Nous devions donc choisir une méthode pour
récolter des données primaires (celles que nous pourrions
établir nous-mêmes) nécessaires à cette mise en
lumière de notre problématique.
Pour nous guider dans nos choix, nous nous sommes
appuyés sur les livres d'Usunier91 et de
Thiétart92 décrivant les différentes
méthodes de recherche en gestion.
En alternative, se présentait, l'approche quantitative
que ce soit par questionnaire ou observation systématique. Nous l'avons
écarté car le recueil d'une masse importante de données
sur un sujet aussi récent et dans notre contexte de travail
n'était pas réaliste. Sans compter que le taux de réponses
aux questionnaires sur support (papier ou numérique) est
généralement faible. On peut ajouter que les questionnaires sont
par nature fermés ce qui aurait pu nous priver d'informations
intéressantes. Le degré d'incertitude est élevé
quant à la qualité de la personne qui a réellement
répondu au questionnaire.
Nous avons donc adopté une approche qualitative
basée sur une étude de cas.
Nous avons choisi de faire une étude de cas de type
instrumentale au sens de Stake (1994), c'est-à-dire qui traite d'une
situation qui comporte un grand nombre de traits typiques par rapport à
l'objet de notre étude.
Celle-ci devait porter sur une expérience en cours ou
aboutie de mise en oeuvre d'une blockchain afin d'avoir un retour
d'expérience concret sur les méthodes utilisées, les
difficultés rencontrées, les solutions apportées et les
retours économiques, financiers et organisationnels attendus et
observés. Ce sera l'occasion de mesurer sur un ou plusieurs cas
précis, le chemin qui va mener du concept à la mise en oeuvre
réelle et à la tenue des objectifs.
Avec cette approche qualitative, les deux principaux modes de
collecte sont l'observation et l'entretien. Il nous était difficile
d'avoir une démarche d'observation qu'elle soit participante ou non car
il n'y avait pas de projet Blockchain dans les entreprises proches et de notre
connaissance. Le contexte le plus favorable aurait été de trouver
une entreprise avec une mise en oeuvre opérationnelle de Blockchain qui
de plus nous aurait intégré même de manière
intermittente, ce qui en la circonstance paraissait trop aléatoire.
91 Usunier J.C., Easterby-Smith M., Thorpe R. (2000),
Introduction à la recherche en gestion, Economica, 272 p.
92 Thiétart, R.A. et al. (2014), Méthodes de
recherche en management, 4ème éd. Paris, Dunod,
647 p.
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Nous avons donc choisi de mener des entretiens en direct, de
préférence individuels car les entretiens de groupe sont plus
complexes à mener pour collecter des données pertinentes à
cause des réticences éventuelles des participants à
s'exprimer, des possibles enjeux de pouvoir ou d'interférences
hiérarchiques que nous ne connaitrions pas.
Dans la perspective d'entretiens individuels, nous avons
écarté les entretiens directifs qui relèvent plus du
questionnaire et donc du quantitatif et supposent d'avoir des idées
déjà bien arrêtées sur un sujet alors que nous
n'étions qu'en phase de découverte.
A l'opposé, une attitude non-directive,
présentait le risque de voir les entretiens s'écarter de notre
cible en fonction des centres d'intérêts de notre interlocuteur ou
des sujets qu'il aurait préféré éviter.
Nous nous sommes donc orientés vers des entretiens
semi-directifs ou centrés pour lesquels nous avons choisi un certain
nombre de thèmes précis à aborder lors des interviews tout
en laissant à notre sujet la possibilité de construire son
discours quitte à le relancer ou à le réorienter pour
revenir à nos thèmes.
L'intérêt de cette démarche c'est qu'en
laissant une relative liberté à notre interlocuteur, il pouvait
nous faire découvrir des aspects inédits ou de nouvelles pistes
de développement pour notre objet de recherche.
Au final, cette démarche visait avant tout à
présenter des expériences de mise en oeuvre de solutions
ancrées sur la Blockchain en se focalisant sur les gains financiers
espérés et éventuellement réalisés par des
entreprises. Nous voulions montrer comment ces gains ont été
obtenus par une diminution des coûts de transaction, le non-recours
à des tiers de confiance ou un changement organisationnel remettant en
cause les rapports principal-agent.
Il s'agit d'une première approche cherchant à
démontrer l'intérêt de la Blockchain vis à vis des
cadres théoriques que nous avons choisis.
Nous sommes conscients des limites de notre méthode
reposant sur l'étude d'un nombre restreint de cas qui ne permet pas de
généraliser nos observations. Celle-ci ne pourra se faire que par
l'accumulation d'autres entretiens qui seront plus aisés à mener
au fur et à mesure de la multiplication des projets
réalisés sur la Blockchain.