Crise politico-religieuse en Afrique centrale. Cas de la RCA.par Matthieu Alidor Kabeya Université de Lubumbashi - Graduate en Relations Internationales. 2017 |
SECTION III : LA CRISE POLITICO-RELIGIEUSE EN REPUBLIQUE CENTRAFRIQUEDans cette sectionnous nous intéresserons plus sur la genèse, les acteurs et de la 1er, 2eme et 3eme guerre civile centrafricaine qui va de 2004-2007,2012-2013,2012-2014. §1. LA GENESELa nomination de Catherine Samba Panza au poste de président intérimaire de la Centrafrique apporte un léger espoir d'un terme pour une longue histoire de coups d'Etat, de violence politique, d'exclusion sur la base de l'ethnie et une pauvreté accablante.80(*) La situation générale dans le pays reste catastrophique, marquée par des tensions entre musulmans, chrétiens et animistes, conséquence de l'inhabilité de l'ancien président Michel Djotodia de mettre un terme aux atrocités commises par les rebelles de la Seleka, avec pour conséquence une situation socio-économique précaire en raison de la détérioration des conditions humanitaires ainsi que de la sécurité. Dans l'intervalle, et pour la première fois, une femme est devenue la dirigeante de la nation. Peut-être que là où les hommes ont échoué une femme peut juste réussir à ramener une unité véritable et durable ainsi que la paix dans le pays pour un développement accéléré. En effet, l'armée a joué un rôle important et néfaste dans l'histoire et le développement en République centrafricaine, le premier coup d'Etat a eu lieu le 1er janvier 1966 et a vu le colonel Jean Bedel Bokassa qui a eu une carrière militaire dans l'armée française prendre le pouvoir comme président de la première République. Au cours de son règne, la constitution de 1959 a été abolie, l'Assemblée Nationale dissoute et tous les pouvoirs législatifs et exécutifs sont passés aux mains du président. En décembre 1976, la République est devenue une monarchie (l'Empire de l'Afrique centrale) et le président est devenu l'empereur Bokassa Ier. La République a été restaurée par David Dacko en 1979 lorsqu'il a pris le pouvoir. En 1981, Dacko a été renversé dans un coup d'Etat par le général André Dieudonné Kolingba qui a aussi eu une carrière militaire dans l'armée française de 1954 à 1960. Ainsi Kolingba est devenu le 4ème président de la RCA, de septembre 1983 à octobre 1993. Ange Félix Patassé a été le seul président démocratiquement élu de la République. Malheureusement, des grèves, des salaires impayés et le traitement inégal d'officiers militaires de différentes ethnies sont parmi les éléments qui ont causé une mutinerie contre ce gouvernement en1996-1997.81(*) De plus, les difficultéséconomiques causées par le pillage et la destruction durant la mutinerie, la crise énergétique et la mauvaise gestion gouvernementale ont continué à perturber son gouvernement jusqu'en 2000. Jusqu'à ce que, en mars 2003, le général François Bozize qui fût le chef d'État-major sous la présidence Patassé, de 1997-2001 renverse ce dernier. C'est durant cette période que la «guerre de brousse» en RCA a débuté. Elle a commencé avec la rébellion de l'Union démocratique des forces pour l'unité (UFDR), emmenée par Michel Djotodia et a rapidement pris de l'ampleur pour se transformer en véritables combats au cours de 2004. Les forces rebelles de l'UFDR étaient composées de plusieurs alliés, entre autres, le Groupe d'action patriotique pour la libération de la Centrafrique (GAPLC), la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPIP), l'Armée du peuple pour la restauration de la démocratie (APRF), le Mouvement des libérateurs de la Centrafrique pour la justice (MLCJ) et le Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC).82(*) Bien qu'il ait promis de renoncer au pouvoir à la fin de la période de transition, Bozize s'est porté candidat aux élections présidentielles. En fait, tous les dirigeants de l'opposition avaient le droit de participer, excepté le président destitué, Patassé. Finalement, Bozize l'a remporté contre Martin Ziguélé qui représentait le parti au pouvoir évincé, le Mouvement pour la libération de la population de Centrafrique (MLPC) En juin 2005, l'Union Africaine a levé les sanctions imposées à la Centrafrique après le coup d'Etat de 2003. Par conséquent, et en dépit des activités rebelles dans le nord, le gouvernement Bozize de 2005 jusqu'en 2006, apparaissait stable. En 2007, un accord de paix est signé entre le gouvernement et l'UFDR mené par Djotodia à Birao, prévoyant une amnistie pour les partisans de ce mouvement, dès lors reconnu comme parti politique, et l'intégration des combattants dans l'armée. Ceci a renforcé le gouvernement de Bozize et a mené à une réconciliation nationale en 2008, un gouvernement d'unité nationale, des élections locales en 2009 et des élections présidentielles en 2011, suite à la mise en oeuvre des recommandations du dialogue politique inclusif en 2008. Lorsque le général Kolingba est devenu président en 1981, il a été accusé de mettre en oeuvre des politiques de recrutements ethnocentriques. Kolingba appartenait à la tribu des Yakoma du sud, laquelle représente environ 5% de la population totale. On croit qu'au cours de son administration, les membres de la tribu des Yakoma ont été nommés à des positions clé dans l'administration et sont devenus une majorité dans l'armée. Ceci a eu des conséquences fatales lorsque Kolingba a été remplacé par Ange Félix Patassé appartenant à une tribu du nord. En fait, les deux présidents du nord Patassé et Bozize ont considéré les forces armées du pays comme déloyales, en raison du rôle joué par les militaires au cours des mutineries de 1996-1997. En conséquence, ils ont tous les deux équipé et géré leur propre milice ethnocentriste en marge de l'armée.83(*) Avant 2012, l'environnement politique de la RCA a vu apparaître de multiples factions de rebelles avec trois principaux groupes d'opposition armés dont l'UFDR, l'APRD et le FDPC. De nombreux accords de paix ont été signés entre ces groupes d'opposition et le gouvernement. Le premier est le plus important des accords signé par l'APRD, l'UFDR et le gouvernement a été l'Accord global de paix à Libreville au Gabon, en juin 2008, sous le leadership de feu Omar Bongo Ondimba, signé par la suite aussi par le FDPV en 2009. Dans l'intervalle, un autre groupe, le CPJP a signé un cessez-le-feu et un accord de paix en août 2012. À noter toutefois, que malgré ces accords, la partie nord de la République centre africaine n'a vu aucun changement significatif.84(*) En conséquence de quoi, la population du nord s'est estimée négligée peut-être avec raison en matière de développement socioéconomique et d'assistance de la part du siège du gouvernement, Bangui. Par exemple, la sécurité étatique et certains services sociaux essentiels ont été totalement absents du nord pendant des décennies. Il s'en suit bien que des progrès aient été accomplis dans le domaine du désarmement, de la démobilisation et dans le processus de réintégration des factions en guerre (APRD, UFR et FDPC), l'absence de véritable réintégration nationale, à quoi s'ajoute le vide sécuritaire prévalent ainsi que la méfiance, des frontières poreuses et un développement national disproportionné, ont inhibé la cohésion totale du pays. Par conséquent, en 2012, les rebelles armés de la Seleka émergent de cet environnement caractérisé par l'absence de l'Etat de droit, la présence d'armes et d'anciens groupes armés pour miner et détruire, une fois de plus, le rêve d'une République centrafricaine unie. Toutefois, en janvier 2013, sous la direction des présidents de la Communauté économique des États d'Afrique centrale (CEEAC), un nouvel accord de cessez-le-feu a été signé à Libreville au Gabon, entre le président Bozize et le leadership du Seleka.85(*) Cet accord devait fournir un plan pour une transition politique et ainsi les rebelles ont renoncé à leur exigence pour la démission du président Bozize. L'accord prévoyait que le président nommerait un nouveau Premier ministre provenant de la société civile. Vue tout ce qui précède la guerre continuer toujours dans cette région d'Afrique.86(*) * 80 BABETTE ZOUMARA et IBRAHIM ABDUL-RAUF, Texte traduit de l'anglais par Élisabeth Nyffenegger, Genèse de la crise en République Centrafricaine, https://www.pambazuka.org/fr/governance/genèse-de-la-crise-en-république-centrafricaine, P. 13, visité le 10/07/2017 à 16h36 * 81BABETTE ZOUMARA ET IBRAHIM ABDUL-RAUF, Op.cit., P.14 * 82 SPITTAELS ET HILGERT, Genèse de la crise en RCA, 2009, P.10 * 83 BABETTE ZOUMARA ET IBRAHIM ABDUL-RAUF, Op.cit.P.10 * 84 SPITTAELS ET HILGERT, Op.cit., P.10 * 85 SPITTAELS ET HILGERT, Op.cit., P.10 * 86 Idem, P.10 |
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