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Société rurale face aux enjeux et défis de la participation dans les projets de développement local. Cas des communautés paysannes de Bria dans la haute Kotto.


par Ali Guy ABOUKAR
Université de Bangui - Master 2 de sociologie 2017
  

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1.2 Problématique de l'étude

La République Centrafricaine (RCA), est un pays pauvre et doublement enclavé. Son économie est basée sur l'exportation des matières premières (coton, café, bois, diamants, etc.). Selon le Document de Stratégies de Réduction de la Pauvreté (DSRP), l'agriculture représente 56,6% du PIB et emploie près de 80% de la population active4.

La RCA est confrontée à une crise multidimensionnelle sévissant depuis plusieurs décennies avec une situation socioéconomique fragile affectant notamment les institutions nationales. L'autorité de l'Etat reste principalement concentrée dans la capitale (Bangui) et ses alentours ainsi que dans quelques villes. Les crises militaro-

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politiques ont donc entrainé le pays dans une paupérisation croissante et une grande vulnérabilité sociale.

A la sortie de la colonisation française en 1960, la RCA s'est placée dans une logique particulière de développement pour améliorer les conditions de vie des citoyens. Cet Etat manquait de moyens pour construire des infrastructures de base, de stratégies politiques et d'institutions adéquates qui peuvent répondre efficacement aux besoins de la population qualitativement et quantitativement.

La Centrafrique ne dispose pas de stratégies et d'outils participatifs répondant aux conditions de réussite de la décentralisation du développement rural. Les conditions requises et nécessaires pour assurer la réussite et la pérennité des projets participatifs n'étaient pas réunis à savoir :

- le cadre de politique générale et les institutions n'étaient pas ouverts à une prise de décision décentralisée ;

- les populations ne sont pas en mesure de constater que leur participation leur rapporte des avantages économiques et/ou sociaux permanents ;

- l'absence de formation spécifique et d'autres formes d'appui au renforcement des capacités institutionnelles ;

- la mise en oeuvre des approches participatives n'a pas abordé la question du renforcement des capacités des institutions et organisations participatives. L'Etat n'a pas fourni les ressources supplémentaires, en temps et en argent, nécessaires pour couvrir les coûts récurrents associés aux projets participatifs.

Cette situation était due, contrairement à ce que certains perçoivent comme un manque de patriotisme des acteurs impliqués, au fait que le projet a été conçu par les acteurs institutionnels de développement alors que les populations n'avaient pas été associées comme dans le cas de la commune de Bria. C'est ce que les sociologues appellent « participation-acceptation » ce qui veut dire que le projet est conçu en amont et on demande de l'exécuter en bas. Il y a alors acceptation mais ce n'est pas une véritable participation.

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Concernant la Commune de Bria, celle-ci reste confrontée aux problèmes de développement bien que disposant d'un potentiel important de ressources naturelles et d'une population exerçant diverses activités socio-économiques. La participation des populations au développement local est caractérisée par deux enjeux essentiels. D'abord, l'exercice de la démocratie à la base et le développement local constituent une occasion pour la participation directe des populations au développement local.

En effet, certaines pesanteurs empêchent la participation au développement local de la commune de Bria.

Toutefois, les différents acteurs de développement local de la commune de Bria devraient pouvoir assurer la participation locale et insuffler un esprit d'autosuffisance dans la population en mobilisant et en utilisant effectivement les ressources locales, humaines, matérielles et financières pour planifier, exécuter, contrôler et mettre en place, de manière durable, une gouvernance locale devant permettre la fourniture participative de services sociaux à tous les citoyens. Car, si la population locale ne peut pas mobiliser ses propres énergies et ressources pour son propre développement, si elle doit dépendre éternellement de l'assistance extérieure, on ne pourrait parler de gouvernance locale.

Ainsi, la politique de développement local de la commune de Bria vise des objectifs précis dont l'importance et la pertinence sont fonction du contexte sociopolitique et économique. Dans le cadre de ce travail, nous avons retenus quatre (4) enjeux qui sont observable dans la commune de Bria, qui sont entre autre les enjeux politiques, économiques, sociaux et culturels.

Auparavant, la politique de développement était gérée par le gouvernement central qui décidait des besoins des populations. Les conséquences d'une telle gestion sont les suivantes :

- une mauvaise planification des actions de développement ;

- la non-implication des populations dans la prise de décisions et la gestion ; - des investissements ne répondant pas aux besoins des populations.

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Alors que l'un des objectifs premiers de développement local est de favoriser la participation de toute la population locale. Elle offre ainsi plus de responsabilité au citoyen d'influencer la vie collective.

Pour ce faire, il est question de mettre l'accent sur la politique de la régionalisation et de la décentralisation afin de permettre à la population à la base de prendre leur autonomie dans la gestion de leur devenir et de leurs affaires

Du point de vue économique, pour qu'il est développement local, il faut que les ressources locales soient aussi gérer par les communautés locales pour qu'il est péréquation. Autrement dit le développement local de la commune de Bria renforce l'engagement des populations à réaliser leurs micro-projets en comptant sur leurs propres initiatives. Aussi, le citoyen profite d'un développement local accéléré avec la prise en compte de ses préoccupations et bénéficie également de biens et de services qui correspondent à ses besoins.

Du point de vue social, il est question de mettre l'accent sur l'organisation sociale et la capacitation de la population à la base et qu'il est un plan de développement local avec la dynamique locale. C'est à dire le développement local de la commune de Bria favorisera en outre la promotion d'un développement économique durable des ressources disponibles de ladite localité. Grâce à une identification plus certaine des véritables besoins des populations et leur auto-responsabilisation progressive dans la gestion des affaires locales, la vie socioéconomique à la base.

Du point de vue culturel, il est question de tenir compte de la culture du milieu et les savoirs locaux. Cette diversité culturelle doit rentrer en ligne de compte pour qu'il est intégration culturelle. C'est-à-dire qu'elle doit favoriser la promotion des sites touristiques, des traditions, des masques, des mets traditionnels, etc.

En bref, il ressort de tous ces enjeux que le développement local renforce l'identité et la cohésion socioculturelle, crée des espaces de coopération, de dialogue, de réflexion et de créativité, et constitue également une alternative aux modèles classiques de développement. Le manque de transparence et le phénomène

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d'exclusion dans la gestion des biens collectifs plus précisément la gestion des ressources financières, l'analphabétisme qui frappe une frange importante de la population, l'insuffisance des appuis techniques à la population rurale de Bria et le manque d'informations sont autant de facettes du problème de la participation au développement local de la Commune de Bria.

Le débat sur les nouvelles stratégies de développement rural fait percevoir aux dires de Jean-Marc Ela (1990) ceci : « la richesse et la diversité des savoir-faire locaux et des dynamiques paysannes refoulées par les modèles de développement imposés par le haut ». N'Kaloulou (1984), quant à lui, estime que « l'éclosion des initiatives locales en milieu rural marque une volonté paysanne de sortir de l'ornière en comptant avant tout sur ses propres forces ».

En général, on observe une relation étroite entre le développement des organisations paysannes et les espaces politiques et légaux que laisse l'État aux acteurs autonomes. Le désengagement de l'État est rarement volontaire et de fortes résistances existent encore à l'émergence d'organisations paysannes autonomes et capables de faire entendre leur voix et de peser sur les décisions.

La participation de la population à la base est un maillon essentiel dans la mise en oeuvre de toute politique de développement local de la commune de Bria qui se veut efficace et durable. Car, en effet, le développement local est un processus dynamique à inscrire dans la durée, et sa mise en oeuvre nécessite des adéquations que seule la vision prospective permettra de repérer.

Le développement local de la commune de Bria vise des objectifs précis dont l'importance et la pertinence sont fonction du contexte socioculturel, politique et économique. Il reste cependant certain que dans tous les cas de figure, les enjeux sont d'une importance capitale. L'un des objectifs premiers de développement local est de favoriser la participation de toute la population locale. Car la participation offre plus de responsabilité au citoyen d'influencer la vie collective. En outre, elle permet aux diverses initiatives de la communauté rurale de Bria de s'exprimer en

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vue d'un développement local maîtrisé par les populations elles-mêmes et crée un espace de diversité culturelle.

Par ailleurs, en contribuant à la prise en charge du développement local par les populations de Bria, la participation améliorerait le succès et la pérennité des actions et programmes de développement. C'est en ce sens que le concept d' « autopromotion » ou encore d' « auto-développement » est en vue de lutter contre la pauvreté (Chambers, 1990). Insistant sur la « responsabilisation » et la « prise en charge par la population de leurs propres problèmes », l'autopromotion vise l'émergence d'une dynamique endogène de développement issue de la base et non imposé ou encore de « haut en bas » comme ce fut le cas dans les années 19501960 (Olivier de Sardan, 1995). C'est pour combler ce vide et comprendre la participation de la population rurale au développement local que nous entendons mener cette étude.

Ainsi, fort de ce qui précède, quelques interrogations méritent d'être soulevées :

? Comment les populations paysannes de Bria participent-elles au développement local ?

Cette question principale fait appel aux questions subsidiaires suivantes :

? Quelles sont les contraintes liées à la participation paysanne au développement local à Bria ?

? Quelles sont les stratégies envisageables concernant la participation proactive des populations au développement local à Bria ?

Ces questions ainsi posées nous conduisent à déterminer les objectifs liés à cette étude.

Pour cette étude, nous nous sommes fixés un objectif général et deux objectifs spécifiques.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery