La redynamisation des "assistés" par le support du sport. Le rôle des encadrants comme possible inflexion d'une logique portée par l'institution ? le cas d'une action atypique de remobilisation par l'activité physique.par Clément Reussard Université de Bretagne Occidentale - Master 2 SSSATI 2012 |
AnnexesArticles de presse : - Paru dans Le Progrès (6 novembre 2009) p.115 - Paru dans Le Télégramme (septembre 2009) p.116 Article paru dans Le Progrès du vendredi 6 novembre 2009 : « Mes médailles d'or, ce sont les sourires Bernard Moulin Ce sportif accompli met sa passion au service d'écorchés de la vie. Au prétexte d'une balade en kayak, d'une randonnnée ou d'un match de badminton, il les aide à se réconcilier avec leur corps, leur tête, les autres... et leur avenir. veillant d'internat, vendeur, formateur... Il a connu deux procès aux prud'hommes et le chômage. Alors il sait de quoi il parle quand il dit qu'on peut trouver chez chacun les ressources pour remonter la pente : a Ce n'est pas parce qu'on a reçu un coup sur la tête que tout doit s'arrêter. » Pendant les activités organisées dans le cadre d'En avant toute, on ne passe donc pas trop de temps à s'apitoyer sur le sort des uns et des autres : « Quand on a tous dit une fois qu'on est malheureux, on cherche plutôt à savoir recon- Bernard Moulin vient de publier, à compte d'auteur et avec la collaboration de Serge Guilbaud, l'ouvrage Sport, emploi et performances... sociales, être ou avoir? illustré parle dessinateur Eric Appéré. Il y établit des parallèles entre les exigences de performance attendues en entreprise et dans la compétition sportive. « Dans les deux cas, l'échec conduit à la mise hors jeu, à ta dévalorisation sociale, regrette-t-il. Moi, je crois que l'on devrait pouvoir calculer le bénéfice humain au-delà de cette performance économique ou sportive. Repenser le système pour que tout ne se mesure pas qu'au score... » Ce livre est le moyen pour Bernard Moulin de transmettre sa vision du sport et de ce que l'on peut en faire pour le bien de tous. Il fait aussi le bilan de l'action En avant toute, au profit des chômeurs de longue durée. Commande du livre auprès de Bernard Moulin, 78, bretagne.aventure@orange.fr (78 euros) e matin d'octobre, il fai- C sait anormalement doux sur la plage de Cap Coz à Fouesnant. Sur une mer d'huile, baignée de soleil, un groupe de kayakistes se préparait à embarquer. Direction BegMeil. Fem- mes et hommes, jeunes et moins jeunes, écoutaient les consignes du doyen du groupe: Bernard Moulin. L'un des participants se livrait pudiquement « J'appréhende un peu car je suis tombé à l'eau la dernière fois... Mais Bernard m'a aidé remonter et je sais qu'il sera là cette fois encore. Grâce à lui, je reprends confiance en moi. » Tout est dit. Bernard Moulin est éducateur sportif. Il encadre, à Quimper, le programme En avant toute, une action de mobilisation par le sport des demandeurs d'emploi bénéficiaires des minima sociaux {portée par le Centre départemental d'action sociale et la Sauvegarde de l'enfance et de l'adolescence du Finistère). Chaque jour, il propose aux volontaires des activités différentes avec l'idée de les aider à se sentir mieux dans leur corps, dans leur tête et avec les autres. «Je m'y emploie à débroussailler la toile d'incertitude et de dévalorisation qui les entoure afin de faire émerger leur potentiel, leurs atouts, leurs richesses intérieures, enfouis derrière une montagne d'hésitations, de mépris, d'humiliations et souvent de solitude », écrit Bernard Moulin dans le livre qu'il vient de publier (lire encadré). L'éducateur pose un regard bienveillant sur les êtres que la vie a malmenés. Il ne les juge pas. Seul l'intéresse leur pouvoir de résilience: o Les actions d'En avant toute s'inscrivent dans un parcours d'insertion qui implique une démarche d'emploi. Je réussis quand je contribue à redonner l'envie à quelqu'un d'aller de l'avant. Mes médailles d'or, ce sont les sourires retrouvés!» Par l'écoute, l'échange, l'humour mais aussi par l'accompagnement au dépassement personnel dans l'activité sportive, Bernard Moulin retricote patiemment des estimes de soi que le chômage et l'exclusion ont ravagées. a C'EST UN HOMME RARE, EXTRAORDINAIRE D'HUMANITÉ. n jACQUES LERN, DI RECCEUR. DE l'INSERTION AU CONSEIL GÉNÉRAL « C'est un homme rare, extraordinaire d'humanité, dit de lui Jacques Lern, directeur de l'insertion au Conseil général du Finistère. Les personnes sur lesquelles il veille savent qu'il ne triche pas parce qu'il est comme elles, à la fois dans et hors du système. I/ fait du social mais est éducateur sportif Il est reconnu dans le milieu sportif et aurait pu être entraîneur, mais ii a choisi - d'être éducateur lia organisé des raids internationaux, mais il ne se sent jamais aussi bien qu'en baie de Douarnenez... Bernard Moulin est un transfrontalier. Et c'est ce qui le rend proche des gens que l'on qualifierait de "borderline". » «J'ai été élevé dans le milieu agricole à Lan-drévarzec, où les rapports humains, la solidarité étaient primordiaux. lis le sont restés pour moi: s Tobte la vie de Bernard Moulin esf affaire de rencontres. Il puise son énergie clans ses relations aux autres et ne se plait que dans l'échange. Prenez sa découverte de la mer. Le coup de foudre n'a pu se transformer en amour inconditionnel qu'à partir du moment où il a pu être partagé «Je ne voulais pas rester seul en mer. Alors pour naviguer avec d'autres, j'ai passé les diplômes de moniteur. » Et il a été l'un des pionniers du kayak de mer. RRceingittnit LES !ETffS SONpEYRS S'il est passionné de sport, la compétition pure ne l'intéresse pas. Pour Bernard Moulin, l'adversaire est un partenaire et la victoire a une bonne blague que l'on fait au copain que l'on a doublé ». Il a touché à tout: le football, le vélo, le kayak, la course à pied, la randonnée, le badminton, le ski... Et croit dur comme fer aux pouvoirs bienfaiteurs de l'activité sportive à condition de ne pas s'en tenir qu'au score mais plutôt de savourer un moment passé avec d'autres, au contact de la nature ou en harmonie avec soi-même. « Le sport ne doit pas être une fin en soi. Ce n'est qu'un moyen de se réaliser physiquement et humainement, assène-t-il. Il m'a souvent donné l'énergie nécessaire pour me remettre en selle après des accidents de la vie. si Le parcours professionnel de Bernard Moulin a été tout aussi éclectique que son parcours sportif. Entré tôt dans la vie active, il a été tour à tour salarié agricole, ouvrier à la chaîne, animateur socioculturel, manutentionnaire, livreur,'sitr: naître les petits bonheurs pour en profiter pleinement. Au final, ces chemins détournés vers le mieux-être participent à la reconstruction, au retour vers la vie sociale et vers le travail, » Le programme a obtenu de bons résultats. Bernard Moulin espère ie voir à l'avenir étendu à tout le département. La difficulté: convaincre des partenaires de financer une action qui mise sur les loisirs à une période économiquement peu propice... Martine de Saint Jan
SPORT, EMPLOI et PERFORMANCES-- SOCIALES IrC cii ar'r'ir awamaaroun 3t. ka G e 3e Nafie d rue Eugène Pottier, 29700 Douarnenez Article paru dans Le Télégramme en septembre 2009 : La réinsertion par Le sport Se réinsérer par le sport, c'est ce que propose « En avant toute ». Une quarantaine de personnes y sont inscrites. Pour Philippe Florent « En avant toute » permet de redonner aux cabossés de la vie une seconde chance. Offrir aux personnes en perte d'emploi et de repère, une bouée de sauvetage, tel est l'objectif que se fixe « En avant toute ». Une action lancée depuis onze ans sur Quimper, et qui a gagné le secteur de Quimperlé Concarneau depuis le début d'année. Une quarantaine de personnes y sont déjà inscrites. Pas un club sportif Philippe Florent, éducateur sportif et responsable du secteur, met en garde: « Ce n'est pas un dub de sport ». Même si marche, piscine, kayak, vélo ou balade avec âne sont au menu, l'essentiel n'est pas tant la pratique sportive que la reconstruction de soi. Destinés aux personnes bénéficiant de minima sociaux - RMI en majorité -, et fonctionnant sur la base du volontariat, les activités sportives permettent « de mobiliser les personnes en difficulté » pour « les remettre sur les rails ». Histoire de rompre l'isolement et de redonner quelques repères: « Souvent, ils se couchent tard, ils se lèvent tard ». Une réelle détresse Sur le principe qu'être bien dans son corps, c'est être bien dans sa tête, « En avant toute » permet aux bénéficiaires de « reprendre confiance en eux ». « On les voit deux à trois fois par semaine, ils viennent pendant six mois puis ils trouvent un peu d'intérim ». Tous les six mois, un bilan individualisé permet de vérifier la recherche d'emploi. L'année dernière, sur le secteur quimpérois, treize personnes sur les 120 inscrites ont retrouvé du travail. Sur le bassin.d'emploi de Quimperlé et Concarneau, la moyenne d'âge est de l'ordre de 25 ans. Des jeunes qui sont « au début 116 de leur recherche d'emploi » mais chez lesquels « il existe une réelle détresse psychologique ». L'ouverture sportive proposée par « En avant toute » permet de leur redonner une motivation. De permettre un nouveau départ. Stéphane Guihéneuf Pratique Permanence, au MAS de Quimperlé le jeudi matin, de 9 h 12 h et au CDAS de Concarneau, le jeudi après-midi, de 14 h â 17 h. Tarif: 1€ la journée. 117 |
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