Résumé
La société française actuelle est
frappée par une « nouvelle pauvreté » se
caractérisant par un chômage de masse et de longue durée.
Aujourd'hui, des millions de français n'ont pas d'emploi et survivent
grâce aux revenus de l'assistance. Autant de situations de
précarités auxquels les dispositifs d'assistance essayent de
pallier par l'allocation de revenus minimum et par l'incitation au retour
à l'emploi (le workfare).
Dans ce contexte, et comme le montre des études
récentes (Le Yondre, 2009), la convocation du sport comme
activité contractuelle d'insertion pour ces publics «
assistés » n'a rien d'anodine. Elle est le paradigme des politiques
d'activation dans la mesure où, bien souvent, elle vise le retour
à une employabilité par la disciplinarisation des corps et
l'instrumentalisation de l'intime. Il s'agit là d'une double-activation
qui travaille aussi bien sur les valeurs de l'individu et que sur le corps
lui-même.
Notre étude s'est effectuée au sein de l'action
« En Avant Toute ! », action de remobilisation par le sport
destinée à des hommes et des femmes de 18 à 60 ans
inscrites dans une démarche d'emploi et bénéficiaires des
minima sociaux. Etonnamment, cette action présente des
différences significatives par rapport à d'autres actions
similaires de redynamisation par le sport. Contrairement à ces
dernières, les activités physiques ne sont pas utilisées
dans un objectif de performance et de dépassement de soi, mais visent
davantage à sortir de l'isolement social et retrouver une estime de
soi.
Quelles sont les raisons à l'origine de ces
différences ? Nos hypothèses nous ont conduites à penser
qu'elles sont le fait d'un certain contre-pouvoir des encadrants de l'action
allant à l'encontre des intentions de l'institution finançant la
quasi-totalité du dispositif.
Une enquête sur le terrain viendra confirmer nos
hypothèses et nous permettra de rendre compte de l'impact que peut avoir
cette approche particulière sur les participants à l'action. Ils
viennent poser la question des enjeux d'une approche humaine et non
utilitariste de l'accompagnement des publics en difficulté.
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Abstract
Nowadays, the French society suffers from the phenomenon of
« the new poverty », a trend that is characterised by the long-term
unemployment. Today, millions of French citizens do not have jobs and they
survive thanks to the Welfare. All these poverty cases are covered by social
mechanisms of the state; these are supposed to solve these issues by providing
a minimum of income and by trying to incite the unemployed to return on the job
market (the workfare).
In this context, and as shown in recent studies (Le Yondre,
2009), the fact of using sports as insertion activity, stipulated by contract,
for this public is surely not accidental. It is actually the paradigm of the
activation policies, taking into consideration that, often enough, its purpose
is to return to the employment by a double activation: the discipline of the
body and the instrumentation of the personal values.
Our study is focused on the action « En Avant Toute !
», its core objective being the incentive through physical activities,
targeted on men and women between 18 and 60 years of age, who are looking for
an employment and who survive thanks to the Welfare. Surprisingly enough, this
action is significantly different from other similar actions which purpose has
been to motivate the public through sports. Situated in contradiction with the
other actions, the activities included in «En Avant Toute !» are not
used in order to achieve a goal of performance and self-improvement, but they
rather seek to overtake the social isolation and to regain one's
self-esteem.
Which are the origins of this distinction? Our hypothesis
conducted us to the idea that the differences are the result of a kind of
counter-power formed by the social workers who lead this action on the field.
They tend to modify the philosophy of the action, by positioning themselves in
opposition to the intentions of the institution that finances the program
almost entirely.
An investigation on the field will confirm our hypothesis and
will allow us to realize the impact that this particular approach could have on
the participants at the action. We will also reveal the issues related to the
human and non-utilitarian approach of the support provided to the people in
difficulty.
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