2-1-2. Bref rappel historique sur les psychotropes
L'histoire de l'usage des psychotropes remonte à la
préhistoire comme prouvé par plusieurs archéologues.
L'usage traditionnel de ces psychotropes est, selon les cas, occasionnel,
ritualisé à l'occasion de certaines cérémonies ou
fréquent et faisant largement partie des us et coutumes d'une culture
déterminée, en tant qu'aliments ou médicaments (Romain,
2003).
En effet, dès l'origine, pour survivre, l'homme a
été confronté aux réalités de la chasse et
de la guerre. Il a directement perçu la nécessité
d'être fort et, si possible, le plus fort, face à l'animal ou face
au rival (Mondenard, 2000). L'histoire du sport recoupe ainsi celle du dopage.
Tout au long de la préhistoire, ce sont les plantes - seules
préparations naturelles disponibles - qui vont envahir les enceintes
sportives. Ainsi, au début de l'histoire humaine, ces psychotropes
étaient presque exclusivement issus de végétaux (sauvages
puis cultivés), et c'est seulement au XIXe et au XXe siècle qu'en
débuteront la semi-synthèse ou la synthèse en chimie
organique, etc. (Romain, 2003)
À partir de la fin du XIXe, la permanence du
désir d'améliorer les possibilités humaines à
n'importe quel prix se pérennise mais plus on avance dans le temps et
plus les recettes deviennent sophistiquées. La tentation du dopage plus
largement, a alors attiré l'homme vers la stimulation de toutes ses
activités physiques et intellectuelles.
La Seconde Guerre mondiale va ainsi livrer à toute la
planète sportive, via les "athlètes" du ciel, les
amphétamines, des substances synthétiques agissant sur le
système nerveux central.
Au cours de la même période, de part et d'autre
de l'Atlantique, un mouvement visant à réduire l'internement des
malades mentaux et à promouvoir le développement de projets
communautaires, véritables alternatives à l'hospitalisation
psychiatrique a connu le jour. L'arrivée de nouveaux médicaments
psychotropes quelques années plus tard a suscité de grands
espoirs pour l'amélioration des soins en pathologie mentale, que ce soit
dans ou hors des hôpitaux. Cet enthousiasme a légitimement
trouvé sa source dans l'effet réel et rapide de soulagement de
certains patients. Progressivement, la psychiatrie s'est orientée dans
les décennies suivantes vers un modèle explicatif des pathologies
impliquant une anomalie du cerveau, un déséquilibre des
neurotransmetteurs, en remontant à contresens le lien entre la
pathologie et le traitement médicamenteux. Ce qui donne, par exemple,
pour la dépression : «
p. 11
Utilisation des substances psychotropes dans
l'agriculture au Nord Bénin: acteurs, mécanisme et incidences
agricoles
si un médicament agit sur la dépression en
modifiant le taux de sérotonine alors la dépression est
causée par un déficit en sérotonine ». Relation
absurde puisqu'elle reviendrait à dire que « si une
céphalée est améliorée par l'acide
acétylsalicylique alors cette céphalée est causée
par un déficit en acides acétylsalicyliques »
Très vite, les faiblesses des hypothèses
étiologiques de la psychiatrie biologique qui se révèlent
en réalité n'être rien de plus que des arguments
commerciaux ou des effets de mode dans les milieux scientifiques ont
été mis en cause. Ces faiblesses scientifiques d'ordre
étiologique, ajouté aux lourdes et profondes conséquences
sociales engendrées ont donné naissance par suite, à des
politiques régulations internationales visant à contrôler
l'usage des psychotropes dans leur généralité.
De nos jours, l'usage des psychotropes continue sous diverses
formes, suivant des mécanismes variés dans le monde, en Afrique
et même au Bénin, marquée par une diversité de
psychotropes dont une proposition de classification se présente ainsi
qu'il suit.
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