2.3. En Régime de taux de change fixe
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En régime de taux de change fixe, la banque centrale
s'engage à conserver une parité fixe avec les autres monnaies.
Elle ne peut ainsi plus choisir à sa guise la quantité de monnaie
en circulation et laisser s'ajuster le taux de change selon l'équilibre
du marché des changes.
? Mobilité imparfaite des capitaux
Lorsque les taux de change sont fixes, il n'y a pas de
déplacement de la courbe BP suite à des mesures de politiques
budgétaires ou monétaires. La pente de la droite BP est positive
ce qui traduit une mobilité imparfaite des capitaux, une hausse des taux
d'intérêt améliore des capitaux.
Cette amélioration requiert un PIB plus
élevé ce qui détériore la balance des transactions
courantes d'un moment suffisant pour permettre un nouvel équilibre de la
BP. L'équilibre doit toujours se situer sur la BP initiale afin de
conserver la valeur du taux de change fixe.
Prenons un exemple sur la figure ci-dessous, au point E, la BP
est excédentaire car le taux d'intérêt est plus
élevé que celui qui permettrait un équilibre de la BP,
étant donné le niveau du PIB. Des entrées de devises vont
se produire ce qui fait augmenter la quantité de monnaie offerte et la
droite LM se déplace jusqu'en LM' permettant la réalisation de
l'équilibre extérieur en E (cela aurait bien entendu fonctionner
en sens inverse si le point R avait été initialement en dessous
de la droite BP). Les mécanismes monétaires rétablissent
donc automatiquement l'équilibre de la B.P.
Figure 5 : Le rééquilibrage par
entrée de capitaux.
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En régime de taux de change fixes, la banque centrale
abandonnée donc la possibilité d'utiliser la politique
monétaire comme un instrument puisque celle-ci est dédiée
au maintien de la parité des taux de change.
Si les pouvoirs publics utilisent la seule politique
monétaire expansionniste, la courbe LM se déplace vers la droite
et un nouvel équilibre IS-LM s'établit. Mais en ce point, les
comptes extérieurs sont déficitaires; LM va donc revenir vers
l'équilibre initial du fait de la sortie des capitaux (la politique
monétaire initiale ayant eu pour conséquence la baisse du taux
d'intérêt car la sortie de capitaux). La politique
monétaire utilisée seule n'est donc pas efficace.
Examinons l'effet de la politique budgétaire que les
pouvoirs publics peuvent être tentées d'utiliser si on
considère qu'au point d'équilibre IS-LM-BP, le PIB est
inférieur à son niveau qui permet le plein -emploi.
Figure 6 : Efficacité de la politique
budgétaire en régime de change fixe
Si une politique budgétaire expansionniste est
utilisée, alors la courbe IS se déplace vers le haut et la droite
et un nouvel équilibre IS-LM apparait. Toutefois, à ce point, la
BP est excédentaire (puisque la politique budgétaire
expansionniste a eu pour conséquence l'élévation du taux
d'intérêt). Il y aura donc rééquilibrage par
entrée de capitaux. En régime de changes fixes, la banque
centrale ne peut tolérer la réévaluation de la monnaie
comme la réévaluation de la monnaie mène à une
augmentation de la demande de monnaie. La banque centrale accompagne cette
augmentation par une augmentation de l'offre de la monnaie.
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La politique budgétaire déclenche donc une
accommodation monétaire. Pour la banque centrale la solution est donc de
trouver le bon dosage entre la politique budgétaire et la politique
monétaire qu'elle met en oeuvre pour stériliser l'effet de la
politique budgétaire sur le taux de change.
? Mobilité parfaite des capitaux
Lorsque la liberté des mouvements de capitaux est
totale, la droite BP est horizontale (au niveau du taux d'intérêt
mondial). En effet à la moindre différence de taux
d'intérêt les capitaux affluent dans le territoire qui
présente le différentiel de taux positif. Les entrées de
capitaux persistent tant que le différentiel de taux existe. La seule
possibilité est donc que le taux d'intérêt national soit
égal au taux d'intérêt « mondial ».
Figure 7 : Efficacité de la politique
budgétaire en régime de change fixe (mobilité parfaite des
capitaux
Examinons alors dans cette configuration, les effets de la
politique budgétaire. Lorsque la relance budgétaire est
effectuée, la courbe IS se déplace vers le haut et la droite. Au
point d'équilibre de IS' et LM, la BP est excédentaire, ce qui
induit des entrées des capitaux et donc une réévaluation
de la monnaie. La banque centrale va donc augmenter son offre de monnaie de
façon à neutraliser l'effet de la réévaluation du
taux de change. En conséquence l'effet d'éviction ne se produit
pas
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et le multiplicateur exerce pleinement ses fonctions. Dans une
économie où les mouvements de capitaux internationaux sont
parfaitement libres et le taux de changes fixes, la politique est pleinement
efficace (plus encore que lorsque la mobilité des capitaux n'est pas
forfait).
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