III. VARIATION DECENNALE DE LA PLUVIOMETRIE
L'analyse décennale de la pluviométrie permet de
mieux comprendre le comportement de la pluie. Elle permet également de
caractériser les décennies c'est-à-dire de connaitre si
les décennies sont sèches ou humides au regard des données
pluviométriques étudiées. Les différents indices
présentés à l'échelle décennale
témoignent de cette variation tableau 4 et figure 5.
Tableau 4 : indice pluviométrique
décennale
Décennies
|
IPD
|
1990-1999
|
0,38
|
2000-2009
|
-0,70
|
2010-2021
|
0,28
|
Source : ANADER, DREM, 2022
IPD
|
0,60
|
0,40
|
|
|
|
|
0,20
|
|
|
0,00
1990-1999
|
2000-2009
|
2010-2021
|
-0,20
|
|
-0,40
|
|
-0,60
|
|
Décénnies
|
-0,80
|
57
Figure 10: répartition décennale des
précipitations
Source : ANADER, DREM, 2022
L'analyse de cette figure (5) sur la répartition
pluviométrique décennale montre que la première
décennie (1990-1999) est caractérisée par une humide
modérée car l'indice est de 0,37 (SPI< 1). Cette
première décennie marque le retour des précipitations dans
la zone soudanienne en général après les années de
sécheresses successives (1970,1984) présentés dans les
travaux de Baohoutou (2007) et Gouataine (2018). Par contre, la deuxième
décennie (2000-2009) est marquée par une baisse notoire de la
pluviométrie, car l'indice est négatif (-0,69 c'est-à-dire
SPI<0) d'où une décennie sèche. La
désorganisation du calendrier agricole, et les baisses de rendement en
sont les conséquences palpables de cette dernière. La
troisième décennie, quant à elle marque le retour des
précipitations avec un indice positif (0,28). Cet apparent retour des
précipitions à des conditions normales cache de nombreuses
irrégularités telles que les séquences sèches, avec
des démarrages et arrêt inattendues des pluies.
Tableau 11: statistique descriptif de la
variabilité pluviométrique décennale
Décennies
|
Volume
pluviométrique mm
|
Moyenne interannuelle
|
Ecart-type
|
Coefficient de
variation
|
1990-1999
|
11128,03 mm
|
1112,80 mm
|
186,31 mm
|
16,74%
|
2000-2009
|
8196,96 mm
|
819,70 mm
|
216,26 mm
|
26,38%
|
2010-2021
|
12831,00 mm
|
1069,25 mm
|
302,11 mm
|
28,25%
|
Source : ANADER, DREM, 2022
58
IV. VARIABILITE ET ANOMALIES SAISONNIERES DES
PRECIPITATIONS
1. Variabilité pluviométrique
saisonnière
La variabilité saisonnière des pluies est un
élément déterminant pour la planification de
différentes des activités agricoles et tient compte de trois mois
importants à savoir : le début de la saison, le coeur de la
saison et la fin de la saison des pluies. Sa connaissance aide à mieux
faire face à la péjoration pluviométrique qui rend le plus
souvent aléatoire les productions agricoles.
Pluviométrie en mm
|
350 300 250 200 150 100 50
0
|
|
Avril Août Octobre
|
|
1990-1999 2000-2009 2010-2021
Décénnies
Figure 11: pluviométrie moyenne d'Avril,
d'Août et d'Octobre de 1990-2021
Source : ANADER, DREM, 2022
L'analyse de ce graphique nous présente une
évolution croissante des précipitations suivie d'une baisse
ensuite d'un retour des précipitations. Nous constatons qu'il y a une
fluctuation au mois d'août et octobre d'une part, d'autre part une
tendance à la diminution des quantités de pluies pour le mois
d'avril. Cette tendance confirme les travaux d'Amani et al. (2004), selon
lesquels la variabilité climatique se manifeste par un dynamisme
spatio-temporel régressif des pluies et en particulier celles des
hauteurs pluviométriques.
2. Anomalies pluviométriques
saisonnières
L'analyse des anomalies saisonnières : positives
(années excédentaires) et négatives (années
déficitaires) enregistrées au cours des saisons pluvieuses de
1990 à 2021 est cruciale pour notre étude car, elles
témoignent de l'effectivité de la variabilité
pluviométrique dans le Mayo Dallah. Aussi, Cette analyse permet
d'identifier les saisons pluvieuses déficitaires et
59
saisons pluvieuses excédentaires à fin d'en
déduire les probables impacts sur les cultures vivrières. Les
figures ci-dessous illustrent ces anomalies :
- A travers la Figure (10), nous constatons avant que le mois
d'avril considéré comme le début de la saison est
marquée par une tendance générale à la baisse de la
pluviométrie. Ceci traduit la modification du calendrier agricole et de
ses probables impactes sur les activités dans cette localité.
Durant la période de 1990 à 2021, on dénombre 20
années déficitaires contre 12 années
excédentaires.
- La figure (11) qui traduit les anomalies du mois
d'août qui marque le coeur de la saison et marqué par une
légère augmentation de la pluviométrie sur la
période de 1990 à 2021. On compte au totale 20 années
déficitaires contre 12 excédentaires.
- Tout comme le mois d'avril, le mois d'octobre qui marque la
fin de la saison pluvieuse est aussi marquée par une baisse des
précipitations avec une évolution à dent de scie. Ce qui
traduit le caractère très irrégulier de ce mois (figure
12).
3,00
-1,50
Années
2,50
Indice pluviometrique
2,00
1,50
1,00
0,50
0,00
-0,50
-1,00
Figure 12: anomalies pluviométriques du mois
d'avril de 1990 à 2021
Source : ANADER, DREM, 2022
-2,00
-3,00
Années
4,00
indice pluviometrique
-1,00
3,00
0,00
2,00
1,00
60
Figure 13: Anomalies pluviométriques du mois
d'août de 1990 à 2021
Source : ANADER, DREM, 2022
-2,00
Années
3,00
Indice pluviometrique
2,50
2,00
1,50
1,00
0,50
0,00
-0,50
-1,00
-1,50
Figure 14: Anomalies pluviométriques du mois
d'octobre de 1990 à 2021
Source : ANADER, DREM, 2022
61
V. VARIABILITES MENSUELLES DES PRECIPITATIONS MARQUEES
PAR DE TRES FORTES IRREGULARITES
Le Département du Mayo-Dallah connaît non
seulement la variabilité annuelle des précipitations, mais aussi
la variabilité mensuelle des précipitations. Ainsi, l'analyse
mensuelle permet de saisir l'évolution du climat au cours de
l'année. En effet, dans le Mayo Dallah, les précipitations sont
nettement saisonnières avec une saison sèche plus longue.
Cependant, les variations sont enregistrées au cours des mêmes
mois sur la période de l'étude. Cela est préoccupant,
d'autant plus que les besoins en eau des cultures vivrières varient d'un
mois à un autre. La figure 8 suivante montre la comparaison entre une
variation mensuelle d'une année déficitaire (2009) et une
année très excédentaire (2020) dans le Mayo Dallah.
Mois
Année 2009 Année 2020
Pluviométrie en mm
400
700
600
500
300
200
100
0
Figure 15: répartition mensuelle des
précipitations.
Source : ANADER, DREM, 2022
L'analyse de cette figure (13) montre que le régime des
précipitations est uni modal. Ainsi, on constate que les
précipitions ne se répartissent pas sur toute l'année. La
saison des pluies débute en avril pour prendre fin en octobre dans la
zone soudanienne d'une manière générale, mais l'analyse de
cette figure montre que la saison pluvieuse commence à partir du mois de
Mai d'où la « sahélisation » progressive de la zone
soudanienne. Cette répartition des pluies dans l'année montre une
égalité en termes de nombre de mois entre la saison pluvieuse (de
mai à octobre, soit 6 mois) et de la saison sèche (de novembre
à avril, soit également 6 mois). Les hauteurs des pluies
connaissent une dynamique progressive à partir de Mai pour atteindre
leur pic en août avant de chuter lentement et s'arrêter en octobre.
Cette allure d'évolution caractérise une dissymétrie de la
répartition des pluies dans la saison pendant cette période
d'étude. Ainsi,
62
Le Département de Mayo-Dallah est
caractérisé par un début des saisons de pluies très
aléatoire qui impactent négativement le semis jusqu'à la
première décade de juin. Les mois de juillet et Août
enregistrent à eux seuls plus de la moitié de la quantité
totale précipitée, ce qui confirme le caractère
irrégulier du régime pluviométrique. Les quantités
des pluies les plus abondantes sont enregistrées entre les mois de
juillet et août. Nous constatons aussi que pour l'année 2009, le
maximum pluviométrique n'est pas toujours en août mais
plutôt en septembre.
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