1.2 Problématique de l'étude
La République Centrafricaine (RCA), est un pays pauvre
et doublement enclavé. Son économie est basée sur
l'exportation des matières premières (coton, café, bois,
diamants, etc.). Selon le Document de Stratégies de
Réduction de la Pauvreté (DSRP), l'agriculture
représente 56,6% du PIB et emploie près de 80% de la population
active4.
La RCA est confrontée à une crise
multidimensionnelle sévissant depuis plusieurs décennies avec une
situation socioéconomique fragile affectant notamment les institutions
nationales. L'autorité de l'Etat reste principalement concentrée
dans la capitale (Bangui) et ses alentours ainsi que dans quelques villes. Les
crises militaro-
Page - 17 -
politiques ont donc entrainé le pays dans une
paupérisation croissante et une grande vulnérabilité
sociale.
A la sortie de la colonisation française en 1960, la
RCA s'est placée dans une logique particulière de
développement pour améliorer les conditions de vie des citoyens.
Cet Etat manquait de moyens pour construire des infrastructures de base, de
stratégies politiques et d'institutions adéquates qui peuvent
répondre efficacement aux besoins de la population qualitativement et
quantitativement.
La Centrafrique ne dispose pas de stratégies et
d'outils participatifs répondant aux conditions de réussite de la
décentralisation du développement rural. Les conditions requises
et nécessaires pour assurer la réussite et la
pérennité des projets participatifs n'étaient pas
réunis à savoir :
- le cadre de politique générale et les
institutions n'étaient pas ouverts à une prise de décision
décentralisée ;
- les populations ne sont pas en mesure de constater que leur
participation leur rapporte des avantages économiques et/ou sociaux
permanents ;
- l'absence de formation spécifique et d'autres formes
d'appui au renforcement des capacités institutionnelles ;
- la mise en oeuvre des approches participatives n'a pas
abordé la question du renforcement des capacités des institutions
et organisations participatives. L'Etat n'a pas fourni les ressources
supplémentaires, en temps et en argent, nécessaires pour couvrir
les coûts récurrents associés aux projets participatifs.
Cette situation était due, contrairement à ce
que certains perçoivent comme un manque de patriotisme des acteurs
impliqués, au fait que le projet a été conçu par
les acteurs institutionnels de développement alors que les populations
n'avaient pas été associées comme dans le cas de la
commune de Bria. C'est ce que les sociologues appellent «
participation-acceptation » ce qui veut dire que le projet est
conçu en amont et on demande de l'exécuter en bas. Il y a alors
acceptation mais ce n'est pas une véritable participation.
Page - 18 -
Concernant la Commune de Bria, celle-ci reste confrontée
aux problèmes de développement bien que disposant d'un potentiel
important de ressources naturelles et d'une population exerçant diverses
activités socio-économiques. La participation des populations au
développement local est caractérisée par deux enjeux
essentiels. D'abord, l'exercice de la démocratie à la base et le
développement local constituent une occasion pour la participation
directe des populations au développement local.
En effet, certaines pesanteurs empêchent la
participation au développement local de la commune de Bria.
Toutefois, les différents acteurs de
développement local de la commune de Bria devraient pouvoir assurer la
participation locale et insuffler un esprit d'autosuffisance dans la population
en mobilisant et en utilisant effectivement les ressources locales, humaines,
matérielles et financières pour planifier, exécuter,
contrôler et mettre en place, de manière durable, une gouvernance
locale devant permettre la fourniture participative de services sociaux
à tous les citoyens. Car, si la population locale ne peut pas mobiliser
ses propres énergies et ressources pour son propre développement,
si elle doit dépendre éternellement de l'assistance
extérieure, on ne pourrait parler de gouvernance locale.
Ainsi, la politique de développement local de la
commune de Bria vise des objectifs précis dont l'importance et la
pertinence sont fonction du contexte sociopolitique et économique. Dans
le cadre de ce travail, nous avons retenus quatre (4) enjeux qui sont
observable dans la commune de Bria, qui sont entre autre les enjeux politiques,
économiques, sociaux et culturels.
Auparavant, la politique de développement était
gérée par le gouvernement central qui décidait des besoins
des populations. Les conséquences d'une telle gestion sont les suivantes
:
- une mauvaise planification des actions de développement
;
- la non-implication des populations dans la prise de
décisions et la gestion ; - des investissements ne répondant pas
aux besoins des populations.
Page - 19 -
Alors que l'un des objectifs premiers de développement
local est de favoriser la participation de toute la population locale. Elle
offre ainsi plus de responsabilité au citoyen d'influencer la vie
collective.
Pour ce faire, il est question de mettre l'accent sur la
politique de la régionalisation et de la décentralisation afin de
permettre à la population à la base de prendre leur autonomie
dans la gestion de leur devenir et de leurs affaires
Du point de vue économique, pour qu'il est
développement local, il faut que les ressources locales soient aussi
gérer par les communautés locales pour qu'il est
péréquation. Autrement dit le développement local de la
commune de Bria renforce l'engagement des populations à réaliser
leurs micro-projets en comptant sur leurs propres initiatives. Aussi, le
citoyen profite d'un développement local accéléré
avec la prise en compte de ses préoccupations et bénéficie
également de biens et de services qui correspondent à ses
besoins.
Du point de vue social, il est question de mettre l'accent sur
l'organisation sociale et la capacitation de la population à la base et
qu'il est un plan de développement local avec la dynamique locale. C'est
à dire le développement local de la commune de Bria favorisera en
outre la promotion d'un développement économique durable des
ressources disponibles de ladite localité. Grâce à une
identification plus certaine des véritables besoins des populations et
leur auto-responsabilisation progressive dans la gestion des affaires locales,
la vie socioéconomique à la base.
Du point de vue culturel, il est question de tenir compte de
la culture du milieu et les savoirs locaux. Cette diversité culturelle
doit rentrer en ligne de compte pour qu'il est intégration culturelle.
C'est-à-dire qu'elle doit favoriser la promotion des sites touristiques,
des traditions, des masques, des mets traditionnels, etc.
En bref, il ressort de tous ces enjeux que le
développement local renforce l'identité et la cohésion
socioculturelle, crée des espaces de coopération, de dialogue, de
réflexion et de créativité, et constitue également
une alternative aux modèles classiques de développement. Le
manque de transparence et le phénomène
P a g e - 20 -
d'exclusion dans la gestion des biens collectifs plus
précisément la gestion des ressources financières,
l'analphabétisme qui frappe une frange importante de la population,
l'insuffisance des appuis techniques à la population rurale de Bria et
le manque d'informations sont autant de facettes du problème de la
participation au développement local de la Commune de Bria.
Le débat sur les nouvelles stratégies de
développement rural fait percevoir aux dires de Jean-Marc Ela (1990)
ceci : « la richesse et la diversité des savoir-faire locaux et
des dynamiques paysannes refoulées par les modèles de
développement imposés par le haut ». N'Kaloulou (1984),
quant à lui, estime que « l'éclosion des initiatives
locales en milieu rural marque une volonté paysanne de sortir de
l'ornière en comptant avant tout sur ses propres forces ».
En général, on observe une relation
étroite entre le développement des organisations paysannes et les
espaces politiques et légaux que laisse l'État aux acteurs
autonomes. Le désengagement de l'État est rarement volontaire et
de fortes résistances existent encore à l'émergence
d'organisations paysannes autonomes et capables de faire entendre leur voix et
de peser sur les décisions.
La participation de la population à la base est un
maillon essentiel dans la mise en oeuvre de toute politique de
développement local de la commune de Bria qui se veut efficace et
durable. Car, en effet, le développement local est un processus
dynamique à inscrire dans la durée, et sa mise en oeuvre
nécessite des adéquations que seule la vision prospective
permettra de repérer.
Le développement local de la commune de Bria vise des
objectifs précis dont l'importance et la pertinence sont fonction du
contexte socioculturel, politique et économique. Il reste cependant
certain que dans tous les cas de figure, les enjeux sont d'une importance
capitale. L'un des objectifs premiers de développement local est de
favoriser la participation de toute la population locale. Car la participation
offre plus de responsabilité au citoyen d'influencer la vie collective.
En outre, elle permet aux diverses initiatives de la communauté rurale
de Bria de s'exprimer en
Page - 21 -
vue d'un développement local maîtrisé par
les populations elles-mêmes et crée un espace de diversité
culturelle.
Par ailleurs, en contribuant à la prise en charge du
développement local par les populations de Bria, la participation
améliorerait le succès et la pérennité des actions
et programmes de développement. C'est en ce sens que le concept d'
« autopromotion » ou encore d' « auto-développement
» est en vue de lutter contre la pauvreté (Chambers, 1990).
Insistant sur la « responsabilisation » et la « prise en charge
par la population de leurs propres problèmes », l'autopromotion
vise l'émergence d'une dynamique endogène de développement
issue de la base et non imposé ou encore de « haut en bas »
comme ce fut le cas dans les années 19501960 (Olivier de Sardan, 1995).
C'est pour combler ce vide et comprendre la participation de la population
rurale au développement local que nous entendons mener cette
étude.
Ainsi, fort de ce qui précède, quelques
interrogations méritent d'être soulevées :
? Comment les populations paysannes de Bria participent-elles
au développement local ?
Cette question principale fait appel aux questions subsidiaires
suivantes :
? Quelles sont les contraintes liées à la
participation paysanne au développement local à Bria ?
? Quelles sont les stratégies envisageables concernant
la participation proactive des populations au développement local
à Bria ?
Ces questions ainsi posées nous conduisent à
déterminer les objectifs liés à cette étude.
Pour cette étude, nous nous sommes fixés un
objectif général et deux objectifs spécifiques.
|