3.2. LA SAINTE LITURGIE ET LES PIEUX EXERCICES
La Source magistérielle qui donne à la
prière de la Via Lucis une reconnaissance officielle est le
Directoire sur la piété populaire et la Liturgie,
Principes et Orientations41, promulgué par la
Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements en
décembre 2001. La prière de la Via Lucis y est
indiquée par la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline
des Sacrements comme prière du Temps pascal. Cependant, il n'est pas
expressément prescrit que la Via Lucis doive être
célébrée pendant le Temps pascal. Par conséquent,
il n'est ni obligatoire que la Via Lucis soit
célébrée pendant le Temps pascal, ni exclu qu'elle puisse
être célébrée à un autre moment du calendrier
liturgique, sous réserve des conditions relatives à
l'harmonisation avec la Sainte Liturgie qui s'appliquent à tous les
pieux exercices et qui garantissent à la Sainte Liturgie sa
préséance (70-75).
Dans la deuxième partie du Directoire,
intitulée « Orientations en vue de l'harmonisation de la
piété populaire avec la Liturgie » (93-287), la Via
lucis (153) est située dans le chapitre « Année
liturgique et piété populaire » (94-182) et dans la
rubrique
40 A. F.-X. AMHERDT, citant Enzo Biemmi de l'Instituto
catechetico de Verona, Session SNCC, « Le Mystère pascal au
coeur de l'Initiation », CEF, « Pour une pastorale du
mystère pascal, forme essentielle de l'existence chrétienne :
approches bibliques, patristiques et catéchétiques »,
Paris, 2018, 2.
41 CONGREGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES
SACREMENTS, Directoire sur
la piété populaire et la Liturgie, Principes et
Orientations, Cité du Vatican, 2001, (70-75 ; 131-156).
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« Le temps pascal » (152-156). «
Le temps pascal » comprend : « La
bénédiction annuelle des familles dans leurs maisons »
(152) ; « La `Via Lucis' » (153) ; « La
dévotion à la divine miséricorde » (154) ;
« La neuvaine de la Pentecôte » (155).
Le début de l'article qui définit la
prière de la Via Lucis dans le Directoire (153) passe
rapidement sur les origines de la prière, constatant simplement
l'expansion de sa pratique « dans certaines régions » :
« 153. À une époque récente, un
pieux exercice, dénommé Via lucis, s'est répandu
dans certaines régions. En prenant modèle sur la Via
Crucis, les fidèles, pendant la Via lucis, sont
invités à parcourir un itinéraire en considérant
successivement les différentes apparitions, qui permirent à
Jésus - depuis sa Résurrection jusqu'à son Ascension, et
dans la perspective de la Parousie - de manifester sa gloire à ses
disciples, en attendant qu'ils reçoivent l'Esprit Saint qu'il leur avait
promis (cf. Jn 14, 26 ; 16, 13-15 ; Lc 24, 29), de conforter leur foi, de
porter à leur accomplissement ses nombreux enseignements sur le Royaume
et enfin, de définir la structure sacramentelle et hiérarchique
de l'Église. Le pieux exercice de la Via lucis permet aux
fidèles d'évoquer l'événement central de la foi -
la Résurrection du Christ - et leur condition de disciples, que le
sacrement pascal du baptême a fait passer des ténèbres du
péché à la lumière de la grâce (cf. Col 1,13
; Ep 5, 8).
Pendant des siècles, la Via Crucis, en
permettant aux fidèles de participer à l'événement
initial du mystère pascal, la Passion, a contribué à fixer
les divers aspects de son contenu dans la conscience du peuple. À notre
époque, d'une manière équivalente, la Via lucis
peut permettre de rendre présent auprès des fidèles
le second moment si vital de la Pâque du Seigneur, la
Résurrection, à condition que ce pieux exercice se déroule
dans une grande fidélité par rapport au texte
évangélique. On dit communément : « per crucem ad
lucem » ; il est vrai que la Via lucis peut en outre devenir
une excellente pédagogie de la foi.
De fait, la Via lucis, avec la métaphore du
chemin à parcourir, permet aux fidèles de mieux comprendre
l'itinéraire spirituel, qui part de la constatation de la
réalité de la souffrance qui, selon le dessein de Dieu, ne
constitue pas le point d'ancrage définitif de la vie humaine, et aboutit
à l'espérance de rejoindre le vrai but poursuivi par chaque homme
: la libération, la joie, la paix, qui sont des valeurs essentiellement
pascales. Enfin, dans une société souvent marquée par
l'angoisse et le néant, qui caractérisent la
41
« culture de la mort », la Via lucis
constitue au contraire un stimulant efficace permettant d'instaurer une
« culture de la vie », c'est-à dire une culture ouverte aux
attentes de l'espérance et aux certitudes de la foi42
».
En se fondant sur des considérations à la fois
théologiques et anthropologiques, la Congrégation pour le Culte
Divin et la Discipline des Sacrements préconise, expressément
mais de façon non contraignante, la pratique de la prière de la
Via Lucis car cette prière met en avant la deuxième face
du Mystère pascal : la Résurrection du Seigneur Jésus et
ses manifestations à ses disciples proches depuis l'aube de Pâques
jusqu'à l'Ascension et le don de l'Esprit Saint à toute l'Eglise
réunie à la Pentecôte.
La prière de la Via Lucis est construite
à partir des lectures dominicales de toute la durée liturgique du
Temps pascal. La Parole proclamée qui nous interpelle dans les
célébrations eucharistiques devient à nos oreilles la voix
du Crucifié Ressuscité, entendue comme la parole vivante du Verbe
qui vient nous chercher, un par un en nous appelant par notre petit nom et qui
nous invite à le suivre vers le Père. La prière de la
Via Lucis, comme tous les pieux exercices, est par nature
subordonnée à la Sainte Liturgie dont elle reçoit, en tant
que lectio divina, son efficacité.
42 CONGREGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES
SACREMENTS, Directoire sur la piété populaire et la
Discipline des Sacrements », Vatican, décembre 2001,
Deuxième partie, « Orientations en vue de l'harmonisation de la
piété populaire avec la Liturgie » (93-287),
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