CHAPITRE 3 : LES DIFFICULTÉS RENCONTRÉES
PAR LA SNEL.
La réforme des entreprises publiques est un long processus
certes, mais jusqu'à présent quel bilan pouvons-nous tirer
à mi-parcours en ce qui concerne la transformation de la SNEL,
entreprise publique au départ, en société commerciale?
Ainsi, la production d'électricité de la SNEL Sarl
ne parvient pas à couvrir les besoins de la République
Démocratique du Congo bien que dotée des ressources
hydroélectriques primaires considérables évaluées
à quelques 100.000 MW disséminées sur l'ensemble du
territoire national dont 44% sont concentrées, par ailleurs, dans le
site d'Inga. La République Démocratique du Congo dispose à
l'heure actuelle de 215 sites hydroélectriques aménageables
identifiés disséminés sur l'étendue du territoire
national.
Aussi la centrale hydroélectrique d'Inga III dont la
capacité est évaluée à quelques 3 500 MW demeure
toujours à l'état de projet, Inga I et II ne fonctionnant,
malheureusement, qu'actuellement à 20 % de leur capacité, la
plupart des turbines étant à l'arrêt, faute de maintenance
et de pièces de rechange.
A titre illustratif, le taux actuel de la couverture en
fourniture du courant électrique sur la ville de Lubumbashi est
relativement faible. Etant technique un certain nombre d'éléments
nous ont été fournis afin d'arriver à percevoir le taux de
couverture et de desserte en énergie électrique. Procédant
ainsi, la situation se présente comme suit :
l 22% le nombre des cabines installées
s'élèvent à 360;
l Le nombre des cabines disponibles s'élèvent
à 339;
l Le taux de disponibilité en pourcentage (%) est de
94,1%;
l Le taux de desserte en énergie est de 60%;
l Le nombre des cabines délestées totalement :
47;
l Le nombre des cabines avec avarie : 16;
l Le nombre des cabines sous régime de délestage
s'élèvent à 82. Le taux de desserte en énergie
électrique étant de 60%, donc la couverture de l'énergie
électrique pour la ville de Lubumbashi est de 40%.
Ce faible taux peut s'expliquer par plusieurs facteurs :
l'extension géographique sans cesse de la ville et la croissance
démographique significative et exponentielle de sa population;
l'augmentation sans cesse de la demande en énergie électrique due
surtout à l'accroissement des activités économiques, et en
particulier celles des sociétés minières au Katanga; la
surcharge et la vétusté des équipements de production, de
transport ainsi que ceux de distribution; les interventions non
autorisées sur le réseau des tierces personnes; les raccordements
frauduleux; etc. En outre, du point de vue de la gestion et du fonctionnement
de la SNEL Sarl, bien que transformée en société
commerciale, la société continue à être
gérée et à fonctionner comme par le passé. Cette
gestion qualifiée, par ailleurs, d'étatiste continue à la
caractériser sa gestion. En effet, l'Etat continue à nommer et
à révoquer les mandataires de cette entreprise quand bien
même transformée en société commerciale comme par le
passé et ce, sans se soucier de leur profil. Et il est malheureux de
constater qu'au lieu de veiller aux intérêts de la
société, les gestionnaires sont enclins à veiller aux
intérêts de ceux qui les y ont placés en se comportent non
pas comme des mandataires de cette dernière, mais comme des mandataires
de l'Etat.
Selon le Chef de Centre à la SNEL/DRK, l'entreprise
connait actuellement plusieurs problèmes politiques.
Mais en quelque sorte, les problèmes d'ordre technique et
financier sont les plus remarquables dans la société et exercent
plus d'influence sur l'organisation de celle-ci.
La société connait aujourd'hui un déficit
énergétique au niveau de la centrale Ruzizi 1, Cela est dû
à l'arrêt du quatrième groupe par manque des pièces
de rechange, manque d'entretien, ce problème étant
généralisé, les trois groupes encore fonctionnels sont
aussi menacés d'arrêt. Ceci tend à réduire
sensiblement la qualité et la quantité du courant
électrique que la société met à la disposition de
sa clientèle alors que le nombre de sa clientèle a
sérieusement augmenté. A
cet élément s'ajoute aussi la surcharge des cabines
qui, avec l'explosion démographique qui a entrainé
l'agrandissement des quartiers et la création d'autres, sont
obligées de servir un nombre d'abonné supérieur à
la capacité de production de la centrale Ruzizi 1. Ceci tend à
créer les pannes des transformateurs devenues monnaie courante dans
plusieurs communes et quartiers aujourd'hui.
Le vol du courant par certains abonnés et non
abonnés appelés «Dahuleurs» vient encore
aggraver la situation. A cela s'ajoute aussi l'incompétence de certains
électriciens qui manipulent mal l'outil de travail occasionnant ainsi
certaines pannes, perturbant la fourniture d'électricité dans
certains quartiers.
La conséquence majeure de tous ces problèmes est
l'incapacité de la SNEL de fournir le courant 24 heures sur 24 heures
causant un manque à gagner très important .Il se crée
alors un cercle vicieux car pour que la SNEL réhabilite son outil de
production et de distribution, il lui faut des moyens suffisants. Ces moyens
devraient provenir des payements des factures par ses abonnés qui, comme
ils ne sont pas servis régulièrement, ne payent pas pour la
plupart.
D'où le choix d'un système palliatif: le
délestage pour assurer les maintenances des équipements. Cette
mesure met les clients et la société dans une certaine
rivalité; le non payement régulier des factures débouche
ainsi à des recouvrements forcés accompagnés des coupures
de fourniture.
Malgré la réforme de 1986 qui aboutit à la
mise en place de la macrostructure, créant des centres de distribution
au sein des directions régionales, ces derniers n'ont jamais eu une
autonomie nette de gestion. Les gros investissements et les grosses
dépenses restent les prérogatives de la Direction
Générale basée dans la capitale (Kinshasa).
Pour ce faire, les factures de l'énergie électrique
vendue à l'étranger sont régularisées à
travers la Direction générale et en devise. Ceci prive les
dirigeants ici sur place de la possibilité de procéder à
des acquisitions des nouveaux équipements faute des moyens suffisants
car les matériels de production et de distribution coutant tellement
cher.
Les problèmes de gestion ne sont pas aussi absents dans
cette crise que traverse la SNEL. Le peu des recettes
générées par le payement des factures au niveau local;
s'il était géré avec minutie, pouvait déjà
permettre seulement le maintien et même l'acquisition
régulière des petits matériels et auraient permis
d'éviter des grosses réparations.
Source : Direction provinciale de la Snel Sarl/ Katanga :
Division des Réseaux de Distribution.
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63 TSHITAMBWE KAZADI, syllabus de
Droit Administratif : Grands Services Publics de l'Etat, inédit,
1ère licence Droit, Unilu, 2010-2011, p3
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