3.4 DISCUSSION
D'après l'analyse des tranches d'âges des
cotonculteurs de la zone cotonnière, le secteur de
Kédougou (Zone humide) a moins de jeunes producteurs,
environ 32%. Cela reflète la réalité sur l'orientation des
jeunes de la région vers l'existence d'autres sources de revenus comme
ici qui n'est rien d'autre que l'exploitation de l'or au détriment de
l'agriculture. Selon l'Agence Nationale de la Statistique et de la
Démographie (ANSD) sur son rapport de l'Etude
Monographique Sur L'orpaillage au Sénégal en
2018, les individus s'activant dans cette activité dans
la région de Kédougou sont majoritairement jeunes, 71,3% d'entre
eux sont âgés de moins de 35 ans. Cela confirme nos
résultats sur le désintéressement des jeunes à
l'agriculture pour l'orpaillage. Cette situation impacte négativement
sur la production cotonnière en particulier. A Kédougou les
producteurs ont un faible capital foncier, qui serait relatif au relief
accidenté (ANSD, 2015). Cette situation rend difficile
la pratique de la rotation culturale dans la zone, d'où de forts risques
de baisse de la fertilité des sols à terme. Cette situation
pourrait être accentuée par le fait que 80% des producteurs de la
zone disent qu'ils ont hérité ces terres, donc des terres
anciennes sur lesquelles on n'applique pas de jachère.
Le problème majeur de la mise en en oeuvre du conseil
dans le secteur de Kédougou se trouve dans l'exécution des taches
parce-que la majorité des producteurs dit que les pratiques ne sont pas
assimilées et que les relais techniques ne les accompagnent pas à
cause de l'éloignement des champs et des GPC.
L'itinéraire technique qu'est le socle de la
vulgarisation dans le transfert de compétence rencontre deux contraintes
dans le secteur Kédougou que sont : la cherté du coût du
paquet technique, le manque de main d'oeuvre familiale. Ces résultats
confirment ceux de (Ndour, 2018).
Le manque de matériels agricole n'est pas
prononcé par les producteurs du secteur de Kédougou pour les
contraintes liées au non-respect de l'application de l'itinéraire
technique du fait dans la zone d'étude le terrain est accidenté
et que la culture attelée y est difficile avec les sols lourds et
pierreux. Par contre, le manque main d'oeuvre est un véritable
problème pour eux.
Au secteur de Koungheul, 62% des jeunes
pratiquent l'agriculture. Les analyses ont affirmé que les 85% des
producteurs de ce secteur ont un capital foncier de plus 5ha. Donc la baisse de
la production est due au détournement d'objectif des intrants qui
affecte directement le rendement agricole. D'ailleurs ; 32% des producteurs ont
encore affirmé de ne pas pouvoir
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respecter l'itinéraire technique par manque d'intrants
pour les autres cultures. Ici dans la zone cotonnière, on note un ratio
faible de 14,15% entre la moyenne du revenu annuel du coton par producteur et
celle du revenu total annuel des cultures vivrières et/ou de rente par
producteur. Donc la rentabilité économique du coton peu
satisfaisante. Cela est la résultante de l'accroissement de la
diversification au détriment de la culture du coton dans la zone comme
l'a si bien affirmé Ndour (2018) qui disait que «
Le plan d'occupation des terres agricoles selon leur fertilité est
en faveur des cultures céréalières, pour des soucis de
sécurité alimentaire ». L'arachide gagne du terrain
dans le Sénégal oriental (Beaujeu et al, 2009).
Le travail du conseiller qui consiste à faire de la vulgarisation de
proximité est difficile dans cette zone, vu que les GPC sont nombreux et
distants dans le secteur de Koungheul. Cet éloignement des GPC et le
nombre important poussent les CTC à dire que le carburant qui est
à leur charge est une contrainte forte qui leur empêche de faire
bien leurs tournées. Le secteur de Koungheul est aussi couvert par des
CTC/CAP qui disent aussi que le manque de formation surtout en informatique, en
tableur Excel est un problème qui se pose pour la gestion du
crédit.
La zone de Koungheul reflète une réalité
un peu différente de celle de la zone humide, comme Kédougou,
dans laquelle on a un taux faible de jeune qui s'intéressent à
l'agriculture car ils prennent le chemin de l'immigration clandestine pour
aller chercher du travail temporaire ou définitif dans les pays
occidentaux. Le sous équipement est un problème qui se pose au
niveau de Koungheul vu que les cotonculteurs disent que c'est une contrainte
liée au non-respect de l'application de l'itinéraire technique.
Cette forte demande en matériels agricoles dans ce secteur existe du
fait que la zone est dominée actuellement par les cultures
vivrières et que seule la filière cotonnière octroie aux
producteurs du matériel agricole sous forme de crédit agricole
parfois subventionné. Cela permet de dire que les producteurs de cette
zone s'intéressent à la production cotonnière pour
profiter du système permettant d'acquérir du crédit
bancaire moyen et court terme pour l'achat d'intrants et de matériels
agricoles.
Cette zone bénéficie d'un potentiel inestimable
qu'est la terre mais lessivée car la plupart des terres sont acquises
par héritages donc exploitées depuis trop longtemps
(ANSD, 2015).
Au secteur de Vélingara (Zone
médiane), les jeunes s'intéressent à l'agriculture avec
une forte présence des jeunes dans les GPC mais qui font peu de coton.
C'est un secteur dans lequel la pression foncière marque son empreinte
avec une majorité de producteurs déclarant avoir un capital
foncier de moins de 3 ha. Ainsi, les rotations culturales sont presque
impossibles, surtout face au développement de la production en cultures
vivrières comme le
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manioc, le mil, mais et l'arachide. Malgré la forte
présence des jeunes dans les GPC, la production cotonnière est
loin d'être satisfaisante dans cette partie du bassin cotonnier. Si
toutefois la majorité des producteurs se plaint du déficit de
main d'oeuvre familiale, c'est surtout du fait de l'exploitation du bois de
forêt qui représente avec les cultures vivrières une
importante source de revenus. Dans le respect de l'application de
l'itinéraire technique, les producteurs se voient exposés
à une contrainte majeure telle que la cherté du crédit
agricole. A Vélingara, les Centres de production sont moins vastes, avec
un nombre moyen de GPC plus réduit et un pour un rayon de 21 Km.
Les contraintes majeures soulevées par les producteurs
sont le manque de main d'oeuvre familiale et de matériels agricoles. Ces
résultats corroborent ceux de Ndour (2018) qui disait
que les principales contraintes sont économiques et technique,
économique avec un déficit de matériel agricole et de
main-d'oeuvre. Pour notre étude, il s'y ajoute la cherté du
coût des intrants qui met le cotonculteur dans une position inconfortable
pour l'application des produits et doses recommandées. Un conseil est
efficace quand il donne toujours de bon résultat (AGRIDAPE,
2013). Mais difficile à évaluer ici si comme l'affirme
la majorité des CTC, l'essentiel de leur temps est occupé par les
activités de contrôle de toutes les superficies cultivées
par géo référencement. Pour bien faire son travail de
conseiller agricole et d'agent commercial, le CTC a besoin de plus de temps et
de proximité vis-à-vis des producteurs. Cela parait difficile
à l'état actuel car les centres sont généralement
vastes et contenant beaucoup de GPC. Par ailleurs, les CTC proposent que le
carburant soit à la charge de la SODEFITEX afin qu'ils puissent bien
mener leurs tournées sur les différents sites d'intervention.
Malgré cela, la perception des acteurs de la
filière sur l'adaptabilité du conseil agricole au contexte actuel
reste majoritairement positive du fait que les 92% disent que ce conseil de la
SODEFITEX est adapté au contexte actuel mais il existe des
améliorations à faire dans sa mise en oeuvre. Ils disent presque
tous que le conseil est adapté au contexte actuel et 88% disent aussi
qu'il existe des innovations dans le conseil fournit par la SODEFITEX. Ces
innovations ne sont rien d'autre que la prestation motorisée,
l'avènement des appareils de contrôle de superficies que sont les
GPS et d'autres innovations en termes de pratiques agricoles avec le programme
de commerce équitable.
C'est uniquement au secteur de Kédougou où la
majorité des producteurs disent ne pas constater des innovations dans le
conseil agricole. Les CTC pensent que la baisse de la production est due
majoritairement à la caution solidaire qui continue à diviser et
à faire abandonner les bons producteurs de la culture du coton.
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Ces cotonculteurs pensent que la caution solidaire n'est pas
là pour enrichir le bon producteur mais plutôt pour encourager le
mauvais producteur. Il s'en suit toujours pour les causes de cette baisse de la
production, selon les CTC, la présence d'autres sources de revenu comme
les cultures vivrières, l'orpaillage et la coupe du bois, qui a une
forte corrélation avec la baisse du nombre de producteurs. Selon eux, le
changement climatique a trop affecté la production avec les pluies qui
sont devenues erratiques depuis des décennies (Dièye,
2017). La question du transfert du crédit vers les GPC est une
initiative saluée positivement par la majorité des gestionnaires
qui pensent que les producteurs seront mieux impliqués et
responsabilisés sur la gestion transparente de leurs crédits mais
toutefois, ils demandent des mesures d'accompagnement de la part de la
SODEFITEX sur la formation et le transfert de compétences. Les relais
formés ont répondu positivement et de façon massive sur la
proposition de la mise en place de relais de zone pour que ces derniers
puissent avoir un revenu de prestation satisfaisant.
La FNPC pensent que le transfert du crédit vers les GPC
serait une meilleure alternative pour une gestion sobre et transparente du
crédit dans laquelle les producteurs seront bien impliqués et
responsabilisés.
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