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La blockchain, une révolution de l’intermédiation. Un gain pour les entreprises au détriment des tiers de confiance ?


par Jean-Louis LATHIERE
Université Paris-Dauphine - Master finance d'entreprise et pilotage de la performance 2018
  

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4 Le cas pratique : d'un processus manuel et faillible à un système autonome et sécurisé

Chaque jour, en France, ce sont 5 millions de voyageurs (rapport d'activité 2016 de la SNCF) qui utilisent les différents transports ferroviaires (TGV, TER, Intercités, RER...). Ces flux de personnes ont un impact sur l'environnement. Selon l'étude sur la fréquentation des grandes gares franciliennes réalisée en mars 2015, la gare de Paris Saint-Lazare (station accueillant le plus de trafic en France avec 359 200 voyageurs par jour) doit gérer 1 300 tonnes de déchets par an (soit le poids de 3 supertankers). D'une manière générale, la SNCF doit traiter 10 grammes de déchets par voyageur par jour. C'est pourquoi la gestion des déchets en gare est devenu un enjeu majeur.

Source : la fréquentation des grandes gares franciliennes

Comme toutes les entreprises productrices et détentrices de déchets, la SNCF doit s'adapter à la réglementation relative à la préservation de l'environnement et des ressources. Les déchets visés regroupent à la fois ceux produits par l'entreprise dans le cadre de son activité mais également ceux émanant de ses clients dans ses installations. La loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte encourage la lutte contre les gaspillages, la réduction des déchets à la source, leur tri et leur valorisation.

Au début de l'année 2016, AREP (filiale de la SNCF Gares et connexions) a été missionné pour analyser et tester des scénarios de traitement des déchets à l'échelle de la gare de Massy

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TGV. Cette gare, bien que modeste par son nombre de voyageurs annuel (un peu moins de deux millions et le volume de déchets à traiter : 17 tonnes ou 4 400 m3 soit l'équivalent d'une piscine olympique) reste significative par la diversité des déchets qu'elle doit gérer. La gare doit faire face au traitement d'une diversité des déchets répartie en trois types :

y' La poubelle grise : déchets ordinaires ne faisant pas l'objet de tri ;

y' La poubelle jaune : bouteilles en plastique, boites en carton, canettes ;

y' La poubelle bleue : journaux et magazines.

Il en résulte une complexité dans la gestion des contrats avec les prestataires (restaurant, boutique, personnel d'entretien et camion de ramassage). L'ampleur de la mission est réelle ; une vaste évaluation du fonctionnement des intervenants et de leurs interactions constituera le socle de l'étude. L'un des intérêts de ce travail consiste à analyser la méthode utilisée par AREP, qui a procédé par tests empiriques avant d'aboutir à l'appropriation d'une technologie émergente. L'enjeu à terme est aussi que les nouveaux procédés mis en place sur le site de la gare de Massy TGV serviront de référence soit à son déploiement soit par adaptabilité sur d'autres sites SNCF voire extérieurs.

4.1 L'analyse de la situation initiale : constat par AREP de dysfonctionnements graves

La première étape a consisté à examiner les maillons de la chaîne de la collecte des déchets, de leur tri et de leur enlèvement. Le traitement des déchets en gare de Massy TGV est préoccupant : tous les bacs, avec des contenus indifférenciés sont sortis tous les jours, sans vérification des jours ou des horaires et donc sans lien avec les tournées de ramassage.

Les employés, en première ligne, susceptibles de rencontrer des difficultés ou de ne pas maîtriser le français et donc de ne pas comprendre les consignes ou de ne pas les appliquer, sortaient l'ensemble des bacs non triés dans le souci d'éviter toute sanction ou conflit. Les producteurs de déchets (usagers et commerçants) considéraient que les poubelles étaient vite pleines et pas assez rapidement sorties. De même le personnel en gare face à des poubelles pleines insistait auprès des employés en charge de l'évacuation des déchets pour qu'ils sortent les poubelles sans tenir compte ni de leur contenu ni du jour. Cet environnement mal contrôlé, notamment par le personnel de gare, laisse certainement une trop grande opportunité à l'agent

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(la sortie des déchets peut servir de prétexte pour prendre une pause supplémentaire) pour privilégier son propre intérêt au détriment de celui de l'entreprise.

Le résultat de cette désorganisation aboutit à ce que des poubelles pleines restées toute la journée aux abords de la gare, encombrent les trottoirs et dégradent ainsi l'image de la gare. Cette situation a deux conséquences immédiatement perceptibles. L'encombrement de la voierie est gênant et insalubre et au lieu d'inciter des passants ou usagers de la gare à trier, il accroît les comportements d'incivilité. C'est un cercle vicieux qui augmente par ailleurs la charge de travail des employés qui doivent trier les déchets à la place des usagers. C'est une dépense supplémentaire pour un travail non prévu initialement. Ces bacs débordants et stagnant sur l'espace public hors des créneaux horaires prévus sont par ailleurs sanctionnés par des amendes : la gare de Massy TGV payait jusqu'à 200 € par jour (soit 73 000 € par an). Cette absence de tri désorganise aussi la tâche du second intervenant du circuit : les prestataires en charge du ramassage des déchets recyclables finissent par ne plus s'arrêter mais continuent à facturer leur prestation.

Ces sociétés considèrent que la gare ne trie pas efficacement ses déchets (cartons, papiers ou plastiques) et risque de compromettre le contenu de leurs camions. La sanction financière est importante : il est à noter que le coût du ramassage des déchets est différent selon leur nature, ainsi les déchets recyclables seront facturés moins chers que les ordures ordinaires qui sont incinérées. Ce mécanisme a pour but d'orienter les entreprises vers la valorisation de leurs déchets et une limitation de la pollution en CO2. Dans tous les cas de figure, la facture est établie selon le nombre de bacs et non selon le poids exact de déchets évacués.

L'examen détaillé du trajet d'un bac de déchets par AREP démontre qu'aucune vérification, ni aucune coordination n'ont été mises en place par la gare pour s'assurer d'un résultat efficace et satisfaisant pour les parties.

L'unité gare ne disposant d'aucun élément pour mesurer et connaître la nature et le volume des déchets produits en gare de Massy TGV était voué à supporter les pénalités financières. Il lui était impossible d'apporter des arguments pour contester la surfacturation des prestataires en charge du ramassage des déchets.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus