CHAPITRE II: CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE
Dans ce chapitre, il sera question de présenter les
théories explicatives de notre phénomène étude en
faisant une approche monétaire et expliquer le modèle IS-LM-BP
qui traite l'équilibre simultané sur le marché de biens et
services et ceux de monnaie et de changes.
SECTION 1 : L'APPROCHE MONETAIRE
Dans une économie où il n'y a pas de troc, la
monnaie pourrait se définir comme l'instrument d'échange qui
permet l'achat immédiat de tous les biens, services et titres, sans
coûts de transaction, ni coûts de recherche et qui conserve la
valeur entre deux échanges. La monnaie est le seul bien
échangeable contre tous les autres.27
1.1. Composition et mesure de la masse
monétaire
La quantité de monnaie disponible dans une
économie donnée à un moment est mesurée par la
masse monétaire qui traduit l'ensemble des moyens de paiement
détenus par les agents économiques non financiers.
Au sens le plus strict du terme, il s'agit de l'agrégat
M1 qui traduit les disponibilités monétaires et qui regroupe la
monnaie fiduciaire et la monnaie scripturale. La monnaie fiduciaire est
l'ensemble des billets (et pièces) en circulations. C'est-à-dire
détenus par les agents non financiers. Cette composante de la monnaie
est appelée monnaie centrale du fait qu'elle est émise
exclusivement par la banque centrale.
La monnaie scripturale traduit les dépôts
à vue des agents économiques non financiers auprès du
système bancaire. Cette monnaie bancaire est mobilisable par les
chèques, les ordres de virement ou les cartes de paiement.
Donc M1 = B + DAV (où B= billets et DV =
dépôt à vue). Mais de plus en plus souvent la masse
monétaire est assimilée à l'agrégat M2 qui tient
compte aussi de la quasi monnaie; les dépôts à terme; les
comptes spéciaux d'épargne, les
27 MOUNIR SMIDA, l'économie monétaire
pas à pas, université de Tunis, cours, inédit, 2007,
p.6
35
certificats de dépôt et les avoirs en devises: M2 =
M1+Quasi monnaie.
Il est à noter que l'agrégat M2 est
utilisé comme cible intermédiaire à l'occasion de la
conduite de la politique monétaire. M3 est la masse monétaire au
sens large qui comprend M2 plus les dépôts d'épargne
détenu par les résidents du secteur privé non bancaire (M3
= M1 + M2).
1.2. L'équilibre sur le marché
monétaire
a). L'offre de monnaie
L'offre de monnaie est la quantité de monnaie mise
à un moment donné à la disposition du public par le
système bancaire (banque Centrale et les banques commerciales). L'offre
de monnaie est statiquement égale à M2. Cette monnaie est
créée par la banque centrale et les banques commerciales
Toutefois, ces dernières sont soumises au
contrôle de la première qui représente l'autorité
monétaire. C'est ainsi que nous supposerons que c'est la banque centrale
qui décide de la quantité de monnaie offerte à un moment
donné. L'offre nominale de monnaie sera donc considérée
comme exogène.
M° O P
M°
Figure 2 : M° =M° Et l'offre réelle
de monnaie : =
0
P
R
M0
P
M0
P
Cependant, nous disons que l'offre de monnaie est certainement
exogène, mais elle n'est pas toujours constante. Elle peut varier selon
la politique monétaire de la banque centrale. Une politique
monétaire expansive se traduit par une augmentation de l'offre de
monnaie AM° >0; Et une politique monétaire restrictive se
traduit par une baisse de l'offre de monnaie.
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Figure 3 : restriction et expansion de la masse
monétaire
R
M0
P
AM0 <0
AM0 >0
- La monnaie comme moyen de paiement: elle apparait comme un
bien
M0
P
Les instruments de la politique monétaire sont : le
réescompte, l'intervention sur le marché monétaire, le
taux de réserves obligatoires et l'encadrement du crédit;
sélectivité du crédit (Open Market).
b) La demande de monnaie
Pour mieux saisir les déterminants de la demande de
monnaie, il faut d'abord connaître les raisons qui poussent les agents
économiques non financiers à détenir de la monnaie. Ces
raisons sont en étroite relation avec les propriétés de la
monnaie dont les plus importantes sont:
- La monnaie comme unité de compte: est un
étalon de mesure, un numéraire qui permet d'exprimer la valeur
des différents biens en une seule unité. Dans ce sens la monnaie
simplifie le système des prix en remplaçant les prix relatifs par
des prix absolus.
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intermédiaire qui permet de faciliter les
échanges. En effet, le troc suppose une double coïncide des besoins
du fait qu'un individu qui cherche à échanger le bien A contre le
bien B doit trouver un autre individu qui dispose du bien
B et qui a aussi besoin du bien A. la
réalisation de cette double coïncide est exceptionnelle et
l'échange risque d'être bloqué. Avec l'introduction de la
monnaie qui scinde l'échange en deux actes différents (acte
d'achat et acte de vente), cette double coïncidence n'est plus
exigée et il n'y a plus donc aucun obstacle à l'essor des
échanges
- La monnaie comme réserve de valeur permet de
résoudre le problème du non synchronisation des recettes et des
dépenses. La monnaie constitue un lien entre le présent et le
futur du fait qu'elle permet d'établer les achats dans le
temps.28
Etant donné ces propriétés, la
théorie économique retient trois motifs de détention de la
monnaie; le motif de transaction, le motif de précaution et le motif de
spéculation.
a. Le motif de transaction
Ce motif résulte du problème de la
synchronisation des échanges qui traduisent par une séparation
des recettes et des dépenses, c'est-à-dire que les agents vont
vendre les biens ou ressources contre la monnaie puis, ils vont étaler
les achats d'autres biens et services dans le temps.
La quantité de monnaie demandée pour ce motif
sera donc d'autant plus importante que le volume des transactions et le NGP
sont élevés. Et comme le niveau des transactions est
approximé par le PIB, alors la demande de monnaie pour motif de
transaction sera fonction croissante de la valeur de la production.
Toutefois, chaque unité monétaire est
utilisée plus qu'une fois durant l'année. Et si nous appelons
« vitesse de circulation monétaire » le nombre de fois qu'une
unité monétaire change de main durant l'année, on peut
dire que plus la monnaie circule, moins nous aurons besoin de monnaie pour les
transactions. Autrement dit il existe une relation décroissante entre la
demande de monnaie pour
28 KHEMAKHEM JAMEL, cours de macroéconomie,
Université de Tunis, inédit, p.32
29 Idem
38
motif de transaction et la vitesse de circulation de la
monnaie.29
La demande nominale de monnaie pour motif de transaction (
Mt), le NGP (P), la vitesse de circulation monétaire (v), alors on peut
écrire:
Mt
|
1
= PY?kPY avec k =
v
|
1
V
|
D'où la demande réelle de monnaie pour motif de
transaction sera:
Mt =kY P
Et comme la vitesse de circulation est un paramètre de
comportement qui traduit les habitudes de paiement, nous pouvons supposer
qu'elle est constante en courte période étant donné que
les comportements ne varient qu'en longue période.
b. Le motif de précaution
Outre les besoins pour effectuer les transactions courantes,
les agents économiques non financiers vont détenir une
quantité supplémentaire de monnaie pour pallier aux
dépenses imprévues qui peuvent subvenir dans le futur. Il peut
s'agir par exemple des maladies, d'accident, des voyages imprévus
etc.
Cette demande, qui est qualifiée de demande de monnaie
pour motif de précaution, et elle est aussi fonction croissante des
valeurs de la production. Et comme sa valeur est relativement faible, elle sera
confondue avec la demande de monnaie pour motif de transaction.
c. Le motif de spéculation
L'acte de spéculation consiste à acheter des
titres financiers (des obligations par exemple), lorsque leur cours est
relativement faible et les agents s'attendent à ce qu'il va augmenter
dans le futur, en vue de les revendre lorsque le cours augmente. Cette
activité n'existe que parce que l'évolution future du cours des
titres est incertaine de sorte que les anticipations les concernant varient
d'un agent à un autre. Un agent qui achète des titres voit ses
encaisses spéculatives baisser et
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inversement. Autrement dit la demande de monnaie pour motif de
spéculation ( M s) augmente au fur et à mesure que le cours des
titres (CT) augmente et que les agents les vendent.
Ms =(CT)avec >0(1)
Or le cours des titres est inversement proportionnel au taux
de rendement des titres (RT)
dRT
RT =f(CT) avec <0 (2)
dCT
La combinaison des relations (1) et (2) permet
d'écrire:
dMs
Ms =(RT) avec <0
dRT
|
(3)
|
Et comme le taux de rendement des titres financiers ne peut
pas s'écarter durablement et significativement du taux
d'intérêt (R), nous pouvons assimiler taux de rendement des titres
et taux d'intérêt. Ceci nous permet d'écrire la
relation(3) comme suit: Ms =f(R)dMs <0 30 (4)
dR
La préférence pour la liquidité est forte
lorsque le taux d'intérêt est faible, et elle sera faible lorsque
le taux d'intérêt sera élevé.
Toutefois, lorsque les cours des titres arrivent à un
niveau tellement faible de sorte que les agents considèrent qu'il ne
peut plus baissés (CT minimum), c'est-à-dire que le taux
d'intérêt arrive à son niveau maximum, les agents vont
chercher à convertir la totalité de leurs liquidités en
titres, et la demande de monnaie de spéculation sera donc nulle.
Et lorsque le cours de titres arrivé à un niveau
tellement élevé de sorte que les agents considèrent qu'il
ne peut plus augmenter (CT maximum) c'est-à-dire que le taux
d'intérêt arrivé à son niveau minimum, les agents
vont chercher à convertir la totalité de leurs titres en monnaie,
et la demande de monnaie de spéculation sera donc infinie. Cette
situation d'excès de liquidité est qualifiée de
40
trappe à liquidité.30
|