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Les stratégies camerounaises de gestion des conflits en Afrique centrale. Enjeux et défis.


par Ghislain Marceau BANGA
Université de Yaoundé 2 - Master 2 en sciences politiques 2015
  

Disponible en mode multipage

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LES STRATEGIES CAMEROUNAISES DE GESTION DES CONFLITS EN AFRIQUE CENTRALE : ENJEUX ET DEFIS.

Mémoire présenté et soutenu en vue de l'obtention d'un Master II en Science Politique option : Institution, Relations internationales et Etudes Stratégiques

Par :

Ghislain Marceau BANGA

Sous la direction de :

Eustache AKONO ATANGANE

Docteur en Science Politique

Chargé de cours à l'Université de Yaoundé II

2015

AVERTISSEMENT

L'Université de Yaoundé II n'entend donner ni approbation ni improbation aux opinions contenues dans ce mémoire. Elles doivent être considérées comme propres à leur auteur.

DEDICACES

AVERTISSEMENT

A mon père M. BANGA MFOULOU Enoch, qui m'a imprégné du culte de l'effort et de la recherche de l'excellence.

A ma mère Mme BANGA, née ASSENGONO Bertille Prisca qui m'a appris la persévérance, l'humilité et le partage.

A mon frère et à ma soeur Avenant Carel MFOULOU et Audrey Marcelle MVOTTO, qui n'ont jamais cessé de m'encourager.

REMERCIEMENTS

Pour ce mémoire, nous voulons remercier du fond du coeur notre directeur, le Docteur Eustache AKONO ATANGANE, pour sa disponibilité et sa patience dans le suivi de ce travail.

Nous voulons aussi remercier le corps enseignant du département de Science Politique, pour la qualité de la formation dont nous avons bénéficié.

Notre sollicitude va également à l'endroit des Professeurs André AKAM AKAM et Gérard Martin PEKASSA NDAM, qui nous ont fait comprendre la valeur du travail bien fait.

MM. Gérard ESSO EBENGUE, Isaac ILOUGA, André Noel ESSIANE pour leur soutien multiforme, pour la bonne humeur qu'ils nous ont toujours transmis chaque fois que nous étions à leur côté.

Merci à la famille Véronique Carole ZAM, pour l'encadrement et la chaleur familiale.

Enfin, qu'il nous soit permis de remercier ici Mademoiselle Marvis AMBOMU EBITOH pour son soutien indéfectible. Merci également à tous ceux dont nous n'avons pas cité les noms, vous occupez une place particulière dans notre coeur.

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

AAPS : Architecture Africaine de Paix et de Sécurité

AFRICOM : Commandement Américain pour l'Afrique

AMISOM : Mission de l'Union Africaine en Somalie

BEMS : Brevet d'Etudes Militaire Supérieur

BGFT : Bureau de Gestion du Fret Terrestre

BIR : Brigade d'Intervention rapide

BLC : Base Logistique Continentale

BONUCA : Bureau d'appui des Nation Unies pour la consolidation de la paix en Centrafrique

BSA : Bataillon Spécial Amphibie

BTA : Bataillon des Troupes Aéroportées

CAPED : Centre Africain d'études stratégique pour la Promotion de la Paix et du Développement

CBLT : Commission du Bassin du Lac Tchad

CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale

CEEAC : Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale

CGG : Commission du Golfe de Guinée

CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

CER : Communauté Economique Régionale

CESA : Centre d'Etudes Stratégiques de l'Afrique

CICR : Comité International de la Croix Rouge

COPAX : Conseil de Paix et de Sécurité de l'Afrique Centrale

CPPJ : Centre de Perfectionnement à la Police Judiciaire

CPS : Conseil de Paix et de Sécurité

CPTMO : Centre de Perfectionnement aux Techniques de Maintien de l'Ordre

CREPS : Centre de Recherche d'Etudes Politiques et Stratégiques

CSID : Cours Supérieur Interarmées de Défense

DGSN : Délégation Générale à la Sûreté Nationale

DOT : Défense Opérationnelle du Territoire

DSR : Détermination du Statut de Réfugié

EIFORCES : Ecole Internationale des Forces de Sécurité

FAA : Force Africaine en Attente

FDC : Forces de Défense Camerounaise

FDP : Force Démocratique et Patriotique

FPAE : Fondation Paul ANGO ELA

FOMAC : Force Multinationale en Afrique Centrale

FOMUC : Force Multinationale en Centrafrique

HCR : Haut- Commissariat aux Réfugiés

IRIC : Institut des Relations Internationales du Cameroun

MARAC : Mécanisme d'Alerte Rapide de l'Afrique Centrale

MINATD : Ministère de l'Administration Territoriale et de la Décentralisation

MINDEF : Ministère de la Défense

MINREX : Ministère des Relations Extérieures

MINSANTE : Ministère de la Santé

MINUAD : Mission des Nations Unies Au Darfour

MINURCA : Mission des Nations Unies en République Centrafrique

MINUSCA : Mission des Nations Unies pour la Stabilisation de la Centrafrique

MISCA : Mission Internationale de Soutien à la Centrafrique

MSF : Médecin Sans Frontière

MUAS : Mission de l'Union Africaine au Soudan

OMAOC : Organisation Maritime de l'Afrique de l'Ouest et du Centre

OMI : Organisation Maritime Internationale

OMP : Opération de Maintien de la Paix

ONG : Organisations Non Gouvernementales

ONU : Organisation des Nations Unies

ONUCI : Organisation des Nations Unies en Côte d'Ivoire

OUA : Organisation de l'Unité Africaine

PM : Premier Ministre

RCA : République Centrafricaine

RDC : République Démocratique du Congo

RECAMP : Renforcement des Capacités Africaines pour le Maintien de la Paix

RMIA : Région Militaire Interarmées

SG : Secrétaire Général

UA : Union Africaine

UE : Union Européenne

RESUME

La position géographique du Cameroun dans sa sous-région, du fait de sa centralité, l'expose à de nombreux problèmes sécuritaires. En effet, le Cameroun est perçu comme un îlot de stabilité dans un « océan » de turbulence. Le défi majeur pour ce pays, c'est de préserver cette stabilité qui est bousculée par la transnationalisation des menaces issues des conflits qui « déchirent » les pays qui lui sont voisins. Ainsi, quel est l'intérêt du Cameroun dans ses actions menées en matière de gestion des conflits en Afrique centrale CEEAC ? L'approche systémique fondée sur le raisonnement stratégique des acteurs au sein d'une organisation, démontre qu'ils ont des stratégies qui leurs sont propres. Cela nous permis de percevoir qu'en effet, les actions de gestion des conflits du Cameroun au sein de la CEEAC déterminent sa sécurité interne. Le Cameroun a donc mis sur pieds un certain nombre de stratégies qui lui permettent de gérer les conflits qui se déclarent en Afrique centrale CEEAC. L'esprit de cette action est de déployer dans une dynamique qui vise à assurer à l'extérieur, sa sécurité interne. Mais les écueils sont importants, et ils sont d'autant plus exacerbés à cause du souverainisme sécuritaire qui caractérise les pays de la sous-région. En somme, le défi sécuritaire auquel fait face la sous-région sera mieux géré seulement si les Etats membres ont la réelle volonté de collaboration, qui demande d'aller au-delà de l'ordre Westphalien de la souveraineté.

ABSTRACT

Due to itscentrality in the sub-region, the geographical position of Cameroonisexposed to numeroussecurityproblems. In effectCameroonisperceived as an island of stability in an « ocean » of turbulence. The major challenge Cameroonface'sis to preservethisstabilitywhichisstrapped by trans-nationalization of threatscomingfromconflictswhich « destroys » itsneighboring countries. To thiseffectwhatis the interest of Cameroon in its actions reached in the management of conflictwithin Central Africa ECCAS ? The systemicapprochbased on strategicreasoning of actorswithin an organization shows they have particularstrategies. This enabled us to realizethat in effectCameroon's action within ECCAS in the management of conflictsdeterminesitsinternalsecurity. Cameroon has therefore put in place numerousstrategiesenablingher to manage conflictsspringing in central Africa ECCAS. The spirit of these actions is to deploy in a dynamicwhichaimsatensuringfromwithtoutitsinternalsecurity. But its challenges are important ; they are more over exacerbedbecause of the sovereigncharacter of securitywhichcharacterizes countries of the sub-region. In sum the security challenges faced in the sub-regionwillonlybeefficientlymanaged by member States if thereis a real sense of collaboration whichdemandsgoingbeyond the Westphalianorder of sovereignty.

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE...............................................................1

PREMIERE PARTIE : La stratégie camerounaise de gestion des conflits en Afrique centrale : entre logiques internes d'intérêt national et dynamiques externes de recherche de la paix...............................................................................................22

CHAPITRE 1ER : Le Cameroun dans la gestion des conflits en Afrique centrale : analyse d'une posture rationnelle................................................................................24

Section 1 : Entre la défense des intérêts économiques et la gestion des intérêts politico-institutionnels.......................................................................................26

Section2 :L'attitude géostratégique du Cameroun..........................................33

CHAPITRE 2: Le Cameroun dans la gestion des conflits en Afrique centrale: une dynamique conjoncturelle sous régionale de recherche de la paix........................................41

Section 1 : L'Afrique centrale comme zone d'instabilité permanente et rémanente...43

Section 2 : La contribution du Cameroun aux efforts sous régionaux de gestion des conflits en Afrique centrale : la conjoncture au-dessus de l'intérêt national ?...........................................................................................52

DEUXEME PARTIE : la stratégie camerounaise dans la gestion des conflits en Afrique centrale : une adaptation actuelle aux problématiques sécuritaires contemporaines.................................................................................60

CHAPITRE 3 : Les dynamiques opérationnelles de la participation du Cameroun dans la gestion des conflits..................................................................................................61

Section 1 : Des missions de formation : entre mise à disposition de structures de formation et participation aux exercices conjoints............................................................62

Section 2 : ...À l'envoi des unités constituées sur le théâtre des opérations...............70

CHAPITRE 4 : Analyse des stratégies camerounaises de gestion des conflits en Afrique centrale..................................................................................................85

Section 1 : Examen des capacités camerounaises de gestion des conflits en Afrique centrale CEEAC..................................................................................................86

Section 2 : Perspectives de rationalisation et de coordination avec les pays de la sous-région....................................................................................................97

CONCLUSION GENERALE......................................................................103

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES.........................................................106

LISTE DES ANNEXES..............................................................................113

TABLE DES MATIERES.............................................................................122

INTRODUCTION GENERALE

A - PRESENTATION DU SUJET

Le thème de la conflictualité et de la gestion des conflits enAfrique centralefascine et intéresse encore plus les études de sciencepolitiqueaujourd'hui, à l'heure où il règne dans cette sous-région une insécurité et une instabilité accrues.

Depuis les indépendances jusqu'à nos jours, l'Afrique a connu d'insoutenables atrocités liées aux conflits1(*), un phénomène récurrent dans cette partie du monde.

Les questions sécuritairesenAfrique centrale commencent àse poser avecinsistance audébut des années 90, années où la plupart des Etats de la sous-région sont lancés dans un processus de démocratisation. Les conflits quiy naissent et s'ydéroulent se voient aggraver par la combinaison de plusieurs facteurs2(*) aussi bien internes,qu'externes. Ainsi, la première initiative de sécurisation de la sous- région est pensée avec la création du Comité ConsultatifPermanent des Nations Unies sur les questionsde sécurité, piloté par les Nations Unies. La CEEAC est donc la première plate-forme de gestion des questions sécuritaires3(*)enAfrique centrale.Néanmoins, les récurrences conflictuelles dans cette partie du globe et particulièrement la situation critique de la République Centrafricaine des années 2000, vont nécessiter une gestion plus rapprochée et plus efficace des conflits, donnant ainsi à la CEMACune opportunité de s'affirmer, à travers la Force Multinationale enAfrique Centrale(FOMAC). La CEEAC reprendra la direction des opérations de sécurité grâce au transfert de compétences entre elle et la CEMAC en 20084(*).

C'est dans le cadre de ces différents mécanismes de l'Afrique centrale que le Cameroun se déploie, dans le but de contribuer efficacement à la gestion des conflits. Cela n'est pas toujours aisé dans un contexte où le souverainisme sécuritaire règne en maître absolu, toute chose qui a motivé une pareille étude.

L'ambition de cette étude intitulée « Les stratégies camerounaises de gestion des conflits enAfrique centrale :enjeux et défis »est d'analyser l'action du Cameroun dans la gestion des conflits en Afrique Centrale,et à travers cela,d'entrevoirquelles sont ses ambitions géostratégiques.

Il s'agit ici,decomprendrecomment le Cameroun s'implique, et quels instruments mobilise-t-ilen ce quiconcerne la gestion des conflits dans sa sous-région, au vu desa positiongéostratégique.Si les conflits sont désignés comme le principal frein à l'émergence économique et social de l'Afrique centrale, il va sans dire que la problématique de la gestion de ces conflitsen son sein5(*)s'impose pour le Cameroun; surtout quand les conflitsgénérés dans les pays voisins sont des conséquences néfastespour ses intérêts nationaux.

Finalement, ce qui se joue pour le Cameroun à travers sa politique de résolution des conflits enAfrique Centrale, c'est l'établissement de la sécurité le long de ses frontières. Etant entendu que les périodes conflictuelles sont aussi des moments qui favorisent des flux importants de réfugiés, il est aussi important de densifier le contrôle des mouvements de bandes armées qui échappent le plus souventaux forces militaires chargées de sécuriser les frontières. Au regard de l'actualité conflictuelle dans certains paysvoisins du Cameroun, et notammentlaRCA où il règne depuisquelques années uneinstabilité chronique, le Cameroun est clairement affecté d'une certaine façon. Si on associe à cela l'insécurité transfrontalière qui se manifeste par la montée en puissance du phénomène «BokoHaram »6(*),et les exactions des « coupeurs de route », on comprend pourquoi le Cameroun a modifié sa carte sécuritaire .Il s'est posé pour le pays, la nécessité d'agir à travers un appareillage politico-institutionnel, diplomatique, voire militaire, support de légalisation de son action dans la sphère conflictuelle de la sous-régionAfrique Centrale.

B - INTERET DE L'ETUDE

Cette réflexion revêt un double intérêt : un intérêt scientifique et un intérêt pragmatico-politique.

L'intérêt scientifique de ce travail réside dans le fait qu'il apporte une autre lecture de la gestion des conflits en Afrique Centrale par le Cameroun, donc une compréhension complémentaire à l'encadrement du dispositif textuel sur le plan de sa responsabilité et de l'étendue des interventions des acteurs étatiques en matière de gestion des conflits.

L'intérêt pragmatico-politique, et même stratégique de cette étude, repose sur le fait qu'elle pourra permettre d'évaluer le dispositif sécuritaire camerounais, mais surtout, son dispositif de prévention et de gestion des conflits conformément aux engagements juridiques internationaux y relatifs7(*). Scientifiquement, cette étude permet de ressortir la portée des actions prises par le Cameroun sur les questions de gestion des conflits, faire une relance du débat à ce niveau ;sans invalider les travaux antérieurs sur la question. Il s'agit donc de s'inscrire à la suite des débats en cours, tout en y apportant notre vision de la situation.

Les décideurs camerounais peuvent, s'ils le jugent important, faire des ajustements sur le plan managérial, en créant un nouvel agenda des politiques publiques de leurs stratégies de gestion des conflits en Afrique centrale, basé sur les analyses et recommandations émises dans le cadre de ce travail.

Il est question ici de mettre en lumière les dysfonctionnements des stratégies de gestion des conflits du Cameroun en Afrique centrale, afin de mieux les viabiliser.

C - CLARIFICATIONS CONCEPTUELLES

La recherche en sciences sociales et tout particulièrement en science politique, pose le problème fondamental de la maîtrise des concepts qui, généralement donnent lieu à plusieurs interprétations de la réalité sociale.

Les concepts sont des objets complexes, construits et produits pour rendre compte d'une réalité. Pour comprendre et expliquer le fondement de la recherche en science politique, toute étude gagnerait avant d'être engagée, de satisfaire à une exigence de clarification des mots et vocables clés. Ceci permet une bonne lisibilité ainsi qu'une bonne compréhension du sujet et de sa thématique, opérationnalise les concepts, tout en fixant par les différentes définitions qu'elle propose, le lectorat sur le sens sous lequel lesdits concepts seront compris dans le cadre d'un travail scientifique.

Ainsi, c'est dans un souci de limiter toutes confusions, que la définition de chaque concept opératoire s'impose à nous. Emile DURKHEIM ne soulignait-il pas déjà que «  la première démarche du sociologue ( et de tout homme de science ) doit être de définir les choses dont il traite, afin que l'on sache et qu'il sache de quoi il est question? »8(*). Pour cet auteur en effet, c'est la première et la plus indispensable condition de toute vérification.

C'est pourquoi en accord avec ces quelques prescriptions d'ordre méthodologique, nous avons jugé nécessaire, voire indispensable, de clarifier les concepts de «  stratégie », de « gestion  des conflits », « l'Afrique centrale » mais aussi les notions d'« enjeux » et de « défis » .

1 - Le concept de « stratégie »

Le Général français André BEAUFRE9(*), pense que la stratégie est la dialectique des volontés employant la force pour résoudre un conflit.

Mais le dictionnaire des relations internationales10(*), présente la stratégie comme étant la partie de la science militaire qui concerne la conduite générale de la guerre et l'organisation de la défense d'un pays ; opérations de grande envergure, élaboration des plans offensifs et défensifs en fonction des effectifs, des moyens logistiques, du potentiel industriel, des données géographiques à grande échelle, des facteurs diplomatiques, politiques, etc.

La question que pose la plupart des stratèges militaires est : comment parvenir, au moindre coût et le plus rapidement possible, à mettre hors de combat - ce qui ne signifie pas nécessairement détruire - les forces armées adverses ?

Il faut néanmoins dire que ce concept n'a pas qu'une dimension politico-militaire. En réalité, on parle de stratégie dans plusieurs autres domaines tels que l'industrie, l'entreprise, la finance. On parle également de stratégie électorale, industrielle, commerciale etc. Force est donc de constater que la stratégie a subi à chaque fois une adaptation en fonction des divers champs où l'on l'utilise. Thierry DE MONTBRIAL quant à lui, définit la stratégie comme« la science (si l'on choisit de mettre l'accent sur le savoir et sur la méthode,) ou l'art (si l'on privilégie l'expérience) de l'action humaine finalisée, volontaire et difficile »11(*). On perçoit ici une forte dimension politique qui renvoie à une « ligne de conduite, c'est-à-dire un enchainement de prises de positions et une séquence cohérente d'actions et comportements »12(*), en vue de la réalisation d'un objectif précis et déterminé.

Dans notre travail, nous allons considérer la stratégie comme une manière d'organiser, ou de mener une action pour arriver à un résultat probant.

2 - Le concept de« gestion des conflits »

Les conflits, selon Thierry TARDY13(*), sont des oppositions entre individus, groupes ou Etats sur des idées, valeurs, biens matériels ou positions de pouvoir. «  Le conflit sous-entend l'idée d'interaction entre acteurs dont les positions sont antagonistes et le changement dans leurs rapports de force »14(*). C'est une « hostilité ou lutte entre groupessociaux, entre Etats, n'allant pas jusqu'au conflit armé et sanglant, que l'on oppose souvent à la guerre politique militaire »15(*). Il n'implique pas par définition une relation violente, mais sous-entend le plus souvent l'idée d'intentions hostiles dont la traduction en action violente fait partie des hypothèses d'évolution ou de sortie de conflit. Ainsi, un conflit entre personnes, groupes sociaux ou parties politiques peut être violent ou non. Le conflit peut être appréhendé comme un état pathologique ou comme un état de fait inhérent aux rapports sociaux, relevant de processus et de décisions rationnels ou non16(*).

Ainsi donc,la gestion des conflits implique une série d'actions visant au rétablissement d'une forme de normalité. Thierry TARDY pense que « Dans son acception contemporaine, c'est-à-dire telle qu'appréhendée depuis la fin de la Guerre froide, la gestion de crise et de conflit décrit l'ensemble des politiques mises en oeuvre par un ou plusieurs acteurs externes à la crise et visant à prévenir la crise, à traiter une crise ou un conflit ouvert et ses conséquences, ou à aider les Etats et sociétés touchés par une crise ou un conflit à rétablir une situation de normalité ou à consolider la paix après que le conflit a cessé. »17(*)

La gestion de conflit est un ensemble constitué de la prévention des conflits et la médiation, le rétablissement, l'imposition et la consolidation de la paix. Elle consiste non seulement à l'envoi des émissaires avant, pendant et après un conflit ; mais également à l'envoi des contingents constitués pour une interposition ou une imposition de la paix. Ces contingents peuvent aussi avoir des spécialistes ayant pour rôle, la formation des militaires aux techniques de guerre et au respect du droit de la guerre. Enfin il y a le volet de la prise en charge des victimes et des réfugiés de guerre.

3 - Le concept d'« Afrique centrale »

L'Afrique centrale est la région médiane de ce continent qui va du Sud du Sahara à la vallée du rift, en passant par l'est du bouclier ouest-africain. L'Afrique centrale comprend les pays suivants : l'Angola, le Cameroun, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, Sao Tomé-et-Principe et le Tchad ; mais parler de l'Afrique centrale revient également à parler des deux instances communautaires qui s'y trouvent.

Le référent « Afrique centrale » véhicule une ambiguïté certaine due au fait que, dans cette sous-région, l'on retrouve deux instances différentes qui prétendent représenter l'identité sous régionale. Il s'agit en l'occurrence, de la Communauté Economique et Monétaire d'Afrique Centrale (CEMAC) et la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC).

Au-delà de la synonymie dans les appellations, on note une confusion des missions que s'assignent ces structures. Ainsi, la mission essentielle de la CEMAC est de promouvoir un développement harmonieux des Etats membres dans le cadre d'une Union Economique et d'une Union Monétaire, tandis que la CEEAC a pour objectif ultime d'établir un marché commun aux Etats de l'Afrique centrale. On voit à l'évidence que toutes les deux, ces organismes recherchent le développement économique de la sous-région et poursuivent des objectifs certes, diffèrent dans l'énonciation, mais identiques dans le fond  »18(*).

Nous concentrerons notre étude à la CEEAC, au sein de laquelle on peut noter une certaine activité du Cameroun en matière de gestion des conflits en Afrique centrale, et qui est le cadre adéquat défini par le plan de Lagos de l'OUA en 1982. La CEMAC quant à elle, ne comporte pas les mêmes particularités, et ne saurait donc nous satisfaire dans le cadre de cette recherche.

4 - Le concept d'« enjeu »

Le dictionnaire Larousse définit l'enjeu comme étant une somme d'argent,que l'on met en jeu en commençant la partie et qui doit revenir au gagnant. C'est un objet que l'on risque dans une partie de jeu ou encore ce que l'on peut gagner ou perdre dans une entreprise19(*). Cette définition donne déjà évidemment un bon aperçu du concept, ce qui nous convient d'appréhender comme une projection faite par un individu, inscrit dans un système de jeu, dans lequel il mobilise un ensemble de ressources, des opportunités et des avantages en vue d'obtenir des gains matériels ou immatériels.

Dans cet ordre d'idée, la théorie des jeux20(*) qui, elle se décline en une trilogie structurée en trois tendances dont la première porte sur le jeu à somme non nul ; ici, les individus engagés dans le jeu s'inscrivent dans une logique éminemment conflictuelle dans laquelle certains sont appelés à gagner ou à perdre. La deuxième est celle du jeu coopératif et non coopératif, où on étudie la formation de coalitions entre les joueurs afin d'obtenir de meilleurs résultats pour les membres et enfin le jeu mixte, celui-ci implique plutôt aux logiques du marchandage, voire de chantage. Pour ainsi dire, le concept d'enjeu renvoie directement aux stratégies, aux planifications à l'organisation et à la coordination par un acteur, d'un ensemble d'actions en vue d'atteindre un objectif pertinent.

5 - Le concept de « défi »

Un défi peut être considéré comme étant une entreprise difficile, qui met à l'épreuve les capacités ou les compétences d'une personne ou d'un groupe de personnes dans un domaine particulier. C'est un problème que pose une situation et que l'on doit surmonter.

Il s'agit ici de montrer les difficultés auxquelles le Cameroun fait face, quant à ce qui est de son action en matière de rétablissement, d'imposition et de consolidation de la paix.

D - DELIMITATION DU CHAMP D'ETUDE

Le présent travail sera délimité dans une double dimension, à savoir : la délimitation spatiale(1), et la délimitation temporelle (2).

1 - Délimitation spatiale

Cette étude s'appesantira sur l'espace géographique qu'est l'Afrique centrale, qui elle-même est tout un concept. Ce concept peut être considéré comme étant à « géométrie variable »21(*), c'est dire que l'Afrique centrale n'a pas d'objet géographique clairement identifié. Le concept est variable selon les contextes, les auteurs et les époques. En effet, l'Afrique centrale renferme en son sein, deux organisations à savoir : la CEMAC, qui a un caractère plus économique et la CEEAC qui, bien qu'ayant elle aussi une certaine vocation économique, est une instance disposant d'un organe spécialisé dans la promotion, le maintien et la consolidation de la paix et de la sécurité22(*), d'où l'intérêt que nous lui portons dans le cadre de ce travail.  La CEEAC se compose donc de onze Etats : l'Angola, le Burundi, le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Congo Démocratique,le Gabon, la Guinée Equatoriale, le Rwanda, Sao Tomé & Principe, et le Tchad. Tous ces pays couvrent une superficie de 6 666 938Km², et une population de 134 119 063 d'habitants23(*). Avec ses diverses ressources naturelles, l'Afrique centrale est un foyer de conflits (dus parfois aux convoitises suscitées par ses multiples richesses) multiformes, allant des crises de gouvernance aux crises frontalières, en passant par celles dites sociales.

Notre intérêt pour cette zone de l'Afrique tient également au fait que plusieurs mécanismes de gestion des conflits y ont été mis sur pieds par l'ONU, mais ont connu des résultats mitigés.

2 - Délimitation temporelle

Bien que les problèmes sécuritaires aient commencé à se poser avec insistance dans les années 1990, avec l'effondrement du bloc communiste, et la fin de la guerre froide, nous allons nous intéresser à cette période qui va de 1990 à 2014, mais en mettant une emphase sur l'année2008.

Cet intérêt tient au fait que l'année 2008 a été marquée par l'envoi par le Cameroun, des contingents constitués en lieu et place d'observateurs comme par le passé. En effet, « le 22 mai 2008, des unités constituées de l'armée camerounaise prennent pour la première fois part à une OMP en République Centrafricaine, dans le cadre de la Force Multinationale de la CEMAC (FOMUC) »24(*). Il serait intéressant de voir comment le Cameroun s'est déployé dans le but de gérer non seulement cette situation, mais aussi les différentes crises qui surviennent en Afrique centrale.

Notre travail n'a pas pour but de faire une compilation exhaustive des conflits et de leur gestion en Afrique centrale, il ne se recoupe pas non plus aux seules Opérations de Maintien de la Paix (OMP), mais porte plutôt sur un plan plus globalisant qu' est la gestion des conflits dans toute sa dimension par le Cameroun, avec les différentes étapes qui la constitue. Il s'agit de voir en effet, comment le Cameroun intervient dans la sous-région Afrique centrale, et si ces interventions lui permettent d'atteindre ses objectifs de paix, de sécurité et de préservation de ses intérêts nationaux.

E - REVUE DE LA LITTERATURE

« Lorsqu'un chercheur entame un travail, il est peu probable que le sujet n'ait jamais été abordé par quelqu'un d'autre auparavant, au moins en partie ou indirectement. On a souvent l'impression qu'il n'y a « rien sur le sujet » mais cette opinion résulte généralement d'une mauvaise information. Tout travail de recherche s'inscrit dans un continuum et peut être situé dans ou par rapport à des courants de pensée qui le précèdent et l'influencent. Il est donc normal qu'un chercheur prenne connaissance des travaux antérieurs qui portent sur les objets comparables et qu'ils soient explicite sur ce qui se rapproche et sur ce qui distingue son propre travail de ces courants de pensée. »25(*)

La question de la gestion des conflits en Afrique Centrale a suscité l'intérêt de nombreux chercheurs, les étudiants et même les ONG ne sont pas restées insensibles aux problèmes y relatifs. Aussi, la littérature sur cette question est assez diversifiée. Malheureusement, peu de publications évoquent l'action du Cameroun dans ce domaine. Malgré cette carence, quelques travaux ont retenu notre attention.

Ces travaux soulèvent des thématiques fondamentales à la compréhension des « mutations » en matière de gestion des conflits en Afrique médiane. Chacun dans sa spécificité adopte une approche particulière.

Dans le cadre de notre travail, nous avons répertorié des travaux à la fois généraux sur les opérations de maintien de la paix (OMP) et d'autres sur l'action de l'armée camerounaise.

Ainsi, certaines productions ont retenu notre attention, il s'agit notamment des travaux de Master II en stratégie, défense, sécurité, gestion des conflits et des catastrophes de ASSILA TSED. Les travaux de Master II en Relations Internationales, option Diplomatie de AHOUDOU GARBA nous ont également intéressé, tout comme ceux de EKINDI NGWEN Manfred François et les travaux de MEVONO NGOMBA Dieudonné Jules26(*)

Pour ASSILA TSED27(*), il s'est agit de donner les modalités du déploiement militaire camerounais dans le processus international de reconstruction de la paix au Soudan.

Il relève ainsi trois principales difficultés liées à ce déploiement, et dues à l'environnement : il s'agit des difficultés conjoncturelles, politiques et logistiques qui entravent considérablement ce type d'opérations pour les forces armées camerounaises. ASSILA TSED pense que des « aménagements structurels » s'imposent au sein de l'armée, pour capitaliser de manière efficiente toutes les ressources offertes par cette projection des forces armées sur la scène internationale.

AHOUDOU GARBA28(*) quand à lui, pense que «  le Cameroun est un acteur mineur et inhabituel dans le champ des opérations de maintien de la paix. Il mobilise la théorie réaliste pour dire que les dynamiques internationales ont forcément une influence sur la politique interne, mais qu'il est important de toujours préserver sa volonté de faire valoir ses intérêts. Pour lui, le Cameroun doit revoir sa stratégie de moindre implication dans les OMP, pour pouvoir tirer avantage des bénéfices symboliques que confèrent l'implication dans le champ complexe de celles-ci.

Notre intérêt s'est également porté aux travaux de EKINDI NGWEN Manfred François29(*),ce dernier s'intéresse à l'action du Cameroun dans la prévention des conflits en Afrique centrale. Il présente ainsi la conférence des Chefs d'Etats tenue en février 1999 à Yaoundé au Cameroun, comme l'un des moments majeurs liés à cette action. En effet, la conférence de Yaoundé a été le cadre de mise en place du Conseil de Paix et de sécurité en Afrique centrale, en abrégé COPAX qui est un « organe politico-militaire de la CEEAC en matière de promotion, de maintien et de consolidation de la paix et de la sécurité au niveau sous régional ».

C'est un travail qui, en ce qui est de la participation du Cameroun dans la mise en place des mécanismes de prévention des conflits, apporte certains éclaircissements, mais un travail qui reste plus descriptif qu'analytique. De plus, il ne s'intéresse pas aux stratégies de gestion des conflits en Afrique centrale déployées par le Cameroun.

Nous avons enfin porté notre attention aux travaux de MEVONO NGOMBA Dieudonné Jules30(*). Il mobilise les théories réalistes, l'interdépendance et le constructivisme, pour présenter sa pensée. MEVONO postule en effet que 2008 est une année charnière pour le Cameroun, car le 22 mai 2008, l'armée camerounaise a effectué pour la première fois, une opération de maintien de la paix ; c'était en République Centrafricaine. Pour lui, « en décidant d'engager d'avantage son armée dans la recherche de la paix en zone Afrique centrale, l'Etat camerounais a inscrit les fondements de son action dans une logique qui oscille entre la préservation de ses intérêts vitaux et la recherche d'une paix durable »31(*).

De ce qui précède, il se dégage deux principales tendances : d'abord ceux qui pensent que l'action du Cameroun est minime, vu que c'est un acteur inhabituel dans la construction de la paix. Ensuite il y a la frange de ceux qui pensent que le Cameroun commence à s'impliquer de façon plus importante.

Au lieu de se poser sur l'un de ces deux courants, nous avons opté pour une approche différente. En effet, les conflits entrainent plusieurs fluctuations et des contraintes. Ces aspects sont pris en compte avant pendant et après les conflits. Nous nous proposons de voir quelles institutions interviennent, et comment elles le font. Cette gestion est-elle bénéfique pour le Cameroun ?

Il est question d'inscrire la présente étude dans une approche historique dont la finalité sera de saisir dans le temps, les stratégies du Cameroun en matière de gestion des conflits en zoneCEEAC. Cela nous permettra par la suite d'évaluer la constance de ses interventions qui,routinisées, permettrons probablement au final d'en arriver à la conclusion de l'existence d'une véritable stratégie de gestion des conflits du Cameroun en zone CEEAC.

F - cadre théorique de l'étude

La théorie est un corps de savoirs permettant d'ancrer la recherche dans la suite de l'immense masse de ce qui est déjà su. Ainsi, au plan théorique, la nécessité d'intégrer notre travail dans le champ d'investigation des relations internationales et du jeu de la puissance, nous invite à convoquer les théories réaliste(1), et constructiviste(2).

1 - Le réalisme

Thomas HOBBES, et d'autres réalistes comme lui considèrent la société internationale comme une société anarchique, par opposition aux sociétés nationales au sein desquelles il existe un pouvoir organisé par l'Etat, garant de l'ordre et de la paix sur la base du contrat social. L'impossibilité d'une telle organisation sur la scène internationale entraine une situation d'anarchie caractérisée par la méfiance entre les Etats et le recours à l'usage de la force plutôt que la confiance et le droit.

Le réalisme en terme d'intérêt national, devrait nous permettre d'expliquer les attentes et aspirations du Cameroun en Afrique centrale à résoudre ou à gérer d'éventuels conflits qui surviendraient dans la zone. D'ailleurs Yves LACOSTE32(*) dit, pour interpréter les comportements des Etats sur la scène internationale, que ces derniers sont en permanente rivalité, cherchant à obtenir ou développer les moyens de la puissance en contrôlant des territoires et les peuples qui les détiennent. Par ailleurs, toute action de l'Etat s'inscrit dans une logique permanente de survie, avec pour expression par excellence dans le concept d'intérêt. « pris dans un sens rationnel, il postule le calcul de l'investissement dans l'action pour en apprécier la rentabilité attendue. Trop coûteuse, il faut l'éviter, bénéficiaire, il faut l'engager »33(*). Avec pour finalité, d'assoir sa puissance face aux autres acteurs des relations internationales.

2 - Le constructivisme

Le constructivismeest employé dans cette démarche pour l'analyse constructiviste des stratégies camerounaises de gestion des conflits. Cette théorie aborde la formation particulière d'analyse constructiviste développée par l'école de Copenhague, qui s'intéresse précisément à l'étude des questions de sécurité.

Les auteurs tels que Emile DURKHEIM à travers son explication des faits sociaux, Max WEBER et sa compréhension des faits et la construction sociale de la réalité de Peter BERGER et Thomas LUCKMANN, ont certainement contribué à donner de la consistance au constructivisme.

Emile DURKHEIM postule que l'explication d'un fait doit être de nature sociologique. Selon lui, « la cause déterminante d'un fait social doit être recherchée parmi les faits sociaux antécédents, et non parmi les états de la conscience individuelle »34(*). La sociologie compréhensive de WEBER permet d'avoir une autre conception de la réalité sociale. Selon lui, une « activité est un comportement humain ( peu importe qu'il s'agisse d'un acte extérieur ou intime d'une omission ou d'une tolérance ), quand et pour autant que l'agent ou les agents lui communiquent un sens subjectif. Et par activité « sociale », l'activité qui, d'après son sens visé par l'agent ou les agents, se rapporte au comportement d'autrui, par rapport auquel s'oriente son déroulement »35(*). Peter BERGER et Thomas LUCKMANN pensent que la réalité sociale est une construction. Autrement dit, la réalité sociale n'est pas exclusivement une donnée figée, elle peut aussi être une construction.36(*)

Le constructivisme postule que les structures sociales sont prioritairement déterminées par les idées que partagent les agents plutôt que par les rapports matériels existant entre eux. Ainsi, les intérêts et les identités des acteurs sociaux ne sont pas des données préalables aux interactions sociales et qui s'imposent une fois pour toutes aux acteurs, mais ils sont construits par les idées, normes, valeurs, connaissances, que ces derniers partagent, par cette culture dans laquelle ils sont ancrés. Qu'il soit moderne ou structuraliste, le constructivisme repose sur quatre postulats : 1) les intérêts et les motivations des Etats ne sont pas donnés mais constitués par des identités, 2) les Etats agissent selon des identités et donc des croyances ou des normes « intersubjectives » car rationnelles, 3) la signification de ces identités et de ces relations évolue historiquement par la pratique et les discours, les interactions des Etats, 4) enfin, la structure du système international influence les comportements des Etats autant que ceux-ci sont capables d'influencer la structure de leur environnement.37(*)

Les stratégies camerounaises de gestion des conflits sont susceptibles de faire l'objet d'une construction, en fonction des intérêts et de l'identité des acteurs de la société dans laquelle se trouve le Cameroun.

G - La problématique et les hypothèses

Il s'agit ici de présenter notre problématique (1) et nos hypothèses de travail (2) qui certainement, seront les matrices de notre réflexion.

1 - La problématique

L'objectif visé par la présente étude faut-il le rappeler, est de mettre en évidence l'action du Cameroun dans les opérations de gestion des conflits en Afrique centrale.A cet effet, il est judicieux pour nous d'avoir pour point de départ, un questionnement qui nous permettra de mener à bien notre démonstration.

Raymond QUIVY et Luc VAN CAMPENHOUDT perçoivent la problématique comme étant «... l'approche ou la perspective théorique que l'on décide d'adopter pour traiter le problème posé par la question de départ » 38(*). C'est également « définir un objet et opter pour un mode d'approche de cet objet, (...) c'est bien enfin le cadre personnel à partir duquel se précise la question de départ »39(*). Partageant ces préalables, tout en gardant à l'esprit que la recherche ouvre la voie à la théorisation, et que la théorie mène à la science, les deux permettant d'identifier des connaissances nouvelles et de mettre au point des outils de travail nouveau, nous tiendrons compte de la pesanteur des problématiques existantes dans le champ social de la gestion des conflits. L'observation de la contribution du Cameroun permet d'être attentif sur les angles d'approche de son action dans la mesure où la théorie n'est pas un savoir fixe.

Si l'on peut « constater d'une part, la multiplicité et la récurrence des conflitset des situations conflictogènes et belligènes qui divisent davantage les pays de la sous-région et, d'autre part une diversité de projets (FOMUC, FOMAC) pilotés par des initiatives différentes et concurrentes (CEMAC, CEEAC), poursuivant certes le même objectif mais évoluant dans des logiques différentes et parfois contradictoires40(*), il est intéressant de savoir comment se comporte le Cameroun face aux questions de gestion des conflits dans sa sous-région. Ainsi, la question principale qui a retenu notre attention est celle de savoir : quel est l'intérêt du Cameroun dans ses actions menées en matière de gestion des conflits en Afrique centrale CEEAC ?

Deux interrogations subsidiaires peuvent également être soulignées à ce niveau. La première question est celle de savoir si l'implication du Cameroun est-elle construite dans le cadre d'une vision stratégique, ou est-elle une adaptation conjoncturelle?la seconde question est  celle de savoir sile Cameroun dispose des moyens adéquats pour s'impliquer efficacement dans la gestion des conflits en Afrique centrale ?

Ces perspectives théoriques constituent les axes d'interprétation du réel que nous avons choisis pour la formulation de nos hypothèses de recherche.

2 - Les hypothèses de travail

Eléments fondamentaux de tout travail scientifique, les hypothèses sont des tentatives de réponses anticipées, aux questions théoriques ou observations empiriques posées par la problématique. D'ailleurs, à ce sujet, Raymond QUIVY et Luc VAN CAMPENHOUDT41(*) écrivent qu' « il n'est d'observation ou d'expérimentation qui ne repose sur des hypothèses ». Ils concluent qu'« une  hypothèse est une proposition provisoire, une présomption qui demande à être vérifiée ». Etant donnée qu'elle est l'explication provisoire d'une réalité, l'hypothèse prend naissance dans la problématique et, doit être confirmée ou infirmée à la fin par les résultats de l'étude, ce qui fait d'elle un outil de sélection pour le chercheur car elle aide ce dernier à choisir les faits, à les interpréter et à suggérer les procédures de recherche.

L'hypothèse centrale autour de laquelle s'aménage notre travail de recherche est quele Cameroun s'engage dans la gestion des conflits pour la préservation de ses intérêts nationaux et pour garantirla paix et la sécurité sous régionale.

Les hypothèses secondaires retenus sont les suivantes : les interventions du Cameroun épousent bien une vision stratégique construite sur le plan institutionnel. En outre, on pourrait dire que le Cameroun, au vue de sa participation de plus en plus importante dans le processus de gestion des conflits, dispose des moyens nécessaires pour mener à bien sa politique d'intervention en Afrique centrale.

H - METHODE ET TECHNIQUES D'ANALYSE

Toute entreprise de recherche scientifique, invite toujours le chercheur à faire recours à des méthodes et techniques, qui conviennent à l'étude de son objet d'analyse.

Par définition, «  La méthodeest perçue comme l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles, une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les démontre, les vérifie »42(*) ;c'est le préalable à toute discipline scientifique. L'on ne saurait parler de science sans méthode car, elle en constitue la caractéristique fondamentale, l'essence qui clarifie la démarche adoptée ou à adopter. Dans ce sens, Gaston BACHELARD affirmait fort opportunément que « la méthode est la politesse élémentaire de l'esprit scientifique »43(*). Il s'agit au sens large d'aider le chercheur à comprendre, non pas le résultat de la recherche scientifique, mais le processus de la recherche lui-même. Les considérations méthodologiques comprennent à la foisle modèle opératoire(1) et l'approche méthodologique(2).

1 - Modèle opératoire

Pour rendre compte de notre objet d'étude, nous avons utilisé la méthode systémique. L'approche qui nous semble pertinente pour atteindre nos objectifs est celle du raisonnement stratégique, telle que présentée par Michel CROZIER et Erhard FRIEDBERG. En effet, le Cameroun appartient à une organisation qui est la CEEAC et,  « les participants d'une organisation peuvent être considérés comme des acteurs ayant chacun leur propre stratégie (...) du point de vue des objectifs que prétendent ou même que semblent poursuivre ces acteurs, leur comportements peuvent paraître irrationnels. Ils ne prennent de sens que si on relie aux chances de gains et de pertes qu'ils avaient réellement dans le ou les jeux qu'ils jouent les uns avec les autres. (...) Le phénomène sociologique fondamental de l'intégration des comportements du même ensemble social se trouve ainsi analysé dans le cadre organisationnel comme un processus indirect par lequel les acteurs se trouvent contraints, s'ils veulent gagner ou au moins minimiser leurs pertes, d'adopter une stratégie  « gagnante », c'est à dire rationnel pour eux de se plier aux exigences du jeu et qu'ils en arrivent ainsi, quelles que soient leurs motivations de départ, à concourir finalement aux buts communs »44(*). Il n'est donc pas exclu que le Cameroun se comporte en acteur stratégique au sein de la CEEAC.

2 - L'approche méthodologique

L'approche méthodologique comporte d'une part les techniques de recherches (a) et d'autre part, les techniques d'analyse des données (b) .

a - Les techniques de recherche

Dans le cadre de ce travail, nous avons opté principalement pour la technique documentaire. Elle consiste essentiellement à la recherche dans les bibliothèques et sur internet. Ainsi, nous avons consulté un nombre important de documents dans les bibliothèques de la fondation Paul ANGO ELA (FPAE), du centre de recherche d'études politiques et stratégiques (CREPS) à l'Université de Yaoundé II, de l'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) et du centre africain d'études stratégiques pour la promotion de la paix et du développement (CAPED), toutes choses qui nous ont permis de mener à bout cette recherche.

En plus de cette recherche documentaire, il faut également dire que nous avons eu recours aux entretiens avec des responsables de certaines structures, telles que le Ministère des relations extérieures (MINREX), le Ministère de l'administration territoriale et de la décentralisation (MINATD), à travers la Direction de la protection civile, et aussi les responsables du Ministère de la défense (MINDEF).

2 - L'analyse des données

Dans cette phase, notre objectif est d'obtenir un corpus d'informations qualitatives devant nous permettre de vérifier la vraisemblance des explications théoriques que nous avons énoncées. Une fois élaboré, ce corpus d'informations doit comporter la liste détaillée des faits et des référents concrets des explications théoriques puisque c'est à travers leur correspondance que nous allons confirmer nos hypothèses.

I - ANNONCE DU PLAN DE TRAVAIL

Partant des hypothèses de travail avancées et en nous fondant sur l'analyse des données collectées, notre raisonnement s'est bâti sur deux principales parties, chacune articulée autour de deux axes. La première partie consiste à montrer que la gestion des conflits en Afrique centrale du Cameroun est motivée par la préservation de ses intérêts nationaux (Chapitre 1) et que son action dans cette gestion relève d'une dynamique conjoncturelle (Chapitre 2).La deuxième partie quant à elle s'attèle à montrer d'une part la recomposition des problématiques sécuritaires et le redimensionnement de l'action du Cameroun dans la gestion des conflits en Afrique centrale (Chapitre 3), et d'autre part, elle fait une évaluation des capacités camerounaises de gestion des conflits dans la sous-région Afrique centrale (Chapitre 4).

Les deux grandes articulations sus mentionnées se déclinent sous les formulations suivantes :

Première partie : La stratégie camerounaise de gestion des conflits en Afrique centrale : entre logiques internes d'intérêt national et dynamiques externes de recherche de la paix.

Deuxième partie : La stratégie Camerounaise dans la gestion des conflits en Afrique centrale : une adaptation aux problématiques sécuritaires contemporaines, entre potentialités et insuffisances.

PREMIERE PARTIE :

LA STRATEGIE CAMEROUNAISE DE GESTION DES CONFLITS EN AFRIQUE CENTRALE : ENTRE LOGIQUES INTERNES D'INTERET NATIONAL ET DYNAMIQUES EXTERNES DE RECHERCHE DE LA PAIX

De 1990 jusqu'au début des années 2000, un certain nombre d'initiatives allant dans le sens de la construction de la paix ont été mises en oeuvre45(*). Il s'agissait effectivement pour le système international, d'enrayer le cycle de production de la violence, qui a été observé avec le déclenchement des première et deuxième guerre mondiale. Plus encore, les conflits sont devenus monnaie courante dans différentes parties du monde, requérant ainsi l'implication des organisations sous régionales à l'instar de la CEEAC en Afrique centrale, et d'autres organisations à travers le monde. Les Etats ont sans doute une forte partition à jouer dans cette recherche de la paix et de la sécurité, il va donc sans dire que chaque Etat a un ensemble de stratégies de gestion des conflits qui lui sont propres ; la sécurité étant d'abord individuelle avant d'être collective.

Il est important de comprendre que « les facteurs de risque, d'instabilité, de vulnérabilité et les menaces qui pèsent dans un environnement, sont complexes et interdépendants. Les menaces sapent la sécurité à tous les niveaux. Sur le plan horizontal, elles touchent aux domaines sociaux, politiques, économiques, environnementaux, et ciblent une collectivité locale, une nation, une communauté régionale ou mondiale. »46(*). Ainsi, il se pose la nécessité de voir la posture du Cameroun dans la gestion des conflits en Afrique centrale : analyse d'une posture rationnelle (chap. 1) et la gestion de ces conflits comme une dynamique conjoncturelle (chap. 2).

CHAPITRE I 

LE CAMEROUN DANS LA GESTION DES CONFLITS EN AFRIQUE CENTRALE : ANALYSE D'UNE POSTURE RATIONNELLE.

La posture rationnelle de l'Etat du Cameroun en matière de gestion des conflits en Afrique centrale, se traduit par une posture duale dans les interventions camerounaises. Cette dualité est une vision globale qui associe les dimensions internes et externes de la sécurité face aux menaces sous régionales multiples. C'est ainsi que le dispositif sécuritaire du Cameroun est passé d'une posture de garde, à une posture d'avant-garde. Cette réactualisation a été conceptualisée par Ernest Claude MESSINGA47(*).

Le défi ici, est de pouvoir combiner de manière satisfaisante, la politique de déploiement de l'armée camerounaise sur le terrain des opérations de maintien de la paix, mais aussi plus globalement, sa stratégie de gestion des conflits en Afrique centrale et sa posture qui se veut rationnelle pour bénéficier durablement des retombées de ces interventions dans la sous-région.

Il s'agit donc d'une adaptation des stratégies camerounaises qui visent le renforcement de la défense interne, tout en projetant ses troupes dans la gestion des crises des pays voisins, mettant ainsi en relief la dynamique d'enchevêtrement du « dedans » et du « dehors » sécuritaire ; le but étant d'anticiper sur les menaces asymétriques qui pourraient nuire aux intérêts économiques et politico-institutionnels du Cameroun (Section 1) et déteindre sur sa posture géostratégique (Section 2).

SECTION I : ENTRE DEFENSE DES INTERETS ECONOMIQUES ETGESTION DES INTERETS POLITICO-INSTITUTIONNELS

Dans un contexte sous régional marqué par plusieurs conflits et d'importants mouvements des populations, la sécurisation des populations et de leurs biens ; la sécurisation des investissements, la protection des institutions étatiques s'imposent pour le Cameroun. Bien que résolument engagé dans le processus de recherche, de construction et de consolidation de la paix dans la sous-région, le Cameroun met également un point d'honneur à la défense de ses intérêts socio-économiques (A) et la défense de son appareil politico-institutionnel (B).

A - LES INTERETS SOCIO-ECONOMIQUES

Les périodes de conflits dans un pays sont toujours des moments d'importants flux de réfugiés dans les pays voisins ;l'arrivée massive des réfugiés dans n'importe quel pays implique toujours de grands changements sur le plan socio-économique. Au Cameroun, le flux de réfugiés est important depuis quelques années et encore plus important depuis 2008. Rufin DIZAMBOU affirme que « le Cameroun a hébergé selon le World Refugee Survey 2008 du Comité Américain pour les immigrants, près de 97400 réfugiés et demandeurs d'asile, dont environ 49300 provenant de la République Centrafricaine, 41600 du Tchad et plusieurs milliers du Nigéria, du Rwanda, de la République Démocratique du Congo, du Burundi, de la Côte d'Ivoire, de la Guinée, du Libéria et d'autres pays »48(*). Selon le rapport inter agences sur la situation des réfugiés centrafricains en date du 29 septembre au 05 octobre 2014, commandé par la Direction de la protection civile, il a été enregistré au Cameroun 132 650 nouveaux réfugiés à partir de janvier 2014. Ce qui précède est très souvent le début du bouleversement des données démographiques, des compétitions et pressions foncières, toutes choses qui sont de nature à créer un climat d'insécurité notable non seulement pour les personnes et les biens (1), mais aussi pour les investissements économiques (2).

1 -La sécurité des personnes et des biens

La notion de sécurité implique une situation où il y a une absence relative de danger pour les personnes ; leurs biens, et qui détermine la confiance. Cette sécurité est le plus souvent la responsabilité combinée de la Police Municipale, de la Police Nationale, le Corps National des Sapeurs-Pompiers et de la Gendarmerie Nationale, qui assurent la protection des personnes et des biens en temps de paix. La sécurité des personnes est donc globalement assurée par l'Etat et cela est rappelé dans le préambule de la constitution camerounaise en ces termes : « la liberté et la sécurité sont garanties à chaque individu dans le respect des droits d'autrui et de l'intérêt supérieur de l'Etat ». Depuis plusieurs années maintenant, l'insécurité dans les différentes villes du Cameroun n'a pas laissé indifférents les pouvoirs publics qui ont pris un certain nombre de mesures pour la protection et la sécurisation des personnes et des biens. Au compte de ces mesures ont peut noter le renforcement de ce que Yves Patrick MBANGUE NKOMBA49(*) appelle le redimensionnement de la Police de proximité, à travers la création des unités spécialisées. Ce redimensionnement est à l'origine de la note de service N° 00108 du 30 décembre 2004 du Délégué Général à la Sûreté Nationale (DGSN) Edgard Alain MEBE NGO'O, qui crée une Equipe Spécialisée d'Intervention Rapide pour répondre à la volonté politique de combattre et d'endiguer l'insécurité. Les recompositions sociopolitiques des Etats voisins au Cameroun sont de nature à impacter sur le cadre sécuritaire du pays. Les déplacements massifs des populations des Etats en crise vers le Cameroun est toujours un moment de hausse importante de ce qui est convenu d'appeler « la criminalité de subsistance », et même d'autres types de criminalité tel que le phénomène des coupeurs de route... La paupérisation à laquelle sont soumises ces populations-là, est un facteur de reconversion de celles-ci en de véritables « hors la loi » qui menacent la sécurité des personnes et des biens.

2 - La sécurisation des investissements économiques

Dans sa politique nationale d'investissement, le Gouvernement camerounais a fixé le cap de son « émergence » à l'année 2035. C'est une vision qui implique de gros efforts pour être bien menée de bout en bout ; et la sécurité sur les sites de ces grands chantiers, une question d'intérêt national. Il s'agit entre autre, des projets hydroélectriques de Lom-Pangar ; Mekin ; Memve'ele, mais aussi des projets tels que le port en eau profonde de Kribi, la construction du pont sur le fleuve Wouri à Douala qui est le garant d'une compétitivité économique, la centrale à gaz naturel de Ndogpassi etc...

Outre cette vision de l'émergence en 2035 des dirigeants camerounais, il y a la sécurisation des échanges économiques entre le Cameroun et les pays voisins qui est un véritable problème. En effet, le Cameroun possède une façade maritime qui le place au centre de l'économie de sa zone géographique d'Afrique centrale, et lui donne par la même occasion un poids économique majeur comparativement à la Centrafrique et au Tchad. Un conflit sous régional durable serait de nature à déstructurer l'activité économique sous régionale qui est tributaire d'un réseau d'échanges entre les différents Etats de la sous-région, et notamment entre le Cameroun et la RCA ; mais aussi entre le Cameroun et le Tchad. Le Transcamerounais est un corridor qui a été construit pour desservir le Tchad et la RCA, en leur offrant un accès à la mer à travers le port de Douala. Ce corridor « part de N'Djamena (Tchad) ou Bangui (Centrafrique) pour aboutir à Douala. Le corridor comprend un itinéraire entièrement routier et un itinéraire mixte route-fer. Voie ferrée entre Douala et Belabo (pour la RCA) ou entre Douala-N'Gaoundéré (pour le Tchad). Par ailleurs, un oléoduc d'une longueur de 1.070 km (et d'un diamètre de 760mm) entièrement enterré, a été construit pour transporter les produits pétroliers extraits des champs pétrolifères du bassin de Doba au sud du Tchad jusqu'à Kribi au Cameroun »50(*). C'est un corridor qui montre l'importance des échanges entre le Cameroun et ses voisins.

Il faut également dire que ces échanges vont au-delà du simple passage portuaire. En effet, il existe une importante activité transnationale commerciale qui peut à tout moment subir un ralentissement et d'importantes pertes économiques en cas d'instabilité. Tel a été le cas lors de la crise politique survenue en RCA en mars 2013. Selon le Bureau de Gestion du Fret Terrestre (BGFT), les pertes mensuelles ont été estimées à près de 4 milliards de francs CFA. Par ailleurs, le BGFT a annoncé que cette instabilité a été néfaste pour le commerce entre les deux pays, car elle a mis « [...] en péril les 55 milliards de marchandises qui circulent chaque année entre les deux pays, selon les statistiques de la douane Camerounaise »51(*).De ce qui précède, force est de remarquer qu'une instabilité sous régionale prolongée et même passagère, a un impact sur le Cameroun, à travers des pertes économiques directes.

B -LES INTERETS POLITICO-INSTITUTIONNELS

Le déficit sécuritaire, conduit parfois à l'instabilité politique et institutionnelle des voisins immédiats du Cameroun, c'est une véritable source d'inquiétudes de contagion pour le pays. Il faut donc tenir à distance le déficit sécuritaire qui est susceptible de créer une fragilité politique, ce que P. STEWART qualifie comme étant l'incapacité de « fournir à sa population l'un des services suivants qui lui incombent de manière naturelle : la sécurité nationale, les institutions politiques légitimes, le bien-être économique et social »52(*). Faire face à cette fragilité revient à revisiter la question des normes organisationnelles et fonctionnelles (1) dans un premier temps, et dans un second temps parler de la protection des institutions nationales (2).

1 - La question des normes organisationnelles et fonctionnelles

L'autrichien Hans KELSEN, est l'un des théoriciens du normativisme, ayant fait de la norme la base de la relation sociale. Les normes sont ce qui donne un sens à la volonté et aux idées. Elles servent de baromètre aux déviances tout en permettant à toutes les parties de se reconnaître dans ce qui est fait. La mise en place, ou alors, la codification de l'institutionnalisation de l'organisation se fait par le biais des normes organisationnelles qui définissent et structurent les organisations en tant qu'idée d'oeuvre dotée de moyens pour accomplir un objectif ou un but spécifique. Les normes définissent et désignent le compartimentage technique d'une idée comme la préservation des intérêts nationaux. Elles attribuent le rôle à chaque acteur et pérennisent de ce fait le statut d'abord individuel, ensuite collectif au sein de l'institution. C'est donc un défi énorme pour les politiques et les diplomates qui doivent s'atteler au respect et au bon fonctionnement des normes organisationnelles, qui sont la matérialisation de la volonté de projection pour la préservation des intérêts nationaux.

Les normes fonctionnelles d'opérationnalisation, tout comme les normes organisationnelles reflètent la volonté des acteurs de matérialiser une solution face à un problème qui leur tient à coeur. Les normes fonctionnelles accompagnent les normes organisationnelles comme gage de faisabilité qui enlève l'idée de la simple incantation à la matérialité. Robert k. MERTON conceptualisait cela en affirmant que « les fonctions seules donnent vie aux structures »53(*). Le déficit des normes fonctionnelles d'opérationnalisation au Cameroun, découle de la déstructuration organique de l'idée de la préservation des intérêts nationaux et notamment de la question du leadership en Afrique centrale.

2 -la protection des institutions nationales

Les institutions sont l'ensemble des structures fondamentales d'organisation sociale, telle qu'elles sont établies par la loi ou la coutume dans un groupe humain. Plus spécifiquement, l'institution peut se présenter sous la forme d'une personne morale de droit public (Etat, Parlement), ou de droit privé (association), ou d'un groupement non personnalisé ou d'une fondation, ou d'un régime légal54(*).

Lors de son discours prononcé à l'occasion du 40ème anniversaire des Forces Armées camerounaises, les 29, 30 et 31 mars 2000, le Président Paul BIYA déclarait que « En effet, notre armée, véritable ciment de notre unité nationale, a toujours été et demeure le rempart de nos institutions et de notre souveraineté »55(*). Ces propos consacrent l'armée comme étant la principale force protectrice des institutions nationales, tout ceci sous la conduite du Président de la République. En effet, la loi N° 67/LF/9 du 12 juin 1967, portant organisation générale de la défense stipule en son article 6 que : « Le Président de la République veille à la sécurité intérieure et extérieure de l'Etat. Il définit la politique de défense et pourvoie à sa mise en oeuvre ». Par ailleurs, le décret N° 69/DF/61 du 21 février 1969 oblige les élèves de certaines grandes écoles à la formation militaire ; l'article 2 de ce décret stipule que : « avant d'être admis à effectuer leur stage d'admission à la fonction publique fédérale, les jeunes gens diplômés d'une faculté ou école donnant accès à la catégorie A sont tenus, s'ils ne justifient pas d'un diplôme, brevet ou certificat de préparation militaire, à effectuer une période de service militaire de quatre mois qui est pris en compte dans les durées du stage et des services des intéressés ».

La politique de défense du Cameroun a été mise sur pied, compte tenu de la nécessité de défense du territoire camerounais. Mais cette protection, pour être globale et complète, a besoin de la participation des citoyens, de la nation toute entière. C'est ainsi que la constitution camerounaise du 18 janvier 1996, consacre dans son préambule tous les citoyens comme des acteurs de la sécurité nationale. Il y est dit ceci : « tous les citoyens contribuent à la défense de la patrie » ; mais avant elle, le préambule (partie - II Défense) du décret N°75/700 du 6 novembre 1975 portant règlement de discipline générale dans les Forces Armées disposait déjà que : « la nation toute entière participe à l'effort de défense en vue de : dissuader tout agresseur éventuel, s'opposer par tous les moyens, soit à l'invasion du territoire national [...] ». Ainsi, le Cameroun à travers la préservation de ses intérêts politico-institutionnels et plus précisément le maintien de ses normes organisationnelle et fonctionnelles et la protection de ses institutions nationales, montre que la paix conditionne tout développement.

Toute situation d'insécurité se répercute indubitablement sur ses institutions. Cela a été vu avec les attaques de certains édifices publiques tels que les banques (Limbé), les postes de gendarmerie (au Nord), et même la capture, l'enlèvement des autorités par des malfrats (zone frontalière de Bakassi). C'est sans doute ce qui justifie son attitude sur la scène internationale, notamment son implication dans la gestion des conflits en Afrique centrale.

SECTION II :L'ATTITUDE GEOSTRATEGIQUE DU CAMEROUN

La zone bordière de l'Atlantique en Afrique Centrale, selon Eustache AKONO ATANGANE56(*) se présente comme une superposition d'aires géographiques à la fois composites et composantes dont l'occupation territoriale et humaine se détermine par des réalités stratégiques qui assignent à cette sous-région une place géostratégique indéniable en Afrique. Le maillage géopolitique, distribué de la sorte, débouche sur un certain nombre d'ensembles dont le poids stratégique fonde leurs comportements sur l'échiquier sous régionale. Ainsi, Stéphane ROSIERE considère les acteurs géopolitiques comme « toute entité qui élabore des représentations territoriales, qui exprime ces représentations, agit sur un territoire et entre en compétition avec d'autres acteurs »57(*). Il est alors intéressant de voir comment le Cameroun, en fonction de ses intérêts sécuritaires peut passer d'une posture à une autre dans le but de défendre ceux-ci.

L'attitude présentée plus haut n'est pas une exclusivité camerounaise. En effet, Pascal BONIFACE démontrait fort opportunément que le comportement d'une entité est fonction de ses aspirations, mais surtout de son environnement. Il dit d'ailleurs que plus loin de nous, « Aristote estimait que l'environnement naturel avait un impact sur le caractère humain des citoyens et sur les nécessités militaires et économiques d'un Etat idéal. Pour lui, le climat et le caractère national étaient très liés, l'hétérogénéité d'un territoire nourrissait l'hétérogénéité parmi la population et empêchait l'unité et la paix dans le pays »58(*). Ce qui précède montre à suffisance que l'attitude du déploiement du Cameroun sur la scène continentale, qui adopte une attitude qui tend au maintien de son statu quo sécuritaire (A) et éventuellement à son changement ou à son bouleversement (B), n'est qu'une logique des Etats lorsqu'ils se projettent sur la scène internationale.

A - LE MAINTIEN DU STATU QUO

La locution "statu quo" est une abréviation francisée de l'expression latine "in statu quo ante" qui signifie dans la situation où cela était auparavant. Elle sert à désigner une situation figée ou un état d'immobilisme. Le statu quo est considéré comme la référence légitime par rapport à laquelle les performances d'autres options doivent être calculées. L'aversion du risque et des pertes fait de tout changement par rapport à la situation actuelle, un risque qu'il n'est pas évident de prendre. En outre, le statu quo se révèle moins impliquant qu'une prise de décision qui fait courir le risque de l'erreur ou de l'échec59(*). Le maintien du statu quo sécuritaire pour le Cameroun, lui est important pour la préservation de ses intérêts sociaux et économiques.

Les Etats dans leur politique extérieure, ont pour objectif principal la défense des intérêts nationaux. La notion d'intérêt national étant difficile à cerner objectivement, elle donne une ouverture à des compréhensions diverses. Ainsi, tous les Etats cherchent à préserver un certain équilibre encore appelé le « statu quo ». La position géographique du Cameroun, qui se situe à la croisée de deux grands ensembles régionaux : l'Afrique de l'ouest et l'Afrique centrale est de nature à faire subir au Cameroun les soubresauts des aléas sécuritaires de ses voisins. En effet, le Cameroun est frontalier du Nigéria sur 2100 Km60(*), et il désenclave également par son accès maritime deux autres Etats voisins : le Tchad et la RCA. Les deux paramètres cités plus hauts sont de nature à compromettre la stabilité et la sécurité du Cameroun, qui est souvent considéré comme un îlot de paix dans l'océan conflictuel de l'Afrique centrale. Ainsi le défi est clair, il s'agit pour le Cameroun de mettre sur pieds des mécanismes visant à maintenir sa sécurité (1) et sa stabilité (2), afin d'éviter toute ingérence extérieure de la part d'autres Etats.

1 - Le maintien de la sécurité nationale

La sécurité nationale désigne l'objectif de parer aux risques ou menaces susceptibles de porter atteinte à la vie d'une nation. Il s'agit notamment d'assurer la protection de la population, l'intégrité du territoire et la permanence des institutions de la République.

En tant qu'outil militaire subordonné au pouvoir politique, la mission de sécurisation du territoire est dévolue à l'armée. Mais la sécurité ne concerne pas seulement la défense militaire et les forces armées, mais aussi toutes les administrations responsables de grandes catégories de fonctions ou de ressources essentielles à la vie du pays. Elles incluent notamment : ordre public et sécurité civile, relations extérieures et diplomatie, finance, matières premières, énergie, alimentation et produits industriels, santé publique, transport et télécommunications, travaux publics et sécurité des systèmes d'information61(*).

La sécurité d'un Etat est d'abord interne, et est assurée en premier lieu par la police et la gendarmerie qui interviennent lorsque l'Etat fait face à des troubles sociaux, à la criminalité, au terrorisme et à l'instabilité politique. La gestion de la sécurité est très souvent extravertie à cause d'un certain nombre de phénomènes, notamment la globalisation et la faillite de l'Etat qui sont de nature à favoriser l'ingérence dans les affaires intérieures. Ces deux phénomènes sont devenus pour moult Etats et organisations internationales, des instruments de politique extérieure62(*) ; ce qui fait du maintien de la sécurité interne un enjeu des plus importants pour les Etats. Assurer soit même le maintien de la sécurité de son territoire, ne pas subir les interventions externes est un pan de ce maintien, qui est indissociable de la stabilité (2), la maîtrise parfaite des deux constituant pour un Etat comme le Cameroun le maintien du statu quo sécuritaire.

2 - Le maintien de la stabilité

Le maintien de la stabilité participe d'une action qui vise à « [...] la neutralisation d'ambitions contradictoires »63(*). En effet, la stabilité désigne le caractère de ce qui demeure dans le même état. Il s'agit de la continuité, la fermeté, la solidité, la constance et la permanence des institutions, gouvernementale, ministérielle. L'éventualité d'une menace extérieure serait de nature à bouleverser cet équilibre, d'où la nécessité de contenir tout débordement d'un conflit ou d'une situation conflictuelle hors des frontières nationales. Dans une autre mesure, la stabilité est aussi sociale. L'on sait que les périodes de conflits sont des moments de grands mouvements des populations qui fuient les affres de la violence provoquée par l'instabilité. Les réfugiés qui viennent s'installer dans le pays qui les accueilles sont appelés à partager certaines ressources64(*) avec les nationaux. Cette situation est de nature à créer des heurts entre les communautés locales et les communautés des réfugiés.

En somme, le maintien du statu quo sécuritaire pour le Cameroun, vise à préserver la sécurité nationale et la stabilité interne, en mettant sur pieds des stratégies pouvant empêcher la contamination, ou alors le débordement des conflits nés dans les pays voisins. La posture rationnelle du Cameroun est ainsi mise en exergue en matière de gestion des conflits en Afrique centrale. Manifestement, il s'agit pour le Cameroun de préserver sa paix et sa sécurité intérieures. Toutefois, la récurrence des conflits dans la sous-région et notamment chez ses voisins directs a conduit le Cameroun à un changement et un bouleversement du statu quo (B), à travers deux importants changements internes de son armée, à savoir : la grande réforme des armées de 2001 et la nouvelle orientation de la doctrine militaire camerounaise.

B - LE CHANGEMENT ET LE BOULEVERSEMENT DU STATU QUO

Sile statu quo est le maintien d'une situation stratégique importante qu'on a pas intérêt à voir changer, il peut toutefois advenir que la configuration des forces en présence change et bascule en faveur d'un camp ou d'un autre. Cet état de choses peut conduire soit à un changement du statu quo, ou alors au bouleversement de celui-ci, toutes les deux situations visant à se réajuster et se réadapter aux nouvelles configurations. L'intérêt national peut justifier la révision conséquente de la position stratégique d'un Etat, que ce soit sur le plan national ou sur le plan international.

La re-contextualisation au regard des mutations survenues depuis la fin de la guerre froide, est une réponse des autorités camerounaises visant à adapter les forces armées camerounaises aux nouvelles formes de menaces. Cette réadaptation passe nécessairement par une réforme de l'armée (1) et par une réorientation de la doctrine militaire camerounaise (2).

1 -La grande réforme des armées de 2001

La réforme des armées camerounaises de 2001 marque une rupture avec la pensée de l'armée originelle. En effet, c'est à partir de cette année qu'on parle véritablement de la modernisation et de la professionnalisation de l'armée, ce qui se traduit à par la recherche de la cohérence et la souplesse organisationnelle ; la recherche de l'efficacité opérationnelle par le souci du contrôle et du renseignement du territoire et ses approches, ainsi qu'une capacité de réaction rapide en cas de troubles ; la professionnalisation et le rajeunissement ; la modernisation des équipements.

Il est recherché à travers cette réforme, une adéquation entre nouvelles formes de menaces et une riposte conséquente et même une anticipation de l'armée sur les menaces extérieures. Cette réforme a vu le jour à travers le décret N° 2001/178 du 25 juillet 2001 portant organisation générale de la défense et des Etats-Majors centraux. En son article 1er , le décret de 2001 stipule que les Forces de Défense placées sous l'autorité du Ministère chargé de la Défense comprennent : Les Forces de la Gendarmerie Nationale ; les Forces de l'Armée de Terre ; les Forces de l'Armée de l'Air ; les Forces de la Marine Nationale.

L'un des changements majeurs de cette réforme est que  la Police Nationale devient une force civile sous l'autorité de la Délégation Générale à la Sûreté Nationale (DGSN) et le Corps National des Sapeurs-Pompiers devient une formation militaire spécifique de protection civile placée sous l'autorité du Ministre de la Défense et mis à la disposition du Ministre de l`Administration Territorial et de la Décentralisation. L'armée de terre qui a pour mission d'assurer en tout temps, en toutes circonstances et contre toutes formes d'agressions la sécurité et l'intégrité du territoire national ; le respect des accords internationaux ; des traités et des agréments ; certains services publiques ; la participation aux opérations humanitaires.

L'armée de Terre est désormais composée de trois régions militaires interarmées et dix secteurs constitués d'unités de combats, d'intervention de soutien et spéciale de réserve. Il y a aussi le renforcement structurel de l'Etat-major de l'Armée de Terre ; la création du Bataillon d'Intervention Rapide (BIR) ; la combinaison des Bataillons d'Infanteries Motorisées et des Bataillons d'Intervention Rapide ; la mise à jour des de l'artillerie des Bataillons dans les régions ; la présence active des unités spécialisées sur le terrain : le Bataillon Spécial Amphibie (BSA) ; le 3ème BIR, le Bataillon des Troupes Aéroportées (BTA).

L'armée de l'air a pour mission : la surveillance, la protection et la défense de l'espace aérien ; le soutien et l'appui aux autres forces de défense ; la surveillance et la protection des installations aéroportuaires en liaison avec le Ministère des transports, est désormais structuré en trois sous-ensembles. Ces sous-ensembles sont constitués de : Forces aériennes composées d'escadrons, qui sont une importante réserve en terme de puissance de feu ; les forces terrestres de protection et de combat qui ont pour mission de surveiller et de protéger les installations aériennes, les points sensibles et de mener des opérations de type commando ; les éléments de soutien et de formation que sont les bases aériennes, les organismes logistiques et les centres d'instruction qui contribuent activement aux missions de l'armée de l'air.

La Marine Nationale a pour missions fondamentales : la surveillance, la protection et la défense des espaces maritimes nationaux, fluviaux et lacustres, des installations essentielles à la vie de la Nation placées à proximité immédiate du littoral ; la conduite de l'action de l'Etat en mer, en liaison avec les autres administrations ; le soutien des autres forces de défense.

La Gendarmerie Nationale quant à elle, participe en temps de paix à l'élaboration du cadre de Défense Opérationnelle du Territoire (DOT). En temps de guerre, elle assure l'engagement de ses unités mobiles et territoriales, l'exécution des missions de défense du territoire nationale et la protection des points sensibles. En somme, la Gendarmerie en temps de paix assure le maintien et le rétablissement de l'ordre et en temps de guerre, elle reste sur place pour assurer le fonctionnement des institutions, sans esprit de trahison65(*).

La protection de l'intégrité territoriale du Cameroun reste donc une priorité, et c'est ce qui justifie les changements au sein de son armée, et le nouveau déploiement observé. Compte tenu du fait que la partie septentrionale est vaste et éloignée du centre de décisions, cette nouvelle disposition de l'armée permet un rapprochement entre le commandement et le théâtre des opérations. L'objectif ici est d'apporter des réponses adéquates et en temps réel, aux menaces qui se présentent le grand Nord avec un quadrillage efficace du territoire.

Une réforme aussi importante impose nécessairement une doctrine militaire nouvelle, pour mieux s'adapter aux nouvelles formes de menaces.

2 -la nouvelle orientation de la doctrine militaire camerounaise

L'esprit et l'orientation de la doctrine de l'armée camerounaise ont connu de grandes mutations depuis l'indépendance du pays, jusqu'à nos jours. À l'origine, l'armée camerounaise avait pour point d'encrage et premier fondement « la paix et le développement » aujourd'hui, cette doctrine tourne autour du concept « armée et nation, ensemble pour consolider la paix et le développement » dont l'essentielle de la pensée a été exposé dans le numéro spécial du Magazine des forces de défense camerounaise de mai 2009.

Les idéaux de « paix » et de « développement » restent fortement encrées dans la doctrine militaire, sauf qu'il y a désormais le souci d'associer réellement la nation à ces deux idéaux. L'évolution s'est faite par étape. L'armée est passée de la recherche de la stabilité et de la sécurité de l'Etat, à la modernité et à la sécurité globale, en passant par l'opérationnalité et la citoyenneté de celle-ci. Wullson MVOMO ELA66(*) explique que la première phase de la doctrine militaire camerounaise, qui fut la recherche la stabilité et de la sécurité de l'Etat, a eu cours en 1960. La doctrine militaire camerounaise privilégiait l'efficacité et la victoire militaire sur le théâtre des opérations, en vue de la réalisation des objectifs politiques à savoir : la paix, l'unité nationale et le développement.

La deuxième phase de cette doctrine, au début des années 1970, s'est manifestée par le retour de l'armée à ses missions classiques de défense nationale, tout en restant attentive à l'évolution de la situation intérieure. En effet, les défis de l'Etat en ce moment étaient principalement centrés sur la paix, l'unité nationale à consolider et le développement à construire. La troisième phase de la doctrine militaire camerounaise se décline depuis 1990. Toujours selon MVOMO ELA67(*), la reconfiguration du monde et la poussée de la démocratie libérale s'accompagnent d'une mutation du paradigme sécuritaire, notamment l'atténuation des risque de guerre totale et la montée des menaces asymétriques et non conventionnelles. Dans cet environnement, la doctrine militaire camerounaise est restée encrée dans ses fondements premiers « la paix et le développement ». Paix à l'intérieur avec les soubresauts inhérents à l'apprentissage démocratique, ensuite paix avec ses voisins et notamment le Nigéria dans la résolution du conflit avec lequel le Cameroun, respectueux du droit international, a mis sur pied une stratégie permettant à la fois de circonscrire l'occupation et de maintenir la dynamique opérationnelle à un niveau lui permettant de peser sur le rapport de force bilatéral et multilatéral sur la presqu'île de Bakassi.

De ce qui précède, nous pouvons dire que la stratégie du Cameroun en matière de gestion des conflits en Afrique centrale obéit à une logique rationnelle. Cela se traduit notamment par la priorité que le pays accorde à la protection de ses intérêts socio-économiques et politico-institutionnels. Toutefois, au vu du caractère conflictuel de la zone Afrique centrale et tenant compte du caractère « contagieux » des conflits, le déploiement du Cameroun, force est de le constater obéit à une dynamique conjoncturelle.

CHAPITRE II 

LE CAMEROUN DANS LA GESTION DES CONFLITS EN AFRIQUE CENTRALE : UNE DYNAMIQUE CONJONCTURELLE SOUS-REGIONALE DE RECHERCHE DE LA PAIX

L'Afrique Centrale constitue un site de conflictualité et ces conflits sont tels que leur gestion ne peut plus se faire par un seul Etat. En effet, Les pays d'Afrique centrale ont souvent été considérés comme les pays les plus bouleversés et les plus touchés, à l'échelle du continent, par des conflits et des crises internes profondes. Les guerres génocidaires au Rwanda et au Burundi, la série de coups d'Etat et les tensions conflictuelles en République du Congo-Brazzaville, ainsi que la guerre civile en République démocratique du Congo, laquelle a évolué, au fil des années, en conflit international, la crise Centrafricaine, sont autant de manifestations qui mettent en évidence les problèmes d'instabilité auxquels l'Afrique centrale a été confrontée depuis la dernière décennie.68(*) Au regard de ce qui précède, la gestion de cette conflictualité multiple ne peut être le seul fait des Etats concernés mais relève beaucoup plus d'un effort de conjugaison régionale des efforts au travers de l'intégration régionale.69(*) Le Cameroun fait partie de l'Afrique Centrale et la dynamique de conflictualité mise en évidence plus haut ne lui échappe pas.

Cette dynamique du dehors oblige le Cameroun à être un acteur de la gestion des conflits en Afrique Centrale. Dans le cadre de ce chapitre, il s'agit de montrer que la participation du Cameroun à la gestion des conflits en Afrique Centrale relève d'une conjoncture sécuritaire dont les impacts peuvent être négatifs même pour les Etats qui ne sont pas en crise. La participation du Cameroun à la gestion des conflits en Afrique Centrale s'inscrit donc au-delà de l'intérêt national (Section II) et procède du fait que cette zone constitue un site de conflictualité (Section I).

SECTION I : L'AFRIQUE CENTRALE COMME ZONE DE CONFLICTUALITE PERMANENTE ET REMANENTE

L'Afrique Centrale est une zone qui permet de témoigner des dynamiques sociopolitiques à l'oeuvre sur le continent africain. Ces dynamiques confirment de manière spectaculaire qu'au processus de démocratisation de la fin des années 1980 et du début des années 1990 succède une dynamique de conflictualisation.70(*) Cette dynamique de conflictualisation appelle sans doute un cadre institutionnel (B) de traitement en vue de restaurer l'« ordre ».71(*) Seulement, pour comprendre l'action d'un tel cadre institutionnel, il faut revenir sur les la géopolitique même de cette conflictualité (A).

A- LA GEOPOLITIQUE DES CONFLITS EN AFRIQUE CENTRALE

Il s'agit de voir dans cette partie quelles sont les causes de la conflictualité en Afrique Centrale (1), quels en sont les principaux acteurs ainsi que leurs stratégies (2).

1- Les causes de la conflictualité en Afrique Centrale 

Une tentative d'analyse des causes de la conflictualité en Afrique Centrale commande de convoquer l'enchevêtrement entre des causes structurelles et des éléments conjoncturels, qui constituent de véritables catalyseurs d'antagonisme.72(*)Au rang des causes structurelles, se classent la question de l'héritage de la colonisation, notamment son impact sur la distribution dupouvoir. On pourrait aussi y classer l'attention portée aux différences ethniques comme mode démobilisation.73(*)

La colonisation a un lien avec les conflits en Afrique Centrale en ce sens qu'elle a orienté la configuration actuelle des sociétés politiques qui sont des anciennes colonies et cette configuration n'est pas sans critique. En effet, le découpage de l'Afrique résulte de l'impérialisme européen. Celui-ci est une forme de domination qui passe par une division sociale et territoriale des entités traditionnelles unies pour des raisons linguistiques, ethniques, religieuses, géographiques, politiques et historiques.74(*)La modification de la cartographie de l'Afrique qui s'accompagne d'un découpage socio-territorial balkanisé est aujourd'hui à l'origine des conflits frontaliers et sociaux constatés en Afrique et particulièrement en Afrique Centrale. A l'observation, l'une des caractéristiques communes des conflits en Afrique Centrale, c'est la distance séparant la capitale du pays concerné du lieu de la rébellion. Pratiquement toutes les rébellions prennent racine et débutent dans les zones frontalières avec des pays voisins. Cette constante est une conséquence de l'organisation territoriale des pays africains héritée de la colonisation et donc de la distribution du pouvoir. De fait, la construction des centres administratifs et économiques s'est faite dans des zones stratégiques au détriment de l'arrière-pays.75(*) Une telle construction, au fil du temps devient source de division et de mécontentement, de la part de ceux qui se sentent délaissés dans la gestion du pouvoir. C'est donc à partir d'une telle dynamique que naissent et se construisent les antagonismes qui finalement débouchent très souvent sur une escalade peu maitrisable car, au fond, il y a des répercussions politiques que sont des disparités en termes d'infrastructures, de développement et, surtout, en termes de contrôlede l'Etat sur certaines régions.76(*) De plus, les sociétés politiques post coloniales en Afrique Centrale sont loin de refléter l' « anima collectiva »77(*) ou encore le « spirit of community ».78(*) Autrement dit, les Etats d'Afrique Centrale sont loin de remplir le préalable de la nation et quand bien même le sentiment national est perceptible, il se trouve toujours plombé par le poids des solidarités ethniques, couloir par excellence dans lequel évoluent ces Etats.

La colonisation catalyse aussi les conflits en Afrique pour une autre raison presque liée aux premiers développements. En effet, au-delà de la territorialisation contestée issue de la conférence de Berlin, il y a une logique de construction de l'Etat en Afrique Centrale, qui n'est pas moins productrice de conflictualité. C'est que, le modèle opératoire à partir duquel ces Etats fonctionnent, trahit un système d'affection tribale.79(*) La conséquence d'une telle situation c'est la consécration de l'ethnie comme site d'affection et comme enjeux de mobilisation politique, non sans constituer un potentiel facteur de crise. A ce sujet, il convient de rappeler que, s'ilest difficile de nier que les tensions ethniques ou religieuses n'existaientpas avant les conflits en Afrique, il faut tout de même reconnaitre que ces tensions en elles même ne constituent pas l'élément déclencheur du conflit mais c'est l'usage qu'on en fait en termes de mobilisation qui est plus tôt dangereux.

L'agrégation de peuples distincts dans une même entité « ethnique », comme la partition de certains groupes en peuples distincts, sont les deux faces de la même stratégie de contrôle et de domination des populations depuis la période coloniale jusqu'à nos jours. Autant on peut observer des rassemblements factices de nombreux peuples dans les mêmes « champs de concentration » sémantiques et territoriaux80(*), autant des exemples illustrant la stratégie de dépècement des groupes ne sont pas moins nombreux. En Afrique du Sud par exemple, la Population Registration Act, promulguée en 1950 par le gouvernement afrikaner répartit la population en deux grands groupes : Les Blancs et les Noirs qui eux-mêmes sont divisés en 9groupes ethniques : les Xhosas, les Zoulou, les Tswanas, etc. Les groupes seront ensuite répartis, en fonction de leurs identités ethnolinguistiques, dans des bantoustans ou homelands, prétendument en vue de préserver et même de promouvoir le génie naturel et culturel de chacun. Or non seulement certains groupes considérés comme homogènes rassemblaient des peuples ayant des parlers différents (les Xhosas), mais aussi d'autres groupes considérés comme distincts ont des langues communes (les Nguni et les Sotho). Les développements qui précèdent ne sont pas anodins, ils ont plutôt pour but de mettre en lumière les usages de la variable ethniques dans la production de la conflictualité en Afrique Centrale. C'est que, l'appartenance ethnique ou religieuse s'avère avant tout unoutil de mobilisation pour des mouvements rebelles et des gouvernements contestés en quête de soutien populaire.81(*)

Il faut aussi préciser que les éléments d'analyses qui ont été évoqués plus haut relèvent beaucoup plus d'une dimension structurelle de la catégorie Afrique Centrale. Il existe aussi des éléments d'analyses dit conjoncturels. En effet, la proximité entre provinces en rébellion aux frontières renforcela probabilité d'une alliance ad hoc entre les mouvements rebelles et les pays avoisinants82(*) même si cet aspect des conflits africains est généralement sous-estimé. Au-delà de cet aspect de la réalité, il y a que l'Afrique Centrale représente un fort potentiel en termes de ressources naturelles, ce qui forcément va conduire à des divisions liées à la gestion et au partage des ressources. L'histoire des liens entre ressources naturelles et conflits est du domaine de la longue durée. Depuis des siècles, sociétés et Etats ont utilisé certaines ressources naturelles afin de promouvoir leurs intérêts et de poursuivre leurs objectifs politiques.83(*) Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle par exemple, le bois a été d'une importance primordiale pour les puissances navales. De nos jours, c'est le pétrole qui fait la une des médias internationaux, aussi bien comme élément indispensable à la politique des grandes puissances que comme source de conflit. Il est question d'une véritable géopolitique des conflits liés aux ressources naturelles.84(*)Même lorsque les gouvernements africains souhaitent mieux encadrer ou réglementer les ressources naturelles de leur pays, ils n'en ont souvent pas les moyens. C'est le cas de la Centrafrique ou encore de la République Démocratique du Congo.

La tentative d'analyse des causes de la conflictualité en Afrique Centrale ne saurait faire sens si parallèlement on ne s'arrêtait pas sur les acteurs de ces conflits ainsi que leurs stratégies, c'est à cela que s'attèle la suite de la réflexion.

2. Acteurs et stratégies de la conflictualité en Afrique Centrale

Si les acteurs des conflits peuvent être nombreux, leur implication effective dans les conflits n'a pourtant pas le même niveau. En recourant au schéma établi par L. Reychler, trois grands groupes d'acteurs sont identifiables dans les conflits en Afrique centrale : les parties primaires, secondaires et tertiaires.

Les acteurs primaires constituent en cercle qui rassemble les parties «dont les intérêts dans la situation de conflit sont contradictoires ou sont présentés comme contradictoires et qui dépendent les unes des autres pour satisfaire leurs intérêts». Ils sont directement concernés par les conflits et leur engagement est partisan.85(*) Au rang de ces acteurs on a les États (les régimes) touchés, les «groupes ethniques», les groupes armés, les partis politiques ou d'autres «groupes», avec notamment la part prise par la jeunesse.86(*) C'est le cas de la rébellion Selaka en Centrafrique même de l'Etat Centrafricain.

Les acteurs dits secondaires rassemblent des parties qui ne sont pas directement concernées par le conflit, mais ont un intérêt direct dans une issue bien déterminée du conflit et sont donc par là-même partisanes. Dans la classification de REYCHLER, on distingue dans cette catégorie trois types d'acteurs à savoir, les tiers qui observent avec résignation et ne veulent pas être impliqués dans le conflit, mais en subissent les conséquences négatives (exode des réfugiés, interruptions des relations commerciales, contrecoups des sanctions économiques internationales, etc.), c'est le cas de la Centrafrique. Il y a aussi les tiers non intéressés, non impliqués et qui désirent se maintenir à l'écart (comportement de la partie la plus forte). En fin, il y a les tiers qui s'impliquent activement dans la transformation constructive du conflit. Ce sont donc des acteurs indirects, investis du rôle de «garde-fous» et sont supposés se poser en général de manière neutre en essayant de rétablir la paix par la médiation. On trouve dans ce cercle: la «Communauté internationale» : l'O.N.U. et ses différentes missions ainsi que ses organismes spécialisés ; les O.N.G. des pays occidentaux.La «Troïka» occidentale : les USA, la France et la Belgique qui sont les «maîtres et bailleurs des fonds» des États de la région. Leurs rôles financiers et «techniques» les ont souvent obligés à «s'interposer» ou à «s'impliquer» d'une façon ou d'une autre lors des conflits. La Troïka et la Communauté internationale, souvent confondues l'une avec l'autre par les peuples africains parce que leurs missions respectives lors des guerres sont maldéfinies ou se recoupent, sont les principaux acteurs de la mondialisation des conflits grâce à leurs puissants moyens médiatiques. Dans le contexte de la guerre froide, leurs implications étaient nettement orientées et définies.87(*)

On le voit, l'Afrique Centrale constitue un site de production de conflits, ces conflits mettent en scène plusieurs acteurs et résultent aussi d'une variété de causes. A la lumière de ce qui précède donc, il convient de voir quel est le cadre de gestion des conflits en Afrique central.

B. LE CADRE NORMATIF ET INSTITUTIONNEL DE GESTION DES CONFLITS EN AFRIQUE CENTRALE

La résolution et la gestion institutionnelles des conflits en Afrique Centrale obéissent à un cadre dual qui comprend aussi bien la CEEAC que la CEMAC. D'ailleurs la nature duale de ce cadre montre clairement la complexité institutionnelle de l'intégration régionale en Afrique Centrale. Dans le cadre cette analyse, il s'agit d'étudier aussi bien les mécanismes au pan normatif (1) mais aussi au plan institutionnel et opérationnel (2).

1. Les aspects normatifs du cadre de gestion des conflits en Afrique Centrale.

La gestion des conflits en Afrique centrale ne relève pas d'une autonomie ex-nihilo mais plutôt du principe de subsidiarité sur la base du quel fonctionnent les organisations régionales pour assurer la paix et la sécurité dans leurs périmètres respectifs.88(*) C'est dire que le cadre de gestion des conflits en Afrique Centrale procède d'un méso niveau d'autant plus que le macro niveau se situe dans l'architecture de paix et de sécurité de l'Union Africaine. L'Acte constitutif de l'Union Africaine fut adopté lors du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement africains des 6 au 11 juillet 2000 au Togo. L'institution ainsi créée devait donc s'inscrire dans la perspective du renforcement de la résolution des conflits en Afrique.89(*)Prenant ainsi acte de l'incapacité de l'OUA à proposer des solutions opérantes et crédibles pour sortir le continent de l'insécurité et reconnaissant que  le fléau des conflits en Afrique constitue un obstacle au développement, les signataires du Traité instituant l'UA ont placé les questions de la prévention, de la résolution et de la gestion des conflits au coeur de leur projet de renaissance politique africaine.90(*) Cette philosophie africaine de la paix s'est donc traduite à travers un cadrage normatif incarné par le Protocole relatif à la création du CPS, le 9 juillet 2002 à Durban. A partir de ce document, ont été établis les principaux piliers de l'architecture de paix et de sécurité africaine (APSA ou AAPS) appelée à constituer le nouveau cadre dans lequel les crises vont être gérées sur le continent.91(*)Aussi peut-on y classer le Protocole d'accord de coopération entre l'UA et les CER/Mécanismes régionaux, signé le 28 janvier 2008, qui articule l'essentiel de l'APSA92(*).

Cette architecture constituée de quatre piliers principaux: le CPS lui-même ; le Groupe des sages; le Système Continental d'Alerte Rapide (SCAR); la Force Africaine en Attente (FAA) - ou « pré positionnée » (selon l'article 2, alinéa 2 du protocole), se trouve complétée par les mandats et activités des organisations sous-régionales (CER) reconnues pour abriter les brigades constitutives de la FAA : CEDEAO, SADC, CEEAC, IGAD et UMA. C'est à ce titre qu'il existe un cadre normatif de gestion des conflits en Afrique centrale.

En effet, l'article 16, alinéas 1 et 3, du Protocole du CPS traduit avec emphase les développements qui précèdent en ce sens que « les mécanismes régionaux [pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits - le COPAX en Afrique centrale] font partie intégrante de l'architecture de sécurité de l'Union (APSA en l'occurrence) »  d'une part ; et d'autre part, «Dans le cadre de ces efforts, les Mécanismes régionaux concernés doivent, à travers le Président de la Commission, tenir le Conseil de paix et de sécurité pleinement et régulièrement informé de leurs activités et s'assurer que ces activités sont étroitement coordonnées et harmonisées avec le Conseil de paix et de Sécurité (...) ».

En outre, l'article 7 (j) du même texte conforte la conviction, lui qui tend à indiquer la prééminence du CPS sur le COPAX93(*) en ces termes : Le CPS « assure une harmonisation et une coopération étroites entre les mécanismes régionaux et l'Union dans la promotion et le maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique». Le cadre normatif de gestion des conflits en Afrique centrale repose donc sur le Pacte du 8 juillet 1996, « Pacte de non-agression entre les Etats membres de la Commission Consultative des Nations Unies pour les Questions de Sécurité en Afrique Centrale »94(*) (UNSAC). Dans son préambule les Chefs d'Etat de cet ensemble régional indiquent l'étroitesse de leurs liens avec le Mécanisme du Caire, en ces termes : « Considérant la déclaration (...) de la vingt-neuvième session ordinaire des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Organisation de l'Unité Africaine, de juin 1993, portant création au sein de l'Organisation de l'Unité Africaine d'un mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits en Afrique, (...) ». Et son article premier, les mêmes Etats membres « (...) s'engagent à ne pas recourir, dans leurs relations réciproques, à la menace ou à l'emploi de la force, ou à l'agression (...), soit de toute autre manière contraire (...) à la Charte de l'Organisation de l'Unité Africaine (...) ». A priori, cette disposition du préambule est la première, parmi les textes endogènes à l'Afrique centrale, à établir un lien entre un instrument d'Afrique centrale voué à sa sécurité et le mécanisme continental : le Pacte de non-agression de l'Afrique centrale et le Mécanisme de l'OUA pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits en Afrique.

Le Protocole relatif au Conseil de Paix et de Sécurité de l'Afrique Centrale (COPAX), adopté à Malabo, le 24 février 2000, bien avant l'institution du CPS rentre également dans le cadre normatif de la gestion des conflits en Afrique Centrale. Ce texte constitue d'ailleurs le fondement juridique central du Mécanisme d'Afrique centrale de prévention et de règlement des conflits. Son association avec le Pacte de non- agression et le Pacte d'assistance mutuelle constitue l'architecture juridique d'Afrique centrale en matière de paix et de sécurité.

Au-delà des aspects normatifs du cadre de gestion des conflits en Afrique Centrale, il existe aussi des aspects institutionnels et opérationnels.

2. Les cadres institutionnels et opérationnels de gestion des conflits en Afrique Centrale

Le raisonnement est le même que dans les développements précédents dans la mesure où on est toujours dans une logique qui consacre une imbrication entre tous les niveaux micro (Afrique Centrale), méso (Union Africaine) et macro(ONU) de la gestion institutionnelle des questions de paix et de sécurité, le plus petit niveau devant respecter le niveau supérieur. Dans le cas précis de nôtre étude, c'est le CEEAC qu'il convient d'étudier.

Si la CEEAC a été créé le 18 octobre 1983 par les Etats-membres de l'Union Douanière des Etats de l'Afrique Centrale (l'UDEAC) et les Etats-membres de la Communauté Économique des Pays des Grands Lacs (CEPGL) ainsi que Sao Tomé et Principe. L'Angola a rejoint le groupe en 1999 après avoir été observateur pendant 16 ans, et en fin 2007, le Rwanda a définitivement quitté la communauté. En effet la CEEAC avait à l'origine pour mandat la promotion du dialogue politique dans la région, la création d'une union douanière ainsi que l'établissement de politiques sectorielles communes. Seulement, après avoir compris l'apport important d'un climat de sécurité dans le processus de développement économique, elle va introduire dans son champ d'intervention, les questions sécuritaires. Ainsi, en Février 1999, lors de la conférence au sommet du Comité Consultatif permanent pour les questions de sécurité en Afrique centrale, les Etats membres ont décidé de créer un mécanisme chargé de la promotion, du maintien et de la consolidation de la paix et de la sécurité en Afrique Centrale. Ce mécanisme baptisé « Conseil de Paix et de Sécurité en Afrique Centrale (COPAX) » verra le jour le 24 Février 2000 suite à la ratification du protocole y relatif et aura la responsabilité de développer des capacités de maintien de la paix et de prévention des conflits en Afrique Centrale.

Le COPAX se compose de trois organes techniques qui sont la FOMAC, Le CDS (commission pour la défense et la sécurité) et le MARAC (mécanisme d'alerte rapide en Afrique Centrale). Le MARAC est un mécanisme pour l'observation, la surveillance et la prévention des crises et des conflits qui sont l'objet de l'activité au sein de la CEEAC,95(*)Il est responsable de la collecte des données et de leurs analyses afin de prévenir les conflits.96(*)Le CDS, conformément à l'article 13 du protocole relatif au COPAX, est un organe consultatif composé des chefs d'état-major des forces armées ou de leurs représentants ; des chefs de polices ou de leurs représentants ; des experts des ministères des affaires étrangères en matière de relation extérieure ; des experts des ministères de la défense et des forces armées ; des experts des ministres de l'intérieur et de la sécurité ; des experts d'autres ministères invités en vue de l'ordre du jour de la commission. Quant à la FOMAC, c'est une force composée de services interétatiques, de la police, des contingents de la gendarmerie et des éléments civils des Etats membre de la CEEAC, en vue de la réalisation de la paix, de la sécurité et de l'assistance humanitaire. Mais la FOMAC peut aussi recevoir des renforts d'unités civiles provenant des organisations non gouvernementales et des associations agréées par le secrétaire général de la CEEAC.97(*) Elle a pour mission : L'observation et la surveillance; la restauration et le maintien de la paix ; l'intervention humanitaire après une catastrophe ; l'application des sanctions prévues par la réglementation en vigueur le déploiement préventif ; la consolidation de la paix, du désarmement et de la démobilisation; les activités de police, y compris le contrôle de la fraude et de la criminalité organisée ainsi que toutes les autres actions à condition qu'elle soit mandatée par la conférence des chefs d'Etats.

L'Afrique Centrale est un site de conflictualité permanente et rémanente, ce qui a conduit à la mise sur pied d'un cadre institutionnel et normatif de paix et de sécurité. Plus que cette conflictualité permanente en Afrique Centrale relève d'une conjoncture sécuritaire transnationale échappant à la seule rationalité du Cameroun, quel est donc la contribution du Cameroun à la mise en oeuvre de ce cadre.

SECTION II : LA CONTRIBUTION DU CAMEROUN AUX EFFORTS SOUS REGIONAUX DE GESTION DES CONFLITS EN AFRIQUE CENTRALE : LA CONJONCTURE AU DESSUS DE L'INTERET NATIONAL ?

La participation du Cameroun aux efforts sous régionaux de gestion des conflits en Afrique Centrale relève d'un impératif sécuritaire supranational (A) qui traduit les nouvelles dynamiques des relations internationales sous (B).

A. LA PARTICIPATION DU CAMEROUN COMME IMPERATIF SECURITAIRE SUPRANATIONAL

A partir du moment où le Cameroun ne vit pas en vase clos au sein de la communauté des Etats de l'Afrique Centrale, il devient difficile d'imaginer une action pour de simples raisons d'intérêt national. Même si l'intérêt national n'est pas à négliger, il ne faut non plus écarter le poids des dynamiques sécuritaires extranationales sur l'action du Cameroun. C'est que, le caractère régional des conflits en Afrique Central transcende le cadre national et nécessite une réaction concertée (1), ce qui permettra de consolider les capacités en conjurant les faiblesses individuelles des Etats (2).

1. Des réponses régionales aux conflits régionaux... : le Cameroun dans la spirale sécuritaire supra Etatique.

Au Cameroun, au Gabon, en RCA et au Tchad, la stabilité se voit surtout menacée par le fait que ces Etats ne sont pas suffisamment capables de garantir la sécurité de leurs populations. Ceci est entre autre à mettre en rapport avec la nouvelle conception élargie de la sécurité. Face à l'ampleur de certains défis ou à leur nature transnationale, l'Etat en Afrique Centrale ne peut plus seul, répondre à l'ensemble des besoins sécuritaires de ses ressortissants.98(*)Le régionalisme dans ce cas se montre comme une approche adéquate pour parer aux menaces de déstabilisation. Il se pose cependant le problème selon lequel malgré leur relance dans les années 1990, les processus de régionalisation n'ont toujours pas permis de dégager les capacités nécessaires pour une approche efficace des défis contemporains, d'où la nécessité pour tous les Etats de participer à l'effort régional de construction d'un espace de paix.

La décennie 1990, marquée par la chute du mur de Berlin, et la fin de la guerre froide a donné lieu à un reprofilage des engagements internationaux en vue du maintien ou de la restauration de la paix et la sécurité sur les terrains instables du continent. En effet, l'écroulement de la menace soviétique sur les espaces d'influence des puissances occidentales en Afrique est allé de pair avec la réduction drastique des interventions militaires occidentales.

Le changement s'est ainsi opéré en donnant lieu simultanément à une multiplication d'initiatives et résolutions visant une plus grande responsabilisation des gouvernements et armées africaines dans la gestion des crises sur le Continent.99(*) C'est au nom de cette responsabilité que les Etats d'Afrique Centrale, y compris le Cameroun, doivent agir parce que la conjoncture s'impose à eux. De nombreuses actions aux quelles le Cameroun a participé sont à relever. Par exemple, afin de rendre opérationnels le COPAX et ses organes, l'exercice multinational BARH-EL GAZEL auquel le Cameroun a participé a été organisé au Tchad en novembre 2005. D'autres exercices ont suivi depuis lors, rentrant dans le cadre de la certification de la brigade sous régionale, en vue de l'opérationnalisation de la force africaine en attente il s'agit de l'exercice SAWAqui a eu lieu en 2006Douala (Cameroun) : manoeuvre multinationale sous régionale, bien que s'inscrivant dans le cadre du programme français RECAMP dont il constituait la cinquième édition cet exercice.

Du 10 au 17 novembre 2007 à Moussoro au Tchad, a eu lieu un exercice multinational interarmées de maintien de la paix auquel ont participé les forces armées des pays de la CEEAC et du Togo, invité par le Tchad, du nom de BARH-EL-GAZEL, cet exercice est venu clôturer le cycle des manoeuvres militaires du même nom commencées en 2005. Il visait à identifier les capacités opérationnelles de la CEEAC et à évaluer la capacité de maintien de la paix et d'assistance humanitaire des commandements nationaux dans le cadre de la brigade régionale en attente. Il devait permettre d'évaluer et de valider les procédures opérationnelles ainsi que l'opérabilité de la brigade régionale en attente. Cet exercice a constitué une innovation quant à la capacité de mobilisation et de projection des forces à brève échéance dans un cadre conjoint interafricain. Il a mis en action une brigade légère de 1 600 hommes placés sous le commandement d'un état-major intégré des Etats participants. Il a été l'occasion pour la brigade de la CEEAC de se mettre en phase avec les autres brigades régionales constituant la force africaine en attente.

En Angola, du 22 mai au 10 juin 2010, à l'instar des autres manoeuvres d'envergure, a eu lieu l'exercice KWANZA qui s'inscrivait en fin de phase d'opérationnalisation et de certification de la FOMAC, en vue de sa participation aux missions de paix de la CEEAC ou de l'Union africaine, voire des Nations Unies. Cette manoeuvre militaire conjointe qui a rassemblé près de 4 000 hommes issus des trois unités (terre, marine, air) et des policiers des pays de la CEEAC constituait la dernière étape d'évaluation de la brigade sous régionale avant la validation de la force continentale en attente qui interviendra lors de l'exercice grandeur nature AMANI AFRICA.KWANZA 2010 a été précédé d'un séminaire de cinq jours, organisé en juillet 2009 à Yaoundé au Cameroun et visant à simuler la prise de décision d'engagement de la FOMUC dans une opération de paix.

2. ...À la conjuration des faiblesses individuelles des Etats d'Afrique Centrale : agir collectivement pour trouver une réponse à la crise de l'Etat

Pour Thierry TARDY100(*), en termes généraux, la crise est une situation d'anomie provoquée par le changement. La notion de « crise » s'oppose en principe à celle de «normalité ».

« Il ya dix ans, l'Etat était très largement considéré comme un instrument destiné à résoudre les problèmes ; aujourd'hui, nombreux sont ceux pour qui le problème c'est l'Etat ».101(*) Ces propos constituent une image représentative de l'idée que l'on se fait de l'Etat aujourd'hui en Afrique Centrale, relativement à sa dimension capacitaire. On est là dans l'expression d'une statolitémolle102(*) Autrement dit, l'Etat aujourd'hui en Afrique Centrale est malade car il n'arrive plus à assurer ses missions régaliennes, traduisant ainsi un monopole désuet.103(*)Préciser de quel Etat s'agit-il lorsqu'on évoque la crise de l'Etat, c'est évacuer tous les biais méthodiques qui empêcheraient de mieux cerner le réel étudié. Il s'agit en l'espèce de l'Etat providence qui jouait les protecteurs dans tous les aspects de la vie sociale et politique du territoire y afférent mais qui aujourd'hui n'arrive plus à se poser de façon capacitaire comme le démontrent bon nombre d'Etas en Afrique Centrale. Le détour que nous venons de faire permet de saisir exactement à quel niveau peut-on percevoir la crise de l'Etat. Il suffit alors de faire une petite équation simple en se demandant quels sont les attributs à partir des quels l'Etat agit. Les développements précédents permettent de répondre que ces attributs sont la territorialité et la souveraineté dont la somme pourrait correspondre à la statolité et s'il y a crise de l'Etat, c'est simplement que les éléments constitutifs de la statolité sont devenus inopérants et fragiles.104(*) C'est là même tout le sens de la catégorie Etat fragile qui constitue un signifiant pertinent de la statolité stérile et du monopole désuet. L'Etat fragile renvoie à un type de pays faisant face à des défis dans les domaines de la sécurité, de la gouvernance et de la provision de services de base à ses citoyens. Cette notion est entrée dans levocabulaire de l'aide au développement audébut des années 90 à l'époque où lagouvernance se désintégrait en Somalie.

Desmilliers de gens ont été victimes de la violenceet des millions sont morts de faim.Cependant, les politiques de développementne s'intéressaient pas aux États fragiles. Lespays donateurs dispensaient l'essentiel deleur aide à quelques pays, en particulier àceux qui pratiquaient une bonnegouvernance.La situation a radicalement changé aprèsl'attaque du World Trade Center à New Yorkle 11 septembre 2001. Brusquement, les Étatsfragiles se sont vu accorder la priorité dans lecalendrier du développement. Avant cetévénement (connu désormais sous le nom de9/11), être actif dans les États fragiles étaitsouvent considéré comme un effort ingrat etune perte de ressources. Il est clairaujourd'hui que les besoins dedéveloppement de certains États fragiles nepeuvent être ignorés. Depuis 9/11, denombreux donateurs ont élaboré desstratégies pour travailler dans et avec cespays.105(*)

Le Comité d'Aide au Développement (CAD)de l'OCDE considère qu'« un État est fragile lorsque le gouvernementet les instances étatiques n'ontpas les moyens et/ou la volonté politiqued'assurer la sécurité et la protection descitoyens, de gérer efficacement les affairespubliques et de lutter contre la pauvreté ausein de la population. »106(*) Face à une telle situation, l'intégration régionale et sous régionale se posent comme des cadres pertinents de conjuration de la fragilité et tous les Etats y sont impliqués. C'est à ce titre que le Cameroun agit dans la gestion des conflits en Afrique Centrale. Une telle action peut constituer non plus une logique d'intérêt national mais un apport dans la mutualisation des efforts visant à intervenir dans les Etas en crise. C'est là le sens de la conjoncture sécuritaire qui échappe au cadre limité de l'intérêt national. On peut donc voir l'apport du constructivisme dans cette recherche dans la mesure où il permet de saisir le rôle de du Cameron sous le prisme des valeurs de paix qui sont partagées au plan sous régional et régional.

Si la participation du Cameroun à la gestion des conflits en Afrique Centrale relève d'un aspect conjoncturel de recherche de la paix, cela ne tient pas seulement au fait qu'il y a un impératif sécuritaire qui se situe au-delà de l'intérêt national. Il y a aussi la traduction d'une nouvelle dynamique des relations internationales.

B. L'EXPRESSION D'UNE NOUVELLE DYNAMIQUE DES RELATIONS INTERNATIONALES : LA REGIONALISATION DES INITIATIVES SECURITAIRES

L'expression de cette nouvelle dynamique des relations internationales se traduit par le fait que la régionalisation constitue aujourd'hui un site de dépassement des intérêts nationaux (1) en même temps qu'elle produit de la stabilité politico économique (2).

1. La régionalisation sécuritaire comme moyen de dépassement des intérêts nationaux

L'intégration régionale est un phénomène aujourd'hui répandue. Elle est « le regroupement, plus ou moins formalisé au plan institutionnel, de plusieurs Etats appartenant à une aire géographique délimitée, à des fins de coopération économique et/ou politique à long terme »107(*). Cependant, la définition la plus évoquée par les théoriciens est celle d'Ernest Haas, l'un des pères fondateurs des études sur l'intégration européenne. Ce dernier définit l'intégration non pas comme un état que l'on dira statique, mais comme un « processus par lequel les acteurs politiques dans plusieurs ensembles nationaux sont persuadés de modifier leurs loyautés, leurs attentes et leurs activités politiques vers un nouveau centre, dont les institutions possèdent ou demandent autorité sur les Etats nationaux préexistants »108(*). C'est là le sens du dépassement de l'intérêt national et dépassement est d'autant plus nécessaire que le Cameroun agit en fonction d'un repère axiologique qui communément partagé à l'échelle sous régionale : c'est la recherche de la paix. Pour le Cameroun, il n'est donc pas fatal que la régionalisation se présente comme un site de dépassement des intérêts nationaux car on est en face de processus positif permettant la constitution d'une communauté de sécurité109(*), d'une interdépendance économique accrue, d'une identité partagée favorisant, dans une aire géographique particulière, le développement d'actions collectives institutionnalisées. Les actions collectives sécuritaires dans ce sens peuvent donc justifier à partir du constructivisme, les raisons conjoncturelles de la participation du Cameroun dans la gestion des conflits en Afrique Centrale car, la notion de communauté de sécurité est aujourd'hui au coeur d'un important programme de recherche constructiviste.110(*) Ce qui précède montre fort pertinemment que le dépassement des intérêts nationaux pour la production d'un ordre sécuritaire sous régional est une construction à laquelle le Cameroun adhère fortement.

A partir de la construction d'un espace sécuritaire au-delà de l'intérêt national, la régionalisation sécuritaire peut aussi se présenter comme un tremplin de stabilité politique et économique.

2. La régionalisation sécuritaire comme moyen de production d'une stabilité politico économique.

La récurrence des crises politico-militaires reste un défi majeur pour le continent africain dans son ensemble et la région Afrique Centrale en particulier. Les efforts de développement économique sont handicapés par l'existence et ou les séquelles de multiples foyers de troubles sociopolitiques, crises post électorales, mutineries, rebellions et autres guerres civiles qui ont généré des pertes importantes en vies humaines, un nombre élevé de personnes réfugiées ou déplacées, des violations massives des droits humains et une destruction à grande échelle des systèmes et moyens de production. Tout ce qui précède est révélateur de l'instabilité politique et économique111(*) et pour y remédier, l'intégration régionale se pose comme un préalable dans la mesure où elle obligerait tous les Etats de l'Afrique Centrale à agir. La raison étant que l'insécurité de plus en plus transnationale peut sévir dans Etat et avoir des répercussions dans l'autre. L'exemple du Cameroun relativement à la crise centrafricaine en est assez révélateur. Dans ce cas donc, le Cameroun n'est pas porté à agir dans la gestion conflits en Afrique Centrale pour la pure défense de ses intérêts mais pour la construction d'un ordre politique stable profitant à toute la sous-région.

Le développement peut être obtenu par l'union ou la coopération accélérée. Ce qui signifie que l'intégration régionale favorise la croissance économique et le développement des États membres du fait qu'elle offre un vaste marché et d'énormes possibilités d'amélioration de productivité. On ne saurait donc atteindre un tel état de croissance si les efforts pour la construction d'une ingénierie politico-sécuritaire ne sont pas conjugués entre les Etats d'Afrique centrale, toute chose que le Cameroun a intégrée dans sa politique étrangère en Afrique Centrale, agissant ainsi dans la résolution des conflits.

En définitive, notre but ici était de montrer que la participation du Cameroun aux efforts sous régionaux de gestion des conflits obéit bien à une logique rationnelle, mais aussi qu'elle n'est pas seulement confinée à une logique d'intérêt national. Elle peut aussi s'inscrire dans une dynamique conjoncturelle de recherche de la paix au sein de la sous-région Afrique Centrale. C'est dire que cette participation qui ne rentre pas totalement dans le registre d'une statolité rationnelle est elle-même liée à la nature conflictogène de l'Afrique Centrale. C'est que, cette sous-région est un site de conflictualité permanente et rémanente. Pour répondre à cette conflictualité dont la géopolitique est assez révélatrice en termes d'acteurs et de stratégies, des réponses normatives et institutionnelles ont été imaginées et le Cameroun y joue un grand rôle à travers sa participation aux exercices opérationnels. Au-delà du fait que la sous-région à laquelle appartient le Cameroun soit conflictogène, nous avons pu montrer dans cette partie que, l'action du Cameroun dans la gestion des conflits en Afrique Centrale relève au-delà de l'intérêt national, d'une action collective. L'action collective sécuritaire permet de s'inscrire dans les nouvelles dynamiques des relations internationales qui posent l'intégration régionale comme catégorie analytique et opérationnelle pertinente d'autant plus que c'est par là que peut passer la stabilité et la croissance économique.

DEUXIEME PARTIE 

LA STRATEGIE CAMEROUNAISE DANS LA GESTION DES CONFLITS EN AFRIQUE CENTRALE : UNE ADAPTATION ACTUELLE AUX PROBLEMATIQUES SECURITAIRES CONTEMPORAINES.

Dans cette deuxième partie, il s'agira de présenter dans un premier chapitre (chapitre 3), comment le Cameroun se déploie pour être présent dans la gestion des conflits, à travers des missions de formation et des structures y afférentes, mais aussi en terme d'actualisation de sa carte militaire. Nous ne négligerons pas la coordination avec les Etats de l'Afrique centrale, au sein des différentes institutions de cette région de l'Afrique (chapitre 4).

CHAPITRE III 

LES DYNAMIQUES OPERATIONELLES DE LA PARTICIPATION DU CAMEROUN DANS LA GESTION DES CONFLITS

Le Cameroun comme la plupart des Etats au 21ème siècle est préoccupé par les questions de paix et de sécurité tant celles-ci ont un impact direct sur ses perspectives de développement. Pays au potentiel immense112(*) mais miné par de nombreuses situations conjoncturelles difficiles, le Cameroun dans la sous-région d'Afrique ne peut pas se permettre comme on l'a vu, le luxe d'un interventionnisme militaire propre au comportement hégémonique113(*) ; même si pour beaucoup, ce pays est ou devrait être la puissance stabilisatrice de la sous-région. Au contraire, dans une équation assez complexe, le Cameroun tente tant bien que mal, au gré des conjonctures, de ses intérêts mais aussi des principes de non-ingérence et de respect de l'intégrité territoriale (qu'il défend et promeut) de peser sur l'agenda sécuritaire de la sous-région d'Afrique centrale. Sur le plan opérationnel cela se traduit par une participation étagée et méticuleusement calculée au maintien de la paix dans la sous-région qui implique une contribution non seulement au plan de la formation (Section I), mais aussi au niveau du déploiement des missions de paix (Section II).

SECTION I : DES MISSIONS DE FORMATION : ENTRE MISE A DISPOSITION DE STRUCTURES DE FORMATION ET PARTICIPATION AUX EXERCICES CONJOINTS...

L'analyse de la contribution camerounaise au maintien de la paix et de la sécurité en Afrique met en lumière deux pools principaux, l'un relevant du niveau stratégique et l'autre de niveau opératif. Le premier pool dont il sera question dans cette section nous permet de voir qu'en matière de contribution au maintien de la paix et de la sécurité dans sa sous-région, le Cameroun a su contourner l'obstacle des principes qu'il défend qui de fait, limitaient ses perspectives d'intervention en faveur de la paix sans les pays de la sous-région.

En effet, le Cameroun opte pour une équation d'intervention au plan stratégique qui lui permet de peser énormément sur les processus et structures centrales de maintien de la paix en Afrique centrale, sans pour autant avoir nécessairement besoin de se poser en hégémon susceptible d'intervenir à outrance dans les pays voisins en crise. Cette équation fondée sur la mise à disposition par le Cameroun des structures spécialisées de formation en matière de maintien de la paix (A) est consolidée par une contribution tactique à travers la participation aux exercices conjoints organisés par l'instance communautaire responsable au nom de la sous-traitance stratégique, des questions de paix et de sécurité dans la sous-région d'Afrique centrale (B).

A -LA MISE A DISPOSITION DE STRUCTURES DE FORMATION SPECIALISEES

La stratégie camerounaise en matière de paix et de sécurité a su dès le départ se passer d'un plein emploi de la puissance au sens le plus classique du terme comme outil de paix. Non seulement parce que cela irait à l'encontre des principes de non-ingérence et de respect de l'intégrité territoriale pour lesquels le Cameroun se pose volontairement défenseur, mais aussi parce que l'état de ses moyens aujourd'hui ne lui permettent pas une telle initiative. Toutefois, les différentes conjonctures et la nécessité de protéger son intérêt a poussé le Cameroun à imaginer des solutions de substitution parmi lesquelles la volonté et même la tentative de peser ou d'impacter sur la formation d'une culture stratégique commune en Afrique centrale.

Cette volonté des autorités camerounaises les a amenés très tôt à ouvrir l'entrée dans sa célèbre et mythique Ecole Militaire Interarmées (EMIA) à des soldats originaires des autres pays d'Afrique Centrale et même au-delà. C'est dans cette veine que cette Ecole spécialisée a accueilli des personnalités telles que le Défunt Thomas SANKARA et l'ancien Président Burkinabé Blaise COMPAORE. Cette stratégie camerounaise va monter d'un cran avec la création et la montée en puissance du Cours Supérieur Interarmées de Défense (CSID) (1) et de l'Ecole Internationale des Forces de Sécurité (EIFORCES) (2). Ces deux structures sont depuis leur création, progressivement devenues des références sous régionales en matière de formation dans le domaine de la paix et de la sécurité.

1 - Le Cours Supérieur Interarmées de Défense (CSID)

Le rôle des écoles de formation militaire dans la formation de la culture stratégique des forces armées n'est plus à démontrer114(*), ces écoles constituent de ce fait des lieux par excellence de prise en compte et même d'ailleurs de facilitation de la mise oeuvre de l'interopérabilité dans les futures actions des forces sous régionales. Nous analyserons dans cette partie le Cours Supérieur Interarmées de Défense désormais connu sous le nom d'Ecole Supérieure Internationale de Guerre de Simbock.

Le CSID est créé par décret présidentiel le 13 janvier 2005. Regroupant les futurs brevetés de l'enseignement militaire supérieur du 2nd degré des trois armées et de la gendarmerie, le CSID a pour mission de préparer les officiers supérieurs à assumer de hautes responsabilités au sein de leur armée d'appartenance, dans les états-majors de haut niveau, les grandes directions et les organismes interarmées, interalliés et internationaux et éventuellement à mettre au service de la FAA. C'est pourquoi après une première année purement nationale, le CSID a accueilli en 2006 trois stagiaires étrangers venant du Burkina Faso, Gabon, Niger ; puis sept en 2007. En 2008-2009, la 4e promotion était composée de 33 stagiaires de 19 nationalités et finalement on est arrivé avec La 6e promotion de 20 nationalités différentes dont un français et un américain. En mars 2009 l'Ecole fut récompensée par la CEEAC qui l'a distingué en la rangeant parmi ses institutions d'excellence « de niveau stratégique dans le cadre de la formation du soldat de la paix ».

L'Ecole Supérieure Internationale de Guerre de Simbock offre une formation d'une durée de dix mois sanctionnée par l'attribution du Brevet d'Etudes Militaire Supérieur (B.E.M.S)115(*). Conformément au décret N°2005/015 du 13 janvier 2005, le CSID est placé sous l'autorité d'un commandant, assisté d'un commandant en second, exerçant les fonctions de Directeur de l'enseignement, officier nommé par décret du Président de la République. La direction des études et programmes assure : la préparation, la programmation et l'organisation de l'enseignement ; les études relatives à l'évolution des programmes et du contenu des enseignements.

L'enseignement général de défense dispensé au CSID intègre la stratégie, la géopolitique, le droit, les relations internationales, le management, la communication, l'économie...cet enseignement vise à enrichir la culture générale des officiers stagiaires, à approfondir leur réflexion sur la défense et l'institution militaire, à développer l'ouverture vers des instances extérieures, civiles et militaires, nationales et internationales. L'enseignement opérationnel, quant à lui a pour objectif de donner aux stagiaires les connaissances indispensables à la planification et à la conduite des opérations interarmées nationales ou multinationales. A cet effet, l'enseignement dispensé porte sur : les études opérationnelles communes ; les études opérationnelles spécifiques à chaque armée. C'est ce justement qui permet aux stagiaires de développer une culture stratégique collective, laquelle permettrait de faciliter l'interopérabilité dans le cadre d'actions militaires communes. On le voit donc, la place du CSID dans le maintien de la paix et de la sécurité en Afrique centrale.

2 - L'Ecole Internationale des Forces de Sécurité

Comme avec les structures de formation militaire au plan stratégique et opérationnel, le Cameroun a également mis en place une de structure de formation militaire au plan tactique. Il s'agit de l'Ecole Internationale des Forces de Sécurité (EIFORCES).

L'EIFORCES du Cameroun a été créée par Décret présidentiel116(*) et elle s'occupe de deux activités principales à savoir la formation de policiers et de gendarmes et la recherche fondamentale dans les domaines liés à la sécurité intérieure et aux opérations de maintien de la paix.117(*) Ces dernières années, l'EIFORCES est montée en puissance grâce à son centre de perfectionnement aux techniques de maintien de l'ordre (CPTMO) qui a déjà formé plus d'une centaine de cadres de commandement d'unités de polices constituées d'une vingtaine de pays africains.

Cette école entend développer une vision partagée de la sécurité c'est-à-dire des réponses à apporter à un certain type de menaces, elle participe surtout à développer les capacités des gendarmes et policiers en matière d'opérations de maintien de la paix, de gouvernance des services de sécurité et de coopération policière internationale. L'EIFORCES est un concept structuré autour de trois fonctions que sont la formation des agents individuels et d'unités constituées, la recherche et la documentation sur les conflits et la sécurité humaine et surtout le développement de normes et de standards communs pour les forces de sécurité des Etats de la CEEAC ce qui faciliterait particulièrement l'interopérabilité dans un possible contingent multinationale. En outre, le projet EIFORCES c'est aussi un centre de perfectionnement à la police judiciaire (CPPJ) de la Gendarmerie et l'Ecole Nationale Supérieure de Police.

Ayant l'ambition de fournir aux stagiaires une formation conforme aux standards de l'ONU et de l'UA, l'EIFORCES se pose comme une référence en Afrique centrale et comme toutes les autres structures de formations analysées plus haut elle participe à la construction d'une culture stratégique commune en Afrique centrale voire dans le contient entier, laquelle culture permettrait sans doute une meilleure implémentation de l'interopérabilité entre et au sein des forces communes de la FOMAC et dont au sein de la composante police de ces forces. A partir de là, les exercices conjoints organisés par la FOMAC apparaissent alors comme des lieux d'expérimentation de cette interopérabilité, permettant de corriger les écarts qui ne manquent pas de subsister. Là également, on voit que le Cameroun en créant l'EIFORCES a su développer un outil lui permettant d'agir de manière indirecte, à l'amont de toute gestion de la paix en Afrique centrale.

B -LA PARTICIPATION CAMEROUNAISE AUX EXERCICES MILITAIRES CONJOINTS

Pour le Cameroun, participer aux exercices militaires conjoints de la Force Multinationale de l'Afrique Centrale (FOMAC) obéit à une logique d'influence du processus de gestion des conflits clairement définit. Comme nous l'avons déjà précisé, le Cameroun sait parfaitement que c'est une occasion sérieuse d'influencer le maintien de la paix dans la sous-région dans la mesure où ces opérations permettent aux forces en attente de l'Afrique centrale de se projeter. Le Cameroun a déjà ainsi participé à plusieurs de ces exercices.. Il s'agit non seulement de BIYONGHO 2003 au Gabon, de BAHR-EL GAZAL 1 en 2005 au Tchad et SAWA 2006 au Cameroun (A), mais aussi de BAHR-EL GAZAL 2 en 2007 au Tchad, de KWANZA 2010 en Angola et prochainement de FOMAC-CONGO 2014 en République du Congo (B).

1. Les exercices BIYONGHO 2003, BAHR-EL GAZAL 1 ET SAWA 2006

Les exercices militaires conjoints en Afrique centrale rentrent dans le cadre de la construction de l'Architecture Africaine de Paix et de Sécurité (AAPS ou APSA), le plus ambitieux programme de sécurité jamais développé en Afrique118(*) et du programme de global de renforcement des capacités africaines pour le maintien de la paix (RECAMP). Il s'agit en général de tester la capacité de déploiement rapide des forces. Ces exercices nous intéresserons dans ce cadre en ce sens où ils permettent sans doute d'expérimenter et d'évaluer le niveau d'interopérabilité au sein des forces conjointes et dont dans la composante police de ces dernières. Les tout premiers exercices de ce type en Afrique centrale sont BIYONGHO 2003, BAHR-EL GAZAL 1 et SAWA 2006.

En ce qui concerne BIYONGHO 2003, il faut dire que c'est un exercice qui s'est tenu en juillet 2003 dans la province du Haut-Ogooué au Gabon. Il faisait suite à BIYONGHO 98 qui n'avait pu se tenir pour des raisons financières119(*). BIYONGHO 2003 qui a réuni près d'un millier d'hommes venant de huit pays d'Afrique centrale avait pour but de préparer ces derniers à des interventions militaires de sécurisation en situation de crise. Si les résultats en termes de cohésion entre les différents soldats n'étaient totalement satisfaisants, on a pu faire mieux qu'au cours de l'exercice « Gabon 2000 » qui avait déjà eu lieu en l'an 2000.

BAHR-EL-GAZAL 1 apparaissait à ce moment comme une occasion de corriger les manquements de BIYONGHO 2003. BAHR-EL-GAZAL 1 s'est tenu en novembre 2005 et était porteur de grands espoirs quant à l'amélioration des capacités de l'Afrique centrale qui était faut-il le préciser la sous-région la moins avancée en termes de certification des forces africaines en attente. C'est pourquoi le Secrétaire Général des Nations Unies lui-même a tenu à encourager l'initiative en ces mots « J'ai suivi avec intérêt les délibérations des chefs d'état-major des États membres de la CEEAC qui se sont réunis à Luanda les 11 et 12 avril 2005 en vue de mettre en place la Force africaine en attente (FAA) et des Brigades régionales. Lors de cette réunion, les chefs d'état-major ont aussi décidé d'organiser au Tchad en novembre 2005 le deuxième exercice multinational « Barh El-Gazel 2005 ». En donnant votre aval à cette initiative, indispensable à la sécurité et à la stabilité de l'Afrique centrale, vous montrerez votre détermination à rendre opérationnels le Conseil de paix et de sécurité de l'Afrique centrale et son Mécanisme d'alerte rapide »120(*).

La manoeuvre d'envergure suivante s'est organisée au Cameroun sous le nom « SAWA 2006 ». Celle-ci, bien qu'ayant beaucoup plus mis l'accent sur l'aspect civil, n'est pas moins intéressante en ce qui concerne l'évaluation du niveau d'interopérabilité. En effet, L'occasion a été donnée de voir et d'évaluer sur le terrain l'aspect civil et les projets de développement conçus et réalisés par les militaires dans le cadre d'une opération de maintien de la paix. L'inauguration de nombreux projets de développement réalisés par des militaires dans certaines villes du Cameroun pendant l'exercice Sawa 2006 visait ainsi à renforcer dans l'imagerie populaire l'action humanitaire des militaires. Ces projets sociaux comprenaient la réalisation d'adduction d'eau, la construction de centres de santé et des salles de classe et une aide médicale significative aux populations dans le besoin... de toute évidence, des progrès étaient perceptibles dans tous les domaines et donc dans celui de l'interopérabilité.

2. BAHR-EL GAZAL 2, KWANZA 2010 et FOMAC-CONGO 2014

Comme avec les trois précédents, les exercices suivants ont au-delà des objectifs officiels de l'UA et de la CEEAC - à savoir évaluer les capacités de FOMAC à déployer dans un délai très court, une force de maintien de la paix - permis d'éprouver et de tester l'interopérabilité entre et au sein des forces multinationale de la CEEAC. Ces exercices sont BAHR-EL GAZAL 2, KWANZA 2010 ET FOMAC-CONGO 2014 qui doit se tenir en juillet 2014.

En ce qui concerne BAHR-EL-GAZAL 2, il faut dire qu'il se situe dans la continuité de BAHR-EL-GAZAL 1. L'objectif était bien sûr d'identifier et de redresser les insuffisances et les défauts qui doivent l'être pour faire évoluer la FOMAC vers la certification. Les manoeuvres BAHR-EL-GAZAL qui se sont tenues du 10 au 17 novembre 2007 à Moussoro au Tchad ont vu la participation non seulement des commandements nationaux de la Brigade régionale en attente, mais aussi des troupes venues du Togo invitées par le Tchad. L'exercice devait finalement Il devait permettre d'évaluer et de valider les procédures opérationnelles ainsi que l'opérabilité de la brigade régionale en attente. Cet exercice a constitué une innovation quant à la capacité de mobilisation et de projection des forces à brève échéance dans un cadre conjoint interafricain. Il a mis en action une brigade légère de 1 600 hommes placés sous le commandement d'un état-major intégré des Etats participants. Il a été l'occasion pour la brigade de la CEEAC de se mettre en phase avec les autres brigades régionales constituant la force africaine en attente121(*).

A la suite de ces exercices, l'Angola a été désignée pour abriter l'exercice suivant connu sous le nom KWANZA 2010. Celui-ci s'annonçait déjà comme un exercice de très grande envergure, le commandant en chef122(*) des forces armées angolaise en parlait comme un « exercice militaire de manoeuvre multinationale et multidimensionnelle et de mission intégrée comportant des composantes politiques et diplomatiques ainsi que des composantes d'observation militaire et de police et d'action humanitaire »123(*). Au Cameroun, le Ministre Délégué en charge de la Défense expliquait que ces manoeuvres devaient rentrer dans l'optique de l'évaluation des avancées de la Force multinationale de l'Afrique centrale (FOMAC) en matière de gestion de crises au sein de la sous-région124(*). KWANZA s'est finalement tenu du 22 mai au 10 juin 2010 et a rassemblé près de 4000 hommes issus des trois unités (terre mer et air) d'une armée et de policiers venant des pays de la CEEAC125(*). Actuellement, on annonce un autre exercice qui devrait se tenir en République du Congo au titre de l'année 2014 sous le nom de code FOMAC-CONGO 2014. L'exercice sera dédié comme l'a précisé le général de Brigade François Ossélé, coordonnateur du groupe de réflexion pour FOMAC-CONGO 2014 et par ailleurs directeur des opérations de l'état-major des Forces Armées Congolaises (FAC), à l'atteinte de l'objectif de certification de la capacité de déploiement rapide en 2014. Objectif essentiel réaffirmé avec force par l'Union Africaine (UA) à l'occasion du cinquantenaire de cette organisation continentale.

Ce qui se dégage à travers cette Section est que, les Etats membres de la CEEAC ont entrepris un certain nombre d'efforts qui, même s'ils n'avaient pas pour objectif premier l'interopérabilité au sein de la composante police de la FOMAC, permettait quand même la réalisation de celui-ci à travers la recherche d'un niveau élevé de cohésion et de cohérence dans les actions des forces de la brigade en attente de l'Afrique centrale, lesquelles cohésion et cohérence sont absolument nécessaires si l'on veut avoir un minimum d'efficacité dans le déploiement rapide des missions de paix dans les théâtres d'opérations. Ces efforts comme on l'a vu se sont manifestés non seulement par la construction d'un cadre normatif susceptible de faciliter l'interopérabilité entre et au sein des composantes nationales des troupes de la FOMAC et la mise en place de structures de formation militaires distillant la même culture stratégique aux stagiaires, mais aussi à travers l'organisation de manoeuvres conjointes qui apparaissent dès lors comme des cadres d'expérimentation de l'interopérabilité entre et au sein des différentes composantes de la FOMAC et donc dans sa composante police.

SECTION II :...ÀL'ENVOI DES UNITES CONSTITUEES SUR LE THEATRE DES OPERATIONS

La participation du Cameroun dans les conflits en Afrique, s'inscrit dans une perspective aujourd'hui suffisamment routinière et ritualisée qu'elle semblerait apparaitre comme une institution. Dans certains cas de figure, cette contribution est proche du symbole dans le sens où elle se limite à un envoi au minima des forces en vue de la simple représentativité ; tandis que dans d'autres cas, les plus nombreux, elle s'inscrit dans une logique majoritaire dans laquelle le Cameroun, du moins, ses forces armées et sa police arrivent à jouer un rôle déterminant ; c'est-à-dire structurant. Les cas des crises en RCA (A) et en RDC (B) l'attestent à suffisance.

A - le cas de la crise centrafricaine

Le simple prononcé de la crise centrafricaine renvoie dans les imaginaires, à une situation de « désordre » politique et constitutionnel qui s'est enracinée depuis la période des indépendances. Dans ce pays, les changements anticonstitutionnels de gouvernement par le truchement des coups d'Etats sont devenus légions. Il va s'agir dans cette perspective d'analyse et d'étude de la stratégie camerounaise de gestion des conflits, de rappeler davantage ces situations ou épisodes de conflits ou crise en RCA (1), avant d'en préciser l'essence même de cette contribution (2).

1. De la rétrospective sur les crises politiques en République centrafricaine...

La RCA est la cible depuis des années de groupes rebelles et de bandes de pillards venus des pays voisins (Tchad, Soudan, Ouganda, RD Congo notamment). La situation s'est à tel point dégradée ces dernières années que l'on parle désormais d'Etat failli. La RCA, l'un des pays les plus pauvres au monde, dispose de ressources naturelles largement inexploitées et ne revêt pas de réel intérêt stratégique, ce qui a autorisé son effondrement progressif.

Le 24 mars 2013, la Séléka, une coalition de groupes rebelles venus du Nord de la République centrafricaine mais comptant des combattants à la fois centrafricains, tchadiens et darfouris, prenait le pouvoir, renversant le président François BOZIZE. Les motivations de la Séléka ont pris un tour religieux depuis le mois de septembre dernier lorsque des milices chrétiennes se sont formées en réaction à ses exactions. Le président de transition que la Séléka a porté au pouvoir, Michel DJOTODIA, a dissous le mouvement à la suite des exactions commises par les membres des différentes forces qui le composaient. Mais les bandes armées semant la terreur dans les rues de la capitale sont toujours légion, leur capacité de nuisance n'ayant pas été altérée par leur intégration à ce que le gouvernement de transition présente comme les nouvelles forces de sécurité centrafricaines. Michel DJOTODIA joue lui-même un jeu trouble, à la fois débordé et tenu en respect par les bandes de pillards qui l'ont placé au pouvoir. Les autres responsables politiques en poste à l'époque de la prise de pouvoir de DJOTODIA ont été laissés en place, notamment le premier ministre Nicolas TIANGAYE, et sont aujourd'hui visiblement dépassés par une situation qui ne fait qu'empirer et qu'ils n'ont pas activement combattue.

Face à la dégradation de la situation, la France a soumis une proposition de résolution au Conseil de sécurité des Nations unies visant à renforcer la Mission Internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA), force africaine présente en RCA. Cette résolution autorise également la France à soutenir la MISCA militairement, avec la possibilité que cette dernière devienne ultérieurement une force onusienne si les soldats africains ne devaient pas parvenir à gérer la situation. La MISCA renforcée doit se déployer pour une période de douze mois, révisable au bout de six mois, et aura un mandat l'autorisant à recourir à la force, un mandat de chapitre VII de la Charte des Nations unies.

Le premier ministre centrafricain, Nicolas TIANGAYE, interlocuteur principal de la communauté internationale depuis le début de la crise et interface avec le président DJOTODIA, avait lui-même appelé à un vote donnant à la MISCA et son appui français un mandat de chapitre VII. Figure militante de la défense des droits de l'homme en Centrafrique, M. TIANGAYE semble espérer une sortie de crise orchestrée par la communauté internationale. La résolution 2127 a été votée à l'unanimité par le Conseil de sécurité le 5 décembre 2013. Un conseil de défense a été tenu en France le même jour, à l'issue duquel François Hollande a annoncé l'envoi immédiat des troupes visées par la résolution onusienne. Il s'agit ici pour la France d'appuyer une force déjà existante et non d'entrer en premier, ce qui fait une différence notable avec l'opération Serval au Mali. L'ONU a menacé de sanctions certains membres de l'ex-Séléka, dont son numéro deux et homme fort, Noureddine Adam. Un embargo sur les armes à destination de Bangui fait également partie de la résolution.

Le nom donné à l'opération française en Centrafrique, lancée le 5 décembre, est Sangaris. Cette opération est dirigée par le général Francisco Soriano et les troupes qui la composent ont été déployées très rapidement. Les troupes françaises ont en effet déjà atteint 1.600 hommes et doivent se stabiliser à ce chiffre pour demeurer sur place jusqu'à ce que la mission soit remplie. Lors d'une conférence de presse en marge du sommet sur la paix et la sécurité en Afrique samedi dernier, François Hollande a annoncé que la mission première des troupes françaises serait de désarmer les milices et de rétablir la sécurité pour permettre la tenue d'élections libres.

Dès l'annonce du déploiement de renforts français pour épauler la MISCA, de nombreux ex-Séléka avaient quitté Bangui. La situation à Bangui semble plus calme depuis samedi matin, la présence des Français dans la ville dissuadant les groupes de s'affronter dans le centre-ville. Mais les violences et massacres continuent dans les faubourgs populaires de Bangui, les soldats français doivent donc maintenant ramener l'ordre dans ces quartiers. Les troupes françaises ont entrepris ces derniers jours de se déployer hors de Bangui, notamment à Bossangoa, ville du Nord du pays très touchée par les affrontements. Lors du mini-sommet sur la situation en Centrafrique le 7 décembre, en marge du sommet sur la paix et la sécurité en Afrique qui se tenait à Paris, le président français a pu s'entretenir avec ses partenaires sur le dossier. Se trouvaient notamment à ce mini-sommet BAN KI-MOON, le premier ministre centrafricain Nicolas TIANGAYE et les dirigeants des pays voisins. Le Secrétaire général de l'ONU a à cette occasion chaleureusement salué l'implication de la France dans la réaction internationale face à la crise.

De leur côté, les partenaires africains de la France dans cette opération font montre d'un volontarisme certain. La MISCA compte 2.500 hommes venus des pays voisins (Gabon, Cameroun, Congo et Tchad) et doit être portée à 3.600 soldats africains, épaulés par un millier de soldats français, dans les prochaines semaines. Il a même été annoncé que la force africaine coordonnée par l'UA devrait atteindre 6.000 hommes, ce qui semble être un objectif de plus long terme.

La France a obtenu le soutien de l'Union européenne, Hermann VAN ROMPUY ayant notamment témoigné son adhésion à l'action française. L'UE a également annoncé qu'elle entendait soutenir la MISCA, notamment financièrement. Le déploiement du Battle group européen aurait également été évoqué dans les discussions mais ne serait pas à l'ordre du jour, la France n'ayant pas sollicité une telle aide. Le Royaume-Uni va de son côté fournir des avions de transport militaire pour soutenir l'intervention française. L'Allemagne a également proposé son aide à la France en matière de transport aérien.

Les Etats-Unis sont très réticents au possible basculement de la mission en force de maintien de la paix de l'ONU, considérant que les forces africaines de la MISCA pourront gérer seules la situation, dans une logique affichée de sécurisation de l'Afrique par les Africains. Mais le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a fait part de ses préoccupations, affirmant que 6.000 à 9.000 hommes correctement entraînés et équipés seraient nécessaires pour ramener la situation sous contrôle.

Les affrontements entre chrétiens et musulmans, essentiellement dans la partie Nord du pays, sont très violents et ont fait des milliers de morts et des dizaines des centaines de milliers de déplacés (un dixième de la population centrafricaine selon les dernières estimations). La situation sécuritaire est telle que les journalistes ne sont plus autorisés à s'y rendre ; les comptes rendus concernant cette partie du pays émanent donc d'ONG de défense des droits de l'homme telles que HumanRights Watch. Les milices d'auto-défense chrétiennes, appuyées par une partie des anciennes forces armées demeurées fidèles au président BOZIZE, disposent aujourd'hui des mêmes armes que la Séléka et les combats entre les groupes paramilitaires sont extrêmement violents.

A Bangui, la situation est également très tendue, des pick-up transportant des combattants de groupes difficilement identifiables paradant et semant la terreur dans la ville. Les restes des forces loyales à l'ancien président BOZIZE, alliées avec les milices chrétiennes, s'opposent notamment aux combattants de l'ex-Séléka. Les centaines de corps jonchant les rues de Bangui, évacués par la Croix Rouge, témoignent de ces combats à l'arme lourde. La crainte est qu'une insurrection générale ait lieu à Bangui contre l'ex-Séléka, avec pour résultat des pogroms contre la population musulmane considérée par les chrétiens comme proche et complice de la Séléka. Les agences des Nations unies se sont dites particulièrement préoccupées par la dégradation de la situation humanitaire en Centrafrique, qui pourrait entraîner davantage encore de déplacements de population et une aggravation du chaos ambiant.

L'Etat centrafricain ne survit depuis mars que grâce à l'aide très substantielle fournie par la République du Congo de Denis SASSOU NGUESSO, et un redressement même relatif de la situation d'ici aux élections générales annoncées pour 2015 semble très improbable. La situation sécuritaire empêche la plupart des ONG humanitaires qui étaient précédemment présentes d'oeuvrer en Centrafrique. Les deux dernières qui sont restées sont MSF et le CICR, ce qui est insuffisant pour faire face à la crise.

Des ONG de défense des droits de l'homme comme HumanRights Watch font état depuis plusieurs mois, d'attaques et de pillages systématiques contre des villages, notamment au Nord, et du recours par les bandes armées à des enfants de moins de 15 ans pour des tâches diverses en lien avec les attaques (transporter le matériel, les armes, participer aux attaques, etc.). De nombreuses mises en garde ont été lancées par ces acteurs pour prévenir de la possibilité de la mutation du conflit en guerre interreligieuse et de la sanctuarisation terroriste de la partie nord du territoire, ce qui semble une menace réelle. Les razzias visant les populations villageoises, principalement les non-musulmanes, ainsi que les pillages et agressions sont en effet très fréquents. Les forces de sécurité et les représentants des autorités étatiques et locales sont inexistants, faisant de la RCA une zone de non-droit où le chaos ne trouve aucune entrave.

2. ... à la participation des forces armées camerounaises à leur dénouement.

Alors qu'il était en route pour la République centrafricaine (RCA) où la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) prend le relais de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA), Hervé Ladsous, nouveau secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l'Organisation des Nations unies (ONU), a été reçu en fin de matinée samedi dernier par le Premier ministre, chef du gouvernement, Philémon Yang. A l'issue de l'entretien, le chef du département des opérations de maintien de la paix à l'ONU a déclaré à la presse126(*) être « venu pour rencontrer les autorités camerounaises avant de se rendre en Centrafrique où nous allons reprendre le flambeau de l'Union africaine après-demain. Le diplomate onusien a ajouté qu'il voulait adresser au gouvernement camerounais un message de profonde reconnaissance pour tout ce que le Cameroun a fait au fil des années pour soutenir l'action de la communauté internationale ».

D'après Hervé LADSOUS, « le Cameroun le fait en fournissant des troupes et des policiers qui se comportent bien sur le terrain »127(*). Plus que jamais, a-t-il poursuivi, « nous devons travailler la main dans la main pour faire sortir la RCA de l'ornière profonde et douloureuse dans laquelle elle s'est enfoncée ces dernières années ». Parlant de ce qui va changer en RCA avec l'avènement de la MINUSCA, Hervé Ladsous a révélé que l'ONU y apporte des troupes supplémentaires qui viennent d'autres parties du monde, des Marocains, des Sri-lankais, des Pakistanais, etc. En plus de l'élargissement des contributions, il a ajouté que les missions de maintien de la paix des Nations unies apportent une perspective à la fois politique et intégrée, en étant un vecteur de promotion des droits de l'homme et de l'Etat de droit, puis en accompagnant les processus de désarmement et de démobilisation des ex-combattants. Diplomate chevronné de nationalité française, Hervé LADSOUS était accompagné samedi par le représentant spécial du SG de l'ONU pour la RCA, le Général Babacar GAYE. Avant de se rendre chez le PM, M. LADSOUS a été reçu plus tôt samedi par le ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense, Edgard Alain MEBE NGO'O.

Les différents contingents camerounais ont souvent été constitués de militaires, de policiers, d'observateurs militaires et autres. Toutefois, comme le relève le colonel YAMBA128(*) de la 2ème Région militaire du Cameroun, « la participation des Forces de défense du Cameroun (FDC) aux opérations de maintien de la paix (OMP) à travers le continent africain, revêt tantôt la forme individuelle, tantôt la forme collective, selon les niveaux stratégiques, opératifs et/ou tactiques des OMP». Selon cet officier supérieur de l'armée camerounaise, la participation individuelle aux OMP est une participation minimale en hommes, car ce sont des militaires ou policiers qui ont des contrats individuels et travaillent, soit au niveau opératif, soit au niveau stratégique. Pourtant, la participation collective, quant à elle, renvoie à la participation par unités constituées, ce sont des contingents dont les membres évoluent ensemble.

Dans l'ensemble, la participation des FDC dans les OMP en Afrique est assez souvent individuelle, comme cela a été le cas au Darfour, en Angola, en RDC, au Rwanda, en RCA, en Côte-d'Ivoire et au Mali. Dans ces cas, de nombreux sous-officiers et officiers des FDC ont été envoyés sur demande de l'ONU et/ou de l'UA à titre d'observateurs, comme nous l'avons démontré au préalable. Ils arrivent souvent à se retrouver au niveau opératif et même stratégique, soit à cause de leurs compétences individuelles, soit alors par le biais des places réservées au Cameroun », a confié le colonel Louis Marie KOUMA129(*). Pour Joseph Vincent NTUDA EBODE, le gouvernement camerounais a mis à la disposition de la Mission des Nations Unies en République Centrafricaine (MINURCA), le 8 février 1999, un personnel pour la formation de la police civile.

A l'expiration du mandat de la MINURCA en février 2000, un officier supérieur camerounais occupait les fonctions de chef de l'instruction de la police civile, fonction qui ont été maintenues dans le cadre du bureau d'Appui des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix en République Centrafricaine (BONUCA). En juillet 2009, un autre élément des FDC occupait le poste d'officier supérieur chargé de la logistique au sein de la Mission de l'Union africaine en Somalie (AMISOM). Toujours dans le cadre de leur participation individuelle en Afrique, les Forces de défense camerounaise sont intervenues par contingent de quatre officiers pour le compte de l'UA au Sud Soudan (MUAS au Darfour) dans le cadre du `'Darfour DESK'' (programme de suivi des opérations pour le compte de l'UA). Dès 2005, des contingents portés à 10, puis à 20 observateurs s'y sont succédé. Depuis le passage de la Mission de l'Union Africaine au Soudan (MUAS) à la Mission des Nations Unies au Darfour (MINUAD), ce sont des groupes de cinq officiers qui se relayaient. En Ethiopie, un officier camerounais fait partie de l'état-major de la Force africaine en Attente (FAA), et en Côte d'Ivoire depuis 2003, un autre fait partie de l'état-major de la mission de l'Organisation des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) en qualité de représentant militaire du Président de la Commission de l'UA », précise un enseignant permanent à l'Institut des Relations internationales du Cameroun (IRIC), Jean KENFACK130(*).
L'on se souvient aussi que des policiers camerounais étaient de la mission humanitaire à Goma (Zaïre) en 1994 et 1998-2000, et plus tard dans le cadre de la MONUC en RDC en 2006.

Par ailleurs, les FDC n'ont pas souvent participé aux OMP de manière collective en unité constituée. Le cas de la RCA reste encore unique. A ce propos, depuis 2008, le Cameroun est présent en RCA aux côtés des autres pays de la CEEAC pour la mission de consolidation de la paix dans ce pays. Il s'agit d'un contingent de 107 personnes en sus de 4 officiers d'état-major et de 12 personnels d'appui et du chef d'état-major. Et depuis juin 2013, dans le cadre de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous la conduite africaine (MISCA) décidée par le Conseil de paix et de sécurité de l'Union Africaine (CPS-UA), le Cameroun a encore envoyé 517 militaires et 320 policiers, soit au total 837 éléments , a souligné le colonel YAMABA. A en croire cet officier ; « c'est la première fois que le Cameroun sorte avec un aussi grand effectif depuis sa participation dans les missions de maintien de la paix en Afrique »131(*). Et comme une cerise sur le gâteau, ce sont deux généraux de brigade camerounais qui se sont succédé à la tête de ces missions en RCA, respectivement en 2009 où Hector Marie TCHEMO était commandant de la MUNURCA et depuis 2013, TUMENTA CHOMU Martin, est le commandant de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA).

A en croire les sources militaires, les FDC participent aussi aux OMP dans le cadre de la formation et des activités de préparation aux OMP. En effet, avec la création de la Force africaine en attente (FAA) et la mise sur pied des brigades régionales devant la composer, le Cameroun prend une part active à sa montée en puissance au sein de la force multinationale de l'Afrique Centrale (FOMAC, institution de la CEEAC) et du mécanisme d'alerte rapide de l'Afrique Centrale (MARAC, institution de la CEMAC). Le Cameroun est également en compétition avec l'Algérie pour abriter la Base logistique continentale (BLC) où devrait être stocké le dispositif logistique appelé à être affecté aux missions de paix initiées et conduites sous la bannière des institutions africaines. Sur le plan de la logistique, le Cameroun qui, dans sa coopération avec l'ONU et l'UA, met ses infrastructures portuaires et aéroportuaires à la disposition des OMP, ne dote pas toujours ses troupes de leurs logistiques propres, compte tenu du coût élevé des équipements militaires. L'Etat doit d'abord équiper complètement ses militaires en matériels divers et attendre plusieurs mois pour obtenir le remboursement par l'ONU ou l'UA des dépenses souvent lourdes qu'il a engagé.

Selon des sources militaires et du ministère des Relations extérieures (MINREX), même si les effectifs (non disponibles) des troupes régulièrement mobilisées par le gouvernement camerounais n'ont pas encore inscrit le pays au registre des principaux contributeurs en hommes au sein des contingents multinationaux de maintien de la paix en activité sur le continent africain, le rendement des Forces de défense camerounaises est très apprécié par les organisations onusiennes et africaines qui coordonnent le déroulement de ces missions de maintien de la paix. Mais, il demeure encore de nombreux problèmes à l'instar de celui de celui du financement des missions ou du paiement des militaires engagés dans ces terrains d'opérations. A ce titre, l'on apprend à la lecture du journal camerounais « Mutations », que la tension est croissante au sein du contingent camerounais de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA)132(*). Car, depuis deux mois, le contingent camerounais, constitué de 850 soldats, tous originaires des brigades opérationnelles de la force africaine en attente, n'ont pas perçu de salaire. Une situation qui intervient à un moment où les luttes confessionnelles entre chrétiens et musulmans s'accentuent à Bangui et dans le reste du pays.

Si aucun mouvement n'est pour l'instant à l'ordre du jour, (rien n'exclut) l'intention des camerounais de quitter les positions qu'ils occupent aujourd'hui. Notamment dans l'Ouest du pays et principalement sur les axes qui mènent à la frontière avec le Cameroun.
Le général camerounais, Martin TUMENTA CHOMU, commandant militaire de la MISCA est au courant de cette situation, mais semble avoir les bras liés du fait qu'il ne s'occupe pas des questions financières qui relèvent de la compétence de l'Union africaine. Le gouvernement de la République du Cameroun dément toute responsabilité dans la situation que vivent « nos » soldats. Une source133(*) au Ministère de la Défense affirme d'ailleurs que «le Cameroun a toujours remplit ses engagements financiers. Il continue à ravitailler ses soldats».

Les mêmes sources indiquent que: «Lorsque les soldats camerounais agissaient pour le compte de la Force multinationale d'Afrique centrale, ils étaient régulièrement payés par les pays membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC). Chaque Etat apportait sa contribution». Un soldat de la FOMAC coûtait par jour 9 600 FCFA à la CEEAC. Après la décision du Conseil de sécurité des Nations unies datée du 5 décembre 2013 de créer une mission internationale de la paix en RCA, les charges financières liées au paiement des soldats sont passés sous contrôle de l'Union africaine.
Car, les accords entre les Européens et les Africains stipulent que l'Union européenne, qui a apporté dès le départ une contribution de plus de 32 milliards de FCFA, devait se charger du transport des troupes, de l'alimentation et du casernement. Tandis que les Africains se chargeaient de l'armement et des munitions. Mais l'argent de l'Union européenne doit transférer par l'Union africaine, qui agit en tant que sous-traitant. C'est donc l'organisation panafricaine qui est chargée de la paie des soldats de la MISCA.

Sur le terrain, un gendarme camerounais a été blessé dans des affrontements avec des insurgés. Il a reçu plusieurs balles au niveau de la hanche. Evacué rapidement en direction du Cameroun, il séjourne depuis vendredi à l'hôpital militaire de Yaoundé, où il est pris en charge par le colonel ABENG MBOZO'O, spécialiste en radiologie et imagerie médicale. Jusqu'ici, aucun soldat camerounais (agissant sous la MISCA) n'a trouvé la mort sur le sol centrafricain. La MISCA va s'étendre sur douze mois. Début décembre 2013, l'Union africaine a déployé 2500 soldats venus du Gabon, du Cameroun et du Tchad. A cela s'est ajouté les 1600 militaires français qui interviennent également en renfort dans le cadre de «l'opération Sangaris». Le 19 décembre, la MISCA a officiellement succédé à la FOMAC. Ses effectifs sont passés à 4 500 hommes, dont 850 soldats du Burundi et du Rwanda. Ils doivent atteindre 6000 ce mois.

B - la crise en République du Congo

La République Démocratique du Congo, tout comme la République Centrafricaine et plusieurs autres pays d'Afrique est un Etat qui n'a cessé depuis son indépendance en 1960 de connaitre de sérieuses crises politiques et militaires dont la plupart ont débouché sur des affrontements armés violents. Après ce qu'on a qualifié de première guerre du Congo, ce pays a traversé plusieurs autres crises majeures pour lesquelles le Cameroun a participé à la résolution. Il convient dans cette partie d'analyser dans un premier mouvement la dynamique du conflit en République du Congo (1) avant de voir dans une seconde entrée, le rôle du Cameroun dans la résolution de ce conflit (2)

1 - La dynamique du conflit en République du Congo

La guerre civile qui a affecté le Congo-Brazzaville en trois phases (1993-1994 ; 1997 ; 1998- 1999) remonte à la démocratisation qui s'est produite à Brazzaville au début des années 90. Elle a opposé tout d'abord Pascal LISSOUBA à son challenger des élections présidentielles de 1992, Bernard KOLELAS. Contestant la valeur des résultats du premier tour des élections législatives de 1993, KOLELAS appelle ses partisans essentiellement les « Lari » des quartiers sud de la capitale à boycotter la suite du scrutin, puis à ne pas reconnaître le gouvernement formé par le nouveau Premier Ministre Jacques Joachim YOMBI OPANGO (ancien président du Congo de 1977-1979). L'armée divisée ethniquement et politiquement refusa d'obéir aussi aveuglement au chef de l'Etat Pascal LISSOUBA d'ailleurs en rupture avec son prédécesseur, Dénis SASSOU NGUESSO qui l'avait pourtant fait élire134(*).

En 1993, les premiers combats entre milices rivales se produisirent au départ dans Bacongo et Makélékélé, où les paisibles populations vouées à la cause de ces deux leaders vivaient jadis en parfaite harmonie. On assista pour la première fois à la destruction des habitats des populations des unes dans les zones sous contrôle des autres et vice-versa, au déplacement des citoyens fuyant la guerre, aux tueries et autres exactions. La guerre gagna aussi les régions du Pool (fief de Bernard KOLELAS). Dans ces régions en conflit, le mode d'action fut le même que celui utilisé par les milices à Brazzaville. Cette guerre causa la mort de 2000 personnes et de plus de 100.000 déplacés135(*).

Les miliciens « Cobras » de SASSOU NGUESSO, malgré leur présence dans les combats au côté des « Ninjas » se sont manifestées dans les zones nord de Brazzaville par les actes de terreur isolés, faisant ainsi du quartier Mpila et ses environs une zone à haute insécurité. L'atténuation de ces tensions et affrontements armés fut manifeste avec la nomination de Bernard KOLELAS au poste de Maire de la ville de Brazzaville. Ce dernier se rallia plus ou moins à la coalition présidentielle. La deuxième phase de la guerre commença lors de la visite de Denis SASSOU NGUESSO à Owando le 12 mai 1997, visite qui a fait place à des règlements de comptes entre les partisans de YOMBI OPANGO et ceux de SASSOU NGUESSO, ayant ainsi donné la mort à 12 personnes et occasionné le déplacement de plus de 4000 personnes qui vont trouver refuges à Oyo, village natal de Denis SASSOU NGUESSO. Le 02 juin 1997, un convoi militaire à destination de Brazzaville, composé des proches de YOMBI OPANGO est attaqué à Oyo, bilan 4 morts et 10 blessés. Dans la nuit du 04 au 05 juin 1997, les armes neuves sont partagées dans les quartiers supposés être les fiefs de SASSOU NGUESSO et les FDU. Dans la matinée du 05 juin, la force publique équipée par les engins blindés encercle la résidence de SASSOU NGUESSO. Cette guerre a fait plus de 10.000 morts et provoqué le déplacement de près de 800.000 personnes dont 50.000 réfugiés.

La troisième partie de cette guerre commence le 29 Août 1998, par la réaction violente des miliciens Ninjas à la suite d'exécution de trois de leurs membres accusés de braquage. Cet événement a été un détonateur de la rébellion armée qui a repris dans le pool avant de s'étendre dans la région sud-ouest du Congo contrôlées par les Cocoyes fidèles à Pascal LISSOUBA, puis le sud de Brazzaville. Après cet événement, les Ninjas ont riposté par la tuerie à Goma Tsé-tsé de 6 personnes, membres d'une délégation du Ministère de la recherche scientifique en mission dans la localité.

Ce qui a été suivi par l'exécution de toutes personnes supposées travailler pour le compte de SASSOU NGUESSO et de son gouvernement. Au lieu d'assurer la sécurité de la population civile du Pool, les forces armées gouvernementales appuyées par les ex-faz, de l'armée Angolaise et des milices des FDU (Cobras) se sont livrés au pillage et à la destruction des maisons des particuliers et des villages entiers, à diverses exactions, aux exécutions arbitraires et règlement de compte tant dans les pays du Niari. Les rebelles par contre ont procédé à des opérations terroristes qui se manifestent par la destruction des infrastructures sociales et étatiques, au sabotage des lignes électriques, au pillage, aux assassinats et à l'utilisation du bouclier humain, tout en semant la terreur au sein de la population vouée à leur cause. Ce qui a contraint les populations de ces contrées à chercher refuge dans les forêts, à Pointe-Noire et dans les pays environnants, livrées à des conditions sanitaires et matérielles précaires et sans bénéfice d'aucune assistance humanitaire à l'exception de ceux qui se sont faits déclarés réfugiés dans les localités du sud du pays.

Deux mois après le début de la guerre civile, le camp de SASSOU NGUESSO ouvre une station de radio-télévision dénommée Radio-Telé Liberté, qui défend sa ligne politique et ses thèses sur la guerre et fait le contrepoids aux médias d'état qui oeuvrent exclusivement pour LISSOUBA. Alors que la guerre civile s'enlise et que les négociations arbitrées par Omar Bongo patinent, une recomposition politique s'opère à Brazzaville, avec la création en septembre 1997, de l'Espace Républicain pour la Défense de la Démocratie et l'Unité Nationale (ERDDUN). Il est composé de l'ensemble des partis politiques qui ne luttent pas aux côtés des Forces Démocratiques et Patriotiques (FDP) constituées par SASSOU NGUESSO après le déclenchement des hostilités : l'UPADS, le MCDDI, le RDPS, RDD, UFD, etc.

La présidence du nouvel ensemble politique est confiée à KOLELAS. Officiellement, l'objectif de l'ERDDUN est d'oeuvrer pour le retour à la paix, mais en réalité, il constitue un front anti SASSOU NGUESSO. Le 13 septembre, sur proposition de l'ERDDUN, LISSOUBA nomme Bernard KOLELAS au poste de Premier Ministre. D'une apparence de neutralité au début de la guerre, le Président du MCDDI vient de se ranger dans le camp de LISSOUBA. Pour sauver les apparences, KOLELAS fait mine de réserver 5 portefeuilles au PCT dans le gouvernement de 46 ministres qu'il forme. Juste après sa nomination, KOLELAS engage ses Ninjas dans la bataille aux côtés des forces de LISSOUBA. Les Cobras contrôlent toute la partie Nord et Centre du pays, mais le renfort de la milice de KOLELAS et l'emploi d'hélicoptères de combat procurent à LISSOUBA un avantage certain sur le terrain.

À l'instigation de la France, une réunion au sommet est organisée le 16 septembre à Libreville par Omar BONGO. Les présidents Abdou DIOUF du Sénégal, GNASSINGBEEYADEMA du Togo, Alpha OMAR KONARE du Mali, Mathieu KEREKOU du Bénin, Ange-Félix PATASSE de Centrafrique, Teodoro OBIANG NGUEMA MBASOGO de Guinée équatoriale et Idriss DEBY du Tchad y prennent part. L'objectif du sommet est de réunir les deux protagonistes de la guerre civile congolaise pour trouver une solution de sortie de crise. En dernière heure, LISSOUBA choisit de se faire représenter par son Premier Ministre KOLELAS, alors que SASSOU NGUESSO est bien présent. Le sommet ne produit aucun résultat concret.

Le 14, Brazzaville tombe aux mains des Cobras et de l'armée angolaise. Le lendemain, Pointe-Noire est occupée sans heurts par les troupes angolaises. C'est la fin pour le régime de LISSOUBA. Les dignitaires s'enfuient le plus vite possible vers les pays voisins. Le Président de la République lui-même transite par Nkayi et Sibiti avant de traverser la frontière gabonaise. Le 24 octobre 1997, Denis SASSOU NGUESSO s'autoproclame Président du Congo et promulgue un Acte fondamental qui aménage une transition flexible.

2 - La contribution du Cameroun dans les opérations de soutien à la paix en République du Congo

Tout comme avec le conflit centrafricain, le conflit qui frappe le pays de la Rumba menace directement la paix et la stabilité au Cameroun. Plusieurs cas de violation des frontières par des éléments armés venant de la République du Congo sont signalés. Le Cameroun se retrouve bientôt dans la nécessité d'intervenir pour préserver la paix et la sécurité à l'intérieur de ses frontières en cherchant à les rétablir à l'extérieur de celles-ci.

L'action du Cameroun en faveur de la paix en République du Congo peut s'analyser sous trois angles : au niveau de la gestion des flux de réfugiés congolais sur le territoire camerounais ; au niveau du financement de des opérations de paix dans ce pays et enfin au niveau de l'envoi de soldats et d'appui en termes infrastructurels.

CHAPITRE IV 

ANALYSE DES STRATEGIES CAMEROUNAISES DE GESTION DES CONFLITS EN AFRIQUE CENTRALE 

La position géographique du Cameroun le place dans une configuration qui le rend vulnérable aux dégradations sécuritaires venant des pays voisins, au vu du caractère transnational de l'insécurité dans la sous-région Afrique centrale. La stabilité politique et institutionnelle observée au Cameroun, lui confère une place singulière que le pays veut conserver en essayant de contenir hors de ses frontières, les soubresauts de la violence générée dans les pays voisins. Cette volonté a gagné en intensité et s'est notamment manifestée par le déploiement international de l'armée camerounaise, des contingents constitués dans les OMP depuis 2008. L'armée camerounaise ainsi, pour faire face aux nombreuses menaces sous régionales, a basculé son dispositif d'armée de garde pour adopter une posture d'avant-garde, tel que le conceptualise si bien Ernest Claude MESSINGA136(*). Il s'agit ici de questionner l'efficacité de cette action de gestion des conflits et des stratégies pour la rendre meilleure au sein de la sous-région, ce qui nous donne en (Section I) le titre suivant : examen des capacités camerounaises de gestion des conflits en Afrique centrale CEEAC ; il est aussi intéressant de voir si cette action permet de façon durable, l'endiguement des conflits ; mais aussi de plancher sur les perspectives de rationalisation et de coordination avec les Etats de la sous-région (Section II).

SECTION I : EXAMEN DES CAPACITES CAMEROUNAISES DE GESTION DES CONFLITS EN AFRIQUE CENTRALE CEEAC

Il s'agit dans cette section, de voir quelles sont les capacités du Cameroun en ce qui est de la gestion des conflits en Afrique centrale. Cet examen va se décliner en deux mouvements à savoir : l'attitude du Cameroun face aux menaces éventuelles (B), ce qui permettra de voir exactement les différentes mesures prises par le Cameroun pour parer aux différentes menaces et les juguler durablement. La deuxième partie quant à elle va présenter la gestion des personnes qui subissent les affres des conflits. En gros, nous parlerons de l'approche camerounaise de gestion des conflits (B).

A - L'ATTITUDE CAMEROUNAISE FACE AUX MENACES SUSCEPTIBLES DE COMPROMETTRE LA PAIX SOUS-REGIONALE

Le redimensionnement stratégique du Cameroun ne s'est pas seulement opéré sur le plan international, il s'est également fait sur le plan interne pour mieux faire face aux nouvelles formes de menaces. Parmi ces menaces, il y a le phénomène des coupeurs de route, la piraterie maritime et le terrorisme internationale qui connait depuis les attentats de septembre 2011, une croissance exponentielle. C'est à l'aune de ces nouvelles menaces que les Etats repensent leur sécurité.

Les nouvelles formes de menaces remettent en cause la dichotomie classique entre sécurité intérieure et sécurité extérieure, remettant au goût du jour, la dynamique du « dedans » et du « dehors ». Face donc à ces différentes menaces, le Cameroun a apporté un certain nombre d'ajustements pour mieux les combattre, préserver ses intérêts nationaux et assurer par la même occasion la paix sous-régionale. Il s'agit entre autre de la modification de sa carte militaireet les facilitations liées à l'utilisation de son territoire (1), et l'organisation des colloques et des conférences (2) pendant lesquelles doivent être arrêtées des stratégies communes de lutte contre toutes les formes de menaces et pendant lesquelles il faut mettre sur pieds des perspectives d'avenir attirantes pour essayer d'atteindre une « paix durable », ou construire une « communauté de sécurité ».Le terme « communauté de sécurité » fait référence à un groupe de pays qui ont sans doute des conflits, mais qui n'imaginent pas utiliser la violence, ou l'utiliser comme menace pour régler leurs conflits. L'utilisation de la violence y est devenue impensable. Dans un tel environnement, il est caractéristique que les conflits ont une chance de se transformer d'une manière constructive137(*). Le défi de la construction de la sécurité s'impose ainsi au Cameroun.

1 - La modification de sa carte militaire et les facilitations liées à l'utilisation du territoire camerounais

La modification de la carte militaire du Cameroun est intervenue dans un contexte bien particulier. Cet acte correspond à la montée en puissance de la secte islamique « BokoHaram, » qui a fait plusieurs incursions dans la partie septentrionale du Cameroun, menaçant ainsi la sécurité et l'intégrité du territoire. En effet, la création de la 4ème région militaire a pour objectif de répondre efficacement et durablement à une menace bien réelle qui de plus en plus gagne en importance. Il était donc nécessaire et urgent de renforcer et d'améliorer le dispositif déjà en place.

Jusqu'à la moitié du mois d'août 2014, le Cameroun comptait 3 régions militaires. La RMIA4, ou 4ème région militaire a vu le jour après la signature le 14 août 2014 par le chef de l'Etat, d'un texte qui éclate la RMIA3 en deux régions militaires. La RMIA3 couvre le territoire des régions administratives du Nord et de l'Adamaoua, avec poste de commandement à Garoua, le département du Mayo-Louti dans la région du Nord quant à lui dépend de la RMIA4. Selon le Lieutenant-Colonel Didier BADJECK, « la 3ème région militaire interarmées était très grande et compte tenu de la réalité géostratégique actuelle, il était difficile de pouvoir assurer une fluidité des ordres entre le chef-lieu de région alors que certaines opérations se déroulaient au niveau de l'Extrême-Nord »138(*). La Gendarmerie Nationale est également organisée en quatre commandements territoriaux dénommés régions de gendarmerie. Chaque région de gendarmerie a le même ressort territorial que la région militaire interarmées. Tous les secteurs militaires terrestres sont désormais transformés en secteurs militaires interarmées qui englobent la marine nationale, l'armée de l'air, l'armée de terre et les soldats du feu.

Cet ensemble de mesures prises à travers la signature du Décret N° 2014/308 du 14 août 2014 portant modification du décret n° 2001/108 du 25 juillet 2001 portant réorganisation du commandement militaire territorial, montre que l'Etat du Cameroun tente d'adapter son déploiement pour répondre efficacement aux nouvelles formes de menaces.

2 - L'organisation des colloques, conférences et rencontres au sommet

Les différents colloques et conférences organisés par le Cameroun sur les question de paix et de sécurité, montrent bien que les autorités camerounaises ont le souci de la pacification de la sous-région.

Le 23 juin 2013 par exemple, il fut organisé par le Cameroun à Yaoundé, un sommet qui a réunis 24 chefs d'Etat (plus le Premier Ministre d'Ethiopie), des pays membres de la CEEAC, de la CEDEAO et de la CGG. L'objectif principale de cette rencontre était d'harmoniser leurs réponses face à la délicate question de la sûreté et de la sécurité maritime dans le Golfe de Guinée. Ce sommet avait le soutien des Nations Unies et de l'Union Africaine. L'Union Européenne (UE), l'Organisation Maritime Internationale (OMI), l'Organisation Maritime de l'Afrique de l'Ouest et du Centre (OMAOC), le Commandement Américain pour l'Afrique (AFRICOM), le centre d'Etudes Stratégiques de l'Afrique (CESA) et l'Institut d'études sur la sécurité ont pris part à ce sommet en qualité d'observateurs, en tant que partenaires techniques.

L'enjeu de ce sommet était de trouver une réponse coordonnée au niveau régional et international, aux défis de la piraterie maritime, les trafics de drogues, les vols à main armée et les autres activités illégales dans le Golfe de Guinée.

L'une des rencontres les plus importantes qui s'est tenue au Cameroun est sans conteste la conférence des Chefs d'Etats organisée en février 1999 à Yaoundé. Cette conférence a été le cadre de mise en place du COPAX. Le COPAX (Conseil de Paix et de Sécurité de la CEEAC), est un organe politico-militaire de la CEEAC en charge de la promotion du maintien et de consolidation de la paix et de la sécurité au niveau sous régional.

Par ailleurs, le Cameroun a reçu la visite du Président tchadien Idriss DEBY ITNO, en mai 2014. Il a échangé avec le Président camerounais sur la situation sécuritaire alarmante dans la partie septentrionale, avec l'aggravation de la menace « BokoHaram ». Il était évoqué dans le cadre de ces concertations, des pistes de mutualisation des forces des deux pays. Au vu de ce qui précède, force est de constater l'ensemble des efforts fournis par le Cameroun pour organiser des concertations autour de la sécurité sous régionale, gage du développement de chaque Etat pris individuellement.

B - L'APPROCHE CAMEROUNAISE DE GESTION DES REFUGIES

L'approche camerounaise de gestion des réfugiés peut se comprendre sous le prisme de son adhésion à la déclaration universelle des droits de l'homme, et à celle de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples. Il n'est donc pas étonnant de voir que le Cameroun tente de gérer tant bien que mal, le flux de réfugiés qui, de plus en plus est important du fait des guerres et conflits qui frappent les pays avoisinants. Par ailleurs, on peut faire une autre lecture de cette disponibilité du Cameroun à recevoir les réfugiés étrangers, par la nécessité d'engranger des retombées symboliques sur le plan international en tant qu'Etat stable et « protecteur » des réfugiés. Il y a donc une dimension stratégique à la réception de ces hommes, femmes et enfants qui, chaque jour, arrivent par centaines, aux frontières du Cameroun (2), des entrées qui demandent une action particulière de la part des autorités camerounaises (2). Ainsi, le Cameroun a un certain nombre de devoirs vis-à-vis de ces gens qui relèvent dès lors qu'ils sont installés au Cameroun, de sa responsabilité.

1 - L'action de l'autorité administrative et du HCR

La gestion des réfugiés au Cameroun relève principalement de la compétence de deux ministères à savoir : le MINATD et le MINREX. Toutefois, ces deux institutions reçoivent l'appui d'autres institutions telles que le MINSANTE ; le Ministre chargé de mission, le Secrétaire Permanent du Conseil National ; le Secrétaire d'Etat auprès du Ministre de la Défense, chargé de la Gendarmerie Nationale et le Directeur de la Recherche Extérieure. Cette configuration a été adoptée officiellement après la signature par le Chef de l'Etat camerounais, de l'Arrêté N° 269 du 13 mars 2014, portant création d'un comité interministériel ad hoc chargé de la gestion des situations d'urgence concernant les réfugiés au Cameroun.

Ce comité est notamment chargé d'examiner les défis humanitaires, socio-économiques, sanitaires et sécuritaires découlant de la présence massive des réfugiés au Cameroun, à l'effet de proposer au Gouvernement les mesures appropriées pour y faire face. Le comité sert également de cadre de concertation entre le Gouvernement et les institutions internationales pour une gestion harmonieuse de la situation des réfugiés, tenant dûment compte des préoccupations légitimes des communautés locales d'accueil. Il est aussi chargé de proposer toutes autres mesures utiles dans le cadre de la gestion des situations d'urgence concernant les réfugiés au Cameroun.

L'autorité administrative n'est pas seule partie dans la gestion des afflux des réfugiés, elle est accompagnée dans cette mission par les institutions internationales, à l'instar du HCR.

La coopération entre le Cameroun et le HCR commence en 1978. En effet, cette année marque l'arrivée massive des milliers de ressortissants équato-guinéens, fuyant le régime de Macias NGUEMA139(*). Favorisé par l'arrivée en 1979 à KOUSSERI, de plus de 100. 000 réfugiés tchadiens fuyant la guerre civile, l'accord de siège du HCR au Cameroun interviendra en 1982. La même année, le HCR installe au Cameroun une délégation à Yaoundé, et une sous-délégation à Garoua. Les missions du HCR au Cameroun sont les suivantes :

· La protection internationale des réfugiés et demandeurs d'asile conformément aux normes et principes internationaux ;

· La promotion des droits des réfugiés ;

· Le rapatriement librement consenti des réfugiés ;

· La réinstallation vers des pays tiers ;

· L'intégration sur place ;

· L'amélioration de la gestion des programmes en faveur des réfugiés à travers la formation du partenaire de mise en oeuvre aux séminaires organisés par le HCR.

Bien qu'apprécié à cause de sa relative sécurité par les réfugiés et les demandeurs d'asile de la sous-région et de la région des Grands Lacs, le Cameroun reste dans un contexte juridique dominé par l'absence d'une législation nationale garantissant les droits des réfugiés et fixant la procédure d'éligibilité au statut de réfugiés. « Le Cameroun a ratifié tous les principaux textes internationaux et régionaux relatifs aux questions de réfugiés notamment la convention de Genève de 1951 et son protocole de 1967 d'une part, et la convention de l'O.U.A de 1969 sur les aspects spécifiques sur les réfugiés en Afrique d'autre part. Mais, sur le plan interne, le Cameroun ne dispose ni d'une législation spécifiquement consacrée aux réfugiés ni d'une Commission Nationale d'Eligibilité au statut de réfugié. Certes la loi de 1997 sur les conditions d'entrée, de séjour et de sortie des étrangers contient des dispositions sur la carte d'identité du réfugié valant carte de séjour. En effet, ce décret prévoit, l'octroi d'une carte d'identité au réfugié garantissant le droit de séjour sur le territoire camerounais, mais reste muet sur les aspects liés à la Détermination du Statut de Réfugié (DSR), au principe de non refoulement, et autres droits des réfugiés garantis par les normes internationales. En outre, le gouvernement a créé par décret N° 91/262 du 30 mai 1991, un service des Affaires Spéciales et des Réfugiés au sein du Ministère des Relations Extérieures, ministère de tutelle. Ce service est chargé d'assurer le suivi des problèmes des réfugiés en liaison avec le HCR. Toutefois, son impact sur la gestion des réfugiés reste très limité »140(*).

2 - Au niveau des frontières Est et Nord

Le rapport inter agences sur la situation des réfugiés centrafricains du 29 septembre au 05 octobre 2014, fait état d'un flux de 132 650 réfugiés enregistrés depuis janvier 2014 à la frontière Est du Cameroun. Toujours selon ce rapport, 66 296 réfugiés vivent en dehors du site spécialement aménagé par les autorités camerounaises, contre 61 900 en août 2014. Ces chiffres montrent bien que les réfugiés ont tendance à s'aventurer en dehors des zones prévues à cet effet, ce qui crée de nombreux problèmes, notamment la circulation des armes et autres objets illicites. Au mois d'août 2014, sur instruction des autorités locales, les forces de défense et de sécurité ont lancé une opération de bouclage de la ville de KENTZOU pour rechercher des armes et autres effets/objets illicites. Il faut dire que quelques mois auparavant, des individus non identifiés avaient été arrêtés dans la zone en possession d'armes et de munitions141(*). Les autres sites tels que GBITTI ; KETTE ; MBILE ; LOLO ; TOKTOYO, font aussi face aux mêmes problèmes, notamment l'augmentation des cas de conflits agropastoraux entre les populations locales et les réfugiés ; la surexploitation des ressources naturelles (bois, eau, terres arables), l'intensification de la prise des stupéfiants (colle, tramol). Des problèmes qui sont gérés tant bien que mal par les autorités camerounaises.

Le problème sécuritaire est un problème majeur dans ces camps de réfugiés, mais il n'est pas le seul. En effet, le Cameroun a pour principaux défis : de nourrir, loger, soigner, éduquer les réfugiés qui s'installent au Cameroun, et la tâche s'avère ardue au vu du nombre important de réfugiés présents sur son territoire.

Au niveau de la frontière Nord les difficultés qui affectent les réfugiés nigérians sont presque de même nature que celles évoquées dans les camps de la frontière Est. D'après le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, le mois de mars 2014 a vu l'arrivée de près de 7 500 réfugiés en provenance du Nigéria. Les réfugiés qui prennent « d'assaut » les villes camerounaises de FOTOKOL, de MORA, et de KOLOFATA ont pour la plupart fuit les Etats nigérians d'ADAMAWA, de YOBE et de BORNO, où les attaques des groupes armés persistent. Le chiffre de 7 500 n'est qu'un aperçu de l'afflux des réfugiés à cette frontière, leur nombre important fait qu'ils ont d'énormes difficultés nutritionnelles.

Afin d'améliorer les conditions des réfugiés, le gouvernement camerounais gagnerait à poursuivre et à renforcer l'assistance alimentaire et nutritionnelle en cours durant au moins un an pour écarter l'insécurité alimentaire . En outre, il est important de poursuivre une assistance sous une approche centrée sur le développement intégré (santé, économie, sociale etc.) ce qui favorise davantage l'intégration socio-économique des réfugiés qui désirent de plus en plus rester au Cameroun.

SECTION II : PERSPECTIVES DE RATIONALISATION ET DE COORDINATION AVEC LES PAYS DE LA SOUS-REGION

Nicolas TENZER pense que « la politique est à la fois un art mais aussi une technologie »142(*). C'est dire que pour lui, elle intègre l'instinct et l'intuition tout aussi bien que la rationalisation qui s'expriment dans les infrastructures et les architectures institutionnelles. Il s'agit donc de voir ici, comment se manifeste la rationalité du Cameroun dans son déploiement au sein des différentes commissions et autres communautés (A), le but étant de préserver ses intérêts et garantir la sécurité. Tout ceci doit nécessairement se faire dans un élan de coordination avec les autres Etats de la sous-région (B).

A -LA RATIONNALISATION DES ACTIONS CAMEROUNAISES

Les conflits inter étatiques et infra étatiques, tout comme les nouvelles formes de menaces ( coupeurs de route ; piraterie maritime ; terrorisme etc. ),sont autant de risques pesant sur la sécurité individuelle et collective des Etats. Il est évident que face à ces problèmes sécuritaires, les Etats africains pris individuellement, ne peuvent pas y apporter une réponse adéquate et satisfaisante. Cela est dû à un certain nombre d'insuffisances liées aux armées africaines, telles que la faiblesse humaine et matérielle ; la faiblesse liée à la formation et le manque de professionnalisme.

L'intérêt du Cameroun est de construire un cadre sécuritaire viable, au vue de sa position centrale en Afrique, et donc des menaces externes engendrées dans d`autres pays, et qui pèsent sur lui. Ainsi, pour rentabiliser ses actions dans la sous-région, le Cameroun a choisi d'agir au sein des institutions qui s'y trouvent, à l'instar du cadre réduit qu'est la CBLT (1) et aussi dans un cadre plus important tel que la CEEAC (2), mais il y a nécessairement un devoir d'amélioration de cette implication à travers une volonté politique affirmée.

1 - Au sein de la CBLT

Créée en 1964 par les Etats riverains du Lac Tchad, la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) comprend au départ quatre (04) Etats parmi lesquels le Cameroun, le Niger, le Nigéria et le Tchad. Ils seront rejoints en 1994 par la République centrafricaine, qui en deviendra le cinquième membre. Aujourd'hui, avec l'adhésion de la Lybie, on compte désormais six (06) Etats ; l'Egypte, le Soudan, la République du Congo et la République Démocratique du Congo sont membres observateurs. La CBLT est une institution, ou une agence intergouvernementale chargée de faciliter l'utilisation durable des eaux du bassin, de coordonner le développement régional et de résoudre les conflits locaux nés de l'usage des ressources du bassin.

De plus en plus le problème de la gestion des ressources du bassin n'est plus le seul pan des défis auxquels font face les Etats membres de la CBLT. La sécurité est désormais une véritable préoccupation pour ces Etats, au vu de la montée en puissance de nouvelles formes de menaces et notamment de la secte islamique « BokoHaram ». Le mardi 7 octobre 2014 à Niamey au Niger, il s'est tenu un sommet régional dont le prélude s'est fait par les Ministres de la défense des pays membres de la CBLT et du Benin. Ce sommet qui était axé sur la lutte contre le groupe « BokoHaram », avait pour but d'élaborer une stratégie commune et des mesures consensuelles pour faire face aux défis sécuritaires dans le bassin. Il a donc été question au cours de ce sommet, de la mise sur pied d'une force armée multinationale pour lutter contre « BokoHaram », tel que le prévoyait le plan adopté cinq mois auparavant par les chefs d'Etat de cette organisation à Paris. Selon le plan, il fallait une présence militaire de 700 soldats autour du Lac Tchad. Le Cameroun a pris une part active dans ces travaux pour définir les contours de cette force multinationale.

2 - Au sein de la CEEAC

Créée par le Traité du 20 octobre 1983 signé à Libreville au Gabon et entrée en vigueur le 18 décembre 1984, puis fonctionnelle depuis 1985, la CEEAC se doit d'être l'organe de coordination des efforts de développement de l'ensemble des Etats de la sous-région dans une perspective d'intégration à moyen et à long terme. C'est donc une organisation d'Etats143(*), régie par les principes de souveraineté et de consensualisme, mais aussi de la « Pacta Sun Servenda » qui caractérise l'inter gouvernementalisme144(*), soumise aux mêmes caractéristiques que toutes les autres organisations.

L'instrument le plus important de prévention et de règlement des conflits de la CEEAC est le COPAX, pour lequel le Cameroun a signé. Originairement instituée pour gérer le volet économique des pays d'Afrique centrale, l'insécurité et l'érection de formes de menaces diverses vont amener la CEEAC à mettre sur pieds son conseil de paix et de sécurité. Le COPAX est mis en oeuvre en cas de menace grave à la paix et à la sécurité dans la sous-région145(*). C'est l'instrument par excellence pour la gestion des situations de crise en Afrique centrale.

B - LE DEFICIT DE COORDINATION ENTRE LES ETATS

Le souverainisme sécuritaire, sans être une exclusivité africaine, encore moins de l'Afrique centrale, marque le profond attachement classique wébérien à l'idée d'Etat, monopolisant au sens de Norbert ELIAS146(*). Ainsi, les Etats cherchent à s'accommoder à la préservation de leurs intérêts tout en ménageant l'opinion publique nationale. L'épisode de la coordination échouée entre le Cameroun et le Nigéria pour la lutte contre « BokoHaram » est un exemple édifiant, car on a l'impression que l'Etat nigérian ne lutte pas efficacement contre la secte islamique ; les exactions de ce groupe semblent être instrumentalisés à des fins de politique interne.

Cette vision disparate des Etats essayant de préserver leurs propres intérêts déstabilise souvent les tentatives de gestion des conflits, car les Etats privilégient leurs préoccupations spécifiques au détriment de la paix et de la sécurité sous régionale. Le déficit de coordination dont nous parlons ici, se traduit entre autre par une défaillance du partage des informations (1), et une collaboration quasi inexistante (2).

1 - Une défaillance du partage des informations entre les différents pays sur les menaces potentielles

La faible structuration d'une diplomatie sécuritaire convergente dans l'espace géographique Afrique centrale n'est plus à démontrer. Cela est en partie dû à ce que nous avons appelé plus haut souverainisme sécuritaire et souverainisme tout court. Cet état de choses empêche une interopérabilité entre les différents pays, toute chose qui pourrait conduire, le cas échéant à une gestion efficace des conflits et de fait, à une amélioration du cadre sécuritaire de l'Afrique centrale. Le manque d'organisation est à mettre également au registre des griefs du défaut communicationnel.

L'information et son traitement lors des conflits permet une meilleure gestion de toute éventualité. Une cellule de veille informationnelle avait déjà été pensée au niveau de l'UA, mais manifestement, son fonctionnement est inopérant.

En effet, le Conseil de Paix et de Sécurité (CPS), dans le cadre sous régional dispose d'un mécanisme d'alerte précoce chargé de recueillir toutes les informations utiles pour prévenir les crises et les conflits. Le CPS utilise donc le système d'alerte précoce pour faciliter une réponse opportune et efficace à des situations de conflits ou de crises en Afrique147(*). En tant qu'observatoire des situations de crise sur le continent, son rôle est de compiler et d'analyser les indicateurs sociologiques, économiques, militaires et humanitaires sur des situations de crise et de proposer des modules d'alerte rapide ainsi que des recommandations d'actions à entreprendre. En plus, il publie quotidiennement un bulletin d'information sur les situations de crise148(*). Toutefois un constat s'impose, c'est celui selon lequel cette structure du CPS ne parvient pas encore à disposer d'une base de données fiable pour alerter la communauté africaine sur d'éventuelles menaces qui affecteraient le continent.

Le rapt de ressortissants étranger et même des locaux, qui se retrouvent quelques fois dans les pays voisins, montre bien qu'il y a une nécessité d'avoir des structures interconnectées pour partager et coordonner l'ensemble des informations ayant trait à de potentielles menaces sur le continent. L'interconnexion des uns et des autre est aujourd'hui une nécessité impérieuse pour pouvoir prendre à temps les mesures idoines pour lutter efficacement contre toutes les formes de menaces.

Bien que paralysé par le manque de moyens et des rivalités entre les CER et l'UA, ce mécanisme pourrait jouer un rôle déterminant dans la gestion des crises et des conflits. Les Etats devraient donc s'en inspirer et l'améliorer pour avoir un cadre viable de partage des informations, pouvant permettre une meilleure collaboration en matière de gestion des conflit.

2 - Une collaboration insuffisante

Les pays africains ont des problèmes pour harmoniser leur disparité militaire tant sur le plan matériel (communication et système d'armes) que de la ressource humaine (volonté de combattre et aptitude opérationnelle). Le manque de collaboration entre les Etats de l'Afrique centrale, peut en partie être expliqué par le fait que le continent a une faible capacité financière ; mais le plus grand frein à cette collaboration est la non domination de la conception westphalienne de la sécurité qui prévaut en au sein de chaque Etat.

Le contexte géopolitique qui est celui des zones à forte concentration des conflits, et les intérêts particuliers des Etats font que les engagements des différentes forces mises sur pieds, ne reçoivent pas toujours l'adhésion des Etats. En effet, la décision de déployer une mission relève trop souvent de considérations et d'opportunismes politiques visant à défendre des intérêts nationaux. C'est l'exemple de l'Afrique du Sud qui s'est engagée en République Centrafricaine, pour la préservation de ses intérêts économiques, fragilisant ainsi la FOMAC qui est la force légitimement mandatée par la CEEAC pour la consolidation de la paix en Centrafrique.

Ces querelles de positionnement ou d'intérêts particuliers des Etats anéantissent souvent tous les efforts menés pour améliorer le processus d'intégration sécuritaire à l'échelle sous régionale et même continentale. Il faut savoir que « pour combattre efficacement la multiplication des actes terroristes, leur caractère et leurs effets internationaux croissants, les Etats doivent renforcer leur coopération en ce domaine, en particulier en rendant systématique l'échange d'informations sur la prévention du terrorisme et les moyens de le combattre [...] »149(*). Ce qui précède montre à suffisance qu'en évoluant en rangs dispersés, les Etats pris individuellement, ne peuvent pas parvenir à lutter efficacement et durablement contre les différentes formes de menaces existantes. Pour l'heure, l'Afrique centrale évolue encore dans ce que l'on pourrait appeler les égoïsmes étatiques, qui jusque-là empêchent une collaboration franche. Toute chose qui freine une véritable intégration sécuritaire dans la sous-région.

CONCLUSION GENERALE

Il nous a été donné de mener une réflexion sur les raisons stratégiques de l'implication du Cameroun dans la gestion des conflits en Afrique centrale, mais aussi de voir quels sont les défis à relever dans le cadre d'une telle entreprise.

La problématique sur laquelle s'est adossée ce travail est la suivante : quel est l'intérêt du Cameroun dans ses actions menées en matière de gestion des conflits en Afrique centrale CEEAC ? à cette problématique, nous avions deux problématiques secondaires : l'implication du Cameroun est-elle construite dans le cadre d'une vision stratégique, ou est-elle une adaptation conjoncturelle ? le Cameroun dispose-t-il des moyens adéquats pour s'impliquer efficacement dans la gestion des conflits en Afrique centrale ?

L'hypothèse centrale postulait que le Cameroun s'engage dans la gestion des conflits pour la préservation de ses intérêts nationaux et pour garantir la paix et la sécurité sous régionale.

Dans un environnement conflictuel comme celui de l'Afrique centrale, est-il possible de trouver des esquisses de solution à l'insécurité et de gérer les conflits qui s'y déroulent ? que peut faire un Etat comme le Cameroun dans une dynamique de gestion des conflits dans la sous-région, et avec quels moyens ?

Ce travail a tenté de répondre à ces différents questionnements en montrant que la faiblesse des Etats à assurer leurs fonctions régaliennes de défense est un véritable problème ; l'insécurité s'est installée, les conflits déchirent l'Afrique. Ces conflits et grandes menaces prospèrent d'avantage d'une part à cause d'un certain nombre de lacunes telles le manque de démocratie, la mal gouvernance etc., mais aussi à cause du manque de coordination des Etats et des disparités souverainistes qui les caractérisent d'autre part.

Pour le Cameroun comme pour la plupart des Etats d'Afrique en général et de la sous-région Afrique centrale en particulier, le véritable défi est de parvenir à une autonomisation des financements, d'avoir des effectifs importants et bien formés, d'avoir un matériel de qualité et une importante logistique. Bien entendue, le Cameroun et les autres pays de la sous-région doivent mettre sur pieds, de véritables stratégies communes, de gestion des conflits et de lutte contre toutes les formes de menaces. C'est un pari important, difficile à réaliser, mais pas impossible.

Bien sûr, la pauvreté est un handicap important qui se dresse devant les Etats, pour la réalisation de ce pari. D'où la relation d'interdépendance entre le développement, la sécurité et l'intégration.

En définitive, le Cameroun et les autres Etats de la sous-région gagneraient à construire une véritable « communauté de sécurité », débarrassée de l'application béate des principes de Westphalie, toute chose qui permettra d'assoir une coopération durable et efficace pour un meilleur développement de l'Afrique.

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LISTE DES ANNEXES

ANNEXE 1 : CARTE DES MENACES QUI PESENT SUR LE CAMEROUN

ANNEXE 2 : CARTE DE LA CEEAC

ANNEXE 3 : EMPLACEMENTS DES CAMPS DE REFUGIES CENTRAFRICAINS AU CAMEROUN.

ANNEXE 4 : Décret N°2014/308 du 14 août 2014 portant modification du décret n°2001/180 du 25 juillet 2001 portant réorganisation du commandement militaire territorial

ANNEXE 1 : CARTE DES MENACES QUI PESENT SUR LE CAMEROUN

Source : http://www.jeuneafrique.com/photos/042013/024042013130732000000cam.jpgconsulté le 27 novembre 2014.

ANNEXE 2 : CARTE DE LA CEEAC

Source : http://radiookapi.net/tag/ceeac/page/2/consulté le 27 novembre 2014 à 15h30.

ANNEXE 3 : EMPLACEMENTS DES CAMPS DE REFUGIES CENTRAFRICAINS AU CAMEROUN.

Source : http://www.unhcr.fr/images/operationsMaps/country-cmr-400.jpgconsulté le 27 novembre 2014 à 16h.

ANNEXE 4 : Décret N°2014/308 du 14 août 2014 portant modification du décret n°2001/180 du 25 juillet 2001 portant réorganisation du commandement militaire territorial

Décret N°2014/308 du 14 août 2014 portant modification du décret n°2001/180 du 25 juillet 2001 portant réorganisation du commandement militaire territorial

Le Président de la République, décrète :

Article 1er : Les dispositions des articles 1er, 3, 10, 25, 26, et 28 du décret n° 2001/180 du 25 juillet 2001 portant réorganisation du commandement militaire territorial sont modifiées ainsi qu'il suit :

Chapitre premier : Généralités

Article : 1er (nouveau)

1°) Sur le plan militaire, le territoire national est divisé en :

-Quatre régions militaires interarmées (RMIA) ;

-Quatre régions de gendarmerie.

2°) A chaque région militaire interarmées correspond une région de gendarmerie.

3°) L'organisation et le fonctionnement des régions de gendarmerie font l'objet de textes particuliers.

4°) Un arrêté du ministre chargé de la Défense fixe en tant que de besoin les modalités de coordination du service de garnison.

Chapitre II : Des régions militaires interarmées

Article : 3 (nouveau) :

1°) Les ressorts territoriaux et les postes de commandement des régions militaires interarmées sont fixées ainsi qu'il suit :

Première région militaire interarmées (RMIA1)

Ressort territorial : Région du Centre, Région de l'Est, Région du Sud ;

Poste de commandement : Yaoundé ;

Deuxième Région militaire interarmées (RMIA2)

Ressort territorial : Région du Littoral,  Région du Sud-Ouest, Région de l'Ouest, Région du Nord-Ouest.

Poste de commandement : Douala

Troisième Région militaire interarmées (RMIA3) 

Ressort territorial : Région de l'Adamoua, Région du Nord hormis le Département du Mayo-Louti

Poste de Commandement : Garoua

Quatrième région militaire interarmées (RMIA4)

Ressort territorial : Région de l'Extrême-Nord, département du Mayo-Louti dans la région du Nord

Poste de commandement : Maroua

2°) Toutefois le Président de la République peut, par décret, modifier, en tant que de besoin, le ressort territorial d'une région militaire interarmées. Il peut également, par décret, modifier l'implantation du poste de commandement d'une région militaire interarmées.

Article 10 (nouveau) 

1°) Sont directement rattachés au commandement de la région militaire interarmées :

-Le secrétariat particulier ;

-Le bureau des relations publiques ;

-L'Antenne de la sécurité militaire ;

-Le bureau budget-finances ;

-Le bureau du sport et des activités culturelles ;

-Le bureau de la communication ;

-Le service social ;

-La cellule des transmissions

2°) Sont fixés par des textes particuliers, l'organisation et le fonctionnement de la cellule de transmission, de l'informatique et de la téléinformatique.

Chapitre III (nouveau) : Des secteurs militaires

Article 25 (nouveau)

1°) Les secteurs militaires constituent des subdivisions de la région militaire interarmées.

2°) Chaque secteur militaire couvre le ressort territorial d'une région administrative.

Article 26 (nouveau)

1°) Les ressorts territoriaux et les postes de commandement des secteurs militaires sont fixés ainsi qu'il suit :

Première région militaire interarmées - Yaoundé :

Premier secteur militaire (SM1)

Ressort territorial : Région du Centre ;

Poste de commandement : Yaoundé

Septième secteur militaire (SM7)

Ressort territorial : Région du Sud ;

Poste de commandement : Ebolowa ;

Huitième secteur militaire (SM8)

Ressort territorial : Région de l'Est ;

Poste de commandement : Bertoua.

Deuxième région militaire interarmées-Douala :

Deuxième secteur militaire (SM2)

Ressort territorial : Région du Littoral ;

Poste de commandement : Douala

Sixième  secteur militaire (SM6)

Ressort territorial : Région du Nord-Ouest ;

Poste de commandement : Bamenda

Neuvième secteur militaire (SM9)

Ressort territorial : Région de l'Ouest ;

Poste de commandement : Bafoussam.

Dixième secteur militaire (SM10)

Ressort territorial : Région du Sud-Ouest ;

Poste de commandement : Buea ;

Troisième région militaire interarmées-Garoua :

Troisième secteur militaire (SM3)

Ressort territorial : Région du Nord :

Poste de commandement : Garoua

Cinquième secteur militaire (SM5)

Ressort territorial : Région de l'Adamaoua ;

Poste de commandement : Ngaoundéré.

Quatrième région militaire interarmées-Maroua :

Quatrième secteur militaire (SM4)

Ressort territorial : Région de l'Extrême-Nord ;

Poste de commandement : Maroua.

2°) Toutefois le Président de la République peut, par décret, modifier le ressort territorial d'un secteur militaire. Il peut également, par décret, modifier l'implantation  du poste de commandement d'un secteur militaire.

Article 28 (nouveau)

1°) Le commandement de secteur militaire est chargé :

-De la discipline générale des personnels militaires et civils du secteur ;

-De l'organisation matérielle des opérations de recrutement des personnels et en liaison avec la légion de gendarmerie, du suivi de la mobilisation des réserves ;

-Du recueil, de la centralisation et de la diffusion du renseignement militaire et du renseignement de défense.

2°) Le commandant de secteur militaire, par délégation du commandant de la région militaire interarmées, assure le contrôle, la surveillance et la protection  des organismes, des établissements, des ateliers, des magasins, des dépôts et des infrastructures militaires ministériels communs ou spécialisés implantés dans le secteur et placés sous sa responsabilité.

Le reste sans changement

Article 2 : Le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense est chargé de l'application du présent décret qui sera enregistré, puis publié au Journal Officiel en français et en anglais.

 

Fait à Yaoundé, le 14 août 2014
Le Président de la République
(é) Paul BIYA

TABLE DES MATIERES

AVERTISSEMENT..............................................................................i

DEDICACE.......................................................................................ii

REMERCIEMENTS.............................................................................iii

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS..................................................iv

RESUME.............................................................................................vii

ABSTRACT..........................................................................................viii

SOMMAIRE......................................................................................ix

INTRODUCTION GENERALE......................................................................1

PREMIERE PARTIE : LA STRATEGIE CAMEROUNAISE DE GESTION DES CONFLITS EN AFRIQUE CENTRALE : ENTRE LOGIQUES INTERNES D'INTERET NATIONAL ET DYNAMIQUES EXTERNES DE RECHERCHE DE LA PAIX..........................................................................................22

CHAPITRE 1ER : LE CAMEROUN DANS LA GESTION DES CONFLITS EN AFRIQUE CENTRALE : ANALYSE D'UNE POSTURE RATIONNELLE.......................24

Section 1 : Entre la défense des intérêts économiques et la gestion des intérêts politico-institutionnels....................................................................................26

A -Les intérêts socio-économiques............................................................26

1) La sécurité des personnes et des biens...............................................27

2) La sécurisation des investissements économiques.................................28

B - Les intérêts politico-institutionnels......................................................30

1) La question des normes organisationnelles et fonctionnelles.....................31

2) La protection des institutions nationales.............................................32

Section2 :L'attitude géostratégique du Cameroun..........................................33

A - Le maintien du statu quo..................................................................34

1) Le maintien de la sécurité nationale..................................................35

2) Le maintien de la stabilité.............................................................36

B - Le changement et le bouleversement du statu quo.....................................37

1) La grande réforme des armées de 2001..............................................37

2) La nouvelle orientation de la doctrine militaire camerounaise...................39

CHAPITRE 2 : LE CAMEROUN DANS LA GESTION DES CONFLITS EN AFRIQUE CENTRALE : UNE DYNAMIQUE CONJONCTURELLE SOUS-REGIONALE DE RECHERCHE DE LA PAIX....................................................................41

Section 1 : L'Afrique centrale comme zone d'instabilité permanente et rémanente...43

A -La géopolitique des conflits en Afrique centrale.........................................43

1) les causes de la conflictualité en Afrique centrale .................................43

2) Acteurs et stratégies de la conflictualité en Afrique centrale.....................44

B - Cadre normatif et institutionnel de gestion des conflits en Afrique centrale.......48

1) Les aspects normatifs du cadre de gestion des conflits en Afrique centrale....48

2) Les cadres institutionnels et opérationnels de gestion des conflits en Afrique centrale...................................................................................50

Section 2 : La contribution du Cameroun aux efforts sous régionaux de gestion des conflits en Afrique centrale : la conjoncture au-dessus de l'intérêt national ?..........................................................................................52

A - La participation du Cameroun comme impératif sécuritaire supranational.........52

1) Des réponses régionales aux conflits régionaux : le Cameroun dans la spirale sécuritaire supra étatique...............................................................53

2) À la conjuration des faiblesses individuelles des Etats d'Afrique centrale : agir collectivement pour trouver une réponse à la crise de l'Etat........................55

B -L'expression d'une nouvelle dynamique des relations des relations internationales : la régionalisation des initiatives sécuritaires........................................................57

1) La régionalisation sécuritaire comme moyen de dépassement des intérêts nationaux......................................................................................57

2) La régionalisation sécuritaire comme moyen de production d'une stabilité politico-économique....................................................................................58

DEUXEME PARTIE : LA STRATEGIE CAMEROUNAISE DANS LA GESTION DES CONFLITS EN AFRIQUE CENTRALE : UNE ADAPTATION ACTUELLE AUX PROBLEMATIQUES SECURITAIRES CONTEMPORAINES.............................60

CHAPITRE 3 : LES DYNAMIQUES OPERATIONNELLES DE LA PARTICIPATION DU CAMEROUN DANS LA GESTION DES CONFLITS.........................................61

Section 1 : Des missions de formation : entre mise à disposition de structures de formation et participation aux exercices conjoints...............................................................62

A - La mise à disposition de structures de structures de formation............................63

1) Le cours supérieure interarmées de défense (CSID).....................................64

2) L'école internationale des Forces de Sécurité (EIFORCES)...........................65

B - La participation camerounaise aux exercices militaires conjoints.........................66

1) Les exercices BIYONGHO 2003, BAHR-EL GAZAL 1 et SAWA 2006.....67

2) BAHR-EL GAZAL 2, KWANZA 2010 et FOMAC-CONGO 2014............68

Section 2 : ...À l'envoi des unités constituées sur le théâtre des opérations............70

A -Le cas de la crise Centrafricaine..........................................................71

1) De la rétrospective sur les crises politiques en République centrafricaine......71

2) ...À la participation des forces armées camerounaises à leur dénouement.....75

B - La crise en République du Congo.........................................................80

1) La dynamique du conflit en République du Congo.................................81

2) La contribution du Cameroun dans les opérations de soutien à la paix en République du Congo..................................................................................84

CHAPITRE 4 : ANALYSE DES STRATEGIES CAMEROUNAISES DE GESTION DES CONFLITS EN AFRIQUE CENTRALE......................................................85

Section 1 : Examen des capacités camerounaises de gestion des conflits en Afrique centrale CEEAC...............................................................................................86

A - L'attitude camerounaise face aux menaces susceptibles de compromettre la paix sous régionale.............................................................................................87

1) La modification de sa carte militaire et les facilitations liées à l'utilisation du territoire camerounais................................................................................88

2) L'organisation des colloques, conférences et rencontres au sommet.............91

B - L'approche camerounaise de gestion des réfugiés.......................................92

1) L'action de l'autorité administrative et du HCR....................................93

2) Au niveau des frontières Est et Nord.................................................95

Section 2 : Perspectives de rationalisation et de coordination avec les pays de la sous-région..............................................................................................97

A - La rationalisation des actions camerounaises...........................................97

1) Au sein de la CBLT.....................................................................98

2) Au sein de la CEEAC...................................................................98

B - Le déficit de coordination entre les Etats................................................99

1) Une défaillance du partage des informations entre les différents pays sur les menaces potentielles...............................................................................100

2) Une collaboration insuffisante.......................................................101

CONCLUSION GENERALE................................................................103

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES...................................................106

LISTE DES ANNEXES ......................................................................113

TABLE DES MATIERES.....................................................................122

* 1 Rapport du secrétaire des Nations Unies sur les conflits, Les causes des conflits et promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique En 1970 (ndlr : c'est-à-dire 10 ans après l'indépendance fictive de la plupart des pays africains), il y a eu sur le continent africain, plus de 30 guerres, qui dans leur vaste majorité ont pour origine les conflits internes.

En 1996, seulement 14 des 53 pays d'Afrique ont connu des conflits armés, responsables de plus de la moitié de tous les décès causés par des conflits dans le monde entier et provoquant plus de 8 millions de réfugiés et de personnes déplacées, http://www.unic-tunis.intl.tn/sgreportaaf.htm consulté le 03 Novembre 2014 à 01h05

* 2Alassoum BEDOUM, « Les Conflits en Afrique Centrale : un défi pour le PNUD », Rapport du PNUD décembre 2003.

* 3Joseph Vincent NTUDA EBODE, « Les Forces en Attente de l'Afrique Centrale : Point de situation et défis » http://www.operationspaix.net consulté le 03 novembre 2014 à 02h22.

* 4 Le transfert de compétence entre la CEMAC et la CEEAC a été décidé le 30 Octobre 2007, lors de 13ème conférence des chefs d'Etats et de Gouvernements de la CEEAC à Brazzaville. Il a été implémenté le 12 Juillet 2008.

* 5 Sous la réserve du respect de l'article 33 alinéa (g) de l'Acte constitutionnel de l'U.A.

* 6 Mouvement Islamiste alliant insurrection religieuse et politique, révolte sociale et radicalisation sous forme de protestations meurtrières, des musulmans du nord du Nigéria et dont les velléités se font ressentir au nord du Cameroun.

* 7 Convention de Vienne, 18 avril 1961 et protocoles additionnels ; Agenda des Nations Unies pour la paix, 17 juin 1992.

* 8 Emile DURKHEIM, Les règles de la méthode sociologique, Paris, PUF, 13ème éd, 2007, p.34

* 9 André BEAUFRE, Introduction à la stratégie, Paris, ECONOMICA, 4e éd, 1985, P.16

* 10 Marie Claude SMOUTS, Dario BATTISTELLA, Pascal VENESSON, Dictionnaire des relations internationales, Paris, DALLOZ, 2ème éd, 2006, p.515

* 11 Thierry DE MONTBRIAL, L'action et le système du monde, Paris, Quadrige, 2e éd, 2008, p.129

* 12 Philippe BRAUD, Sociologie politique, 4e éd, Paris, L.G.D.J, 1998, p.15

* 13 Thierry TARDY, « Gestion des crises, maintien et consolidation de la paix : acteurs, activités et défis »Bruxelles, Editions De Boeck Université, 2009 p.17

* 14 Pierre BIRNBAUM, « Conflits », in Raymond BOUDON (dir), « Traité de sociologie », Paris, PUF, 1992 : Georges SIMMEL, Le conflit (1912), Circé de poche, 1995.

* 15 G. BOUTHOUL,« Traité de sociologie. Les guerres, éléments de polémologie », Paris, Fayard, 1961, p. 35

* 16 Thomas SCHELLING, « stratégie du conflit », Paris, PUF, 1986, p.3

* 17 Thierry TARDY« Gestion des crises, maintien et consolidation de la paix : acteurs, activités et défis», Op. cit. p. 21

* 18 Abel Hubert MBACK WARA, La prévention des conflits dans la dynamique de l'intégration sous-régionale en Afrique centrale, Mémoire de D.E.A en science politique, Université de Yaoundé II SOA, 2007.

* 19 Dictionnaire Larousse, Paris, Larousse, 2008, p. 147

* 20 Cette théorie a été énoncée par Albert W. TUCKER à Princeton, en 1950, www.wikipedia.com, consulté le 28 Septembre 2014 à 7h00.

* 21Joseph Vincent NTUDA EBODE, «  le pétrole est-il une source conflictogène en Afrique centrale ? » , Revue Africaine de Défense n° 2, Avril-Juin 2000, pp. 104-118.

* 22 Le conseil de paix et de sécurité de la CEEAC, en abrégé COPAX, est un mécanisme qui a été créé au sein de l'OUA, adopté lors de la 29ème session ordinaire de l'OUA à la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement tenue au Caire en Egypte, du 28 au 30 juin 1993, et incorporé à l'UA pendant la conférence tenue à Lusaka en Zambie du 9 au 11 juillet 2001. Le COPAX a pour vocation la prévention, la gestion et le règlement des conflits en Afrique centrale.

* 23 www.ceeac-eccas.org, consulté le 23 novembre 2014 à 5h30.

* 24 Jules Dieudonné MEVONO NGOMBA, La participation de l'armée camerounaise aux opérations de maintien de la paix : entre la défense des intérêts nationaux et la recherche d'une paix durable en Afrique centrale. Mémoire de D.E.A en science politique, Université de Yaoundé II SOA, 2008-2009.

* 25 Raymond QUIVY ; Luc VAN CAMPENHOUDT, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris,EditionDunod, 1995, pp. 42-43.

* 26 Jules Dieudonné MEVONO NGOMBA, Op.cit.

* 27 ASSILA TSED  La participation des forces de défense camerounaises à la mission de paix au Darfour  (DESS) en Stratégie, Défense, Sécurité, Gestion des Conflits et des Catastrophes, Université de Yaoundé II, 2005-2006

* 28 AHOUDOU GARBA  La participation camerounaise à l'opération de maintien de la paix de l'ONU au Cambodge, (DESS) en Relations Internationales, option Diplomatie, juillet 2000.

* 29 Manfred François EKINDI NGWEN L'implication du Cameroun dans la prévention des conflits en Afrique centrale Master en Stratégie, Défense, Sécurité, Gestion des Conflits et des Catastrophes, Université de Yaoundé II, 2005-2006

* 30 Jules Dieudonné MEVONO NGOMBA, Op. Cit.

* 31Idem, Op. Cit.

* 32 Yves LACOSTE, Dictionnaire de géopolitique, Paris, Flammarion, 1999, p. 108

* 33 Jean Louis MARTRES ; Peter BERGER (dir), penser les relations internationales, Paris, l'Harmattan, 2008, 472p.

* 34 Emile DURKHEIM, Les règles de la méthode sociologique, Paris, PUF, 13e éd, 2007, p.109

* 35 Max WEBER, Economie Société 1, Paris, Pocket, Agora les classiques, 1995, p. 28

* 36 Peter BERGER; Thomas LUCKMANN, The social construction of reality: a treatise in the Sociology of knowledge, Garden City, NY: Anchor Books, 1966, p.87

* 37 E. ADLER, Constructivism and International Relations, W. CARLNES; T. RISSE and B. SIMONS, Handbook of International Relations, London, Sage publications, 2002, p. 95-118, T. HOPF, The promise of Constructivism in International relations, International security, vol. 23, n° 1, 1998, p.171-200

* 38 Raymond QUIVY ; Luc VAN CAMPENHOUDT, op. Cit, P. 21-36

* 39 Raymond QUIVY ; Luc VAN CAMPENHOUDT, ibid., p. 84

* 40 Abel Hubert MBACK WARA, Op. cit.

* 41Raymond QUIVY;Luc VAN CAMPENHOUDT, Op. Cit.pp. 128-129.

* 42Madeleine GRAWITZ « Méthodes des sciences sociales »,Paris, Dalloz, 11ème Ed,2011, 1019 pages.

* 43Jacqueline MORAND-DEVILLER,« Cours de droit administratif »Paris,Montchrestien, 10ème Ed, p.705

* 44 Michel CROZIER ; Erhard FRIEDBERG, L'acteur et le système, Paris, Editions du Seuil, 1977, pp.230-231

* 45 Agenda pour la paix (1992) et son supplément (1995), résolution 1625 (2005) du Conseil de Sécurité de l'ONU du 14 septembre 2005 sur l'adoption de la déclaration sur le renforcement de l'efficacité du rôle joué par le conseil de sécurité dans la prévention des conflits en Afrique.

* 46 Elie MVIE MEKA, Architecture de la sécurité et gouvernance démocratique dans la CEEAC, Presses Universitaires d'Afrique, Yaoundé, 2007, p.66.

* 47Ernest Claude MESSINGA, Les forces armées camerounaises face aux nouvelles formes de menaces à la sécurité : d'une armée de garde vers une armée d'avant-garde 1960-2010, thèse de doctorat Ph. D en science politique soutenue à l'Université de Yaoundé II SOA, 2011.

* 48 Rufin DIZAMBOU, « Les mouvements migratoires dans l'espace UDEAC/CEMAC de 1964 à nos jours : une conséquence de la fragilité des Etats d'Afrique Centrale », Enjeux, Bulletin d'Analyses Géopolitiques pour l'Afrique Centrale, n° 38, janvier-mars 2009, p. 59

* 49 Yves Patrick MBANGUE NKOMBA, La dynamique de sécurisation des biens et des personnes dans la ville de Yaoundé par l'action d'une unité spécialisée des forces de sécurité camerounaises : le cas des équipes spéciales d'intervention rapide (ESIR), Mémoire de master en sécurité défense et gestion des catastrophes, Université de Yaoundé II SOA, 2008.

* 50 Philippe CABANIUS, « Amélioration du transport de transit dans la région d'Afrique Centrale », première session du comité intergouvernemental préparatoire de la conférence ministérielle internationale sur la coopération en transport de transit, 7 avril 2003, p. 5.

* 51 J. HAMAN, cité par MEVONO NGOMBA, « commerce illicite, des produits détruits à N'Gaoundéré », Cameroun Tribune n° 10383/6584 du 15 juillet 2013, p. 13.

* 52 P. TEWARD, cité par B. BOUNOUNG FOUDA, « De la fragilité des Etats de l'Afrique centrale à une pensée reconstructive des Etats en déconstruction : essai d'analyse », Enjeux, Bulletin d'Analyses Géopolitiques pour l'Afrique Centrale, n° 38, janvier - mars 2009, p. 12.

* 53 Robert K. MERTON, Eléments de théorie et de méthode sociologique, Paris, Armand Colin, Collection U, 1997.

* 54 Le Grand Robert de la langue française 1999.

* 55 Ernest Claude MESSINGA, Op.Cit.

* 56 Eustache AKONO ATANGANE, « Les problèmes de délimitation des espaces maritimes en Afrique centrale », in Revue africaine d'études politiques et stratégiques N° 4, Université de Yaoundé II, 2007, p. 247

* 57 Stéphane ROSIERE, Géographie politique et Géopolitique. Une grammaire de l'espace politique, Ellipses Editions, Paris, 2000, p. 216.

* 58 Pascal BONIFACE, La géopolitique les relations internationales, Paris, Eyrolles, 2011, p. 6

* 59 www.toupie.org/Biais/Biais_statu_quo.html consulté le 08/11/2014 à 22h.

* 60 En avril 2013, le Cameroun et le Nigéria se sont mis d'accord sur la délimitation de leur frontière maritime ainsi que sur le tracé de 1 893 km de leur frontière terrestre dont la distance totale est estimée à environ 2 100 km. Voir le « Communiqué de la 30e réunion de la commission mixte Cameroun Nigéria », 23 avril 2013.

* 61www.wikipedia.org/wiki/sécurité_nationale, Consulté le 05/11/2014, à 20h.

* 62Mwahila TSHIYEMBE, « Les principaux déterminants de la conflictualité », in La prévention des conflits en Afrique centrale, Prospective pour une culture de la paix, (éd.) P. ANGO ELA, Karthala, Paris, 1999, p. 23.

* 63 Alain DEJAMET, « Que reste-t-il de la sécurité collective ? », in Faire la paix la part des institutions internationales, (dir.) Guillaume DEVIN, Paris, Presses de Sciences Po, 2009, p. 32.

* 64 Le rapport inter agences sur la situation des réfugiés centrafricains au Cameroun, couvrant la période du 29 septembre au 05 octobre, commandé par la Direction de la Protection Civile, indique que sur les sites de Timangolo et de Gado au Cameroun, les accrochages entre les nationaux et les réfugiés sont surtout le fait de la raréfaction du bois de chauffage et parfois de l'occupation de l'espace.

* 65Ernest Claude MESSINGA, Op.Cit.

* 66 Magazine des forces armées camerounaises, numéro spécial, mai 2009, www.irenees.net/bdf_fiche-documentation-642_en.html.

* 67 Ibid.

* 68 Angela Meyer, L'intégration régionale et son influence sur la structure, la sécurité et la stabilité d'Etats faibles, L'exemple de quatre Etats centrafricains, Thèse de Doctorat en Science Politique, Institut d'Etude Politiques de Paris, Décembre 2006, p.50.

* 69 Ibid.

* 70Lire Filip Reyntiens, L'Afrique des grands lacs en crise, Rwanda-Burundi, 1988-1994, Paris, Karthala, 1996.

* 71 Daniel Bach et Luc Sindjoun, ordre et désordre en Afrique, Bordeaux, Polis, vol. 4, n. 2,1997/11, p. 2

* 72 Yann Bedzigui, Annuaire Français de Relations Internationales, Bruxelles, Bruylant, la documentation française, 2008, volume IX, p.163.

* 73 Ibid.

* 74SalifKâ, La problématique des conflits en Afrique: le cas de la Somalie, de la Côte d'Ivoire et de la RDC, Mémoire de Maitrise en science politiques, Université Gaston Berger de Saint-Louis, 2012, p.17.

* 75Yann BEDZIGUI, Op.cit, p.164.

* 76 Ibid.

* 77EliasNorbert,La société des individus, Paris, Fayard, 1991, 301 p.

* 78McMillan D.W, Sense of community.Journal of Community Psychology, 24(4), 1996, pp.315-325.

* 79Luc Sindjoun,lapolitique d'affection en Afrique noire : société de parenté, 'société d'Etat' et libéralisation politique au Cameroun, Boston : GRAF, 1998.

* 80 Les circonscriptions administratives ont généralement essayé de procéder à un rassemblement spatial des groupes ethniques. Au Cameroun, chacune des dix régions correspond à des entités culturelles plus ou moins vastes rassemblant des peuples ayant entre eux certains liens culturels. De sorte qu'avec la reviviscence des tensions interethniques, les Mbo, habitants d'un village administrativement situé dans la province de l'Ouest, peuplée de Bamilékés, revendiquent leur rattachement à la province du Littoral où se trouvent les autres tribus voisines. Il convient toutefois de signaler l'exception congolaise, où, au nom de la révolution marxiste, le pays fut divisé selon des contours beaucoup plus géographiques qu'ethniques, pour éviter les polarisations ethniques non compatibles avec le marxisme (DorierApprill, 1997, 164). Ce qui n'empêcha pas une vaste mobilisation de l'ethnicité avec la naissance du multipartisme et des compétitions électoralistes.

* 81 Yves-Alexandre Chouala, «Patriotes rebelles. Légitimation et civilisation patriotiques des luttes politiques armées en Afrique», Revue juridique et politique, n° 4, 2006, p. 563.

* 82 Voir à ce sujet les travaux d'Olivier Lanotte, Guerres sans frontières, GRIP / Complexe, Bruxelles, 2003, p. 94.

* 83Laurent Goetschelet Didier Péclard, « Les conflits liés aux ressources naturelles. Résultats de recherches et perspectives », Annuaire suisse de politique de développement [En ligne], Vol. 25, n°2 |  2006, mis en ligne le 19 mars 2010, Consulté le 16 novembre 2014 à 12h09. URL: http://aspd.revues.org/255.

* 84 P. Le Billon, « The Geopolitical Economy of «Resource Wars» », dansGeopolitics of Resource Wars, Ph. Le Billon (ed.), London; New York, Frank Cass, 2005, pp. 1-28.

* 85Luc REYCHLER, Thania PAFFENHOLZ, (dir),  Construire la paix sur le terrain, Mode d'emploi, Bruxelles, GRIP-Complexe, 2000, p. 32.

* 86 Ibid.

* 87 Idem.

* 88 Charles TENENBAUM, « Négociations et médiations dans la résolution des conflits » in Franck Petiteville (dir) Négociations Internationales, Paris, Presses de Science po, 2013, pp.257-284.

* 89 YERO BA, « Fléau des conflits et défi sécuritaire en Afrique » in RJPIC, n° 1, 55e année, janvier-avril, 2001, p.24.

* 90 Alain FOGUE TEDOM, « L'Union Africaine face au défi titanesque de la prévention, du règlement et de la gestion des conflits », in Juridis, n° 75, janvier-aout-septembre 2008, p.77.

* 91http://www.operationspaix.net/15-fiche-d-information-de-l-organisation-ua.html, consulté le 21 Novembre 2014 à 11h22.

* 92 Lire la note de cadrage de la réunion entre la Commission de l'UA, les CER et les mécanismes de coordination des brigades régionales de l'Afrique de l'Est et de l'Afrique du Nord, sur la mise en oeuvre du protocole d'accord de coopération dans le domaine de la Paix et de la sécurité, tenue à Akosombo, au Ghana, du 9 au 11 décembre 2009, p. 1.

* 93 Voir à ce sujet, Jean KENFACK, « le Conseil de Paix et de sécurité de l'Union africaine », in De la Paix en Afrique au XXIe siècle, Presses de l'UCAC, Yaoundé, 2007, p 147.

* 94 Tel est l'intitulé exact de ce texte. Par ailleurs, la Commission consultative est créée sous les auspices des Etats membres de la CEEAC et le Secrétariat Général des Nations Unies, le 28 mai 1992. D'où le lien entre ladite Commission et la CEEAC.

* 95 Art.1er du règlement relatif au MARAC

* 96 Ibid.

* 97 Art.2 du règlement relatif à la FOMAC

* 98 Angela Meyer, Op.cit.p.51.

* 99 Anatole Ayissi, « Le maintien de la paix en Afrique : responsabilité et responsabilisation du continent », in Paul AngoEla (dir.), La prévention des conflits en Afrique centrale. Prospective pour une culture de la paix, Paris, Karthala, 2001, pp. 177-188.

* 100 Thierry TARDY, Gestion de crise, maintien et consolidation de la paix, Edition De Boeck, Bruxelles, 2009, p.16.

* 101Citation de Charles Schultze, in Pierre Rosanvallon, La crise de l'Etat-Providence, Editions du Seuil, 1981 France, p59.

* 102Expression issue de la notion de statolité évoquée par Augustin KontchouKouomegni « De la statolité en Afrique à la recherche de la souveraineté » Revue science et technique, vol VI, n° 3-4, Juillet-Décembre 1989, p. 19-33.

* 103 Expression issue des travaux de Max Weber sur le monopole de la violence légitime.

* 104AugustinKontchouKouomegni, Op.cit, 21.

* 105DerickBRINKERHOFF, Capacity Development in Fragile States, ECDPM ,2007, p.67.

* 106http://diplomatie.belgium.be/fr/binaries/dossier_etats_fragiles_tcm313-108566.pdf, consulté le 16 Octobre 2014 à 23h51.

* 107 Franck PETITEVILLE, « Les processus d'intégration régionale, vecteurs de structuration du système international ? », Etudes internationales, 28 (3), 1997, p. 512.

* 108 Ernst B. Haas, The Uniting of Europe. Political, Social, and Economic Forces, 1950-1957, Stanford (Calif.), Stanford University Press, 1968 (2eéd.), p. 16.

* 109Karl WOLFGANG DEUTSCH, Political Community and the North Atlantic Area.International Organization in the Light of HistoricalExperience, Princeton (NJ), Princeton UniversityPress, 1968.Pour une présentation synthétique de la théorie internationale de K. W. Deutsch, voir Dario Battistella, « L'apport de Karl Deutsch à la théorie des relations internationales », Revue internationale de politique comparée, vol. 10, no 4, 2003, p. 567-585 ; et pour une discussion critique de la notion de communauté de sécurité, voir Vincent Pouliot, « Communauté de sécurité », in Alex Macleod, Louis-Blaise Dumais-Lévesque, Anne-Marie Durocher (sous la dir.), Dictionnaire des études de sécurité, Montréal, Athéna (à paraître en 2004).

* 110 Emanuel ADLER, Michael BARNETT (Eds), Security Communities, Cambridge, Cambridge University Press, 1998.

* 111Jean-Claude BERTHELEMY, Jean-Paul AZAM, Calipel Stéphane. Risque politique et croissance en Afrique. In: Revue économique, Volume 47, n°3, 1996. pp. 819-829.

* 112 Michel KOUNOU, Pétrole et pauvreté au sud du Sahara. Analyse des fondements de l'économie politique du pétrole dans le Golfe de Guinée, Yaoundé, Clé, 2006, p. 36.

* 113 Cité par Charles KINDLEBERGER, The world in Depression, 1973.(sur la puissance hégémonique à chercher dans théories et concepts des RI et dans le dictionnaire des RI)

* 114 Aicha PEMBOURA, Le processus de formation de la culture stratégique camerounaise : Analyse du rôle des Ecoles militaires, Mémoire de Master2 en Science Politique, Université de Yaoundé 2-Soa, 2005.

* 115 Voir article 9 du décret N° 2005/014 du 13 janvier 2005.

* 116 Décret n° 2008/179 du 22 mai 2008 du Président de la République du Cameroun.

* 117 EIFORCES, Bulletin Trimestriel d'Analyse Stratégique et Prospective de l'EIFORCES, N° 001, Décembre 2013, p 6.

* 118 Joseph VincentNTUDA EBODE, La force en attente dans l'architecture de paix et de sécurité de l'Union Africaine, Actes du Colloque 2011 sur « 50 de défense et de sécurité en Afrique : états et perspectives stratégiques », Yaoundé, 2011.

* 119 http://www.afriqueexpress.com/homesafex/pagesaccueil/defensesecurite/247exercicemilitaire.htm, consulté le 20 novembre 2014 à 17h30.

* 120 Voir Communiqué de presse SG/SM/9914. AFR/1184. ECO/86 en date du 07 juin 2005.

* 121 http://www.operationspaix.net/3-fiche-d-information-de-l-organisation-ceeac.html consulté le 20 juin 2014 à 03h 07. Voir également NGUIMBI (Rahim Jhan), La place de l'Afrique centrale dans l'architecture de paix et de sécurité africaine (APSA), Mémoire de Master2 en Contentieux international, Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC), 2012.

* 122 A l'époque Francisco Pereira Furtado.

* 123http://french.peopledaily.com.cn/International/6994400.html consulté le 20 juin 2014 à 22h 17.

* 124www.cameroon-tribune.net consulté le 03 juin 2014 à 16h 29.

* 125Jhan Rahim NGUIMBI, Op.cit.

* 126 Lire dans cette perspective CREOLINK Communications, ' SOPECAM , 16 Septembre 2014 , Rousseau-Joël FOUTE et dans la rubrique National - Politique , « Hervé Ladsous, SG adjoint aux opérations de maintien de la paix a été reçu en audience samedi dernier par le PM ».

* 127 Ibid. p.4.

* 128 Entretien directif exécuté le 23 septembre 2014 à 12h 15 minutes.

* 129 Entretien directif exécuté le 23 septembre 2014 à 15h 45 minutes.

* 130 Entretien directif réalisé le 23 septembre 2014 à 12h30.

* 131 Entretien directif réalisé le 23 septembre 2014 à 18h 24 minutes.

* 132BORIS BERTOLT, « Cameroun - Crise centrafricaine: Les 850 soldats camerounais sans salaires », Mutations, Yaoundé, 12 Février 2014.

* 133 Ibid.

* 134 R. POUTRIER, « les raisons d'une guerre incivile », Afrique Contemporaine n°166, avril-juin 1998, p.17

* 135 Ibid.

* 136 Ernest Claude MESSINGA, Op. cit.

* 137 Luc REYCHLER, « Les conflits en Afrique : comment les prévenir ? » in Conflits en Afrique Analyse des crises et pistes pour la prévention, Bruxelles, coédition Grip-Editions Complexe, 1997, p.36.

* 138 Lieutenant-Colonel Didier BADJECK, chef de division de la communication au ministère de la Défense, www.cameroun-tribune.cm, consulté le 27 novembre 2014.

* 139 Francisco Macias NGUEMA, (1924-1979), fut le premier Président de la République de Guinée Equatoriale, (1968-1979).

* 140 Plan d'opérations par pays de l'UNHCR, 2006.

* 141 Rapport inter agences sur la situation des réfugiés centrafricains-Cameroun, 18-24 Août 2014.

* 142 Nicolas TENZER, Qu'est-ce que la politique ?, Paris, PUF, Collection Que sais-je ? 124 p.

* 143 Pris dans le sens « westphalien » du terme. Lucien Bély, l'Europe des traités de Westphalie, Paris, PUF, 2000, 632p.

* 144 Nguyen Quoc Dinh, sur la bonne foi dans les relations internationales, Droit international public, Paris, LGDJ, 1975.

* 145 Lire l'article 6 du pacte d'assistance mutuelle entre les Etats membres de la CEEAC qui dispose que le COPAX est mis en oeuvre lorsqu'il y a une menace grave à la paix et à la sécurité dans la sous-région, notamment en cas de conflit armé entre deux ou plusieurs Etats parties au présent pacte ; conflit interne susceptible de mettre en danger la paix et la sécurité dans un autre Etat partie ;conflit interne donnant lieu à des actes entrant dans la catégorie des crimes internationaux ; conflit interne menaçant gravement l'existence de l'Etat concerné.

* 146 Norbert ELIAS,  La dynamique de l'Occident, Paris, Calmann-Lévy, 1975.

* 147 Protocole relatif à la création du conseil de paix et de sécurité de l'Union Africaine, 9 juillet 2002, Art 2. 2.

* 148 L'Union africaine et la sécurité collective www.psi.ulaval.ca/publications/sécurité_mondiale/ consulté le 24 novembre 2014 à 16h.

* 149 Résolution 49/60 du 9 décembre 1994 de l'ONU.






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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault