CONCLUSION
L'objectif de ce chapitre, était de caractériser
les pratiques agraires dans le Mayo Dallah. A la lumière de cette
analyse, il est important de préciser que l'agriculture dans cette
localité est essentiellement pluviale et dominées par les
céréales, oléagineux et les tubercules, employant une
d'oeuvre locale essentiellement familiale. Les pratiques agraires sont
caractérisées par un faible niveau d'intensification et reste
très majoritairement manuelles avec la réduction des
jachères. Les rendements sont faibles et fluctuants d'une année
à une autre. Ensuite, les apports organiques et minéraux sont
faibles. Seul un petit nombre d'agricultures disposant de quelques têtes
de boeufs apportent du fumier de parc sur les champs de sorgho et de maïs
et les doses appliquées sont très faibles. Notons
également que les itinéraires techniques pratiqués sont
aussi à l'origine de la dégradation de la fertilité des
sols, cette situation confirme les travaux d'Abdoulaye et al, (2006). Ainsi,
l'érosion et la minéralisation accélérée des
matières organiques en sont les résultats.
Cette situation ajoutées aux contraintes
pluviométriques exposent d'avantage les agricultures aux risques de
mauvaise production, d'où une insuffisance des moyens d'adaptations. Le
chapitre suivant analyse la tendance de cette variabilité
pluviométrique dans le Mayo Dallah.
53
CHAPITRE 3 : LE MAYO-DALLAH : UN CONTEXTE MARQUE
PAR UNE FORTE VARIABILITE PLUVIOMETRIQUE
Le climat dans le Département de Mayo-Dallah connait
des variabilités importantes, notamment la variation interannuelle,
mensuelle et intra-saisonnière des précipitations, mais aussi des
températures susceptibles d'avoir une incidence sur les cultures
vivrières. Les enquêtes réalisées dans ledit
Département ont montré que les agriculteurs considèrent le
climat, et plus particulièrement la variabilité intra
saisonnière des pluies, comme un élément
déterminant pour la réussite des cultures et
l'amélioration des conditions de vies acceptables. Il est question dans
ce chapitre d'analyser tendance de la variabilité pluviométrique
dans le Mayo Dallah afin d'apprécier l'évolution du climat
(alternance des périodes humides, normales et sèches,
écarts pluviométriques....) qui parait très indispensable.
Il se fait à partir des données pluviométriques de 1990
à 2021 soit une période de 32 ans.
I. EVOLUTION INTERANNUELLE DES PRECIPITATIONS DANS LE
DEPARTEMENT DE MAYO-DALLAH
Nous allons saisir la variabilité interannuelle de la
pluviométrie à travers les cumuls annuels, la valeur moyenne
interannuelle et la tendance. La variabilité pluviométrique
annuelle est d'une importance cruciale dans cette partie du tropique ou les
précipitations sont à peine suffisantes pour un usage agricole.
Sa séquence d'années sèches entraine la famille pour la
plupart des habitants. La tendance des précipitations moyennes annuelles
de Mayo Dallah de 1991-2021 est présentée dans la figure 6
ci-dessous.
Pluviométrie en mm
|
2000,00 1800,00 1600,00 1400,00 1200,00 1000,00 800,00 600,00
400,00 200,00
0,00
|
|
Années
Pluies annuelles 2 Moy. mobile sur pér. (Pluies annuelles)
Tendance
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
2019 2020 2021
Figure 8: Cumuls pluviométriques annuels
(1990-2021) et la moyenne interannuelle dans le Mayo
Dallah.
Source : ANADER, DREM, 2022
54
L'analyse de cette figure sur la variabilité
pluviométrique interannuelle, la moyenne et la tendance dans le
Département de Mayo-Dallah sur la période de 1990-2021 montre que
les précipitations sont relativement stables autour de la moyenne de
cette série qui est de 1009,44 mm. En effets, les écarts
(positifs ou négatifs) autour de la moyenne sont très peu
significatifs.
Sur les 32 ans d'analyse de la pluviométrie, 14
années ont enregistré une pluviométrie inferieure à
la moyenne interannuelle 1004,84 mm soit 43,75%, 16 ont enregistré une
pluviométrie supérieure à la moyenne interannuelle soit
50% et 2 années ont enregistré des précipitations
égales à la normale, c'est-à-dire des années dites
normales, soit 6,25%. L'année la plus déficitaire ou de
sècheresse sévère est 2005 (SPI < -1,71) avec une
pluviométrie annuelle de 538,80 mm qui est strictement inferieur
à la moyenne 1009,4 4mm, par contre année 2020 (SPI > 2,99)
est l'année la plus pluvieuse ou plus humide de la série avec un
volume de précipitations qui s'élève jusqu'à 1820
mm dépassant ainsi de très loin la moyenne interannuelle 1004,84
mm.
D'une manière générale, les nombres
années humides dépassent le nombre d'années sèches
(16 années contre 14). Les écarts à la moyenne sont
très peu significatifs. Ainsi, la tendance de la pluviométrie de
cette période de 1990-2021 n'est ni à la baisse, ni à la
hausse mais plutôt à la stabilité, les travaux de Gouataine
(2018) confirment cette tendance qui est marquée depuis les
années 1990.
II. VARIABILITE PLUVIOMETRIQUE INTERANNUELLES ET
ANOMALIES
La variabilité interannuelle de la pluie est
calculée suivant l'indice de Nicholson, variable centrée
réduite de Gauss, afin de mettre en évidence les fluctuations des
régimes pluviométriques. L'indice de Nicholson joue un rôle
très important dans la détermination et la caractérisation
des années ou des décennies sèches de celles qui sont
humides (anomalies). Ainsi, cet indice permet de mesurer l'écart par
rapport à la moyenne établie sur une longue période en se
référant sur une série de donnée. Une valeur
positive représente année excédentaire tandis que la
valeur négative traduit une année déficitaire. La figure 7
ci-dessous illustre les grandes anomalies et sa variation temporelle.
4,0
3,0
Indice pluviometrique annuel
2,0
1,0
0,0
Années
-1,0
-2,0
55
Figure 9: Anomalie des précipitations annuelles
moyennes calculées sur la période de
19902021.
Source : ANADER, DREM, 2022
L'analyse visuelle de la figure (2) révèle que
l'évolution interannuelle de la pluviométrie sur la
période 1990-2021 est caractérisée par une alternance de
périodes déficitaires et excédentaires et confirment ainsi
les travaux d'Amani et al. (2004) sur les régimes pluviométriques
en Afrique de l'Ouest. Elle indique ainsi une irrégularité
(anomalie) très grande des hauteurs de pluie sur cette période.
Sur les 32 années, seulement 2 années sont dites normales, 16
années ont enregistré des anomalies positives soit 50%, par
contre les 14 autres années ont enregistré des anomalies
négatives soit 43,75% justifiant ainsi une prééminence des
années humides sur les années sèches. En
considérant la figure, l'année 1990 est dite normale, les
années (1991-1996) sont humides car les indices sont positifs. La
tranche d'années 1997-2011 soit 14 ans est marquée par une
très longue période sèche qui atteindra son paroxysme
(SPI< -1,7) en 2005 suivie 2009 (SPI< -1,6), ainsi, ces indices
négatifs impactent la production agricole dans cette zone. Cette longue
période sèche est ponctuée par une année normale
(2003) et deux années humides (2001 et 2007). Ils s'ensuivent quatre
années (2014, 2015, 2018 et 2021) qui se caractérisent aussi par
des anomalies négatives, car les indices sont négatifs. Tout
même, les cinq années (2012, 2013, 2016, 2018, 2019 et 2020) se
caractérisent par des anomalies positives, mais aussi par une
année exceptionnellement très humide qui est l'année 2020
avec un indice positif
56
(SPI > 2,99). Partant de cette analyse, on peut affirmer
que la variabilité pluviométrique est très significative
ainsi que les anomalies dans le Département de Mayo-Dallah.
Tableau 10: Anomalie des précipitations
annuelles moyennes calculées sur la période de
1990-2021.
|
Nombre d'années déficitaires
|
Nombre d'années normales
|
Nombre d'années excédentaires
|
Année très
pluvieuse
|
Année très
sèche
|
14
|
2
|
16
|
2020
|
2005
|
Pourcentage
|
43,75%
|
6,25%
|
50%,
|
-
|
-
|
Source : ANADER, DREM, 2022
|