La blockchain, une révolution de l’intermédiation. Un gain pour les entreprises au détriment des tiers de confiance ?par Jean-Louis LATHIERE Université Paris-Dauphine - Master finance d'entreprise et pilotage de la performance 2018 |
2.8 Les limites et les perspectives de développement de la BlockchainCette technologie, comme toute innovation, est confrontée à de nombreux défis qui vont demander des réponses. Parmi ces défis, citons la consommation de puissance informatique et électrique et l'augmentation des coûts qui va de pair, la durée et la variabilité des délais de validation des blocs qui croissent avec la taille des chaînes, le pouvoir donné aux codeurs en particulier pour la rédaction des smart contracts, le maintien de la confiance quand le nombre de participants s'accroît, les incertitudes sur les régulations à venir, la modification dans le mécanisme des prises de décisions, la place des tiers de confiance à réinventer. Les recherches en cours et les montants investis fourniront sans doute des réponses à court et moyen terme à certaines de ces limites. 51 On peut citer de nouveaux mécanismes de validation des blocs comme le passage progressif de la preuve de travail à la preuve par l'enjeu78 qui pourrait fortement diminuer les besoins en puissance informatique et électrique. De nombreuses autres pistes sont envisagées : Ainsi, les transactions pourraient n'être validées que par des sous-ensembles de noeuds avec la technique de Blockchain fragmentée ou sharding79. Dans le projet Lightning Network, des sous-groupes de participants appelés canaux de paiement, enregistrés au préalable dans la blockchain, effectueraient des transactions entre eux dans ces canaux sécurisés hors de la chaîne et n'en soumettraient que le solde final à l'ensemble de la Blockchain. Sinon, des chaînes latérales (sidechains) avec un niveau de sécurité moindre et donc plus rapide pourraient traiter certains types de transactions, inférieures à un certain montant par exemple. Enfin, Un projet Polkadot propose d'interconnecter plusieurs blockchains. D'autres envisagent de passer de la simple chaîne de blocs vers des graphes orientés acycliques dans lesquels on ne peut passer 2 fois par le même objet et qui offrent a priori un plus grand potentiel qu'une chaîne en termes de taille et de rapidité de validation. Des projets tels que Byteball (paiements conditionnels) ou Iota (communication et paiements sécurisés dans l'Internet des Objets) les mettent en oeuvre. Source : https://steemit.com/cryptocurrency/@jimmco/byteball-vs-iota-battle-of-two-dag-cryptocurrencies De leur côté, les tiers de confiance verront sans doute une importante évolution de leur rôle et de leurs compétences qui devront être aussi bien juridiques que technologiques pour valider la recevabilité des preuves de transaction, gérer les contestations qui ne disparaitront pas complètement, et assurer la qualification juridique des smart contracts80 ou des ICO81. 78 Blockchain France (2016), la Blockchain décryptée, les clefs d'une révolution, l'Observatoire Netexplo, mai. 79 BCG (2017), Livre blanc - la Blockchain pour les entreprises - Soyez curieux ! Comprendre et expérimenter, the Boston Consulting Group & MEDEF. 80 Agosti, P. et al. (2017), Blockchain : quelles perspectives après la réglementation ?, Groupe de travail Blockchain de la FNTC (Fédération nationale des Tiers de Confiance). 52 LES HYPOTHESES RETENUES A partir des éléments présentés, nous souhaitions vérifier les hypothèses suivantes :
Nous souhaitons ainsi explorer les raisons qui incitent les entreprises à investir dans la blockchain et à envisager de modifier leur organisation et leur mode de fonctionnement. 81 Heuvrard, F. (2018), la blockchain et le CAC (commissaire aux comptes), RF Comptable, n° 456, janvier. 53 |
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