3-4. Perception sociale des acteurs sur l'usage des
psychotropes
3-4-1. Perception sur le plan socio-culturel
Sur le plan culturel, la perception des substances
psychotropes varie selon les types de psychotropes. Ainsi, les
médicaments psychotropes incluant le tramol prioritairement, les
dérivées caféinées et que les autres
médicaments psychotropes sont fortement interdits en communauté
rurale (témoignée par 64,10% de producteurs). Il existe cependant
une catégorie de producteurs (26,5%) témoignant une totale
indifférence quant à l'usage de ces psychotropes. Seulement 9,4%
des producteurs encouragent leurs utilisations à des fins agricoles.
À l'instar des médicaments psychotropes, la
consommation de l'alcool est également très prohibée,
confirment 68,38% des producteurs. Il existe cependant une classe de producteur
(29,06%) totalement indifférent. Seuls 2,56% des producteurs encouragent
la consommation de psychotropes. Le tabac et ses dérivées,
contrairement aux autres produits psychotropes sont encouragés ou
marqués d'une indifférence dans l'usage par 63,25% des
producteurs. 35,75% de producteurs estiment que les dérivées du
tabac tel que la cigarette et la « souna » sont interdits en
milieu rural. Cela traduit l'importance du tabac, celui local en particulier
dans la culture traditionnelle baatonnu majoritairement dominant dans la
région Nord du pays. La figure 27 ci-dessous présente les
perceptions culturelles des psychotropes par les producteurs au Nord
Bénin.
Perception culturelle
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Socialement encouragé
Indifférence sociale
Socialement interdit
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Médicaments psychotropes Tabac et
dérivés Alcool et dérivés
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0 20 40 60 80
Nombres de producteurs
Figure 27 : Perception culturelle des
psychotropes Source : BONE, 2020
3-4-2. Cas spécifique du tabac local
Pour les producteurs notamment ceux de la culture baatonnu, la
consommation du tabac relève d'abord d'une pratique culturelle
observé de puis de génération lointaine. Bien que son
usage
p. 74
Utilisation des substances psychotropes dans
l'agriculture au Nord Bénin: acteurs, mécanisme et incidences
agricoles
soit mieux contrôler de par le passé que de nos
jours, chiquer le tabac présente plus une valeur d'estime, de protection
socio-physique et d'expression du degré de connaissance des forces de la
nature et de leur orientation au profit de la santé, la protection
sociale, l'estime, le prestige, etc. L'usage du tabac local représente
en soi, un indicateur.
Ainsi les producteurs ne font pas usage de la poudre tabac ;
ils y ajoutent des préparations naturelles et mystiques, faites de
racines, d'écorces et autres éléments de la nature pour
les vertus qu'elles disposent.
A cette explication traditionnelle de l'utilisation des
substances psychotropes chez les baatonnou notamment, s'ajoute l'idée
selon laquelle, le tabac de par la forme d'utilisation (chiper) qu'elle offre,
favorise une administration facile, pratique et en temps réelle, pour
ingérer les « préparations naturelles » par
rapport aux autres méthodes comme : se laver, préparer ou boire.
Le système d'emballage du tabac « mis dans une tabatière
», facilite également le transport de ce dernier partout selon la
convenance du producteur.
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