe et
particulièrement la situation critique de la République
Centrafricaine des années 2000, vont nécessiter une gestion plus
rapprochée et plus efficace des conflits, donnant ainsi à la
CEMACune  opportunité  de  s'affirmer, à travers la Force
Multinationale enAfrique  Centrale(FOMAC). La CEEAC reprendra la direction des
opérations de sécurité grâce au transfert de
compétences entre elle et la CEMAC en 20084(*). 
C'est  dans  le  cadre  de  ces  différents 
mécanismes  de  l'Afrique  centrale  que  le  Cameroun  se 
déploie,  dans  le  but  de  contribuer  efficacement  à  la 
gestion  des  conflits. Cela  n'est  pas  toujours  aisé  dans  un 
contexte  où  le  souverainisme  sécuritaire  règne  en 
maître  absolu,  toute  chose  qui  a  motivé  une  pareille 
étude. 
 L'ambition de cette étude intitulée
« Les  stratégies  camerounaises de gestion des
conflits enAfrique  centrale :enjeux et 
défis »est d'analyser l'action  du  Cameroun  dans 
la  gestion  des  conflits  en  Afrique Centrale,et à travers
cela,d'entrevoirquelles sont ses ambitions géostratégiques. 
 Il s'agit ici,decomprendrecomment le Cameroun  s'implique, 
et  quels instruments mobilise-t-ilen ce quiconcerne la gestion des conflits
dans sa sous-région, au vu desa positiongéostratégique.Si
les conflits sont désignés comme le principal frein à
l'émergence économique et social de l'Afrique  centrale, il va
sans  dire que la problématique de la gestion de ces conflitsen  son 
sein5(*)s'impose pour le
Cameroun; surtout quand les  conflitsgénérés dans les pays
voisins sont des conséquences néfastespour  ses 
intérêts  nationaux.  
Finalement, ce qui se joue pour le Cameroun à travers
sa politique de résolution des conflits enAfrique  Centrale, c'est 
l'établissement  de la sécurité le  long de ses
frontières. Etant entendu que les périodes conflictuelles sont
aussi des moments qui favorisent des flux importants de réfugiés,
il  est  aussi  important  de  densifier le  contrôle  des mouvements de
bandes armées qui échappent le  plus  souventaux forces
militaires chargées de sécuriser les frontières. Au 
regard  de  l'actualité conflictuelle dans certains paysvoisins du
Cameroun,  et notammentlaRCA où il règne depuisquelques
années  uneinstabilité chronique,  le  Cameroun  est  clairement 
affecté  d'une  certaine  façon.  Si  on associe  à  cela 
l'insécurité transfrontalière  qui  se  manifeste  par  la
montée en puissance  du  phénomène 
«BokoHaram »6(*),et  les  exactions  des  « coupeurs  de 
route »,  on  comprend pourquoi le Cameroun  a  modifié  sa 
carte  sécuritaire .Il  s'est  posé  pour  le  pays,  la
nécessité d'agir à travers un appareillage
politico-institutionnel, diplomatique, voire militaire, support de
légalisation de son action dans  la sphère conflictuelle de la
sous-régionAfrique  Centrale. 
B - INTERET DE L'ETUDE
Cette réflexion revêt un double  
intérêt : un  intérêt  scientifique  et  un
intérêt  pragmatico-politique. 
L'intérêt  scientifique de  ce  travail 
réside  dans  le  fait  qu'il  apporte   une   autre lecture   de   la 
gestion  des  conflits   en  Afrique  Centrale  par  le  Cameroun,  donc  une 
compréhension  complémentaire  à  l'encadrement  du 
dispositif  textuel  sur  le  plan  de  sa  responsabilité  et  de 
l'étendue  des  interventions  des  acteurs  étatiques  en 
matière  de  gestion  des  conflits. 
L'intérêt  pragmatico-politique,  et  même 
stratégique  de  cette  étude,  repose  sur  le  fait  qu'elle 
pourra  permettre  d'évaluer  le  dispositif  sécuritaire 
camerounais,  mais  surtout,  son  dispositif   de  prévention  et  de 
gestion  des  conflits  conformément  aux  engagements  juridiques 
internationaux  y  relatifs7(*). Scientifiquement,  cette  étude  permet  de 
ressortir  la  portée  des  actions  prises  par  le  Cameroun  sur  les
 questions  de  gestion  des  conflits,  faire  une  relance  du  débat 
à  ce  niveau ;sans  invalider  les  travaux  antérieurs 
sur  la  question.  Il  s'agit  donc  de  s'inscrire  à  la  suite  des 
débats  en  cours,  tout  en  y  apportant  notre  vision  de  la
situation. 
Les  décideurs  camerounais  peuvent,  s'ils  le 
jugent  important,  faire  des  ajustements  sur  le  plan  managérial, 
en  créant  un  nouvel  agenda  des  politiques  publiques  de  leurs 
stratégies  de  gestion  des  conflits  en  Afrique  centrale, 
basé  sur  les  analyses  et  recommandations  émises  dans  le 
cadre  de  ce  travail. 
 Il  est  question  ici  de  mettre  en  lumière  les 
dysfonctionnements  des  stratégies  de  gestion  des  conflits  du 
Cameroun  en  Afrique  centrale,  afin  de  mieux  les  viabiliser. 
C - CLARIFICATIONS  CONCEPTUELLES
La  recherche  en  sciences  sociales  et  tout 
particulièrement  en  science  politique,  pose  le  problème 
fondamental  de  la  maîtrise  des  concepts  qui, 
généralement  donnent  lieu  à  plusieurs
interprétations  de  la réalité  sociale. 
Les  concepts  sont  des  objets  complexes,  construits  et  
produits  pour  rendre  compte   d'une   réalité.  Pour 
comprendre  et  expliquer  le  fondement   de  la  recherche  en  science 
politique,  toute   étude  gagnerait  avant  d'être 
engagée,  de  satisfaire  à  une  exigence  de  clarification des
 mots  et  vocables  clés.  Ceci  permet une  bonne  lisibilité 
ainsi qu'une  bonne  compréhension  du  sujet  et  de  sa 
thématique,  opérationnalise  les  concepts,  tout  en  fixant 
par  les  différentes  définitions  qu'elle  propose,  le
lectorat  sur  le  sens  sous  lequel  lesdits  concepts  seront  compris  dans
 le  cadre  d'un travail  scientifique. 
Ainsi,  c'est  dans  un  souci  de  limiter  toutes 
confusions, que  la  définition  de  chaque  concept  opératoire 
s'impose  à  nous.  Emile  DURKHEIM ne  soulignait-il pas 
déjà  que  «  la  première  démarche 
du  sociologue  ( et  de  tout  homme  de  science )  doit  être  de 
définir  les  choses  dont  il  traite,  afin  que  l'on  sache  et
qu'il  sache  de  quoi  il  est  question? »8(*). Pour  cet  auteur  en  effet, 
c'est  la première  et  la  plus  indispensable  condition  de  toute 
vérification. 
C'est  pourquoi  en  accord  avec  ces  quelques 
prescriptions  d'ordre  méthodologique,  nous   avons  jugé  
nécessaire,  voire  indispensable,  de  clarifier  les  concepts   de 
«  stratégie »,  de  « gestion  des 
conflits »,  « l'Afrique  centrale »  mais  aussi  les
 notions  d'« enjeux »  et  de   « défis »
.  
1 - Le  concept  de 
« stratégie »
 Le  Général  français  André 
BEAUFRE9(*),  pense  que  la
 stratégie  est  la  dialectique  des  volontés  employant  la 
force  pour  résoudre  un  conflit. 
Mais  le  dictionnaire  des  relations 
internationales10(*), 
présente  la  stratégie  comme  étant  la  partie  de  la 
science  militaire  qui  concerne  la  conduite  générale  de  la
 guerre  et  l'organisation  de  la  défense  d'un  pays ; 
opérations  de  grande  envergure,  élaboration  des  plans 
offensifs  et  défensifs  en  fonction  des  effectifs,  des  moyens 
logistiques,  du  potentiel  industriel,  des  données 
géographiques  à  grande  échelle,  des  facteurs 
diplomatiques,  politiques,  etc. 
 La  question  que  pose  la  plupart  des  stratèges 
militaires  est : comment  parvenir,  au  moindre  coût  et  le 
plus  rapidement  possible,  à  mettre  hors  de  combat - ce  qui  ne 
signifie  pas  nécessairement  détruire - les  forces 
armées  adverses ?   
Il  faut  néanmoins  dire  que  ce  concept  n'a  pas 
qu'une  dimension  politico-militaire.  En  réalité,  on  parle 
de  stratégie  dans  plusieurs  autres  domaines  tels  que 
l'industrie,  l'entreprise,  la  finance.  On  parle  également  de 
stratégie  électorale,  industrielle,  commerciale  etc.  Force 
est  donc   de  constater  que  la  stratégie  a  subi  à  chaque
 fois  une  adaptation  en  fonction  des  divers  champs  où  l'on 
l'utilise. Thierry  DE  MONTBRIAL  quant  à  lui,  définit  la 
stratégie  comme« la  science  (si  l'on  choisit  de 
mettre  l'accent  sur  le  savoir  et  sur  la  méthode,)  ou  l'art 
(si  l'on  privilégie  l'expérience)  de  l'action  humaine 
finalisée,  volontaire  et  difficile »11(*).  On  perçoit  ici  une
 forte  dimension  politique  qui  renvoie  à  une 
« ligne  de  conduite,  c'est-à-dire  un  enchainement  de
 prises  de  positions  et  une  séquence  cohérente  d'actions 
et  comportements »12(*),  en  vue  de  la  réalisation  d'un  objectif
 précis  et  déterminé. 
  Dans  notre  travail,  nous allons  considérer  la 
stratégie  comme  une  manière  d'organiser,  ou  de  mener  une 
action  pour  arriver  à  un  résultat  probant. 
2 - Le  concept  de« gestion  des 
conflits »
       Les  conflits,  selon  Thierry  TARDY13(*),  sont  des  oppositions 
entre  individus,  groupes  ou  Etats  sur  des  idées,  valeurs,  biens
 matériels  ou  positions  de  pouvoir. «  Le  conflit 
sous-entend  l'idée  d'interaction  entre  acteurs  dont  les  positions
 sont  antagonistes  et  le  changement  dans  leurs  rapports  de 
force »14(*).  C'est  une  « hostilité  ou 
lutte  entre  groupessociaux,  entre  Etats,  n'allant  pas  jusqu'au  conflit 
armé  et  sanglant,  que  l'on  oppose  souvent  à  la  guerre 
politique  militaire »15(*).   Il  n'implique  pas  par  définition  une 
relation  violente,  mais  sous-entend  le  plus  souvent  l'idée 
d'intentions  hostiles  dont  la  traduction  en  action  violente  fait 
partie  des  hypothèses  d'évolution  ou  de  sortie  de 
conflit.  Ainsi,  un  conflit  entre  personnes,  groupes  sociaux  ou  parties
 politiques  peut être  violent  ou  non.  Le  conflit  peut  être 
appréhendé  comme  un  état  pathologique  ou  comme  un 
état  de  fait  inhérent  aux  rapports  sociaux,  relevant  de  
processus  et  de  décisions  rationnels  ou  non16(*). 
       Ainsi  donc,la  gestion  des  conflits  implique  une 
série  d'actions  visant  au  rétablissement  d'une  forme  de 
normalité.  Thierry  TARDY  pense  que « Dans  son 
acception  contemporaine,  c'est-à-dire  telle 
qu'appréhendée  depuis  la  fin  de  la  Guerre  froide,  la 
gestion  de  crise  et  de  conflit  décrit  l'ensemble  des  politiques
 mises  en  oeuvre  par  un  ou  plusieurs  acteurs  externes  à  la 
crise  et  visant  à  prévenir  la  crise,  à  traiter 
une  crise  ou  un  conflit  ouvert  et  ses  conséquences,  ou 
à  aider  les  Etats  et  sociétés  touchés  par 
une  crise  ou  un  conflit  à  rétablir  une  situation  de 
normalité  ou  à  consolider  la  paix  après  que  le 
conflit  a  cessé. »17(*) 
       La  gestion  de  conflit  est  un  ensemble 
constitué  de  la  prévention  des  conflits  et  la 
médiation,  le  rétablissement,  l'imposition  et  la 
consolidation  de  la  paix.  Elle  consiste  non  seulement  à  l'envoi
 des  émissaires  avant,  pendant  et  après  un  conflit ; 
mais  également  à  l'envoi  des  contingents  constitués 
pour  une  interposition  ou  une  imposition  de  la  paix.  Ces  contingents 
peuvent  aussi  avoir  des  spécialistes  ayant  pour  rôle,  la 
formation  des  militaires  aux  techniques  de  guerre  et  au  respect  du 
droit  de  la   guerre.  Enfin  il  y a  le  volet   de  la  prise  en  charge 
des  victimes  et  des  réfugiés  de  guerre. 
3 - Le  concept  d'« Afrique 
centrale »
L'Afrique  centrale  est  la région  médiane  de
 ce  continent  qui  va  du  Sud  du  Sahara  à  la  vallée  du 
rift,  en  passant  par  l'est  du  bouclier  ouest-africain.  L'Afrique 
centrale  comprend les  pays  suivants : l'Angola,  le  Cameroun,  le 
Gabon,  la  Guinée  équatoriale,  la  République 
centrafricaine,  la  République  démocratique  du  Congo,  Sao 
Tomé-et-Principe  et  le  Tchad ;  mais  parler  de  l'Afrique 
centrale  revient  également  à parler  des  deux  instances 
communautaires  qui  s'y  trouvent. 
Le  référent  « Afrique 
centrale »  véhicule  une  ambiguïté  certaine 
due  au  fait  que,  dans  cette  sous-région,  l'on  retrouve  deux 
instances  différentes  qui  prétendent  représenter 
l'identité  sous régionale.  Il  s'agit  en  l'occurrence,  de 
la  Communauté  Economique  et  Monétaire  d'Afrique  Centrale 
(CEMAC)  et  la  Communauté  Economique  des  Etats  de  l'Afrique 
Centrale  (CEEAC). 
Au-delà  de  la  synonymie  dans  les 
appellations,  on  note  une  confusion  des  missions  que  s'assignent  ces 
structures.  Ainsi,  la  mission  essentielle  de  la  CEMAC  est  de 
promouvoir  un  développement  harmonieux  des  Etats  membres  dans  le
 cadre  d'une  Union  Economique  et  d'une  Union  Monétaire,  tandis 
que  la  CEEAC  a  pour  objectif  ultime   d'établir  un  marché
 commun  aux  Etats  de  l'Afrique  centrale.  On  voit  à 
l'évidence  que  toutes  les  deux,  ces  organismes  recherchent  le 
développement  économique  de  la  sous-région  et 
poursuivent  des  objectifs  certes,  diffèrent  dans 
l'énonciation,  mais  identiques  dans  le 
fond  »18(*). 
         Nous  concentrerons  notre  étude  à 
la  CEEAC,  au  sein  de  laquelle  on  peut  noter  une  certaine 
activité  du  Cameroun  en  matière  de  gestion  des  conflits 
en  Afrique  centrale,  et  qui  est  le  cadre  adéquat  défini 
par  le  plan  de  Lagos  de  l'OUA  en  1982. La  CEMAC  quant  à 
elle,  ne  comporte  pas  les  mêmes  particularités,  et  ne 
saurait  donc   nous  satisfaire  dans  le  cadre  de  cette  recherche. 
4 - Le  concept  d'« enjeu »
         Le  dictionnaire  Larousse  définit  l'enjeu 
comme  étant  une  somme  d'argent,que  l'on  met  en  jeu  en 
commençant  la  partie  et  qui  doit  revenir  au  gagnant.  C'est  un 
objet  que  l'on  risque  dans  une  partie  de  jeu  ou  encore  ce  que  l'on
 peut  gagner  ou  perdre  dans  une  entreprise19(*).  Cette  définition 
donne  déjà  évidemment  un  bon  aperçu  du 
concept,  ce  qui  nous  convient  d'appréhender   comme  une 
projection  faite  par  un  individu,  inscrit  dans  un  système  de 
jeu,  dans  lequel   il  mobilise  un  ensemble  de  ressources,  des 
opportunités  et  des  avantages  en  vue  d'obtenir  des  gains 
matériels  ou  immatériels. 
  Dans  cet  ordre  d'idée,  la  théorie  des 
jeux20(*) qui,  elle  se 
décline  en  une  trilogie  structurée  en  trois  tendances dont
 la  première  porte  sur  le  jeu  à  somme  non  nul ; 
ici,  les  individus  engagés  dans  le  jeu  s'inscrivent  dans  une 
logique  éminemment  conflictuelle  dans  laquelle  certains  sont 
appelés  à  gagner  ou  à  perdre.  La  deuxième 
est  celle  du  jeu  coopératif  et  non  coopératif,  où 
on  étudie  la  formation  de  coalitions  entre  les  joueurs  afin 
d'obtenir  de  meilleurs  résultats  pour  les  membres  et  enfin  le 
jeu  mixte,  celui-ci  implique  plutôt  aux  logiques  du  marchandage, 
voire  de  chantage.  Pour  ainsi  dire,  le  concept  d'enjeu  renvoie 
directement  aux  stratégies,  aux  planifications  à 
l'organisation et  à  la  coordination  par  un  acteur,  d'un  ensemble
 d'actions  en  vue  d'atteindre  un  objectif  pertinent. 
5 - Le  concept  de 
« défi »
        Un  défi   peut  être 
considéré  comme  étant  une  entreprise  difficile,  qui 
met  à  l'épreuve  les  capacités  ou  les 
compétences  d'une  personne  ou  d'un  groupe  de  personnes  dans  un 
domaine  particulier.  C'est  un  problème  que  pose  une  situation 
et  que  l'on  doit  surmonter.  
 Il  s'agit  ici  de  montrer  les  difficultés 
auxquelles  le  Cameroun  fait  face,  quant  à  ce  qui  est  de  son 
action  en  matière  de  rétablissement,  d'imposition  et  de
consolidation  de  la  paix. 
D - DELIMITATION  DU  CHAMP  D'ETUDE
          Le  présent  travail  sera 
délimité  dans  une  double  dimension,  à  savoir : 
la  délimitation  spatiale(1),  et  la 
délimitation  temporelle  (2). 
1 -  Délimitation spatiale
          Cette  étude   s'appesantira  sur  l'espace 
géographique  qu'est  l'Afrique  centrale,  qui  elle-même est 
tout un  concept.  Ce  concept  peut  être  considéré 
comme  étant  à  « géométrie 
variable »21(*),  c'est  dire  que  l'Afrique  centrale  n'a  pas 
d'objet  géographique  clairement  identifié.  Le  concept  est 
variable  selon  les  contextes,  les  auteurs  et  les  époques.  En 
effet,  l'Afrique  centrale  renferme  en  son  sein,  deux  organisations 
à  savoir :  la  CEMAC,  qui  a  un  caractère  plus 
économique  et  la  CEEAC  qui,  bien  qu'ayant  elle  aussi  une 
certaine  vocation  économique,  est  une  instance  disposant  d'un 
organe  spécialisé  dans  la  promotion,  le  maintien  et  la 
consolidation  de  la  paix  et  de  la  sécurité22(*),  d'où 
l'intérêt  que nous  lui  portons  dans  le  cadre  de  ce 
travail.  La  CEEAC  se  compose  donc  de  onze  Etats :  l'Angola, 
le  Burundi,  le  Cameroun,  la  Centrafrique,  le  Congo,  le  Congo 
Démocratique,le  Gabon,  la  Guinée  Equatoriale,  le  Rwanda, 
Sao  Tomé  &  Principe,  et  le  Tchad.  Tous  ces  pays  couvrent 
une  superficie  de  6 666 938Km²,  et  une  population  de 
134 119 063  d'habitants23(*).  Avec  ses  diverses  ressources  naturelles, 
l'Afrique  centrale est  un  foyer  de  conflits (dus  parfois aux convoitises 
suscitées  par  ses  multiples  richesses)   multiformes,  allant  des 
crises  de  gouvernance  aux  crises  frontalières,  en  passant  par
celles  dites  sociales. 
        Notre   intérêt  pour  cette  zone  de 
l'Afrique  tient  également  au  fait  que  plusieurs  mécanismes
 de  gestion  des  conflits  y  ont  été  mis  sur  pieds  par 
l'ONU,  mais  ont  connu  des  résultats  mitigés.   
2 - Délimitation temporelle
Bien  que  les  problèmes  sécuritaires  aient 
commencé  à  se  poser  avec  insistance  dans  les 
années  1990,  avec  l'effondrement  du bloc  communiste,  et  la  fin 
de  la  guerre  froide,  nous  allons  nous  intéresser  à  cette
 période  qui  va  de  1990  à  2014,  mais  en  mettant  une 
emphase  sur  l'année2008. 
         Cet  intérêt  tient  au  fait  que 
l'année  2008  a  été  marquée  par  l'envoi par le
 Cameroun,  des  contingents  constitués  en  lieu  et  place 
d'observateurs  comme  par  le  passé.  En  effet,  « le 
22  mai  2008,  des  unités  constituées  de  l'armée 
camerounaise  prennent  pour  la  première  fois  part  à  une 
OMP  en  République  Centrafricaine,  dans  le  cadre  de  la  Force 
Multinationale  de  la  CEMAC  (FOMUC) »24(*).  Il  serait 
intéressant  de  voir  comment  le  Cameroun  s'est 
déployé  dans  le  but  de  gérer non  seulement  cette 
situation,  mais  aussi  les  différentes  crises  qui  surviennent  en 
Afrique  centrale. 
         Notre  travail  n'a  pas  pour  but  de  faire  une 
compilation  exhaustive  des  conflits  et  de  leur  gestion  en  Afrique 
centrale,  il  ne  se  recoupe  pas  non  plus  aux  seules  Opérations 
de  Maintien  de  la  Paix  (OMP),  mais  porte  plutôt  sur  un  plan 
plus  globalisant  qu' est  la  gestion  des  conflits  dans  toute  sa 
dimension  par  le  Cameroun,  avec  les  différentes  étapes 
qui  la  constitue. Il  s'agit  de  voir  en  effet,  comment  le  Cameroun 
intervient  dans  la  sous-région  Afrique  centrale,  et  si  ces 
interventions  lui  permettent  d'atteindre  ses  objectifs  de  paix,  de 
sécurité  et  de  préservation  de  ses 
intérêts  nationaux. 
E - REVUE  DE  LA  LITTERATURE
« Lorsqu'un  chercheur  entame  un  travail,  il
 est  peu  probable  que  le  sujet  n'ait  jamais  été 
abordé  par  quelqu'un  d'autre  auparavant,  au  moins  en  partie  ou 
indirectement.  On  a  souvent  l'impression  qu'il  n'y  a  « rien 
sur  le  sujet »  mais  cette  opinion  résulte 
généralement  d'une  mauvaise  information.  Tout  travail  de 
recherche  s'inscrit  dans  un  continuum  et  peut  être  situé 
dans  ou  par  rapport  à  des  courants  de  pensée  qui  le 
précèdent  et  l'influencent.  Il  est  donc  normal  qu'un 
chercheur  prenne  connaissance  des  travaux  antérieurs  qui  portent 
sur  les  objets  comparables  et  qu'ils  soient  explicite  sur  ce  qui  se 
rapproche  et  sur  ce  qui  distingue  son  propre  travail  de  ces  courants
 de  pensée. »25(*) 
       La  question  de  la  gestion  des  conflits  en 
Afrique  Centrale  a  suscité  l'intérêt  de  nombreux 
chercheurs,  les  étudiants  et  même  les  ONG  ne  sont  pas 
restées  insensibles  aux  problèmes  y  relatifs.  Aussi,  la 
littérature  sur  cette  question  est  assez  diversifiée. 
Malheureusement,  peu  de  publications  évoquent  l'action  du 
Cameroun  dans  ce  domaine.  Malgré  cette  carence,  quelques  travaux
 ont  retenu  notre  attention. 
          Ces  travaux  soulèvent  des 
thématiques  fondamentales  à  la  compréhension  des 
« mutations »  en  matière  de  gestion  des 
conflits  en  Afrique  médiane.  Chacun  dans  sa 
spécificité  adopte  une  approche  particulière.  
           Dans  le  cadre  de  notre  travail,  nous  avons 
répertorié  des  travaux  à  la  fois 
généraux  sur  les  opérations  de  maintien  de  la  paix
 (OMP)  et  d'autres  sur  l'action  de  l'armée  camerounaise. 
Ainsi,  certaines  productions  ont  retenu  notre  attention,
 il  s'agit  notamment  des  travaux  de  Master  II  en  stratégie, 
défense,  sécurité,  gestion  des  conflits  et  des 
catastrophes  de  ASSILA TSED.  Les  travaux  de  Master  II  en Relations 
Internationales,  option  Diplomatie  de  AHOUDOU  GARBA  nous  ont 
également  intéressé,  tout  comme  ceux  de  EKINDI 
NGWEN  Manfred  François  et  les   travaux  de  MEVONO  NGOMBA 
Dieudonné  Jules26(*) 
          Pour  ASSILA  TSED27(*),  il  s'est  agit  de  donner  les  modalités 
du  déploiement  militaire  camerounais  dans  le  processus 
international  de  reconstruction  de  la  paix  au  Soudan. 
         Il  relève  ainsi  trois  principales 
difficultés  liées  à  ce  déploiement,  et  dues 
à  l'environnement :  il  s'agit  des  difficultés 
conjoncturelles,  politiques  et  logistiques  qui  entravent 
considérablement  ce type  d'opérations  pour  les  forces 
armées  camerounaises.  ASSILA  TSED  pense  que  des 
« aménagements  structurels » s'imposent 
au sein  de  l'armée,  pour  capitaliser  de  manière  efficiente
 toutes  les  ressources  offertes  par  cette  projection  des  forces 
armées  sur  la  scène  internationale. 
AHOUDOU  GARBA28(*)  quand  à  lui,  pense  que « 
le  Cameroun  est  un  acteur  mineur  et  inhabituel dans  le  champ  des 
opérations  de  maintien  de  la  paix.  Il  mobilise  la 
théorie  réaliste  pour  dire  que  les  dynamiques 
internationales  ont  forcément  une  influence  sur  la  politique 
interne,  mais  qu'il  est  important  de  toujours  préserver  sa 
volonté  de  faire  valoir  ses  intérêts.  Pour lui,  le 
Cameroun  doit  revoir  sa  stratégie  de  moindre  implication  dans 
les  OMP,  pour  pouvoir  tirer avantage  des  bénéfices 
symboliques  que  confèrent  l'implication  dans  le  champ  complexe 
de  celles-ci. 
       Notre  intérêt s'est  également 
porté  aux  travaux  de  EKINDI  NGWEN  Manfred 
François29(*),ce 
dernier  s'intéresse  à  l'action  du  Cameroun  dans  la 
prévention  des  conflits  en  Afrique  centrale.  Il  présente 
ainsi  la  conférence  des  Chefs  d'Etats  tenue  en  février 
1999  à  Yaoundé  au  Cameroun,  comme  l'un  des  moments 
majeurs  liés  à  cette  action.  En  effet,  la 
conférence  de  Yaoundé  a  été  le  cadre  de 
mise  en  place  du  Conseil  de  Paix  et  de  sécurité  en 
Afrique  centrale,  en  abrégé   COPAX  qui  est  un 
« organe  politico-militaire  de  la  CEEAC  en  matière  de 
promotion,  de  maintien  et  de  consolidation  de  la  paix  et  de  la 
sécurité  au  niveau  sous régional ».   
        C'est  un  travail  qui,  en  ce  qui  est  de  la 
participation  du  Cameroun  dans  la  mise  en  place  des  mécanismes 
de  prévention  des  conflits,  apporte  certains 
éclaircissements,  mais  un  travail  qui  reste  plus  descriptif 
qu'analytique.  De  plus,  il  ne  s'intéresse  pas  aux 
stratégies  de  gestion  des  conflits  en  Afrique  centrale 
déployées  par le Cameroun. 
        Nous  avons  enfin  porté  notre  attention 
aux travaux  de  MEVONO  NGOMBA Dieudonné  Jules30(*).  Il  mobilise les
théories  réalistes,  l'interdépendance  et  le 
constructivisme,  pour  présenter  sa pensée.  MEVONO  postule 
en  effet  que  2008  est  une  année  charnière  pour  le 
Cameroun,  car  le  22  mai  2008,  l'armée  camerounaise  a 
effectué   pour  la  première  fois,  une  opération  de 
maintien  de  la  paix ; c'était  en  République 
Centrafricaine.  Pour  lui,  « en  décidant  d'engager 
d'avantage  son  armée  dans  la  recherche  de  la  paix  en  zone 
Afrique  centrale,  l'Etat  camerounais  a  inscrit  les  fondements  de  son 
action  dans  une  logique  qui  oscille  entre  la  préservation  de 
ses  intérêts  vitaux  et  la  recherche  d'une  paix 
durable »31(*). 
        De  ce  qui  précède,  il  se 
dégage  deux  principales  tendances :  d'abord  ceux  qui  pensent
 que  l'action  du  Cameroun  est  minime,  vu  que  c'est  un acteur 
inhabituel  dans  la  construction  de  la  paix.  Ensuite  il  y a  la  frange
 de  ceux  qui  pensent  que  le  Cameroun  commence  à  s'impliquer  de
 façon  plus  importante. 
         Au  lieu  de  se  poser  sur  l'un  de  ces  deux 
courants,  nous  avons  opté  pour  une  approche  différente. 
En  effet,  les  conflits  entrainent  plusieurs  fluctuations  et  des 
contraintes.  Ces  aspects  sont  pris  en  compte  avant  pendant  et 
après  les  conflits.  Nous  nous  proposons  de  voir  quelles 
institutions  interviennent,  et  comment  elles  le  font.  Cette  gestion 
est-elle  bénéfique  pour  le  Cameroun ? 
Il  est  question  d'inscrire la  présente 
étude dans une approche historique dont la finalité sera de
saisir dans le temps,  les stratégies du Cameroun en matière de
gestion des conflits en zoneCEEAC. Cela nous permettra par la suite
d'évaluer  la  constance  de  ses interventions qui,routinisées,
permettrons probablement au final d'en arriver à la conclusion de
l'existence d'une véritable stratégie de gestion des conflits du
Cameroun en zone CEEAC. 
F - cadre  théorique  de  l'étude
La  théorie  est  un  corps  de  savoirs  permettant 
d'ancrer  la  recherche  dans  la  suite  de  l'immense  masse  de  ce  qui 
est  déjà  su.  Ainsi,  au  plan  théorique,  la 
nécessité  d'intégrer  notre  travail  dans  le  champ 
d'investigation  des  relations  internationales  et  du  jeu  de  la 
puissance,  nous  invite  à  convoquer  les  théories 
réaliste(1),  et 
constructiviste(2). 
1 - Le  réalisme
          Thomas  HOBBES,  et  d'autres  réalistes 
comme lui considèrent  la  société  internationale  comme 
une  société  anarchique,  par  opposition  aux 
sociétés  nationales  au  sein  desquelles  il  existe  un 
pouvoir  organisé  par  l'Etat,  garant  de  l'ordre  et  de  la  paix 
sur  la  base  du  contrat  social.  L'impossibilité  d'une  telle 
organisation  sur  la  scène  internationale  entraine  une  situation 
d'anarchie  caractérisée  par  la  méfiance  entre  les 
Etats  et  le  recours  à  l'usage  de  la  force  plutôt  que  la
 confiance  et  le  droit. 
         Le  réalisme  en  terme 
d'intérêt  national, devrait  nous  permettre  d'expliquer  les 
attentes  et  aspirations  du  Cameroun  en  Afrique  centrale  à 
résoudre  ou  à  gérer  d'éventuels  conflits  qui 
surviendraient  dans  la  zone.  D'ailleurs  Yves  LACOSTE32(*)  dit,  pour 
interpréter  les  comportements  des  Etats  sur  la  scène 
internationale,  que  ces  derniers  sont  en  permanente  rivalité, 
cherchant  à  obtenir  ou  développer  les  moyens  de  la 
puissance  en  contrôlant  des  territoires  et  les  peuples  qui  les 
détiennent.  Par  ailleurs,  toute  action  de  l'Etat  s'inscrit  dans 
une  logique  permanente  de  survie,  avec  pour  expression  par  excellence 
dans  le  concept  d'intérêt.  « pris  dans  un 
sens  rationnel,  il  postule  le  calcul  de  l'investissement  dans  l'action
 pour  en  apprécier  la  rentabilité  attendue.  Trop 
coûteuse,  il  faut  l'éviter,  bénéficiaire,  il 
faut  l'engager »33(*).  Avec  pour  finalité,  d'assoir  sa 
puissance  face  aux  autres  acteurs  des  relations  internationales. 
2 - Le  constructivisme
Le  constructivismeest  employé  dans  cette 
démarche  pour  l'analyse  constructiviste  des  stratégies 
camerounaises  de  gestion  des  conflits.  Cette  théorie  aborde  la 
formation  particulière  d'analyse  constructiviste
développée  par  l'école  de  Copenhague,  qui 
s'intéresse  précisément  à  l'étude  des 
questions  de  sécurité.   
        Les  auteurs  tels  que  Emile  DURKHEIM  à 
travers  son  explication  des  faits  sociaux,  Max  WEBER  et  sa 
compréhension  des  faits  et  la  construction  sociale  de  la 
réalité  de  Peter  BERGER  et  Thomas  LUCKMANN,  ont
certainement  contribué  à  donner  de  la  consistance  au 
constructivisme.   
         Emile  DURKHEIM  postule  que  l'explication d'un 
fait  doit  être  de  nature  sociologique.  Selon  lui,  « la 
cause  déterminante  d'un  fait  social  doit  être 
recherchée  parmi  les  faits  sociaux  antécédents,  et 
non  parmi  les  états  de  la  conscience 
individuelle »34(*).  La  sociologie  compréhensive  de WEBER
 permet  d'avoir  une  autre  conception  de  la  réalité 
sociale.  Selon  lui,  une  « activité  est  un 
comportement  humain  ( peu  importe  qu'il  s'agisse  d'un  acte 
extérieur  ou  intime  d'une  omission  ou  d'une  tolérance ), 
quand  et  pour  autant  que  l'agent  ou  les agents  lui  communiquent  un 
sens  subjectif.  Et  par  activité  « sociale », 
l'activité  qui,  d'après  son  sens  visé  par  l'agent 
ou  les  agents,  se  rapporte  au  comportement  d'autrui,  par  rapport 
auquel  s'oriente  son  déroulement »35(*).  Peter  BERGER  et  Thomas 
LUCKMANN  pensent  que  la  réalité  sociale  est  une 
construction.  Autrement  dit,  la  réalité  sociale  n'est  pas 
exclusivement  une  donnée  figée,  elle  peut  aussi  être
 une  construction.36(*) 
Le  constructivisme  postule  que  les  structures  sociales
sont  prioritairement  déterminées  par  les  idées  que 
partagent  les  agents  plutôt  que  par  les  rapports  matériels
 existant  entre  eux.  Ainsi,  les  intérêts  et  les 
identités  des  acteurs  sociaux  ne  sont  pas  des  données 
préalables  aux  interactions  sociales  et  qui  s'imposent  une  fois 
pour  toutes  aux  acteurs,  mais  ils  sont  construits  par  les 
idées,  normes,  valeurs,  connaissances,  que  ces  derniers 
partagent,  par  cette  culture  dans  laquelle  ils  sont  ancrés. 
Qu'il  soit  moderne  ou  structuraliste,  le  constructivisme  repose  sur 
quatre  postulats : 1) les  intérêts  et  les 
motivations  des  Etats  ne  sont  pas  donnés  mais  constitués 
par  des  identités,  2)  les  Etats  agissent  selon  des 
identités  et  donc  des  croyances  ou  des  normes 
« intersubjectives »  car  rationnelles, 3)  la 
signification  de  ces  identités  et  de  ces  relations  évolue
 historiquement  par  la  pratique  et  les  discours,  les  interactions  des 
Etats,  4)  enfin,  la  structure  du  système  international  influence
 les  comportements  des  Etats  autant  que  ceux-ci  sont  capables 
d'influencer  la  structure  de  leur  environnement.37(*) 
 Les  stratégies  camerounaises  de  gestion  des 
conflits  sont  susceptibles  de  faire  l'objet  d'une  construction,  en 
fonction  des  intérêts  et  de  l'identité  des  acteurs 
de  la  société  dans  laquelle se  trouve  le  Cameroun. 
G - La  problématique  et  les 
hypothèses
            Il  s'agit  ici  de  présenter  notre 
problématique (1)  et  nos  hypothèses  de 
travail  (2)  qui  certainement,  seront  les  matrices  de 
notre  réflexion. 
1 - La  problématique
 L'objectif  visé  par  la  présente 
étude  faut-il le  rappeler,  est  de  mettre  en  évidence  
l'action  du  Cameroun  dans  les  opérations  de  gestion  des 
conflits  en  Afrique  centrale.A cet effet, il est judicieux pour nous d'avoir
pour point de départ, un  questionnement  qui  nous  permettra  de 
mener  à  bien  notre  démonstration. 
Raymond  QUIVY  et  Luc  VAN  CAMPENHOUDT  perçoivent 
la  problématique  comme  étant  «... l'approche 
ou  la  perspective théorique  que  l'on  décide  d'adopter  pour
 traiter  le  problème  posé  par  la  question  de 
départ » 38(*).  C'est 
également « définir  un  objet  et  opter 
pour  un  mode  d'approche  de  cet  objet, (...)  c'est  bien  enfin  le 
cadre  personnel  à  partir  duquel  se  précise  la  question 
de  départ »39(*).  Partageant  ces  préalables,  tout  en 
gardant  à  l'esprit  que  la  recherche  ouvre  la  voie  à  la 
théorisation,  et  que  la  théorie  mène  à  la 
science,  les  deux  permettant  d'identifier  des  connaissances  nouvelles 
et  de  mettre  au  point  des  outils  de  travail  nouveau,  nous  tiendrons 
compte  de  la  pesanteur  des  problématiques  existantes  dans  le 
champ  social  de  la  gestion  des  conflits.  L'observation  de  la 
contribution  du  Cameroun  permet  d'être  attentif  sur  les  angles 
d'approche  de  son  action  dans  la  mesure  où  la  théorie 
n'est  pas  un  savoir  fixe. 
         Si  l'on  peut  « constater   d'une  part, 
la  multiplicité  et  la  récurrence  des  conflitset  des 
situations  conflictogènes  et  belligènes  qui  divisent 
davantage  les  pays  de  la  sous-région  et,  d'autre  part  une 
diversité  de  projets  (FOMUC,  FOMAC)  pilotés  par  des 
initiatives  différentes  et  concurrentes  (CEMAC,  CEEAC), 
poursuivant  certes  le  même  objectif  mais  évoluant  dans  des
 logiques  différentes  et  parfois  contradictoires40(*),  il  est  intéressant 
de  savoir  comment  se  comporte  le  Cameroun  face  aux  questions  de 
gestion  des  conflits  dans  sa  sous-région.  Ainsi,  la  question 
principale  qui  a  retenu  notre  attention  est celle  de  savoir :
quel  est  l'intérêt  du  Cameroun  dans  ses  actions 
menées  en  matière  de  gestion  des  conflits  en  Afrique 
centrale  CEEAC ? 
         Deux  interrogations  subsidiaires  peuvent 
également  être  soulignées  à  ce  niveau.  La 
première  question  est  celle  de  savoir si  l'implication  du
 Cameroun  est-elle  construite  dans  le  cadre  d'une  vision 
stratégique,  ou  est-elle  une  adaptation  conjoncturelle?la 
seconde  question  est  celle  de  savoir  sile  Cameroun  dispose
 des  moyens  adéquats  pour  s'impliquer  efficacement  dans  la 
gestion  des  conflits  en  Afrique  centrale ? 
     Ces  perspectives  théoriques  constituent  les 
axes  d'interprétation  du  réel  que  nous  avons  choisis  pour
 la  formulation  de  nos  hypothèses  de  recherche. 
2 - Les  hypothèses  de  travail
         Eléments  fondamentaux  de  tout  travail 
scientifique,  les  hypothèses  sont  des  tentatives  de 
réponses  anticipées,  aux  questions  théoriques  ou 
observations  empiriques  posées  par  la  problématique. 
D'ailleurs,  à  ce  sujet,  Raymond  QUIVY  et  Luc  VAN 
CAMPENHOUDT41(*) 
écrivent  qu' « il  n'est  d'observation ou 
d'expérimentation  qui  ne  repose  sur  des 
hypothèses ».  Ils  concluent  qu'« une
 hypothèse  est  une  proposition  provisoire,  une 
présomption  qui  demande  à  être 
vérifiée ».  Etant  donnée  qu'elle  est 
l'explication  provisoire  d'une  réalité,  l'hypothèse 
prend  naissance  dans  la  problématique et,  doit  être 
confirmée  ou  infirmée  à  la  fin  par  les 
résultats  de  l'étude,  ce  qui  fait  d'elle  un  outil  de 
sélection  pour  le  chercheur  car  elle  aide  ce  dernier  à 
choisir  les  faits,  à  les  interpréter  et  à 
suggérer  les  procédures  de  recherche. 
 L'hypothèse  centrale autour  de  laquelle 
s'aménage  notre  travail  de  recherche  est  quele  Cameroun 
s'engage  dans  la  gestion  des  conflits  pour  la  préservation  de 
ses  intérêts  nationaux  et  pour  garantirla  paix  et  la 
sécurité  sous régionale. 
         Les  hypothèses  secondaires  retenus  sont 
les  suivantes :  les  interventions  du  Cameroun 
épousent  bien  une  vision  stratégique  construite  sur  le 
plan  institutionnel.  En  outre,  on  pourrait  dire  que  le
 Cameroun,  au  vue  de  sa  participation  de  plus  en  plus  importante 
dans  le  processus  de  gestion  des  conflits,  dispose  des  moyens 
nécessaires  pour  mener  à  bien  sa  politique  d'intervention 
en  Afrique  centrale.  
H - METHODE  ET  TECHNIQUES  D'ANALYSE
Toute  entreprise  de  recherche  scientifique,  invite 
toujours  le  chercheur  à  faire  recours  à  des 
méthodes  et  techniques,  qui  conviennent  à  l'étude 
de  son  objet  d'analyse. 
Par  définition,  «  La 
méthodeest  perçue  comme  l'ensemble  des  opérations 
intellectuelles  par  lesquelles,  une  discipline  cherche  à 
atteindre  les  vérités  qu'elle  poursuit,  les 
démontre,  les  vérifie »42(*) ;c'est  le 
préalable  à  toute  discipline  scientifique.  L'on  ne  saurait
 parler  de  science  sans  méthode  car,  elle  en  constitue  la 
caractéristique  fondamentale,  l'essence  qui  clarifie  la 
démarche  adoptée  ou  à  adopter.  Dans  ce  sens, 
Gaston  BACHELARD  affirmait  fort  opportunément  que 
« la  méthode  est  la  politesse 
élémentaire  de  l'esprit  scientifique »43(*).  Il  s'agit  au  sens  large 
d'aider  le  chercheur  à  comprendre,  non  pas  le  résultat 
de  la  recherche  scientifique,  mais  le  processus  de  la  recherche 
lui-même.  Les  considérations  méthodologiques 
comprennent  à  la  foisle  modèle 
opératoire(1) et  l'approche 
méthodologique(2). 
1 - Modèle  opératoire
        Pour  rendre  compte  de  notre  objet 
d'étude,  nous  avons  utilisé  la  méthode 
systémique.  L'approche  qui   nous  semble  pertinente  pour  atteindre
 nos  objectifs  est  celle  du  raisonnement  stratégique, 
telle  que  présentée  par  Michel  CROZIER  et  Erhard 
FRIEDBERG.  En  effet,  le  Cameroun  appartient  à  une  organisation 
qui  est  la  CEEAC   et,   « les  participants  d'une 
organisation  peuvent  être  considérés  comme  des 
acteurs  ayant  chacun  leur  propre  stratégie  (...)  du  point  de 
vue  des  objectifs  que  prétendent  ou  même  que  semblent 
poursuivre  ces  acteurs,  leur  comportements  peuvent  paraître 
irrationnels.  Ils  ne  prennent  de  sens  que  si  on  relie  aux  chances 
de  gains  et  de  pertes  qu'ils  avaient  réellement  dans  le  ou 
les  jeux  qu'ils  jouent  les  uns  avec  les  autres.  (...)  Le 
phénomène  sociologique  fondamental  de  l'intégration 
des  comportements  du  même  ensemble  social  se  trouve  ainsi 
analysé  dans  le  cadre  organisationnel  comme  un processus  indirect
 par  lequel  les  acteurs  se  trouvent  contraints,  s'ils  veulent  gagner 
ou  au  moins  minimiser  leurs  pertes,  d'adopter  une 
stratégie  « gagnante »,  c'est  à  dire
 rationnel  pour  eux  de  se  plier  aux  exigences  du  jeu  et  qu'ils  en 
arrivent  ainsi,  quelles  que  soient  leurs  motivations  de  départ, 
à  concourir  finalement  aux  buts  communs »44(*).  Il  n'est  donc  pas  exclu 
que  le  Cameroun  se  comporte  en  acteur  stratégique  au  sein  de 
la  CEEAC. 
2 - L'approche  méthodologique
  L'approche  méthodologique  comporte  d'une  part 
les  techniques  de  recherches (a)  et  d'autre  part,  les 
techniques  d'analyse  des  données (b) . 
a - Les  techniques  de  recherche
Dans  le  cadre  de  ce  travail,  nous  avons  opté 
principalement  pour  la  technique    documentaire.  Elle  consiste 
essentiellement  à  la  recherche  dans  les  bibliothèques  et 
sur  internet.  Ainsi,  nous  avons  consulté  un  nombre  important  de
 documents  dans  les  bibliothèques  de  la  fondation  Paul  ANGO  ELA
 (FPAE),  du  centre  de  recherche  d'études  politiques  et 
stratégiques  (CREPS)  à   l'Université  de 
Yaoundé  II,  de  l'Institut  des  Relations  Internationales  du 
Cameroun  (IRIC)  et  du  centre  africain  d'études 
stratégiques  pour  la  promotion  de  la  paix  et  du 
développement  (CAPED),  toutes  choses  qui  nous  ont  permis  de 
mener  à  bout  cette  recherche.  
 En  plus  de  cette  recherche  documentaire,  il  faut 
également  dire  que  nous  avons  eu  recours  aux  entretiens  avec 
des  responsables  de  certaines  structures,  telles  que  le 
Ministère  des  relations  extérieures  (MINREX),  le 
Ministère  de  l'administration  territoriale  et  de  la 
décentralisation  (MINATD),  à  travers  la  Direction  de  la 
protection  civile,  et  aussi  les  responsables  du  Ministère  de  la
 défense  (MINDEF). 
2 -  L'analyse  des  données
Dans  cette  phase,  notre  objectif  est  d'obtenir  un 
corpus  d'informations  qualitatives  devant  nous  permettre  de 
vérifier  la  vraisemblance  des  explications  théoriques  que 
nous  avons  énoncées.  Une  fois  élaboré,  ce 
corpus  d'informations  doit  comporter  la  liste  détaillée 
des  faits  et  des  référents  concrets  des  explications 
théoriques  puisque  c'est  à  travers  leur  correspondance  que
 nous  allons  confirmer  nos  hypothèses. 
I - ANNONCE  DU  PLAN  DE  TRAVAIL 
Partant  des  hypothèses  de  travail  avancées 
et  en  nous  fondant  sur  l'analyse  des  données  collectées, 
notre  raisonnement  s'est  bâti  sur  deux  principales  parties, 
chacune  articulée  autour  de  deux  axes.  La  première  partie
 consiste  à  montrer  que  la  gestion  des  conflits  en  Afrique 
centrale  du  Cameroun  est  motivée  par  la  préservation  de 
ses  intérêts  nationaux  (Chapitre  1)  et  que  son action  dans
 cette gestion  relève d'une dynamique conjoncturelle (Chapitre  2).La 
deuxième  partie  quant  à  elle  s'attèle  à 
montrer  d'une  part  la  recomposition  des  problématiques 
sécuritaires  et  le  redimensionnement  de  l'action  du  Cameroun dans
 la  gestion  des  conflits  en  Afrique  centrale  (Chapitre  3),  et  d'autre
 part,  elle  fait  une  évaluation  des  capacités 
camerounaises  de  gestion  des  conflits  dans  la  sous-région 
Afrique  centrale  (Chapitre  4). 
Les  deux  grandes  articulations  sus  mentionnées  se
 déclinent  sous  les  formulations  suivantes : 
Première  partie : La 
stratégie  camerounaise  de  gestion  des  conflits  en  Afrique 
centrale : entre logiques internes d'intérêt national et
dynamiques externes de recherche de la paix. 
Deuxième  partie : La 
stratégie  Camerounaise  dans  la  gestion  des  conflits en 
Afrique  centrale : une  adaptation  aux  problématiques 
sécuritaires  contemporaines,  entre potentialités  et 
insuffisances. 
PREMIERE  PARTIE :
LA  STRATEGIE  CAMEROUNAISE  DE  GESTION  DES  CONFLITS
EN  AFRIQUE  CENTRALE : ENTRE LOGIQUES  INTERNES  D'INTERET  NATIONAL  ET 
DYNAMIQUES  EXTERNES  DE  RECHERCHE  DE  LA  PAIX
 De  1990  jusqu'au  début  des  années  2000, 
un  certain  nombre  d'initiatives  allant dans  le  sens  de   la 
construction  de  la  paix  ont  été  mises  en  oeuvre45(*).  Il  s'agissait 
effectivement  pour  le  système  international,  d'enrayer  le  cycle 
de  production  de  la  violence,  qui  a  été  observé 
avec  le  déclenchement  des  première  et  deuxième 
guerre  mondiale.  Plus  encore,  les  conflits  sont  devenus  monnaie 
courante  dans  différentes  parties  du  monde,  requérant 
ainsi  l'implication  des  organisations  sous  régionales à 
l'instar  de  la  CEEAC  en  Afrique  centrale,  et  d'autres  organisations 
à  travers  le  monde.  Les  Etats  ont  sans  doute  une  forte 
partition  à  jouer  dans  cette  recherche  de  la  paix  et  de  la 
sécurité,  il  va  donc  sans  dire  que  chaque  Etat  a  un 
ensemble  de  stratégies  de  gestion  des  conflits  qui  lui  sont 
propres ;  la  sécurité  étant  d'abord  individuelle
 avant  d'être  collective. 
Il  est  important  de  comprendre  que  « les 
facteurs  de  risque,  d'instabilité,  de  vulnérabilité 
et  les  menaces  qui  pèsent  dans  un  environnement,  sont  complexes
 et  interdépendants.  Les  menaces  sapent  la  sécurité 
à  tous  les  niveaux.  Sur  le  plan  horizontal,  elles  touchent  aux
 domaines  sociaux,  politiques,  économiques,  environnementaux,  et 
ciblent  une  collectivité  locale,  une  nation,  une 
communauté  régionale  ou  mondiale. »46(*).  Ainsi,  il  se  pose  la 
nécessité  de  voir  la  posture  du   Cameroun  dans  la
 gestion  des  conflits  en  Afrique  centrale : analyse  d'une  posture 
rationnelle  (chap. 1)   et  la  gestion  de  ces  conflits
comme  une  dynamique  conjoncturelle  (chap. 2). 
CHAPITRE  I 
 LE CAMEROUN DANS LA GESTION DES CONFLITS EN AFRIQUE
CENTRALE : ANALYSE D'UNE POSTURE RATIONNELLE.
La  posture  rationnelle  de  l'Etat  du  Cameroun  en 
matière  de  gestion  des  conflits  en  Afrique  centrale,  se  traduit
par  une  posture  duale  dans  les  interventions  camerounaises.  Cette 
dualité  est  une  vision  globale  qui  associe  les  dimensions 
internes  et  externes  de  la  sécurité  face  aux  menaces 
sous régionales  multiples.  C'est  ainsi  que  le  dispositif 
sécuritaire  du  Cameroun  est  passé  d'une  posture  de  garde,
 à  une  posture  d'avant-garde.  Cette  réactualisation  a 
été  conceptualisée  par  Ernest  Claude 
MESSINGA47(*).   
Le  défi  ici, est  de  pouvoir  combiner  de 
manière  satisfaisante,  la  politique  de  déploiement  de 
l'armée  camerounaise  sur  le  terrain  des  opérations  de 
maintien  de  la  paix,  mais  aussi  plus  globalement,  sa  stratégie 
de  gestion  des  conflits  en  Afrique  centrale  et  sa  posture  qui  se 
veut  rationnelle  pour  bénéficier  durablement  des 
retombées  de  ces  interventions  dans  la  sous-région. 
 Il  s'agit  donc  d'une  adaptation  des  stratégies 
camerounaises  qui  visent  le  renforcement  de  la  défense  interne, 
tout  en  projetant  ses  troupes  dans  la  gestion  des  crises  des  pays 
voisins,  mettant  ainsi  en  relief  la  dynamique  d'enchevêtrement  du
 « dedans »  et  du 
« dehors »  sécuritaire ;  le  but 
étant  d'anticiper  sur  les  menaces  asymétriques  qui 
pourraient  nuire  aux  intérêts  économiques  et 
politico-institutionnels  du  Cameroun  (Section 1)  et déteindre  sur 
sa  posture  géostratégique  (Section  2). 
SECTION I : ENTRE DEFENSE DES INTERETS ECONOMIQUES
ETGESTION DES INTERETS POLITICO-INSTITUTIONNELS
Dans  un  contexte  sous régional  marqué  par 
plusieurs  conflits  et  d'importants  mouvements  des  populations,  la 
sécurisation  des  populations  et  de  leurs  biens ;  la 
sécurisation  des  investissements,  la  protection  des  institutions 
étatiques  s'imposent  pour  le  Cameroun.  Bien  que  résolument
 engagé  dans  le  processus  de  recherche,  de  construction  et  de 
consolidation  de  la  paix  dans  la  sous-région,  le  Cameroun  met 
également  un  point  d'honneur  à  la  défense  de  ses 
intérêts  socio-économiques  (A)  et  la  défense 
de  son  appareil  politico-institutionnel  (B). 
A - LES INTERETS SOCIO-ECONOMIQUES
Les  périodes  de  conflits  dans  un  pays  sont 
toujours  des  moments  d'importants  flux  de  réfugiés  dans 
les  pays  voisins ;l'arrivée  massive  des  réfugiés
 dans  n'importe  quel  pays  implique  toujours  de  grands  changements  sur 
le  plan  socio-économique.  Au  Cameroun,  le  flux  de 
réfugiés  est  important  depuis  quelques  années  et 
encore  plus  important  depuis  2008.  Rufin  DIZAMBOU  affirme  que 
« le  Cameroun  a  hébergé  selon  le  World 
Refugee  Survey  2008  du  Comité  Américain  pour  les 
immigrants,  près  de  97400  réfugiés  et  demandeurs 
d'asile,  dont  environ  49300  provenant  de  la  République 
Centrafricaine,  41600  du  Tchad  et  plusieurs  milliers  du  Nigéria,
 du  Rwanda,  de  la  République  Démocratique  du  Congo,  du 
Burundi,  de  la  Côte  d'Ivoire,  de  la  Guinée,  du 
Libéria  et  d'autres  pays »48(*).  Selon  le  rapport  inter 
agences  sur  la  situation  des  réfugiés  centrafricains  en 
date  du  29  septembre  au  05  octobre  2014,  commandé  par  la 
Direction  de  la  protection  civile,  il  a  été 
enregistré  au  Cameroun  132 650  nouveaux  réfugiés
 à  partir  de  janvier  2014.  Ce  qui  précède  est 
très  souvent  le  début  du bouleversement  des  données 
démographiques,  des  compétitions  et  pressions 
foncières,  toutes  choses  qui  sont  de  nature  à 
créer  un  climat  d'insécurité  notable  non  seulement 
pour  les  personnes  et  les  biens  (1),  mais  aussi  pour  les 
investissements  économiques  (2). 
1 -La sécurité des personnes et des
biens
       La  notion  de  sécurité  implique  une 
situation  où  il  y  a  une  absence  relative  de  danger  pour  les 
personnes ;  leurs  biens,  et  qui  détermine  la  confiance. 
Cette  sécurité  est  le  plus  souvent  la 
responsabilité  combinée  de  la  Police  Municipale,  de  la 
Police  Nationale,  le  Corps  National  des  Sapeurs-Pompiers  et  de  la 
Gendarmerie  Nationale,  qui  assurent  la  protection  des  personnes  et  des
 biens  en  temps  de  paix.  La  sécurité  des  personnes  est 
donc  globalement  assurée  par  l'Etat  et  cela  est  rappelé 
dans  le  préambule  de  la  constitution  camerounaise  en  ces 
termes :  « la  liberté  et  la 
sécurité  sont  garanties  à  chaque  individu  dans  le 
respect  des  droits  d'autrui  et  de  l'intérêt 
supérieur  de  l'Etat ».  Depuis  plusieurs 
années  maintenant,  l'insécurité  dans  les 
différentes  villes  du  Cameroun  n'a  pas  laissé 
indifférents  les  pouvoirs  publics  qui  ont  pris  un  certain 
nombre  de  mesures  pour  la  protection  et  la  sécurisation  des 
personnes  et  des  biens.  Au  compte  de  ces  mesures  ont  peut  noter  le 
renforcement  de  ce  que  Yves  Patrick  MBANGUE  NKOMBA49(*)  appelle  le 
redimensionnement  de  la  Police  de  proximité,  à  travers  la
 création  des  unités  spécialisées.  Ce 
redimensionnement  est  à  l'origine  de  la  note  de  service  N°
 00108  du  30  décembre  2004  du  Délégué 
Général  à  la  Sûreté  Nationale  (DGSN) 
Edgard  Alain  MEBE NGO'O,  qui  crée  une  Equipe 
Spécialisée  d'Intervention  Rapide  pour  répondre 
à  la  volonté  politique  de  combattre  et  d'endiguer 
l'insécurité.  Les  recompositions  sociopolitiques  des  Etats 
voisins  au  Cameroun  sont  de  nature  à  impacter  sur  le  cadre 
sécuritaire  du  pays.  Les  déplacements  massifs  des 
populations  des  Etats  en  crise  vers  le  Cameroun  est  toujours  un 
moment  de  hausse  importante  de  ce  qui  est  convenu  d'appeler 
« la  criminalité  de  subsistance »,  et 
même  d'autres  types  de  criminalité  tel  que  le 
phénomène  des  coupeurs  de  route...  La  paupérisation 
à  laquelle  sont  soumises  ces  populations-là,  est  un 
facteur  de  reconversion  de  celles-ci  en  de  véritables 
« hors  la  loi »  qui  menacent  la 
sécurité  des  personnes  et  des  biens. 
2 - La sécurisation des investissements
économiques
Dans  sa  politique  nationale  d'investissement,  le 
Gouvernement  camerounais  a fixé  le  cap  de  son 
« émergence »  à  l'année 
2035.  C'est  une  vision  qui  implique  de  gros  efforts  pour  être 
bien  menée  de  bout  en  bout ;  et  la  sécurité 
sur  les  sites  de  ces  grands  chantiers,  une  question 
d'intérêt  national.  Il  s'agit  entre autre,  des  projets 
hydroélectriques  de  Lom-Pangar ;  Mekin ;  Memve'ele,  mais 
aussi  des  projets  tels  que  le  port  en  eau  profonde  de  Kribi,  la 
construction  du  pont  sur  le  fleuve  Wouri  à  Douala  qui  est  le 
garant  d'une  compétitivité  économique,  la  centrale 
à  gaz  naturel  de  Ndogpassi  etc... 
Outre  cette  vision  de  l'émergence  en  2035  des 
dirigeants  camerounais,  il  y  a  la  sécurisation des 
échanges  économiques  entre  le  Cameroun  et  les  pays 
voisins  qui  est  un  véritable  problème.  En  effet,  le 
Cameroun  possède  une  façade  maritime  qui  le  place  au 
centre  de  l'économie  de  sa  zone  géographique  d'Afrique 
centrale,  et  lui  donne  par  la  même  occasion  un  poids 
économique  majeur  comparativement  à  la  Centrafrique  et  au 
Tchad.  Un  conflit  sous régional  durable  serait  de  nature 
à  déstructurer  l'activité  économique  sous
régionale  qui  est  tributaire  d'un  réseau  d'échanges 
entre  les  différents  Etats  de  la  sous-région,  et 
notamment  entre  le  Cameroun  et  la  RCA ; mais  aussi  entre  le 
Cameroun  et  le Tchad.  Le  Transcamerounais  est  un  corridor  qui  a 
été  construit  pour  desservir  le  Tchad  et  la  RCA,  en 
leur  offrant  un  accès  à  la  mer  à  travers  le  port
 de  Douala.  Ce  corridor  « part  de  N'Djamena  (Tchad)  ou 
Bangui  (Centrafrique)  pour  aboutir  à  Douala.  Le  corridor 
comprend  un  itinéraire  entièrement  routier  et  un 
itinéraire  mixte  route-fer.  Voie  ferrée  entre  Douala  et 
Belabo  (pour  la  RCA)  ou  entre  Douala-N'Gaoundéré  (pour  le
 Tchad).  Par  ailleurs,  un  oléoduc  d'une  longueur  de  1.070  km 
(et  d'un  diamètre  de  760mm)  entièrement  enterré,  a 
été  construit  pour  transporter  les  produits 
pétroliers  extraits  des  champs  pétrolifères  du 
bassin  de  Doba  au  sud  du  Tchad  jusqu'à  Kribi  au 
Cameroun »50(*).  C'est  un  corridor  qui  montre  l'importance  des
 échanges  entre  le  Cameroun  et  ses  voisins.  
Il  faut  également  dire  que  ces  échanges 
vont  au-delà  du  simple  passage  portuaire.  En  effet,  il  existe 
une  importante  activité  transnationale  commerciale  qui  peut 
à  tout  moment  subir  un  ralentissement  et  d'importantes  pertes 
économiques  en  cas  d'instabilité.  Tel  a  été 
le  cas  lors  de  la  crise  politique  survenue  en  RCA  en  mars  2013. 
Selon  le  Bureau  de  Gestion  du  Fret  Terrestre  (BGFT),  les  pertes 
mensuelles  ont  été  estimées  à  près  de 
4  milliards  de  francs  CFA.  Par  ailleurs,  le  BGFT  a  annoncé 
que  cette  instabilité  a  été  néfaste  pour  le 
commerce  entre  les  deux  pays,  car  elle  a  mis  « [...]  en
 péril  les  55  milliards  de  marchandises  qui  circulent  chaque 
année  entre  les  deux  pays,  selon  les  statistiques  de  la  douane
 Camerounaise »51(*).De  ce  qui  précède,  force  est  de 
remarquer  qu'une  instabilité  sous  régionale  prolongée
 et  même  passagère,  a  un  impact  sur  le  Cameroun,  à
 travers  des  pertes  économiques  directes. 
B -LES INTERETS POLITICO-INSTITUTIONNELS
Le  déficit  sécuritaire,  conduit  parfois 
à  l'instabilité  politique  et  institutionnelle  des  voisins 
immédiats  du  Cameroun,  c'est  une  véritable  source 
d'inquiétudes  de  contagion  pour  le  pays. Il  faut  donc  tenir 
à  distance  le  déficit  sécuritaire  qui  est 
susceptible  de  créer  une  fragilité  politique,  ce  que  P. 
STEWART  qualifie  comme  étant  l'incapacité  de 
« fournir  à  sa  population  l'un  des  services 
suivants  qui  lui  incombent  de  manière  naturelle :  la 
sécurité  nationale,  les  institutions  politiques 
légitimes,  le  bien-être  économique  et 
social »52(*).  Faire  face  à  cette  fragilité 
revient  à  revisiter  la  question  des  normes  organisationnelles  et
 fonctionnelles  (1)  dans  un  premier  temps,  et  dans  un  second  temps 
parler  de  la  protection  des  institutions  nationales  (2). 
1 - La question des normes organisationnelles et
fonctionnelles
 L'autrichien  Hans  KELSEN,  est  l'un  des 
théoriciens  du  normativisme,  ayant  fait  de  la  norme  la  base  de
 la  relation  sociale.  Les  normes  sont  ce  qui  donne  un  sens  à 
la  volonté  et  aux  idées.  Elles  servent  de 
baromètre  aux  déviances  tout  en  permettant  à  toutes
 les  parties  de  se  reconnaître  dans  ce  qui  est  fait.  La  mise 
en  place,  ou  alors,  la  codification  de  l'institutionnalisation  de 
l'organisation  se  fait  par  le  biais  des  normes  organisationnelles  qui 
définissent  et  structurent  les  organisations  en  tant 
qu'idée  d'oeuvre  dotée  de  moyens  pour  accomplir  un 
objectif  ou  un  but  spécifique.  Les  normes  définissent  et 
désignent  le  compartimentage  technique  d'une  idée  comme  la
 préservation  des  intérêts  nationaux.  Elles  attribuent
 le  rôle  à  chaque  acteur  et  pérennisent  de  ce  fait
 le  statut  d'abord  individuel,  ensuite  collectif  au  sein  de 
l'institution.  C'est  donc  un  défi  énorme  pour  les 
politiques  et  les  diplomates  qui  doivent  s'atteler  au  respect  et  au 
bon  fonctionnement  des  normes  organisationnelles,  qui  sont  la 
matérialisation  de  la  volonté  de  projection  pour  la 
préservation  des  intérêts  nationaux. 
       Les  normes  fonctionnelles 
d'opérationnalisation,  tout  comme  les  normes  organisationnelles 
reflètent  la  volonté des  acteurs  de  matérialiser  une
 solution  face  à  un  problème  qui  leur  tient  à 
coeur.  Les  normes  fonctionnelles  accompagnent  les  normes 
organisationnelles  comme  gage  de  faisabilité  qui  enlève 
l'idée  de  la  simple  incantation  à  la 
matérialité.  Robert  k.  MERTON  conceptualisait  cela  en 
affirmant  que  « les  fonctions seules  donnent  vie  aux 
structures »53(*).  Le  déficit  des  normes  fonctionnelles 
d'opérationnalisation  au  Cameroun,  découle  de  la 
déstructuration  organique  de  l'idée  de  la 
préservation  des  intérêts  nationaux  et  notamment  de 
la  question  du  leadership  en  Afrique  centrale. 
2 -la protection des institutions nationales
Les  institutions  sont  l'ensemble  des  structures 
fondamentales  d'organisation  sociale,  telle  qu'elles  sont  établies
 par  la  loi  ou  la  coutume  dans  un  groupe  humain.  Plus 
spécifiquement,  l'institution  peut  se  présenter  sous  la 
forme  d'une  personne  morale  de  droit  public  (Etat,  Parlement),  ou  de 
droit  privé  (association),  ou  d'un  groupement non  
personnalisé  ou  d'une  fondation,  ou  d'un  régime 
légal54(*).     
Lors  de  son  discours  prononcé  à  l'occasion
 du  40ème  anniversaire  des  Forces  Armées 
camerounaises,  les  29,  30  et  31  mars  2000,  le  Président  Paul 
BIYA  déclarait  que  « En  effet,  notre  armée, 
véritable  ciment  de  notre  unité  nationale,  a  toujours 
été  et  demeure  le  rempart  de  nos  institutions  et  de 
notre  souveraineté »55(*).  Ces  propos  consacrent l'armée  comme 
étant  la  principale  force  protectrice  des  institutions 
nationales,  tout  ceci  sous  la  conduite  du  Président  de  la 
République.  En  effet,  la  loi  N°  67/LF/9  du  12  juin  1967, 
portant  organisation  générale  de  la  défense  stipule 
en  son  article  6  que :  « Le  Président  de  la 
République  veille  à  la  sécurité 
intérieure  et  extérieure  de  l'Etat.  Il  définit  la 
politique  de  défense  et  pourvoie  à  sa  mise  en 
oeuvre ».  Par  ailleurs,  le  décret  N°  69/DF/61 
du  21  février  1969  oblige  les  élèves  de  certaines 
grandes  écoles  à  la  formation  militaire ;  l'article  2
 de  ce décret  stipule  que :  « avant  d'être
 admis  à  effectuer  leur  stage  d'admission  à  la  fonction 
publique  fédérale,  les  jeunes  gens  diplômés 
d'une  faculté  ou  école  donnant  accès  à  la 
catégorie  A  sont  tenus,  s'ils  ne  justifient  pas  d'un 
diplôme,  brevet  ou  certificat  de  préparation  militaire, 
à  effectuer  une  période  de  service  militaire  de  quatre 
mois  qui  est  pris  en  compte  dans  les  durées  du  stage  et  des 
services  des  intéressés ».   
        La  politique de défense du Cameroun  a 
été  mise  sur  pied,  compte  tenu  de  la 
nécessité  de  défense  du  territoire  camerounais.  Mais
 cette  protection,  pour  être  globale  et  complète,  a  besoin
 de  la  participation  des  citoyens,  de  la  nation  toute  entière. 
C'est  ainsi  que  la  constitution  camerounaise  du  18  janvier  1996, 
consacre  dans  son  préambule  tous  les  citoyens  comme  des  acteurs
 de  la  sécurité  nationale.  Il  y est  dit  ceci : 
« tous  les  citoyens  contribuent  à  la  défense 
de  la  patrie » ;  mais  avant  elle,  le 
préambule  (partie - II  Défense)  du  décret 
N°75/700  du 6  novembre  1975  portant  règlement  de  discipline 
générale  dans  les  Forces  Armées  disposait 
déjà  que :  « la  nation  toute 
entière  participe  à  l'effort  de  défense  en  vue 
de :  dissuader  tout  agresseur  éventuel,  s'opposer  par  tous 
les  moyens,  soit  à  l'invasion  du  territoire  national 
[...] ».  Ainsi,  le  Cameroun  à  travers  la 
préservation  de  ses  intérêts  politico-institutionnels 
et  plus  précisément  le  maintien  de  ses  normes 
organisationnelle  et  fonctionnelles  et  la  protection  de  ses 
institutions  nationales,  montre  que  la  paix  conditionne  tout 
développement. 
         Toute  situation  d'insécurité  se 
répercute  indubitablement  sur  ses  institutions.  Cela  a 
été  vu  avec  les  attaques  de  certains  édifices 
publiques  tels  que  les  banques  (Limbé),  les  postes  de 
gendarmerie  (au  Nord),  et  même  la  capture,  l'enlèvement 
des  autorités  par  des  malfrats  (zone  frontalière  de 
Bakassi).  C'est  sans  doute  ce  qui  justifie  son  attitude  sur  la 
scène  internationale,  notamment  son  implication  dans  la  gestion 
des  conflits  en  Afrique  centrale. 
SECTION II :L'ATTITUDE GEOSTRATEGIQUE DU
CAMEROUN
La  zone  bordière  de  l'Atlantique  en  Afrique 
Centrale, selon  Eustache  AKONO  ATANGANE56(*) se  présente  comme  une  superposition 
d'aires  géographiques  à  la  fois  composites  et  composantes 
dont  l'occupation  territoriale  et  humaine  se  détermine  par  des 
réalités  stratégiques  qui  assignent  à  cette 
sous-région  une  place  géostratégique  indéniable
 en  Afrique.  Le  maillage  géopolitique,  distribué  de  la 
sorte,  débouche  sur  un  certain  nombre  d'ensembles  dont  le  poids
 stratégique  fonde  leurs  comportements  sur  l'échiquier  sous
régionale.  Ainsi,  Stéphane  ROSIERE  considère  les 
acteurs  géopolitiques  comme  « toute  entité  qui
 élabore  des  représentations  territoriales,  qui  exprime  ces
 représentations,  agit  sur  un  territoire  et  entre  en 
compétition  avec  d'autres  acteurs »57(*).  Il  est  alors 
intéressant  de  voir  comment  le  Cameroun,  en  fonction  de  ses 
intérêts  sécuritaires  peut  passer  d'une  posture 
à  une  autre  dans  le but  de  défendre  ceux-ci. 
        L'attitude présentée plus haut n'est 
pas  une  exclusivité  camerounaise.  En  effet,  Pascal  BONIFACE 
démontrait  fort  opportunément  que   le  comportement  d'une 
entité  est  fonction  de  ses  aspirations,  mais  surtout  de  son 
environnement.  Il  dit  d'ailleurs  que  plus  loin  de  nous, 
« Aristote  estimait  que  l'environnement  naturel  avait  un 
impact  sur  le  caractère  humain  des  citoyens  et  sur  les 
nécessités  militaires  et  économiques  d'un  Etat 
idéal.  Pour  lui,  le  climat  et  le  caractère  national 
étaient  très  liés, 
l'hétérogénéité  d'un  territoire 
nourrissait  l'hétérogénéité  parmi  la 
population  et  empêchait  l'unité  et  la  paix  dans  le 
pays »58(*).  Ce  qui  précède  montre  à 
suffisance  que  l'attitude  du  déploiement  du  Cameroun  sur  la 
scène  continentale,  qui  adopte  une  attitude  qui  tend  au 
maintien  de  son  statu quo sécuritaire  (A)  et  éventuellement
 à  son  changement  ou  à  son  bouleversement  (B),  n'est 
qu'une  logique  des  Etats  lorsqu'ils  se  projettent  sur  la  scène 
internationale. 
A - LE MAINTIEN DU STATU QUO
La  locution  "statu quo" est  une  abréviation 
francisée  de  l'expression  latine  "in  statu  quo  ante"  qui 
signifie  dans  la  situation  où  cela  était  auparavant.  Elle
 sert  à  désigner  une  situation  figée  ou  un 
état  d'immobilisme.  Le  statu  quo  est  considéré 
comme la  référence  légitime  par  rapport  à 
laquelle  les  performances  d'autres  options  doivent  être 
calculées.  L'aversion  du  risque  et  des  pertes  fait  de  tout 
changement  par  rapport  à  la  situation  actuelle,  un  risque  qu'il
 n'est  pas  évident  de  prendre.  En  outre,  le  statu  quo  se 
révèle  moins  impliquant  qu'une  prise  de  décision 
qui  fait  courir  le  risque  de  l'erreur  ou  de  l'échec59(*).  Le  maintien  du  statu  quo
 sécuritaire  pour  le  Cameroun,  lui  est  important  pour  la 
préservation  de  ses  intérêts  sociaux  et 
économiques. 
Les  Etats  dans  leur  politique  extérieure,  ont 
pour  objectif  principal  la  défense  des  intérêts 
nationaux.  La  notion  d'intérêt  national  étant 
difficile  à  cerner  objectivement,  elle  donne  une  ouverture 
à  des  compréhensions  diverses.  Ainsi,  tous  les  Etats 
cherchent  à  préserver un  certain  équilibre  encore 
appelé  le  « statu quo ».  La  position 
géographique  du  Cameroun,  qui  se  situe  à  la 
croisée  de  deux  grands  ensembles  régionaux : l'Afrique 
de  l'ouest  et  l'Afrique  centrale  est  de  nature  à  faire  subir 
au  Cameroun  les  soubresauts  des  aléas  sécuritaires  de  ses
 voisins.  En  effet,  le  Cameroun  est  frontalier  du  Nigéria  sur 
2100  Km60(*),  et  il 
désenclave  également  par  son  accès  maritime  deux 
autres  Etats  voisins :  le  Tchad  et  la  RCA.  Les  deux 
paramètres  cités  plus  hauts  sont  de  nature  à 
compromettre  la  stabilité  et  la  sécurité  du 
Cameroun,  qui  est  souvent  considéré  comme  un  îlot 
de  paix  dans  l'océan  conflictuel  de  l'Afrique  centrale.  Ainsi 
le  défi  est  clair,  il  s'agit  pour  le  Cameroun  de  mettre  sur 
pieds  des  mécanismes  visant  à  maintenir  sa 
sécurité  (1)  et sa  stabilité  (2), afin 
d'éviter  toute  ingérence  extérieure  de  la  part 
d'autres  Etats. 
1 - Le maintien de la sécurité
nationale
La  sécurité  nationale  désigne 
l'objectif  de  parer  aux  risques  ou  menaces  susceptibles  de  porter 
atteinte  à  la  vie  d'une  nation.  Il  s'agit  notamment  d'assurer 
la  protection  de  la  population,  l'intégrité  du  territoire 
et  la  permanence  des  institutions  de  la  République.   
En  tant  qu'outil  militaire  subordonné  au  pouvoir 
politique,  la  mission  de  sécurisation  du  territoire  est 
dévolue  à  l'armée.  Mais  la  sécurité  ne
 concerne  pas  seulement  la  défense  militaire  et  les  forces 
armées,  mais  aussi  toutes  les  administrations  responsables  de 
grandes  catégories  de  fonctions  ou  de  ressources  essentielles 
à  la  vie  du  pays.  Elles  incluent  notamment : ordre  public 
et  sécurité  civile,  relations  extérieures  et 
diplomatie,  finance,  matières  premières,  énergie, 
alimentation  et  produits  industriels,  santé  publique,  transport 
et  télécommunications,  travaux  publics  et 
sécurité  des  systèmes  d'information61(*). 
La  sécurité  d'un  Etat  est  d'abord  interne,
 et  est  assurée  en  premier  lieu  par  la  police  et  la 
gendarmerie  qui  interviennent  lorsque l'Etat  fait  face  à  des 
troubles  sociaux,  à  la  criminalité,  au  terrorisme  et 
à  l'instabilité  politique.  La  gestion  de  la 
sécurité  est  très  souvent  extravertie  à  cause
 d'un  certain  nombre  de  phénomènes,  notamment  la 
globalisation  et  la  faillite  de  l'Etat  qui  sont  de  nature  à 
favoriser  l'ingérence  dans  les  affaires  intérieures.  Ces 
deux  phénomènes  sont  devenus  pour  moult  Etats  et 
organisations  internationales,  des  instruments  de  politique 
extérieure62(*) ;  ce  qui  fait  du  maintien  de  la 
sécurité  interne  un  enjeu  des  plus  importants  pour  les 
Etats. Assurer  soit  même  le  maintien  de  la  sécurité 
de  son  territoire,  ne  pas  subir  les  interventions  externes  est  un 
pan  de  ce  maintien,  qui  est  indissociable  de  la  stabilité  (2),
 la  maîtrise  parfaite  des  deux  constituant  pour  un  Etat  comme 
le  Cameroun  le  maintien  du  statu  quo  sécuritaire. 
2 - Le maintien de la stabilité
Le  maintien  de  la  stabilité  participe  d'une 
action  qui  vise  à  « [...]  la  neutralisation
 d'ambitions  contradictoires »63(*).  En  effet,  la  stabilité  désigne 
le  caractère  de  ce  qui  demeure  dans  le  même  état. 
Il  s'agit  de  la  continuité,  la  fermeté,  la 
solidité,  la  constance  et  la  permanence  des  institutions, 
gouvernementale,  ministérielle.  L'éventualité  d'une 
menace  extérieure  serait  de  nature  à  bouleverser  cet 
équilibre,  d'où  la  nécessité  de  contenir  tout
 débordement  d'un  conflit  ou  d'une  situation  conflictuelle  hors 
des  frontières  nationales.  Dans  une  autre  mesure,  la 
stabilité  est  aussi  sociale.  L'on  sait  que  les  périodes 
de  conflits  sont  des  moments  de  grands  mouvements  des  populations  qui
 fuient  les  affres  de  la  violence  provoquée  par 
l'instabilité.  Les  réfugiés  qui  viennent  s'installer 
dans  le  pays  qui  les  accueilles  sont  appelés  à  partager 
certaines  ressources64(*)
 avec  les  nationaux.  Cette  situation  est  de  nature  à 
créer  des  heurts  entre  les  communautés  locales  et  les 
communautés  des  réfugiés.   
       En  somme,  le  maintien   du  statu  quo 
sécuritaire  pour  le  Cameroun,  vise  à  préserver  la 
sécurité  nationale  et  la  stabilité  interne,  en 
mettant  sur  pieds  des  stratégies  pouvant  empêcher  la 
contamination,  ou  alors  le  débordement  des  conflits  nés 
dans  les  pays  voisins.  La  posture  rationnelle  du  Cameroun  est  ainsi 
mise  en  exergue  en  matière  de  gestion  des  conflits  en  Afrique 
centrale.  Manifestement,  il  s'agit  pour  le  Cameroun  de  préserver
 sa  paix  et  sa  sécurité  intérieures.  Toutefois,  la 
récurrence  des  conflits  dans  la  sous-région  et  notamment 
chez  ses  voisins  directs  a  conduit  le  Cameroun  à  un  changement
et un bouleversement  du  statu quo  (B),  à  travers  deux  importants
changements  internes  de  son  armée,  à  savoir :  la 
grande  réforme  des  armées  de  2001  et  la  nouvelle 
orientation  de  la  doctrine  militaire  camerounaise. 
B - LE CHANGEMENT ET LE BOULEVERSEMENT DU STATU QUO
Sile  statu  quo  est  le  maintien  d'une  situation 
stratégique  importante  qu'on  a  pas  intérêt  à 
voir  changer, il  peut  toutefois  advenir  que  la  configuration  des 
forces  en  présence  change  et  bascule  en  faveur  d'un  camp  ou 
d'un  autre.  Cet  état  de  choses  peut  conduire  soit  à  un 
changement  du  statu  quo,  ou  alors  au  bouleversement  de  celui-ci, 
toutes  les  deux  situations  visant  à  se  réajuster  et  se 
réadapter  aux  nouvelles  configurations.  L'intérêt 
national  peut  justifier  la  révision  conséquente  de  la 
position  stratégique  d'un  Etat,  que  ce  soit  sur  le  plan 
national  ou sur  le  plan  international. 
La  re-contextualisation  au  regard  des  mutations 
survenues  depuis  la  fin  de  la  guerre  froide,  est  une  réponse 
des  autorités  camerounaises  visant  à  adapter  les  forces 
armées  camerounaises  aux  nouvelles  formes  de  menaces.  Cette 
réadaptation  passe  nécessairement  par  une  réforme  de
 l'armée  (1)  et  par  une  réorientation  de  la  doctrine 
militaire  camerounaise  (2). 
1 -La grande réforme des armées de
2001
La  réforme  des  armées  camerounaises  de 
2001  marque  une  rupture  avec  la  pensée  de  l'armée 
originelle.  En  effet,  c'est  à  partir  de  cette  année 
qu'on  parle  véritablement  de  la  modernisation  et  de  la 
professionnalisation  de  l'armée,  ce  qui  se  traduit  à  par 
la  recherche  de  la  cohérence  et  la  souplesse 
organisationnelle ;  la  recherche  de  l'efficacité 
opérationnelle  par  le  souci  du  contrôle  et  du 
renseignement  du  territoire  et  ses  approches,  ainsi  qu'une 
capacité  de  réaction  rapide  en  cas  de  troubles ;  la 
professionnalisation  et  le  rajeunissement ;  la  modernisation  des 
équipements.  
 Il  est  recherché  à  travers  cette 
réforme,  une  adéquation  entre  nouvelles  formes  de  menaces 
et  une  riposte  conséquente  et  même  une  anticipation  de 
l'armée  sur  les  menaces  extérieures.  Cette  réforme 
a  vu  le  jour  à  travers  le  décret  N°  2001/178  du 
25  juillet  2001  portant  organisation  générale  de  la 
défense  et  des  Etats-Majors  centraux.  En  son  article
1er ,  le  décret  de  2001  stipule  que  les  Forces  de 
Défense  placées  sous  l'autorité  du  Ministère 
chargé  de  la  Défense  comprennent :  Les  Forces  de  la 
Gendarmerie  Nationale ;  les  Forces  de  l'Armée  de 
Terre ;  les  Forces  de  l'Armée  de  l'Air ;  les  Forces 
de  la  Marine  Nationale. 
L'un  des  changements  majeurs  de  cette  réforme 
est  que  la  Police  Nationale  devient  une  force  civile  sous 
l'autorité  de  la  Délégation  Générale 
à  la  Sûreté  Nationale  (DGSN)  et  le  Corps  National 
des  Sapeurs-Pompiers  devient  une  formation  militaire  spécifique 
de  protection  civile  placée  sous  l'autorité  du  Ministre 
de  la  Défense  et  mis  à  la  disposition  du  Ministre  de 
l`Administration  Territorial  et  de  la  Décentralisation. 
L'armée  de  terre  qui  a  pour  mission  d'assurer  en  tout  temps, 
en  toutes  circonstances  et  contre  toutes  formes  d'agressions  la 
sécurité  et  l'intégrité  du  territoire 
national ;  le  respect  des  accords  internationaux ;  des 
traités  et  des  agréments ;  certains  services 
publiques ;  la  participation  aux  opérations  humanitaires. 
         L'armée  de  Terre  est  désormais 
composée  de  trois  régions  militaires  interarmées  et 
dix  secteurs  constitués  d'unités  de  combats,  d'intervention
 de  soutien  et  spéciale  de  réserve.  Il  y  a  aussi  le 
renforcement  structurel  de  l'Etat-major  de  l'Armée  de 
Terre ;  la  création  du  Bataillon  d'Intervention  Rapide 
(BIR) ;  la  combinaison  des  Bataillons  d'Infanteries 
Motorisées  et  des  Bataillons  d'Intervention  Rapide ;  la  mise
 à  jour  des  de  l'artillerie  des  Bataillons  dans  les 
régions ;  la  présence  active  des  unités 
spécialisées  sur  le  terrain : le  Bataillon 
Spécial  Amphibie  (BSA) ;  le  3ème  BIR,  le
Bataillon  des  Troupes  Aéroportées  (BTA).   
L'armée  de  l'air  a  pour  mission :  la 
surveillance,  la  protection  et  la  défense  de  l'espace 
aérien ;  le  soutien  et  l'appui  aux  autres  forces  de 
défense ;  la  surveillance  et  la  protection  des  installations
 aéroportuaires  en  liaison  avec  le  Ministère  des 
transports,  est  désormais structuré  en  trois  sous-ensembles.
 Ces  sous-ensembles  sont  constitués  de :  Forces 
aériennes  composées  d'escadrons,  qui  sont  une  importante 
réserve  en  terme  de  puissance  de  feu ;  les  forces 
terrestres  de  protection  et  de  combat  qui  ont  pour  mission  de 
surveiller  et  de  protéger  les  installations  aériennes,  les
 points  sensibles  et  de  mener  des  opérations  de  type 
commando ;  les  éléments  de  soutien  et  de  formation 
que  sont  les  bases  aériennes,  les  organismes  logistiques  et  les
 centres  d'instruction  qui  contribuent  activement  aux  missions  de 
l'armée  de  l'air.   
La  Marine  Nationale  a  pour  missions  fondamentales :
 la  surveillance,  la  protection  et  la  défense  des  espaces 
maritimes  nationaux,  fluviaux  et  lacustres,  des  installations 
essentielles  à  la  vie  de  la  Nation  placées  à 
proximité  immédiate  du  littoral ;  la  conduite  de 
l'action  de  l'Etat  en  mer,  en  liaison  avec  les  autres 
administrations ;  le  soutien  des  autres  forces de  défense. 
 
La  Gendarmerie  Nationale  quant  à  elle,  participe 
en  temps  de  paix  à  l'élaboration  du  cadre  de 
Défense  Opérationnelle  du  Territoire  (DOT).  En  temps  de 
guerre,  elle  assure  l'engagement  de  ses unités  mobiles  et 
territoriales,  l'exécution  des  missions  de  défense  du 
territoire  nationale  et  la  protection  des  points  sensibles.  En  somme, 
la  Gendarmerie  en  temps  de  paix  assure  le  maintien  et  le 
rétablissement  de  l'ordre  et  en  temps  de  guerre,  elle  reste 
sur  place  pour  assurer  le  fonctionnement  des  institutions,  sans  esprit
 de  trahison65(*).  
La  protection  de  l'intégrité  territoriale 
du  Cameroun  reste  donc  une  priorité,  et  c'est  ce  qui  justifie 
les  changements  au  sein  de  son  armée,  et  le  nouveau 
déploiement  observé.  Compte   tenu  du  fait  que  la  partie 
septentrionale  est  vaste  et  éloignée  du  centre  de 
décisions,  cette  nouvelle  disposition  de  l'armée  permet  un
 rapprochement  entre  le  commandement  et  le  théâtre  des 
opérations. L'objectif  ici  est  d'apporter  des  réponses 
adéquates et  en  temps  réel,  aux  menaces  qui  se 
présentent  le grand  Nord  avec  un  quadrillage  efficace  du 
territoire.  
Une  réforme  aussi  importante  impose 
nécessairement  une  doctrine  militaire  nouvelle,  pour  mieux 
s'adapter  aux  nouvelles  formes  de  menaces. 
2 -la nouvelle orientation de la doctrine militaire
camerounaise
L'esprit  et  l'orientation  de  la  doctrine  de 
l'armée  camerounaise  ont  connu  de  grandes  mutations  depuis 
l'indépendance  du  pays,  jusqu'à  nos  jours.  À 
l'origine,  l'armée  camerounaise  avait  pour  point  d'encrage  et 
premier  fondement  « la  paix  et  le 
développement »  aujourd'hui,  cette  doctrine  tourne 
autour  du  concept  « armée  et  nation,  ensemble  pour 
consolider  la  paix  et  le  développement »  dont 
l'essentielle  de  la  pensée  a  été  exposé  dans
 le  numéro  spécial  du  Magazine  des  forces  de 
défense  camerounaise  de  mai  2009.  
Les  idéaux  de  « paix » 
et  de  « développement »  restent 
fortement  encrées  dans  la  doctrine  militaire,  sauf  qu'il  y  a 
désormais  le  souci  d'associer  réellement  la  nation 
à  ces  deux  idéaux. L'évolution  s'est  faite  par 
étape.  L'armée  est  passée  de  la  recherche  de  la 
stabilité  et  de  la  sécurité  de  l'Etat,  à  la
 modernité  et  à  la  sécurité  globale,  en 
passant par  l'opérationnalité  et  la  citoyenneté  de 
celle-ci.  Wullson  MVOMO  ELA66(*)  explique  que  la  première  phase  de  la 
doctrine  militaire  camerounaise,  qui  fut  la  recherche  la 
stabilité  et  de  la  sécurité  de  l'Etat,  a  eu  cours
 en  1960.  La  doctrine  militaire  camerounaise  privilégiait 
l'efficacité  et  la  victoire  militaire  sur  le  théâtre
 des  opérations,  en  vue  de  la  réalisation  des  objectifs 
politiques  à  savoir : la  paix,  l'unité  nationale  et 
le  développement.  
La  deuxième  phase  de  cette  doctrine,  au 
début  des  années  1970,  s'est  manifestée  par  le 
retour  de  l'armée  à  ses  missions  classiques  de 
défense  nationale,  tout  en  restant  attentive  à 
l'évolution  de  la  situation  intérieure.  En  effet,  les 
défis  de  l'Etat  en  ce  moment  étaient  principalement 
centrés  sur  la  paix,  l'unité  nationale  à  consolider
 et  le  développement  à  construire.  La  troisième 
phase  de  la  doctrine  militaire  camerounaise  se  décline  depuis 
1990.  Toujours  selon  MVOMO ELA67(*),  la  reconfiguration  du  monde  et  la 
poussée  de  la  démocratie  libérale  s'accompagnent 
d'une  mutation  du  paradigme  sécuritaire,  notamment 
l'atténuation  des  risque  de  guerre  totale  et  la  montée 
des  menaces  asymétriques  et  non conventionnelles.  Dans  cet 
environnement,  la  doctrine  militaire  camerounaise  est  restée 
encrée  dans  ses  fondements  premiers   « la  paix  et 
le  développement ».  Paix  à  l'intérieur 
avec  les  soubresauts  inhérents  à  l'apprentissage 
démocratique,  ensuite  paix  avec  ses  voisins  et  notamment  le 
Nigéria  dans  la  résolution  du  conflit  avec  lequel  le 
Cameroun,  respectueux  du  droit  international,  a  mis  sur  pied  une 
stratégie  permettant  à  la  fois  de  circonscrire 
l'occupation  et  de  maintenir  la  dynamique  opérationnelle  à
 un  niveau  lui  permettant  de  peser  sur  le  rapport  de  force 
bilatéral  et  multilatéral  sur  la  presqu'île  de 
Bakassi. 
       De  ce  qui  précède,  nous  pouvons 
dire  que  la  stratégie  du  Cameroun  en  matière  de  gestion 
des  conflits  en  Afrique  centrale  obéit  à  une  logique 
rationnelle.  Cela  se  traduit  notamment  par  la  priorité  que  le 
pays  accorde  à  la  protection  de  ses  intérêts 
socio-économiques  et  politico-institutionnels.  Toutefois,  au  vu  du
 caractère  conflictuel  de  la  zone  Afrique  centrale  et  tenant 
compte  du  caractère  « contagieux »  des 
conflits,  le  déploiement  du  Cameroun,  force  est  de  le  constater
 obéit  à  une  dynamique  conjoncturelle. 
CHAPITRE II 
LE CAMEROUN DANS LA GESTION DES CONFLITS EN AFRIQUE
CENTRALE : UNE DYNAMIQUE CONJONCTURELLE SOUS-REGIONALE DE RECHERCHE DE LA
PAIX
L'Afrique Centrale constitue un site de conflictualité
et ces conflits sont tels que leur gestion ne peut plus se faire par un seul
Etat. En effet, Les pays d'Afrique centrale ont souvent  été
considérés comme  les pays les plus bouleversés et les
plus touchés, à l'échelle du continent, par des conflits
et des crises internes profondes. Les guerres génocidaires au Rwanda et
au Burundi, la série de coups d'Etat et les tensions conflictuelles en
République du Congo-Brazzaville, ainsi que la guerre civile en
République démocratique du Congo, laquelle a 
évolué, au fil des années, en conflit international, la
crise Centrafricaine, sont autant de manifestations qui mettent en
évidence les problèmes d'instabilité auxquels l'Afrique
centrale a été confrontée depuis la dernière
décennie.68(*) Au
regard de ce qui précède, la gestion de cette
conflictualité multiple ne peut être le seul fait des Etats
concernés mais relève beaucoup plus d'un effort de conjugaison
régionale des efforts au travers de l'intégration
régionale.69(*) Le
Cameroun fait partie de l'Afrique Centrale et la dynamique de
conflictualité mise en évidence plus haut ne lui échappe
pas.  
Cette dynamique du dehors oblige le Cameroun à
être un acteur de la gestion des conflits en Afrique Centrale. Dans le
cadre de ce chapitre, il s'agit de montrer que la participation du Cameroun
à la gestion des conflits en Afrique Centrale relève d'une
conjoncture sécuritaire dont les impacts peuvent être
négatifs même pour les Etats qui ne sont pas en crise. La
participation du Cameroun à la gestion des conflits en Afrique Centrale
s'inscrit donc au-delà de l'intérêt national
(Section II) et procède du fait que cette zone
constitue un site de conflictualité (Section I). 
SECTION I : L'AFRIQUE CENTRALE COMME ZONE DE
CONFLICTUALITE PERMANENTE ET REMANENTE
L'Afrique Centrale est une zone qui permet de témoigner
des dynamiques sociopolitiques à l'oeuvre sur le continent africain. Ces
dynamiques confirment de manière spectaculaire qu'au processus de
démocratisation de la fin des années 1980 et du début des
années 1990
succède
une dynamique de conflictualisation.70(*) Cette dynamique de conflictualisation appelle sans
doute un cadre institutionnel  (B) de traitement en vue de
restaurer l'« ordre ».71(*) Seulement, pour comprendre l'action d'un tel cadre
institutionnel, il faut revenir sur les la géopolitique même de
cette conflictualité (A). 
A- LA  GEOPOLITIQUE DES CONFLITS EN AFRIQUE CENTRALE
Il s'agit de voir dans cette partie quelles sont les causes de
la conflictualité en Afrique Centrale (1), quels en
sont les principaux acteurs ainsi que leurs stratégies
(2). 
1-  Les causes de la conflictualité en Afrique
Centrale 
 Une tentative d'analyse des causes de la
conflictualité en Afrique Centrale  commande de convoquer
l'enchevêtrement entre des causes structurelles et des
éléments conjoncturels, qui constituent de véritables
catalyseurs d'antagonisme.72(*)Au rang des causes structurelles, se classent la
question de l'héritage de la colonisation, notamment son impact sur  la
distribution dupouvoir. On pourrait aussi y classer l'attention portée
aux différences ethniques comme mode démobilisation.73(*) 
La colonisation a un lien avec les conflits en Afrique
Centrale en ce sens qu'elle a orienté la configuration actuelle des
sociétés politiques qui sont des anciennes colonies et cette
configuration n'est pas sans critique. En effet, le découpage de
l'Afrique résulte de l'impérialisme européen. Celui-ci est
une forme de domination qui passe par une division sociale et territoriale des
entités traditionnelles unies pour des raisons linguistiques, ethniques,
religieuses, géographiques, politiques et historiques.74(*)La modification de la
cartographie de l'Afrique qui s'accompagne d'un découpage
socio-territorial balkanisé est aujourd'hui à l'origine des
conflits frontaliers et sociaux constatés en Afrique et
particulièrement en Afrique Centrale. A l'observation, l'une des
caractéristiques communes des conflits en Afrique Centrale, c'est la
distance séparant la capitale du pays concerné du lieu  de la
rébellion. Pratiquement toutes les rébellions prennent racine et
débutent dans  les zones frontalières avec des pays voisins.
Cette constante est une conséquence de l'organisation territoriale des
pays africains héritée de la colonisation et donc de la
distribution du pouvoir. De fait, la construction des centres administratifs et
économiques s'est faite dans des zones stratégiques au
détriment de l'arrière-pays.75(*) Une telle construction, au fil du temps devient
source de division et de mécontentement, de la part de ceux qui se
sentent délaissés dans la gestion du pouvoir. C'est donc à
partir d'une telle dynamique que naissent et se construisent les antagonismes
qui finalement débouchent très souvent sur une escalade peu
maitrisable car, au fond, il y a des répercussions politiques que sont
des disparités en termes d'infrastructures, de développement et,
surtout, en termes de contrôlede l'Etat sur certaines
régions.76(*) De
plus, les sociétés politiques post coloniales en Afrique Centrale
sont loin de refléter l' « anima
collectiva »77(*) ou encore le « spirit of
community ».78(*) Autrement dit, les Etats d'Afrique Centrale sont loin
de remplir le préalable de la nation et quand bien même le
sentiment national est perceptible, il se trouve toujours plombé par le
poids des solidarités ethniques, couloir par excellence dans lequel
évoluent ces Etats. 
La colonisation catalyse aussi les conflits en Afrique pour
une autre raison presque liée aux premiers développements. En
effet, au-delà de la territorialisation contestée issue de la
conférence de Berlin, il y a une logique de construction de l'Etat en
Afrique Centrale, qui n'est pas moins productrice de conflictualité.
C'est que, le modèle opératoire à partir duquel ces Etats
fonctionnent, trahit un système d'affection tribale.79(*) La conséquence d'une
telle situation c'est la consécration de l'ethnie comme site d'affection
et comme enjeux de mobilisation politique, non sans constituer un potentiel
facteur de crise. A ce sujet, il convient de rappeler que, s'ilest difficile de
nier que les tensions ethniques ou religieuses n'existaientpas avant les
conflits en Afrique, il faut tout de même reconnaitre que ces tensions en
elles même ne constituent pas l'élément déclencheur
du conflit mais c'est l'usage qu'on en fait en termes de mobilisation qui est
plus tôt dangereux. 
L'agrégation de peuples distincts dans une même
entité « ethnique », comme la partition de certains
groupes en peuples distincts, sont les deux faces de la même
stratégie de contrôle et de domination des populations depuis la
période coloniale jusqu'à nos jours. Autant on peut observer des
rassemblements factices de nombreux peuples dans les mêmes
« champs de concentration » sémantiques et
territoriaux80(*), autant
des exemples illustrant la stratégie de dépècement des
groupes ne sont pas moins nombreux. En Afrique du Sud par exemple, la
Population Registration Act, promulguée en 1950 par le
gouvernement afrikaner répartit la population en deux grands
groupes : Les Blancs et les Noirs qui eux-mêmes sont divisés
en 9groupes ethniques : les Xhosas, les Zoulou, les Tswanas, etc. Les
groupes seront ensuite répartis, en fonction de leurs identités
ethnolinguistiques, dans des bantoustans ou homelands, prétendument en
vue de préserver et même de promouvoir le génie naturel et
culturel de chacun. Or non seulement certains groupes considérés
comme homogènes rassemblaient des peuples ayant des parlers
différents (les Xhosas), mais aussi d'autres groupes
considérés comme distincts ont des langues communes (les Nguni et
les Sotho). Les développements qui précèdent ne sont pas
anodins, ils ont plutôt pour but de mettre en lumière les usages
de la variable ethniques dans la production de la conflictualité en
Afrique Centrale. C'est que, l'appartenance ethnique ou religieuse
s'avère avant tout unoutil de mobilisation pour des mouvements rebelles
et des gouvernements contestés en quête de soutien
populaire.81(*) 
Il faut aussi préciser que les éléments
d'analyses qui ont été évoqués plus haut
relèvent beaucoup plus d'une dimension structurelle  de la
catégorie Afrique Centrale. Il existe aussi des éléments
d'analyses dit conjoncturels. En effet, la proximité entre provinces en
rébellion aux frontières renforcela probabilité d'une
alliance  ad hoc entre les mouvements rebelles et les pays avoisinants82(*) même si cet aspect des
conflits africains est généralement sous-estimé.
Au-delà de cet aspect de la réalité, il y a que l'Afrique
Centrale représente un fort potentiel en termes de ressources
naturelles, ce qui forcément va conduire à des divisions
liées à la gestion et au partage des ressources. L'histoire des
liens entre ressources naturelles et conflits est du domaine de la longue
durée. Depuis des siècles, sociétés et Etats ont
utilisé certaines ressources naturelles afin de promouvoir leurs
intérêts et de poursuivre leurs objectifs politiques.83(*) Jusqu'à la fin du
XVIIIe siècle par exemple, le bois a été d'une
importance primordiale pour les puissances navales. De nos jours, c'est le
pétrole qui fait la une des médias internationaux, aussi bien
comme élément indispensable à la politique des grandes
puissances que comme source de conflit. Il est question d'une véritable
géopolitique des conflits liés aux ressources
naturelles.84(*)Même
lorsque les gouvernements africains souhaitent mieux encadrer ou
réglementer les ressources naturelles de leur pays, ils n'en ont souvent
pas les moyens. C'est le cas de la Centrafrique ou encore de la
République Démocratique du Congo.  
La tentative d'analyse des causes de la conflictualité
en Afrique Centrale ne saurait faire sens si parallèlement on ne
s'arrêtait pas sur les acteurs de ces conflits ainsi que leurs
stratégies, c'est à cela que s'attèle la suite de la
réflexion. 
2. Acteurs et stratégies de la
conflictualité en Afrique Centrale
Si les acteurs des conflits peuvent être nombreux, leur
implication effective dans les conflits n'a pourtant pas le même niveau.
En recourant au schéma établi par L. Reychler, trois grands
groupes d'acteurs sont identifiables dans les conflits en Afrique
centrale : les parties primaires, secondaires et tertiaires. 
Les acteurs primaires constituent en cercle qui rassemble les
parties «dont les intérêts dans la situation de conflit
sont contradictoires ou sont présentés comme contradictoires et
qui dépendent les unes des autres pour satisfaire leurs
intérêts». Ils sont directement concernés par les
conflits et leur engagement est partisan.85(*) Au rang de ces acteurs on a les États (les
régimes) touchés, les «groupes ethniques», les groupes
armés, les partis politiques ou d'autres «groupes», avec
notamment la part prise par la jeunesse.86(*) C'est le cas de la rébellion Selaka en
Centrafrique même de l'Etat Centrafricain. 
Les acteurs dits secondaires rassemblent des parties qui ne
sont pas directement concernées par le conflit, mais ont un
intérêt direct dans une issue bien déterminée du
conflit et sont donc par là-même partisanes. Dans la
classification de REYCHLER, on distingue dans cette catégorie trois
types d'acteurs à savoir, les tiers qui observent avec
résignation et ne veulent pas être impliqués dans le
conflit, mais en subissent les conséquences négatives (exode des
réfugiés, interruptions des relations commerciales, contrecoups
des sanctions économiques internationales, etc.), c'est le cas de la
Centrafrique. Il y a aussi les tiers non intéressés, non
impliqués et qui désirent se maintenir à l'écart
(comportement de la partie la plus forte). En fin, il y a les tiers qui
s'impliquent activement dans la transformation constructive du conflit. Ce sont
donc des acteurs indirects, investis du rôle de «garde-fous» et
sont supposés se poser en général de manière neutre
en essayant de rétablir la paix par la médiation. On trouve dans
ce cercle: la «Communauté internationale» : l'O.N.U. et
ses différentes missions ainsi que ses organismes
spécialisés ; les O.N.G. des pays occidentaux.La
«Troïka» occidentale : les USA, la France et la Belgique
qui sont les «maîtres et bailleurs des fonds» des
États de la région. Leurs rôles financiers et
«techniques» les ont souvent obligés à
«s'interposer» ou à «s'impliquer»
d'une façon ou d'une autre lors des conflits. La Troïka et la
Communauté internationale, souvent confondues l'une avec l'autre par les
peuples africains parce que leurs missions respectives lors des guerres sont
maldéfinies ou se recoupent, sont les principaux acteurs de la
mondialisation des conflits grâce à leurs puissants moyens
médiatiques. Dans le contexte de la guerre froide, leurs implications
étaient nettement orientées et définies.87(*) 
 On le voit, l'Afrique Centrale constitue un site de
production de conflits, ces conflits mettent en scène plusieurs acteurs
et résultent aussi d'une variété de causes. A la
lumière de ce qui précède donc, il convient de voir quel
est le cadre de gestion des conflits en Afrique central. 
B. LE CADRE NORMATIF ET INSTITUTIONNEL DE GESTION DES
CONFLITS EN AFRIQUE CENTRALE
La résolution et la gestion institutionnelles des
conflits en Afrique Centrale obéissent à un cadre dual qui
comprend aussi bien la CEEAC que la CEMAC. D'ailleurs la nature duale de ce
cadre montre clairement la complexité institutionnelle de
l'intégration régionale en Afrique Centrale. Dans le cadre cette
analyse, il s'agit d'étudier aussi bien les mécanismes au pan
normatif (1) mais aussi au plan institutionnel et opérationnel (2). 
1. Les aspects normatifs du cadre de gestion des
conflits en Afrique Centrale.
La gestion des conflits en Afrique centrale ne relève
pas d'une autonomie ex-nihilo mais plutôt du principe de
subsidiarité sur la base du quel fonctionnent les organisations
régionales pour assurer la paix et la sécurité dans leurs
périmètres respectifs.88(*) C'est dire que le cadre de gestion des conflits en
Afrique Centrale procède d'un méso niveau d'autant plus que le
macro niveau se situe dans l'architecture de paix et de sécurité
de l'Union Africaine. L'Acte constitutif de l'Union Africaine fut adopté
lors du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement africains des 6 au 11
juillet 2000 au Togo. L'institution ainsi créée devait donc
s'inscrire dans la perspective du renforcement de la résolution des
conflits en Afrique.89(*)Prenant ainsi acte de l'incapacité de l'OUA
à proposer des solutions opérantes et crédibles pour
sortir le continent de l'insécurité et reconnaissant que  le
fléau des conflits en Afrique constitue un obstacle au
développement, les signataires du Traité
instituant l'UA ont placé les questions de la prévention, de la
résolution et de la gestion des conflits au coeur de leur projet de
renaissance politique africaine.90(*) Cette philosophie africaine de
la paix s'est donc traduite à travers un cadrage normatif incarné
par le Protocole relatif à la création du CPS, le 9 juillet 2002
à Durban. A partir de ce document, ont été établis
les principaux piliers de l'architecture de paix et de sécurité
africaine (APSA ou AAPS) appelée à constituer le nouveau cadre
dans lequel les crises vont être gérées sur le
continent.91(*)Aussi
peut-on y classer le Protocole d'accord de coopération entre l'UA et les
CER/Mécanismes régionaux, signé le 28 janvier 2008, qui
articule l'essentiel de l'APSA92(*).  
Cette architecture constituée de quatre piliers
principaux: le CPS lui-même ; le Groupe des
sages; le Système Continental d'Alerte Rapide (SCAR); la Force Africaine
en Attente (FAA) - ou « pré
positionnée » (selon l'article 2, alinéa 2 du
protocole), se trouve complétée par les mandats et
activités des organisations sous-régionales (CER) reconnues pour
abriter les brigades constitutives de la FAA : CEDEAO, SADC, CEEAC, IGAD et
UMA. C'est à ce titre qu'il existe un cadre normatif de gestion des
conflits en Afrique centrale.  
En effet, l'article 16, alinéas 1 et 3, du Protocole du
CPS traduit avec emphase les développements qui précèdent
en ce sens que « les mécanismes régionaux
[pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits
- le COPAX en Afrique centrale] font partie intégrante de
l'architecture de sécurité de l'Union (APSA en
l'occurrence) »  d'une part ; et d'autre part,
«Dans le cadre de ces efforts, les Mécanismes régionaux
concernés doivent, à travers le Président de la
Commission, tenir le Conseil de paix et de sécurité pleinement et
régulièrement informé de leurs activités et
s'assurer que ces activités sont étroitement coordonnées
et harmonisées avec le Conseil de paix et de Sécurité
(...) ». 
 En outre, l'article 7 (j) du même texte conforte
la conviction, lui qui tend à indiquer la prééminence du
CPS sur le COPAX93(*) en ces termes : Le CPS « assure une
harmonisation et une coopération étroites entre les
mécanismes régionaux et l'Union dans la promotion et le maintien
de la paix, de la sécurité et de la stabilité en
Afrique». Le cadre normatif de gestion des conflits en Afrique
centrale repose donc sur le Pacte du 8 juillet 1996, « Pacte de
non-agression entre les Etats membres de la Commission Consultative des Nations
Unies pour les Questions de Sécurité en Afrique Centrale »94(*) (UNSAC). Dans son préambule les Chefs
d'Etat de cet ensemble régional indiquent l'étroitesse de leurs
liens avec le Mécanisme du Caire, en ces termes
: « Considérant la déclaration (...) de la
vingt-neuvième session ordinaire des Chefs d'Etat et de Gouvernement de
l'Organisation de l'Unité Africaine, de juin 1993, portant
création au sein de l'Organisation de l'Unité Africaine d'un
mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement
des conflits en Afrique, (...) ». Et son article premier, les
mêmes Etats membres « (...) s'engagent à ne pas
recourir, dans leurs relations réciproques, à la menace ou
à l'emploi de la force, ou à l'agression (...), soit de toute
autre manière contraire (...) à la Charte de l'Organisation de
l'Unité Africaine (...) ». A priori, cette disposition du
préambule est la première, parmi les textes endogènes
à l'Afrique centrale, à établir un lien entre un
instrument d'Afrique centrale voué à sa sécurité et
le mécanisme continental : le Pacte de non-agression de l'Afrique
centrale et le Mécanisme de l'OUA pour la prévention, la gestion
et le règlement des conflits en Afrique.  
Le Protocole relatif au Conseil de Paix et de
Sécurité de l'Afrique Centrale (COPAX), adopté à
Malabo, le 24 février 2000, bien avant l'institution du CPS rentre
également dans le cadre normatif de la gestion des conflits en Afrique
Centrale. Ce texte constitue d'ailleurs le fondement juridique central du
Mécanisme d'Afrique centrale de prévention et de règlement
des conflits. Son association avec le Pacte de non- agression et le Pacte
d'assistance mutuelle constitue l'architecture juridique d'Afrique centrale en
matière de paix et de sécurité.  
 Au-delà des aspects normatifs du cadre de gestion des
conflits en Afrique Centrale, il existe aussi des aspects institutionnels et
opérationnels. 
2. Les cadres institutionnels et opérationnels
de gestion des conflits en Afrique Centrale
Le raisonnement est le même que dans les
développements précédents dans la mesure où on est
toujours dans une logique qui consacre une imbrication entre tous les niveaux
micro (Afrique Centrale), méso (Union Africaine) et macro(ONU) de la
gestion institutionnelle des questions de paix et de sécurité, le
plus petit niveau devant respecter le niveau supérieur. Dans le cas
précis de nôtre étude, c'est le CEEAC qu'il convient
d'étudier. 
Si  la CEEAC a été créé le 18
octobre 1983 par les Etats-membres de l'Union Douanière des Etats de
l'Afrique Centrale (l'UDEAC) et les Etats-membres de la Communauté
Économique des Pays des Grands Lacs (CEPGL) ainsi que Sao Tomé et
Principe. L'Angola a rejoint le groupe en 1999 après avoir
été observateur pendant 16 ans, et en fin 2007, le Rwanda a
définitivement quitté la communauté. En effet la CEEAC
avait à l'origine pour mandat la promotion du dialogue politique dans la
région, la création d'une union douanière ainsi que
l'établissement de politiques sectorielles communes. Seulement,
après avoir compris l'apport important d'un climat de
sécurité dans le processus de développement
économique, elle va introduire  dans son champ d'intervention, les
questions sécuritaires. Ainsi, en Février 1999, lors de la
conférence au sommet du Comité Consultatif permanent pour les
questions de sécurité en Afrique centrale, les Etats membres ont
décidé de créer un mécanisme chargé de la
promotion, du maintien et de la consolidation de la paix et de la
sécurité en Afrique Centrale. Ce mécanisme baptisé
« Conseil de Paix et de Sécurité en Afrique
Centrale (COPAX) » verra le jour le 24 Février 2000 suite
à la ratification du protocole y relatif et aura la
responsabilité de développer des capacités de maintien de
la paix et de prévention des conflits en Afrique Centrale. 
Le COPAX se compose
de trois organes techniques qui sont la FOMAC, Le CDS (commission pour la
défense et la sécurité) et le MARAC (mécanisme
d'alerte rapide en Afrique Centrale). Le MARAC est un mécanisme pour
l'observation, la surveillance et la prévention des crises et des
conflits qui sont l'objet de l'activité au sein de la CEEAC,95(*)Il est responsable de la collecte des données
et de leurs analyses afin de prévenir les conflits.96(*)Le CDS,
conformément à l'article 13 du protocole relatif au COPAX, est un
organe consultatif composé des chefs d'état-major des forces
armées ou de leurs représentants ; des chefs de polices ou
de leurs représentants ; des experts des ministères des
affaires étrangères en matière de relation
extérieure ; des experts des ministères de la défense
et des forces armées ; des experts des ministres de
l'intérieur et de la sécurité ; des experts d'autres
ministères invités en vue de l'ordre du jour de la commission. Quant à la FOMAC, c'est une force composée
de services interétatiques, de la police, des contingents de la
gendarmerie et des éléments civils des Etats membre de la CEEAC,
en vue de la réalisation de la paix, de la sécurité et de
l'assistance humanitaire. Mais la FOMAC peut aussi
recevoir des renforts d'unités civiles provenant des organisations non
gouvernementales et des associations agréées par le
secrétaire général de la CEEAC.97(*)
Elle a pour mission : L'observation et la surveillance; la restauration et
le maintien de la paix ; l'intervention humanitaire après une
catastrophe ; l'application des sanctions prévues par la
réglementation en vigueur le déploiement préventif ;
la consolidation de la paix, du désarmement et de la
démobilisation; les activités de police, y compris le
contrôle de la fraude et de la criminalité organisée ainsi
que toutes les autres actions à condition qu'elle soit mandatée
par la conférence des chefs d'Etats. 
L'Afrique Centrale est un site de conflictualité
permanente et rémanente, ce qui a conduit à la mise sur pied d'un
cadre institutionnel et normatif de paix et de sécurité.  Plus
que cette conflictualité permanente en Afrique Centrale relève
d'une conjoncture sécuritaire transnationale échappant à
la seule rationalité du Cameroun, quel est donc la contribution du
Cameroun à la mise en oeuvre de ce cadre. 
SECTION II : LA CONTRIBUTION DU CAMEROUN AUX
EFFORTS SOUS REGIONAUX DE GESTION DES CONFLITS EN AFRIQUE CENTRALE : LA
CONJONCTURE AU DESSUS DE L'INTERET NATIONAL ?
La participation du Cameroun aux efforts sous régionaux
de gestion des conflits en Afrique Centrale relève d'un impératif
sécuritaire supranational (A) qui traduit les nouvelles dynamiques des
relations internationales sous (B). 
A. LA PARTICIPATION DU CAMEROUN COMME IMPERATIF SECURITAIRE
SUPRANATIONAL
A partir du moment où le Cameroun ne vit pas en vase
clos au sein de la communauté des Etats de l'Afrique Centrale, il
devient difficile d'imaginer une action pour de simples raisons
d'intérêt national. Même si l'intérêt national
n'est pas à négliger, il ne faut non plus écarter le poids
des dynamiques sécuritaires extranationales sur l'action du Cameroun. 
C'est que, le caractère régional des conflits en Afrique Central
transcende le cadre national et nécessite une réaction
concertée (1), ce qui permettra de consolider les capacités en
conjurant les faiblesses individuelles des Etats (2). 
1. Des réponses régionales aux conflits
régionaux... : le Cameroun dans la spirale sécuritaire supra
Etatique.
Au Cameroun, au Gabon, en RCA et au Tchad, la stabilité
se voit surtout menacée par le fait que ces Etats ne sont pas
suffisamment capables de garantir la sécurité de leurs
populations. Ceci est entre autre à mettre en rapport avec la nouvelle
conception élargie de la sécurité. Face à l'ampleur
de certains défis ou à leur nature  transnationale, l'Etat en
Afrique Centrale ne peut plus seul, répondre à l'ensemble des
besoins sécuritaires de ses  ressortissants.98(*)Le régionalisme dans ce
cas se montre comme une approche adéquate pour parer aux menaces de
déstabilisation. Il se pose cependant le problème selon lequel
malgré leur relance dans les années 1990, les processus de
régionalisation n'ont toujours pas permis de dégager les
capacités nécessaires pour une approche efficace des défis
contemporains, d'où la nécessité pour tous les Etats de
participer à l'effort régional de construction d'un espace de
paix.  
La décennie 1990, marquée par la chute du mur de
Berlin, et la fin de la guerre froide a donné lieu à un
reprofilage des engagements internationaux en vue du maintien ou de la
restauration de la paix et la sécurité sur les terrains instables
du continent. En effet, l'écroulement de la menace soviétique sur
les espaces d'influence des puissances occidentales en Afrique est allé
de pair avec la réduction drastique des interventions militaires
occidentales.  
Le changement s'est ainsi opéré en donnant lieu
simultanément à une multiplication d'initiatives et
résolutions visant une plus grande responsabilisation des gouvernements
et armées africaines dans la gestion des crises sur le
Continent.99(*) C'est au
nom de cette responsabilité que les Etats d'Afrique Centrale, y compris
le Cameroun, doivent agir parce que la conjoncture s'impose à eux. De
nombreuses actions aux quelles le Cameroun a participé sont à
relever. Par exemple, afin de rendre opérationnels le COPAX et ses
organes, l'exercice multinational BARH-EL GAZEL auquel le Cameroun a
participé a été organisé au Tchad en novembre 2005.
D'autres exercices ont suivi depuis lors, rentrant dans le cadre de la
certification de la brigade sous régionale, en vue de
l'opérationnalisation de la force africaine en attente il s'agit de
l'exercice SAWAqui a eu lieu en  2006Douala (Cameroun) : manoeuvre
multinationale sous régionale, bien que s'inscrivant dans le cadre du
programme français RECAMP dont il constituait la cinquième
édition cet exercice.  
Du 10 au 17 novembre 2007 à Moussoro au Tchad, a eu
lieu un exercice multinational interarmées de maintien de la paix auquel
ont participé les forces armées des pays de la CEEAC et du Togo,
invité par le Tchad, du nom de BARH-EL-GAZEL, cet exercice est venu
clôturer le cycle des manoeuvres militaires du même nom
commencées en 2005. Il visait à identifier les capacités
opérationnelles de la CEEAC et à évaluer la
capacité de maintien de la paix et d'assistance humanitaire des
commandements nationaux dans le cadre de la brigade régionale en
attente. Il devait permettre d'évaluer et de valider les
procédures opérationnelles ainsi que l'opérabilité
de la brigade régionale en attente. Cet exercice a constitué une
innovation quant à la capacité de mobilisation et de projection
des forces à brève échéance dans un cadre conjoint
interafricain. Il a mis en action une brigade légère de 1 600
hommes placés sous le commandement d'un état-major
intégré des Etats participants. Il a été l'occasion
pour la brigade de la CEEAC de se mettre en phase avec les autres brigades
régionales constituant la force africaine en attente. 
En Angola, du 22 mai au 10 juin 2010, à l'instar des
autres manoeuvres d'envergure, a eu lieu l'exercice KWANZA qui  s'inscrivait en
fin de phase d'opérationnalisation et de certification de la FOMAC, en
vue de sa participation aux missions de paix de la CEEAC ou de l'Union
africaine, voire des Nations Unies. Cette manoeuvre militaire conjointe qui a
rassemblé près de 4 000 hommes issus des trois unités
(terre, marine, air) et des policiers des pays de la CEEAC constituait la
dernière étape d'évaluation de la brigade sous
régionale avant la validation de la force continentale en attente qui
interviendra lors de l'exercice grandeur nature AMANI AFRICA.KWANZA 2010 a
été précédé d'un séminaire de cinq
jours, organisé en juillet 2009 à Yaoundé au Cameroun et
visant à simuler la prise de décision d'engagement de la FOMUC
dans une opération de paix.  
2. ...À la conjuration des faiblesses
individuelles des Etats d'Afrique Centrale : agir collectivement pour
trouver une réponse à la crise de l'Etat
Pour Thierry TARDY100(*), en termes généraux, la crise est une
situation d'anomie provoquée par le changement. La notion de «
crise » s'oppose en principe à celle de «normalité
».  
« Il ya dix ans, l'Etat était très
largement considéré comme un instrument destiné à
résoudre les problèmes ; aujourd'hui, nombreux sont ceux
pour qui le problème c'est l'Etat ».101(*) Ces propos constituent une
image représentative de l'idée que l'on se fait de l'Etat
aujourd'hui en Afrique Centrale, relativement à sa dimension
capacitaire. On est là dans l'expression d'une
statolitémolle102(*) Autrement dit, l'Etat aujourd'hui en Afrique
Centrale est malade car il n'arrive plus à assurer ses missions
régaliennes, traduisant ainsi un monopole désuet.103(*)Préciser de quel Etat
s'agit-il lorsqu'on évoque la crise de l'Etat, c'est évacuer tous
les biais méthodiques qui empêcheraient de mieux cerner le
réel étudié. Il s'agit en l'espèce de l'Etat
providence qui jouait les protecteurs dans tous les aspects de la vie sociale
et politique du territoire y afférent mais qui aujourd'hui n'arrive plus
à se poser de façon capacitaire comme le démontrent bon
nombre d'Etas en Afrique Centrale. Le détour que nous venons de faire
permet de saisir exactement à quel niveau peut-on percevoir la crise de
l'Etat. Il suffit alors de faire une petite équation simple en se
demandant quels sont les attributs à partir des quels l'Etat agit. Les
développements précédents permettent de répondre
que ces attributs sont la territorialité et la souveraineté dont
la somme pourrait correspondre à la statolité et s'il y a crise
de l'Etat, c'est simplement que les éléments constitutifs de la
statolité sont devenus inopérants et fragiles.104(*) C'est là même
tout le sens de la catégorie Etat fragile qui constitue un signifiant
pertinent de la  statolité stérile et du monopole désuet.
L'Etat fragile renvoie à un type de pays faisant face à des
défis dans les domaines de la sécurité, de la gouvernance
et de la provision de services de base à ses citoyens. Cette notion est
entrée dans levocabulaire de l'aide au développement
audébut des années 90 à l'époque où
lagouvernance se désintégrait en Somalie. 
 Desmilliers de gens ont été victimes de la
violenceet des millions sont morts de faim.Cependant, les politiques de
développementne s'intéressaient pas aux États fragiles.
Lespays donateurs dispensaient l'essentiel deleur aide à quelques pays,
en particulier àceux qui pratiquaient une bonnegouvernance.La situation
a radicalement changé aprèsl'attaque du World Trade Center
à New Yorkle 11 septembre 2001. Brusquement, les Étatsfragiles se
sont vu accorder la priorité dans lecalendrier du développement.
Avant cetévénement (connu désormais sous le nom de9/11),
être actif dans les États fragiles étaitsouvent
considéré comme un effort ingrat etune perte de ressources. Il
est clairaujourd'hui que les besoins dedéveloppement de certains
États fragiles nepeuvent être ignorés. Depuis 9/11,
denombreux donateurs ont élaboré desstratégies pour
travailler dans et avec cespays.105(*) 
Le Comité d'Aide au Développement (CAD)de l'OCDE
considère qu'« un État est fragile lorsque le
gouvernementet les instances étatiques n'ontpas les moyens et/ou la
volonté politiqued'assurer la sécurité et la protection
descitoyens, de gérer efficacement les affairespubliques et de lutter
contre la pauvreté ausein de la population. »106(*) Face à une telle
situation, l'intégration régionale et sous régionale se
posent comme des cadres pertinents de conjuration de la fragilité et
tous les Etats y sont impliqués. C'est à ce titre que le Cameroun
agit dans la gestion des conflits  en Afrique Centrale. Une telle action peut
constituer non plus une logique d'intérêt national mais un apport
dans la mutualisation des efforts visant à intervenir dans les Etas en
crise. C'est là le sens de la conjoncture sécuritaire qui
échappe au cadre limité de l'intérêt national. On
peut donc voir l'apport du constructivisme dans cette recherche dans la mesure
où il permet de saisir le rôle de du Cameron sous le prisme des
valeurs de paix qui sont partagées au plan sous régional et
régional. 
Si la participation du Cameroun à la gestion des
conflits en Afrique Centrale relève d'un aspect conjoncturel de
recherche de la paix, cela ne tient pas seulement au fait qu'il y a un
impératif sécuritaire qui se situe au-delà de
l'intérêt national. Il y a aussi la traduction d'une nouvelle
dynamique des relations internationales. 
B. L'EXPRESSION D'UNE NOUVELLE DYNAMIQUE DES RELATIONS
INTERNATIONALES : LA REGIONALISATION DES INITIATIVES SECURITAIRES
L'expression de cette nouvelle dynamique des relations
internationales se traduit par le fait que la régionalisation constitue
aujourd'hui un site de dépassement des intérêts nationaux
(1) en même temps qu'elle produit de la stabilité politico
économique (2). 
1. La régionalisation sécuritaire comme
moyen de dépassement des intérêts nationaux
L'intégration régionale est un
phénomène aujourd'hui répandue. Elle est « le
regroupement, plus ou moins formalisé au plan institutionnel, de
plusieurs Etats appartenant à une aire géographique
délimitée, à des fins de coopération
économique et/ou politique à long terme »107(*). Cependant, la
définition la plus évoquée par les théoriciens est
celle d'Ernest Haas, l'un des pères fondateurs des études sur
l'intégration européenne. Ce dernier définit
l'intégration non pas comme un état que l'on dira statique, mais
comme un « processus par lequel les acteurs politiques dans plusieurs
ensembles nationaux sont persuadés de modifier leurs loyautés,
leurs attentes et leurs activités politiques vers un nouveau centre,
dont les institutions possèdent ou demandent autorité sur les
Etats nationaux préexistants »108(*).  C'est là le sens du
dépassement de l'intérêt national et dépassement est
d'autant plus nécessaire que le Cameroun agit en fonction d'un
repère axiologique qui communément partagé à
l'échelle sous régionale : c'est la recherche de la paix.
Pour le Cameroun, il n'est donc pas fatal que la régionalisation se
présente comme un site de dépassement des intérêts
nationaux car on est en face de processus positif permettant la constitution
d'une communauté de sécurité109(*), d'une
interdépendance économique accrue, d'une identité
partagée favorisant, dans une aire géographique
particulière, le développement d'actions collectives
institutionnalisées. Les actions collectives sécuritaires dans ce
sens peuvent donc justifier à partir du constructivisme, les raisons
conjoncturelles de la participation du Cameroun dans la gestion des conflits en
Afrique Centrale car, la notion de communauté de sécurité
est aujourd'hui au coeur d'un important programme de recherche
constructiviste.110(*)
Ce qui précède montre fort pertinemment que le dépassement
des intérêts nationaux pour la production d'un ordre
sécuritaire sous régional est une construction à laquelle
le Cameroun adhère fortement. 
A partir de la construction d'un espace sécuritaire
au-delà de l'intérêt national, la régionalisation
sécuritaire peut aussi se présenter comme un tremplin de
stabilité  politique et économique. 
2. La régionalisation sécuritaire comme
moyen de production d'une stabilité politico économique.
La récurrence des crises politico-militaires reste un
défi majeur pour le continent africain dans son ensemble et la
région Afrique Centrale en particulier. Les efforts de
développement économique sont handicapés par l'existence
et ou les séquelles de multiples foyers de troubles sociopolitiques,
crises post électorales, mutineries, rebellions et autres guerres
civiles qui ont généré des pertes importantes en vies
humaines, un nombre élevé de personnes réfugiées ou
déplacées, des violations massives des droits humains et une
destruction à grande échelle des systèmes et moyens de
production. Tout ce qui précède est révélateur de
l'instabilité politique et économique111(*) et pour y remédier,
l'intégration régionale se pose comme un préalable dans la
mesure où elle obligerait tous les Etats de l'Afrique Centrale à
agir. La raison étant que l'insécurité de plus en plus
transnationale peut sévir dans Etat et avoir des répercussions
dans l'autre. L'exemple du Cameroun relativement à la crise
centrafricaine en est assez révélateur. Dans ce cas donc, le
Cameroun n'est pas porté à agir dans la gestion conflits en
Afrique Centrale pour la pure défense de ses intérêts mais
pour la construction d'un ordre politique stable profitant à toute la
sous-région.  
Le développement peut être obtenu par l'union ou
la coopération accélérée. Ce qui signifie que
l'intégration régionale favorise la croissance économique
et le développement des États membres du fait qu'elle offre un
vaste marché et d'énormes possibilités
d'amélioration de productivité. On ne saurait donc atteindre un
tel état de croissance si les efforts pour la construction d'une
ingénierie politico-sécuritaire ne sont pas conjugués
entre les Etats d'Afrique centrale, toute chose que le Cameroun a
intégrée dans sa politique étrangère en Afrique
Centrale, agissant ainsi dans la résolution des conflits. 
En définitive, notre but ici était de montrer
que la participation du Cameroun aux efforts sous régionaux de gestion
des conflits obéit bien à une logique rationnelle, mais aussi
qu'elle n'est pas seulement confinée à une logique
d'intérêt national. Elle peut aussi s'inscrire dans une dynamique
conjoncturelle de recherche de la paix au sein de la sous-région Afrique
Centrale. C'est dire que cette participation qui ne rentre pas totalement dans
le registre d'une statolité rationnelle est elle-même liée
à la nature conflictogène de l'Afrique Centrale. C'est que, cette
sous-région est un site de conflictualité permanente et
rémanente. Pour répondre à cette conflictualité
dont la géopolitique est assez révélatrice en termes
d'acteurs et de stratégies, des réponses normatives et
institutionnelles ont été imaginées et le Cameroun y joue
un grand rôle à travers sa participation aux exercices
opérationnels.  Au-delà du fait que la sous-région
à laquelle appartient le Cameroun soit conflictogène, nous avons
pu montrer dans cette partie que, l'action du Cameroun dans la gestion des
conflits en Afrique Centrale relève au-delà de
l'intérêt national, d'une action collective. L'action collective
sécuritaire permet de s'inscrire dans les nouvelles dynamiques des
relations internationales qui posent l'intégration régionale
comme catégorie analytique et opérationnelle pertinente d'autant
plus que c'est par là que peut passer la stabilité et la
croissance économique. 
DEUXIEME  PARTIE 
LA STRATEGIE CAMEROUNAISE DANS LA GESTION DES CONFLITS
EN AFRIQUE CENTRALE : UNE ADAPTATION ACTUELLE AUX PROBLEMATIQUES
SECURITAIRES CONTEMPORAINES.
Dans cette deuxième  partie, il s'agira de
présenter dans un premier chapitre (chapitre 3), comment le Cameroun se
déploie pour être présent dans la gestion des conflits,
à travers des missions de formation et des structures y
afférentes, mais aussi en terme d'actualisation de sa carte militaire.
Nous ne négligerons pas la coordination avec les Etats de l'Afrique
centrale, au sein des différentes institutions de cette région de
l'Afrique (chapitre 4).   
CHAPITRE III 
LES DYNAMIQUES OPERATIONELLES DE LA PARTICIPATION DU
CAMEROUN DANS LA GESTION DES CONFLITS
Le Cameroun comme la plupart des Etats au
21ème siècle est préoccupé par les
questions de paix et de sécurité tant celles-ci ont un impact
direct sur ses perspectives de développement. Pays au potentiel
immense112(*) mais
miné par de nombreuses situations conjoncturelles difficiles, le
Cameroun dans la sous-région d'Afrique ne peut pas se permettre comme on
l'a vu, le luxe d'un interventionnisme militaire propre au comportement
hégémonique113(*) ; même si pour beaucoup, ce pays est ou
devrait être la puissance stabilisatrice de la sous-région. Au
contraire, dans une équation assez complexe, le Cameroun tente tant bien
que mal, au gré des conjonctures, de ses intérêts mais
aussi des principes de non-ingérence et de respect de
l'intégrité territoriale (qu'il défend et promeut)  de
peser sur l'agenda sécuritaire de la sous-région d'Afrique
centrale. Sur le plan opérationnel cela se traduit par une participation
étagée et méticuleusement calculée au maintien de
la paix dans la sous-région qui implique une contribution non seulement
au plan de la formation (Section I), mais aussi au niveau du déploiement
des missions de paix (Section II).  
SECTION I : DES MISSIONS DE FORMATION : ENTRE
MISE A DISPOSITION DE STRUCTURES DE FORMATION ET PARTICIPATION AUX EXERCICES
CONJOINTS...
L'analyse de la contribution camerounaise au maintien de la
paix et de la sécurité en Afrique met en lumière deux
pools principaux, l'un relevant du niveau stratégique et l'autre de
niveau opératif. Le premier pool dont il sera question dans cette
section nous permet de voir qu'en matière de contribution au maintien de
la paix et de la sécurité dans sa sous-région, le Cameroun
a su contourner l'obstacle des principes qu'il défend qui de fait,
limitaient ses perspectives d'intervention en faveur de la paix sans les pays
de la sous-région. 
En effet, le Cameroun opte pour une équation
d'intervention au plan stratégique qui lui permet de peser
énormément sur les processus et structures centrales de maintien
de la paix en Afrique centrale, sans pour autant avoir nécessairement
besoin de se poser en hégémon susceptible d'intervenir à
outrance dans les pays voisins en crise. Cette équation fondée
sur la mise à disposition par le Cameroun des structures
spécialisées de formation en matière de maintien de la
paix (A) est consolidée par une contribution tactique à travers
la participation aux exercices conjoints organisés par l'instance
communautaire responsable au nom de la sous-traitance stratégique, des
questions de paix et de sécurité dans la sous-région
d'Afrique centrale (B).      
A -LA MISE A DISPOSITION DE STRUCTURES DE FORMATION
SPECIALISEES
La stratégie camerounaise en matière de paix et
de sécurité a su dès le départ se passer d'un plein
emploi de la puissance au sens le plus classique du terme comme outil de paix.
Non seulement parce que cela irait à l'encontre des principes de
non-ingérence et de respect de l'intégrité territoriale
pour lesquels le Cameroun se pose volontairement défenseur, mais aussi
parce que l'état de ses moyens aujourd'hui ne lui permettent pas une
telle initiative. Toutefois, les différentes conjonctures et la
nécessité de protéger son intérêt a
poussé le Cameroun à imaginer des solutions de substitution parmi
lesquelles la volonté et même la tentative de peser ou d'impacter
sur la formation d'une culture stratégique commune en Afrique
centrale. 
Cette volonté des autorités camerounaises les a
amenés très tôt à ouvrir l'entrée dans sa
célèbre et mythique Ecole Militaire Interarmées (EMIA)
à des soldats originaires des autres pays d'Afrique Centrale et
même au-delà. C'est dans cette veine que cette Ecole
spécialisée a accueilli des personnalités telles que le
Défunt Thomas SANKARA et l'ancien Président Burkinabé
Blaise COMPAORE.  Cette stratégie camerounaise va monter d'un cran avec
la création et la montée en puissance du Cours Supérieur
Interarmées de Défense (CSID) (1) et de l'Ecole Internationale
des Forces de Sécurité (EIFORCES) (2). Ces deux structures sont
depuis leur création, progressivement devenues des
références sous régionales en matière de formation
dans le domaine de la paix et de la sécurité. 
1 - Le Cours Supérieur Interarmées de
Défense (CSID)
Le rôle des écoles de formation militaire dans la
formation de la culture stratégique des forces armées n'est plus
à démontrer114(*), ces écoles constituent de ce fait des lieux
par excellence de prise en compte et même d'ailleurs de facilitation de
la mise oeuvre de l'interopérabilité dans les futures actions des
forces sous régionales. Nous analyserons dans cette partie le Cours
Supérieur Interarmées de Défense désormais connu
sous le nom d'Ecole Supérieure Internationale de Guerre de Simbock. 
Le CSID est créé par décret
présidentiel le 13 janvier 2005. Regroupant les futurs brevetés
de l'enseignement militaire supérieur du 2nd degré des
trois armées et de la gendarmerie, le CSID a pour mission de
préparer les officiers supérieurs à assumer de hautes
responsabilités au sein de leur armée d'appartenance, dans les
états-majors de haut niveau, les grandes directions et les organismes
interarmées, interalliés et internationaux et
éventuellement à mettre au service de la FAA. C'est pourquoi
après une première année purement nationale, le CSID a
accueilli en 2006 trois stagiaires étrangers venant du Burkina Faso,
Gabon, Niger ; puis sept en 2007. En 2008-2009, la 4e promotion
était composée de 33 stagiaires de 19 nationalités et
finalement on est arrivé avec La 6e promotion de 20
nationalités différentes dont un français et un
américain. En mars 2009 l'Ecole fut récompensée par la
CEEAC qui l'a distingué en la rangeant parmi ses institutions
d'excellence « de niveau stratégique dans le cadre de la
formation du soldat de la paix ». 
L'Ecole Supérieure Internationale de Guerre de Simbock
offre une formation d'une durée de dix mois sanctionnée par
l'attribution du Brevet d'Etudes Militaire Supérieur (B.E.M.S)115(*). Conformément au
décret N°2005/015 du 13 janvier 2005, le CSID est placé sous
l'autorité d'un commandant, assisté d'un commandant en second,
exerçant les fonctions de Directeur de l'enseignement, officier
nommé par décret du Président de la République. La
direction des études et programmes assure : la préparation,
la programmation et l'organisation de l'enseignement ; les études
relatives à l'évolution des programmes et du contenu des
enseignements.  
L'enseignement général de défense
dispensé au CSID intègre la stratégie, la
géopolitique, le droit, les relations internationales, le management, la
communication, l'économie...cet enseignement vise à enrichir la
culture générale des officiers stagiaires, à approfondir
leur réflexion sur la défense et l'institution militaire,
à développer l'ouverture vers des instances extérieures,
civiles et militaires, nationales et internationales. L'enseignement
opérationnel, quant à lui a pour objectif de donner aux
stagiaires les connaissances indispensables à la planification et
à la conduite des opérations interarmées nationales ou
multinationales. A cet effet, l'enseignement dispensé porte sur :
les études opérationnelles communes ; les études
opérationnelles spécifiques à chaque armée. C'est
ce justement qui permet aux stagiaires de développer une culture
stratégique collective, laquelle permettrait de faciliter
l'interopérabilité dans le cadre d'actions militaires communes.
On le voit donc, la place du CSID dans le maintien de la paix et de la
sécurité en Afrique centrale. 
2 - L'Ecole Internationale des Forces de
Sécurité
Comme avec les structures de formation militaire au plan
stratégique et opérationnel, le Cameroun a également mis
en place une de structure de formation militaire au plan tactique. Il s'agit de
l'Ecole Internationale des Forces de Sécurité (EIFORCES). 
L'EIFORCES du Cameroun a été créée
par Décret présidentiel116(*) et elle s'occupe de deux activités
principales à savoir la formation de policiers et de gendarmes et la
recherche fondamentale dans les domaines liés à la
sécurité intérieure et aux opérations de maintien
de la paix.117(*) Ces
dernières années, l'EIFORCES est montée en puissance
grâce à son centre de perfectionnement aux techniques de maintien
de l'ordre (CPTMO) qui a déjà formé plus d'une centaine de
cadres de commandement d'unités de polices constituées d'une
vingtaine de pays africains. 
Cette école entend développer une vision
partagée de la sécurité c'est-à-dire des
réponses à apporter à un certain type de menaces, elle
participe surtout à développer les capacités des gendarmes
et policiers en matière d'opérations de maintien de la paix, de
gouvernance des services de sécurité et de coopération
policière internationale. L'EIFORCES est un concept structuré
autour de trois fonctions que sont la formation des agents individuels et
d'unités constituées, la recherche et la documentation sur les
conflits et la sécurité humaine et surtout le
développement de normes et de standards communs pour les forces de
sécurité des Etats de la CEEAC ce qui faciliterait
particulièrement l'interopérabilité dans un possible
contingent multinationale. En outre, le projet EIFORCES c'est aussi un centre
de perfectionnement à la police judiciaire (CPPJ) de la Gendarmerie et
l'Ecole Nationale Supérieure de Police.  
Ayant l'ambition de fournir aux stagiaires une formation
conforme aux standards de l'ONU et de l'UA, l'EIFORCES se pose comme une
référence en Afrique centrale et comme toutes les autres
structures de formations analysées plus haut elle participe à la
construction d'une culture stratégique commune en Afrique centrale voire
dans le contient entier, laquelle culture permettrait sans doute une meilleure
implémentation de l'interopérabilité entre et au sein des
forces communes de la FOMAC et dont au sein de la composante police de ces
forces. A partir de là, les exercices conjoints organisés par la
FOMAC apparaissent alors comme des lieux d'expérimentation de cette
interopérabilité, permettant de corriger les écarts qui ne
manquent pas de subsister. Là également, on voit que le Cameroun
en créant l'EIFORCES a su développer un outil lui permettant
d'agir de manière indirecte, à l'amont de toute gestion de la
paix en Afrique centrale. 
B -LA PARTICIPATION CAMEROUNAISE AUX EXERCICES MILITAIRES
CONJOINTS
Pour le Cameroun, participer aux exercices militaires
conjoints de la Force Multinationale de l'Afrique Centrale (FOMAC) obéit
à une logique d'influence du processus de gestion des conflits
clairement définit. Comme nous l'avons déjà
précisé, le Cameroun sait parfaitement que c'est une occasion
sérieuse d'influencer le maintien de la paix dans la sous-région
dans la mesure où ces opérations permettent aux forces en attente
de l'Afrique centrale de se projeter. Le Cameroun a déjà ainsi
participé à plusieurs de ces exercices.. Il s'agit non seulement
de BIYONGHO 2003 au Gabon, de BAHR-EL GAZAL 1 en 2005 au Tchad et SAWA 2006 au
Cameroun (A), mais aussi de BAHR-EL GAZAL 2 en 2007 au Tchad, de KWANZA 2010 en
Angola et prochainement de FOMAC-CONGO 2014 en République du Congo
(B). 
1. Les exercices BIYONGHO 2003, BAHR-EL GAZAL 1 ET SAWA
2006
Les exercices militaires conjoints en Afrique centrale
rentrent dans le cadre de la construction de l'Architecture Africaine de Paix
et de Sécurité (AAPS ou APSA), le plus ambitieux programme de
sécurité jamais développé en Afrique118(*) et du programme de global de
renforcement des capacités africaines pour le maintien de la paix
(RECAMP). Il s'agit en général de tester la capacité de
déploiement rapide des forces. Ces exercices nous intéresserons
dans ce cadre en ce sens où ils permettent sans doute
d'expérimenter et d'évaluer le niveau
d'interopérabilité au sein des forces conjointes et dont dans la
composante police de ces dernières. Les tout premiers exercices de ce
type en Afrique centrale sont BIYONGHO 2003, BAHR-EL GAZAL 1 et SAWA 2006. 
En ce qui concerne BIYONGHO 2003, il faut dire que c'est un
exercice qui s'est tenu en juillet 2003 dans la province du Haut-Ogooué
au Gabon. Il faisait suite à BIYONGHO 98 qui n'avait pu se tenir pour
des raisons financières119(*). BIYONGHO 2003 qui a réuni près d'un
millier d'hommes venant de huit pays d'Afrique centrale avait pour but de
préparer ces derniers à des interventions militaires de
sécurisation en situation de crise. Si les résultats en termes de
cohésion entre les différents soldats n'étaient totalement
satisfaisants, on a pu faire mieux qu'au cours de l'exercice « Gabon
2000 » qui avait déjà eu lieu en l'an 2000. 
BAHR-EL-GAZAL 1 apparaissait à ce moment comme une
occasion de corriger les manquements de BIYONGHO 2003. BAHR-EL-GAZAL 1 s'est
tenu en novembre 2005 et était porteur de grands espoirs quant à
l'amélioration des capacités de l'Afrique centrale qui
était faut-il le préciser la sous-région la moins
avancée en termes de certification des forces africaines en attente.
C'est pourquoi le Secrétaire Général des Nations Unies
lui-même a tenu à encourager l'initiative en ces mots
« J'ai suivi avec intérêt les
délibérations des chefs d'état-major des États
membres de la CEEAC qui se sont réunis à Luanda les 11 et
12 avril 2005 en vue de mettre en place la Force africaine en attente
(FAA) et des Brigades régionales. Lors de cette réunion, les
chefs d'état-major ont aussi décidé d'organiser au Tchad
en novembre 2005 le deuxième exercice multinational « Barh
El-Gazel 2005 ». En donnant votre aval à cette
initiative, indispensable à la sécurité et à la
stabilité de l'Afrique centrale, vous montrerez votre
détermination à rendre opérationnels le Conseil de paix et
de sécurité de l'Afrique centrale et son Mécanisme
d'alerte rapide »120(*). 
La manoeuvre d'envergure suivante s'est organisée au
Cameroun sous le nom « SAWA 2006 ». Celle-ci, bien qu'ayant
beaucoup plus mis l'accent sur l'aspect civil, n'est pas moins
intéressante en ce qui concerne l'évaluation du niveau
d'interopérabilité. En effet, L'occasion a été
donnée de voir et d'évaluer sur le terrain l'aspect civil et les
projets de développement conçus et réalisés par les
militaires dans le cadre d'une opération de maintien de la paix.
L'inauguration de nombreux projets de développement
réalisés par des militaires dans certaines villes du Cameroun
pendant l'exercice Sawa 2006 visait ainsi à renforcer dans l'imagerie
populaire l'action humanitaire des militaires. Ces projets sociaux comprenaient
la réalisation d'adduction d'eau, la construction de centres de
santé et des salles de classe et une aide médicale significative
aux populations dans le besoin... de toute évidence, des progrès
étaient perceptibles dans tous les domaines et donc dans celui de
l'interopérabilité. 
2. BAHR-EL GAZAL 2, KWANZA 2010 et FOMAC-CONGO 2014
Comme avec les trois précédents, les exercices
suivants ont au-delà des objectifs officiels de l'UA et de la CEEAC -
à savoir évaluer les capacités de FOMAC à
déployer dans un délai très court, une force de maintien
de la paix - permis d'éprouver et de tester
l'interopérabilité entre et au sein des forces multinationale de
la CEEAC. Ces exercices sont BAHR-EL GAZAL 2, KWANZA 2010 ET FOMAC-CONGO 2014
qui doit se tenir en juillet 2014. 
En ce qui concerne BAHR-EL-GAZAL 2, il faut dire qu'il se
situe dans la continuité de BAHR-EL-GAZAL 1. L'objectif était
bien sûr d'identifier et de redresser les insuffisances et les
défauts qui doivent l'être pour faire évoluer la FOMAC vers
la certification. Les manoeuvres BAHR-EL-GAZAL qui se sont tenues du 10 au 17
novembre 2007 à Moussoro au Tchad ont vu la participation non seulement
des commandements nationaux de la Brigade régionale en attente, mais
aussi des troupes venues du Togo invitées par le Tchad. L'exercice
devait finalement Il devait permettre d'évaluer et de valider les
procédures opérationnelles ainsi que l'opérabilité
de la brigade régionale en attente. Cet exercice a constitué une
innovation quant à la capacité de mobilisation et de projection
des forces à brève échéance dans un cadre conjoint
interafricain. Il a mis en action une brigade légère de 1 600
hommes placés sous le commandement d'un état-major
intégré des Etats participants. Il a été l'occasion
pour la brigade de la CEEAC de se mettre en phase avec les autres brigades
régionales constituant la force africaine en attente121(*).  
A la suite de ces exercices, l'Angola a été
désignée pour abriter l'exercice suivant connu sous le nom KWANZA
2010. Celui-ci s'annonçait déjà comme un exercice de
très grande envergure, le commandant en chef122(*) des forces armées
angolaise en parlait comme un « exercice militaire de manoeuvre
multinationale et multidimensionnelle et de mission intégrée
comportant des composantes politiques et diplomatiques ainsi que des
composantes d'observation militaire et de police et d'action
humanitaire »123(*). Au Cameroun, le Ministre
Délégué en charge de la Défense expliquait que ces
manoeuvres devaient rentrer dans l'optique de l'évaluation des
avancées de la Force multinationale de l'Afrique centrale (FOMAC) en
matière de gestion de crises au sein de la sous-région124(*). KWANZA s'est finalement
tenu du 22 mai au 10 juin 2010 et a rassemblé près de 4000 hommes
issus des trois unités (terre mer et air) d'une armée et de
policiers venant des pays de la CEEAC125(*). Actuellement, on annonce un autre exercice qui
devrait se tenir en République du Congo au titre de l'année 2014
sous le nom de code FOMAC-CONGO 2014. L'exercice sera dédié comme
l'a précisé le général de Brigade François
Ossélé, coordonnateur du groupe de réflexion pour
FOMAC-CONGO 2014 et par ailleurs directeur des opérations de
l'état-major des Forces Armées Congolaises (FAC), à
l'atteinte de l'objectif de certification de la capacité de
déploiement rapide en 2014. Objectif essentiel réaffirmé
avec force par l'Union Africaine (UA) à l'occasion du cinquantenaire de
cette organisation continentale. 
Ce qui se dégage à travers cette Section est
que, les Etats membres de la CEEAC ont entrepris un certain nombre d'efforts
qui, même s'ils n'avaient pas pour objectif premier
l'interopérabilité au sein de la composante police de la FOMAC,
permettait quand même la réalisation de celui-ci à travers
la recherche d'un niveau élevé de cohésion et de
cohérence dans les actions des forces de la brigade en attente de
l'Afrique centrale, lesquelles cohésion et cohérence sont
absolument nécessaires si l'on veut avoir un minimum d'efficacité
dans le déploiement rapide des missions de paix dans les
théâtres d'opérations. Ces efforts comme on l'a vu se sont
manifestés non seulement par la construction d'un cadre normatif
susceptible de faciliter l'interopérabilité entre et au sein des
composantes nationales des troupes de la FOMAC et la mise en place de
structures de formation militaires distillant la même culture
stratégique aux stagiaires, mais aussi à travers l'organisation
de manoeuvres conjointes qui apparaissent dès lors comme des cadres
d'expérimentation de l'interopérabilité entre et au sein
des différentes composantes de la FOMAC et donc dans sa composante
police. 
SECTION II :...ÀL'ENVOI DES UNITES
CONSTITUEES SUR LE THEATRE DES OPERATIONS
La participation du Cameroun dans les conflits en Afrique,
s'inscrit dans une perspective aujourd'hui suffisamment routinière et
ritualisée qu'elle semblerait apparaitre comme une institution. Dans
certains cas de figure, cette contribution est proche du symbole dans le sens
où elle se limite à un envoi au minima des forces en vue de la
simple représentativité ; tandis que dans d'autres cas, les
plus nombreux, elle s'inscrit dans une logique majoritaire dans laquelle le
Cameroun, du moins, ses forces armées et sa police arrivent à
jouer un rôle déterminant ; c'est-à-dire structurant.
Les cas des crises en RCA (A) et en RDC (B) l'attestent à suffisance. 
A - le cas de la crise centrafricaine
Le simple prononcé de la crise centrafricaine renvoie
dans les imaginaires, à une situation de
« désordre »  politique  et constitutionnel qui
s'est enracinée depuis la période des indépendances. Dans
ce pays, les changements anticonstitutionnels de gouvernement par le truchement
des coups d'Etats  sont devenus  légions.  Il va s'agir dans cette
perspective d'analyse et d'étude de la stratégie camerounaise de
gestion des conflits, de rappeler davantage ces situations ou épisodes
de conflits ou crise en RCA (1), avant d'en préciser l'essence
même de cette contribution (2). 
1. De la rétrospective sur les crises politiques
en République centrafricaine...
La RCA est la cible depuis des années de groupes
rebelles et de bandes de pillards venus des pays voisins (Tchad, Soudan,
Ouganda, RD Congo notamment). La situation s'est à tel point
dégradée ces dernières années que l'on parle
désormais d'Etat failli. La RCA, l'un des pays les plus pauvres au
monde, dispose de ressources naturelles largement inexploitées et ne
revêt pas de réel intérêt stratégique, ce qui
a autorisé son effondrement progressif.  
Le 24 mars 2013, la Séléka, une coalition de
groupes rebelles venus du Nord de la République centrafricaine mais
comptant des combattants à la fois centrafricains, tchadiens et
darfouris, prenait le pouvoir, renversant le président François
BOZIZE. Les motivations de la Séléka ont pris un tour religieux
depuis le mois de septembre dernier lorsque des milices chrétiennes se
sont formées en réaction à ses exactions. Le
président de transition que la Séléka a porté au
pouvoir, Michel DJOTODIA, a dissous le mouvement à la suite des
exactions commises par les membres des différentes forces qui le
composaient. Mais les bandes armées semant la terreur dans les rues de
la capitale sont toujours légion, leur capacité de nuisance
n'ayant pas été altérée par leur intégration
à ce que le gouvernement de transition présente comme les
nouvelles forces de sécurité centrafricaines. Michel DJOTODIA
joue lui-même un jeu trouble, à la fois débordé et
tenu en respect par les bandes de pillards qui l'ont placé au pouvoir.
Les autres responsables politiques en poste à l'époque de la
prise de pouvoir de DJOTODIA ont été laissés en place,
notamment le premier ministre Nicolas TIANGAYE, et sont aujourd'hui visiblement
dépassés par une situation qui ne fait qu'empirer et qu'ils n'ont
pas activement combattue.  
Face à la dégradation de la situation, la France
a soumis une proposition de résolution au Conseil de
sécurité des Nations unies visant à renforcer la Mission
Internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA), force africaine
présente en RCA. Cette résolution autorise également la
France à soutenir la MISCA militairement, avec la possibilité que
cette dernière devienne ultérieurement une force onusienne si les
soldats africains ne devaient pas parvenir à gérer la situation.
La MISCA renforcée doit se déployer pour une période de
douze mois, révisable au bout de six mois, et aura un mandat
l'autorisant à recourir à la force, un mandat de chapitre VII de
la Charte des Nations unies. 
Le premier ministre centrafricain, Nicolas TIANGAYE,
interlocuteur principal de la communauté internationale depuis le
début de la crise et interface avec le président DJOTODIA, avait
lui-même appelé à un vote donnant à la MISCA et son
appui français un mandat de chapitre VII. Figure militante de la
défense des droits de l'homme en Centrafrique, M. TIANGAYE semble
espérer une sortie de crise orchestrée par la communauté
internationale. La résolution 2127 a été votée
à l'unanimité par le Conseil de sécurité le 5
décembre 2013. Un conseil de défense a été tenu en
France le même jour, à l'issue duquel François Hollande a
annoncé l'envoi immédiat des troupes visées par la
résolution onusienne. Il s'agit ici pour la France d'appuyer une force
déjà existante et non d'entrer en premier, ce qui fait une
différence notable avec l'opération Serval au Mali.
L'ONU a menacé de sanctions certains membres de
l'ex-Séléka, dont son numéro deux et homme fort,
Noureddine Adam. Un embargo sur les armes à destination de Bangui fait
également partie de la résolution.  
Le nom donné à l'opération
française en Centrafrique, lancée le 5 décembre, est
Sangaris. Cette opération est dirigée par le
général Francisco Soriano et les troupes qui la composent ont
été déployées très rapidement. Les troupes
françaises ont en effet déjà atteint 1.600 hommes et
doivent se stabiliser à ce chiffre pour demeurer sur place
jusqu'à ce que la mission soit remplie. Lors d'une conférence de
presse en marge du sommet sur la paix et la sécurité en Afrique
samedi dernier, François Hollande a annoncé que la mission
première des troupes françaises serait de désarmer les
milices et de rétablir la sécurité pour permettre la tenue
d'élections libres. 
Dès l'annonce du déploiement de renforts
français pour épauler la MISCA, de nombreux
ex-Séléka avaient quitté Bangui. La situation à
Bangui semble plus calme depuis samedi matin, la présence des
Français dans la ville dissuadant les groupes de s'affronter dans le
centre-ville. Mais les violences et massacres continuent dans les faubourgs
populaires de Bangui, les soldats français doivent donc maintenant
ramener l'ordre dans ces quartiers. Les troupes françaises ont entrepris
ces derniers jours de se déployer hors de Bangui, notamment à
Bossangoa, ville du Nord du pays très touchée par les
affrontements. Lors du mini-sommet sur la situation en Centrafrique le 7
décembre, en marge du sommet sur la paix et la sécurité en
Afrique qui se tenait à Paris, le président français a pu
s'entretenir avec ses partenaires sur le dossier. Se trouvaient notamment
à ce mini-sommet BAN KI-MOON, le premier ministre centrafricain Nicolas
TIANGAYE et les dirigeants des pays voisins. Le Secrétaire
général de l'ONU a à cette occasion chaleureusement
salué l'implication de la France dans la réaction internationale
face à la crise. 
De leur côté, les partenaires africains de la
France dans cette opération font montre d'un volontarisme certain. La
MISCA compte 2.500 hommes venus des pays voisins (Gabon, Cameroun, Congo et
Tchad) et doit être portée à 3.600 soldats africains,
épaulés par un millier de soldats français, dans les
prochaines semaines. Il a même été annoncé que la
force africaine coordonnée par l'UA devrait atteindre 6.000 hommes, ce
qui semble être un objectif de plus long terme. 
La France a obtenu le soutien de l'Union européenne,
Hermann VAN ROMPUY ayant notamment témoigné son adhésion
à l'action française. L'UE a également annoncé
qu'elle entendait soutenir la MISCA, notamment financièrement. Le
déploiement du Battle group européen aurait
également été évoqué dans les discussions
mais ne serait pas à l'ordre du jour, la France n'ayant pas
sollicité une telle aide. Le Royaume-Uni va de son côté
fournir des avions de transport militaire pour soutenir l'intervention
française. L'Allemagne a également proposé son aide
à la France en matière de transport aérien. 
Les Etats-Unis sont très réticents au possible
basculement de la mission en force de maintien de la paix de l'ONU,
considérant que les forces africaines de la MISCA pourront gérer
seules la situation, dans une logique affichée de sécurisation de
l'Afrique par les Africains. Mais le Secrétaire général de
l'ONU Ban Ki-moon a fait part de ses préoccupations, affirmant que 6.000
à 9.000 hommes correctement entraînés et
équipés seraient nécessaires pour ramener la situation
sous contrôle.  
Les affrontements entre chrétiens et musulmans,
essentiellement dans la partie Nord du pays, sont très violents et ont
fait des milliers de morts et des dizaines des centaines de milliers de
déplacés (un dixième de la population centrafricaine selon
les dernières estimations). La situation sécuritaire est telle
que les journalistes ne sont plus autorisés à s'y rendre ; les
comptes rendus concernant cette partie du pays émanent donc d'ONG de
défense des droits de l'homme telles que HumanRights Watch. Les milices
d'auto-défense chrétiennes, appuyées par une partie des
anciennes forces armées demeurées fidèles au
président BOZIZE, disposent aujourd'hui des mêmes armes que la
Séléka et les combats entre les groupes paramilitaires sont
extrêmement violents.  
A Bangui, la situation est également très
tendue, des pick-up transportant des combattants de groupes difficilement
identifiables paradant et semant la terreur dans la ville. Les restes des
forces loyales à l'ancien président BOZIZE, alliées avec
les milices chrétiennes, s'opposent notamment aux combattants de
l'ex-Séléka. Les centaines de corps jonchant les rues de Bangui,
évacués par la Croix Rouge, témoignent de ces combats
à l'arme lourde. La crainte est qu'une insurrection
générale ait lieu à Bangui contre
l'ex-Séléka, avec pour résultat des pogroms contre la
population musulmane considérée par les chrétiens comme
proche et complice de la Séléka. Les agences des Nations unies se
sont dites particulièrement préoccupées par la
dégradation de la situation humanitaire en Centrafrique, qui pourrait
entraîner davantage encore de déplacements de population et une
aggravation du chaos ambiant. 
L'Etat centrafricain ne survit depuis mars que grâce
à l'aide très substantielle fournie par la République du
Congo de Denis SASSOU NGUESSO, et un redressement même relatif de la
situation d'ici aux élections générales annoncées
pour 2015 semble très improbable. La situation sécuritaire
empêche la plupart des ONG humanitaires qui étaient
précédemment présentes d'oeuvrer en Centrafrique. Les deux
dernières qui sont restées sont MSF et le CICR, ce qui est
insuffisant pour faire face à la crise. 
Des ONG de défense des droits de l'homme comme
HumanRights Watch font état depuis plusieurs mois, d'attaques et de
pillages systématiques contre des villages, notamment au Nord, et du
recours par les bandes armées à des enfants de moins de 15 ans
pour des tâches diverses en lien avec les attaques (transporter le
matériel, les armes, participer aux attaques, etc.). De nombreuses mises
en garde ont été lancées par ces acteurs pour
prévenir de la possibilité de la mutation du conflit en guerre
interreligieuse et de la sanctuarisation terroriste de la partie nord du
territoire, ce qui semble une menace réelle. Les razzias visant les
populations villageoises, principalement les non-musulmanes, ainsi que les
pillages et agressions sont en effet très fréquents. Les forces
de sécurité et les représentants des autorités
étatiques et locales sont inexistants, faisant de la RCA une zone de
non-droit où le chaos ne trouve aucune entrave. 
2.  ... à la participation des forces
armées camerounaises à leur dénouement.
Alors qu'il était en route pour la République
centrafricaine (RCA) où la Mission multidimensionnelle
intégrée des Nations unies pour la stabilisation en
République centrafricaine (MINUSCA) prend le relais de la Mission
internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA), Hervé
Ladsous, nouveau secrétaire général adjoint aux
opérations de maintien de la paix de l'Organisation des Nations unies
(ONU), a été reçu en fin de matinée samedi dernier
par le Premier ministre, chef du gouvernement, Philémon Yang. A l'issue
de l'entretien, le chef du département des opérations de maintien
de la paix à l'ONU a déclaré à la presse126(*) être « venu pour
rencontrer les autorités camerounaises avant de se rendre en
Centrafrique où nous allons reprendre le flambeau de l'Union africaine
après-demain. Le diplomate onusien a ajouté qu'il voulait
adresser au gouvernement camerounais un message de profonde reconnaissance pour
tout ce que le Cameroun a fait au fil des années pour soutenir l'action
de la communauté internationale ». 
D'après Hervé LADSOUS, « le Cameroun le
fait en fournissant des troupes et des policiers qui se comportent bien sur le
terrain »127(*).
Plus que jamais, a-t-il poursuivi, « nous devons travailler la main dans
la main pour faire sortir la RCA de l'ornière profonde et douloureuse
dans laquelle elle s'est enfoncée ces dernières années
». Parlant de ce qui va changer en RCA avec l'avènement de la
MINUSCA, Hervé Ladsous a révélé que l'ONU y apporte
des troupes supplémentaires qui viennent d'autres parties du monde, des
Marocains, des Sri-lankais, des Pakistanais, etc. En plus de
l'élargissement des contributions, il a ajouté que les missions
de maintien de la paix des Nations unies apportent une perspective à la
fois politique et intégrée, en étant un vecteur de
promotion des droits de l'homme et de l'Etat de droit, puis en accompagnant les
processus de désarmement et de démobilisation des ex-combattants.
Diplomate chevronné de nationalité française, Hervé
LADSOUS était accompagné samedi par le représentant
spécial du SG de l'ONU pour la RCA, le Général Babacar
GAYE. Avant de se rendre chez le PM, M. LADSOUS a été reçu
plus tôt samedi par le ministre délégué à la
présidence de la République chargé de la Défense,
Edgard Alain MEBE NGO'O.  
Les différents contingents camerounais ont souvent
été constitués de militaires, de policiers, d'observateurs
militaires et autres.  Toutefois, comme le relève le colonel
YAMBA128(*) de la
2ème Région militaire du Cameroun, « la participation
des Forces de défense du Cameroun (FDC) aux opérations de
maintien de la paix (OMP) à travers le continent africain, revêt
tantôt la forme individuelle, tantôt la forme collective, selon les
niveaux stratégiques, opératifs et/ou tactiques des OMP».
Selon cet officier supérieur de l'armée camerounaise, la
participation individuelle aux OMP est une participation minimale en hommes,
car ce sont des militaires ou policiers qui ont des contrats individuels et
travaillent, soit au niveau opératif, soit au niveau stratégique.
Pourtant, la participation collective, quant à elle, renvoie à la
participation par unités constituées, ce sont des contingents
dont les membres évoluent ensemble. 
Dans l'ensemble, la participation des FDC dans les OMP en
Afrique est assez souvent individuelle, comme cela a été le cas
au Darfour, en Angola, en RDC, au Rwanda, en RCA, en Côte-d'Ivoire et au
Mali.  Dans ces cas, de nombreux sous-officiers et officiers des FDC ont
été envoyés sur demande de l'ONU et/ou de l'UA à
titre d'observateurs, comme nous l'avons démontré au
préalable. Ils arrivent souvent à se retrouver au niveau
opératif et même stratégique, soit à cause de leurs
compétences individuelles, soit alors par le biais des places
réservées au Cameroun », a confié le colonel Louis
Marie KOUMA129(*). Pour 
Joseph Vincent NTUDA EBODE, le gouvernement camerounais a mis à la
disposition de la Mission des Nations Unies en République Centrafricaine
(MINURCA), le 8 février 1999, un personnel pour la formation de la
police civile.  
A l'expiration du mandat de la MINURCA en février 2000,
un officier supérieur camerounais occupait les fonctions de chef de
l'instruction de la police civile, fonction qui ont été
maintenues dans le cadre du bureau d'Appui des Nations Unies pour la
Consolidation de la Paix en République Centrafricaine (BONUCA). En
juillet 2009, un autre élément des FDC occupait le poste
d'officier supérieur chargé de la logistique au sein de la
Mission de l'Union africaine en Somalie (AMISOM). Toujours dans le cadre de
leur participation individuelle en Afrique, les Forces de défense
camerounaise sont intervenues par contingent de quatre officiers pour le compte
de l'UA au Sud Soudan (MUAS au Darfour) dans le cadre du `'Darfour DESK''
(programme de suivi des opérations pour le compte de l'UA). Dès
2005, des contingents portés à 10, puis à 20 observateurs
s'y sont succédé. Depuis le passage de la Mission de l'Union
Africaine au Soudan (MUAS) à la Mission des Nations Unies au Darfour
(MINUAD), ce sont des groupes de cinq officiers qui se relayaient. En Ethiopie,
un officier camerounais fait partie de l'état-major de la Force
africaine en Attente (FAA), et en Côte d'Ivoire depuis 2003, un autre
fait partie de l'état-major de la mission de l'Organisation des Nations
Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) en qualité de représentant
militaire du Président de la Commission de l'UA », précise 
un enseignant permanent à l'Institut des Relations internationales du
Cameroun (IRIC), Jean KENFACK130(*). L'on se souvient aussi que des policiers
camerounais étaient de la mission humanitaire à Goma (Zaïre)
en 1994 et 1998-2000, et plus tard dans le cadre de la MONUC en RDC en 2006. 
Par ailleurs, les FDC n'ont pas souvent participé aux
OMP de manière collective en unité constituée. Le cas de
la RCA reste encore unique. A ce propos, depuis 2008, le Cameroun est
présent en RCA aux côtés des autres pays de la CEEAC pour
la mission de consolidation de la paix dans ce pays.  Il s'agit d'un contingent
de 107 personnes en sus de 4 officiers d'état-major et de 12 personnels
d'appui et du chef d'état-major. Et depuis juin 2013, dans le cadre de
la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous la conduite
africaine (MISCA) décidée par le Conseil de paix et de
sécurité de l'Union Africaine (CPS-UA), le Cameroun a encore
envoyé 517 militaires et 320 policiers, soit au total 837
éléments , a souligné le colonel YAMABA.  A en croire cet
officier ; « c'est la première fois que le Cameroun sorte avec
un aussi grand effectif depuis sa participation dans les missions de maintien
de la paix en Afrique »131(*).   Et comme une cerise sur le gâteau, ce sont
deux généraux de brigade camerounais qui se sont
succédé à la tête de ces missions en RCA,
respectivement en 2009 où Hector Marie TCHEMO était commandant de
la MUNURCA et depuis 2013, TUMENTA CHOMU Martin, est le commandant de la
Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA). 
A en croire les sources militaires, les FDC participent aussi
aux OMP dans le cadre de la formation et des activités de
préparation aux OMP. En effet, avec la création de la Force
africaine en attente (FAA) et la mise sur pied des brigades régionales
devant la composer, le Cameroun prend une part active à sa montée
en puissance au sein de la force multinationale de l'Afrique Centrale (FOMAC,
institution de la CEEAC) et du mécanisme d'alerte rapide de l'Afrique
Centrale (MARAC, institution de la CEMAC). Le Cameroun est également en
compétition avec l'Algérie pour abriter la Base logistique
continentale (BLC) où devrait être stocké le dispositif
logistique appelé à être affecté aux missions de
paix initiées et conduites sous la bannière des institutions
africaines.  Sur le plan de la logistique, le Cameroun qui, dans sa
coopération avec l'ONU et l'UA, met ses infrastructures portuaires et
aéroportuaires à la disposition des OMP, ne dote pas toujours ses
troupes de leurs logistiques propres, compte tenu du coût
élevé des équipements militaires.  L'Etat doit d'abord
équiper complètement ses militaires en matériels divers et
attendre plusieurs mois pour obtenir le remboursement par l'ONU ou l'UA des
dépenses souvent lourdes qu'il a engagé. 
Selon des sources militaires et du ministère des
Relations extérieures (MINREX), même si les effectifs (non
disponibles) des troupes régulièrement mobilisées par le
gouvernement camerounais n'ont pas encore inscrit le pays au registre des
principaux contributeurs en hommes au sein des contingents multinationaux de
maintien de la paix en activité sur le continent africain, le rendement
des Forces de défense camerounaises est très
apprécié par les organisations onusiennes et africaines qui
coordonnent le déroulement de ces missions de maintien de la paix. 
Mais, il demeure encore de nombreux problèmes à l'instar de celui
de celui du financement des missions ou du paiement des militaires
engagés dans ces terrains d'opérations. A ce titre, l'on apprend
à la lecture du journal camerounais « Mutations »,
que la tension est croissante au sein du contingent camerounais de la Mission
internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA)132(*). Car, depuis deux mois, le
contingent camerounais, constitué de 850 soldats, tous originaires des
brigades opérationnelles de la force africaine en attente, n'ont pas
perçu de salaire. Une situation qui intervient à un moment
où les luttes confessionnelles entre chrétiens et musulmans
s'accentuent à Bangui et dans le reste du pays.   
Si aucun mouvement n'est pour l'instant à l'ordre du
jour, (rien n'exclut) l'intention des camerounais de quitter les positions
qu'ils occupent aujourd'hui. Notamment dans l'Ouest du pays et principalement
sur les axes qui mènent à la frontière avec le Cameroun.
 Le général camerounais, Martin TUMENTA CHOMU, commandant
militaire de la MISCA est au courant de cette situation, mais semble avoir les
bras liés du fait qu'il ne s'occupe pas des questions financières
qui relèvent de la compétence de l'Union africaine. Le
gouvernement de la République du Cameroun dément toute
responsabilité dans la situation que vivent « nos »
soldats. Une source133(*) au Ministère de la Défense affirme
d'ailleurs que «le Cameroun a toujours remplit ses engagements financiers.
Il continue à ravitailler ses soldats». 
Les mêmes sources indiquent que: «Lorsque les
soldats camerounais agissaient pour le compte de la Force multinationale
d'Afrique centrale, ils étaient régulièrement payés
par les pays membres de la Communauté économique des Etats de
l'Afrique centrale (CEEAC). Chaque Etat apportait sa contribution». Un
soldat de la FOMAC coûtait par jour 9 600 FCFA à la CEEAC.
Après la décision du Conseil de sécurité des
Nations unies datée du 5 décembre 2013 de créer une
mission internationale de la paix en RCA, les charges financières
liées au paiement des soldats sont passés sous contrôle de
l'Union africaine. Car, les accords entre les Européens et les
Africains stipulent que l'Union européenne, qui a apporté
dès le départ une contribution de plus de 32 milliards de FCFA,
devait se charger du transport des troupes, de l'alimentation et du
casernement. Tandis que les Africains se chargeaient de l'armement et des
munitions. Mais l'argent de l'Union européenne doit transférer
par l'Union africaine, qui agit en tant que sous-traitant. C'est donc
l'organisation panafricaine qui est chargée de la paie des soldats de la
MISCA. 
Sur le terrain, un gendarme camerounais a été
blessé dans des affrontements avec des insurgés. Il a reçu
plusieurs balles au niveau de la hanche. Evacué rapidement en direction
du Cameroun, il séjourne depuis vendredi à l'hôpital
militaire de Yaoundé, où il est pris en charge par le colonel
ABENG MBOZO'O, spécialiste en radiologie et imagerie médicale.
Jusqu'ici, aucun soldat camerounais (agissant sous la MISCA) n'a trouvé
la mort sur le sol centrafricain.  La MISCA va s'étendre sur douze mois.
Début décembre 2013, l'Union africaine a déployé
2500 soldats venus du Gabon, du Cameroun et du Tchad. A cela s'est
ajouté les 1600 militaires français qui interviennent
également en renfort dans le cadre de «l'opération
Sangaris». Le 19 décembre, la MISCA a officiellement
succédé à la FOMAC. Ses effectifs sont passés
à 4 500 hommes, dont 850 soldats du Burundi et du Rwanda. Ils doivent
atteindre 6000 ce mois. 
B - la crise en République du Congo
La République Démocratique du Congo, tout comme
la République Centrafricaine et plusieurs autres pays d'Afrique est un
Etat qui n'a cessé depuis son indépendance en 1960 de connaitre
de sérieuses crises politiques et militaires dont la plupart ont
débouché sur des affrontements armés violents.
Après ce qu'on a qualifié de première guerre du Congo, ce
pays a traversé plusieurs autres crises majeures pour lesquelles le
Cameroun a participé à la résolution. Il convient dans
cette partie d'analyser dans un premier mouvement la dynamique du conflit en
République du Congo (1) avant de voir dans une seconde entrée, le
rôle du Cameroun dans la résolution de ce conflit (2) 
1 - La dynamique du conflit en République du
Congo
La guerre civile qui a affecté le Congo-Brazzaville en
trois phases (1993-1994 ; 1997 ; 1998- 1999) remonte à la
démocratisation qui s'est produite à Brazzaville au début
des années 90. Elle a opposé tout d'abord Pascal LISSOUBA
à son challenger des élections présidentielles de 1992,
Bernard KOLELAS. Contestant la valeur des résultats du premier tour des
élections législatives de 1993, KOLELAS appelle ses partisans
essentiellement les « Lari » des quartiers sud de la capitale
à boycotter la suite du scrutin, puis à ne pas reconnaître
le gouvernement formé par le nouveau Premier Ministre Jacques Joachim
YOMBI OPANGO (ancien président du Congo de 1977-1979). L'armée
divisée ethniquement et politiquement refusa d'obéir aussi
aveuglement au chef de l'Etat Pascal LISSOUBA d'ailleurs en rupture avec son
prédécesseur, Dénis SASSOU NGUESSO qui l'avait pourtant
fait élire134(*). 
En 1993, les premiers combats entre milices rivales se
produisirent au départ dans Bacongo et
Makélékélé, où les paisibles populations
vouées à la cause de ces deux leaders vivaient jadis en parfaite
harmonie. On assista pour la première fois à la destruction des
habitats des populations des unes dans les zones sous contrôle des autres
et vice-versa, au déplacement des citoyens fuyant la guerre, aux tueries
et autres exactions. La guerre gagna aussi les régions du Pool (fief de
Bernard KOLELAS). Dans ces régions en conflit, le mode d'action fut le
même que celui utilisé par les milices à Brazzaville. Cette
guerre causa la mort de 2000 personnes et de plus de 100.000
déplacés135(*). 
Les miliciens « Cobras » de SASSOU NGUESSO,
malgré leur présence dans les combats au côté des
« Ninjas » se sont manifestées dans les zones nord de
Brazzaville par les actes de terreur isolés, faisant ainsi du quartier
Mpila et ses environs une zone à haute insécurité.
L'atténuation de ces tensions et affrontements armés fut
manifeste avec la nomination de Bernard KOLELAS au poste de Maire de la ville
de Brazzaville. Ce dernier se rallia plus ou moins à la coalition
présidentielle. La deuxième phase de la guerre commença
lors de la visite de Denis SASSOU NGUESSO à Owando le 12 mai 1997,
visite qui a fait place à des règlements de comptes entre les
partisans de YOMBI OPANGO et ceux de SASSOU NGUESSO, ayant ainsi donné
la mort à 12 personnes et occasionné le déplacement de
plus de 4000 personnes qui vont trouver refuges à Oyo, village natal de
Denis SASSOU NGUESSO. Le 02 juin 1997, un convoi militaire à destination
de Brazzaville, composé des proches de YOMBI OPANGO est attaqué
à Oyo, bilan 4 morts et 10 blessés. Dans la nuit du 04 au 05 juin
1997, les armes neuves sont partagées dans les quartiers supposés
être les fiefs de SASSOU NGUESSO et les FDU. Dans la matinée du 05
juin, la force publique équipée par les engins blindés
encercle la résidence de SASSOU NGUESSO. Cette guerre a fait plus de
10.000 morts et provoqué le déplacement de près de 800.000
personnes dont 50.000 réfugiés.  
La troisième partie de cette guerre commence le 29
Août 1998, par la réaction violente des miliciens Ninjas à
la suite d'exécution de trois de leurs membres accusés de
braquage. Cet événement a été un détonateur
de la rébellion armée qui a repris dans le pool avant de
s'étendre dans la région sud-ouest du Congo
contrôlées par les Cocoyes fidèles à Pascal
LISSOUBA, puis le sud de Brazzaville. Après cet événement,
les Ninjas ont riposté par la tuerie à Goma Tsé-tsé
de 6 personnes, membres d'une délégation du Ministère de
la recherche scientifique en mission dans la localité.  
Ce qui a été suivi par l'exécution de
toutes personnes supposées travailler pour le compte de SASSOU NGUESSO
et de son gouvernement. Au lieu d'assurer la sécurité de la
population civile du Pool, les forces armées gouvernementales
appuyées par les ex-faz, de l'armée Angolaise et des milices des
FDU (Cobras) se sont livrés au pillage et à la destruction des
maisons des particuliers et des villages entiers, à diverses exactions,
aux exécutions arbitraires et règlement de compte tant dans les
pays du Niari. Les rebelles par contre ont procédé à des
opérations terroristes qui se manifestent par la destruction des
infrastructures sociales et étatiques, au sabotage des lignes
électriques, au pillage, aux assassinats et à l'utilisation du
bouclier humain, tout en semant la terreur au sein de la population
vouée à leur cause. Ce qui a contraint les populations de ces
contrées à chercher refuge dans les forêts, à
Pointe-Noire et dans les pays environnants, livrées à des
conditions sanitaires et matérielles précaires et sans
bénéfice d'aucune assistance humanitaire à l'exception de
ceux qui se sont faits déclarés réfugiés dans les
localités du sud du pays.  
Deux mois après le début de la guerre civile, le
camp de SASSOU NGUESSO ouvre une station de radio-télévision
dénommée Radio-Telé Liberté, qui défend sa
ligne politique et ses thèses sur la guerre et fait le contrepoids aux
médias d'état qui oeuvrent exclusivement pour LISSOUBA. Alors que
la guerre civile s'enlise et que les négociations arbitrées par
Omar Bongo patinent, une recomposition politique s'opère à
Brazzaville, avec la création en septembre 1997, de l'Espace
Républicain pour la Défense de la Démocratie et
l'Unité Nationale (ERDDUN). Il est composé de l'ensemble des
partis politiques qui ne luttent pas aux côtés des Forces
Démocratiques et Patriotiques (FDP) constituées par SASSOU
NGUESSO après le déclenchement des hostilités :
l'UPADS, le MCDDI, le RDPS, RDD, UFD, etc.  
La présidence du nouvel ensemble politique est
confiée à KOLELAS. Officiellement, l'objectif de l'ERDDUN est
d'oeuvrer pour le retour à la paix, mais en réalité, il
constitue un front anti SASSOU NGUESSO. Le 13 septembre, sur proposition de
l'ERDDUN, LISSOUBA nomme Bernard KOLELAS au poste de Premier Ministre. D'une
apparence de neutralité au début de la guerre, le
Président du MCDDI vient de se ranger dans le camp de LISSOUBA. Pour
sauver les apparences, KOLELAS fait mine de réserver 5 portefeuilles au
PCT dans le gouvernement de 46 ministres qu'il forme. Juste après sa
nomination, KOLELAS engage ses Ninjas dans la bataille aux côtés
des forces de LISSOUBA. Les Cobras contrôlent toute la partie Nord et
Centre du pays, mais le renfort de la milice de KOLELAS et l'emploi
d'hélicoptères de combat procurent à LISSOUBA un avantage
certain sur le terrain. 
À l'instigation de la France, une réunion au
sommet est organisée le 16 septembre à 
Libreville par Omar
BONGO. Les présidents 
Abdou DIOUF du 
Sénégal, 
GNASSINGBEEYADEMA
du 
Togo, 
Alpha OMAR
KONARE du 
Mali, 
Mathieu KEREKOU du 
Bénin, 
Ange-Félix
PATASSE de 
Centrafrique, 
Teodoro
OBIANG NGUEMA MBASOGO de 
Guinée
équatoriale et 
Idriss DEBY du 
Tchad y prennent part.
L'objectif du sommet est de réunir les deux protagonistes de la guerre
civile congolaise pour trouver une solution de sortie de crise. En
dernière heure, LISSOUBA choisit de se faire représenter par son
Premier Ministre KOLELAS, alors que SASSOU NGUESSO est bien présent. Le
sommet ne produit aucun résultat concret. 
Le 14, Brazzaville tombe aux mains des Cobras et de
l'armée angolaise. Le lendemain, Pointe-Noire est occupée sans
heurts par les troupes angolaises. C'est la fin pour le régime de
LISSOUBA. Les dignitaires s'enfuient le plus vite possible vers les pays
voisins. Le Président de la République lui-même transite
par Nkayi et Sibiti avant de traverser la frontière gabonaise. Le 24
octobre 1997, Denis SASSOU NGUESSO s'autoproclame Président du Congo et
promulgue un Acte fondamental qui aménage une transition flexible. 
2 - La  contribution  du  Cameroun  dans  les 
opérations  de  soutien  à  la  paix  en République du
Congo
Tout comme avec le conflit centrafricain, le conflit qui
frappe le pays de la Rumba menace directement la paix et la stabilité au
Cameroun. Plusieurs cas de violation des frontières par des
éléments armés venant de la République du Congo
sont signalés. Le Cameroun se retrouve bientôt dans la
nécessité d'intervenir pour préserver la paix et la
sécurité à l'intérieur de ses frontières en
cherchant à les rétablir à l'extérieur de
celles-ci. 
L'action du Cameroun en faveur de la paix en République
du Congo peut s'analyser sous trois angles : au niveau de la gestion des
flux de réfugiés congolais sur le territoire camerounais ;
au niveau du financement de des opérations de paix dans ce pays et enfin
au niveau de l'envoi de soldats et d'appui en termes infrastructurels. 
CHAPITRE IV 
ANALYSE DES STRATEGIES CAMEROUNAISES DE GESTION DES
CONFLITS EN  AFRIQUE CENTRALE  
La  position  géographique  du  Cameroun  le  place 
dans  une  configuration  qui  le  rend  vulnérable  aux 
dégradations  sécuritaires  venant  des  pays  voisins,  au  vu 
du  caractère  transnational  de l'insécurité  dans  la 
sous-région  Afrique  centrale.  La  stabilité politique  et 
institutionnelle  observée  au  Cameroun,  lui  confère  une 
place  singulière  que  le  pays  veut  conserver  en  essayant  de 
contenir  hors  de  ses  frontières,  les  soubresauts  de  la  violence
 générée  dans  les  pays  voisins.  Cette  volonté
 a  gagné  en  intensité  et s'est  notamment  manifestée
par  le  déploiement  international  de  l'armée  camerounaise, 
des  contingents  constitués  dans  les OMP  depuis  2008. 
L'armée  camerounaise  ainsi,  pour  faire  face  aux  nombreuses 
menaces  sous régionales,  a  basculé  son  dispositif 
d'armée  de garde  pour  adopter  une  posture  d'avant-garde,  tel  que
 le  conceptualise  si  bien  Ernest  Claude  MESSINGA136(*).  Il  s'agit  ici  de 
questionner  l'efficacité  de  cette  action  de  gestion  des  conflits
 et  des  stratégies  pour  la  rendre  meilleure au  sein  de  la 
sous-région,  ce qui  nous  donne  en  (Section  I)  le  titre 
suivant :  examen  des  capacités  camerounaises  de  gestion  des 
conflits  en  Afrique  centrale  CEEAC ;  il  est  aussi 
intéressant  de  voir si  cette  action  permet  de  façon 
durable,  l'endiguement  des  conflits ;  mais  aussi  de  plancher  sur 
les  perspectives  de  rationalisation  et  de  coordination  avec  les  Etats 
de  la  sous-région  (Section  II). 
SECTION I : EXAMEN DES CAPACITES
CAMEROUNAISES DE GESTION DES CONFLITS EN AFRIQUE CENTRALE CEEAC
Il  s'agit  dans  cette  section,  de  voir  quelles  sont 
les  capacités  du  Cameroun  en  ce  qui  est  de  la  gestion  des 
conflits  en  Afrique  centrale.  Cet  examen  va  se  décliner  en 
deux  mouvements  à  savoir :  l'attitude  du  Cameroun  face  aux 
menaces  éventuelles  (B),  ce  qui  permettra  de  voir  exactement 
les  différentes  mesures  prises  par  le  Cameroun  pour  parer  aux 
différentes  menaces  et  les  juguler  durablement.  La 
deuxième  partie  quant  à  elle  va  présenter  la 
gestion  des  personnes  qui  subissent  les  affres  des  conflits.  En  gros,
 nous  parlerons  de  l'approche  camerounaise  de  gestion  des  conflits 
(B). 
A - L'ATTITUDE CAMEROUNAISE FACE AUX MENACES SUSCEPTIBLES
DE COMPROMETTRE LA PAIX SOUS-REGIONALE
Le  redimensionnement  stratégique  du  Cameroun  ne 
s'est  pas  seulement  opéré  sur  le  plan  international,  il 
s'est  également  fait  sur  le  plan  interne  pour  mieux  faire  face
 aux  nouvelles  formes  de  menaces.  Parmi  ces  menaces,  il y  a  le 
phénomène  des  coupeurs  de  route,  la  piraterie  maritime  et
 le  terrorisme  internationale  qui  connait  depuis  les  attentats  de 
septembre  2011,  une  croissance  exponentielle.  C'est  à  l'aune  de 
ces  nouvelles  menaces  que  les  Etats  repensent  leur 
sécurité. 
Les  nouvelles  formes  de  menaces  remettent  en  cause  la 
dichotomie  classique  entre  sécurité  intérieure  et 
sécurité  extérieure,  remettant  au  goût  du 
jour,  la  dynamique  du  « dedans »  et  du 
« dehors ».  Face  donc  à  ces 
différentes  menaces,  le  Cameroun  a  apporté  un  certain 
nombre  d'ajustements  pour  mieux  les combattre, préserver  ses 
intérêts  nationaux  et  assurer  par  la  même  occasion 
la  paix  sous-régionale.  Il  s'agit  entre  autre  de  la 
modification  de  sa  carte  militaireet  les  facilitations  liées 
à  l'utilisation  de  son  territoire  (1),  et  l'organisation  des 
colloques  et  des  conférences  (2)  pendant  lesquelles  doivent 
être  arrêtées  des  stratégies  communes  de  lutte 
contre  toutes  les  formes  de  menaces  et  pendant  lesquelles  il  faut 
mettre  sur  pieds  des  perspectives  d'avenir  attirantes  pour  essayer 
d'atteindre  une  « paix  durable »,  ou  construire  une 
« communauté  de  sécurité ».Le 
terme  « communauté  de  sécurité » 
fait  référence  à  un  groupe  de  pays  qui  ont  sans 
doute  des  conflits,  mais  qui  n'imaginent  pas  utiliser  la  violence,  ou
 l'utiliser  comme  menace  pour  régler  leurs  conflits. 
L'utilisation  de  la  violence  y  est  devenue  impensable.  Dans  un  tel 
environnement,  il  est  caractéristique  que  les  conflits  ont  une 
chance  de  se  transformer  d'une  manière  constructive137(*).  Le  défi  de  la 
construction  de  la  sécurité  s'impose  ainsi  au  Cameroun. 
1 - La modification de sa carte militaire et les
facilitations  liées à l'utilisation du territoire
camerounais
          La  modification  de  la  carte  militaire  du 
Cameroun  est  intervenue  dans  un  contexte  bien  particulier.  Cet  acte 
correspond  à  la  montée  en  puissance  de  la  secte 
islamique  « BokoHaram, »  qui  a  fait  plusieurs 
incursions  dans  la  partie  septentrionale  du  Cameroun,  menaçant 
ainsi  la  sécurité  et  l'intégrité  du 
territoire.  En  effet,  la  création  de  la  4ème 
région  militaire  a  pour  objectif  de  répondre  efficacement 
et  durablement  à  une  menace  bien  réelle  qui  de  plus  en 
plus  gagne  en  importance.  Il  était  donc  nécessaire  et 
urgent  de  renforcer  et  d'améliorer  le  dispositif 
déjà  en  place. 
         Jusqu'à  la  moitié  du  mois 
d'août  2014,  le  Cameroun  comptait  3  régions  militaires.  La
RMIA4,  ou  4ème  région  militaire  a  vu  le  jour 
après  la  signature  le  14  août  2014  par  le  chef  de 
l'Etat,  d'un  texte  qui  éclate  la  RMIA3  en  deux  régions 
militaires. La  RMIA3  couvre  le  territoire  des  régions 
administratives  du  Nord  et  de  l'Adamaoua,  avec  poste  de  commandement 
à  Garoua,  le  département  du  Mayo-Louti  dans  la 
région  du  Nord  quant  à  lui  dépend  de  la  RMIA4. 
Selon  le  Lieutenant-Colonel  Didier  BADJECK,  « la 
3ème  région  militaire  interarmées 
était  très  grande  et  compte  tenu  de  la 
réalité  géostratégique  actuelle,  il 
était  difficile  de  pouvoir  assurer  une  fluidité  des 
ordres  entre  le  chef-lieu  de  région  alors  que  certaines 
opérations  se  déroulaient  au  niveau  de 
l'Extrême-Nord »138(*).  La  Gendarmerie  Nationale  est  également 
organisée  en  quatre  commandements  territoriaux 
dénommés  régions  de  gendarmerie.  Chaque  région
 de  gendarmerie  a  le  même  ressort  territorial  que  la 
région  militaire  interarmées.  Tous  les  secteurs  militaires 
terrestres  sont  désormais  transformés  en  secteurs 
militaires  interarmées  qui  englobent  la  marine  nationale, 
l'armée  de  l'air,  l'armée  de  terre  et  les  soldats  du 
feu. 
       Cet  ensemble  de  mesures  prises à  travers 
la  signature  du  Décret  N°  2014/308  du  14  août  2014 
portant  modification  du  décret  n°  2001/108  du  25  juillet 
2001  portant  réorganisation  du  commandement  militaire  territorial,
 montre  que  l'Etat  du  Cameroun  tente  d'adapter  son  déploiement 
pour  répondre  efficacement  aux  nouvelles  formes  de  menaces. 
2 - L'organisation des colloques, conférences et
rencontres au sommet
         Les  différents  colloques  et 
conférences  organisés  par  le  Cameroun  sur  les  question  de
 paix  et  de  sécurité,  montrent  bien  que  les 
autorités  camerounaises  ont  le  souci  de  la  pacification  de  la 
sous-région. 
        Le  23  juin  2013  par  exemple,  il  fut 
organisé  par  le  Cameroun  à  Yaoundé,  un  sommet  qui 
a  réunis  24  chefs  d'Etat  (plus  le  Premier  Ministre  d'Ethiopie),
 des  pays  membres  de  la  CEEAC,  de  la  CEDEAO  et  de  la  CGG. 
L'objectif  principale  de  cette  rencontre  était  d'harmoniser  leurs
 réponses  face  à  la  délicate  question  de  la 
sûreté  et  de  la  sécurité  maritime  dans  le 
Golfe  de  Guinée.  Ce  sommet  avait  le  soutien  des  Nations  Unies 
et  de  l'Union  Africaine.  L'Union  Européenne  (UE),  l'Organisation 
Maritime  Internationale  (OMI),  l'Organisation  Maritime de  l'Afrique  de 
l'Ouest  et  du  Centre  (OMAOC),  le  Commandement  Américain  pour 
l'Afrique  (AFRICOM),  le  centre  d'Etudes  Stratégiques  de  l'Afrique
 (CESA)  et  l'Institut  d'études  sur  la  sécurité  ont 
pris  part  à  ce  sommet  en  qualité  d'observateurs,  en  tant
 que  partenaires  techniques. 
         L'enjeu  de  ce  sommet  était  de  trouver 
une  réponse  coordonnée  au  niveau  régional  et 
international,  aux  défis  de  la  piraterie  maritime,  les  trafics 
de  drogues,  les  vols  à  main  armée  et  les  autres 
activités  illégales  dans  le  Golfe  de  Guinée. 
        L'une  des  rencontres  les  plus  importantes  qui 
s'est  tenue  au  Cameroun  est  sans  conteste  la  conférence  des 
Chefs  d'Etats  organisée  en  février  1999  à 
Yaoundé.  Cette  conférence  a  été  le  cadre  de 
mise  en  place  du  COPAX.  Le  COPAX  (Conseil  de  Paix  et  de 
Sécurité  de  la  CEEAC),  est  un  organe  politico-militaire 
de  la  CEEAC  en  charge  de  la  promotion  du  maintien  et  de 
consolidation  de  la  paix  et  de  la  sécurité  au  niveau 
sous régional. 
         Par  ailleurs,  le  Cameroun  a  reçu  la 
visite  du  Président  tchadien  Idriss  DEBY ITNO,  en  mai  2014.  Il 
a  échangé  avec  le  Président  camerounais  sur  la 
situation  sécuritaire  alarmante  dans  la  partie  septentrionale, 
avec  l'aggravation  de  la  menace  « BokoHaram ».  Il 
était  évoqué  dans  le  cadre  de  ces  concertations, 
des  pistes  de  mutualisation  des  forces  des  deux  pays.  Au  vu  de  ce 
qui  précède,  force  est  de  constater  l'ensemble  des 
efforts  fournis  par  le  Cameroun  pour  organiser  des  concertations 
autour  de  la  sécurité  sous régionale,  gage  du 
développement  de  chaque  Etat  pris  individuellement. 
B - L'APPROCHE CAMEROUNAISE DE GESTION DES REFUGIES 
L'approche  camerounaise  de  gestion  des 
réfugiés  peut  se  comprendre  sous  le  prisme  de  son 
adhésion  à  la  déclaration  universelle  des  droits  de
 l'homme,  et  à  celle  de  la  Charte  africaine  des  droits  de 
l'homme  et  des  peuples. Il  n'est  donc  pas  étonnant  de  voir  que
 le  Cameroun  tente  de  gérer  tant  bien  que  mal,  le  flux  de 
réfugiés  qui,  de  plus  en  plus  est  important  du  fait  des
 guerres  et  conflits  qui  frappent  les  pays  avoisinants.  Par  ailleurs, 
on  peut  faire  une  autre  lecture  de  cette  disponibilité  du 
Cameroun  à  recevoir  les  réfugiés  étrangers, 
par  la  nécessité  d'engranger  des  retombées 
symboliques  sur  le  plan  international  en  tant  qu'Etat  stable  et 
« protecteur »  des  réfugiés.  Il  y  a 
donc  une  dimension  stratégique  à  la  réception  de 
ces  hommes,  femmes  et  enfants  qui,  chaque  jour,  arrivent  par 
centaines,  aux  frontières  du  Cameroun  (2),  des  entrées 
qui  demandent  une  action  particulière  de  la  part  des 
autorités  camerounaises  (2).  Ainsi,  le  Cameroun  a  un  certain 
nombre  de  devoirs  vis-à-vis  de  ces  gens  qui  relèvent 
dès  lors  qu'ils  sont  installés  au  Cameroun,  de  sa 
responsabilité. 
1 - L'action de l'autorité administrative et du
HCR
 La  gestion  des  réfugiés  au  Cameroun 
relève  principalement  de  la  compétence  de  deux 
ministères  à  savoir :  le  MINATD  et  le  MINREX. 
Toutefois,  ces  deux institutions  reçoivent  l'appui  d'autres 
institutions  telles  que  le  MINSANTE ;  le  Ministre  chargé  de
 mission,  le  Secrétaire  Permanent  du  Conseil  National ;  le 
Secrétaire  d'Etat  auprès  du  Ministre  de  la  Défense,
 chargé  de  la  Gendarmerie  Nationale  et  le  Directeur  de  la 
Recherche  Extérieure.  Cette  configuration  a  été 
adoptée  officiellement  après  la  signature  par  le  Chef  de 
l'Etat  camerounais,  de  l'Arrêté  N°  269  du  13  mars 
2014,  portant  création  d'un  comité  interministériel 
ad  hoc  chargé  de  la  gestion  des  situations  d'urgence  concernant
 les  réfugiés  au  Cameroun. 
       Ce  comité  est  notamment  chargé 
d'examiner  les  défis  humanitaires,  socio-économiques, 
sanitaires  et  sécuritaires  découlant  de  la  présence 
massive  des  réfugiés  au  Cameroun,  à  l'effet  de 
proposer  au  Gouvernement  les  mesures  appropriées  pour  y  faire 
face.  Le  comité  sert  également  de  cadre  de  concertation 
entre  le  Gouvernement  et  les  institutions  internationales  pour  une 
gestion  harmonieuse  de  la  situation  des  réfugiés,  tenant 
dûment  compte  des  préoccupations  légitimes  des 
communautés  locales  d'accueil.  Il  est  aussi  chargé  de 
proposer  toutes  autres  mesures  utiles  dans  le  cadre  de  la  gestion 
des  situations  d'urgence  concernant  les  réfugiés  au 
Cameroun. 
       L'autorité  administrative  n'est  pas  seule 
partie  dans  la  gestion  des  afflux  des  réfugiés,  elle  est
 accompagnée  dans  cette  mission  par  les  institutions 
internationales,  à  l'instar  du  HCR. 
        La  coopération  entre  le  Cameroun  et  le 
HCR  commence  en  1978.  En  effet,  cette  année  marque 
l'arrivée  massive  des  milliers  de  ressortissants 
équato-guinéens,  fuyant  le  régime  de  Macias 
NGUEMA139(*). 
Favorisé  par  l'arrivée  en  1979  à  KOUSSERI,  de  plus
 de  100. 000  réfugiés  tchadiens  fuyant  la  guerre  civile, 
l'accord  de  siège  du  HCR  au  Cameroun  interviendra  en  1982.  La 
même  année,  le  HCR  installe  au  Cameroun  une 
délégation  à  Yaoundé,  et  une 
sous-délégation  à  Garoua.  Les  missions  du  HCR  au 
Cameroun  sont  les  suivantes :   
· La  protection  internationale  des 
réfugiés  et  demandeurs  d'asile  conformément  aux 
normes  et  principes  internationaux ; 
· La  promotion  des  droits  des 
réfugiés ; 
· Le  rapatriement  librement  consenti  des 
réfugiés ; 
· La  réinstallation  vers  des  pays 
tiers ; 
· L'intégration  sur  place ; 
· L'amélioration  de  la  gestion  des  programmes
 en  faveur  des  réfugiés  à  travers  la  formation  du 
partenaire  de  mise  en  oeuvre  aux  séminaires  organisés  par
 le  HCR. 
Bien  qu'apprécié  à  cause  de  sa 
relative  sécurité par  les  réfugiés  et  les 
demandeurs  d'asile  de  la  sous-région  et  de  la  région  des
 Grands  Lacs,  le  Cameroun  reste  dans  un  contexte  juridique 
dominé  par  l'absence  d'une  législation  nationale 
garantissant  les  droits  des  réfugiés  et  fixant  la 
procédure  d'éligibilité  au  statut  de 
réfugiés. « Le  Cameroun  a  ratifié  tous 
les  principaux  textes  internationaux  et  régionaux  relatifs  aux 
questions  de  réfugiés  notamment  la  convention  de 
Genève  de  1951  et  son  protocole  de  1967  d'une  part,  et  la 
convention  de  l'O.U.A  de  1969  sur  les  aspects  spécifiques  sur 
les  réfugiés  en  Afrique  d'autre  part.  Mais,  sur  le  plan 
interne,  le  Cameroun  ne  dispose  ni  d'une  législation 
spécifiquement  consacrée  aux  réfugiés  ni  d'une
 Commission  Nationale  d'Eligibilité  au  statut  de 
réfugié.  Certes  la  loi  de  1997  sur  les  conditions 
d'entrée,  de  séjour  et  de  sortie  des  étrangers 
contient  des  dispositions  sur  la  carte  d'identité  du 
réfugié  valant  carte  de  séjour.  En  effet,  ce 
décret  prévoit,  l'octroi  d'une  carte  d'identité  au 
réfugié  garantissant  le  droit  de  séjour  sur  le 
territoire  camerounais,  mais  reste  muet  sur  les  aspects  liés 
à  la  Détermination  du  Statut  de  Réfugié 
(DSR),  au  principe  de  non  refoulement,  et  autres  droits  des 
réfugiés  garantis  par  les  normes  internationales.  En 
outre,  le  gouvernement  a  créé  par  décret  N° 
91/262  du  30  mai  1991,  un  service  des  Affaires  Spéciales  et 
des  Réfugiés  au  sein  du  Ministère  des  Relations 
Extérieures,  ministère  de  tutelle.  Ce  service  est 
chargé  d'assurer  le  suivi  des  problèmes  des 
réfugiés  en  liaison  avec  le  HCR.  Toutefois,  son  impact 
sur  la  gestion  des  réfugiés  reste  très 
limité »140(*). 
2 - Au niveau des  frontières Est et Nord
Le  rapport  inter  agences  sur  la  situation  des 
réfugiés  centrafricains  du  29  septembre  au  05  octobre 
2014,  fait  état  d'un  flux  de  132 650  réfugiés 
enregistrés  depuis  janvier  2014  à  la  frontière  Est 
du  Cameroun.  Toujours  selon  ce  rapport,  66 296 
réfugiés  vivent  en  dehors  du site  spécialement 
aménagé  par  les  autorités  camerounaises,  contre 
61 900  en  août  2014.  Ces  chiffres  montrent bien  que  les 
réfugiés  ont  tendance  à  s'aventurer  en  dehors  des 
zones  prévues  à  cet  effet,  ce  qui  crée  de 
nombreux  problèmes,  notamment  la  circulation  des  armes  et  autres
 objets  illicites.  Au  mois  d'août  2014,  sur  instruction  des 
autorités  locales,  les  forces  de  défense  et  de 
sécurité  ont  lancé  une  opération  de  bouclage 
de  la  ville  de  KENTZOU  pour  rechercher  des  armes  et  autres 
effets/objets  illicites.  Il  faut  dire  que  quelques  mois  auparavant, 
des  individus  non  identifiés  avaient  été 
arrêtés  dans  la  zone  en  possession  d'armes  et  de 
munitions141(*).  Les 
autres  sites  tels  que  GBITTI ;  KETTE ;  MBILE ; 
LOLO ;  TOKTOYO,  font  aussi  face  aux  mêmes  problèmes, 
notamment  l'augmentation  des  cas  de  conflits  agropastoraux  entre  les 
populations  locales  et  les  réfugiés ;  la 
surexploitation  des  ressources  naturelles  (bois,  eau,  terres  arables), 
l'intensification  de  la  prise  des  stupéfiants  (colle,  tramol). 
Des  problèmes  qui  sont  gérés  tant  bien  que  mal 
par  les  autorités  camerounaises. 
       Le  problème  sécuritaire  est  un 
problème  majeur  dans  ces  camps  de  réfugiés,  mais 
il  n'est  pas  le  seul.  En  effet,  le  Cameroun  a  pour  principaux 
défis : de  nourrir,  loger,  soigner,  éduquer  les 
réfugiés  qui  s'installent  au  Cameroun,  et  la  tâche 
s'avère  ardue  au  vu  du  nombre  important  de 
réfugiés  présents  sur  son  territoire.   
Au  niveau  de  la  frontière  Nord  les 
difficultés  qui  affectent  les  réfugiés 
nigérians  sont  presque  de  même  nature  que  celles 
évoquées  dans  les  camps  de  la  frontière  Est. 
D'après  le  Haut-Commissariat  des  Nations  Unies  pour  les 
réfugiés,  le  mois  de  mars  2014  a  vu  l'arrivée  de 
près  de  7 500  réfugiés  en  provenance  du 
Nigéria.  Les  réfugiés  qui  prennent 
« d'assaut »  les  villes  camerounaises  de  FOTOKOL,  de 
MORA,  et  de KOLOFATA  ont  pour  la  plupart  fuit  les  Etats 
nigérians  d'ADAMAWA,  de  YOBE  et  de  BORNO,  où  les 
attaques  des  groupes  armés  persistent.  Le  chiffre  de  7 500 
n'est  qu'un  aperçu  de  l'afflux  des  réfugiés 
à  cette  frontière,  leur  nombre  important  fait  qu'ils  ont 
d'énormes  difficultés  nutritionnelles. 
      Afin  d'améliorer  les  conditions  des 
réfugiés,  le  gouvernement  camerounais  gagnerait  à 
poursuivre  et  à  renforcer  l'assistance  alimentaire  et 
nutritionnelle  en  cours  durant  au  moins  un  an  pour  écarter 
l'insécurité  alimentaire  .  En  outre,  il  est  important  de 
poursuivre  une  assistance  sous  une  approche  centrée  sur  le 
développement  intégré  (santé,  économie, 
sociale  etc.)  ce  qui  favorise  davantage  l'intégration 
socio-économique  des  réfugiés  qui  désirent  de 
plus  en  plus  rester  au  Cameroun.   
SECTION II : PERSPECTIVES DE RATIONALISATION ET DE
COORDINATION AVEC LES PAYS DE LA SOUS-REGION
Nicolas  TENZER  pense  que  « la  politique  est 
à  la  fois  un  art  mais  aussi  une 
technologie »142(*).  C'est  dire  que  pour  lui,  elle  intègre
 l'instinct  et  l'intuition  tout  aussi  bien  que  la  rationalisation  qui 
s'expriment  dans  les  infrastructures  et  les  architectures 
institutionnelles.  Il  s'agit  donc  de  voir  ici,  comment  se  manifeste 
la  rationalité  du  Cameroun  dans  son  déploiement  au  sein 
des  différentes  commissions  et  autres  communautés  (A),  le 
but  étant  de  préserver  ses  intérêts  et 
garantir  la  sécurité.  Tout  ceci  doit  nécessairement 
se  faire  dans  un  élan  de  coordination  avec  les  autres  Etats 
de  la  sous-région  (B). 
A -LA RATIONNALISATION DES ACTIONS CAMEROUNAISES
Les  conflits  inter  étatiques  et  infra 
étatiques,  tout  comme  les  nouvelles  formes  de  menaces  ( coupeurs
 de  route ;  piraterie  maritime ;  terrorisme  etc. ),sont  autant 
de  risques  pesant  sur  la  sécurité  individuelle  et 
collective  des  Etats.  Il  est  évident  que  face  à  ces 
problèmes  sécuritaires,  les  Etats  africains  pris 
individuellement,  ne  peuvent  pas  y  apporter  une  réponse 
adéquate  et  satisfaisante.  Cela  est  dû  à  un  certain
 nombre  d'insuffisances  liées  aux  armées  africaines,  telles
 que  la  faiblesse  humaine  et  matérielle ;  la  faiblesse 
liée  à  la  formation  et  le  manque  de  professionnalisme. 
       L'intérêt  du Cameroun  est  de 
construire  un  cadre  sécuritaire  viable,  au  vue  de  sa  position 
centrale  en  Afrique,  et  donc  des  menaces  externes  engendrées 
dans  d`autres  pays,  et  qui  pèsent  sur  lui.  Ainsi,  pour 
rentabiliser  ses  actions  dans  la  sous-région,  le  Cameroun  a 
choisi  d'agir  au  sein  des  institutions  qui  s'y  trouvent,  à 
l'instar  du  cadre  réduit  qu'est  la  CBLT  (1)  et  aussi  dans  un 
cadre  plus  important  tel  que  la  CEEAC  (2),  mais   il  y  a 
nécessairement  un  devoir  d'amélioration  de  cette 
implication  à  travers  une  volonté  politique 
affirmée. 
  1 - Au sein de la CBLT
       Créée  en  1964  par  les  Etats 
riverains  du  Lac  Tchad,  la  Commission  du  Bassin  du  Lac  Tchad  (CBLT) 
comprend  au  départ  quatre  (04)  Etats  parmi  lesquels  le 
Cameroun,  le  Niger,  le  Nigéria  et  le  Tchad.  Ils  seront 
rejoints  en  1994  par  la  République  centrafricaine,  qui  en 
deviendra  le  cinquième  membre.  Aujourd'hui,  avec  l'adhésion
 de  la  Lybie,  on  compte  désormais  six  (06)  Etats ; 
l'Egypte,  le  Soudan,  la  République  du  Congo  et  la 
République  Démocratique  du  Congo  sont  membres  observateurs.
 La  CBLT  est  une  institution,  ou  une  agence  intergouvernementale 
chargée  de  faciliter  l'utilisation  durable  des  eaux  du  bassin, 
de  coordonner  le  développement  régional  et  de 
résoudre  les  conflits  locaux  nés  de  l'usage  des 
ressources  du  bassin.   
        De  plus  en  plus  le  problème  de  la 
gestion  des  ressources  du  bassin  n'est  plus  le  seul  pan  des 
défis  auxquels  font  face  les  Etats  membres  de  la  CBLT.  La 
sécurité  est  désormais  une  véritable 
préoccupation  pour  ces  Etats,  au  vu  de  la  montée  en 
puissance  de  nouvelles  formes  de  menaces  et  notamment  de  la  secte 
islamique  « BokoHaram ».  Le  mardi  7  octobre  2014 
à  Niamey  au  Niger,  il  s'est  tenu  un  sommet  régional 
dont  le  prélude  s'est  fait  par  les  Ministres  de  la 
défense  des  pays membres  de  la  CBLT  et  du  Benin.  Ce  sommet 
qui  était  axé  sur  la  lutte  contre  le  groupe 
« BokoHaram »,  avait  pour  but  d'élaborer  une 
stratégie  commune  et  des  mesures  consensuelles  pour  faire  face 
aux  défis  sécuritaires  dans  le  bassin. Il  a  donc 
été  question  au  cours  de  ce  sommet,  de  la  mise  sur 
pied  d'une  force  armée  multinationale  pour  lutter  contre 
« BokoHaram »,  tel  que  le  prévoyait  le  plan 
adopté  cinq  mois  auparavant  par  les  chefs  d'Etat  de  cette 
organisation  à  Paris.  Selon  le  plan,  il  fallait  une 
présence  militaire  de  700  soldats  autour  du  Lac  Tchad.  Le 
Cameroun  a  pris  une  part  active  dans  ces  travaux  pour  définir 
les  contours  de  cette  force  multinationale. 
2 - Au sein de la CEEAC
Créée  par  le  Traité  du  20  octobre 
1983  signé  à  Libreville  au  Gabon  et  entrée  en 
vigueur  le  18  décembre  1984,  puis  fonctionnelle  depuis  1985,  la
 CEEAC  se  doit  d'être  l'organe  de  coordination  des  efforts  de 
développement  de  l'ensemble  des  Etats  de  la  sous-région 
dans  une  perspective  d'intégration  à  moyen  et  à 
long  terme.  C'est  donc  une  organisation  d'Etats143(*),  régie  par  les 
principes  de  souveraineté  et  de  consensualisme,  mais  aussi  de 
la  « Pacta Sun Servenda »  qui  caractérise 
l'inter gouvernementalisme144(*),  soumise  aux  mêmes  caractéristiques
 que  toutes  les  autres  organisations. 
      L'instrument  le  plus  important  de  prévention
 et  de  règlement  des  conflits  de  la  CEEAC  est  le  COPAX,  pour 
lequel  le  Cameroun  a  signé.  Originairement  instituée  pour 
gérer  le  volet  économique  des  pays  d'Afrique  centrale, 
l'insécurité  et  l'érection  de formes  de  menaces 
diverses  vont  amener  la  CEEAC  à  mettre  sur  pieds  son  conseil 
de  paix  et  de  sécurité.  Le  COPAX  est  mis  en  oeuvre  en 
cas  de  menace  grave  à  la  paix  et  à  la 
sécurité  dans  la  sous-région145(*).   C'est  l'instrument  par 
excellence  pour  la  gestion  des  situations  de  crise  en  Afrique 
centrale. 
B - LE DEFICIT DE COORDINATION ENTRE LES ETATS
        Le  souverainisme  sécuritaire,  sans 
être  une  exclusivité africaine,  encore  moins  de  l'Afrique 
centrale,  marque  le  profond  attachement  classique  wébérien 
à  l'idée  d'Etat,  monopolisant  au  sens  de  Norbert
ELIAS146(*).  Ainsi, 
les  Etats  cherchent  à  s'accommoder  à  la 
préservation  de  leurs  intérêts  tout  en 
ménageant  l'opinion  publique  nationale.  L'épisode  de  la 
coordination  échouée  entre  le  Cameroun  et  le 
Nigéria  pour  la  lutte  contre  « BokoHaram »  est
 un  exemple  édifiant,  car on a l'impression  que  l'Etat 
nigérian  ne  lutte  pas  efficacement  contre  la  secte 
islamique ;  les  exactions  de  ce  groupe  semblent  être 
instrumentalisés  à  des  fins  de  politique  interne. 
        Cette  vision  disparate  des  Etats  essayant  de 
préserver  leurs  propres  intérêts  déstabilise 
souvent  les  tentatives  de  gestion  des  conflits,  car  les  Etats 
privilégient  leurs  préoccupations  spécifiques  au 
détriment  de  la  paix  et  de  la  sécurité  sous
régionale.  Le  déficit  de  coordination  dont  nous  parlons 
ici,  se  traduit  entre  autre  par  une  défaillance  du  partage  des
 informations  (1),  et  une  collaboration  quasi  inexistante  (2). 
1 - Une défaillance du partage des informations
entre les différents pays sur les menaces potentielles
La  faible  structuration  d'une  diplomatie 
sécuritaire  convergente  dans  l'espace  géographique  Afrique 
centrale  n'est  plus  à  démontrer.  Cela  est  en  partie 
dû  à  ce que  nous  avons  appelé  plus  haut 
souverainisme  sécuritaire  et  souverainisme  tout court.  Cet 
état  de  choses  empêche  une  interopérabilité 
entre  les  différents  pays,  toute  chose  qui  pourrait  conduire, 
le  cas  échéant  à  une  gestion  efficace  des  conflits
 et  de  fait,  à  une  amélioration  du  cadre 
sécuritaire  de  l'Afrique  centrale.  Le  manque  d'organisation  est 
à  mettre  également  au  registre  des  griefs  du 
défaut  communicationnel. 
L'information  et  son  traitement  lors  des  conflits 
permet  une  meilleure  gestion  de  toute  éventualité.  Une 
cellule  de  veille  informationnelle  avait  déjà 
été  pensée  au  niveau  de  l'UA,  mais  manifestement, 
son  fonctionnement  est  inopérant. 
        En  effet,  le  Conseil  de  Paix  et  de 
Sécurité  (CPS),  dans  le  cadre  sous régional  dispose 
d'un  mécanisme  d'alerte  précoce  chargé  de  recueillir
 toutes  les  informations  utiles  pour  prévenir  les  crises  et  les
 conflits.  Le  CPS  utilise  donc  le  système  d'alerte 
précoce  pour  faciliter  une  réponse  opportune  et  efficace 
à  des  situations  de  conflits  ou  de  crises  en  Afrique147(*).  En  tant  qu'observatoire 
des  situations  de  crise  sur  le  continent,  son  rôle  est  de 
compiler  et  d'analyser  les  indicateurs  sociologiques,  économiques,
 militaires  et  humanitaires  sur  des  situations  de  crise  et  de 
proposer  des  modules  d'alerte  rapide  ainsi  que  des  recommandations 
d'actions  à  entreprendre.  En  plus,  il  publie  quotidiennement  un 
bulletin  d'information  sur  les  situations  de  crise148(*).  Toutefois  un  constat 
s'impose,  c'est  celui  selon  lequel  cette  structure  du  CPS  ne  parvient
 pas  encore  à  disposer  d'une  base  de  données  fiable  pour
 alerter  la  communauté  africaine  sur  d'éventuelles  menaces 
qui  affecteraient  le  continent. 
         Le  rapt  de  ressortissants  étranger  et 
même  des  locaux,  qui  se  retrouvent  quelques  fois  dans  les  pays 
voisins,  montre  bien  qu'il  y  a  une  nécessité  d'avoir  des
 structures  interconnectées  pour  partager  et  coordonner  l'ensemble
 des  informations  ayant  trait  à  de  potentielles  menaces  sur  le 
continent.  L'interconnexion  des  uns  et  des  autre  est  aujourd'hui  une 
nécessité  impérieuse  pour  pouvoir  prendre  à 
temps  les  mesures  idoines  pour  lutter  efficacement  contre  toutes  les 
formes  de  menaces. 
        Bien  que  paralysé  par le  manque  de  moyens
 et  des  rivalités  entre  les  CER  et  l'UA,  ce  mécanisme 
pourrait  jouer  un  rôle  déterminant  dans  la  gestion  des 
crises  et  des  conflits.  Les  Etats  devraient  donc  s'en  inspirer  et 
l'améliorer  pour  avoir  un  cadre  viable  de  partage  des 
informations,  pouvant  permettre  une  meilleure  collaboration  en 
matière  de  gestion  des  conflit. 
2 - Une collaboration insuffisante
Les  pays  africains  ont  des  problèmes  pour 
harmoniser  leur  disparité  militaire  tant  sur  le  plan 
matériel  (communication  et  système  d'armes)  que  de  la 
ressource  humaine  (volonté  de  combattre  et  aptitude 
opérationnelle).  Le  manque  de  collaboration  entre  les  Etats  de 
l'Afrique  centrale,  peut  en  partie  être  expliqué  par  le 
fait  que  le  continent  a  une  faible  capacité 
financière ;  mais  le  plus  grand  frein  à  cette 
collaboration  est  la  non  domination  de  la  conception  westphalienne  de 
la  sécurité  qui  prévaut  en  au  sein  de  chaque 
Etat. 
        Le  contexte  géopolitique  qui  est  celui 
des  zones  à  forte  concentration  des  conflits,  et  les 
intérêts  particuliers  des  Etats  font  que  les  engagements 
des  différentes  forces  mises  sur  pieds,  ne  reçoivent  pas 
toujours  l'adhésion  des  Etats.  En  effet,  la  décision  de 
déployer  une  mission  relève  trop  souvent  de 
considérations  et  d'opportunismes  politiques  visant  à 
défendre  des  intérêts  nationaux.  C'est  l'exemple  de 
l'Afrique  du  Sud  qui  s'est  engagée  en  République 
Centrafricaine,  pour  la  préservation  de  ses  intérêts 
économiques,  fragilisant  ainsi  la  FOMAC  qui  est  la  force 
légitimement  mandatée  par  la  CEEAC  pour  la  consolidation 
de  la  paix  en  Centrafrique. 
        Ces  querelles  de  positionnement  ou 
d'intérêts  particuliers  des  Etats  anéantissent  souvent
 tous  les  efforts  menés  pour  améliorer  le  processus 
d'intégration  sécuritaire  à  l'échelle  sous
régionale  et  même  continentale. Il  faut  savoir  que 
« pour  combattre  efficacement  la  multiplication  des  actes 
terroristes,  leur  caractère  et  leurs  effets  internationaux 
croissants,  les  Etats  doivent  renforcer  leur  coopération  en  ce 
domaine,  en  particulier  en  rendant  systématique  l'échange 
d'informations  sur  la  prévention  du  terrorisme  et  les  moyens  de
 le  combattre  [...] »149(*).  Ce  qui  précède  montre  à 
suffisance  qu'en  évoluant  en  rangs  dispersés,  les  Etats 
pris  individuellement,  ne  peuvent  pas  parvenir  à  lutter 
efficacement  et  durablement  contre  les  différentes  formes  de 
menaces  existantes.  Pour  l'heure,  l'Afrique  centrale  évolue 
encore  dans  ce  que  l'on  pourrait  appeler  les  égoïsmes 
étatiques,  qui  jusque-là  empêchent  une  collaboration 
franche.  Toute  chose  qui  freine  une  véritable  intégration 
sécuritaire  dans  la  sous-région. 
CONCLUSION  GENERALE
Il  nous  a  été  donné  de  mener  une 
réflexion  sur  les  raisons  stratégiques  de  l'implication  du
 Cameroun  dans  la  gestion  des  conflits  en  Afrique  centrale,  mais 
aussi  de  voir  quels  sont  les  défis  à  relever  dans  le 
cadre  d'une  telle entreprise. 
        La  problématique  sur  laquelle  s'est 
adossée  ce  travail  est  la  suivante :  quel  est 
l'intérêt  du  Cameroun  dans  ses  actions  menées  en 
matière  de  gestion  des  conflits  en  Afrique  centrale  CEEAC ?
  à  cette  problématique,  nous  avions  deux 
problématiques  secondaires :  l'implication  du  Cameroun 
est-elle  construite  dans  le  cadre  d'une  vision  stratégique,  ou 
est-elle  une  adaptation  conjoncturelle ?  le  Cameroun  dispose-t-il 
des  moyens  adéquats  pour  s'impliquer  efficacement  dans  la 
gestion  des  conflits  en  Afrique  centrale ? 
         L'hypothèse  centrale  postulait  que  le 
Cameroun  s'engage  dans  la  gestion  des  conflits  pour  la 
préservation  de  ses  intérêts  nationaux  et  pour 
garantir  la  paix  et  la  sécurité  sous régionale. 
 Dans  un  environnement  conflictuel  comme  celui  de 
l'Afrique  centrale,  est-il  possible  de  trouver  des  esquisses  de 
solution  à  l'insécurité  et  de  gérer  les 
conflits  qui s'y  déroulent ?  que  peut  faire  un  Etat  comme 
le  Cameroun  dans  une  dynamique  de  gestion  des  conflits  dans  la 
sous-région,  et  avec  quels  moyens ? 
Ce  travail  a  tenté  de  répondre  à 
ces  différents  questionnements  en  montrant  que  la  faiblesse  des 
Etats à  assurer  leurs  fonctions  régaliennes  de 
défense  est  un  véritable  problème ; 
l'insécurité  s'est  installée,  les  conflits 
déchirent  l'Afrique.  Ces  conflits  et  grandes  menaces 
prospèrent  d'avantage  d'une  part  à  cause  d'un  certain 
nombre  de  lacunes  telles  le  manque  de  démocratie,  la  mal 
gouvernance etc.,  mais  aussi  à  cause  du  manque  de  coordination 
des  Etats  et  des  disparités  souverainistes  qui  les 
caractérisent  d'autre  part. 
         Pour  le  Cameroun  comme  pour  la  plupart  des 
Etats  d'Afrique  en  général  et  de  la  sous-région 
Afrique  centrale  en  particulier,  le  véritable  défi  est  de
 parvenir  à  une  autonomisation  des  financements,  d'avoir  des 
effectifs  importants  et  bien  formés,  d'avoir  un  matériel 
de  qualité  et  une  importante  logistique.  Bien  entendue,  le 
Cameroun  et  les  autres  pays  de  la  sous-région  doivent  mettre 
sur  pieds,  de  véritables  stratégies  communes,  de  gestion 
des  conflits  et  de  lutte  contre  toutes  les  formes  de  menaces.  C'est 
un  pari  important,  difficile  à  réaliser,  mais  pas 
impossible. 
         Bien  sûr,  la  pauvreté  est  un 
handicap  important  qui  se  dresse  devant  les  Etats,  pour  la 
réalisation  de  ce  pari.  D'où  la  relation 
d'interdépendance  entre  le  développement,  la 
sécurité  et  l'intégration. 
         En  définitive,  le  Cameroun  et  les  autres
 Etats  de  la  sous-région  gagneraient  à  construire  une 
véritable  « communauté  de 
sécurité »,  débarrassée  de 
l'application  béate  des  principes  de  Westphalie,  toute  chose  qui
 permettra  d'assoir  une  coopération  durable  et  efficace  pour  un 
meilleur  développement  de  l'Afrique. 
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· EIFORCES, Bulletin Trimestriel d'Analyse
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numéro spécial, mai 2009 
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· Protocole relatif à la création du
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conflits, Les causes des conflits et promotion d'une paix et d'un
développement durables en Afrique En 1970. 
· Rapport inter agences sur la situation des
réfugiés centrafricains-Cameroun, 18-24 Août 2014. 
· Résolution  49/60  du  9  décembre  1994 
de  l'ONU. 
WEBOGRAPHIE 
· http://aspd.revues.org/255 
·
http://diplomatie.belgium.be/fr/binaries/dossier_etats_fragiles_tcm313-108566.pdf 
·
http://french.peopledaily.com.cn/International/6994400.html 
·
http://www.afrique-express.com/homesafex/pagesaccueil/defensesecurite/247exercicemilitaire.htm 
·
http://www.operationspaix.net/15-fiche-d-information-de-l-organisation-ua.html 
·  http://www.unic-tunis.intl.tn/sgreportaaf.htm 
· www.cameroon-tribune.net 
· www.ceeac-eccas.org 
· www.irenees.net/bdf_fiche-documentation-642_en.html 
·
www.psi.ulaval.ca/publications/sécurité_mondiale/ 
· www.toupie.org/Biais/Biais_statu_quo.html   
·
www.wikipedia.org/wiki/sécurité_nationale 
LISTE DES ANNEXES
ANNEXE 1 : CARTE DES MENACES QUI PESENT SUR LE
CAMEROUN
ANNEXE 2 : CARTE DE LA CEEAC
ANNEXE 3 : EMPLACEMENTS DES CAMPS DE REFUGIES
CENTRAFRICAINS AU CAMEROUN. 
ANNEXE 4 : 
Décret
N°2014/308 du 14 août 2014 portant modification du décret
n°2001/180 du 25 juillet 2001 portant réorganisation du
commandement militaire territorial 
ANNEXE 1 : CARTE DES MENACES QUI PESENT SUR LE
CAMEROUN
  
Source :
http://www.jeuneafrique.com/photos/042013/024042013130732000000cam.jpgconsulté
le 27 novembre 2014. 
ANNEXE 2 : CARTE DE LA CEEAC
  
Source : 
http://radiookapi.net/tag/ceeac/page/2/consulté
le 27 novembre 2014 à 15h30. 
ANNEXE 3 : EMPLACEMENTS DES CAMPS DE REFUGIES
CENTRAFRICAINS AU CAMEROUN. 
 
   
 Source : 
http://www.unhcr.fr/images/operationsMaps/country-cmr-400.jpgconsulté
le 27 novembre 2014 à 16h. 
ANNEXE 4 : 
Décret
N°2014/308 du 14 août 2014 portant modification du décret
n°2001/180 du 25 juillet 2001 portant réorganisation du
commandement militaire territorial 
Décret N°2014/308 du 14 août 2014 portant
modification du décret n°2001/180 du 25 juillet 2001 portant
réorganisation du commandement militaire territorial 
Le Président de la République,
décrète : 
Article 1er : Les dispositions des articles
1er, 3, 10, 25, 26, et 28 du décret n° 2001/180 du 25 juillet 2001
portant réorganisation du commandement militaire territorial sont
modifiées ainsi qu'il suit : 
Chapitre premier :
Généralités
Article : 1er (nouveau) 
1°) Sur le plan militaire, le territoire national est
divisé en : 
-Quatre régions militaires interarmées (RMIA)
; 
-Quatre régions de gendarmerie. 
2°) A chaque région militaire interarmées
correspond une région de gendarmerie. 
3°) L'organisation et le fonctionnement des
régions de gendarmerie font l'objet de textes particuliers. 
4°) Un arrêté du ministre chargé de
la Défense fixe en tant que de besoin les modalités de
coordination du service de garnison. 
Chapitre II : Des régions militaires
interarmées
Article : 3 (nouveau) : 
1°) Les ressorts territoriaux et les postes de
commandement des régions militaires interarmées sont
fixées ainsi qu'il suit : 
Première région militaire interarmées
(RMIA1) 
Ressort territorial : Région du Centre, Région
de l'Est, Région du Sud ; 
Poste de commandement : Yaoundé ; 
Deuxième Région militaire interarmées
(RMIA2) 
Ressort territorial : Région du Littoral,
 Région du Sud-Ouest, Région de l'Ouest, Région du
Nord-Ouest. 
Poste de commandement : Douala 
Troisième Région militaire interarmées
(RMIA3)  
Ressort territorial : Région de l'Adamoua,
Région du Nord hormis le Département du Mayo-Louti 
Poste de Commandement : Garoua 
Quatrième région militaire interarmées
(RMIA4) 
Ressort territorial : Région de l'Extrême-Nord,
département du Mayo-Louti dans la région du Nord 
Poste de commandement : Maroua 
2°) Toutefois le Président de la République
peut, par décret, modifier, en tant que de besoin, le ressort
territorial d'une région militaire interarmées. Il peut
également, par décret, modifier l'implantation du poste de
commandement d'une région militaire interarmées. 
Article 10 (nouveau)  
1°) Sont directement rattachés au commandement de
la région militaire interarmées : 
-Le secrétariat particulier ; 
-Le bureau des relations publiques ; 
-L'Antenne de la sécurité militaire ; 
-Le bureau budget-finances ; 
-Le bureau du sport et des activités culturelles ; 
-Le bureau de la communication ; 
-Le service social ; 
-La cellule des transmissions 
2°) Sont fixés par des textes particuliers,
l'organisation et le fonctionnement de la cellule de transmission, de
l'informatique et de la téléinformatique. 
Chapitre III (nouveau) : Des secteurs militaires
Article 25 (nouveau) 
1°) Les secteurs militaires constituent des subdivisions
de la région militaire interarmées. 
2°) Chaque secteur militaire couvre le ressort
territorial d'une région administrative. 
Article 26 (nouveau) 
1°) Les ressorts territoriaux et les postes de
commandement des secteurs militaires sont fixés ainsi qu'il suit : 
Première région militaire interarmées -
Yaoundé : 
Premier secteur militaire (SM1) 
Ressort territorial : Région du Centre ; 
Poste de commandement : Yaoundé 
Septième secteur militaire (SM7) 
Ressort territorial : Région du Sud ; 
Poste de commandement : Ebolowa ; 
Huitième secteur militaire (SM8) 
Ressort territorial : Région de l'Est ; 
Poste de commandement : Bertoua. 
Deuxième région militaire
interarmées-Douala : 
Deuxième secteur militaire (SM2) 
Ressort territorial : Région du Littoral ; 
Poste de commandement : Douala 
Sixième  secteur militaire (SM6) 
Ressort territorial : Région du Nord-Ouest ; 
Poste de commandement : Bamenda 
Neuvième secteur militaire (SM9) 
Ressort territorial : Région de l'Ouest ; 
Poste de commandement : Bafoussam. 
Dixième secteur militaire (SM10) 
Ressort territorial : Région du Sud-Ouest ; 
Poste de commandement : Buea ; 
Troisième région militaire
interarmées-Garoua : 
Troisième secteur militaire (SM3) 
Ressort territorial : Région du Nord : 
Poste de commandement : Garoua 
Cinquième secteur militaire (SM5) 
Ressort territorial : Région de l'Adamaoua ; 
Poste de commandement : Ngaoundéré. 
Quatrième région militaire
interarmées-Maroua : 
Quatrième secteur militaire (SM4) 
Ressort territorial : Région de l'Extrême-Nord
; 
Poste de commandement : Maroua. 
2°) Toutefois le Président de la République
peut, par décret, modifier le ressort territorial d'un secteur
militaire. Il peut également, par décret, modifier l'implantation
 du poste de commandement d'un secteur militaire. 
Article 28 (nouveau) 
1°) Le commandement de secteur militaire est
chargé : 
-De la discipline générale des personnels
militaires et civils du secteur ; 
-De l'organisation matérielle des opérations de
recrutement des personnels et en liaison avec la légion de gendarmerie,
du suivi de la mobilisation des réserves ; 
-Du recueil, de la centralisation et de la diffusion du
renseignement militaire et du renseignement de défense. 
2°) Le commandant de secteur militaire, par
délégation du commandant de la région militaire
interarmées, assure le contrôle, la surveillance et la protection
 des organismes, des établissements, des ateliers, des magasins,
des dépôts et des infrastructures militaires ministériels
communs ou spécialisés implantés dans le secteur et
placés sous sa responsabilité. 
Le reste sans changement 
Article 2 : Le ministre
délégué à la présidence chargé de la
Défense est chargé de l'application du présent
décret qui sera enregistré, puis publié au Journal
Officiel en français et en anglais. 
  
Fait à Yaoundé, le 14 août
2014 Le Président de la
République (é) Paul BIYA 
TABLE  DES  MATIERES
  
AVERTISSEMENT..............................................................................i 
DEDICACE.......................................................................................ii 
REMERCIEMENTS.............................................................................iii 
LISTE DES SIGLES ET
ABREVIATIONS..................................................iv 
RESUME.............................................................................................vii 
ABSTRACT..........................................................................................viii 
SOMMAIRE......................................................................................ix 
INTRODUCTION
GENERALE......................................................................1 
PREMIERE PARTIE : LA STRATEGIE CAMEROUNAISE DE GESTION
DES CONFLITS EN AFRIQUE CENTRALE : ENTRE LOGIQUES INTERNES D'INTERET
NATIONAL ET DYNAMIQUES EXTERNES DE RECHERCHE DE LA
PAIX..........................................................................................22 
CHAPITRE 1ER : LE CAMEROUN DANS LA GESTION DES
CONFLITS EN AFRIQUE CENTRALE : ANALYSE D'UNE POSTURE
RATIONNELLE.......................24 
Section 1 : Entre la défense des
intérêts économiques et la gestion des
intérêts
politico-institutionnels....................................................................................26 
A -Les intérêts
socio-économiques............................................................26 
1) La sécurité des personnes et des
biens...............................................27 
2) La sécurisation des investissements
économiques.................................28 
B - Les intérêts
politico-institutionnels......................................................30 
1) La question des normes organisationnelles et
fonctionnelles.....................31 
2) La protection des institutions
nationales.............................................32 
Section2 :L'attitude géostratégique du
Cameroun..........................................33 
A - Le maintien du statu
quo..................................................................34 
1) Le maintien de la sécurité
nationale..................................................35 
2) Le maintien de la
stabilité.............................................................36 
B - Le changement et le bouleversement du statu
quo.....................................37 
1) La grande réforme des armées de
2001..............................................37 
2) La nouvelle orientation de la doctrine militaire
camerounaise...................39 
CHAPITRE 2 : LE CAMEROUN DANS LA GESTION DES CONFLITS EN
AFRIQUE CENTRALE : UNE DYNAMIQUE CONJONCTURELLE SOUS-REGIONALE DE
RECHERCHE DE LA
PAIX....................................................................41 
Section 1 : L'Afrique centrale comme zone
d'instabilité permanente et rémanente...43 
A -La géopolitique des conflits en Afrique
centrale.........................................43 
1) les causes de la conflictualité en Afrique
centrale .................................43 
2) Acteurs et stratégies de la conflictualité en
Afrique centrale.....................44 
B - Cadre normatif et institutionnel de gestion des conflits
en Afrique centrale.......48 
1) Les aspects normatifs du cadre de gestion des conflits en
Afrique centrale....48 
2) Les cadres institutionnels et opérationnels de
gestion des conflits en Afrique
centrale...................................................................................50 
Section 2 : La contribution du Cameroun aux efforts sous
régionaux de gestion des conflits en Afrique centrale : la
conjoncture au-dessus de l'intérêt
national ?..........................................................................................52 
A - La participation du Cameroun comme impératif
sécuritaire supranational.........52 
1) Des réponses régionales aux conflits
régionaux : le Cameroun dans la spirale sécuritaire supra
étatique...............................................................53 
2) À la conjuration des faiblesses individuelles des
Etats d'Afrique centrale : agir collectivement pour trouver une
réponse à la crise de l'Etat........................55 
B -L'expression d'une nouvelle dynamique des relations des
relations internationales : la régionalisation des initiatives
sécuritaires........................................................57 
1) La régionalisation sécuritaire comme moyen de
dépassement des intérêts
nationaux......................................................................................57 
2) La régionalisation sécuritaire comme moyen de
production d'une stabilité
politico-économique....................................................................................58 
DEUXEME PARTIE : LA STRATEGIE CAMEROUNAISE DANS LA
GESTION DES CONFLITS EN AFRIQUE CENTRALE : UNE ADAPTATION ACTUELLE AUX
PROBLEMATIQUES SECURITAIRES CONTEMPORAINES.............................60 
CHAPITRE 3 : LES DYNAMIQUES OPERATIONNELLES DE LA
PARTICIPATION DU CAMEROUN DANS LA GESTION DES
CONFLITS.........................................61 
Section 1 : Des missions de formation : entre mise
à disposition de structures de formation et participation aux exercices
conjoints...............................................................62 
A - La mise à disposition de structures de structures
de formation............................63 
1) Le cours supérieure interarmées de
défense (CSID).....................................64 
2) L'école internationale des Forces de
Sécurité (EIFORCES)...........................65 
B - La participation camerounaise aux exercices militaires
conjoints.........................66 
1) Les exercices BIYONGHO 2003, BAHR-EL GAZAL 1 et SAWA
2006.....67 
2) BAHR-EL GAZAL 2, KWANZA 2010 et FOMAC-CONGO
2014............68 
Section 2 : ...À l'envoi des unités
constituées sur le théâtre des
opérations............70 
A -Le cas de la crise
Centrafricaine..........................................................71 
1) De la rétrospective sur les crises politiques en
République centrafricaine......71 
2) ...À la participation des forces armées
camerounaises à leur dénouement.....75 
B - La crise en République du
Congo.........................................................80 
1) La dynamique du conflit en République du
Congo.................................81 
2) La contribution du Cameroun dans les opérations de
soutien à la paix en République du
Congo..................................................................................84 
CHAPITRE 4 : ANALYSE DES STRATEGIES CAMEROUNAISES DE
GESTION DES CONFLITS EN AFRIQUE
CENTRALE......................................................85 
Section 1 : Examen des capacités camerounaises de
gestion des conflits en Afrique centrale
CEEAC...............................................................................................86 
A - L'attitude camerounaise face aux menaces susceptibles de
compromettre la paix sous
régionale.............................................................................................87 
1) La modification de sa carte militaire et les facilitations
liées à l'utilisation du territoire
camerounais................................................................................88 
2) L'organisation des colloques, conférences et
rencontres au sommet.............91 
B - L'approche camerounaise de gestion des
réfugiés.......................................92 
1) L'action de l'autorité administrative et du
HCR....................................93 
2) Au niveau des frontières Est et
Nord.................................................95 
Section 2 : Perspectives de rationalisation et de
coordination avec les pays de la
sous-région..............................................................................................97 
A - La rationalisation des actions
camerounaises...........................................97 
1) Au sein de la
CBLT.....................................................................98 
2) Au sein de la
CEEAC...................................................................98 
B - Le déficit de coordination entre les
Etats................................................99 
1) Une défaillance du partage des informations entre
les différents pays sur les menaces
potentielles...............................................................................100 
2) Une collaboration
insuffisante.......................................................101 
CONCLUSION
GENERALE................................................................103
REFERENCES
BIBLIOGRAPHIQUES...................................................106 
LISTE DES ANNEXES
......................................................................113 
TABLE DES
MATIERES.....................................................................122 
* 1 Rapport du
secrétaire des Nations Unies sur les conflits, Les causes des
conflits et promotion d'une paix et d'un développement durables en
Afrique En 1970 (ndlr : c'est-à-dire 10 ans après
l'indépendance fictive de la plupart des pays africains), il y a eu sur
le continent africain, plus de 30 guerres, qui dans leur vaste majorité
ont pour origine les conflits internes. 
   En 1996, seulement 14 des 53 pays d'Afrique ont connu des
conflits armés, responsables de plus de la moitié de tous les
décès causés par des conflits dans le monde entier et
provoquant plus de 8 millions de réfugiés et de personnes
déplacées, http://www.unic-tunis.intl.tn/sgreportaaf.htm
consulté le 03 Novembre 2014 à 01h05 
* 2Alassoum BEDOUM,
« Les Conflits en Afrique Centrale : un défi pour le
PNUD », Rapport du PNUD décembre 2003. 
* 3Joseph Vincent NTUDA
EBODE, « Les Forces en Attente de l'Afrique Centrale : Point
de situation et défis » http://www.operationspaix.net
consulté le 03 novembre 2014 à 02h22. 
* 4 Le transfert de
compétence entre la CEMAC et la CEEAC a été
décidé le 30 Octobre 2007, lors de 13ème
conférence des chefs d'Etats et de Gouvernements de la CEEAC à
Brazzaville. Il a été implémenté le 12 Juillet
2008. 
* 5 Sous la réserve du
respect de l'article 33 alinéa (g) de l'Acte constitutionnel de
l'U.A. 
* 6 Mouvement Islamiste
alliant insurrection religieuse et politique, révolte sociale et
radicalisation sous forme de protestations meurtrières, des musulmans du
nord du Nigéria et dont les velléités se font ressentir au
nord du Cameroun.  
* 7 Convention de Vienne, 18
avril 1961 et protocoles additionnels ; Agenda des Nations Unies pour la
paix, 17 juin 1992. 
* 8 Emile DURKHEIM, Les
règles de la méthode sociologique, Paris, PUF,
13ème  éd, 2007, p.34 
* 9 André BEAUFRE,
Introduction à la stratégie, Paris, ECONOMICA,
4e éd, 1985, P.16 
* 10 Marie Claude SMOUTS,
Dario BATTISTELLA, Pascal VENESSON, Dictionnaire des relations
internationales, Paris, DALLOZ, 2ème éd, 2006,
p.515 
* 11 Thierry DE MONTBRIAL,
L'action et le système du monde, Paris, Quadrige, 2e
éd, 2008, p.129 
* 12 Philippe BRAUD,
Sociologie politique, 4e éd, Paris, L.G.D.J, 1998, p.15 
* 13 Thierry TARDY,
« Gestion des crises, maintien et consolidation de la paix :
acteurs, activités et  défis »Bruxelles, Editions
De Boeck Université, 2009 p.17 
* 14 Pierre BIRNBAUM,
« Conflits », in Raymond BOUDON (dir), «
Traité  de  sociologie », Paris, PUF, 1992 :
Georges SIMMEL, Le conflit (1912),  Circé de poche,  1995. 
* 15 G. 
BOUTHOUL,« Traité de sociologie. Les guerres,
éléments de polémologie », Paris,
Fayard, 1961, p.  35 
* 16 Thomas  SCHELLING,
« stratégie  du  conflit », Paris, PUF, 
1986,  p.3 
* 17 Thierry
TARDY« Gestion des crises, maintien et consolidation de la
paix : acteurs, activités et défis», Op. cit.  p.
21 
* 18 Abel Hubert MBACK
WARA, La prévention des conflits dans la dynamique de
l'intégration sous-régionale en Afrique centrale,
Mémoire de D.E.A en science politique, Université de
Yaoundé II SOA, 2007. 
* 19 Dictionnaire Larousse,
Paris, Larousse, 2008, p. 147 
* 20 Cette théorie a
été énoncée par Albert W. TUCKER à
Princeton, en 1950, 
www.wikipedia.com,
consulté le 28 Septembre 2014 à 7h00. 
* 21Joseph Vincent NTUDA 
EBODE,  «  le  pétrole  est-il une  source 
conflictogène  en  Afrique  centrale ? » , 
Revue  Africaine  de  Défense n° 2,  Avril-Juin  2000, pp.
104-118. 
* 22 Le conseil de paix et
de sécurité de la CEEAC, en abrégé COPAX, est un
mécanisme qui a été créé au sein de l'OUA,
adopté lors de la 29ème session ordinaire de l'OUA à la
conférence des chefs d'Etat et de gouvernement tenue au Caire en Egypte,
du 28 au 30 juin 1993, et incorporé à l'UA pendant la
conférence tenue à Lusaka en Zambie du 9 au 11 juillet 2001. Le
COPAX a pour vocation la prévention, la gestion et le règlement
des conflits en Afrique centrale. 
* 23
www.ceeac-eccas.org,
consulté le 23 novembre 2014 à 5h30. 
* 24 Jules Dieudonné
MEVONO NGOMBA, La participation de l'armée camerounaise aux
opérations de maintien de la paix : entre la défense des
intérêts nationaux et la recherche d'une paix durable en Afrique
centrale. Mémoire de D.E.A en  science politique, Université
de Yaoundé II SOA, 2008-2009. 
* 25 Raymond QUIVY ;
Luc VAN  CAMPENHOUDT, Manuel  de  recherche  en  sciences  sociales,
Paris,EditionDunod, 1995,  pp.  42-43. 
* 26 Jules Dieudonné
MEVONO  NGOMBA, Op.cit. 
* 27 ASSILA TSED 
 La  participation des forces de défense camerounaises à
la mission de paix au Darfour  (DESS) en Stratégie,
Défense, Sécurité, Gestion des Conflits et des
Catastrophes, Université de Yaoundé II, 2005-2006 
* 28 AHOUDOU  GARBA
 La participation camerounaise à l'opération de maintien
de la paix de l'ONU au Cambodge, (DESS) en Relations Internationales,
option Diplomatie, juillet 2000. 
* 29 Manfred François
EKINDI NGWEN L'implication du  Cameroun dans la prévention des
conflits en Afrique centrale Master en Stratégie, Défense,
Sécurité, Gestion des Conflits et des Catastrophes,
Université de Yaoundé II, 2005-2006 
* 30 Jules Dieudonné
MEVONO NGOMBA, Op. Cit. 
* 31Idem, Op.
Cit. 
* 32 Yves  LACOSTE, 
Dictionnaire  de  géopolitique, Paris, Flammarion, 1999, p.
108 
* 33 Jean Louis
MARTRES ; Peter BERGER (dir), penser les relations internationales,
Paris, l'Harmattan, 2008, 472p. 
* 34 Emile DURKHEIM, Les
 règles de la méthode sociologique, Paris, PUF,
13e éd, 2007, p.109 
* 35 Max WEBER, Economie
Société 1, Paris, Pocket, Agora les classiques, 1995, p.
28 
* 36 Peter BERGER; Thomas
LUCKMANN, The social construction of reality: a treatise in the Sociology
of knowledge, Garden City, NY: Anchor Books, 1966, p.87 
* 37 E. ADLER,
Constructivism and International Relations, W. CARLNES; T. RISSE and
B. SIMONS, Handbook of International Relations, London, Sage
publications, 2002, p. 95-118, T. HOPF, The promise of Constructivism in
International relations, International security, vol. 23, n° 1, 1998,
p.171-200 
* 38 Raymond QUIVY ; 
Luc VAN CAMPENHOUDT, op. Cit, P. 21-36 
* 39 Raymond  QUIVY ; 
Luc VAN CAMPENHOUDT, ibid.,  p. 84 
* 40 Abel Hubert MBACK WARA,
Op. cit. 
* 41Raymond QUIVY;Luc VAN
CAMPENHOUDT, Op. Cit.pp. 128-129. 
* 42Madeleine GRAWITZ 
« Méthodes  des  sciences 
sociales »,Paris, Dalloz, 11ème  Ed,2011, 1019
pages. 
* 43Jacqueline
MORAND-DEVILLER,« Cours de droit
administratif »Paris,Montchrestien, 10ème  Ed,
p.705 
* 44 Michel CROZIER ;
Erhard FRIEDBERG, L'acteur et le système, Paris, Editions du
Seuil, 1977, pp.230-231 
* 45 Agenda pour la paix
(1992) et son supplément (1995), résolution 1625 (2005) du
Conseil de Sécurité de l'ONU du 14 septembre 2005 sur l'adoption
de la déclaration sur le renforcement de l'efficacité du
rôle joué par le conseil de sécurité dans la
prévention des conflits en Afrique. 
* 46 Elie MVIE MEKA,
Architecture de la sécurité et gouvernance démocratique
dans la CEEAC, Presses Universitaires d'Afrique, Yaoundé, 2007, p.66. 
* 47Ernest Claude MESSINGA,
Les forces armées camerounaises face aux nouvelles formes de menaces
à la sécurité : d'une armée de garde vers une
armée d'avant-garde 1960-2010, thèse de doctorat Ph. D en
science politique soutenue à l'Université de Yaoundé II
SOA, 2011. 
* 48 Rufin DIZAMBOU,
« Les mouvements migratoires dans l'espace  UDEAC/CEMAC de 1964
à nos jours : une conséquence de la fragilité des
Etats d'Afrique Centrale », Enjeux, Bulletin d'Analyses
Géopolitiques pour l'Afrique Centrale, n° 38, janvier-mars 2009, p.
59 
* 49 Yves Patrick MBANGUE
NKOMBA, La dynamique de sécurisation des biens et des personnes dans
la ville de Yaoundé par l'action d'une unité
spécialisée des forces de sécurité
camerounaises : le cas des équipes spéciales d'intervention
rapide (ESIR), Mémoire de master en sécurité
défense et gestion des catastrophes, Université de Yaoundé
II SOA, 2008. 
* 50 Philippe CABANIUS,
« Amélioration du transport de transit dans la région
d'Afrique Centrale », première session du comité
intergouvernemental préparatoire de la conférence
ministérielle internationale sur la coopération en transport de
transit, 7 avril 2003, p. 5. 
* 51 J. HAMAN, cité
par MEVONO NGOMBA, « commerce  illicite, des produits détruits
à N'Gaoundéré », Cameroun Tribune
n° 10383/6584 du 15 juillet 2013, p. 13. 
* 52 P. TEWARD, cité
par B. BOUNOUNG FOUDA, « De la fragilité des Etats de
l'Afrique centrale à une pensée reconstructive des Etats en
déconstruction : essai d'analyse », Enjeux, Bulletin
d'Analyses Géopolitiques pour l'Afrique Centrale, n° 38,
janvier - mars 2009, p. 12. 
* 53 Robert K. MERTON,
Eléments de théorie et de méthode sociologique,
Paris, Armand Colin, Collection U, 1997. 
* 54 Le Grand Robert de la
langue française 1999. 
* 55  Ernest Claude
MESSINGA, Op.Cit. 
* 56 Eustache AKONO
ATANGANE, « Les problèmes de délimitation des
espaces maritimes en Afrique centrale », in Revue africaine
d'études politiques et stratégiques N° 4, Université
de Yaoundé II, 2007, p. 247 
* 57 Stéphane
ROSIERE, Géographie politique et Géopolitique. Une grammaire
de l'espace politique, Ellipses Editions, Paris, 2000, p. 216. 
* 58 Pascal BONIFACE, La
géopolitique les relations internationales, Paris, Eyrolles, 2011,
p. 6 
* 59
www.toupie.org/Biais/Biais_statu_quo.html  consulté  le  08/11/2014 
à  22h. 
* 60 En avril 2013, le
Cameroun et le Nigéria se sont mis d'accord sur la délimitation
de leur frontière maritime ainsi que sur le tracé de 1 893 km de
leur frontière terrestre dont la distance totale est estimée
à environ 2 100 km. Voir le « Communiqué de la
30e réunion de la commission mixte Cameroun
Nigéria », 23 avril 2013. 
*
61www.wikipedia.org/wiki/sécurité_nationale,
Consulté le 05/11/2014, à 20h. 
* 62Mwahila TSHIYEMBE,
« Les principaux déterminants de la
conflictualité », in  La prévention des
conflits en Afrique centrale, Prospective pour une culture de la paix,
(éd.) P. ANGO ELA,  Karthala, Paris, 1999, p. 23. 
* 63 Alain DEJAMET,
« Que reste-t-il de la sécurité
collective ? », in  Faire la paix la part des institutions
internationales, (dir.) Guillaume DEVIN, Paris, Presses de Sciences Po, 2009,
p. 32. 
* 64 Le  rapport  inter
agences sur la situation des réfugiés centrafricains au Cameroun,
couvrant la période du 29 septembre au 05 octobre, commandé par
la Direction de la Protection Civile, indique que sur les sites de Timangolo et
de Gado au Cameroun, les accrochages entre les nationaux et les
réfugiés sont surtout le fait de la raréfaction du bois de
chauffage et parfois de l'occupation de l'espace. 
* 65Ernest Claude MESSINGA,
Op.Cit. 
* 66 Magazine des forces
armées camerounaises, numéro spécial, mai 2009,
www.irenees.net/bdf_fiche-documentation-642_en.html. 
* 67 Ibid. 
* 68 Angela Meyer,
L'intégration régionale et son influence sur la structure, la
sécurité et la stabilité d'Etats faibles, L'exemple de
quatre Etats centrafricains, Thèse de Doctorat en Science
Politique, Institut d'Etude Politiques de Paris, Décembre 2006, p.50. 
* 69 Ibid. 
* 70Lire
Filip Reyntiens, L'Afrique des grands lacs en crise, Rwanda-Burundi,
1988-1994, Paris, Karthala, 1996. 
* 71 Daniel Bach et Luc
Sindjoun, ordre et désordre en Afrique, Bordeaux, Polis, vol.
4, n. 2,1997/11, p. 2 
* 72 Yann 
Bedzigui, Annuaire
Français de Relations Internationales, Bruxelles, Bruylant, la
documentation française, 2008, volume IX, p.163. 
* 73 Ibid. 
* 74SalifKâ, La problématique des
conflits en Afrique: le cas de la Somalie, de la Côte d'Ivoire et de la
RDC, Mémoire de Maitrise en science politiques, Université Gaston
Berger de Saint-Louis, 2012, p.17.
* 75Yann
BEDZIGUI, Op.cit,
p.164. 
* 76 Ibid. 
* 77EliasNorbert,La
société des individus, Paris, Fayard, 1991, 301 p. 
* 78McMillan D.W, Sense of
community.Journal of Community Psychology, 24(4), 1996, pp.315-325. 
* 79Luc
Sindjoun,lapolitique d'affection en Afrique noire :
société de parenté, 'société d'Etat' et
libéralisation politique au Cameroun, Boston : GRAF, 1998. 
* 80 Les circonscriptions
administratives ont généralement essayé de procéder
à un rassemblement spatial des groupes ethniques. Au Cameroun, chacune
des dix régions correspond à des entités culturelles plus
ou moins vastes rassemblant des peuples ayant entre eux certains liens
culturels. De sorte qu'avec la reviviscence des tensions interethniques, les
Mbo, habitants d'un village administrativement situé dans la province de
l'Ouest, peuplée de Bamilékés, revendiquent leur
rattachement à la province du Littoral où se trouvent les autres
tribus voisines. Il convient toutefois de signaler l'exception congolaise,
où, au nom de la révolution marxiste, le pays fut divisé
selon des contours beaucoup plus géographiques qu'ethniques, pour
éviter les polarisations ethniques non compatibles avec le marxisme
(DorierApprill, 1997, 164). Ce qui n'empêcha pas une vaste mobilisation
de l'ethnicité avec la naissance du multipartisme et des
compétitions électoralistes. 
* 81 Yves-Alexandre Chouala,
«Patriotes rebelles. Légitimation et civilisation patriotiques des
luttes politiques armées en Afrique», Revue juridique et
politique, n° 4, 2006, p. 563. 
* 82 Voir à ce sujet
les travaux d'Olivier Lanotte, Guerres sans frontières, GRIP /
Complexe, Bruxelles, 2003, p. 94. 
* 83Laurent Goetschelet
Didier Péclard, « Les conflits liés aux ressources
naturelles. Résultats de recherches et perspectives »,
Annuaire suisse de politique de développement [En ligne], Vol.
25, n°2 |  2006, mis en ligne le 19 mars 2010, Consulté
le 16 novembre 2014 à 12h09. URL: http://aspd.revues.org/255. 
* 84 P. Le Billon,
« The Geopolitical Economy of «Resource Wars» »,
dansGeopolitics of Resource Wars, Ph. Le Billon (ed.), London; New
York, Frank Cass, 2005,  pp. 1-28. 
* 85Luc REYCHLER,
Thania PAFFENHOLZ, (dir),  Construire la paix sur le terrain,
Mode d'emploi, Bruxelles, GRIP-Complexe, 2000, p. 32. 
* 86 Ibid. 
* 87 Idem. 
* 88
Charles
TENENBAUM, « Négociations et médiations dans la
résolution des conflits » in Franck Petiteville (dir)
Négociations Internationales, Paris, Presses de Science po,
2013, pp.257-284. 
* 89 YERO BA,
« Fléau des conflits et défi sécuritaire en
Afrique » in RJPIC, n° 1, 55e année,
janvier-avril, 2001, p.24. 
* 90 Alain FOGUE TEDOM,
« L'Union Africaine face au défi titanesque de la
prévention, du règlement et de la gestion des
conflits », in Juridis, n° 75, janvier-aout-septembre
2008, p.77. 
*
91http://www.operationspaix.net/15-fiche-d-information-de-l-organisation-ua.html,
consulté le 21 Novembre 2014 à 11h22. 
* 92 Lire la note de cadrage
de la réunion entre la Commission de l'UA, les CER et les
mécanismes de coordination des brigades régionales de l'Afrique
de l'Est et de l'Afrique du Nord, sur la mise en oeuvre du protocole d'accord
de coopération dans le domaine de la Paix et de la
sécurité, tenue à Akosombo, au Ghana, du 9 au 11
décembre 2009, p. 1. 
* 93 Voir à ce sujet,
Jean KENFACK, « le Conseil de Paix et de sécurité de
l'Union africaine », in De la Paix en Afrique au XXIe
siècle, Presses de l'UCAC, Yaoundé, 2007, p 147. 
* 94 Tel est
l'intitulé exact de ce texte. Par ailleurs, la Commission consultative
est créée sous les auspices des Etats membres de la CEEAC et le
Secrétariat Général des Nations Unies, le 28 mai 1992.
D'où le lien entre ladite Commission et la CEEAC. 
* 95 Art.1er du
règlement relatif au MARAC 
* 96 Ibid. 
* 97 Art.2 du
règlement relatif à la FOMAC 
* 98 Angela Meyer,
Op.cit.p.51. 
* 99 Anatole Ayissi,
« Le maintien de la paix en Afrique : responsabilité et
responsabilisation du continent », in Paul AngoEla (dir.), La
prévention des conflits en Afrique centrale. Prospective pour une
culture de la paix, Paris, Karthala, 2001, pp. 177-188. 
* 100 Thierry TARDY,
Gestion de crise, maintien et consolidation de la paix, Edition De
Boeck, Bruxelles, 2009, p.16. 
* 101Citation de Charles
Schultze, in Pierre Rosanvallon, La crise de l'Etat-Providence,
Editions du Seuil, 1981 France, p59. 
* 102Expression issue de la
notion de statolité évoquée par Augustin KontchouKouomegni
« De la statolité en Afrique à la recherche de la
souveraineté » Revue science et technique, vol VI,
n° 3-4, Juillet-Décembre 1989, p. 19-33. 
* 103 Expression issue des
travaux de Max Weber sur le monopole de la violence légitime. 
*
104AugustinKontchouKouomegni, Op.cit, 21. 
* 105DerickBRINKERHOFF,
Capacity Development in Fragile States, ECDPM ,2007,
p.67. 
*
106http://diplomatie.belgium.be/fr/binaries/dossier_etats_fragiles_tcm313-108566.pdf,
consulté le 16 Octobre 2014 à 23h51. 
* 107 Franck PETITEVILLE,
« Les processus d'intégration régionale, vecteurs de
structuration du système international ? », Etudes
internationales, 28 (3), 1997, p. 512. 
* 108 Ernst B. Haas,
The Uniting of Europe. Political, Social, and Economic Forces,
1950-1957, Stanford (Calif.), Stanford University Press, 1968
(2eéd.), p. 16. 
* 109Karl WOLFGANG DEUTSCH,
Political Community and the North Atlantic Area.International Organization
in the Light of HistoricalExperience, Princeton (NJ), Princeton
UniversityPress, 1968.Pour une présentation synthétique de la
théorie internationale de K. W. Deutsch, voir
Dario Battistella, « L'apport de Karl Deutsch à la
théorie des relations internationales », Revue
internationale de politique comparée, vol. 10,
no 4, 2003, p. 567-585 ; et pour une discussion
critique de la notion de communauté de sécurité, voir
Vincent Pouliot, « Communauté de
sécurité », in Alex Macleod, Louis-Blaise
Dumais-Lévesque, Anne-Marie Durocher (sous la dir.), Dictionnaire
des études de sécurité, Montréal,
Athéna (à paraître en 2004). 
* 110 Emanuel ADLER,
Michael BARNETT (Eds), Security Communities, Cambridge, Cambridge
University Press, 1998. 
* 111Jean-Claude
BERTHELEMY, Jean-Paul AZAM, Calipel Stéphane. Risque politique et
croissance en Afrique. In: Revue économique, Volume 47,
n°3, 1996. pp. 819-829. 
* 112 Michel KOUNOU,
Pétrole et pauvreté au sud du Sahara. Analyse des fondements
de l'économie politique du pétrole dans le Golfe de
Guinée, Yaoundé, Clé, 2006, p. 36. 
* 113 Cité par
Charles KINDLEBERGER, The world in Depression, 1973.(sur la puissance
hégémonique à chercher dans théories et concepts
des RI et dans le dictionnaire des RI) 
* 114 Aicha PEMBOURA,
Le processus de formation de la culture stratégique
camerounaise : Analyse du rôle des Ecoles militaires,
Mémoire de Master2 en Science Politique, Université de
Yaoundé 2-Soa, 2005. 
* 115 Voir article 9 du
décret N° 2005/014 du 13 janvier 2005. 
* 116 Décret n°
2008/179 du 22 mai 2008 du Président de la République du
Cameroun. 
* 117 EIFORCES, Bulletin
Trimestriel d'Analyse Stratégique et Prospective de l'EIFORCES, N°
001, Décembre 2013, p 6. 
* 118 Joseph VincentNTUDA
EBODE, La force en attente dans l'architecture de paix et de
sécurité de l'Union Africaine, Actes du Colloque 2011 sur
« 50 de défense et de sécurité en Afrique :
états et perspectives stratégiques », Yaoundé,
2011. 
* 119
http://www.afriqueexpress.com/homesafex/pagesaccueil/defensesecurite/247exercicemilitaire.htm,
consulté le 20 novembre 2014 à 17h30. 
* 120 Voir
Communiqué de presse SG/SM/9914. AFR/1184. ECO/86 en date du 07 juin
2005. 
* 121
http://www.operationspaix.net/3-fiche-d-information-de-l-organisation-ceeac.html
consulté le 20 juin 2014 à 03h 07. Voir également NGUIMBI
(Rahim Jhan), La place de l'Afrique centrale dans l'architecture de paix et
de sécurité africaine (APSA), Mémoire de Master2 en
Contentieux international, Institut des Relations Internationales du Cameroun
(IRIC), 2012. 
* 122 A l'époque
Francisco Pereira Furtado. 
*
123http://french.peopledaily.com.cn/International/6994400.html
consulté le 20 juin 2014 à 22h 17. 
*
124www.cameroon-tribune.net consulté le 03 juin 2014 à
16h 29. 
* 125Jhan Rahim NGUIMBI,
Op.cit.  
* 126 Lire dans cette
perspective  
CREOLINK Communications, '
SOPECAM
,  16 Septembre 2014 , Rousseau-Joël FOUTE  et dans la rubrique 
National
- 
Politique
, « Hervé Ladsous, SG adjoint aux opérations de
maintien de la paix a été reçu en audience samedi dernier
par le PM ». 
* 127 Ibid. p.4. 
* 128 Entretien directif
exécuté le 23 septembre 2014 à 12h  15 minutes. 
* 129 Entretien directif
exécuté le 23 septembre 2014 à 15h  45 minutes. 
* 130  Entretien directif
réalisé le 23 septembre 2014 à 12h30. 
* 131 Entretien directif
réalisé le 23 septembre 2014 à 18h 24 minutes. 
* 132BORIS BERTOLT,
« Cameroun - Crise centrafricaine: Les 850 soldats camerounais sans
salaires », Mutations,  Yaoundé, 12 Février 2014. 
* 133 Ibid. 
* 134 R. POUTRIER,
« les raisons d'une guerre incivile », Afrique
Contemporaine n°166, avril-juin 1998, p.17  
* 135 Ibid. 
* 136 Ernest Claude
MESSINGA, Op. cit. 
* 137 Luc REYCHLER,
« Les conflits en Afrique : comment les
prévenir ? » in Conflits en Afrique Analyse des
crises et pistes pour la prévention, Bruxelles, coédition
Grip-Editions Complexe, 1997, p.36. 
* 138 Lieutenant-Colonel
Didier BADJECK, chef de division de la communication au ministère de la
Défense, www.cameroun-tribune.cm, consulté le 27 novembre
2014. 
* 139 Francisco Macias
NGUEMA, (1924-1979), fut le premier Président de la République de
Guinée  Equatoriale, (1968-1979). 
* 140 Plan
d'opérations par pays de l'UNHCR, 2006. 
* 141 Rapport inter agences
sur la situation des réfugiés centrafricains-Cameroun, 18-24
Août 2014. 
* 142 Nicolas TENZER,
Qu'est-ce que la politique ?, Paris, PUF, Collection Que
sais-je ? 124 p. 
* 143 Pris dans le sens
« westphalien » du terme. Lucien Bély, l'Europe
des traités de Westphalie, Paris, PUF, 2000, 632p. 
* 144 Nguyen Quoc Dinh, sur
la bonne foi dans les relations internationales, Droit international
public, Paris, LGDJ, 1975. 
* 145 Lire l'article 6 du
pacte d'assistance mutuelle entre les Etats membres de la CEEAC qui dispose que
le COPAX est mis en oeuvre lorsqu'il y a une menace grave à la paix et
à la sécurité dans la sous-région, notamment en cas
de conflit armé entre deux ou plusieurs Etats parties au présent
pacte ; conflit interne susceptible de mettre en danger la paix et la
sécurité dans un autre Etat partie ;conflit interne donnant
lieu à des actes entrant dans la catégorie des crimes
internationaux ; conflit interne menaçant gravement l'existence de
l'Etat concerné. 
* 146 Norbert ELIAS,
 La dynamique de l'Occident, Paris, Calmann-Lévy, 1975. 
* 147 Protocole relatif
à la création du conseil de paix et de sécurité de
l'Union Africaine, 9 juillet 2002, Art 2. 2. 
* 148 L'Union africaine et
la sécurité collective
www.psi.ulaval.ca/publications/sécurité_mondiale/ 
consulté le 24 novembre 2014 à 16h. 
* 149 Résolution 
49/60  du  9  décembre  1994  de  l'ONU. 
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