INTRODUCTION
La conservation de la fertilité des sols est devenue
une sérieuse contrainte pour le développement durable à
travers la sécurité alimentaire. En effet parmi les ressources
naturelles cruciales, les sols constituent l'une des plus menacées,
notamment en raison de l'impact de l'activité humaine sur leur dynamique
(Balarabé, 2012). La fonction la plus largement reconnue des sols est
leur soutien à la production alimentaire. Les sols sont les fondements
de l'agriculture et le milieu dans lequel presque toutes les espèces
végétales alimentaires s'enracinent et poussent. En effet, on
estime que 95% de la nourriture de l'homme est produite directement ou
indirectement grâce aux sols (FAO, 2015). Actuellement, les questions
liées à la protection de l'environnement sont essentielles
spécialement dans un contexte d'intensification agricole. Elles
concernent entre autres la dégradation des ressources naturelles,
notamment celle des sols, ainsi que la qualité des eaux (Douffissa,
2011).
Le sol abrite la part la plus importante de la
biodiversité de la planète et les services
écosystémiques qu'il rend sont primordiaux. Il est le socle de la
vie végétale, seule capable de produire de la matière
à partir du soleil, de l'air, de l'eau et des éléments
minéraux présents dans la terre. A travers la biomasse, il
fournit à l'homme nourriture et énergie, mais il lui procure
également des matériaux de construction, des matières
premières et des molécules à vocation médicale
(Courtoux & Claveirole, 2015).
La gestion des sols en agriculture est
considérée comme l'un des thèmes prioritaires pour assurer
la durabilité des modes de production agricole. Cette question concerne
non seulement la production et la qualité des produits mais
également la protection de l'environnement. Pour la plupart des
systèmes de culture, c'est la gestion de la fertilité (notamment
azotée et phosphatée) couplée à celles de
l'acidité et de la salinité, qui contribuent à
l'engagement à long terme de la production agricole (Diallo, et
al., 2015).
La grande variabilité de la fertilité du sol
constitue une contrainte pour nombreuses cultures. Les sols dans la plupart des
pays d'Afrique subSaharienne ont une faible fertilité intrinsèque
et les éléments nutritifs exportés ne sont pas
remplacés de manière adéquate. En conséquence, les
rendements sont relativement bas en dépit d'un potentiel
élevé d'amélioration (FAO, 2003).
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La qualité des sols est fortement
dégradée à l'échelle de la planète,
particulièrement dans les pays touchés par la
désertification, la sécheresse, la salinité et
l'érosion des terres. Durant ces 40 dernières années, le
monde a perdu près du tiers de terres arables. Plus de 10 millions
d'hectares disparaissent chaque année suite à cette
dégradation (Mathieu, 2001).
Souvent, la dégradation progressive des sols,
l'épuisement des nappes d'eau douce et la remontée des sels
conduisent à une lente perte de fertilité. Un climat chaud
provoque une forte évaporation de l'eau. Progressivement, les nappes
d'eau se rétrécissent et finissent par disparaître.
L'alternance de périodes humides et de périodes chaudes et
sèches provoque de nombreux et importants dépôts de sels
(Legros, 2009).
La province du Sud-Kivu présente de vastes
étendues d'espaces cultivables avec de sols favorables et la
possibilité de pratiquer une gamme variée des cultures. On y
trouve également des sols argileux bons pour la fabrication des briques
cuites et sèches, de même que le sable, les roches calcaires pour
la fabrication du ciment et de la chaux, etc. (FPM, 2016).
L'agriculture est pratiquée par des ménages mais
en très faible proportion et de façon rudimentaire (FPM,
2016).
L'ensemble de la plaine de la Ruzizi, est une savane
boisée et herbacée, servant de pâturage au gros
bétail. L'activité essentiellement agricole et pastorale des
populations a sensiblement modifié l'aspect primitif de la
végétation si bien que ce soit la savane herbeuse avec des
graminées grossières qui dominent. Le sol de la plaine de la
Ruzizi est en majeure partie couvert d'une fine couche de sable
mélangé à des matières alluvionnaires salines plus
récentes (Mulumuna cité par Malekera, 2005).
L'activité agricole accuse un déficit suite
notamment à l'insécurité, au manque d'intrants et
d'outillages agricoles. A ces causes s'ajoute l'insuffisance des structures
d'appui et du personnel technique d'encadrement pour réduire le
phénomène de dégradation continue des sols (Murhula,
2015).
Réaliser une caractérisation des sols est
indispensable pour savoir l'état physico-chimique et biologique du sol ;
proposer des informations sur la fertilité de la parcelle et
suggérer un plan d'aménagement de sol raisonné fonction de
l'occupation du sol, des antécédents, de l'ensemble des
informations relatives à la parcelle et des résultats analytiques
; appréhender l'évolution de leur fertilité chimique. Elle
permet entre autres d'ajuster au mieux les apports
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d'amendements basiques et les apports des fertilisants et de
repérer des carences particulièrement préjudiciables. Il
en résulte de forte économie sur les différents apports
faits parfois systématiquement.
Dans la plaine de la Ruzizi certaines étendues des
terres ne sont pas mises en valeur étant donné que des tentatives
d'exploitation agricole par le passé ont échoué, comme
c'est le cas du site de Kyunyu à Bwegera (Muvundja A.F., communication
personnelle). En considérant la pression démographique et
migratoire qui sévit dans la plaine Ruzizi, la terre y constitue et va
démeurer une ressource stratégique. Il est donc nécessaire
de réfléchir sur les possibilités de valorisation des
espaces dont se méfie la population actuellement.
Pour caractériser ce sol, le présent travail
poursuit comme objectifs de:
- De faire une analyse physique des sols du milieu
d'étude basée sur la granulométrie, la densité
apparente, la teneur en eau ;
- De caractériser la fertilité chimique des sols
du milieu d'étude en déterminant son potentiel en
hydrogène, sa conductivité électrique, la teneur en
carbone, le rapport carbone/azote, les teneurs en macroéléments
(azote, phosphore et potassium), sels solubles et les métaux lourds ;
- D'identifier les principales espèces
végétales de ce milieu d'étude.
Le choix de ce milieu a été guidé par le
fait que son sol est non exploité et abandonné par les
agriculteurs sous prétexte que la majorité des plantes
cultivées dans le passé n'y poussaient pas et celles qui
poussaient, ne dépassaient pas une hauteur de 25 cm ; c'est le cas du
maïs, du sorgo, et de la patate douce (Muvundja A.F., Communication
personnelle).
Les résultats de cette étude permettront de
fournir un outil qui détermine les techniques à adopter pour
remédier au problème d'infertilité du sol sur ce site.
Hormis cette brève introduction, ce travail comprend
trois grands chapitres ; le premier est une revue de la littérature,
elle donne les généralités principalement sur la
fertilité du sol, le deuxième est le milieu, matériels et
méthodes ; le troisième chapitre est la présentation,
l'interprétation ainsi que la discussion des résultats. Ces trois
chapitres sont suivis d'une conclusion et des recommandations.
Le tableau numéro 1 montre les différents
critères d'appréciation de la fertilité du sol selon leur
propriété.
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