2- L'institutionnalisme sociologique
Selon HALL Peter et Rosemary TAYLOR, l'institutionnalisme
sociologique ou néo-institutionnalisme sociologique est une
théorie qui émerge en réaction aux perspectives
behavioristes des années 60 et 70 qui entendent «
élucider le rôle joué par les institutions dans la
détermination des résultats sociaux et
politiques»70. Selon cette approche des courants
néoinstitutionnalistes, les institutions par les codes culturels et
cognitifs dessinent les frontières du politique en inculquant aux
acteurs des idées précises quant à la
légitimité de leur action et de leur comportement.
L'institutionnalisme sociologique confère aux institutions une influence
déterminante dans la constitution des préférences et des
comportements sociaux acceptables, ainsi que l'interprétation des
situations plutôt que leur évaluation. Cette variante de
69 Howard BECKER, «Social Problems: A modern approach»,
New-York, John Wyler, 1966, P. 11.
70 Peter HALL et Rosemary TAYLOR, « la science politique
et les trois néo-institutionnalismes », Revue française
de sciences politiques, 1997, 47, PP.469-482.
35
Les politiques publiques de gestion de la diversité
culturelle dans les processus de construction de la paix en Afrique centrale
l'institutionnalisme est plus clairement associée avec
la définition normative, où les normes sont comprises moins comme
des règles, que des paramètres culturels et
symboliques71.
Dans le champ des politiques publiques, cette branche
suggère que les institutions structurent le comportement des acteurs
sociaux et les forcent ainsi à s'adapter à elles. C'est ce qui
leur confère une légitimité qui s'accumule et s'accroit
dans le temps, d'où la notion d'isomorphisme qui pose que la
création de nouvelles institutions se fait dans une logique de
compatibilité avec celles déjà existantes. Il s'agit
là d'une variable indépendante qui façonne les acteurs,
fait naître leurs intérêts et leurs
préférences dans la «routinisation» des
relations sociales, peu importe leur nature exacte72. Cela renvoie
à une double réalité: D'une part, les politiques publiques
apparaissent comme des facteurs d'ordre définissant les
«règles de jeu», et les «cadres de
signification» du comportement des acteurs sociaux. D'autre part,
elles représentent l'ensemble des «règles,
procédures ou mesures formelles, mais aussi les systèmes de
symboles, les schémas cognitifs et les modèles moraux»
dont se dotent les gouvernements dans la mise en oeuvre de leurs
activités politiques73.
La réalité des relations sociales en Afrique
Centrale étant «construite» ou
«coconstituée», selon l'expression de KATZENSTEIN,
KEOHANE et KRASNER74, l'institutionnalisme
sociologique nous permet de comprendre comment les politiques publiques de
gestion de la diversité culturelle en Afrique centrale sont
élaborées, structurées et référencées
à l'intérieur des relations de pouvoir dont les variables sont
soumises à de nombreuses limites et obstacles.
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