Section 2. Une histoire générale des
universités africaines francophones
Les universités africaines francophones
résultent d'une souche identique, du même ADN. Elles sont un fait
inédit dans l'histoire des Etats africains francophones, puis, elles
procèdent d'un mimétisme et enfin, elles sont des instruments de
développement.
1. L'université africaine : un fait
inédit
Selon l'ancien Recteur de l'Université de Nouakchott en
Mauritanie : « [...] nous avons à tenir compte d'un fait historique
et sociologique connu : [...] l'université, [...] dans ses formes
actuelles constitue un phénomène somme toute récent dans
les pays du sud du Sahara » (Mohamed El Hachen OULD LEBATT, 1992).
L'histoire de l'enseignement supérieur en Afrique
commence ainsi, pour nombre de pays, durant la période coloniale ;
notamment au lendemain de la seconde guerre mondiale. Sans remonter jusqu'aux
origines historiques, les institutions d'enseignement supérieur sont
toutes ou presque
toutes des legs de la période coloniale pour les plus
anciennes (par exemple l'Université de Dakar) ou d'obédience
coloniale pour les plus récentes créées avec les
indépendances au début des années 1960 (Bethuel MAKOSSO et
al., 2009). L'université de Dakar nait en 1949, Kinshasa en 1954 et
Lubumbashi en 1955. Elles se destinent à être des campus
d'outre-mer des universités métropolitaines ; car, même
l'administration coloniale voit la nécessité de se doter d'un
outil de formation d'analystes, de décideurs et d'exécutants d'un
niveau élevé, comme relai dans la colonie (Babacar NIASSE,
2008-2009). Les universités africaines sont donc des vestiges de la
colonisation.
2. L'université africaine : produit d'un
mimétisme
« Cette filiation historique se double d'une
continuité organisationnelle. La filiation historique signifie au moins
que les universités d'expression française dans les anciennes
colonies de la France ou de la Belgique étaient des répliques
exactes ou des embryons des facultés des universités de la
métropole » (Hamidou Nacuzon SALL, ). Pour l'essentiel, le
mode d'organisation et de gestion administrative, les parcours
pédagogiques et les principaux contenus d'enseignement sont des
survivances du passé (Hamidou Nacuzon SALL, ).
A l'indépendance, en 1960, les populations africaines -
en générale - souffrent d'analphabétisme. Les Etats
décolonisés héritent de systèmes d'enseignement
embryonnaires et de taux de scolarisation faibles, parfois dérisoires. A
l'instar de l'administration coloniale, les dirigeants africains reconnaissent
le rôle majeur que ce niveau d'enseignement joue dans la construction de
leurs jeunes nations. Ils s'inspirent alors de leurs anciens colonisateurs
(Babacar NIASSE, 20082009). Le recul permet d'observer trois grands moments, en
termes d'objectifs et d'orientation stratégique. Il se distingue ainsi
l'ère des universités coloniales, instituées par le
colonisateur ; puis l'ère des universités de
l'indépendance, visant à affirmer la souveraineté
nationale à travers la nationalisation, voire l'autonomisation du champ
académique ; et enfin l'ère des universités du
développement, censées concourir au développement des pays
concernés, dont le contenu est défini par les dirigeants
nationaux (Bethuel MAKOSSO et al., 2009). Avec le temps des crises multiformes
(financières, structurelles...) apparaissent. Elles contraignent
l'université à une réflexion sur le fond et la forme de
son action et sa finalité.
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