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Société rurale face aux enjeux et défis de la participation dans les projets de développement local. Cas des communautés paysannes de Bria dans la haute Kotto.


par Ali Guy ABOUKAR
Université de Bangui - Master 2 de sociologie 2017
  

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4.3. La pérennisation de la participation

A travers le graphique qui suit, nous allons mettre en exergue l'opinion de nos enquêtés sur la participation au développement local.

Graphique 12 : Proportion des opinions de la population sur la pérennisation de la participation au développement local

100%

0%

Oui Non

Source : enquête de terrain

A l'échelle de ce camembert, 100% de nos enquêté ont donné un point de vue commun qui est celui de pérenniser la participation au développement local. La problématique de la pérennisation des projets de développement met en confrontation deux logiques : les pratiques sociales et la logique de projet avec comme passerelle possible la participation.

Ainsi, Les pratiques paysannes obéissent à des logiques rationnelles. Les comportements des populations paysannes face aux projets de développement manifestent leur capacité de prendre des décisions cohérentes en fonction des

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objectifs et de contraintes qui leur sont propres, tant dans le domaine de la production que dans ceux de la reproduction sociale, politique et identitaire. Les sociétés paysannes ne sont pas des groupes unis, solidaires et collectivistes, comme le veut une certaine pensée. L'idée d'utilisation collective des projets comme biens communs doit être relativisée.

La notion de "développement" telle que l'entendent les projets de développement, est dotée d'une connotation économique qui ne s'inscrit pas forcement dans la logique de développement des populations locales.

Les projets de développement se caractérisent de plus en plus par une certaine lourdeur, des objectifs et des moyens prédéfinis qui les rendent peu adaptés au contexte local, insuffisamment flexible et incontrôlable par les populations bénéficiaires. Ce qui ne favorise pas leur pérennisation.

Les approches participatives favorisent l'implication des populations bénéficiaires et permettent à celles-ci d'avoir un pouvoir d'initiative et de décision (qu'il faut tout de même relativiser) dans la définition et la mise en oeuvre des actions et programmes qui concernent leur propre avenir. Elles contribuent tout de même à transformer les normes sociales. Les stratégies de réorganisation des sociétés bénéficiaires favorisent la création de nouvelles formes d'organisation qui se superposent aux formes d'organisations traditionnelles. Il se pose des risques de dysfonctionnement et même de représentativité des groupements créés.

A la lumière des constats ci-dessus, trois problèmes fondamentaux à notre avis, entravent la pérennisation des projets de développement dans une approche participative. Ces problèmes sont les suivants :

- La définition de l'action prioritaire à mettre en oeuvre : même avec une approche participative, elle se fait avec beaucoup des biais qui sont dus au poids des ONG et à la faiblesse relative de la population paysanne pendant cet exercice. Par courtoisie ou ruse, les populations acceptent n'importe quel projet, même s'il ne constitue pas directement une préoccupation, sans que le courtier local, très imbu de son approche participative et qui est présent dans

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le village depuis un ou deux jours, ne s'aperçoive de la « supercherie ». Ce qui est important aux yeux des populations paysannes, c'est moins leur participation, que le calcul de ne pas laisser filer entre leurs mains l'opportunité que représente un projet.

- La précarité des projets de développement : il s'agit de la dépendance complète des courtiers locaux aux partenaires financiers du Nord. Dans la mise en oeuvre des projets de développement, les deux brandissent la participation des populations comme garante de leur pérennisation. Mais sur le terrain, cette pérennisation est prise en otage par les durées courtes des contrats entre le courtier local et son financeur du Nord, les longues périodes de rupture entre deux contrats, les arrêts brusques des projets pour manque de financement.

- Les innovations techniques et/ou organisationnelles apportées par le projet ne s'inspirent pas des pratiques locales. Elles contribuent même dans certains cas à transformer les normes sociales préétablies, semant ainsi les bases de conflits latents.

En principe, l'approche participative est un outil de travail et doit être considéré comme tel. Elle implique certes, les populations bénéficiaires dans le choix des actions qui les concernent. Cependant, elle ne doit pas être vue comme une sorte de baguette magique dont l'utilisation entrainerait ipso facto l'appropriation et la pérennisation des projets de développement. Celles-ci dépendent dans une large mesure de la prise en compte des logiques communautaires. Ces logiques dans la plupart des cas sont confrontées aux logiques de projet qui réfléchissent essentiellement en termes de « cadre logique ».

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille